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[Mission Akhen - Makaya] Exorcisme immobilier

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Message par Makaya 2/7/2012, 00:39

Décidemment, Nestor Diallo était un excellent élément, pensa le vieil homme sortant de sa torpeur, mais sa manie d’envoyer des esprits-écureuils volants pour tout et n’importe quoi commençait à devenir pesante. Surtout si tôt le matin, après une soirée particulièrement arrosée dont la fin se fit avec deux charmantes sénégalaises, encore assoupies. Normal en même temps, il était le seul capable d’entendre l’incessant babillage de l’astral rongeur.

S’ébrouant péniblement, en faisant attention à ne pas réveiller les deux dormeuses, Makaya fit le point sur sa localisation : encore une de ces maisons entamées en parpaings nus mais qui ne serait jamais terminée car le propriétaire avait disparu, était mort du palu ou avait tout simplement décidé d’arrêter de payer, laissant ainsi dans le paysage cet immonde amas de pierraille inachevé. La tôle trouée à certains endroits laissait voir un soleil qui était déjà si haut : la journée promettait d’être étouffante...
Autour de lui : des bouteilles de sodabi vides, un bol de cacahouètes renversé et des vêtements, bref tout qui laissait présager une fin de soirée aussi anarchique que le début : il n’y avait pas à dire, le grand docteur Koudiao Albert savait recevoir et le fait d’avoir invité la communauté Ekang à se joindre à son jubilé fut une excellente idée. Même si leur alcool de palme était redoutable...

« Bien, que me veux ton estimé ami, écureuil ? interpella sans ménagement le vieil homme, passablement énervé par le coté matinal de ce réveil et qui allait très probablement se solder par une sortie du lit alors qu’il aurait bien remis ça avec les deux jeunes filles...
-Une affaire qui requiert vos aptitudes Makaya : tu es convoqué par le bureau-des-blancs-qui-ont-peur-des-esprits dans une heure ! dit l’esprit d’un seul souffle, avec une voix suraigue qui irrita d’avantage le sorcier.
-Dans une heure ? Mais c’est à l’autre bout de la ville ! Tsss...Plus ça va et plus on se comporte comme les blancs : pressés, soucieux et à cheval sur les horaires...de plus en plus matinaux d’ailleurs !
-Il est dix heures Makaya. C’est raisonnable non ? Et puis tu ne vas quand même pas continuer à trainer avec ces deux intrigantes éternellement...
-Depuis quand les esprits écureuils s’avèrent aussi conservateurs ? C’est toi ou ton coincé d’ami qui parle la ? Bref, dégage et laisse-moi faire un brin de toilette de façon à ce que j’arrive convenable au bureau des blancs.
-A l’heure hein ?
-Dégage j’ai dit ».

Prestement, l’esprit déploya ses pattes, s’élança du lit et traversa le mur en planant, laissant le sorcier s’étirer et jauger de sa gueule de bois. Finalement, il n’avait pas si mal à la tête que ça, ce qui le mettait donc dans d’excellente humeur pour un réveil crapuleux...


« On va être à la bourre, t’es au courant de ça ?
-J’ai beau me considérer comme très progressiste à mon âge, il y a des traditions sur lesquelles je ne compte pas déroger.
-Comme ?
-Le retard africain.
-Il va te faire la gueule Maka...t’as vraiment de la chatte d’être dans les bons papiers de l’ACPA pour te permettre de telles entorses au règlement...
-Et toi tu ferais bien d’arrêter de regarder autant la télé : ton langage est effroyable ! Allez, on peut y aller. Et ne me secoue pas trop, j’ai eu une nuit chargée ».

Suite à une agréable mise en jambes avec ses deux convives de la nuit que ce type de réveil ne sembla nullement déranger, après les avoir remerciées ensuite avant de filer se laver en enfiler un boubou décent, Makaya s’avérait enfin prêt à rejoindre l’annexe du bureau des blancs à Brazza. Et conscient de son retard, il avait demandé un coup de main à son vieux camarade Angonemane, un esprit possesseur d’okapi du coin mais qui, lors de son 200ème anniversaire, avait pris un soudain de coup de vieux et s’était mis en tête de faire plus « jeun’s », notamment en ingurgitant les programmes télé venus des Etats-Unis, mais qui avaient une influence terrible sur lui...

Après avoir chevauché son camarade qui lui débitait tout un tas d’âneries à propos d’un programme ou des gens s’étaient volontairement enfermés dans une maison et épiés en permanence, forcés à agir de façon ridicule (chose qu’Angonemane semblait trouver géniale) Makaya réfléchissait à l’objet de sa convocation.


Cela faisait maintenant quatre mois qu’il avait répondu par l’affirmative à l’invitation de l’ACPA mais qu’il continuait de se poser des questions sur le bienfondé de cette organisation de blancs. Son ami et directeur-gourou de l’Alliance Animiste, l’estimé Oscar M’bilou avait été contacté il y a maintenant un an par l’ONU pour, dans un premier temps, lui parler de cette « Agence de Régulation Internationale du Paranormal » avant de le convoquer de nouveau pour lui demander d’y contribuer en envoyant ses forces vives.
Au terme d’une première réunion suite à la première rencontre, il avait été décidé que participer à ce conclave serait hors de question. En effet, cela ressemblait beaucoup trop à un coup des superstitieux pour marquer d’avantage le monde mystique et le nôtre, dans le but de les isoler sinon de les détruire, par peur et méconnaissance. Même si cela était désormais eux, les relents de la colonisation continuaient d’être flairés et à l’époque, la réaction face à l’inconnu fut l’infra-humanisation et l’esclavage. Si bien que pour l’ACPA, toute tentative de « régulation », de contrôle, d’intervention institutionnalisée et de récupération mondialisée était très mal perçue.


Mais l’ONU avait su se montrer persuasive, en démontrant l’intérêt à terme pour les populations non sensibilisées au monde des esprits : plus cela allait et plus ce monde ne pourrait rester invisible aux yeux de tous. Annoncer et donc reconnaitre l’existence d’un univers fantasmagorique choquerait à coup sur la population, sauf si cette annonce se faisait en parallèle de celle de la RIP, unité gouvernementale spécialisée, informée et sachant gérer d’éventuels conflits.
L’autre argument de poids fut la rémunération promise pour l’implantation d’antennes de la RIP sur les territoires couverts par l’Agence, sur les avantages prévus pour les agents et sur leur professionnalisation, jusqu’ici ceux-ci agissant par conviction.


Ainsi, au terme de la seconde réunion, il fut finalement décidé de contribuer au projet de la RIP, avec néanmoins comme angle d’attaque la compréhension plutôt que la régulation et que les agents missionnés pourraient choisir leurs affectations selon leur nature.
Et ce fut Makaya, Nestor Diallo, le chaman Albert Dangele et la sorcière Solange Foundé qui furent choisis pour représenter l’instance et faire un premier état des lieux de la présence du RIP sur le sol africain et ainsi estimer ce qu’on allait leur demander.

C’était très politique, et le Korove n’en avait cure, laissant ces tractations à son ami Oscar et ses conseillers, avocats et autres intellectuels, tandis que lui arpenterait le territoire à son compte : cette situation leur allait parfaitement à tous les deux.


Mais bon, s’il voulait aider Oscar, il allait falloir se faire à l’idée d’être ponctuel à l’avenir, songea-t-il en arrivant devant l’antenne du RIP et en voyant le visage contrarié de son collègue qui fumait une cigarette devant le bâtiment.

« Tu as presque heure de retard ! C’est inacceptable !
-Aide-moi d’abord à descendre avant de commencer à me raler dessus, Nestor : je suis tout courbaturé de la veille et traverser Brazza par les toits pour ne pas me faire voir à dos d’Okapi qui déblatère des inepties, ça ne m’a aidé en rien !
-Des inepties ? Loana va sortir un nouveau livre sur sa dépression ! S’insurgea Angonemane.
-Qui est cette femme ? demanda Nestor, pendant qu’il me soutenant dans ma descente.
-Une blanche qui s’est faite avoir par la télé des blancs...elle aurait embrassé un type dans une vitrine et ça l’a rendue grosse, répondit Makaya d’un ton peu assuré.
-Mais tu n’as rien écouté ! S’outra l’esprit. Elle a baisé dans une piscine et les médias se sont emparés de l’affaire en...
-Oui oui...merci Angonemane mais ni moi ni Maka n’avons le temps d’apprécier la bêtise de certaines émissions....et de ceux qui les regardent. Merci d’avoir de me l’avoir amené, tu peux disposer maintenant.
-Bien, ben à plus tard vous deux ! Et n’oubliez pas, à 20h sur la 7 !
-J’ai pas de télévision.
-Et je m’en fous.
-Rha mais...
-Barre-toi Ango.
-Pfff...Ben bonne journée hein !
-Et merci de m’avoir amené ! »


L’okapi partit donc à toute vitesse, vexé par la sécheresse du ton de Nestor, qui serait probablement aussi chaleureux envers moi, vu comment il me poussa vers l’intérieur du bâtiment, sans ménagement aucun.

A l’intérieur, un mobilier flambant neuf, un distributeur de boissons fraiches et deux bureaux dotés d’ordinateurs derniers cris trônaient. Bref, un décor qui tranchant très nettement avec l’extérieur : une végétation luxuriante et des lézards gros comme des iguanes qui prenaient le soleil sur les murs (l’agence se trouvant à l’extrême périphérie de la ville pour ne pas attirer de soupçons).

Makaya s’assit péniblement dans l’un des fauteuils disponibles tandis que Nestor s’installait derrière son bureau : il était le correspondant de la RIP mais mandaté par l’ACPA et était donc très utile. Une sorte d’agent double. C’était donc lui qui envoyait en mission ses collègues et lui selon les requêtes qu’il recevait et qui publiait des rapports pour les deux organismes.


« Bon, il va quand même falloir que tu comprennes que même si jusqu’ici tes missions se sont passées sur le territoire africain, toutes les missions ne pourront pas se passer sur un terrain que tu maitrises. Commença Nestor, remonté.
-Aaaah mon ami, tu es trop stressé, tu deviens de plus en plus blanc : à rester dans ce bureau d’ailleurs tu vas être aussi pâle qu’eux ! Et puis c’est toi qui décide des missions non ? Tu n’as qu’à envoyer Albert et Solange à l’étranger et me permettre de demeurer en Afrique et le problème est résolu !
-Mais ça ne marche pas comme ça Makaya : vous avez tous les trois des aptitudes très différentes et sur certaines, c’est absolument l’un et surtout pas l’autre qu’il faudra envoyer ! Et puis je ne vois pas pourquoi tu bénéficierais d’un tel tarif préférentiel !
-Parce que je suis le plus vieux ?
-Le plus râleur, indubitablement. D’ailleurs tu vas avoir une bonne raison de râler : tu pars en Allemagne dans trois jours.
-QUOI ?
-Oui, une histoire qui te nécessite toi en particulier. Pourtant crois-moi, j’ai joué toutes mes cartes avant d’avoir à t’envoyer car je n’avais pas envie de traiter avec cette énorme veine qui nait sur ton front...
-IL EST HORS DE QUESTION QUE J’AILLE EN ALLEMAGNE NESTOR !
-Et pourtant en t’engageant dans le RIP, tu t’exposais à ce genre de déplacements...Et oui, on ne peut pas perpétuellement voyager à dos d’okapi ou d’ectoplasme peul...
-JE NE PARTIRAIS PAS ! TU AS VU MON AGE !? JE NE VAIS PAS M’AMUSER A PRENDRE L’AVION ALORS QUE...
-...Tu ne l’a jamais pris ? Ne me sors pas l’excuse de ton age Makaya : pas plus tard qu’il y a une heure, tu as su te montrer vigoureux pour honorer ces deux jeunes femmes...alors tu n’auras aucun mal à retrouver la même vigueur pour monter dans un avion. Tu as le droit d’avoir peur tu sais...
-LA DERNIERE PERSONNE QUI A DIT QUE MAKAYA OBAME MICHEL ARISTIDE DESIRE JOSEPH KOROVE MBENGMANE BIYOGO ETAIT UN PEUREUX EST MORT !
-Car il ne s’est pas réveillé du coma éthylique dans lequel il est tombé après que tu l’ai défié à un jeu à boire...Bref, je te laisse trois jours pour digérer la nouvelle, accepter le fait que tu vas te retrouver dans un avion, dans un autre pays et tout et tout...
-QUAND OSCAR SAURA CA...
-Et bien il te dira que si tu refuses d’y aller, tu jettes le discrédit sur l’ACPA et que tu mettrais alors à bas tous les efforts diplomatiques des derniers mois. Tu penses bien que quand je me suis résigné à devoir t’envoyer en Allemagne, je lui ai demandé conseil parce que je savais que tu t’indignerais. Mais il a été très clair : tu es comme une vitrine car certes le plus vieux et le plus imprévisible, mais aussi le plus compétent dans le domaine où l’on te sollicite ».


Makaya n’en revenait pas : il n’avait jamais quitté le continent, avait toujours voyagé à pied, en voiture, en car, en pick-up, à dos d’animal ou d’esprit mais jamais en avion ! De plus il avait un reseau énorme en afrique, connaissait une multitude de langues, bref, aurait toujours la possibilité de s’en sortir. Mais en Allemagne, il serait totalement au dépourvu, ce qui l’angoissait terriblement.

« Hum...Et qu’est-ce que je suis sensé faire la bas ?
-L’ambassadeur du Cameroun, une ancienne colonie allemande est mort dans sa maison suite à une allergie alimentaire foudroyante. Le pauvre aurait fait une overdose de choucroute.
-Il a vraiment tourné le dos aux valeurs de l’Afrique s’il s’est autant goinfré de cette chose...
-Sa famille a été rapatriée mais la villa qu’il avait en Bavière comme résidence secondaire et dans laquelle il est décédé s’avère désormais totalement inaccessible.
-Comment ça ? Ils n’ont pas de serruriers dans ce pays ?
-Non mais la maison est possédée et l’esprit qui y réside semble être irrité de la mort de son propriétaire. Du coup des négociateurs ont été envoyés mais ils n’arrivent pas à communiquer avec la maison : ils sont incapables de comprendre dans quelle langue elle s’exprime, mais d’après eux, ça sonne africain. Et ils n’ont aucun traducteur sous la main.
-Donc il faut que je traverse la moitié du monde pour demander à une maison si elle veut bien s’ouvrir ?
-Disons que le gouvernement Camerounais apprécie peu les rumeurs croissantes qui courent à son sujet concernant cette maison hantée, que le gouvernement Allemand apprécie peu d’avoir cette maison sur son territoire, et que la riche agence immobilière qui louait cette maison aimerait bien retrouver son bien et sans que les futurs résidents se retrouvent maudits sur sept générations. Et pour cela, tu seras grassement payé, les trois organismes mettant la main à la pâte en cas de succès.
-Mais comment je vais faire une fois la-bas ? Je ne parle pas allemand, tu connais mon anglais approximatif et puis tout simplement je ne vais pas m’en sortir sur place !
-Un agent du RIP, un négociateur aussi, t’accompagnera : il te récupèrera sur place et ensemble vous tacherez d’élucider ce problème. Il s’appelle Akhen Heigern : c’est un petit jeune, donc tu pourras surement lui apprendre des trucs...
-Hum...On verra si j’arrive à survivre dans ce pays ou les africains font des overdoses à cause de la nourriture locale ! Bref, admettons que j’y aille, je suppose que comme un bon fossoyeur, tu as tout prévu pour mon départ, le trajet, l’hébergement...
-Il n’y a qu’une seule chose que j’ai pas réussi à planifier, à mon grand regret...
-Quoi donc ?
-Ta tenue vestimentaire. Tu vas y aller en short et t-shirt j’imagine ?
-Ben en même temps je n’ai que ça comme vêtements...
-T’as de la chance que l’on soit en été...Je t’aurais envoyé la bas en hiver, je pense que tu serais mort de froid. Bref, tu as dans cette pochette toutes les informations nécessaires : tâche de bien t’en imprégner avant de partir !
-Il y a mes billets dedans aussi ?
-Certainement pas : tu es capable de demander à un esprit-taupe de les enfouir six pieds sous terre...Je viendrais personnellement te chercher et t’emmener. Et pour être sur que tu ne me fasses pas faux bond, je laisserais mon esprit écureuil avec toi. Je commence à te connaitre... »


Suite à cela, ils bavardèrent encore un peu avant que Makaya ne mette les voiles pour un énième appartement qu’un ami lui avait prêté, sachant que dans tout le continent il bénéficiait ainsi de logements annexes, qu’il avait gagné au jeu ou qu’il avait obtenu grâce à certains amis hauts placés.

Le retour se fit tranquillement, dans un taxi qu’il prit d’abord seul mais qu’il dut ensuite partager avec un couple et leurs trois enfants, avant qu’une grand-mère ne se joigne au convoi, le tout dans une xantia. Bref, un trajet somme toute assez normal...
Il parcourut donc la relative brousse qui séparait la capitale congolaise de l’antenne du RIP, s’enfonça dans les méandres poussiéreux de la ville avant d’arriver dans son appartement, ou un énorme iguane couleur nuit l’attendait sur le lit.

« Tu en tires une tête, dure soirée hier ? demanda l’iguane.
-Non ça, ça a été, tu me connais...Par contre on part en Allemagne dans trois jours.
-QUOI ? fit l’iguane.
-QUOI ? fit une statuette rituelle posée sur une table.
-QUOI ? fit un masque tribal posé sur un mur.
-Ouais, le RIP me mandate pour aller causer avec une maison courroucée. Du coup préparez-vous, on a pas trop le choix...Ogoué, dit Makaya à l’intention du masque, tu diras à mon ami Henri que je le remercie chaudement d’avoir ainsi mis son logement à ma disposition et que si je le quitte plus tot, ce n’est pas parce que je ne m’y plais pas hein !
-Je n’y manquerais pas, répondit le masque d’un ton poli.
-Bon, et quel est le programme d’ici la ? Cours de langue intensifs, achats de vêtements rituels allemands, étude du plan de route ?
-Le docteur Koudiao Albert refait une fête ce soir.
-T’es sérieux ?
-Ouep, donc le programme la, c’est dormir jusqu’à ce soir : ce coincé de Nestor m’a réveillé bien trop tôt !
-JE T’AI ENTENDU MAKAYA !! » Hurla un petit écureuil posé sur le rebord de la fenêtre.





Dernière édition par Makaya le 20/7/2012, 00:16, édité 1 fois
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Message par Makaya 14/7/2012, 23:32

« Tu comptes vraiment prendre l’avion habillé comme ça ?
-Ben quoi, où est le problème ? Ne suis-je pas très seyant ainsi ?
-Admettons...Bon ben allons-y hein »

Stupéfait que son ami Awanjo ait pu émettre une remarque devant son indiscutable classe –il avait bataillé pour rentrer dans ce pantalon « pattes d’éléphants » vert pomme acheté la veille au marché contre un exorcisme mineur- cette chemise à fleurs –on lui avait fait une ristourne exceptionnelle- et ce casque à pointe récupéré dans une brocante –apparemment les allemands portaient ça : en arrivant accoutré comme eux, il était sur de s’attirer leur sympathie- il prit néanmoins son imposant sac à dos et sa sacoche de voyage et ferma la porte, laissant le soin de protéger l’appartement de son ami Henri à Ogoué le masque, qui lui souhaita bon voyage.
Dehors, Nestor attendait en tapant du pied, car malgré le fait qu’il soit venu tambouriner à sa porte avec une heure d’avance, le vieil homme avait tout de même réussi à se mettre en retard (mais ce retard ayant été anticipé par le fonctionnaire du RIP, en réalité ils étaient parfaitement dans les temps...)


Ayant conscience qu’arriver à dos d’okapi ferait sensation dans un aéroport, Makaya et lui durent se résoudre à prendre le taxi, Bokami dans la sacoche et Awanjo l’iguane sur les genoux, le conducteur jetant moult coups d’œil terrifiés dans le rétroviseur, peu habitué à ce qu’un lézard de la taille d’un chien siège dans son véhicule. Il tenta malgré tout de faire causette...
« Et vous allez ou comme ça ? demanda-t-il pour briser l’atmosphère tendue qu’il y avait entre les deux agents gouvernementaux.
-En enfer. Et encore, je suis sûr que l’enfer est plus accueillant.
-Cesse donc d’exagérer Makaya...Excusez-le, intervint Nestor, il se rend en Allemagne pour la première fois, c’est pour ça qu’il est un peu...bougon. Quant à moi, je ne fais que l’accompagner !
-Comme un bourreau qui accompagne le détenu au billot...
-Mais tu vas arrêter d’exagérer ! Tu vas prendre l’avion, tout va bien se passer et tu vas cesser de râler. Au contraire tu vas voir, je suis convaincu que tu vas adorer voir la terre du ciel...et puis il parait que les hôtesses sont charmantes, que le service à bord est remarquable...bref tu n’as aucune raison de ne pas aimer : tu fais juste de l’anti-conformisme primaire !
-Ca a intérêt Nestor à être vrai, ou je te maudis !
-Haha, intervint le chauffeur de taxi, ma mère m’a toujours dit ça et il ne m’est jamais rien arrivé !
-Peut-être, répondit Nestor. Sauf que lui il est vraiment capable de le faire.
-Hein ?
-Conduisez je vous prie ».


Seulement, dès l’enregistrement, tout ne se passa pas aussi bien que prévu : le scanner révéla que le sac de Makaya enfreignait au moins vingt fois la liste des objets pouvant être transportés en avion (heureusement que Nestor avait réussi à négocier –et à soudoyer- le douanier pour qu’il passe. Ensuite, il fut décreté que « l’animal qui accompagne monsieur ne peut pas voyager librement dans l’habitacle et doit-être mis en cage...et...Oh mon dieu mais pourquoi cet iguane est noir et aussi énorme ? C’est au zoo qu’il faut l’emmener !! » et donc Awanjo dut faire mine d’être soudain retourné à l’état sauvage, afin de s’enfuir pour se faufiler dans le conduit du tapis roulant acheminant les bagages, afin de se cacher dans la soute de l’avion. Seulement, terrifiés à l’idée qu’un iguane géant puisse attaquer des gens, les responsables de l’aéroport déclarèrent l’état de quarantaine pendant trois heures dans tout l’aéroport afin de trouver l’animal.


A ce moment, Nestor faillit s’auto-fendre le crâne vu la force de la baffe qu’il s’asséna sur le front.


Enfin, finalement convaincus que l’animal avait fui et après avoir longuement interrogé le vieux sorcier sur l’origine de cette bête, la direction de l’aéroport leva la quarantaine et ce dernier put se rendre enfin à la porte d’embarquement ou il se rendit compte que...toutes les hôtesses étaient hideuses. Nestor était blanc. (Sisi).

« AH NON, ALORS LA JE CRAQUE ! DEJA QUE TU M’EMMENES DANS CET ENDROIT BRUYANT, PENIBLE, OU L’ON ME FOUILLE, OU L’ON M’INTERROGE COMME UN CRIMINEL, OU L’ON ME FAIT PATIENTER DES HEURES...MAINTENANT JE CONSTATE QUE LE PERSONNEL EST MOCHE ! VRAIMENT NESTOR, TU T’ES FOUTU DE MOI !
-Non mais Makaya, je ne pouvais pas le savoir...
-LA FORET VU DU CIEL, UN SERVICE IMPECCABLE...NON MAIS REGARDE MOI CA ! LE VERRE D’EAU EST A 3000 FRANCS CFA !
-C’est vrai que c’est un peu cher...en même temps tu es en classe affaires !
-A QUOI BON SI LES HOTESSES SONT REPUGNANTES ? »


Tandis que Makaya continuait d’exploser dans un hall bondé, sous le regard furieux desdites hôtesses, un groupe de stewards vint à leur rencontre et lui sommer de se calmer. Ce à quoi il répondit en fouillant dans son sac et en leur soufflant une poudre au visage qui leur causa une crise d’éternuements dantesque, où ils en profitèrent pour aller s’enregistrer afin d’embarquer, sous l’œil courroucé du personnel de bord.

« Bon et bien...bon voyage Maka, fit Nestor, quelque peu embarrassé.
-Saignements du nez fréquents, perte des cheveux ou mauvaise haleine ?
-Pardon ?
-Si le trajet se passe mal, je vais vraiment te maudire Nestor. Je suis très remonté la : je suis un vieil homme a qui tu vas faire subir bien des misères. Si jamais il m’arrive quelque chose de fâcheux, tu le sauras par l’un de ces symptômes. Mais vu que tu es mon ami, je te laisse le choix.
-Mais...hein ? Il est hors de question que tu me maudisses parce que cette compagnie préfère recruter à la compétence plutôt qu’au physique !
-Bon ben je choisis pour toi : ça sera les cheveux...de toute façon vu le peu qu’il t’en reste...C’est même te rendre service ! Sur ce.
-HE, REVIENS ICI ! »


Contre toute attente, Makaya s’engouffra prestement dans le tunnel qui menait à l’avion, à l’abri de la contestation de son estimé mais néanmoins pénible collègue. Une fois à bord, une –repoussante- hôtesse l’amena à son siège, où il put se lamenter durant 9h du confort relatif des sièges, de la qualité désastreuse du service, des films effroyables qui étaient diffusés, qu’il avait mieux voyagé en pick-up avec une famille de 12 têtes et une machine à laver au beau milieu du zimbabwe qu’ici...
De l’autre côté, le personnel put se lamenter de son incapacité à parler doucement (voir même plus simplement de sa capacité à parler), de l’état désastreux dans lequel il avait laissé les toilettes et même une colonie de vacances composée de 50 têtes s’était montrée plus calme.



Une fois arrivé à l’aéroport de Munich, il put récupérer son sac à dos et d’un coup d’œil dans la salle avec tous les tapis roulants, il s’accorda avec Awanjo, dissimulé entre deux canalisations du plafond, qu’ils se retrouveraient dehors pour éviter un esclandre similaire à ce qui était arrivé à Brazzaville.
Et enfin prêt, il se dirigea vers le hall ou devait l’attendre un jeune homme avec un nom à coucher dehors d’après les fiches que lui avait filé Nestor.


Après quelques regards parmi la foule (qui le dévisageait étrangement...au passage, pourquoi personne ne portait de casque à pointe dans l’assemblée ? Ce n’était pas une coutume aussi répandue que le béret chez les français ou le casque à corne chez les norvégiens ?), un garçon fluet vint à sa rencontre avec un panonceau « RIP » sous le bras.
Il n’avait jamais vu un type aussi blond. A côté de ça, il était d’une fadeur totale : vêtu de noir des pieds à la tête,

« Makaya Korove ? Bonjour, je suis Akhen Heigern.
-C’est moi, qui es-tu ? Mon partenaire local ? Je m’attendais à autre chose qu’un gosse...
-Would you mind if we’ll continue this discussion in English? I do not speak French, sorry.
-Hein?
-Oh, you can’t speak English…it’s very embarrassing… Auf Deutsch?
-Hein?
-Alman mi?
-Bon ça ne va pas le faire si on ne se comprend pas mon garçon…
- في اللغة الألمانية؟
- آه هذا هو أفضل ... أنا لست خبيرا في اللغات العربية، ولكن على الأقل نحصل على التواصل!


*Pour la meilleure compréhension du lecteur, considérez que tous les futurs échanges se feront en arabe*

-Bien mon grand, quelle est la prochaine étape ? J’imagine que vous allez m’emmener voir mon partenaire.
-Et bien vous l’avez devant vous.
-Ou ça ?
-Ben c’est moi. Votre partenaire.
-C’est une blague ? Ils m’ont dépêché un gamin tout droit sorti des jupes de sa mère pour m’assister !
-...Je vous demanderais de ne plus évoquer mes parents s’il vous plait. Et le fait que je sois jeune n’altère en rien mes aptitudes.
-Ce n’est pas tes aptitudes que je remets en doute gamin. Mais ton expérience : quel âge t’as ? 20 ans à tout casser !
-21 !
-C’est pareil. Bref, ils m’ont collé un gosse inexpérimenté dans les pattes, alors que je m’attendais à un vieux roublard comme moi...Paye ta poisse. Déjà que mon voyage était pourri et voilà que je me coltine une mission qui l’est tout autant avec un débutant. Enfin...
-En premier lieu, je vous prierais de ne pas me dénigrer de la sorte : vous n’avez rien vu de mes capacités et vous prierais donc de ne pas me juger aussi vite. Je veux dire, moi aussi je pourrais me plaindre d’être affecté avec un vieil homme bedonnant habillé comme un épouvantail et qui sent l’alcool...Jusqu’ici, je ne m’étais pas encore permis de le faire. Mais vu que vous semblez vouloir ouvrir les hostilités... »


L’interlocuteur de Makaya ne vit pas le coup de bâton dans le genou arriver et se plia en étouffant un juron, sous les yeux interloqués du reste des voyageurs.

« Bien, je pourrais être ton père. Alors si tu veux qu’on garde des relations professionnelles saines, tu vas me faire le plaisir de montrer un peu plus de respect aux ainés. C’est comme ça qu’on vous éduque dans votre pays ?
-Je crois qu’il va falloir mettre les choses au clair tout de suite : vous allez immédiatement arrêter de parler de mes parents, de mon éducation, de mon pays parce que vous ne savez rien et vous ne saurez rien.
-Sinon quoi, gamin ?
-Sinon vous saurez que vu la façon dont j’ai grandi, j’éprouverais que très peu de remords à frapper un vieil ivrogne dans votre genre. Et vu votre âge, se retrouver avec le bassin fracturé pourrait être quelque peu handicapant...
-Au même titre qu’une inoculation de poison venimeux dans la nuque... » Répondit Makaya du tac-au-tac en désignant de la tête les canalisations qui se trouvaient au-dessus de leurs têtes et d’entre lesquelles on pouvait nettement apercevoir une grosse tête fourchue.
« Sur ce, maintenant que les choses sont dites, et si on allait poser mes affaires et faire un tour en ville ? Je suis fourbu après ce voyage et j’ai besoin d’un verre. J’ai entendu dire que malgré tous vos défauts genre votre aversion pour les juifs et les homos...
-Quoi ? Mais c’est fini tout ça !
-...Et bien vous faisiez de bonnes bières ! Allons donc gouter ça ! » Lança Makaya sous le regard médusé d’Akhen, qui ne savait pas trop si l’africain plaisantait ou pas.


Après avoir pris un taxi (dans le coffre duquel Awanjo s’infiltra prestement), ils filèrent dans une ambiance tendue à l’hôtel de Munich où Makaya put poser ses affaires, se plaindre de la météo, de l’absence de minibar dans la chambre, de son partenaire duquel on voyait poindre une veine de plus en plus nette sur sa nuque, et que la mode du casque à pointe avait changé durant son séjour en avion et qu’il avait l’air ridicule.

« S’il n’y avait que ça...Souffla Akhen, qui réussit à se prendre un second coup de canne dans le mollet.
-Je t’entends gamin...des moutards comme toi, j’en ai déjà maté des centaines, dans toutes les ethnies, dans tous les pays et dans tous les plans dimensionnels. C’est pas un mec qui se coiffe avec de la javel qui va me manquer de respect. Une fois que t’aura compris ça, peut-être qu’on pourra s’entendre. Sur ce, allons manger un coup ! »


Evidemment, le passage en ville de Makaya fut un réel calvaire pour le jeune homme, forcé d’entendre toutes les élucubrations de l’africain qui certes avait beaucoup voyagé, mais qui n’avait jamais vu de métropole européenne : il était totalement déboussolé et ses incessantes questions lui donnaient un air profondément attardé sur une situation qui paraissait Ô combien normale pour le résident qu’était Akhen. En prime, le repas fut une réelle épreuve pour ce dernier, contraint de regarder son partenaire engloutir des quantités dantesques de nourriture, arrosées par des litres de bières, le tout en parlant beaucoup trop fort, habillé n’importe comment et dans une langue incompréhensible du reste des clients.


Enfin, le supplice prit fin lorsqu’il mit son partenaire au lit, sous l’œil attentif d’Awanjo, passablement intimidant.



Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ils prirent à nouveau taxi afin de se rendre dans la maison du feu ambassadeur : celle-ci se trouvait sur les hauteurs de la ville, dans un quartier résolument aisé. Un immense parc ceinturé par de hautes grilles garnies de flèches pointues jouxtait l’imposante bâtisse blanche qui se tenait devant eux, dans le pur style renaissance.
Un toit de tuiles d’ardoises polies, une façade immaculée haute de trois étages, des moulures ouvragées autour des fenêtres qui rehaussaient le prestige inhérent à cette maison. Un peu plus loin, un grand garage capable d’accueillir trois à quatre voitures se dressait au milieu de cet océan de verdure bien entretenu.

En clair, une maison somme toute normale, dans un quartier normal.


« Ça sent la manifestation paranormale à deux lieues ici. Ça grouille de partout.
-Ah, tu as repéré ça toi aussi ? Finalement tu es peut-être vraiment compétent...
-...
-Bon ben y a plus qu’à hein...Je te propose qu’on commence par faire le tour de la bicoque avant de s’attaquer à l’intérieur, voir si on peut déjà dégotter un truc. A toute gamin, ne te fais pas enlever hein ! Allez Awanjo, pointe-toi !
-Oui Maka » fit le lézard en faisant un clin d’œil à Akhen, qui jusqu’ici ignorait qu’il parlait.
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Message par Akhen 17/7/2012, 21:03

Akhen était circonspect. Il n'avait pas anticipé que le principal problème d'une mission puisse venir de ses coéquipiers. La mésentente avec le camerounais le perturbait car cela soulignait un de ses défaut principal. Le jeune allemand s'en voulait de n'avoir pas su brosser le vieil homme dans le sens du poil. C'était un échec pour un négociateur, qui devait être capable de s’accommoder de tous les caractères et situations. Mais il ne s'attendait pas à devoir prendre des pincettes avec son coéquipier. Pourtant il aurait dû réagir lorsqu'il avait vu que le courant ne passait vraiment pas entre eux deux. Le vieux puait les préjugés autant que la brousse... Il s'était fait une idée définitive de son jeune partenaire en trois minutes. Fallait pas s'étonner qu'Akhen ait fait de même. Ce vieux lourd, engoncé dans ses traditions et ses habitudes, allait devoir se débrouiller seul ici. Il était nouveau et il avait tiré le premier. Pas question qu'Akhen bouge le petit doigt pour l'aider. Après tout s'il est si bon qu'il le dit, cela ne devrait pas lui poser de problème, si ?

« Bon on y va ? Ou tu compte rester là longtemps, les yeux vitreux comme tes congénères devant leurs télévision ? » S'impatienta Makaya.
Akhen renonça à répliquer et se mit simplement à faire le tour de la maison, indiquant d'un signe du pouce à son interlocuteur de prendre l'autre côté.
Notant les balcons qui ornaient les deux derniers étages de la large bâtisse, Akhen arriva rapidement au dos de celle-ci devant une porte de service qui donnait sur le jardin. C'était le seul point d'entrée dans la maison avec la porte principale si l'on excluait les fenêtres. Le jeune allemand fit signe à Makaya de rentrer par la porte principal, après tout c'était lui le vétéran. Ce dernier grommela et repartit en sens inverse, tandis que son iguane filait sur les murs.

Jetant un coup d’œil pat la fenêtre, il ne vit rien de particulier mais ça puait l'esprit à plein nez. Glissant son Glock 37 armé dans son dos, il s'approcha de la porte et l'inspecta, à la recherche de la moindre trace laissée par une manifestation paranormale. Prenant son courage à deux mains, il sortit le double des clés que lui avait confié son coordinateur et déverrouilla la porte. Puis sortant une lampe torche de la sacoche opérations spéciales qu'il avait apportée, il tourna la poignée, pris son élan et enfonça la porte d'un grand coup de pied. Celle-ci s'écrasa contre le mur dans un grand fracas, dévoilant un couloir sombre. Dévoilant son arme, Akhen alluma sa torche et entra dans la maison...
Avant de s’arrêter net, à deux pas du seuil. Devant lui se tenait une seconde porte, en tout point identique celle qui pendait, béante, dans son dos. Plongeant sa main dans sa poche pour y prendre les clés, Akhen interrompit brusquement son action. Celle-ci, loin d'être une fantaisie du propriétaire comme il l'avait d'abord imaginé, puait le paranormal.

Réfléchissant au moyen d'engager la conversation et négocier son passage, il porta la main à son menton, avant de simplement toquer à la porte. Aucune réaction. Akhen se mit à réfléchir plus profondément. Généralement ce genre d'esprit demande une sorte de contrepartie en échange du passage. Un peu comme passer la porte des enfers dans certaines mythologies. La plupart du temps, ils demandent de l'énergie vitale, de temps en temps c'est plus raffiné, et très rarement un sacrifice est nécessaire pour pouvoir passer. Même si ces dernières portes étaient rares, elles existaient et mieux valait savoir à quoi s'attendre avant de tenter de les franchir, n'est-ce pas Agamemnon ?

Le jeune homme était plongé si profondément dans ses réflexions qu'il ne remarqua pas le léger courant d'air que fit la porte de service en se refermant. En revanche il sursauta lorsque celle-ci se referma violemment, l'emprisonnant entre quatre murs. Haussant un sourcil, Akhen ne paniqua pas, attribuant au vent la paternité du mouvement de la porte. Il commença en revanche à s'inquiéter quand la porte-esprit devant lui se déplaça imperceptiblement vers lui. Attendant un moment avant de voir si ce moment se confirmait, Akhen recula précipitamment vers l'extérieur quand il vit que oui. Attrapant la poignée de la porte de service et se préparant à se jeter dehors, il fut soudainement stoppé dans son élan. Restant un instant ébahi sans comprendre, Akhen constata finalement que la porte ne s'était pas ouverte. Elle était verrouillée ! L'esprit embrumé par la panique, il fouilla dans sa poche et en sortit les clés. Un grincement lui apprit que l'esprit n'était plus qu'à un ou deux mètres de lui. Puis respirant un grand coup pour empêcher ses mains de trembler et pour trouver la bonne clé du premier coup, il trifouilla le trousseau avant de trouver la dite clé, de l'enfoncer dans la serrure et la tourner violemment. Et de grimacer quand le fin morceau de métal se brisa dans un craquement sinistre. Guidé par la panique, Akhen sortit son arme et fit feu sur la serrure, la pulvérisant. Son trouble augmenta grandement lorsqu'il échoua à pousser la porte alors qu'il sentit la pression de la porte esprit dans son dos. A présent convaincu qu'il allait mourir écrasé s'il ne faisait rien, l'ancien du GSG-9 perdit complétement le contrôle de lui-même, et repoussant de toutes ses forces la muraille qui lui arrivait dans le dos, il hurla et détruisit les gonds de la porte de service de trois coups de son Glock. Puis les pieds sur la porte-esprit, il projeta son épaule droite sur l'extrémité de la porte de service, l'enfonçant partiellement, le côté de la serrure, qui puait le surnaturel, refusant toujours de bouger. Luttant frénétiquement contre le bois, il parvint à s'extirper hors de la demeure. Enfin en sécurité relative, il rampa contre un tilleul, et constatant que personne, pas même son insupportable coéquipier ne l'avait vu, il commença à reprendre le contrôle de sa respiration.

Sentant qu'il commençait à se calmer, Akhen se concentra sur une tache répétitive. Il démonta, remonta et finalement son Glock 37. L'armant, il se dirigea d'un pas résolu vers une des fenêtres et brisa un carreau avec un chargeur de rechange. Puis glissant sa main à l'intérieur, il l'ouvrit et pénétra dans la maison. L'alarme avait été coupée depuis longtemps par l'agence de sécurité, lassée de devoir intervenir pour voir ses hommes traumatisés par les esprits qui avaient déclenchés l'alarme. Depuis ils montaient simplement la garde devant la luxueuse maison.

Allumant sa torche, Akhen inspira un grand coup et constatant qu'a priori il n'y avait rien d'anormal dans cette chambre à coucher, il décida d'allumer la lumière. Il passa ensuite la porte de droite et tomba sur une large entrée avec à sa droite le dos de la porte-esprit. Akhen estima qu'elle avait repris sa place initiale. Résolu à établir le dialogue et à chasser l'esprit, Akhen s'approcha de la porte et toucha la poignée, manière de demander le prix du passage, et plissa les yeux sous la douche d'eau glacée qu'il reçu. Un visage se dessina peu à peu sur la partie centrale de la porte, murmurant doucement qu'il désirait un peu d'énergie vitale, mais surtout un autre endroit à hanter. Akhen fut surpris de ce marchandage direct, l'esprit semblait avoir parfaitement compris qu'Akhen était un espèce d'exorciste et non un énième vigile. Réfléchissant un moment, Akhen ne vit aucun en particulier où l'envoyer, Makaya saurait surement lui... Avec un fin sourire, le jeune allemand suggéra à l'esprit d'aller hanter une porte près de la porte principale, il allait y trouver un vieux noir un peu enveloppé qui saurait parfaitement le réorienter. L'esprit partit tout en volant un peu de ses forces à Akhen.

Satisfait de cette première réussite, ce dernier regarda autour de lui et, s'apercevant que la serrure de la porte enfoncée luisait faiblement, il s'approcha et confirma rapidement ses doutes, un esprit qui s'amusait à verrouiller les portes était passé par là. Sauf qu'il s'était volatilisé, sans doute à la recherche d'une nouvelle proie. Akhen songea avec bonheur à la réaction de Makaya s'il se retrouvait dans la même situation que lui, quelques secondes plus tôt.

Reprenant son exploration, il poussa prudemment la porte de l'entrée et découvrit un large vestibule, carrefour de deux couloirs et d'une cage d'escalier en marbre. N'étant pas inspiré par ce que sa torche éclairait des couloirs, il décida de laisser le rez de chaussé à son coéquipier et s'engagea dans la cage d'escalier, glissant silencieusement sur l'épais tapis. A peine avait-il fait trois pas qu'il se prit les pieds dans le dit tapis et s'étala de tout son long sur les degrés qui suivaient. Se relevant le plus vite possible, il ne put que constater, impuissant, que le tapis n'était pas froissé le moins du monde et que quelque chose s'enfuyait dans un éclat de rire. Akhen continua dans un soupir.

Sur le palier du premier étage trônait une gigantesque fresque représentant une scène mythologique, fresque dont Akhen se désintéressa immédiatement pour se concentrer sur la porte. La sondant à distance, elle ne paraissait pas hantée, mais un bruit singulier lui parvenait en continu de l'autre côté de la porte. Comme si quelqu'un regardait la télévision ou écoutait les nouvelles à la radio.

Tablant sur le fait que la pièce serait éclairée, Akhen rangea sa torche et sortit son arme. Il ouvrit délicatement la porte, tenant son arme baissée, invisible dans l'ombre. Il se trouvait dans un gigantesque salon, d'où partaient au moins trois couloirs. Outre un cercle de fauteuils, la pièce contenait également un gigantesque Home Cinema d'où venait le bruit. Devant l'immense téléviseur, plusieurs fauteuils confortables et un canapé dans lequel cinq personnes pouvaient s'y asseoir à l'aise. Personne ne semblait regarder le film de série Z diffusé par la télé, film dans lequel un vieux noir parlait à un tableau dans un langage incompréhensible. Même pas de sous titres en plus. Encore un de ses esprits farceurs. Akhen se demanda distraitement ce qu'avait fait le précédent propriétaire pour avoir mérité une telle invasion d'esprits.

Une exclamation outragée sortit Akhen de ses pensées. Regardant nerveusement autour de lui, il s'aperçut que c'était l'acteur qui l'avait poussé. Avançant la main pour saisir la télécommande, il se figea soudain en prenant conscience que cet acteur ressemblait étrangement à Makaya. Akhen sourit à l'idée que son coéquipier ait pu jouer dans un tel navet, puis il remarqua que le Camerounais portait exactement les mêmes vêtements qu'aujourd'hui. Et qu'il se trouvait dans un corridor qui ne dépareillerait pas dans cette maison. Akhen poussa un hoquet de surprise tandis qu'il se rendait compte des implications de cette découverte. Il était encore plongé dans ses suppositions quand le fauteuil à sa droite se mit à parler :
« Surprenant, n'est-ce pas ? »

Sursautant, Akhen se retourna vers le fauteuil vide. Désorienté, rien, à part son sixième sens, ne semblait indiquer une présence. Et la sensation surnaturelle était tellement faible qu'elle ne s'était pas imposé à lui directement. Mais il y avait quelque chose sur ce fauteuil, quelque chose qui parlait avec une voix masculine, une voix calme et posée, comme si son interlocuteur n'était ni armé, ni menaçant.
« Oui, c'est mon coéquipier.
-Ah, marrant. Il n'a pas l'air d'un voleur ou d'un pillard pourtant...
-Pourtant qu'est ce qu'il est mal élevé. Ah mais vous faites erreur, nous sommes envoyé par l’État.
-C'est encore plus curieux, je vous ai observé et vous n'avez pas l'air de policiers, ni encore de militaires. Bien que vous, vous ayez un petit côté forces spéciales. Donc vous êtes quoi au juste ? Quand même pas des membres de la R.I.P ? S'amusa l'esprit.
-Ben si... Répondit Akhen dépité, et surpris que l'esprit connaisse l'existence de l'organisation.
On est censé nettoyer la maison.
-Oh je vois. Je me doutais bien que ce bon plan ne durerait pas longtemps.
Réfléchissant aux propos de l'esprit, Akhen chercha le meilleur angle d'attaque pour en apprendre le maximum sur sa situation, l'air de rien.
-Mais vos pouvoirs sont très impressionnants, vous êtes quoi au juste ?
-Moi ? Répondit l'esprit dans un petit rire. Je suis un stalker. J'espionne les gens pour mon compte ou pour celui qui m'emploie. C'est fou le nombre de gens qui ont besoin de nous, moi et mes semblables.
-Ah je vois. Et vous projetez les images sur n'importe quoi ?
-Tant que que ça reflète la lumière oui. Cela me demande plus ou moins d'énergie, bien évidemment.
-Bien évidemment. Akhen laissa le silence s'installer, avant de changer de sujet. Et vous êtes ici depuis longtemps ?
-Une ou deux semaines. Je récupère et je profite de la télé et du calme. C'est un de mes contacts qui m'en a parlé. Mais je comprend tout à fait que vous avez besoin de la maison. Chacun fait son boulot après tout.
-Vous êtes très professionnel pour un esprit... Remarqua Akhen.
-Il le faut. Je vous envoie d'ailleurs mes coordonnées, si un jour vous en avez besoin. Sachez néanmoins que le prix est assez élevé.
-J'imagine. Vous n'êtes pas trop dans mes moyens. Mais je pourrais peut-être vous recommander à mes supérieurs. L'image est vraiment de bonne qualité. On pourrait faire un autre test ?
-Bien sûr, qui voulez-vous espionner ?
-En fait je veux surtout connaître le déphasage entre la réalité et ce que vous projetez sur l'écran.
-En gros vous voulez savoir si je transmet en direct... Eh bien évidemment, et même plus rapidement que votre télé, vu que je ne passe pas par un satellite, moi... Donc qui voulez vous voir ?
-Vous pouvez projeter un lieu plutôt qu'une personne?
-Évidemment...
-Ok. Akhen consulta deux trois informations sur son portable et annonça : Amphithéâtre de philosophie, Humbolt Universität zu Berlin, Unter den Linden 6, 1099 Berlin.
-Je suppose que vous avez étudié là-bas...
L'esprit se tut alors que l'image d'un amphithéâtre bondé apparaissait sur l'écran. Les étudiants bavardaient gaiement tandis qu'un jeune professeur du nom de Rosefeldt, finissait son cours.
« Quelqu'un en particulier ?
Akhen plissa les yeux.
-Zoomez sur le 3e rang en partant du prof. Okay, ne bougez plus, c'est parfait, je vérifie.

Akhen farfouilla dans son répertoire, alla jusqu'à un contact répertorié par une liste de chiffres et l'appela.
Au milieu du troisième rang, une masse de cheveux bruns fouilla dans son sac et regarda son portable alors que la caméra plongeait sur elle. L'écran affichait un appel inconnu. Elle hésita.
« Tourne à 90 degrés je veux voir ses lèvres si elle décroche. » Reprit Akhen.
Une poignée de seconde plus tard, l'inconnue décrocha, et Akhen put lire le « Ja ? » sur ses lèvres au moment ou il l'entendit. Satisfait, il raccrocha.
-Alors, convaincu ?
-Totalement. Je vous recommande dans mon rapport, à condition, évidemment, que vous quittiez cette maison dans les plus brefs délais.
-Évidemment.

Satisfait de cette négociation et réprimant la légère mélancolie qui l'envahissait, Akhen se prépara à passer à la salle suivante, jaugeant du regard les trois possibilités qui s'offraient à lui. Il espérait que Makaya s'en était sorti, un coéquipier mort ça en faisait de la paperasse.

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Message par Makaya 20/7/2012, 01:16

« Tain, ça a quand même de la gueule comme baraque...Il s’emmerdait pas le camarade ambassadeur...Je me demande si il y a des promotions internes dans la RIP pour devenir diplomate international...Ça me tente bien une petite retraite à l’aise...Conseiller spécial que je serais...
-Si je ne m’abuse, l’interrompit dans ses réflexions une voix sourde provenant de sa sacoche, il me semble qu’au nord il n’existe pas de traitement de faveur aussi grand concernant les politiques se permettant des largesses avec leur personnel...
-Comment ça Bokami, répondit le vieux sorcier tout en finissant son tour de la maison.
-J’ai vu dans le journal qu’un dénommé « Dominique Strauss-Kahn », un puissant politique français s’était retrouvé en disgrâce pour avoir apparemment tenté d’abuser d’une femme de ménage. Alors qu’il occupait un poste à responsabilité, qu’il avait une femme depuis longtemps...Du coup il a démissionné, a perdu sa femme et tout le crédit que l’opinion publique lui accordait.
-Quand est ce que les blancs comprendront que leur rigidité les mènera à leur perte ? Si leur société reconnaissait la polygamie, les scandales financiers, la corruption et les dérapages sexuels aussi bien qu’en Afrique noire, il aurait pu garder son poste, tout en jetant en prison ses ennemis !
-Si je puis me permettre Makaya, en pensant ainsi, je pense que tu n’arriveras jamais à te faire une place chez les blancs.
-Bouarf, ce n’est pas très grave en fin de compte. En réalité je n’ai cure de vouloir me tailler une place dans un pays dont les modes changent si vite. Moi qui étais pourtant convaincu que le casque à pointe était encore d’actualité... » Dit-il, dépité, en ouvrant le couvercle d’une benne à ordure qui fit « miam » lorsqu’il y eut jeté son couvre-chef.
Sans se dépiter, le sorcier se posa devant la poubelle et s’adresse à elle comme à n’importe quel humain.

« Salut à toi ! Dis-moi, qu’est-ce que tu fabriques ici ? On m’avait pourtant dit qu’il n’y aurait qu’un seul esprit majeur dans le coin et vu la concentration spirituelle qui sature l’atmosphère, on se croirait au conclave des Kaloundé en 1978 !
-Pardon? Möchten Sie etwas zu essen?
-Et dire qu’on m’a missionné moi parce que j’étais le seul capable de communiquer avec l’esprit majeur…Bon ben tant pis, à plus tard ! »


Makaya acheva ainsi son tour et entra dans l’imposante bâtisse, Awanjo sur ses talons, qui avait fait un tour sur les hauteurs de la maison et qui en était arrivé aux mêmes conclusions : c’était occupé de partout.

Après avoir fait quelques pas dans l’imposant hall, la porte d’entrée se referma d’elle-même et le loquet s’activa sans que personne n’ait semblé y toucher. Pendant ce temps, les bibelots qui composaient l’entrée se mirent à léviter dans les airs et à tournoyer autour du vieux sorcier, pendant qu’une étrange musique macabre résonnait de plus en plus fort.

« Bon, vous avez pas bientôt fini ? Quand est –ce que vous allez changer de registre ? Le coup de la porte qui se ferme, les objets qui volent...c’est tellement vu et revu ! Il va falloir innover les gars ! Je ne compte plus le nombre de fois où on me l’a fait ! Franchement, vous m’avez pris pour un gamin ou quoi ? »
A ces mots, la musique resta bloquée sur une note et les objets se figèrent ...puis prestement, ces derniers réintègrent leurs places tandis que la musique mourut. Même la porte s’ouvrit miraculeusement.
« Bon, c’est mieux...Sachez que vous voulez m’impressionner, il en faudra plus que ces vieux tours éculés. A part ça, il y a quelque qui parle français ici avec qui je pourrais m’entretenir ? Oho !
-Oui moi. Frank Waldorf » fit une voix provenant d’un des murs. Puis lentement, une silhouette humaine fit son apparition, traversant le béton avec un flegme notable. Un authentique fantôme qui flottait à quelques centimètres du sol. Il était habillé de façon élégante et avait certainement été un bel homme. Constat qu’il était néanmoins difficile à faire aujourd’hui vu qu’il lui manquait la moitié du visage.
« Salut Frank ! Je m’appelle Makaya et j’ai été missionné ici pour causer avec un grand esprit camerounais. Et je découvre que le lieu est rempli d’autres esprits qui n’étaient pas du tout prévus ! Du coup est-ce que tu pourrais m’expliquer ce qu’il se passe dans cette maison ?
-En premier lieu, j’apprécierais fortement que vous ne vous permettiez pas ces familiarités avec moi. Nous n’avons pas élevés les chèvres ensemble.
-Rha j’avais oublié que les blancs étaient aussi rigides...
-En second lieu, je vais avoir du mal à vous répondre, je ne suis la que depuis avant-hier et j’ai eu un mal fou à trouver un lieu à hanter. Comme vous dites, la maison est saturée de monde. Mais d’après ce que j’ai pu comprendre, lorsque le propriétaire humain est mort, son esprit supérieur de tutelle est devenu fou de rage et cherche aujourd’hui à se venger de ceux qui ont tué son maitre.
-En gros le peuple allemand pour avoir inventé la choucroute ? Je vais avoir du mal à le blâmer...
-Du coup il s’est enfermé dans la chambre principale et est actuellement en train d’activer un rituel censé relâcher des monstres dans la ville...Enfin c’est ce qu’on m’a dit. Bref, une telle concentration d’énergie magique attire forcément les gens dans notre genre. Personnellement je suis ici car j’espère qu’au moment de la libération du sort, je pourrais grappiller des fragments d’énergie pour reconstituer mon merveilleux visage.
-Mais...A quoi bon, vous êtes mort ! Qui est ce que vous voulez draguer ?
-Manifestement, vous ne pouvez pas comprendre. Sur ce monsieur... » Et il s’en alla en s’élevant vers le plafond, laissant Makaya dans ses pensées. Donc s’il avait bien compris, s’il ne s’activait pas rapidement pour désamorcer ce rituel, il y aurait de fortes chances pour que les habitants de Munich et de ses alentours se retrouvent trépanés parce que leurs glorieux ancêtres avaient créé une aberration culinaire. Et que par la même occasion, la foule d’esprits présents ici en profite pour gonfler leurs pouvoir (ou leur sex-appeal...)

Bien décidé à ne pas laisser cette situation se produire, Makaya s’engouffra dans la maison, en ayant bien pris soin d’accrocher Bokami sur son sac à dos, de façon à qu’il n’ait pas d’angles morts : la capacité de la statuette serait ici mise à contribution pour éviter au sorcier de se faire surprendre dans le dos par des importuns. Grace à une amulette spécifique, il était capable de voir à travers les yeux de la statuette quand il le désirait et vice-versa, celle-ci pouvait lui transmettre ce qu’elle voyait quand elle le désirait. Le duo était rodé et ils s’étaient évité bien des désagréments en jouant ainsi sur la prudence par la surveillance.
Pendant ce temps, Awanjo ouvrait furtivement la voie, déclenchant d’éventuels pièges et autres manifestations imperceptibles, qu’il arrivait généralement à aisément déjouer de par sa propre appartenance au monde du surnaturel.
Ainsi prêts, le trio commença à visiter l’une des deux ailes du batiment en commençant par le rez-de-chaussée. La première pièce dans laquelle il entra était occupé par une dizaine de fantômes qui semblaient totalement absorbés par les images qui émanaient d’un portail ouvert au centre de la pièce. D’où il était, on y voyait des monstres courir après quelque chose et cela semblait faire beaucoup de bruit.

« Euuh excusez-moi, mais qu’est-ce que vous faites ? demanda Makaya, circonspect.
-Chuuut !
-C’est le match de football Goules du Lichtenstein contre les Loup-garous Polonais ! Prenez un siège et taisez-vous, on en arrive à un moment critique ! Fit l’un des fantômes, les yeux toujours rivés sur le portail.
-Je n’y crois pas, ils dominaient tout le match ! C’est une machination des organisateurs ! S’exclama l’un des ectoplasmes.
-Tu penses vraiment que les loups-garous auraient accepté de jouer sans prendre en compte les conditions météos ? Répondit son camarade.
-Ouais, intervint un troisième, les loups-garous sont débiles c’est tout. Certes ils menaient clairement pendant la première mi-temps, mais maintenant que la lune est cachée, ils se retransforment partiellement en humain et se prennent une de ces branlée ! C’est l’une des meilleures équipes mais elle est trop versatile. J’ai bien fait de parier sur les goules cette fois.
-C’est clair, il m’est arrivé la même déconvenue lors du match des Vampires Bulgares contre les Kamis de Corée. Vu que les vampires ne dorment pas, ils n’avaient pas pris en compte le décalage horaire et n’avaient pas du tout prévu l’arrivée du soleil sur ce fuseau horaire. Résultat, à vingt minutes de la fin du match, alors qu’ils affichaient un glorieux 9-1, ils se sont tous retrouvés consumés par l’aube et les Kappas ont gagné 32-9.
-En même temps c’est normal quand l’équipe en face est un tas de cendres...Fit un autre fantôme, visiblement dépité en voyant que le milieu de terrain des Loup-garous avait récupéré des jambes humaines, mais toujours surmontées par un puissant torse de canidé. Résultat, il était déséquilibré et était incapable de mener sa percée.
-Pfff zappe Friedrich, les goules vont gagner c’est bon...Tain j’ai perdu 20 écus dans ce match truqué ! Je suis sûr que c’est un coup des Sœurs de la Tempête, qui ont amené des nuages couvrant la lune ! Le Lichtenstein a tout le capital nécessaire pour payer une telle tricherie !
-Tu es d’une telle mauvaise foi Arnold ! Accepte la vérité, tu me dois les photos d’Ursula sous la douche ! »

Les fantômes continuaient de se chamailler sans faire attention au vieux noir qui s’était assis à leur côté et qui observait la scène d’un œil amusé. Mais maintenant que leur attention était moins focalisée par le match qui en effet tournait inévitablement à l’avantage des goules, il se permit un raclement de gorge qui alerta les fantômes qui se rendirent subitement compte de sa présence et de son humanité.

« Hey, comment il arrive à nous voir lui, s’exclama le dénommé Friedrich. On avait pourtant passé un pacte avec les fanfarons du hall pour qu’ils écartent tous les humains !
-Et bien ils m’ont laissé passer. Bonjour messieurs, je me nomme Makaya et je suis venu m’enquérir de l’occupation de cette maison. Vous faites quoi ici ?
-Ca te regarde l’ancêtre ?
-Je crois bien, je suis un ami de l’ancien propriétaire de cette maison et j’ai appris que son esprit majeur faisait des siennes et qu’il était très énervé. Et je pense que ce dernier serait très irrité de savoir que des esprits inférieurs occupent ainsi sans vergogne son ancienne demeure et que ceux-ci traitent aussi mal les amis de son feu maitre...
-Ah, vous connaissez Zul’Gurub ? Euuh ben désolé de vous avoir ainsi parlé monsieur ! Et sinon ben on a entendu dire qu’il allait y avoir une déflagration ectoplasmique telle qu’elle nous permettrait d’amasser suffisamment d’energie pour ramener notre pote Alfred. On pensait qu’il reviendrait comme fantôme mais apparement il n’a pas réussi à passer. Alors qu’il y a le tournoi des 6 nations funèbres dans deux semaines et il ne peut pas rater ça !
-Je vois...Fit Makaya en se frottant la barbe. Bien, je vous remercie messieurs, peut-être auront nous l’occasion de nous revoir ! Sur ce ! » Et il retourna vers le couloir où après quelques pas, un tableau l’interpella pour lui demander quel temps il faisait dehors. Fait étrange, pendant qu’il conversait avec cette peinture de la pluie et du beau temps, un étrange frisson l’étreignit, comme si on l’observait.

Mais faisant abstraction de cette sensation, plutôt normale dans cette maison pleine d’esprits, il acheva sa conversation avec le tableau et alla ouvrir une autre qui déboucha sur une grande salle pleine de sorcières vêtues de noir, qui s’activaient autour d’un grand chaudron qui trônait au milieu de la pièce.

« Désolé de vous déranger mesdames, mais que faites-vous ici ? Demanda-t-il alors qu’elles versaient moult ingrédients dans l’immense récipient. Comme réponse, il dut se contenter d’une déflagration juste au-dessus de sa tête et d’un « partez d’ici ». Vu le nombre, inutile d’insister au risque de se faire griller les moustaches.
Il referma donc la porte et continua son exploration du rez-de chaussée, rencontrant à tour de rôle des poltergeists, des goules, des lutins, des fantômes, un vampire, un élémentaire, trois zombies jouant aux cartes avec un homme-oiseau et deux démons inférieurs désireux de s’entretenir avec Zul’Gurub pour un projet d’association d’extermination du genre humain. Ils avaient tout un tas de dépliants et de vidéos à lui proposer...

Au terme de sa ronde, Makaya se rendit compte qu’il serait absolument impossible de déloger tous ces esprits un par un. Surtout qu’ils étaient tous la pour d’excellentes raisons –selon eux- comme ressusciter des pairs, asservir l’humanité, alimenter une urne mystique, accélérer l’accomplissement d’une prophétie ou encore réveiller un camarade victime d’une malédiction. En clair, à défaut d’être des esprits frappeurs, ils méritaient bien leur titre d’esprits squatteurs et aucun d’eux ne bougerait tant que Zul’Gurub n’aurait pas fini son rituel.
Au passage, le vieil africain ignorait la puissance du rituel d’invocation qu’il préparait mais il doutait qu’il puisse alimenter les vélléités de tout le monde. La seule solution était donc d’interrompre le rituel, ce qui dénuerait de tout intérêt le fait de rester dans cette maison : ainsi tout le monde partirait et la mission serait accomplie. Et au passage, le peuple allemand serait aussi sauvé d’une mort certaine (et pourtant méritée...Quelle nation invente la choucroute sinon une nation que l’on condamne à mort ?)


« Du coup on fait quoi Maka ? Demanda Awanjo, légèrement inquiet de la tournure qu’avait pris les évènements.
-Bon déjà faut voir ou est le gosse. Si ça se trouve il a été zombifié ou vampirisé vu comment il est visible avec sa coupe de cheveux. S’il est encore vivant et valide, le tenir au courant et ensuite aviser pour ce Zul’Gurub.
-Au passage son nom, ça ne te rappelle rien ?
-Si bien sûr...Zul’Fatak, Zul’Aman ou encore Zul’Jin...Bref j’ai bien peur que l’on ait affaire à une manifestation Bangwa de niveau six. J’en avais rencontré un il y a une trentaine d’années en Angola, mais j’étais accompagné de mon feu ainé le professeur Augustin M’Fane. Il avait utilisé un puissant enchantement qui n’est pas dans mon champ de compétences et j’étais juste la pour lui donner de l’énergie. Bref, si je n’arrive pas à convaincre cet esprit de faire marche arrière, je serais incapable de faire quoi que ce soit. Et ce n’est pas le blondinet qui va faire mieux que moi.
-Au moins il aura de meilleurs arguments que toi pour sauver le peuple allemand, répondit Awanjo.
-Des arguments tout court, surenchérit Bokami.
-Rho ça va...dites tout de suite que je n’aime pas les allemands !
-Tu n’aimes pas les allemands, dirent-ils en cœur. Tu n’as toujours pas digéré le coup du casque à pointe.
-Rho ça va...Bon allons retrouver le gosse » fit le vieux sorcier bougon.

La clique retourna sur ses pas pour réintégrer le hall et se lancer à la recherche de l’intéressé. Seulement, alors qu’ils allaient franchir la dernière porte leur permettant d’accéder au hall, un visage apparut subitement dans l’encadrement de la porte, leur réclamant de l’énergie vitale et un lieu à hanter pour ensuite pouvoir passer.

« C’est hors de question ! C’est quoi ce chantage ? tu m’as pris pour un gnou de six semaines ou quoi ? Explosa le vieil homme.
-Pourtant on m’a dit que vous sauriez m’orienter... Répondit la voix d’un ton blafard.
-« On t’as dit » ? Qui t’as dit ?
-Un jeune homme aux cheveux couleur soleil...
-Bon si je résume t’es une sorte d’esprit inférieur pénible de type parasitaire avec des exigences débiles. Il est hors de question que je te donne quoi que ce soit. Surtout pas à un type qui écoute les directives du premier mioche décoloré qui trouve ça spirituel d’emmerder les anciens. Nan mais sans blague, m’envoyer un fantôme de seconde zone pour me mettre des batons dans les roues...jamais vu ça...
-Euuh... » L’interrompit l’esprit légèrement courroucé. « Fantôme de seconde zone...vous y allez un peu fort tout de même. Je suis un esprit et vous un humain, par conséquent vous me devez le respect. Craignez-ma colère !
-Oui oui c’est ça...nan les premiers types qui se sont retrouvés face à des esprits et qui ont commencé à les vénérer tout en les craignant ont vraiment fait une belle connerie. Maintenant on se retrouve avec des humains apeurés de tout, nourris de superstitions ridicules, face à des esprits totalement imbus d’eux-mêmes et se croyant tout-puissants....Pfff. Bon allez laisse-moi passer mon garçon, j’ai des oreilles de blondinet à aller tirer !
-Pas avant que vous ne m’ayez adressé vos excuses et la marque de votre respect, humain ! Je suis Abraxas Thelonius ! Je suis l’ancien grand ordonnateur de la confrérie des serruriers de Francfort ! Je suis...
-Une porte qui parle. Et qui m’emmerde. Bon tu l’auras cherché hein... » Fit Makaya en farfouillant dans son sac sous le regard excédé de l’esprit qui ne souffrait pas qu’un humain soit aussi impertinent. Il en ressortit un pot rempli d’une mixture verte sentant très forte, qu’il badigeonna sur la porte. Aussitôt, Abraxas poussa un hurlement déchirant et quitta la porte en allant se fixer dans un vase posé non loin.

« AAARGH ! QUELLE EST CETTE SUBSTANCE MAUDITE ?
-Un répulsif de chez moi : ça a le même effet sur les esprits que de manger de la bouse d’éléphant macérée : c’est très désagréable mais pas mortel. En clair, ça me permet de me débarrasser des pédants dans ton genre. Sur ce. »

Et Makaya franchit la porte en se lamentant : trop d’humains avaient en effet peur du paranormal et trop d’esprits en avaient joué, créant un déséquilibre notable et à terme, des instances aussi ridicules que celles œuvrant à la « Régulation » de ce domaine. Mais y avait-il des organisations de régulation des femmes, des enfants, des personnes âgées ? Non.
La peur de l’autre avait trop souvent amené des dérives absolument regrettables : esclavagisme, extermination...Makaya avait donc très peur que la RIP finisse sur cette pente à force d’avoir aussi peur et de connaitre aussi peu les esprits. L’idée initiale était intéressante mais pour qu’elle soit vraiment pertinente, il faudrait des esprits siégeant à la RIP, qui aurait aussi des agents issus du paranormal.


Enfin, la vue d’un grand garçon blond au détour d’un énième couloir le sortit de ses pensées. Ainsi, il eut toute la disponibilité d’esprit pour lui asséner un bon coup de canne dans le tibia.
Devant tant de stupeur, Makaya lui expliqua tout l’intérêt pédagogique de son geste, en lui expliquant que « on n’envoie pas des esprits de seconde zone faire chier des professionnels dans l’exercice de leur fonction » et « qu’il le remerciera plus tard quand il aura compris le bienfondé de son geste ». Puis, il enchaina sur le rituel de Zul’Gurub, pourquoi la maison était aussi occupée, et ce qui allait se passer si on n’arrêtait pas l’esprit camerounais.

« Comment ça, « en même temps ce n’est pas bien grave si ces fieffés mangeurs de saucisses périssent tous, ils n’avaient qu’à manger du manioc ? » Non mais vous avez conscience de l’atrocité de vos propos ?
-Ah ben c’est la meilleure celle-là ! Un type avec une dégaine d’aryen qui vient me faire la morale sur du politiquement correct ! »

Vu la vitesse à laquelle Akhen avait dégainé son pistolet pour le braquer sur le genou du sorcier, il semblait être arrivé à un niveau d’énervement assez élevé. A l’instar d’Awanjo dont les crocs se trouvaient à quelques millimètres de l’entrejambe du jeune homme. Un vrai mexican stand off.

« Je...je ne peux pas faire équipe avec vous, Makaya. Mais il faut qu’on arrête ce Zul’Gurub.
-Dois-je considérer que la fin justifie les moyens ?
-Adjugé.
-Alors bon courage mon garçon. Je te rappelle juste les objectifs actuels : référencer les esprits présents, connaitre leurs motivations, voir s’il n’est pas possible de les faire partir dès maintenant et arrêter Zul’Gurub. Et si on y arrive pas, fuir et contacter l’Etat-major pour qu’ils rasent cet endroit.
-J’y arriverais sans vous vieil homme. J’espère que vous avez l’esprit de compétition.
-Je ne me fais aucun souci : si je suis ici, n’est ce pas parce que je suis le seul à pouvoir communiquer avec Zul’Gurub ? Enfin, si tu estimes avoir plus de chances que moi, fils, sache que je serais ravi d’assister à ça ! Sur ce...Awanjo, pointe toi, on a une leçon de savoir-faire à donner ! »

Et il tourna le dos au jeune négociateur, son iguane sur les talons ayant fait claquer ses machoires tout près de lui à titre préventif. Quant à Bokami situé dans son dos, il continuait de fixer avec intensité le jeune homme qui venait de s’engager dans une belle galère.
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Message par Akhen 28/7/2012, 19:25

Akhen continuait d'errer dans les couloirs à la recherche d'un escalier pour passer au 2e étage. On leur avait bien passé un plan de la maison mais Akhen ne s'en servait pas trop, préférant fonctionner au sonar. En effet rien n'indiquait sur la carte si couper par les chambres ne provoquerait pas une petite rencontre avec un démon mineur en manque de viande, un ogre, un croquemitaine ou je ne sais quelle bestiole dont on ne pouvait se défaire avec une simple arme de poing. 
Le jeune homme zigzaguait donc depuis un grand quart d'heure, et était en ce moment occupé à ce défaire des compresses qu'il avait mis en urgence dans ses oreilles lorsqu'il s'était rendu compte que la superbe jeune fille qui l'invitait sur le balcon n'était autre que la Lorelei. 
Toujours aussi fasciné par la diversité des êtres présents dans cette maison, véritable caverne d'ali baba du surnaturel, le jeune homme pris la deuxième porte du couloir à gauche en se demandant avec méfiance ce qui l'attendait. 
Et il fut bien surpris lorsque qu'il sentit sur son front le contact froid métallique d'un vieux Smith&Wesson rouillé. Reculant lentement dans l'encadrement de la porte, il se retrouva encerclé par quatre fantômes, tous vêtus de la tenue des policiers de Los Angeles et qui s'exprimaient dans un américain a peu près compréhensible. 
" Qu'est ce que tu fous là sale hybride? On a pas dit à tes parents qu'y fallait pas mélanger un blanc et un bronzé, hein? Regarde-moi dans les yeux quand je te parle gamin!
-Oh ça va, je suis pas un gamin, arrêtez avec ça! Répliqua Akhen excédé. 
-Tout doux petit, sinon crois moi, mes potes et moi, on va de faire un plaisir de te calmer. Et ça c'est une spécialité locale au LAPD. Je me rappelle encore quand les copains ont tabassé King un grand moment. Dommage que c'ait fait du grabuge derrière. 

Laissant le fantôme le menacer, Akhen se calma et refoula la panique qui commençait à monter et se demandait pourquoi le colt braqué sur son front était si réel. Comprenant qu'il n'était qu'une manifestation surnaturelle de plus, manifestation qui influençait ses sens, Akhen détailla le policier et se dit que le Taser et la matraque qui pendait à son ceinturon n'étaient pas vraiment réels. Cependant les fantômes concentraient leur énergie dedans et ils étaient donc aussi dangereux que des vraies, relativement à la force du fantôme.
Respirant plus librement, maintenant qu'il avait analysé la situation, il se tourna vers le fantôme qui le tenait en joue, celui-ci s'impatientant visiblement. 
-Bon alors gamin, tu décampes?
Décidant de ne pas relever l'affront- ce dernier faisant parti de la stratégie des policiers- Akhen choisit de réorienter ces messieurs vers une autorité plus compétente.
-C'est que je dois explorer cette partie du bâtiment, sous ordre de mon chef. 
-Rien à foutre, tu dégages!
-S'il vous plait je serais pas long. Et si je n'y vais pas il va encore me pourrir les genoux avec son bâton de chaman, tout en souriant des toutes ses dents blanches. Ce type me terrorise, pas étonnant qu'il soit une espèce de chef la bas dans son ethnie...
-C'est un nègre ton chef? Demanda un des policiers d'un ton haineux.
Akhen acquiesça vivement. 
Celui qui semblait être le chef consulta les autres du regard, puis il reporta son attention sur moi, une drôle de lueur dans le regard.
-Il est où ce chef? M'interrogea t'il d'une voix menaçante. 
Simulant un tremblement de crainte, je pointais d'un doigt hésitant la direction prise par Makaya. 
Satisfait le sergent motiva ses troupes:
"Aller les gars, on va faire comprendre à ce chaman qu'il vaut mieux pas trainer dans les parages. Et cette fois-ci il n'y aura personne pour nous filmer et nous envoyer en taule comme ces pauvres Koon et Powell! "

Sur ces mots le petit groupe partir en courant, pressé de "venger" leurs camarades. 
Satisfait d'avoir vu juste sur la manière de manipuler le groupe, Akhen était néanmoins légèrement inquiet pour Makaya et espérait qu'il s'en tirerait sans trop de problèmes. Il était bien plus compétent que lui en lutte contre les esprits, mais il n'était plus tout jeune et ne s'attendait sûrement pas à l'arrivée de quatre ex-flics haineux. 

Plongé dans ses pensées, Akhen continua dans le couloir après  avoir fait deux fois demi tour devant des menaces qui semblait trop importantes: un conclave de sorciers vaudous et une sensation de danger inexpliquée émanant d'un simple bureau vide. Pour la dernière il avait failli s'y risquer car la cage d'escalier était clairement dans cette direction.
Il continua, concentré, à sonder les environs quand soudain il perçut quelque chose à la limite de son champ de  vision. Se retournant il vit qu'un petit trousseau de clé flottait tranquillement en sens inverse, le dépassant lentement. D'abord complètement halluciné par l'absurdité de la situation, il se ressaisit et suivit l'objet en lévitation. 

Akhen de rendit compte rapidement que son "guide"  le menait vers la seconde pièce de tout à l'heure, celle qu'il n'avait pas voulu explorer, sentant une présence hostile. 
Accélérant légèrement pour rattraper le trousseau volant, Akhen tendit la main pour l'attraper juste avant que celui-ci ne franchisse le seuil. Mais, à sa grande surprise, ses doigts ne se refermèrent pas sur l'objet mais s'arrêtèrent un peu avant, bloqusé par une force mystérieuse et invisible. Akhen resta ainsi quelques secondes, se demandant ce qui allait advenir ensuite et ne fut pas surpris lorsque sa main- qui "tenait" toujours fermement le trousseau- fut violemment tirée vers l'avant. Laissant son corps suivre le mouvement, il lâcha l'objet et pénétra dans la pièce en roulant, se relevant en position de combat, arme au poing, pointant une pièce totalement vide. Comme il l'avait prévu, la porte se ferma doucement derrière lui, provoquant un léger frisson derrière sa nuque. Le trousseau finit sa course paisible en se rangeant contre le mur à la droite d'Akhen et à la gauche du spectre en costard qui était tranquillement assis à son bureau.

 Le jeune allemand sursauta légèrement et tournant sur lui même, adressa un signe de tête et un sourire nerveux au militaire musclé en jogging qui s'interposait entre lui et la porte. 
Finissant son tour d'horizon, Akhen découvrit surpris que le trousseau de clé reposait maintenant à la ceinture d'une jeune fille en jean noir, bottines et débardeur, armée, elle, de deux couteaux. 
Il comprit rapidement qu'il avait à faire à des esprits télékinésistes qui apparaissaient sous forme humaine et dont les armes n'étaient que des représentations de leur puissance brute ainsi que ses spécificités. Ainsi la M16 du colosse signifiait que son porteur était puissant et pouvait soulever de lourdes charges, il était par exemple sûrement capable de projeter Akhen contre le mur jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ce dernier décida d'être prudent. D'autant plus que la jeune fille à sa droite paraissait capable d'actionner la gâchette de son arme alors que celle ci était dans son dos. Frissonnant devant cette perspective, l'ancien du GSG-9 démonta son arme sur le bureau et garda le chien bien serré dans sa main gauche. Puis se tournant vers celui qui semblait être leur patron, il le salua d'un signe de tête respectueux et attendit que celui-ci daigne prendre la parole. Quand celui le fit, en allemand, sa voix était calme et non dénué d'un certain intérêt. 
"Qui êtes vous?

Décidant de jouer cartes sur table, Akhen choisit de dire la vérité.  
"Agent Heigern R.I.P On est chargé de libérer cette maison monsieur, de la libérer de tous ces occupants, quelque soit leur nature. 
- Et vous vous imaginez que parce que vous vous pointez comme des fleurs, nous autres allons vous obéir? Rétorqua l'esprit en prenant un air amusé.
-Eh bien, à vrai dire, nous sommes là pour négocier votre départ. Si nous échouons, une unité spéciale sera envoyée pour vous chasser d'ici. C'est inévitable." Conclut Akhen d'un ton faussement désolé. 
"Tandis que si vous quittez les lieux maintenant, vous aurez le temps d'évacuer votre butin, et personne ne vous appréhendera."
L'esprit parut réfléchir quelque instants, puis il demanda:
" Comment vous croire? Vous dites que l'on ne nous importunera pas, mais j'ai du mal à imaginer un consciencieux agent laisser s'échapper toute une cargaison d'objets volés. 
-En effet. Mais ma mission consiste uniquement à nettoyer cette maison et à rester en vie. Je n'ai ni la force, ni les moyens pour démanteler une bande telle que la votre. Donc je négocie votre départ. 
-Et qu'est ce qui pourrait me pousser à vous laisser la vie?
-Uniquement la certitude d'échapper à des poursuites de la part de l'agence, et aussi de celle de mon coéquipier, qui rode dans le coin, d'ailleurs je vais vous montrer le chemin pour l'éviter. Il est bien plus fort que moi." Cela faisait deux fois déjà qu'Akhen admettait son infériorité devant son insupportable camarade, et il espérait ne pas avoir à le faire davantage. 

Hochant la tête le patron se leva et sortit par la porte derrière lui, suivit par le gros costaud qui soulevait une énorme malle sans le moindre effort et la jeune femme qui se trimballait toujours son trousseau de clé. Les esprits disparurent soudainement. Il ne resta plus qu'une malle qui flotta timidement à travers la fenêtre du couloir avant de traverser le jardin et de se poser sur un toit de voiture, s'éloignant au loin. Le trousseau de clé, quant à lui presque invisible, glissa dans une bouche d'égout. 

Satisfait de s'en être sorti à si bon compte, ayant remonté son flingue, Akhen continua dans le couloir devant lui, se demandant si la maison était véritablement aussi immense ou si l'esprit n'y était pas pour quelque chose. 
Continuant de sonder le sombre couloir devant lui, Akhen s'arrêta d'un coup. Devant lui, éclairée par la lumière émergeant d'une porte ouverte, de tenait une jeune femme brune agenouillée, un air de terreur peint sur le visage. Une ombre menaçante projetée par le faisceau émanant de la pièce laissait devenir une créature de cauchemar. 

Galvanisé par le cri d'horreur que poussa la demoiselle, Akhen s'élança et sortit son Glock de derrière son dos. 
Lorsqu'il ne fut plus qu'à trois pieds de la porte, il plongea. De sa main droite il tira 2 fois dans la porte ouverte tandis qu'il tendait son bras gauche et faucha le corps de la jeune fille, l'emmenant loin du danger. Atterrissant un bon mètre plus loin, Akhen se releva le plus vite possible, fit volte-face et visa la lumière. 
Une minute passa, puis deux mais rien n'en sortit. Se relâchant légèrement, il se détourna vers celle qu'il avait aidée. Toujours au sol, cette dernière semblait sous le choc, son visage masqué par ses longs cheveux noirs. 

Ému par la fragilité apparente de la jeune fille, Akhen se rapprocha et constata surpris qu'elle avait l'air aussi normale que lui. Pensant à tout ce qu'elle avait du subir pour arriver aussi loin, Akhen plaça son épaule sous le bras de la jeune humaine et la soutint pour l'emmener un peu plus loin. Se posant contre un mur, il réconforta l'inconnue en maintenant son bras contre son épaule. Cette dernière lui coula un regard reconnaissant en coin, ainsi qu'un petit sourire de remerciement. 
Souriant en retour, Akhen de sentait bien. Il décida de rester là quelque temps. Il comprenait parfaitement ce qu'elle pouvait ressentir et savait qu'elle avait besoin d'un petit moment pour récupérer. 

Il avait lui aussi d'ailleurs bien besoin d'une pause. Il était exténué, et ce temps mort lui faisait du bien. Il commençait à en avoir marre de cette maison et de ces pièges dans tous les recoins. Réconforter les jolies filles ça faisait aussi parti de son boulot, non? Surtout que celle juste à coté de lui venait de poser la tête sur son épaule.
Il se sentait si las, si fatigué... Jamais une mission ne l'avait épuisé à ce point.
Akhen s'abandonna à une douce torpeur, sentant le corps chaud de la jeune fille contre le sien, il relâcha totalement sa vigilance...

A un tel point qu'il fut totalement pris par surprise lorsqu'Abraxas Tholoenius surgit du mur d'en face l'air suprêmement énervé. 
"Exorciste!" Clama t'il. "Tu m'as trompé, ton patron m'a repoussé comme un malpropre, je n'ai jamais été traité de la sorte, tu m'entends, jamais! 
-Qu'est ce que tu veux?" 
Akhen s'aperçut avec stupeur que la voix lasse et éteinte, qui venait de prononcer ses mots, sortait de sa bouche. Il se sentait de plus en plus fatigué. Une petite voix dans sa tête lui murmurait qu'il n'aurait jamais du s'asseoir. La même petite voix lui souffla que la jolie inconnue à ses cotés s'était raidie, non pas à cause de l'apparition surprise de l'esprit mais du mot "exorciste". 
Fille que Abraxas finit par remarquer, et ,un petit sourire aux lèvres, ajouta:
"Mais je vois que tu es déjà en bonne compagnie, je te laisse."
Et l'esprit serrurier de disparaitre sur ses mots. 

Troublé par ce discours, Akhen regarda sa voisine dans les yeux et n'y lu rien de suspect. Et puis il était si fatigué, il n'allait pas donner foi aux insinuations d'un esprit frustré. Tellement frustré qu'il voulait sûrement de venger, en les dressant l'un contre l'autre. Ou alors il était sûr d'être vengé. Ce qui signifiait qu'Akhen était actuellement en danger. 
Son instinct de survie pas complètement atteint, Akhen se pencha en avant, voulant approfondir les paroles d'Abraxas. Mais quand il voulut se dégager, un voile noir lui passa devant les yeux et il ne pût achever son mouvement. 
Troublé, il se tourna vers la jolie jeune fille, et s'abandonna totalement à son instinct et à la petite voix, qui lui murmurait qu'Abraxas avait raison. 

N'arrivant pas à trouver la volonté de se dégager, Akhen se surpris en giflant la jeune fille, qui poussa un hoquet de stupefaction, et une grimace de haine tordit son beau visage. Parvenant à échapper à l'étreinte mentale, Akhen se leva et se planquant contre le mur opposé, il fixa la jeune fille qui restait prostré. Lentement il se sentait mieux, et comprenait à présent que ses forces étaient pompées par la jeune fille qui l'avait entrainé dans un des plus pernicieux pièges dans lesquels il était tombé. Sans l'intervention d'Abraxas et sa formidable intuition, son énergie se serait peu à peu évanouie, pompée par la fausse victime d'une agression, et, une fois tombé dans les pommes, il aurait été dépendant de Makaya. 
Sortant son arme, il le pointa vers la menace, qui recula devant l'allemand et sans un mot, avec seulement une grimace de défi s'enfuit dans la pénombre. 

D'abord soulagé d'être plus ou moins en sécurité, Akhen s'aperçut avec horreur qu'elle avait pris la direction de Makaya et qu'elle ne manquerait pas de le croiser. 
Confirmant son intuition, il constata qu'il n'y avait rien dans la pièce d'où filtrait l'ombre du monstre. Ses deux balles étaient encastrées dans le mur. Le monstre était en fait une création de la jeune humaine, qui tendait ainsi une véritable embuscade et piégeait ensuite ses sauveurs en aspirant leur énergie par simple contact physique en usant de ses charmes pour les pousser à la réconforter. 
Akhen ne doutait pas des chances de Makaya de percer à jour cette stratégie, mais il était beaucoup plus sensible aux charmes féminins que l'allemand. Enfin Akhen ne pouvait plus rien pour lui... 

Très fatigué par cette aventure- la fille ne lui avait pas rendu son énergie- il mangea une barre énergétique et atteint enfin l'escalier. Il allait enfin pouvoir monter au deuxième étage après un premier étage éprouvant. Akhen se demanda passivement s'il lui restait assez d'énergie pour affronter le reste de la maison et Zul'gurub...

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Message par Makaya 23/11/2012, 20:53

« Bon à qui ais-je l'honneur ?
-Tu vas mourir négro ! Tu vas payer pour nos camarades tombés au front !
-Parce qu'ils sont morts de quoi ?
-Euuh peine capitale.
-Et pourquoi ?
-Pour un massacre organisé à Harlem. Enfin ce n'est pas le propos ! Tu mérites de mourir !
-Bon les enfants, sachez que votre argumentaire ne repose sur rien : vous ne pouvez me tenir responsable de la mort de vos racistes de collègues qui ont eu ce qu'ils méritaient. Vous ne pouvez pas me reprocher d'être stupides, incapables de vous remettre en question et de votre entêtement xenophobe qui vous a rendu encore présents aujourd'hui et terriblement transparents.
-JE VAIS ME LE FAIRE CETTE FACE DE SINGE !
-En revanche, vous pourrez aisément m'en vouloir d'avoir, à l'aide de mon ami Awanjo, placé ces amulettes rituelles qui permettent de contenir ce qui ne peux être contenu. Sur ce messieurs... » dit le vieux sorcier en s'éloignant et laissant les fantômes bloqués dans un champ de force permettant de confiner les manifestations magiques intangibles.
« God damnit ! Le boy ne nous avait pas dit que le négroïde serait capable de faire ça !
-Le boy ? Demanda alors Makaya, interpellé par le fantôme belliqueux
-Oui, ton associé, qui nous a aiguillé vers toi !
-Intéressant...pardonnez moi si je vous laisse messieurs : j'ai un fessier de mal-élevé à aller botter incessamment sous peu ! »

Suite à cela, il tourna les talons et s'en alla, plutôt furieux en apprenant que son camarade avait tenté de le pourrir -POUR LA DEUXIEME FOIS- et qu'il devait sauver une bonne partie de l'Europe avec cet énergumène.


« Bon c’est quoi la suite du programme maintenant ? demanda Bokami, circonspect.
-Oui parce qu’on te sent venir Makaya, surenchérit Awanjo. C’est tout à fait dans tes cordes de chercher à uniquement pourrir le gosse et de te barrer ensuite, le laissant lui et le peuple allemand dans la merde.
-Rho mais vous êtes vaches vous, franchement vous pensez réellement que je suis une telle raclure ? S’insurgea le vieux chaman.
-Ben je ne sais pas...ne viens-tu pas de passer vingt minutes à négocier avec une sorcière pour qu’elle te file un charme urticaire ?
-Oui mais on ne sait jamais, cela peut toujours s’avérer très utile ! Qui vous dit que c’est pour le gosse ?
-Euuh le fait que tu lui ai dit « J’ai besoin d’un sortilège apte à pourrir gentiment mais fermement un type mal-élevé et atrocement mal coiffé » ? Répondirent les deux esprits à l’unisson.
-Bon vous êtes pénibles !
-Et toi d’une mauvaise foi sidérante. Sans blague Makaya, tu comptes faire quoi sur ce plan ? »


La question était épineuse. Lui et le bleu avaient été missionnés pour quelque chose d’assez standard au premier abord : voir ce qui clochait dans une baraque isolée. Mais plus ça allait et plus l’événement les dépassait : aucun d’eux n’était en mesure d’interrompre le rituel de Zul’Gurub par la force ou par une magie adéquate, et encore moins de détruire tous les ectoplasmes belliqueux qui en jailliraient et qui fondraient sur la populace alentour.
Quant aux esprits squatteurs qui pullulaient dans la maison, tacher de les virer un par un était purement impossible et qui plus est inutile : vu ce qu’il avait constaté des niveaux de puissance des êtres présents, il était sûr que la moitié finirait calcinée par la décharge magique. Le problème étant l’autre moitié, qui arriverait à canaliser la décharge, et ainsi en ressortirait grandie. Et il n’était pas sûr que ce soit une bonne chose que les quelques démons inférieurs présents puissent en ressortir grandis...

Il dut donc se résoudre à prendre une décision qui lui en coûtait : en référer à sa hiérarchie. Pourquoi cela lui pesait tant ? Parce qu’il considérait les pontes du RIP comme particulièrement obtus et qu’il craignait que la seule solution qu’ils proposent soit l’éradication du lieu à l’aide d’ogives gravées de runes d’annihilation.
Et aussi parce qu’ils étaient allemands.


Il s’installa donc sur les marches menant au deuxième étage, avec toujours ses deux esprits en alerte autour de lui et sortit son téléphone avec une pointe de fatalisme.

« Allo ?
-Oui agent Korove ? Répondit au téléphone une voix suave
- « Agent Korove... » Haha ça sonne tellement mal... Bref, comment vous portez mademoiselle ?
- Manifestement, les notes dans votre dossier sont on ne peut plus juste.
-Qu'est ce que vous voulez dire par la ?
-Et bien « dragueur compulsif », « obsédé notoire », « satyre mégalomane »...le psychologue du RIP qui vous a analysé n'y est pas allé de main morte vous concernant...Même si l'on peut fustiger son objectivité, cela m'incite tout de même à rester de marbre concernant vos éventuelles avances. Nous disions donc...Oui agent Korove ?
-Bon il va falloir que je jette un coup d’œil à ce dossier. Bref, la mission dérape : il y a un esprit de niveau 6 en train de créer un rituel d'invocation qui une fois à terme va ouvrir un portail duquel vont sortir une foule de manifestations spectrales qui ont pour intention d'annihiler la Bavière et ses alentours.
-Pardon ? Mais ce n'était sensé être qu'une mission de repérage, afin de répertorier les éventuels esprits qui occupaient cette bâtisse !
-Oui parlons-en de ces esprits : il doit y en avoir 100 au bas mot et de toute obédience et de toute puissance. Ça va du mineur qui s'amuse à faire claquer des portes au démon inférieur.
-Mais...mais qu'est ce qu'ils font tous la bon sang ?
-Le rituel draine une quantité énorme d'energie ectoplasmique qui a attiré tous ces gus. Et quand il sera terminé, il y aura forcément un déversement de la puissance accumulée que tous ces squatteurs comptent bien mettre à profit pour leur propre compte. Ca va de vouloir grandir de quelques centimètres à ressusciter un démon majeur. Bref ça serait bien que cela n'arrive pas, non ?
-Oui plutôt...Quelles sont vos préconisations ?
-Ben on va essayer d'aller négocier avec l'esprit majeur en question pour qu'il renonce à son plan, qui bien qu'il parte d'une bonne intention, risque de créer trop de dommages collatéraux...
-Comment ça, « qu'il parte d'une bonne intention » ??
-Non oubliez ce que je viens de dire. Bref, on va essayer de faire ça et si ça ne marche pas...ben faudra voir ce que vous voulez faire, sachant qu'il est hors de question de détruire cet endroit.
-Pourtant c'est la procédure la plus appropriée.
-Et pourquoi ? Pour créer une guerre ouverte ? Vu le nombre d'esprits présents cohabitant dans cette baraque, vous pouvez être surs que si ils crèvent tous d'un coup à cause des pontes de la RIP tremblant dans leurs bureau, beaucoup vont s'insurger contre nous et les humains en règle générale.
-La probabilité pour que cela arrive est infime...
-Pas si infime que ça...et le fait que cela puisse être envisageable serait extrêmement dommageable non ? Imaginez, les familles spirituelles sortant de l'anonymat pour massacrer allègrement des humains, par colère et par solidarité envers ceux qui auront disparu dans ce que l'on appellera le « massacre allemand ». Franchement, vous n'en avez pas marre d'être au cœur de génocides ?
-Euuuh je crois que je vais recentrer la conversation...N'empêche que c'est une éventualité qui n'est pas à négliger en effet.
-Surtout que leurs motifs seront légitimes...je veux dire, qui peut en vouloir à des gens qui mangent de la choucroute ?
-Soyons sérieux maintenant. Je vais référer à ma hiérarchie de l'évolution de votre mission, et ils aviseront si il est preférable de favoriser la diplomatie à la force. D'ici la, comment jugez-vous les événements à venir ?
-Admettons qu'il nous reste environ cinq heures. Maximum. Plus ça va et plus l'air est saturé d’énergie. Les esprits inférieurs vont bientôt commencer à regretter de s'être aventurés ici, car totalement incapables de supporter un tel afflux.
-Très bien. Dans ce cas, vous avez deux heures pour tacher d'inverser la donne. Passé ce délai, vous avez ordre de quitter les lieux, qui seront devenus trop dangereux et c'est une autre équipe de la RIP qui prendra les choses en main. A savoir que j'exige un rapport toutes les demi-heures à partir de maintenant. Ais-je été claire agent Korove ?
-Sinon quoi ?
-Ne jouez pas les insolents. Surtout à votre âge. Et acceptez que des situations doivent parfois être résolues par la force. Vous ne formez pas la seule équipe compétente dans ce genre de cas.
-C'est vrai que preferer le recours des équipes de cloisonnement et d'extermination, c'est tellement plus adapté...
-Je ne désire pas relever. D'ailleurs à propos d'équipe, comment se passe la cohabitation avec votre coéquipier ?
-Parfaite ! Je ne pouvais espérer un meilleur camarade ! Merci encore pour ce choix si judicieux !
-Ah ? Moi qui pariait sur des difficultés à vous entendre, me voilà ravie de vous savoir comblé !
-En effet ! Avec mes vieux amis le mentha Diakite et le psyken Faoundé, nous avons chacun travaillé avec énormément de collaborateurs différents et nous avons fait un classement des pires. Ils ont toujours eu beaucoup de malchance, mais avec celui que vous m'avez collé dans les pattes, je suis sur de les battre !
-Que...quoi ? Comment ça ?
-Jusqu'ici, aucun de mes partenaires de mission n'avait monté des esprits hostiles contre moi pour me nuire. C'est désormais chose faite, et avec ce haut fait d'arme, je vais pouvoir reprendre la tête du classement des pires camarades ! Son inexpérience n'a d'égale que son horrible coupe de cheveux !
-Mais c'est...
-Sur ce je vous laisse, j'ai un esprit majeur à calmer et je n'ai pas beaucoup de temps pour cela si j'ai bien compris. De toute manière, on se reparle dans une demi-heure n'est ce pas ? Sur ce ! »


Bon, la hiérarchie lui laissait deux heures pour calmer le jeu, auquel cas une bande de butors débarquerait à coup sur et massacrerait avec allégresse tous les esprits présents, avec à coup sur, des conséquences diplomatiques désastreuses entre les humains et le monde des manifestations surnaturelles.
Il était donc impératif de convaincre Zul'Gurub de stopper son rituel, sous peine de se sentir coupable du meurtre d'une foule d'esprits dont la majeure partie n'était la que pour grappiller de l’énergie.
Seulement quels arguments pouvait-il bien avancer face à un esprit gardien de niveau 6, absolument furieux de la mort de son maître, avec sa baraque squattée par une foule de pique-assiettes ? Makaya avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne pouvait ressentir que de l'empathie pour l'intéressé et n'arrivait pas à le blâmer. Et donc n'arrivait pas à trouver les arguments nécessaires...C'était son gros problème : il était rentré dans la RIP parce que c'était bien payé, on lui promettait de beaux voyages et il ferait des rencontres intéressantes. Mais plus cela allait et plus les intérêts de cette organisation se révélait beaucoup trop humanocentrée pour qu'il s'y sente à l'aise. Par conséquent, comment être épanoui dans un milieu ou l'on ne se sentait épanoui ?

Et comment pouvait-on se sentir épanoui lorsqu'on se coltinait un coéquipier pareil ?

« Et bien alors vieil homme, on chôme ? » Interpella le gamin qui venait de sortir d'un couloir, paradant tel un coq en voyant son aîné toujours assis sur les marches menant au second étage, la ou se terrait Zul'Gurub. 

Parade qui s'acheva rapidement lorsque le sorcier lui fit son rapport, pour le moins lugubre. Ils avaient deux heures pour accéder à l'esprit, le convaincre de cesser sa sombre entreprise, foutre les autres dehors et plus compliqué encore : collaborer pacifiquement.
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