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Périple à Nobeoka, le retour...

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Message par Otarin 15/6/2010, 20:49

Hrp/Ici sera posté le voyage Chikarate à Nobeoka...

Voici l'ordre de mission donné à Hayamaru Daihoshi, Sheinji et Otarin Rekaïshi...

Mission de rang C

Objectif: Retourner dans le village de Nobeoka afin de faire une inspection des lieux et de calmer les ardeurs des petits semeurs de troubles. Se débarrasser des criminels pas trop importants trouvés sur place...

(Voilà! Sheinji t'as intêret à poster ici...)


Dernière édition par Otarin le 14/4/2011, 21:08, édité 1 fois
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Message par Hayamaru 22/8/2010, 14:54

Post de Sheinji
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Message par Hayamaru 22/8/2010, 21:12

Nobeoka. Ce lieu maudit pour des siècles à venir. Là où se déroula la plus grande bataille de tous les temps, un siège épique conclu par une bataille aux proportions gigantesques qui laissai meurtries les entrailles mêmes de la terre.

Un lieu saccagé, hanté à jamais par les vils agissements d'un homme. Un seul homme. Et à présent ils devaient y retourner... Un peu plus tôt, et Hayamaru, tout juste promu Jounin aurait prit ça comme une punition pour l'échec de la mission démoniaque. Machiavélique vous dites ? Si vous voulez, qu'est-ce que ça peut me foutre... Mais cette promotion justement ne rentrait pas dans ce cadre et venait entraver son raisonnement. Mais alors pourquoi ? Si on regarde le bout de papier crasseux -jamais il n'aurait dû laisser les minus le toucher (chuunins ? Et alors, genin ou pas, ça reste MES minus à moi) vu l'état actuel de l'ordre de mission- on y lit... une mission de routine. Pour un jounin et quatre chuunins ? Mouais... Soit. Peut-être le Kage les envoie-t'il sous leurs nouveaux titres pour s'assurer que personne ne prend la grosse tête et ne brise la bonne harmonie d'équipe qui a réussit à s'installer durant ces années. Qui sait ?

Tokri - Bordel j'en ai marre...
Keitaro - J'ai mal aux pieds !
Sheinji - J'ai soif ! Otarin, file-moi de l'eau !
Otarin - Va chier !
Hayamaru - Putain vos gueules !!!

Harmonie, oui c'est bien ça que j'ai dit.

-On arrive, donc on se détend.

Effectivement, ils arrivaient à Nobeoka. Et le voyage fut long, on ne peut le nier.

-Bon, faites-moi voir ce... apostropha le chef
-Truc ?
-Non papier.
-Ha.
-Rah mais putain ! Quelle tarlouze est donc l'auteur de ce torchon ?
-Pas moi.
-J'veux pas le savoir. Essayez au moins de prendre soin des papiers qu'on vous file. Chier merde ! J'arrive même pas à lire !
-"Retourner dans le village de Nobeoka afin de faire une inspection des lieux et de calmer les ardeurs des petits semeurs de troubles. Se débarrasser des criminels pas trop importants trouvés sur place..." Rien de bien important, quoi...
-... T'es le seul à pouvoir lire ça... C'est bien toi qui l'a salopé ?
-... Heu... héhé... Hum.
-Je ferais une impasse là-dessus, interrompit-il en jetant le... l'objet dans une corbeille dans la rue.
-Bon, on commence par quoi ? demanda Tokri.
-Ca te dérangerait de faire la tournée des bars avec moi mon cher Tokri ? Je suis désolé de te demander ça à chaque fois, mais c'est toi le plus vieux, donc faut bien que tu t'y colles.
-Aucun problème, ça me va, conclu-t'il en allumant une fine cigarette, histoire de se mettre dans l'ambiance qu'il se préparait à affronter durement.

Hayamaru fit un volte-face (prononcez volte-feïsse) pour jauger du regard les trois autres glandus.

-Sheinji, tu nous dégotes une planque sûre, t'as carte blanche, de toute façon avec la prime de Tashioso qu'on a toujours pas écoulé, tu peux t'en donner à cœur joie. Otarin, tu files à l'approvisionnement. On a épuisé presque toutes nos rations, et on risque de rester ici quelques jours. T'as assez de fric ?
-Ouais ouais, ça ira, j'en ai gardé un peu sous la semelle moi aussi.
-Bon ok.
-Et moi ? demanda Keitaro.
-Toi... Tu vas aller flâner dans les rues commerçantes, et essayer d'attraper des petits voyous.
-Moi ? Mais ! C'est le boulot des larbins ça !
-Sheinji et Otarin, je les ai assignés au génie logistique. Ca c'est le boulot des larbins. Tu vas pas te plaindre quand même ?
-C'est de la merde.
-Ecoute, ce que je te demande à beaucoup d'importance. J'aimerais interroger celui que tu me ramèneras. J'ai une... petite idée en tête.
-Pfff... Bon ok.

Il laissa donc Keitaro s'en aller, se retrouvant seul avec Tokri. Hayamaru sentit une ombre le frôler, et se sentit lui-même s'alléger imperceptiblement. Mais on échappe pas à Jouninvinecibeule comme ça. Sa main partit comme un éclair stopper celle qui tentait de le détrousser.

-Sheinji, si tu veux m'emprunter quelque chose, tu me demandes avant. Pas la peine de.

Scrountch.

-Aïe !

Un petit cri strident lui baisser les yeux sur... Un... hérisson. Non attend. Un chien. Non non c'pas ça. Ça se précise. Un un un un un un... Un singe !

-Hey mais... TOI LA !!!

Trop tard, le macaque se tirait déjà en grimpant sur une toit. Le jeune homme ne se sentait pas d'humeur à courir derrière l'animal. Pas très discret, certes, et surtout la flemme, quoi. Il lui suffisait juste de tendre la main pour que la bourse subtilisée lui revienne droit en main.

-Par ici la monnaie.

Sauf que dans son autre main, le macaque tenait carrément une sacoche entière. Et, trop rapide, il disparut avant que le chikaratte ne reprenne ses possessions. Mais pourquoi le primate lui avait volé ça ? Dedans il y a avait... Son bandeau, des kunaïs, des parchemins, des câbles... Et une pomme.

-... Pheuque.
-Tu dis ?
-Je me suis fait tirer ma sacoche par un singe... Mais j'ai récupéré mon fric, c'est déjà ça.
-Ha, c'est con. T'avais rien d'important dedans ?
-Nan, que du matos et de la bouffe, rien de grave. A part... Merde, le bandeau...
-Tu peux en récupérer un autre, non ?
-Ouais, mais si quelqu'un le trouve, on est dans la merde.
-Ha ouais... Mais bon, personne ne remontera la piste jusqu'à toi.
-Possible, mais si l'animal est contrôlé par quelqu'un. Non, il m'a juste volé de la bouffe, y'a aucun risque.

Sur cette petite anecdote sans grande importance finalement, le Daihoshi et l'Utak se séparèrent. Le jeune jounin, qui tirait à peine sur ses 17 ans, se fit la réflexion qu'il commençait quand même à paraître en âge de fréquenter ce genre d'endroits. Et ce n'était pas un préjugé que de se dire que c'est là qu'on dégote les meilleures infos. Les informateurs personnels, ça existe que dans les films, mes cocos. Les milieux douteux y sont habitués et s'y croivent incognito et sans danger. Donc c'est bien là qu'il faut aller.

Le jeune homme pénétra dans le bâtiment, totalement calme et concentré, même pas dégoûté par la sensation glauque qui régnait dans les pièces, et ce dors et déjà dans l'entrée. L'établissement semblait déjà presque plein, et pourtant, une charmante jeune fille aux longs cheveux blonds vint à sa rencontre. On aurait pu se perdre dans le bleu d'azur de ses mirettes...

-Bien le bonjour, beau jeune homme. Désirez-vous de quoi vous détendre ? Nous avons tout ce que vous désirez, de la boisson, et... la plus charmante des compagnies... lui adressa-t'elle, avec un air plus que provocateur.
-Écoutez, je sais bien que ce n'est pas de votre faute, mais vous méritez mieux que ça, mademoiselle.

Hayamaru s'inclina légèrement, et baisa la main qu'il avait saisie avec délicatesse, et ainsi faussa compagnie à la charmante demoiselle, qui affichait un air hésitant, à mi chemin entre le doute et la colère. Il n'était pas un charmeur, non... Loin de là. Il espérait juste montrer un peu de respect envers cette "femme" d'à peine son âge, et qui en avait reçu si peu jusqu'à présent. Et cela lui permettait d'alléger sa propre conscience. Il s'était toujours juré de détruire tous les "bordels" et autres maisons de charme qui croiserait sa route. Mais, déjà que son bandeau traînait dans les environs, au risque d'être récupéré par on-ne-sait quel bandit... Ce n'était pas le moment de faire le mariole et d'attirer l'attention.

-HEY TOI LA !!!
-Hmm ?

Il se retourna, pour constater presque sans surprise qu'un gigantesque malabar se postait devant lui.

-Ouais ? soupira-t'il d'un air nonchalant.
-Si tu consommes pas, tu dégages.
-... Ok. Mais juste une chose, avant que je parte.
-Quoi ?!
-J'aimerais quelques infos...
-Faut payer, répondit-il du tac au tac.

Hmm... le réflexe pécunier, la réponse à tout... Logique, je ferais pareil.

-Et, ça pourrait se négocier ?
-Nan. Bon, maintenant tu sors.
-Mais, entama-t'il en levant ses mains devant lui pour s'exprimer.

Bon, trop tard, le gugusse avait déjà commencer à faire parler ses muscles. Le coup était à peine parti que le cerveau d'Hayamaru envisageait déjà 37 solutions de le mettre hors d'état de nuire, et 54 autres de le tuer. Mais c'était pas le moment, aussi, lorsque le coup arriva à sa destination, le jounin était déjà revenu devant la porte d'entrée, son sabre à la main, qu'il venait de récupérer de derrière l'armoire où il l'avait caché en rentrant. Un gars de seize ans armé d'un sabre ? Trop jeune pour être mercenaire, à la solde de qui que ce soit, donc : Shinobi. Et mieux valait éviter ce genre de blagounettes. Pas con le jeunot, hein ?

De retour dans les rues, il respira. L'atmosphère commençait à se faire pesante... Pas possible de dire que la mission démarrait sur les chapeaux de roue, mais rien de catastrophique non plus. Il s'en voulait d'avoir failli se faire jeter comme ça, mais il pensait quand même avoir eu la bonne attitude.

Bon, ben, pas le choix, il lui suffisait maintenant d'en trouver un autre de bar. Il commençait à se sentir stressé... Stressé, par la peur de se foirer à nouveau. Ha, heureusement, voilà quelqu'un qui allait pouvoir l'aider. Ce dernier venait à sa rencontre d'un pas pressé.

-Hey, Haya, ça y est j'ai des infos !
-Nan Tokri, chut, je m'en fous pas maintenant.
-Hein quoi ? Mais, tu.
-Tu vas m'accompagner dans celui-là, je préfère soutirer les infos par moi-même d'abord.
-Hein ? Mais... pourquoi ?
-Parce que je refuse que tu fasses mieux que moi.
-Quoi ? Attends, mais c'est quoi cette blague ? Hey, attends !

Trop tard, le jounin poussait déjà son camarade en direction de la porte. L'Utak résistait, mais Hayamaru restait plus fort, usant de la Force pour s'aider à pousser. Il rencontra finalement la porte, qui s'ouvrit, avec assez peu de délicatesse.

-Maintenant, chut, soit naturel... lui glissa-t'il à l'oreille.

D'ailleurs c'était bien à lui de donner les conseils. Le chuunin était déjà entouré de trois donzelles, et deux verres, un dans chaque main, en train de rigoler avec elles.

Wow, il est rapide le salaud... J'ai plus grand-chose à lui apprendre de ce côté là. J'ai d'ailleurs jamais eu grand-chose à lui apprendre de ce côté-là...

Il promena son regard sur la salle, discrètement. Il observa rapidement les jeunes femmes, sans s'attarder sur chacune d'elles, tout en se dirigeant vers le comptoir. Et son regard en croisa un autre. Il sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Un homme plutôt âgé et hirsute le regardait avec une intensité qui lui prenait à la gorge. Il détourna le regard expressément, comme apeuré. Le réflexe incontrôlé...

Merde, grillé ? Nan, pas possible...

Il demanda au jeune homme qui tenait le rôle de barman de lui servir un verre de liqueur de cerise. Les effluves enivrantes dégagés par l'alcool semblaient s'évaporer, consumées par le parfum puissant et exotique tiré de la baie rouge. Respirer ce mélange était à lui seul un plaisir démesuré. Lorsqu'il porta le verre à ses lèvres, pendant que l'alcool lui chauffait délicieusement

Quelques minutes après, il demanda un café. Il n'en avait peut-être pas l'air, mais Hayamaru était un grand amateur de café. Il inhala également cette nouvelle boisson.

-Ha... le ristretto... Noir comme une nuit sans lune. Brûlant et amer comme l'enfer...

Et il engloutit d'une seule gorgée la petite tasse. Il frémit de plaisir.

-Vous avez des goûts très précis, jeune homme.

La barman le regardait des ses yeux bleus espiègles. Il semblait à peine plus âgé que lui, et astiquait un grand verre.

-Ha, vous trouvez ?
-Hun hun... Vous me semblez bien plus... "raffiné" que la plupart des pochtrons qui viennent se soûler ici.
-J'apprécie les choses à la valeur que je leur estime juste, lui répondit le jounin en souriant et en reposant sa tasse. C'est tout.
-Hmm, je vois. Et je comprend, je suis pareil. Sauriez-vous alors, apprécier la beauté de l'une de ces demoiselles comme il se devrait, lui souffla-t'il, en rapprochant son visage de celui d'Hayamaru.
-Je ne sais pas...

Je vais surtout éviter de dire une connerie... "Je ne suis pas un habitué de ce genre d'endroits", ça ne risque rien...

-Vous n'êtes pas un habitué de ce genre d'endroits, à ce que je vois.

Il sourcilla à peine, levant juste un regard interrogateur durant une demi-seconde, avant de reprendre un air totalement impassible et dénué d'expression.

-Oui, c'est un peu ça.
-Croyez-moi, ce sont les plus jolies que vous trouverez à plusieurs kilomètres à la ronde. Allez, c'est juste un peu compagnie, ça va vous détendre je vous sens tendu. Je vous remets la même chose ? conclut-il accompagné d'un clin d'oeil.

Hayamaru ne dit mot, souriant juste légèrement pour signifier que le barman avait gagné cette manche. Le type savait vendre, ça pas de doute. Mais bon, le jounin était bien obligé de parler avec quelqu'un s'il voulait en savoir plus sur ce qui se tramait dans le coin et dégoter des petits bandits à mettre hors d'état de nuire.

-Koneko, viens par ici.

Hayamaru se retourna lentement, puis contempla la splendide jeune femme qui se rapprochait ; toute de rouge et de noir vêtue, elle lui rappelait... Harue, sa sensei, qui s'habillait toujours dans les mêmes tons. Mais la jeune femme ici présente revêtait des habits bien différents par leur style. Une longue robe frivole, un corset serré dévoilant à peine sa fine taille et sa poitrine généreuse, juste ce qu'il fallait. Il entendait les getas en bois claquer sur le plancher avant même de les voir, celles-ci disparaissant sous la robe dont l'extrémité en dentelle effleurait le sol avec grâce sans le toucher. Des habits traditionnels, mais magnifiques, et qui lui allaient à ravir.

Et elle était aussi belle que ses vêtements. Le teint délicieusement hâlé de sa peau faisait ressortir la couleur chatoyante rose bonbon des cheveux dressés en une originale mais impeccable coiffure piquée plusieurs broches, ainsi que la pureté de celle de ses yeux. Un vert hypnotisant qui invitait à se plonger dans un océan de douceur. Les deux émeraudes le fixaient, lui susurrant "Viens". Et il vint. Cédant à la douce tentation, il s'empara du breuvage et s'assit un canapé juste à côté, où la demoiselle le rejoignit.

Sur ce, la conversation démarra. Le jeune homme se sentait hésitant. Après tout, être au contact -contact si proche d'ailleurs, la jeune fille était collée sur lui- d'une fille, il n'avait jamais eu l'habitude de ce genre de choses... Jamais, même à son âge avancé, il n'avait eu de petite amie. Shinobi était un métier -et même plus qu'un métier- bien trop prenant, et peut-être lui-même était-il trop sérieux, conforme, rabat-joie même diront ses coéquipiers. La mort qui hante la vie d'un shinobi, et qu'il avait connue plusieurs fois, n'invitait pas à rechercher une quelconque âme sœur. Et même la peur de cette mort, pouvant survenir à chaque instant, qui poussait de nombreux ninjas vers la recherche de plaisirs éphémères n'avait pas eu d'effet sur lui. Il ne voulait pas s'abaisser à une telle débauche.

Mais, finalement, la conversation se construisit d'elle-même. Tout d'abord, il demanda le nom de la jeune fille, bien qu'il l'ait déjà entendu, ne serait-ce que par pure politesse. En échange de son prénom, il présenta, lui, le pseudonyme qui lui servait à dissimuler son identité. A quoi bon finalement, se dit-il ? Personne dans les kilomètres alentour ne pouvait avoir de fiche avec son nom, ou quoi que ce soit qui puisse lui nuire au cas où il donnerait ses véritables nom et prénom. Enfin bon, l'habitude sans doute, le réflexe de ne jamais s'aventurer à découvert... Puis ils discutèrent, encore et toujours ; les mots venaient deux-mêmes, sans qu'Hayamaru aie à les chercher. Finalement, il se rendit compte qu'il s'était fait une idée fausse à propos de cette... "activité". Certes ces tripots regorgeaient sans nul doute de toutes sortes de scènes glauques à en vomir, mais il réalisait qu'il possible de discuter, simplement. En effet, le jeune garçon n'éprouvait en ce moment aucune arrière pensée qu'il aurait pu juger malsaine. Ils parlaient simplement, se racontant tout et nimporte quoi.

-En tout cas, ce barman ne m'a pas menti. J'ai rarement vu une aussi belle femme, avoua-t'il avec un sourire charmeur qui ne le choqua même pas. Il était parti dans son trip.

La jeune fille sourit, mais ne réagit pas plus que ça. Elle devait entendre ça une cinquantaine de fois par jour.

-J'entend ça des dizaines de fois par jour, mais rarement d'un jeune homme totalement sobre. Ca a donc un peu plus de valeur.

Non, jeune et innocente malheureuse, ne dit pas ça !

Hayamaru lui jeta un regard en biais -elle était un peu plus petite, mais aussi installée un peu plus bas que lui- ; il portait de nouveau son verre à sa bouche pour absorber un peu plus de cette boisson délicieuse. Puis il plongea son regard dans la liqueur qu'il faisait tournoyer. Dansant avec les quelques glaçons, il remarqua la couleur rouge profonde de l'alcool, identique à celle des habits de la demoiselle.

C'est vrai, ce qu'elle dit. Je suis sans aucun doute possible bien plus élégant et raffiné que tous les immondes personnages qui viennent ici d'habitude. Évidemment que j'ai plus de valeur.

Et voilà... Je te l'avait dit. Il va prendre la grosse tête, maintenant.

-Et donc, qu'est-ce que tu viens faire dans la région ?
-Ho, ça... Je marchande... Je fais du commerce.
-Tu vends de quoi ?
-... De toutes choses. Je marchande à peu près tout ce qui peut se trouver. Du légal... ou non...
-Ho, je vois. Un homme d'affaires, donc ?
-Hun hun... Tu ne connaîtrais pas des gens avec qui je pourrais... "marchander" ?

Et voilà, enfin. Enfin, on en vient à ce pourquoi tu es venu ici. Ça va bien deux minutes de prendre du bon temps, mais faut se remettre au boulot à un moment ou un autre !

Bon, le narrateur tu fermes ta gueule et tu me laisses gérer mon affaire. Je sais ce que je fais. Connard, va.

...

...

... Nan mais je rêve...

-Hmm... hésita-t'elle, le doigt délicieusement posé sur ses délicates lèvres. Hé bien, je crois que le type là-bas, habillé en vert-marron dégueulasse, il traîne là-dedans, se décida-t'elle finalement, désignant clairement du doigt un homme à quelques mètres de là. Il n'a pas arrêté de me gaver avec des histoires de drogues et de mafia, d'organisations secrètes et tout plein de trucs ridicules. Il était complètement bourré...

Un regard éclair vers Tokri, confortablement installé, un peu plus loin, lui confirma que son compagnon chikaratte suivait sa conversation. De son côté, l'Utak, fit un grand mouvement de tête très peu discret pour lui indiquer un homme, puis deux, puis trois, puis... Il venait de désigner environ les trois quarts des résidents de l'établissement.

Nom de Dieu... Mais c'est pas vrai, comment il fait ce bâtard ?

Enfin bon, quoi qu'il en soit, grâce à l'efficacité de ce cher Tokri, ils avaient le choix pour leur(s) cible(s). ... Alors autant rester là encore un petit peu pour récolter d'autres informations, pas vrai ?

-Dis-moi, est-ce que tu es riche ?
-... Je ne suis pas pauvre. Pourquoi, tu espères que je puisse t'offrir quelques cadeaux ? Ce sera avec joie.
-Hmm... Nan, j'en ai pas vraiment besoin.
-Il n'y a pas quelque chose que tu désirerais par-dessus tout ?
-La liberté... murmura-t'elle.
-Pardon ?
-J'aimerais être libre, m'en aller d'ici, loin... J'aimerais voyager.
-Ha je vois... Je ne suis pas sûr d'avoir assez de moyens financiers pour t'offrir ceci...

Mais j'ai d'autres moyens en poche pour abolir l'existence de cet ignoble endroit. Moi aussi c'est une chose dont je rêve. Mais je ne peux pas maintenant.

Il porta une dernière fois l'alcool de cerise à ses lèvres pour finir son verre.

-Dis-moi, t'as d'jà eu une copine ? lui demanda-t'elle sur un ton enfantin, relevant la tête pour mieux voir son visage.

La question le surprit, et il avala de travers. La liqueur fit s'embraser ses poumons. Il étouffa quelques toussotements. Tout son corps le brûlait ardemment.

-Harf... bordel... Nan, pas vraiment.
-Vraiment ? Pourtant, à ton âge...
-Je n'en ai pas vraiment eu le temps jusqu'ici...
-T'as jamais rencontré une fille qui t'aurait plue plus que les autres ?
-... Si, peut-être. Mais c'était il y a longtemps, et...
-Et ?
-... Elle est morte...

Sans même le vouloir, il venait de se révéler à une parfaite inconnue. Et il ne jouait plus un rôle, mais parlait vraiment d'une expérience qu'il avait vécue et endurée.

-Ho... Je suis désolée, j'aurais pas du...
-Nan, c'est pas grave, ne t'en fait pas.

Il luttait. Contre une petite boule de liquide lacrymal qui poussait, poussait... mais il se refusait à laisser perler une seule larme. C'était pas le moment...

-J'ai connu beaucoup de gens qui ont disparu... Ça arrive souvent dans mon milieu.
-Elles sont si dangereuses tes affaires ?
-... Je ne devrais pas t'en parler...
-Écoute... T'es le seul mec dans un état acceptable avec qui j'ai eu l'occasion de parler l'espace d'une soirée, depuis que j'ai atterri ici. Moi aussi je t'ai livré des secrets que j'avais jamais dit à personne.
-Je ne suis pas ce que je t'ai dit.
-J'm'en doutais, t'as l'air un peu jeune pour traîner dans les affaires...
-On est pas surveillés, là ?
-Si, mais de loin. Ils nous entendent pas tant qu'on se met pas à hurler.
-Je suis un shinobi.

Il sentit la jeune femme tressaillir, celle-ci étant collée à son corps, comme prise de tremblements incontrôlés. Mais elle se calma en quelques secondes.

-De ?
-Chikara...

Il la sentit sursauter légèrement. La peur ? La surprise ? La colère (beaucoup de gens haïssent les shinobis, dans le monde) ?

-Ça ne va pas ?
-... Nan nan, ça va.

Elle s'empara du verre qu'Hayamaru, un peu plus tôt, n'avait pas eu l'occasion d'achever, et engloutit le peu de boisson qu'il restait en une seule gorgée.

-Y'a un problème, Koneko ? gromela une voix caverneuse derrière eux. Hayamaru sentit ses cheveux dans sa nuque se hérisser. Le barbu de tout à l'heure, qu'il l'avait observé avec une intensité qui l'en avait fait tressaillir. Soit la jeune femme haïssait les shinobis, ou les redoutait d'une quelconque manière et elle le balancerait, auquel cas il devait s'attendre à un paquet d'ennuis. Surtout de la part de ce vieux schnock. Un vieux, ça trompe énormément, et celui-là dégageait quelque chose de si puissant... Ce n'était pas un humain, un civil ordinaire. Ça se sentait...

-Non non, y'a rien. C'est juste qu'à force de discuter j'ai la gorge sèche.
-Bien. Si il y a un problème je le règlerai alors.

Regardant toujours fixement devant lui, Hayamaru sentit un lourd regard lui peser dessus... Il n'avait aucune de comment se fut possible, mais il sentait sa couverture glisser, glisser irrémédiablement, jusqu'à le mettre totalement à nu. Le vieil homme reparti, il s'adressa à la jeune femme.

-Je ne vais pas rester très longtemps...
-Hein, mais pourquoi ? Ho non, s'te plaît, reste encore.

Le jeune homme lui jeta un regard interrogateur, qu'il prolongea au verre vide qu'il manifesta gestuellement vouloir récupérer.

-Ho, non, c'est pas pour que tu consommes plus, j'en ai marre de ce boulot...
-Pourquoi me le dire à moi ?
-J'ai... je... J'ai été une kunoichi moi aussi.

Hayamaru sentit une boule lui entraver la gorge. Gigantesque, pesante. Il s'imagina la délicieuse et délicate jeune femme dans son monde. La guerre, les combats, les missions, les meurtres, les morts. Mentalement, il la déshabilla de cette somptueuse robe, qu'il remplaça par des habits ultra-simples. Un pantalon serré, un débardeur. Noirs, il n'avait pas d'autre idée. Un katana à la ceinture. Le maquillage en moins. Et les cheveux relevés en un simple chignon, le reste s'éparpillant sur ses douces épaules bronzées. Et les getas... Pas très pratique pour se déplacer. Par un réflexe mental, un cheminement d'idée, un raisonnement qui lui échappait, il les substitua par une paire de grosses bottes noires.

-... Vraiment ?
-Moui... J'étais de chikara moi aussi.

Il sentait une certaine pression s'installer dans la pièce. Tokri se replaçait dans son fauteuil toutes les 30 secondes, il n'avait pas l'air à l'aise.

-Comment tu t'es retrouvée ici ?
-J'ai... déserté. Mais on a été attaqués en route, et j'ai été séparé de mon groupe. Je me suis réveillée pieds et poings liés dans un chariot.
-Si tu sais te battre, pourquoi tu ne t'enfuis pas ? Ils ne peuvent pas te retenir, non ?
-... Le vieil homme, Kemono. Il cache son jeu. Il est bien plus qu'il en a l'air. Si je fais mine de m'enfuir, je pense que les conséquences en seraient... terribles.

Elle frissonnait. Hayamaru, lui, se sentait remonté... Faire le discret ok, passe encore sur le fait de ne pas abattre de maisons closes. Mais laisser une ninja de chikara -désertrice, certes, mais peu importe- pourrir d'un endroit pareil... Jamais. Il allait l'aider, et au diable la couverture et la discrétion. Seul accroc à ce plan parfait, la tige de métal aplatie, et malheureusement tranchante, qui venait titiller la douce peau de sa gorge.

-Ne bouge plus, misérable, ou je t'égorge.

Il relâcha sa faible étreinte sur la jeune fille, et leva les bras légèrement. Bien que la négociation lui aie toujours semblé être préférable au combat, il n'aimait pas discuter avec "le couteau sous la gorge", comme disait l'expression... Alors il allait falloir arrondir sacrément les bords pour s'en sortir cette fois.

-Alors, jeune garçon, que viens-tu faire ici ?
-J'aime pas les gens qui tortillent du cul pour chier droit. Dis-moi tout de suite ce que t'as l'intention de faire de moi.
-Si tu coopères, alors je te botterais simplement le cul avant de te laisser pourrir dans un caniveau. Si tu résistes, je te zigouille avec tous tes copains.

Le combat, encore et toujours... C'est décidément navrant... Désolant même, se lamenta-t'il intérieurement, fermant les yeux et expirant un profond soupir.

-Un problème ?

Bon, alors... Je suis sans doute plus rapide que lui. Donc, je chope sa main et me dégage, puis sans le lâcher, je me retourne et je le tire brusquement vers moi. Il se mange le canapé, tombe à la renverse, et je l'immobilise avec sa propre arme. On va faire comme ça...

Mais, évidemment comme toujours, ça ne marche pas comme on veut. Cette fois-ci, la chose qui vint contrecarrer ses plans fut plutôt... surprenante, en plus d'être totalement inattendue. Une étoile filante peut-être ? Une comète, sans doute, fusa à quelques centimètres de son visage. Et tout à coup, sans qu'il ait rien compris au pourquoi du comment, l'étreinte se relâcha. Réflexe, il se dégagea sans attendre et bondit droit devant lui, s'écartant de la menace de se faire attraper par derrière, une nouvelle fois. Il se retourna pour dévisager son adversaire, qui avait une partie de sa barbe en feu, qu'il éteignit en l'empoignant fermement avec ses mains.

-Qu'est-ce que tu fous Koneko ? C'est quoi ton problème ?! Tu me dois la vie, je t'ai nourrie, logée, et je t'ai élevée, aidée à devenir ce que tu es aujourd'hui ! Ça n'a pourtant pas l'air de te déplaire cette nouvelle vie ! DIS-MOI !!!

*Si tu aimes ça, Houna...* Ce n'est pas ce qu'elle m'a racontée... La jeune fille avait sa main gauche entourée d'une épaisse couche de flammes qui s'éteignirent aussitôt, laissant sa paume brûlée et meurtrie, qu'elle rabattit sur sa poitrine, tentant de calmer la douleur.

-Ca m'a servi, mais je te rappelle que tu as attaqué mon groupe avant de m'enlever. Ce fut marrant deux-trois minutes, mais maintenant c'est l'heure de se dire au revoir. Et ne m'appelle plus comme ça. Mon nom est Seshiru !

... Ce nom. Si étrange car si familier. Cela se pouvait-il ?

-S... Seshi ?

La jeune fille répondit à l'appel de son diminutif, et observa Hayamaru, qui la contemplait, le regard hagard et presque vide.

-Quoi ?
-C'est toi ? Je... Je t'ai cru morte !
-... Tu... Tu me connais ?
-Nan, c'est impossible ! hurla-t'il en se prenant la tête dans les mains.
-Meurs !

Le vieil homme se jeta sur Hayamaru en armant un coup de poing surpuissant. Le jeune jounin releva la tête, et pivota sur lui-même pour écarter l'homme d'un coup de pied. Les autres occupants des lieux réagissaient enfin à ce qui se passait. La plupart tentaient de sortir, par la porte et même les fenêtres, créant une petite émeute. Mais les plus belliqueux, quelques gros baraqués semblaient vouloir se joindre à la fête. Heureusement que l'autre feignasse avait enfin décidé de décoller son postérieur du canapé où il siégeait. Il colla deux-trois roustes, et tout le monde enfin partit, provoquant dehors une émeute. Ne restait plus entre ces 4 murs qu'Hayamaru, Tokri, le vieil homme qui s'était fait éjecter derrière un fauteuil renversé, le barman qui affichait maintenant une regard profondément haineux, et quelques filles, qui se réfugiaient dans un coin. Et Seshiru, debout entre tout ce monde. Le premier à bouger fut le barman, étrangement. Il marcha lentement, le long du comptoir, sortit de derrière ce dernier, et commença à marcher, toujours aussi lentement, vers les trois chikarates. Hayamaru, lui, retira un de ses gants. Quelques secondes plus tard, un grand oiseau s'envolait pour aller chercher ses compagnons. Tout le monde devait rappliquer, et il fallait fuit, vite. Très vite même.

-Vous n'irez nulle part avec cette demoiselle. Pas vrai ma chérie ?
-Désolé mon mignon, mais tu ne me retiendras pas cette fois.
-Hmm... Hun hun, tu crois peut-être que nous n'en avons pas la force ? s'exclama-t'il en ricanant.

L'homme barbu, Kemono, s'était relevé depuis bien longtemps et ne semblait plus aussi calme qu'avant. Il continua à marcher jusqu'à s'approcher tout près de Seshiru. Il tendit vers son visage..., et se mangea une gigantesque mandale. Il saisit violemment le poignet de la jeune fille et le plia.

-C'est tout ce que tu as à me dire connasse ? cracha-t'il sur un ton rageur. Tu nous dois tout !
-Lâche-moi !

Il para le coup de poing qu'elle lui adressa, et la fit plier un peu plus sous la douleur, avant d'armer un coup de sa main libre. Hayamaru, lui, sauta, et dégaina en l'air pour trancher la main qui retenait Seshiru. Anticipant merveilleusement bien, le barman -dont il ignorait encore le nom- s'écarta bien avant qu'Hayamaru ne touche sa cible. A peine le jounin eut-il touché terre qu'il voulut se pencher pour aider la kunoichi, mais n'eut que le temps d'apercevoir une masse noire venir rapidement à sa rencontre, peut-être trop rapidement même... Kemono le balaya comme un fétu de paille et il fut projeté contre un mur, qui s'écroula sur lui-même sous la puissance de l'impact, Hayamaru n'ayant pu ralentir suffisamment sa course grâce à la Force, tellement le coup fut puissant. Il sentait son dos comme transpercé par une lance... Quelque chose s'était cassé. Dans son corps comme dans son esprit. Le propriétaire des lieux tenait à présent fermement la jeune fille en otage, menaçant sa vie avec une longue dague.

-Maintenant dégagez, ninjas de Chikara. D'après ce que j'ai compris, vous ne voulez pas la voir mal finir, cette jeune fille ?
-...

Tokri ne bougeait plus, se demandant probablement quoi faire. Il ignorait tout de qui était cette Seshiru, et pourquoi un affrontement s'était déclenché. Il réfléchissait... Des pensées qui ne le mèneraient de toute façon à rien, que pouvait-il comprendre ? Ses pensées furent toutefois interrompues.

-Hey, c'est quoi ça ? s'exclama le barman.
-Hey, hey, ho ! Y se passe quoi là ?! rugit Kemono.

Les pans de la veste de Tokri s'étaient levés à l'horizontale, comme soufflés par le vent. Il se sentait glisser sur le plancher, comme si le bâtiment tout entier s'était penché. Les tables commençaient même à racler sur le sol. Un canapé se renversa. Ils étaient tous attirés par on-ne-savait quelle force...

-Grrr... Ça commence à me gonfler cette histoire !

La voix émergeait de sous un tas de gravats, là où Hayamaru s'était écrasé peu avant.

-Bordel, mais c'est lui qui fait ça ! Hey, Haya ! Arrête ton truc !

Effectivement, en y regardant de plus près, tout ce qui était présent dans la pièce convergeait vers un seul et même point. Hayamaru. Puis, sans même prévenir, l'amoncellement de gravats explosa violemment. Certaines pierres détruisirent plusieurs meubles sur leur passage, pour les plus grosses. Mais toutes les personnes présentes parvinrent tant bien que mal à éviter de se faire balayer par l'une d'elles.

-Lâche cette meuf, connard !!! hurla l'homme qui sortait du noyau de cette explosion, un jeune garçon de tout juste 17 ans, aux cheveux blancs et au regard profondément mauvais.

Le propriétaire des lieux émergea de sous une table renversée.

-Ha ça y est, tu veux jouer ? Allez amène-toi gamin !

Tentant de disperser l'épais nuage de poussière qui s'était formé, le gamin en question n'était pas vraiment aussi innocent que ce que son adversaire semblait vouloir croire.

-Haya ? C'est toi ? hésita l'Utak.

Il tourna la tête vers son ami.

-Hmm... Presque. On va dire oui, même si non.
-Ho, bordel...

Tokri amorça quelques pas en arrière. Il connaissait bien ce regard, qu'il avait déjà eu à affronter une fois. Une seule fois, occasion durant laquelle Hayamaru avait failli massacrer sa propre équipe en plus de son propre adversaire. Il regardait l'œil gauche du jeune homme, devenu entièrement noir, et où seule brillait une vive lueur rouge qui annonçait le sang qui s'apprêtait à couler.

-Ne t'en fais pas, Tokri. Je ne te tuerais pas. Je suis sensiblement plus calme que la dernière fois. Et d'autant moins puissant, également. Mais bon, je reste un être sanguinaire.

Sur ces mots, qu'à moitié rassurants, il balança sans même regarder un couteau auquel était rattaché une note explosive. Ratant sa cible, Kemono, il fila se planter sur le mur d'en face qui fut soufflé instantanément.

-Arrête bordel ! Y'a une fille là-dessous ! La tue pas !
-Rah mais ta gueule je t'ai dit ! Je le sais bien ! "Ne tue pas !" Qu'est-ce qu'il peut me gonfler le propriétaire de ce corps, avec sa moralité à la con !

D'un revers de la main, il projeta Tokri contre un mur, simplement avec le pouvoir d'Hayamaru, mais qu'il maîtrisait décidément à un niveau bien plus élevé.

-A ton tour vieux schnock, je vais te saigner comme un porc !

Même pas effrayé, l'homme en question balança la pauvre Seshiru, toujours consciente, à son acolyte.

-Occupe-toi de celle-là, je fais sa fête à l'autre mariole.

Décidée à ne pas se laisser faire, la jeune fille se débattit comme une lionne. Et elle bénéficia de l'aide d'une volée de projectiles tranchants qui forcèrent son opposant à la lâcher. Elle se réfugia immédiatement derrière une table renversée, où un oiseau vint se poser. Puis, après l'avoir observé quelques secondes, il grimpa sur sa tête. Le barman, lui, semblait occupé par un tout autre problème.

-C'est quoi encore ça ? soupira-t'il en désignant trois individus du doigt.
-Je crois qu'il nous en veut les gars, pas vrai ? T'en penses quoi, Sheinji, toi et ton œil-de-lynx ?
-Oui, c'est évident. Mais je vois aussi que tout le monde nous regarde. Regarde Ota', là-bas, y'a Haya et Tok'.
-Bon, on arrive à temps, ça me rassure. Quelqu'un peut nous expliquer ce qui se passe ?
-TU FERMES TA GUEULE KEITARO, TU DÉFONCES LE CHIEUR QU'EST EN FACE DE TOI, ET APRÈS JE T'EXPLIQUERAI !!!! hurla celui qui revêtait l'apparence d'Hayamaru.
-... Hoho... Je vois, on est pas dans la merde...

***

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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Otarin 23/8/2010, 09:57

Bon, je dois me taper ce mec pourri avec Sheinji et Tokri, c’est quoi cette embrouille, le gars, les cheveux blonds foncés, avec ses yeux marron dorés se pavanait, un sourire narquois et assuré sur le visage. Très rassurant, surtout pour lui qui ne savait pas qu’il allait se battre face à trois chuunins d’un niveau, euh ben d’un niveau élevé pour deux d’entre eux et relativement faible pour le troisième. Enfin, non, pas un niveau faible, un niveau tout simplement pourri. Je me demandais même comment il avait fait pour passer chuunin.

Juste à côté de nous, Keitaro, l’ultime, le plus grand, le plus atteint des boulets de la terre se battait aux côtés du ninja au caractère le plus pathétique qu’il m’avait été permis de rencontrer, Hayamaru Daihoshi, qui avait la fâcheuse manie de ne vouloir tuer personne sous aucun prétexte. C’est embêtant, surtout lorsque l’on fait partie d’une organisation radicale voulant à tout prix renverser la politique actuelle. Bref, les deux étaient en train de dégommer le vioque, enfin, je le pensais parce que je ne regardais absolument pas de leur côté, j’étais trop absorbé par le garçon au sourire provocateur.

« Alors, vous tenez vraiment à vous mesurer à moi ? Parce que vous faites une grave erreur.
-Mouais, mais ferme ta gueule, on n’est pas là pour discuter mais pour te casser ta gueule et se barrer, fis Tokri sur son ton habituel.
-Vous feriez mieux de vous tenir à carreaux, je pourrais être plus clément.
-T’inquiètes pas, tu ne souffrira pas trop longtemps, lui lançais je, confiant.
-Faites attention vous deux, je ne pense pas qu’il soit un utilisateur du Taijutsu mais par contre, j’hésite à lui donner pour capacités le Nin ou le Gen, c’est difficile d’évaluer ça à ce stade.
-C’est ça, faites attention, parce que lorsque vous serez six pieds sous terre vous vous rappellerez que votre copain vous à prévenu, et que par la même occasion, je vous ai prévenu aussi. Ne vous fourvoyez pas, entre le demi dieu Shuko et vous, il y a un énorme fossé. »

C’est ça, pensais je, entre lui et nous, il y a un fossé gigantesque même, sauf qu’il n’est pas vraiment du bon côté.
D’un coup rapide je sortis mon sabre et Tokri fit de même, plus prudent, Sheinji fit quelques pas en arrière, pff, il a trop la trouille pour venir attaquer, ça ne m’étonne pas de lui. Soudain, le jeune part à l’attaque, pris au dépourvu, nous ne pouvons éviter son attaque qui nous vise directement le bras au sabre. Je le regarde et hurle de douleur, mon bras est comme carbonisé, et celui de Tokri de même, nous lâchons nos sabres et le regardons attentivement.
Je jette un coup d’œil rapide à mon sabre mais abandonne vite l’idée de le récupérer, mon bras me faisant souffrir, inutile de m’encombrer avec un poids que je ne peux utiliser pour arriver à mes fins.

« Hey, espèce de lâche, tu ne nous permet même pas de nous battre à la loyale, tu n’as pas l’âme de quelqu’un qui sait se battre, pas l’âme d’un ninja!
-Qu’est ce que tu en sais pauvre petite merde, pour moi, vous éliminer est mon seul but et peu importe les moyens utilisés… »

Bon, rien à faire avec lui pour l’empêcher de faire ça. Évidemment, je ne le ferais pas non plus mais il vaut toujours mieux essayer que de rester planté là à ne rien faire. Bon, je n’ai plus qu’une chose à faire, compter sur mes autres capacités que le Taijutsu, c’est-à-dire, le Suiton. Quand à Tokri, il préféra ramasser son arme et la prendre de la main gauche. Sheinji restait distant, il observait, patient. Ou alors il se payait notre tête en nous laissant nous battre seuls.

« Alors on fait moins les fiers! fit l’autre d’un ton arrogant.
-C’est toi qui fera moins le fier lorsque je t’aurais défoncé ta tronche de cake! Hurla Tokri, énervé. »

Je restais silencieux, il venait déjà de mettre mon bras hors service alors évidemment, ça n’allait pas recommencer. J’activais mon dojutsu et préparais une vague du requin marteau. Tokri, fou de rage fonça sur l’autre qui esquiva et je pus lancer mon attaque. Il évita aussi mais Tokri réussit à lui mettre un coup de poing dans la tête. C’est alors que la douleur de mon bras disparu, ainsi que les traces apparentes de brûlure.

« Il utilise des Genjutsus! Nous cria Sheinji. Et merde, aucun de nous trois n’est apte à les contrer, à moins que Tokri y soit doué ce qui m’étonnerais beaucoup, ou qu’Otarin ne soit plus une énorme quiche dans ce domaine.
-Ta gueule Sheinji toi non plus tu n’es pas doué en Gen, le rembarrais je.
-Je te signalerais que lui est extrêmement doué… »

Bon, je n’ai plus qu’une chose à faire, et j’aimerais d’abord lui mettre un petit coup au moral. Je préparai deux jets d’eau, afin de monopoliser son attention dessus, il les esquiva ainsi que quelques coups de sabre de Tokri qui suite à l’arrêt plutôt brusque du Gen avait récupéré son arme. Je concentrai alors mon Chakra dans mon poing, accélérai pour le prendre de vitesse et, alors que le blondinet se substituait à un énième coup de Tokri, je lui mis un énorme coup de poing dans le dos.
Tandis qu’Akira préparait lui-même un Genjutsu, je pus apercevoir Tokri, qui avait rangé son sabre pour combattre à mains nues, lui donner quelques coups de poing dans la tête. Malheureusement, le jeune homme qui s’appelait donc Shuko réussit à s’éloigner. Il lança sur Tokri un Genjutsu qui fit crier ce dernier. Pendant ce temps, Akira aveugla notre adversaire à l’aide d’un de ses propres Gen sous les yeux médusés de Sheinji qui ne comprenait absolument pas comment je pouvais être devenu aussi balèze dans l’art de manier les illusions. Évidemment je ne lui avais en aucun cas fait part de la prise de pouvoir d’Akira sur moi.

« Hé, du bateau, je suis là! Lança Akira en imitant à la perfection mon timbre de voix.
-Je sais que tu es là! Ce n’est pas la peine de faire le fier, je ne suis pas à bouts de ressources.
-On verra ça quand tu m’auras immobilisé plus de cinq secondes, ok? Ironisa mon hôte. »

Sur ce, le garçon renforça son emprise de Genjutsu sur Tokri, Sheinji, qui jusque là n’avait intervenu en aucun cas commença à exécuter divers mudras et Akira essaya d’arrêter l’emprise du Gen sur notre ami Chuunin.
Malgré le fait que Akira pouvait désormais le tenir à notre niveau de combat, car il était clair qu’il était légèrement plus doué que nous, il était toujours supérieur. Mais c’était sans compter sur l’intervention presque divinatoire de notre cher et tendre Sheinji.

« Jaune, Gangue invisible! Cria-t-il plus fort que jamais.
-Qu’à encore ce nabot qui n’ose à peine intervenir de peur de se blesser, fis le blond. »

C’est alors que je repris le contrôle de mon corps. Étant trop éloigné de mon sabre je ne pouvais espérer l’attraper, surtout qu’il se rendrait bien vite compte que je ne pouvais plus rien faire côté Genjutsu. Je sortis donc ma lance de son sceau, ce dont je faisais de plus en plus rapidement car rappelons le, la maîtrise des sceaux m’est très étrangère et même un aussi simple que celui-ci m’aurait demandé beaucoup de temps à le créer, peut être plus d’un an, heureusement, c’était Hogiko ou quelqu'un de sa connaissance qui l’avait mis au jour pour moi, ainsi que la serpe.
J’avançais donc en donnant de grand coups sur les côtés, mais mon adversaire ne m’évitait plus aussi aisément qu’auparavant, les techniques de Sheinji se comptaient certes sur les doigts de la main mais étaient comment dire, fort utiles.
Tokri était allongé sur un côté, secoué de spasmes, le Genjutsu dont il était atteint devait être terrible. Mon adversaire était lentement en train de reculer tout en exécutant ses signes de mains. Je fus alors pris d’une énorme douleur à la tête, puis, petit à petit, dans tout le corps. J’eus juste le temps de porter ma main à ma hanche, d’en saisir un de mes deux dagues et de la lancer au dessus de mon assaillant.

« Sheinji, attrape! Hurlais je du plus fort que pouvaient supporter mes poumons déjà assaillis par mille et unes douleurs. »

Je ne vis pas la suite mais comme la douleur s’était apaisée quelques instants après, je me doutais que Sheinji avait mis fin aux jours du petit barman proxène qui ennuyait une des connaissances de notre cher chef de mission et valeureux combattant Hayamaru. Enfin, ces mots ne sont pas vraiment sortis de ma bouche, je dirais plus qu’il est incapable de finir le travail, qu’il est poltron et tout, mais il est quand même jounin, donc, vaut mieux le respecter.
Je sus, de la bouche de Sheinji, qu’après avoir lancé la dague en l’air, il l’avait rattrapé au vol, et bien sur connaissant la vitesse de Sheinji et aussi la lenteur de quelqu’un se trouvant sous le joug de son jaune, je me doutais bien que ce qu’il disait était vrai, bien que je ne voulut pas lâcher l’affaire en essayant de me rapporter le mérite. Il avait en fait couru et avant que Shuko aie pu se retourner, lui avait planté mon arme dans le dos.
Le combat d’Hayamaru avait été plus long mais Tokri et moi étant hors service, Sheinji nous avait sortis tous deux du bar et avait commencé les quelques soins rudimentaires, c’est-à-dire baffes dans la gueule pour moi et réveil plus en douceur pour Tokri. Nous n’avions donc pas pu nous y mêler.

« Aha, c’est pathétique, tu n’as rien foutu de tout le combat, et il suffit que je te lance un couteau pour que tu prenne tout le mérite, me moquais je.
-Mais, mon cher Otarin, tu n’aura jamais ma classe, moi j’attends avant de frapper et j’essorille adversaire au meilleur moment, se vantait il. »

Bref, les chamailleries habituelles, les mots doux, les caresses… Les bons moments passés entre coéquipiers Tokri nous regardant avec son œil habituellement doux et généreux qui se disait, *Oh, que c’est mignon l’innocence des jeunes années*.

[Eh, oh, Otarin, réveille toi un peu, tu n’es pas dans un rêve et Tokri n’est pas devenu tout à coup agréable comme un saint, et Sheinji est toujours autant chiant avec toi, et tu es toujours aussi faible et tu n’as encore une fois vaincu que grâce à moi.]

Ouais, dès que je me déconcentre un peu, il vient troubler mes pensées agréables, enfin bref, il en était désormais fini de ce mec, j’avais récupéré mes armes, que j’avais laissées sur le champ de bataille et nous étions presque prêts.
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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Tokri 29/9/2010, 18:11

*Je hais le Genjutsu...*

Art de minable, de lâche... Il n'y avait rien de plus frustrant pour l'Utak que de s'être ainsi fait maîtrisé par une lopette incapable de placer un bon uppercut... Un grand coup dans sa fierté de Taijutsuka, voilà tout ce qu'il avait récolté.

*...Je hais cette ville.*

Tant bien que mal, Tokri se releva, bien décidé à coller une rouste au vieux con...ou du moins à ce qu'il en resterai. Le fracas du combat se faisait entendre de l'extérieur... L'Utak se maintint debout en s'appuyant à un mur et, une fois qu'il s'en sentit apte, s'approcha de l'établissement.


-Qu'est ce que tu fous?

*Lâche moi, Otarin.*

-Je vais rejoindre les deux glands. Ils n'auront pas les tripes pour achever le vieux, faut bien que quelqu'un s'en charge.
-Tu n'es pas en état de te battre.
-Fous moi la paix...


Pour qui il se prenait celui là, avec ses bon conseils? Ce n'est pas parce qu'il s'était révélé plus utile que lui pendant le combat qu'il pouvait se permettre de se la jouer...

*Bordel! Je lui colle une branlée à la première occaz', qu'il comprenne qui est le boss entre nous deux...*

Arrivé devant le bar, Tokri posa une main sur la clanche...au moment même où un corps traversa la fenêtre donnant sur l'extérieur, dans un fracas de verre dangereux pour l'Utak, qui bondit en arrière afin d'éviter de nouvelles blessures. Le vieil homme avait été éjecté par une étrange masse ténébreuse... Keitaro sauta par la fenêtre, suivit du Daihoshi.


-J'y suis allé un peu fort on dirait!
-Avoue plutôt que tu ne maîtrise pas ton pouvoir...
-La ferme Haya...
-Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas totalement Hayamaru...
-Qui es tu dans ce cas?


L'Utak les avait rejoint, bien décidé à tirer cette histoire au clair. L'homme qui se tenait face à lui le fixa de son oeil étrange, qui lui colla des frissons dans le dos.

-Cela ne vous concerne pas. Sachez juste que je ne vous tuerai pas, tant que vous ne trainez pas dans mes pattes...

Tokri s'apprêta à poser une nouvelle question, lorsque la porte du bar s'ouvrit à la volée. Une jeune fille aux cheveux roses odulées en déboucha, fixant les Chikarates d'un air apeuré. Quelque détail intrigua l'oeil de l'Uta. Son corps était marqué par quelques cicatrices, mais le plus remarquable était le tatouage en forme d'étoile sous son oeil droit. Désemparé, Tokri se tourna vers Hayamaru.

-C'est qui cette nana?
-La femme aîmé d'Hayamaru, désertrice de Chikara...


*Que...quoi?*

-Euh...donc on la ramène avec nous? demanda Keitaro
-Hors de question!


Hayamaru haussa un sourcil, tandis que la jeune fille semblait prête à s'enfuir à toute jambe.

-Je ne rentrerai pas au village! Je refuse de passer au jugement pour ma désertion! Je tiens bien trop à ma liberté...

Tokri ne put s'empêcher de répliquer, en désignant le bar...

-Libre, dans un endroit pareil ? Tu nomme liberté d'être mise à prostitution? De devoir te faire troncher par des vieux con, uniquement pour enrichir tes employeurs?

L'utak ne put empêcher un rire ironique nerveux sortir de sa gorge, tandis que des larmes (de désespoir ou de rage?) montaient aux yeux de la jeune fille.

-Est ce là ta définition de la liberté?
-Allez vous faire foutre!


*Pauvre conne...Mais que te trouve donc Haya?...Surement une question de physique. Ce mec est tellement naif...*

Tokri fit quelques pas vers la jeune fille, tout en se frottant les mains.

-Pas le choix, il va falloir user de la force...

A peine eût-il fait quelques pas qu'il sentit un tranchant froid lui effleurer la gorge, qui le cloua sur place.

-Touche là et je te tue.

Malgré la dangerosité de sa situation, Tokri ne put s'empêcher de sourire.

-Ce n'est pas dans mes principes de martyriser des jeunes femmes, aussi idiote soit-elle... Ne t'en fais pas, je l'assomme gentiment, on l'embarque et fin de l'histoire.

L'Utak s'éloigna du Daihoshi, tout en tendant les bras.

-Mais si tu souhaites me tuer, ne te gêne surtout pas!

*Aucun choc, aucune lame ne me traverse... A t-il compris que j'ai raison?*

Un choc puissant le frappa en plein estomac, le faisant décoller sur quelques mètres. Furieux, l'Utak se releva en maudissant l'entité qui occupait le corps d'Hayamaru.


-Putain mais qu'est ce que tu...

Ces mots s'étranglèrent dans sa gorge. Ce n'était pas le psychopathe qui l'avait ainsi frappé. Un homme se tenait entre eux et la désertrice... un homme qui ramena à Tokri une foule de souvenirs douloureux.

-Non...

Sous le coup de l'émotion, Tokri rejoignit Hayamaru en titubant. Une tenue noir aux épaulières blanches, des cheveux sombre tombant le long de son dos et de fines méches caressant son visage et ses épaules... Des yeux animés de pupilles d'un rouge démoniaque.

*Toi... Je te retrouve ici, après tout ce temps*
.

-Dis moi Tokri, ce mec a un lien avec toi pas vrai.
-Comment le sais tu?
-Je le sais, c'est tout.
-C'est mon père...


Uril lui adressa un large sourire, qui frappa Tokri en plein coeur.

-Heureux de te revoir en vie, mon fils... Nous pensions avec tristesse que tu avais réellement rendu l'âme.

*Nous?*

Une silhouette prit place aux côtés de Uril, descendant du toit du bar. Des cheveux bleu azur, des yeux verts, une tenue noire...


-Tu le connais aussi, n'est ce pas?
-Sarouh?


*Non... ce n'est pas possible, je dois cauchemarder.*

-Bordel, mais qu'est ce que tu fous ici, Sarouh?

Le Tsumyo ne répondit pas et pria la jeune filla de se décaler du lieu prévisible du combat. Uril reprit la parole:

-Mon fils, je vais être franc avec toi... Tu es encore bien trop faible pour être un adversaire à ma hauteur. A l'inverse, ton ami m'interesse au plus haut point... Je t'interdis de te mêler de notre combat.
-Aucun de vous ne s'en mêle, ou je le tue.
-Tu te fous de ma gueule? Depuis le jour de mes cinq ans, je ne vis que dans l'espoir de le tuer! Ce n'est pas à toi de le vaincre.
-Rien à faire de ton passé. Tu es faible et je suis fort, fin de la discussion.


Hayamaru s'approcha d'Uril, lame au poing.

-Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eût d'adversaire à ma hauteur...

L'entité se jeta sur Uril, qui dégaina en un instant.

*Comme si j'allai t'obéir...*

L'Utak invoqua son katana et commença à courir afin de les rejoindre. Les autres membres de l'équipe restaient sur place, ne souhaitant certainement pas se faire tuer par le double d'Hayamaru. A peine eût-il fait quelques pas que Sarouh s'interposa
.

-Tu n'es pas à la hauteur, Tokri.
-Salaud!


Le Tsumyo para un coup d'estoc, apparemment stupéfait de la réaction de son ancien ami.

-Qu'est ce qui te prend?
-Que tu désertes, je peux le comprendre...Mais rejoindre mon pére, je ne te le pardonnerai jamais!


L'Utak tenta plusieurs assauts, parés ou esquivés par un Sarouh décontenancé.

-Je ne savais pas qu'il était ton pére, pauvre cloche! Pense tu vraiment qu'il me l'aurait dit lorsqu'il m'a rencontré? D'ailleurs, je te croyais mort jusqu'à aujourd'hui!

Tokri se calma quelque peu, observant son pére combattre le double d'Hayamaru.

-Comment saviez vous que j'ai été porté pour mort?
-Uril a de nombreux contact...


*Il m'espionne... depuis la mort de maman?*

-Qui va gagner d'après toi?
-Tu oses poser la question?
-... Haya va se faire tuer.
-Je t'en prie, Tokri. Une fois ce combat terminé, oubliez la fille et tirez vous d'ici.


Le poing de l'Utak se serra convulsivement. N'écoutant pas les paroles de son ancien partenaire, le Chuunin fixa son attention sur le combat, guettant le moment où il pourrai intervenir. Suiteà de violentes passes d'armes, les deux adversaires finirent par s'éloigner l'un de l'autre. Hayamaru repassa à l'attaque, bien décidé à éviscérer son ennemi. Une forte pression s'abattit alors sur l'assemblée... Tokri était persuadé que cela provenait d'Uril. Hayamaru fut désarmé, sans comprendre ce qui venait de lui arriver. Le Jounin s'éloigna prestement et invoqua un Wakizashi. Il tendit ensuite la main vers son katana, qui fila droit dans sa paume.

-Etonnant pouvoir...
-Contente toi de déguster.


Le duel reprit de plus belle. Tokri comprit rapidement la tactique de l'entité. Le Wakizashi servait pour la défense, tandis qu'il usait du katana pour attaquer.

*Efficace...*


Malgré tout, Uril ne semblait pas rencontrer davantage de difficulté..et cela depuis que cette pression s'était abattu. Un sentiment de mal à l'aise étraignai les spectateurs, comme si la mort pouvait les faucher à tout moment. Uril para une attaque visant son crâne, et écarta le Chikarate de quelques pas d'un coup de pied. Ne se laissant pas abattre, ce dernier se mit à tourner sur lui-même, après avoir pris un léger élan, espérant utiliser la force centrifuge afin de porter un puissant coup à son adversaire... qui para à nouveau. D'un mouvement souple, il se débarassa prestement du katana, puis saisit le poignet gauche d'Hayamaru. Une forte pression suffit à lui faire lâcher son Wakizashi. Uril se retrouva projeter de quelques pas par la technique que l'entité avait déjà utilisé dans le bar.

-Bordel... bordel! Comment puis je être ainsi maîtrisé?

Perdant son sang froid, le double néfaste invoqua une faux d'une taille disproportionné à la norme.

*Hayamaru se l'est procuré juste après l'exam'..*


-Esquive ça!

Hayamaru abattit son arme... au sol. Uril s'était contenté de quelque pas sur le côté.

-Ce type d'arme est inefficace contre moi...

Dans un hulement de rage, le Chikarate continua sur sa lancée...et ne parvint qu'à creuser de profonds trous au sol.

*C'est... inhumain!*

Uril rengaina sa lame et le replaça sur son côté droit.


-Que fais tu? Le combat n'est pas terminé!
-Il l'est... Tu ne le sais pas encore, voilà tout.


Furieux, Hayamaru abattit sa faux sur Uril, qui esquiva, atteignit sa hauteur et abattit son poing dans l'estomac du Chikarate. Uril n'en resta pas là, envoyant
valser le Jounin sur quelques mètres d'un solide coup de paume. Hayamaru finit étendu au sol, inconscient. Ne perdant pas un instant, Tokri fonça vers son père , bien décidé à accomplir sa vengeance.


*Au moment de la victoire, tout guerrier baisse sa garde un court instant...*

Alors qu'il s'attendait à sentir sa lame transperçait de la chair, Tokri ne frappa que du vide et sentit une pression sur son poignet directeur.


-Attaque en traître... Ce n'est pas ainsi que combat un Utak.

La pression se fit plus forte, lui faisant lâcher son arme. Impuissant, le Chuunin se fit envoyer valser sur quelques mètres, pour finir par s'écraser douloureusement au sol. L'Utak se releva tant bien que mal, faisant face à la source de sa haine.

-Toujours aussi fragile...
-Ferme là! Ma mère... je vais la venger!


Tokri se jeta sur l'ex-Chikarate, qui para ses assauts avec une facilité déconcertante.

*Allez...*

Uril esquiva un coup au visage.

*Frappe, frappe encore et encore!*

Le traitre para un coup de pied visant son abdomen.


*Pourquoi?... Pourquoi ne puis je pas le toucher !*

La froide pression s'était malgré tout atténué depuis la défaire d'Hayamaru... Sans comprendre ce qui lui arrivait, Tokri fut martelé de coups et expédié à nouveau au sol.


-Pour moi, tu n'as pas évolué d'un pouce...

Alors qu'il s'approchait de l'Utak, Uril se retrouva projeté de quelques pas par une masse ténébreuse.

*Kei'!*


Le Tameiki se plaça entre le jeune homme et son père, visiblement furieux. Tokri ne lui avait jamais vu une telle expression depuis leur enlèvement par Ouroboros.

-Toi... C'est toi qui m'as rendu comme ça!
-Qui es tu?
-Une vie que tu as brisé!


*Mon père... est lié à Keitaro?*

Une étrange chose jaune se répandit sur Uril, le bloquant de tout mouvement. Tokri reconnut immédiatement la technique d'Iji. Otarin se plaça derrière l'ex-Chikarate, composant des mudras
.

-Maintenant!

Un puissant jet d'eau et de ténêbre se rencontrèrent lors de l'impact, soulevant un important amas de poussière.

-On l'a eu?
-Non, impossible...
-Tu le vois, Tokri?
-Fuis... Fuis, abruti!


La sensation de lourdeur se fit à nouveau sentir, bien plus importante que lors du combat contre Hayamaru. La silhouette d'Uril commençait à se découper à travers le nuage de poussiére.

-Pour saluer votre courage, je vous fais l'honneur de goûter à une partielle de ma véritable puissance...

Son visage finit par apparaître... et Tokri sentit son sang se glaçait. Ses pupilles rougeoyaient, lui conférant un aspect démoniaque. Il disparut de leurs champs de vision, le temps de mettre au sol Iji et Ota d'une pichenette. Il s'approcha ensuite de Keitaro et de Tokri avec patience, les laissant savourer cet instant de terreur.

-Je me souviens de toi...l'expérience raté porté sur les ténêbre.
-Tagueule!


Keitaro envoya un nouveau trait de ténêbre, qui se retrouva bloqué par un tourbillon de vent entourant Uril.

*Sen'puu Tate... à un niveau totalement supérieur au mien.*


En à peine un clignement d'oeil, le Tameiki et l'Utak se retrouvérent tous deux à mordre la poussiére. Keitaro ne semblait pas prêt de se relever pour le moment, totalement sonné. Tokri voulut se relever, mais se retrouva de nouveau au sol suite à un coup à l'estomac. La peur et le désespoir l'envahit. Cet homme qu'il avait tant rêvé de tué le maitrisait si facilement... Toute sa vie, tout son travail acharné, tous ses efforts et sa lutte pour survivre... réduit à néant. Rien n'avait changé depuis la mort de sa mère, Tokri était resté le petit garçon sans défense qui pleurait de peur de mourir... Uril disparut de son champs de vision, avant se sentir des doigts le tiraient par les cheveux. Perdant son sang froid, il griffa vainement cette main, hurlant de peur et pleurant de désespoir... Un choc pour ses partenaires, qui avait toujours connu l'Utak si impassible.

-Tu n'es donc capable que de chouiner...Pitoyable.

Un coup de genou dans les côtes mit un terme à sa crise de panique.

-Tu n'es pas interessant... Durcissons donc ce gentil petit garçon.

Uril le jeta en l'air et le martela de coup, avant de l'expédier au sol d'un puissant uppercut. A peine conscient, le jeune homme vit son père lui tournait le dos, le regard emplit de dégoût.

-Tu es indigne de porter le nom d'Utak... Tant que tu t'entourera de faiblard, tu ne progressera jamais. Utilise ta haine, accepte là sans te faire dévorer... et alors, peut-être sera tu à la hauteur.

Tokri ne voyait plus que la silhouette de son père, qui se faisait dévorer petit à petit par les tênébres. Sombrant dans l'inconscience, l'Utak maudissait, encore et toujours, son impuissance.

*Maman... je t'en prie, laisse moi te rejoindre.*
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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Otarin 7/11/2010, 20:13



(Au lecteur: La rédaction du texte ci-dessous, démesurément longue et pétant les records du forum les touches dans le pif, commença juste après la Mission Makayavélique (échec magistral d'ailleurs.) le héros, donc, se réveille d'un poutrage fa-bu-leux ou Makaya Korove a joué un rôle prépondérant. Juste pour placer le contexte.

Et sinon, il y a forcément une éllipse temporelle balèze avec la suite de la mission. Je sais. C'est la magie de l'histoire!

Enjoy, and comment, please...^^ Leeeet's Goooooooo!!!)

La première fois que mon esprit retrouve ses marques, que je peux ordonner dans ma tête une pensée cohérente et ressentir pleinement tout l’impact de la douleur, je perds conscience. Non pas que j’en aie envie mais c’est absolument nécessaire. Pour que je vive.

En fait, je retourne au pays des songes seize fois de plus que tous les autres membres de l’équipe réunis, Rin inclus, ce qui est en soi un record. Ne me parlez plus de raclette, de touffu et de drogue, de sodomie et de courage. Parlez-moi de la pluie et du beau temps, de votre voisine qui fait du violon et de votre chien aux selles arrondies. Riez, babillez, offrez une voie d’échappatoire à mon esprit englué dans ce carcan de fournaise qu’est devenu mon corps.

J’ai mal.

Dans mes os, une pulsion est un bagne, dans ma chair un souffle est une tempête, dans mes yeux un regard et la folie. Les infirmières pensent que j’invente, que je suis sous le coup de la douleur, non ! même pas. Sheinji Kageniwa, quinze ans, à trempé le bout de l’ongle de son pied dans la spirale du monstre sacré que les mortels appellent enfer. J’ai tout vu, vous dis-je. Je meurs. Mon âme se consume, les paupières sur mes pupilles rendent les armes, comme une pluie qui s’efface. Filant comme un voleur, ombre d’ombre noire, aucun livre ne retiendra jamais mon nom ! Adieu, monde cruel.

Elles rigolent. Ces infirmières tellement naïves. Pauvres petites connes, ne peuvent-elle donc respecter le panache des derniers moments ? D’après elles, je suis encore capable de bouger. Enfin, théoriquement. Disons qu’après une semaine complète de soins intensifs, avec des thérapeutes bavants qui se relaient toutes les heures pour être bien certain que le truc tout mou qu’il opèrent est bien mon corps… je suis « hors d’usage ». Non mais, ça ne va pas ! Impossible de continuer ! Je veux en finir, j’ai trop honte ! Personne ne comprend donc mon dégoût ? Tuez-moi ! Merde, pourquoi suis-je seul ? Exister, c’est si vain…

Sommeil…

- Hé, il fait une hyperventilation ! Vite !

***


Quelques temps plus tard.

Le Genin sauta souplement sur une branche. Il souriait. Devant lui serpentait une large étendue de sable, dont les grains roulaient sous le soleil de midi. A ses côtés, Hayamaru toujours aussi calme et Otarin toujours aussi con. A peine trois jours qu’ils étaient partis, et Sheinji avait déjà envie de l’étrangler.

Ils bivouaquèrent, établissant un campement provisoire aux abords d’un point d’eau sale. Quelques bêtes déjà étaient penchées sur l’onde, leurs naseaux frémissants goûtant la saveur de la rive.

(Sheinji) Alors, cette mission ?

Il considéra ses compagnons tour à tour. Particulièrement, le Chûnin avait l’air gêné et morose, comme s’il était séparé d’eux par une invisible barrière. Une main devant son visage mangé par une barbe facétieuse, il mit une bonne minute à prendre la parole.
(Hayamaru) Oh, c’est pas grand chose. C’est juste que le Kage veut nous punir après qu’on ait foiré la mission. Et puis…
(Rin) Oui, c’est clair qu’on est pas dans ses papiers après un échec pareil… Hum.

Tous trois se turent, plongés dans le souvenir de cette éprouvante période de leur vie. Pour sa part, Sheinji gardait un goût amer de son affrontement avec le Korove. En dépit du fait qu’il s’était fait démonter la tronche sévère, il avait reçu une dure leçon de tactique, qui lui prouvait que l’intelligence, dont il était fort bien pourvu, ne valait rien sans la force pure, dont il était… Bref. Soudain rêveur, le Genin feignit de se captiver pour le vol d’une mouche qui finit par se poser sur sa main. Il en avait assez de se battre contre lui-même.

La nuit tomba, bourdonnante et agitée. Les arbres grisonnants déployés de par et d’autre de la rive ruisselaient de bruits et de vie. Leurs feuilles tombaient sous le vent, dévoilant des perles de rosée mauves et jaunes.

Sheinji montait la garde, soupirant. Des marques profondes comme du khôl sur ses joues maigres étaient la trace d’un âpre combat mené contre l’insomnie. Il retint un bâillement, scrutant la nuit obscure sans habileté et sans envie. A quoi bon surveiller ? Une paire de brigands faméliques ne pourraient pas surprendre trois ninjas correctement entraînés, même abrutis par la fatigue. Ils étaient encore près du village, aucune chance qu’un danger ne…

Là. Sur la droite, à quelques mètres. Un souffle d’air, léger, l’esprit d’un oiseau qui passe. Plus rien.

Le Genin dégaina son sabre.

Un chuintement sur sa gauche retentit. Il plongea. Un shuriken noir fila une ligne rouge dans sa chair blanche. Il se releva pour bondir de nouveau au son d’un tintement létal. L’acier manqua de nouveau sa cible.

Iji jura. Ses compagnons dormaient toujours, l’assaillant se déplaçait dans l’obscurité la plus complète, et lui même peinait à distinguer les formes. Pourtant, il remarqua deux ombres dans le silence, qui remontaient lentement la plaine vers les sacs de couchage de ses amis.

Il n’hésita pas. Un clone partit à l’assaut pour se faire immanquablement étriper, lui faisant don d’une pause bienvenue. Il trifouilla dans les poches de son large manteau pendant une poignée de secondes, anxieux, puis ses mains rencontrèrent un solide, légèrement humide et corné. Sans attendre, il déchargea son énergie dans ce sceau de quatrième main.

Les charges explosives minutieusement placées dans les lits de la troupe se retrouvèrent soudain libre de faire ce pour quoi on les avait faites.

L’explosion fut assourdissante. Elle souleva un panache de fumée qui mit les combattants hors de portée les uns des autres. L’aspirant aux cheveux volcaniques sentit soudain une odeur de brûlé.

Katon.

La langue de flammes était déjà sur lui, éclaboussant la nuit de son incandescence. Il comprima dans ses mains tout le Rouge dont il disposait et lança la couleur offensive en une boule compacte. Le choc lui permit d’esquiver le tout, son cerveau carburant comme un malade pour englober la situation.

« Nin, Tai. Capacité réactive moyenne, plutôt assuré mais peu rapide ; Genin. Donc, pas d’illusions. Dois trouver une stratégie, vite. Plus fort que moi, mais… »

Il s’autocorrigeait, cassant ses phrases pour gagner du temps. La stratégie qu’il peaufinait fut interrompue par l’arrivée d’une sphère de flammes , qu’il contra de nouveau en se servant de son Souffle d’Azur. Un coup passa à un centimètre de son crâne, l’autre creusa un profond sillon dans son épaule. La lueur blanchâtre d’une torche éclaira soudain la scène ; Hayamaru ferraillait d’une seule main.

Il esquiva une dernière attaque, admirable dans le déroulement et faible dans la fluidité, pour tenter à son tour une frappe malhabile de son kunai, celle-ci contrée d’extrême justesse. Soudain, l’ennemi se baissa, et le coup qui lui était destiné, venu de l’autre côté de la nuit, trancha net la tête de l’adolescent. L’apprenti s’effondra au sol, les yeux exorbités puis… explosa.
Merde, pensa Sheinji, Il a retenu ses coups exprès pour me juger, et il a compris que j’avais profité de l’explosion pour faire un Bunshin qui prendrait ma place. C’est un malin…

Une lame jaillit, pointue et dentelée comme une victoire qui s’arrache, bien plus réactive que le simulacre de tentative auquel Sheinji bis avait eu droit. Il ne put empêcher le métal de pénétrer son muscle, poussa un hurlement de douleur, tomba. Avant d’embrasser la poussière, le chikaz’ eut le temps d’envoyer une étoile d’acier dans les airs, sur son ennemi. Qui se démena pour l’esquiver, mais perdit l’équilibre, et resta étendu au sol, gêné dans ses mouvements par la colle gluante coulée sous lui. Du Kôsen dilué dans de l’eau. Radical.

(Sheinji) Eh ouais mon gars… Quand on se bat, faut faire gaffe. Tu te débrouilles pas mal avec ton sabre (il exhiba une série de coupures) mais t’as rien dans la tête, c’est affligeant. T’as bien vu que j’étais pas un survivor et que j’atteignais ma limite, mais en dehors de ça j’ai placé mes attaques… Et t’as perdu.

Il sourit. A sa mort, le Bunshin avait placé une forte dose de Jaune, teinte de l’entrave et du ralentissement, sur la jambe gauche du type, grâce à la poussière qu’il soulevait à gigoter continuellement. Le forcer à placer tout son poids sur le membre handicapé en calculant son axe de mouvement, pour qu’il tombe pile sur un peu de Kôsen qu’Iji avait posé au préalable, était une recette convenable pour provoquer sa défaite.

Une balayette puissante le souffla comme un fétu. Roulant à terre, il se maudit d’avoir oublié que ses sorts, lorsqu’il était blessé physiquement, perdaient leur puissance de manière drastique… L’uppercut qu’il méritait lui démit les idées en place. A moitié inconscient, il observa l’étrange épée crochue foncer vers un organe vital, serein… Et puis, il se rappela que mourir ici était absurde. Il avait quinze ans, une multitude de choses à vivre.

Ses doigts sanguinolents fendirent les airs, libérant un nuage de poudre brune. L’ennemi poussa un hurlement de bête et se recroquevilla en position fœtale, les mains sur ses orbites dévastés. Si, dilué, le Kôsen pouvait souder n’importe quoi, il se transformait en un poil à gratter terriblement efficace lorsqu’on prenait le temps de l’assécher.

Sheinji appliqua sa main sur le visage de l’homme, et, calmement, y infusa son chakra. La drogue miracle démontra sa dernière propriété, la capacité d’inflammation au contact d’énergie. Le feu pénétra la peau et les hurlements, horribles de prime abord, se turent.
Sheinji s’assura du kunai que son ennemi était bel et bien mort, avant de sombrer dans une inconscience traumatique et hachée par les souffles de la bataille.


***


Le jour pleurait. Ses larmes, nuages cotonneux effilés, tournoyaient dans le ciel en nuées d’oiseaux joueurs, teintant les environs d’un peu de gris blafard et morne.

Trois compagnons progressaient dans la pente que le sol fertile leur crachait malgré l’heure matinale. D’un regard lointain, on remarquait leurs armes cliquetantes, leur démarche souple, leur jeunesse, les bandeaux qui ceignaient leurs fronts, leurs montures. Vu de près, ils paraissaient plongés dans une discussion… passionnante.

(Otarin) Mais je me fooous que t’as tout fait contre, pauvre débile ! On tombe pas dans les pommes en plein milieu d’un combat, c’est tout ! Tu voulais écourter ton existence, ou quoi ?!

(Sheinji) Maiheeeu, j’ai pas fait exprès… et j’avais fini mon combat.

(Hayamaru) Tu sais très bien que ça ne veut rien dire. Une arme perdue ou une technique aurait pu t’atteindre. Cette attitude était complètement inconsciente, tu aurais pu…

(Iji) Attends, tu connais mon endurance ! Le combat a duré carrément cinq à dix minutes !

Les deux se lancèrent un regard équivoque, et le Genin soupira. Bien sûr qu’il n’aurait pas du défaillir! Mais il avait véritablement outrepassé ces forces dans l’affrontement. Il concevait parfaitement la hargne de Rin, et le désappointement d’Haya ; en lâchant la bride à l’inconscience, il aurait pu les mettre tout deux dans une situation intenable, sans compter qu’il n’était pas censé être une charge pour le groupe. Son rôle au sein de la formation n’avait pas été respecté.

(Lui) Eyh, arrêtez de râler un peu. J’ai quand même réussi à vaincre mon ennemi tout seul, hein.
(Rin) Moi aussi. J’ai appris de nouveaux jutsus, c’est utile dans cette situation. Depuis combien de temps ne t’es-tu pas entraîné ?
(Haya) Et puis, il est mort. Je vais pas relancer la polémique comme quoi il faut achever les vaincus ou pas, de toute façon vous êtes deux contre un, mais merde, Iji ! Ce type avait peut-être des informations qui manquaient aux autres !
(Rin) Pourquoi ils nous ont attaqués ?
(Hay (un problema) ) Ils portaient des bandeaux arasuites, nous sommes chikarates. Je suppose que ça explique le tout.
(Sheinji) Ah ouais ? Et y’a rien d’étrange à ça, peut-être ? Nous sommes encore dans la zone couverte par les forces du village. Un type aurait vite fait de découvrir nos traces, il y avait même des chances pour que quelqu’un intervienne, en revanche même Nobeoka n’est pas tout proche, et ils n’étaient pas assez nombreux pour résister à une contre-attaque massive… Je serais eux, j’aurais attaqué en silence, ou attendu que le guetteur s’endorme.
(Rin) Parce qu’ils se sont pointés en jouant de la trompette, avec une inscription « on va vous taper » sur le visage ?
(Haya) Non, je crois qu’il a raison. S’ils avaient voulu faire discret et rapide, ils se seraient mis à trois pour tuer Sheinji. Diviser ses forces comme ça au moment d’un assaut furtif, c’est ridicule si le type qui peut donner l’alerte est encore debout, je sais de quoi je parle.
(Rin) Alors ça veut dire… Qu’ils voulaient nous garder vivant. Ou un de nous, au moins.
(Sheinji) Bien vu. Ils sont donc là sur l’ordre de quelqu’un. (s’arrêtant.) mais vous les avez même pas interrogés ?
(Rin) Ils avaient des capsules de poison sur eux. Il a suffi qu’on les néglige pendant dix secondes, et pan ! goodbye.
Iji réalisa qu’en supprimant son adversaire au lieu de l’assommer, il avait bousillé les dernière pistes valables de l’équipe. Morose, il écouta ses équipiers faire l’inventaire des informations obtenues.
(Maru) … aucun ordre de mission sur eux, et j’ai jamais croisé aucun d’eux dans ma vie. Impossible de déterminer le commanditaire.
(Rin) On leur a piqué leur or, leurs vivres, leur cheval et ils avaient de bonnes armes aussi, j’te montrerai. Haya voulait qu’on les enterre, mais j’ai réussi à l’assommer avant. Bref, tout ce qu’on…

Ils continuèrent ainsi pendant quelques minutes avant d’aboutir sur un constat frustrant ; aucune piste valable quant au motif de l’attaque, ou l’identité de celui qui l’avait dirigée.

Soudain, Iji eut une idée. Il observa un moment la monture de feu les arasuites, un alezan au regard songeur et défit la sangle de la selle pour l’examiner en détail. Il fit un signe à Rin, et celui-ci activa son œil.

(Lui) Boh, pas grand chose à dire… Le fabricant est assez connu à Mahou, je crois. La selle est en cuir, avec rien de caché à l’intérieur comme tu disais, assez ancienne. Il y a juste un rembourrage un peu bizarre sous les coutures.
(Haya) (observant les coutures en question.) Je vois… J’ai fait pas mal de chevauchée, le type qui a fait ça voulait juste s’asseoir correctement le temps d’une course, il a pas fait dans le détail, c’est bâclé et très moche. Regardez, le fil commence déjà à se déliter.

(Ji) Ouais, bon… ça ne fait que confirmer qu’on sait qu’il ne sont pas là par hasard. S’il n’ont pas pris la peine de recoudre la selle correctement, je suppose qu’ils étaient pressés de partir…

Un hurlement retentit tandis qu’ils se mettaient en marche. Sheinji frissonna. Si la personne qui voulait leur mort apprenait que le premier commando avait donné sur un échec, nul doute que celle-ci, la prochaine fois, enverrait des troupes mieux armées et plus féroces…

La nuit tomba de nouveau et les heures se suivirent, jusqu’à que face à eux grandissent les façades délavées des bâtisses nobeokiennes. Un homme patibulaire de forte stature surveillait l’entrée de ses yeux plissés et porcins. Ils durent verser une taxe financière pour que le gaillard accepte de leur céder le passage. Bientôt, les bottes de la troupe résonnèrent sur les pavés sans âme.

Une pluie fine et glacée descendit des nuages, trempant leur membre tuméfiée jusque dans la chair elle-même. Ils s’attablèrent à la première auberge qui passa, histoire d’éviter la sauce et de préparer la suite.
Hayamaru prit la parole. Le Chuunin oscillait continuellement entre un mutisme distant qui énervait les autres, une joie débordante qui énervait les autres, et une attitude autoritaire et protectrice qui énervait les autres. Sheinji l’avait toujours connu calme et posé, apte à réfléchir sans s’emballer mais sans non plus se voiler la face. Les changements brusques qui émanaient de lui l’inquiétaient.

(Rin) Qu’est ce qu’on va faire après ? Je suppose que pour une fois qu’on se retrouve dans le coin, on pourrait en profiter pour passer saluer les Kodomos.
(Haya) J’ai contacté un type à eux y’a un mois. Le reste de la bande est remonté à Arasu depuis. Apparemment, la surveillance du Mak’ ne les a pas transporté de joie eux non plus, je suppose qu’ils la jouent soft auprès de la grande patronne… Je vais aller voir ce mec, il saura me renseigner. Et puis, Miss Maboroshi a sûrement de nouvelles missions pour nous.
(Iji) Et nous, on t’accompagne pas ?
(Haya) (plus sèchement que nécéssaire.) Non, c’est pas la peine, vous vous chargez de la mission ; et cassez la baraque, hein, ‘faudrait pas que Kuroda nous vire. Je me débrouillerai tout seul, merci, pas besoin de l’aide de nains dans votre genre.

Il avait sorti ça en plaisantant, mais le cœur n’y était pas. Ils finirent leurs consommations en silence, puis sortirent. Sheinji constata avec déplaisir que parcourir les rues encore humide de la ville lui rappelait une foule de souvenirs qu’il aurait préféré éviter. Tout à coup, il s’arrêta, les yeux fixés sur une nuque blonde qui s’éloignait d’eux d’un pas lent. Il lança un « partez sans moi, j’arrive » à ses compagnons, puis partit à la conquête des rues humides.

De sourde, la pluie était devenue torrentielle. Le dallage crépitait devant l’acharnement des gouttes d’eau, mitraille diluvienne engloutissant des odeurs. A travers la déferlante, Iji eut le temps de capter du regard un éclair roux cuivré, brouillé par la transparence ambiante, qui attira un moment son attention. Il lança à ses compagnons un « j’reviens, partez sans moi » hâtif, puis s’enfonça sous la pluie battante.

Formidable, c’était bien ce type. Le chef de la bande de gamins à la solde du vil touffu, qui avaient savaté Sheinji pendant près d’une demi-heure avant qu’on daigne lui porter secours. Lui était resté conscient pendant toute la durée du supplice, vrillant des yeux remplis de haine dans ceux du moutard le plus proche en jurant de se venger.

Et un mois seulement après l’humiliation, dans la même ville puante et dépravée ou il avait subi pire que l’enfer, l’occasion se présentait à lui.

Il procéda avec méthode, filant sa cible avec la discrétion dont il était capable. Puis, dans une rue bondée de gens à l’air aussi gracieux que les insultes qu’ils hurlaient, l’aspirant fit mine de bousculer un badaud, non loin de Mr Coup de Pied. Inopinément, il se releva en agrippant avec force les hardes graisseuses du type, et lui fit les poches avec l’habileté que confère l’habitude. Enfin, il parvint à coincer l’adolescent au bout d’une artère plus déserte, et le bouscula violemment, avant de s’éclater la tête dans les cailloux.

(L’autre) Hé, t’es le type de tout à l’heure... Kesstumveu ?
(Sheinji) Mais aïïïïïïïïe !! T’es malade ou quoi ?!
(L’autre)
(Himself) Bon, on la refait… (marquant la pause.) HAHAAAAA !! TREMBLE, VIL MECREANT, CAR L’HEURE DE TON AGONIE VIENT DE SONNER ! IMPLORE ET REPENDS- TOI, BAIGNE-MOI DE TES LARMES ET PREPARE-TOI A DEFENDRE TA VIE ! EN GAAARDE !

Son interlocuteur le considéra avec une mine perplexe. Visiblement, il ne comprenait pas le fait qu’un type surgi de nulle part tente de l’assassiner. C’était très bizarre, la façon de penser des civils, quand même.

Iji se lança donc dans un long résumé de ses terribles griefs, avec en fond sonore des violons qui sanglotaient, un gros plan sur son visage mélancolique, et une lueur diffuse de soleil couchant tout rose en enrobage. Trop classe.

(Sheinji) C’était par une nuit sans lune… Je me souviens du sang qui a coulé ce jour là. Comme j’ai souffert… (sanglot)
(Lui) Attends, si c’est long et chiant ne me dis pas, j’ai d’autres projets que d’écouter pleurer un clochard. Tu veux te battre ? ramène ta fraise toute molle et fissa mon gars ! go !

Sheinji hoqueta de surprise. Il s’était laisser emporter. Un sourire carnassier éclaira son visage.

Puis, il chargea.

***

Attablé encore une fois dans une gargote miteuse, Sheinji tentait de réfréner les battements spasmodiques qui secouaient son cœur. Il venait d’échapper de justesse à une lapidation en règles.

En lui-même, le rouquin ne s’était pas super défendu. Au bout d’une cinquantaine de coups, il avait fini par perdre conscience, rien de bizarre. Et puis, ses potes avaient commencé à rappliquer.

Sheinji était encore dans un état plutôt précaire, en sueur, et venait de se tordre un doigt en foirant un uppercut court. Ses réserves de chakra n’étaient pas encore bien remises de son combat contre le pyromane, et, s’il pouvait sans mal tenir un affrontement à main nues face à un civil de son âge en se servant de sa vitesse, cela devenait problématique face à des adversaires qui occuperaient un large espace. Lui restaient ses kunais et son sabre, mais Nobeoka n’étant pas non plus la ville du crime, un meurtre de masse ne passerait aucunement inaperçu.

La fuite, donc. Technique ancestrale et primitive qui avait sauvé la vie à des générations de trouillards. Iji courut comme s’il avait le feu aux fesses.

Il bifurqua. Le vent semait ses graines derrière son dos, claqua la porte d’une taverne. Installé à l’ombre d’un feu, près d’une table ou quatre types patibulaires parlaient mal et fort de leur avenir, Sheinji sombra peu à peu dans le sommeil qu’appelait son éternel manque d’endurance.

Il en fut expulsé d’un coup, sans préavis valable, par un cri rauque et puissant que dégageait un poitrail. Un poitrail tellement énorme et gonflé qu’il reléguait un culturiste au rang d’aiguille à coudre naine.
Le type, monstrueusement musclé, tenait d’une seule de ses mains colossales un vieil homme chétif et tremblant, déjà près de perdre conscience. Il hurlait les pires imprécations qu’Iji ait jamais entendues, même après avoir eu affaire à Makaya. La taverne semblaient déserte ; seul l’intérieur des tables, où s’étaient rassemblés les clients, tremblait.

(Musclor) ET QUE TES HOCHETS GONFLES AU VITRIOL AILLENT POURRIR DANS DU VOMI DE MOUCHE HYPOCONDRIAQUE ! QUE LE TAUREAU EN RUT QUI TE SERT DE MERE VOIE LA BOUSE QUI FAIT SA PÂTURE SE CHANGER EN TOI !! ET PUIS QUE...
Sheinji NAN MAIS HOOOO LA-BAS, C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL ? FERMEZ-LA, BANDE DE MOULES !!

C’est quand l’assemblée se fendit d’un silence pesant que le Genin encore tout ballotté par le sommeil prit conscience de sa situation. Il venait de provoquer une personne qui aurait pu creuser le sol en s’asseyant, et qui trouvait ses caleçons en vidant les magasins de deltaplane. La montagne tituba, comme piquée par un moustique impertinent, puis lentement, se tourna. Sa formidable morphologie rappelait Petit Looï, le colosse de Tashioosho, en plus petit et plus compact ; malheureusement, à l’époque, c’était Keitaro qui s’était chargé de le vaincre… Sheinji jura.

Il n’y eut pas de préambules. Le premier coup partit en trombe, et l’aurait sans aucun doute mis hors-combat s’il n’avait pas eu le réflexe de sauter en arrière ; il joignit ses mains en cône devant son visage, et relâcha un paquet de Rouge, déroulé comme un trait de feu et aspergé de Kôsen. L’autre bondit sur le côté, fut touché mais la force diminuée de l’apprenti ne lui causa pas de blessures. Cependant, deux tables s’enflammèrent. La poudre brune s’envola, encore et encore jetée par Iji sur les tables, formant rapidement un véritable piège de feu dans lequel était tapi le Muscle. Il sourit ; le ricanement mourut en travers de sa gorge.

Un gros truc rouge venait de sortir du brasier.

Sous les yeux médusés de l’assistance, Schwarz’ s’ébroua, chassant les flammes qui dansaient sur sa carcasse de mastodonte, puis transperça le cœur de Sheinji d’un sourire carnassier.

Le Jaune fleurit autour de lui, sans le ralentir. Le Bleu se déversa à même sa peau mais il n’arrêta pas sa course. En désespoir de cause, Sheinji lança son Souffle au sol, et se servit de la propulsion pour partir au contact, prêt à taper du kunai.
Le coup de poing vint trop tôt pour lui et le plongea aussitôt dans l’inconscience.

***

- Ouch, ma tête… C’est moi ou je passe ma vie dans les vapes en ce moment ?

Il se redressa ; cette sensation de ne plus rien contrôler était agaçante. Il était promené d’évènement en évènement, de combat en combat, et devait à chaque fois laisser le soin à son entourage de le gérer. Même un mollusque comme Rin était plus autonome…

-Excusez-moi… vous êtes réveillé ?

Il tourna la tête, scrutant l’auteur de cette question stupide. Il découvrit le vieillard que la brute avait failli tabasser, tout à l’heure. L’ancien leva vers lui son visage chenu et humble, éclairé d’un maigre sourire.

(Lui) Je voulais vous remercier de m’avoir secouru… d’avoir essayé.
(Sheinji) Euh sans vouloir vous vexer, c’était plutôt ma tranquilité que je préservais… Mais bon, heureux de vous avoir gagné du répit.

Il voulut se lever, mais l’autre le retint par la manche.

(Lui) Attendez ne partez pas jeune homme ! vous êtes… vous êtes un ninja, non ?
« Et dans une autre vie, ‘z’avez fait détéctive, c’est ça ?
(Iji) C’est exact. (il le considéra avec méfiance.) Qu’est-ce que vous me voulez ?
(Le vieil homme) J’ai observé votre combat. Vous avez une affinité surprenante, et je n’en avais jamais vu de pareille, mais… Elle ne vous correspond pas.
(Iji) Qu’est-ce que vous voulez dire ?
(Lui) Eh bien… Je sens sur vous une sorte de… disons, blocage, qui vous empêche d’utiliser vos capacités véritables. Comme si votre force était scellée… Je ne pense pas que les couleurs soient votre véritable élément. Creusez cette piste, jeune homme… J’ai de l’instinct pour ces choses-là, vous savez.

Sheinji le remercia et sortit, l’esprit en fusion. Dehors, la ville était effervescente ; c’était l’heure du réveil, le temps des commerçants véreux et des arnaques miteuses, le moment où la conscience des citoyens se fondait et disparaissait pour accepter les pires sornettes des commerçants comme un fait établi, là où les oiseaux de proies tombaient les masques et fauchaient purement et simplement leurs cibles.

Dans ce climat de crédulité et de vente, dérober constituait un véritable défi. Le jeune homme, mu par son instinct, se prit au jeu, et nombreux furent les passants dépossédés sans s’en rendre compte. C’est lorsque sa main experte vida une énième chemise qu’il retrouva un visage familier.

- Iji ! Enfin je te trouve !
- Rin ! Tu es tout essoufflé, ça va pas ? Mais…
(exhibant une poignée de dragées mauves.) « Chewing-Gums aphrodisiaques, saveur béton ! Règle les difficultés intestinales et érectiles ! » Tu prends vraiment ce genre de trucs ?
- Oh, ça va ! Ravale ton rictus de hyène, et arrête de détailler mes poches on a pas que ça a faire ! Vite !
- Mais qu’est-ce qu’il y a, bordel ? Pourquoi tu cours comme ça ?


Sa question resta sans réponse, et la rumeur des rues supplanta les bruits de leur course. Au bout de cinq minutes de ce régime, le coloriste, qui n’avait jamais brillé par sa résistance à l’effort physique, demanda une pause. Otarin accéléra sans même se retourner.

Les poumons en feu, la gorge haletante, ils s’arrêtèrent devant une maison lambrissée d’un ébène grandiose, mais palissant et lardé de trous. Un coup de pied sur le cadre suffit à décider la porte branlante.
Ils entrèrent. Tous deux connaissaient bien cet endroit, et les soupirs du passé affleuraient à leurs oreilles. C’était la remise de l’hôtel ou l’équipe chikarate avait tenté, sans succès aucun, d’interroger le déserteur. Après que la partie principale eut brûlé à la suite d’un incendie provoqué par le moins habile de ses résidents, seule cette petite enclave, ébranlée par le cataclysme, pouvait encore leur servir de refuge.

Sur la petite table au pied rompu, une feuille de papier blanchâtre les attendait. Sheinji sentit son sang se glacer dans ses veines, le pouls qui rythmait ses gestes s’emballer, au fur et à mesure que sous ses yeux coulait l’encre. Quelques mots à peine, une innommable trahison et tout un lien à reconstruire.

« Les amis,

Je sais qu’on a traversé des trucs ensembles, des délires, des gueulantes, et qu’on s’est même sauvés la vie. Je me rappellerai toujours de ces moments de déconne et Pas la peine de verser dans le mélo non plus, mais je me souviendrai de vous.

Vous faites semblant de l’ignorer, mais la mission précédente m’a ouvert les yeux. Je suis vraiment pas un mec avec qui on peut voyager sans encombres, J’aurais voulu et la compagnie de deux bleus dans votre genre m’emmerde. Oui, j’ai menti, inutile d’aller chercher à Kodomo ; lorsque vous lirez ça, je serai déjà sur la route. Pour où ? Merde, j’en sais rien ! J’ai juste pas envie de passer mon temps à me fuir.

Oubliez-m N’essayez pas de me rattr

Adieu.


Sheinji laissa retomber la feuille et laissa retomber son crâne. Son regard était comme amputé, mangé de vide. Sa bouche s’ouvrit, sans qu’aucun son ne daigne franchir le mur.

Il soupira.

« Mais qu’est-ce qu’il a encore fait, ce con ? »

***

- Où est Hayamaru ?

L’homme s’effondra, jeté à terre. Il vrilla impeccablement son buste, se remit en place, un coup de pied rasant au niveau des genoux l’envoya rouler dans la poussière. Refusant tout comme lui la défaite, son sabre éclata dans la lueur de la nuit, mais la lame sembla cesser de se mouvoir, retenue par une gangue opaque.

Nouvel uppercut, nouvelle chute, nouveau choc.

- Je répète ma question,tonna la voix.Soit tu nous indique si oui ou non tu as vu un jeune homme aux cheveux blancs partir, comment et en quelle direction, soit les sols de la ville auront un corps de plus pour engrais, ce soir.
- Et tu n’as pas intérêt à nous rouler.
une autre voix s’était joint à la conversation. Le Dôjutsu que possède ce corps me permettra de vérifier très vite si oui ou non tu t’es foutu de nous. Et on va revenir pour te le faire payer.

L’homme tremblait. Ces gamins… Ils étaient forts, surtout pour quelqu’un comme lui, quadra bedonnant, qui pratiquait très peu le sport mais beaucoup la bière. Par contre, il n’avait sûrement pas dit son dernier mot…

Le môme avec la tignasse pas possible prit la parole. Au ton de sa voix, l’alcolo sentit un frisson courir sur son échine.
- Oui, je sais ce que tu penses. Dans chaque ville, les guetteurs des portes, qui gèrent l’entrée et la sortie d’une foule de clampins différents, sont amenés à gérer un trafic intense. Dans cette optique, il est nécessaire d’assigner cette tâche capitale à l’un des meilleurs guerriers de la ville, non ? En fait, l’atout que tu cachais dans ta manche est nul, parce que je l’ai éventé, et je suppose qu’on l’utilises déjà partout ailleurs, non ? La petite entourloupe dont tu fais partie n’a absolument rien d’innovant.
Iji marqua la pause. Il devait absolument parvenir à ménager son interlocuteur, faire monter en lui la sauce ignoble de l’angoisse, et le cueillir tout frais lorsqu’il passerait aux aveux. La section psychologie, vraiment, c’était son domaine…

- En fait, tu n’es là que pour servir de leurre, reprit-il.Les dirigeants t’ont confié ce poste sans doute pour te punir d’une connerie quelconque, vu que tous les gros bras de passage aiment tabasser les gardes pour montrer leur force. Un combattant endurci devait sans doute te relayer, en cas de problème sérieux, après s’être servi de tes déboires pour faire sa petite analyse…Désolé de te décevoir mais il y a quelques types à nous dans ce bled, et nous avons pris soin de les avertir avant de venir te dire bonjour. Bonjour !

Le gardien essuya son front perlé, et rigola, désabusé.

- Vous avez quel âge, les mômes ? Treize, quatorze ans ?

- Presque seize, imbécile
,lui rétorqua Sheinji.

Il poursuivit l’interrogatoire jusqu’à ce que le gardien, livide, lui donne la destination présumée du bretteur. Arasu… La ville où l’on pouvait se payer le luxe d’être dangereux sans effrayer personne, un psychopathe n’étant qu’un type banal de plus à dépouiller, voire une pure victime puisqu’incapable de sang-froid.

« C’est comme ça que tu raisonnes, Hayamaru ? Tu crois que tu seras plus à ta place dans une ville où les cinglés sont des gens ordinaires ? »

Ils galopaient sans mot dire, la gifle glacée du vent les réduisant de toutes les façons au silence. Cette chevauchée insipide s’étira jusqu’aux lueurs de l’aube, et puis la monture d’Otarin se coucha sur les genoux et ne bougea plus.

Une flèche plantée entre les deux yeux.

Les deux Genins réagirent instantanément. Même s’ils manquaient encore d’expérience, ils n’en étaient plus vraiment à leur première échauffourée, et le temps qu’ils mirent à se placer en position de combat fut bref.

Cinq brigands les entouraient. Leurs jambes prêtes à bondir, leurs cous braqués, leurs narines frémissantes trahissaient le désir qu’ils avaient d’en finir vite et proprement. Il ne fallut à Sheinji qu’un quart de seconde pour débusquer une menace réelle, car les soudards s’étaient placés avec la régularité sans faille qu’apporte l’habitude et ils tenaient parfaitement leurs armes, dont le gris pâle encore était léché de sang. Le meneur, un grand type musclé à la voix profonde, s’adressa à eux en ces termes.

- OK, voilà le deal. Vous allez nous passer tous les objets que vous avez sur vous, de la bourse jusqu’aux vêtements, en vidant vos poches. Jetez vos armes tout de suite, sinon on vous tue.

(Sheinji)(Articulant sans bruit.) Plus de chakra du tout. Peux rien faire. Débrouilles.

(Rin)(De même.) Archer caché à gauche, buisson. Go.

(Le chef)Haa, ‘faites chier… Pourquoi faut-il toujours qu’ils essayent de communiquer quand même, hein ? Bon, vous avez trois secondes. Uuuuun….

Ils attaquèrent.

Otarin chargea, rattrapa son sabre au passage, et lui fit décrire un arc de cercle, en pleine course. Une tête vola. Un pillard leva une lourde hache de guerre.
De son côté, Sheinji fléchit les jambes et s’élança. Il avait toujours eu une bonne détente ; son saut pirouetté l’amena au loin. Il leva le bras, et la poudre brune qu’il affectionnait, mélangé à son chakra, s’enflamma au vol et fusa droit sur le tireur. Celui-ci jaillit du buisson, qui crâma, et voulut décocher sa flèche ; le Genin, qui avait gardé un peu de poudre dans ses doigts, était parvenu à atteindre le bois tendre qui s’était instantanément embrasé.

Rin avait achevé un dernier ennemi, et s’apprêtait à lancer un Genjutsu. Iji réagit avec une rapidité sidérante, et son kunai atteignit le crâne de l’homme à la hache, qui avait espéré prendre le blondinet à revers. Un coup de poignard lui érafla l’épaule, et il se retourna ; le chef, le seul des bandits encore en état de combattre, le dévisageait. Aussitôt, un élancement violent percuta sa blessure pourtant minime ; avait-il à ce point dilapidé ses réserves qu’il devait maintenant les arracher à la nature ?

Eh ouais mon gars,sourit l’homme. Cette arme est magique, une petite merveille. Il suffit que j’y mette ma force pour que celle-ci atteigne le corps de l’ennemi. Et c’est pas tout…

Il frappa. Sheinji, par réflexe, voulut parer avec son sabre, mais, au lieu du choc qu’il attendait, il ne ressentit rien ; la lame s’était ramollie et tordue comme un fouet, et comme un fouet elle claqua, sinueuse… Mais la blessure qui en résulta fut bien réelle, couronnée par cet éternel élancement.

Otarin, jaillissant de derrière, eut une surprise identique ; il percuta une partie solide du fil, mais le reste perdit sa rigidité et zigzagua comme un serpent, comme mû par une volonté propre, passant outre la garde du sabreur.
Le soleil levant fut le seul témoin de cette scène étrange ; un homme, tenant une lame arquée, les yeux tournés vers deux garçons qui gisaient à terre.

Le soudard eut un rire cruel, son sabre-serpent sifflant la mort et la haine, mais il dut faire un pas de trop, sur une ligne fatale tracée de la main d’une puissance divine, car la terre s’ouvrit d’un coup sans heurt et il tomba d’un bloc, surpris.

Le calme revint.

***

La nuit qu’ils passèrent à ce moment fut l’une des pires de leur existence.

Hayamaru était un ninja précautionneux. Il avait tout simplement tapissé leur route de pièges. Trappes, fosses, mécanismes primaires à activer en deux temps, flèches enflamées ou empoisonnées détruisant au moindre contact, parchemins explosifs et aveuglants, diverses armes et projectiles, sceaux qui ne pouvaient provenir que de sa sacoche trop pleine. C’était une esquive perpétuelle, une danse constante, sarabande mortelle qui ne pourrait finir qu’avec la mort ou l’épuisement des tueurs. Du tueur, en l’occurrence.

Ils vécurent. Les réflexes de Sheinji, et, surtout, le précieux Dojutsu d’Otarin leur permit de s’en sortir encore chauds, vifs et déterminés. Ou presque ; à chaque déferlement qui menaçait de les emporter, la résolution des deux Genins se liquéfiait davantage, laissant place à une morne et stérile résignation mâtinée d’une immense fatigue.

Ils avaient couru toute la nuit, filant sous la pâleur blafarde de la lune. L’astre semblait les avertir d’un danger, duquel ils avaient parfaitement conscience mais qu’ils ignoraient délibérément, faisant fi des forces invisibles qui ricanaient sur leur chemin.
Durant l’une de leurs trop rares pauses, Otarin, entre deux respirations, résuma la situation à Sheinji :

- « Bien sûr qu’il va nous tendre un piège. Un autre. Il nous attend, il guette chaque respiration ; quand nous serons suffisamment affaiblis, il se montrera avec l’intention de nous achever. Il sait que nous sommes trop tenaces pour simplement le laisser partir, alors il a choisi la voie qui satisfaira tout le monde ; apparaître, pour un tout dernier face-à-face, et nous vaincre. »
Ils auraient du examiner la situation, se pencher plus avant sur l’entrelacs de fils spongieux qui formait le nœud du problème. Un bilan véritable leur aurait permis de comprendre l’incompréhensible. Mais quoi ! Ce n’étaient pas des vétérans cyniques et endurcis, juste des Genins.

Ils couraient.

Au matin, ils retrouvèrent la trace de leur ancien camarade. La piste était fraîche, nette, baignée dans une fragrance de sueur et de métal ; Hayamaru sans aucun doute.

Ils trouvèrent son cheval attelé au flux d’une rivière. L’animal tremblait, grelottait, des traces blanches de coups bafouaient la noblesse de sa robe noire. De toute évidence, son maître l’avait plus que négligé. Ce n’était absolument pas dans les manières du sabreur de traiter ainsi sa magnifique monture.

A moins que…

- Mais pourquoi Kuroshi est blessé comme ça ? C’est…
- OTARIN, COURS !


Tout s’effrita, partit en fumée. Des lambeaux de matière jaillirent devant eux, traits sans consistance arrachés à leur socle d’origine. Le son se déchirait, transperçant son répertoire des aigus. Le sol rebondit et roula, précipité comme une bête folle.
La déflagration souffla le paysage.

A travers un abîme de poussière, se dessinèrent des formes. Bientôt, l’applaudissement claqua dans leurs oreilles sourdes, secondé par un rire cruel.

- Hahahaha ! Bravo, vraiment ! Qui aurait cru que cette supercherie grossière aurait pu vous amener aussi loin ! On dit que l’amour rend aveugle, mais c’est sûrement l’amitié aussi, hein ? Gyahahahaha, trop bon !!

Le cerveau de l’aspirant suffoquait, manquait d’air. Quoi ? Comment ? Comment avait-on pu… ?

L’homme continua son discours ponctué de joie sadique, sans que l’adolescent ne lui prête son esprit une seconde. Il sombrait, prenait la mer, voguait sur des flots trop tumultueux pour revenir.

« Je… Pas comprendre. Hein ? Neuf hommes. Et donc, c’est… Chikara. Non, avec du sucre. Je crois que… »
Otarin, lui, était concentré comme jamais.

(Rin) Qui êtes-vous ? Non, je crois que je devine. Vous êtes dans le même camp que ceux qui se sont suicidés l’autre jour, c’est ça ?

(L’homme) Exactement… Une bande d’incapables. Tu auras remarqué que nous procédons avec une tout autre méthode.
(Rin) Nous appâter avec de faux indices qui pourraient nous rappeler notre ami, puis placer des pièges partout autour de nous histoire qu’une fois la nuit passée, nous ne soyons plus en mesure de nous défendre ? Belle méthode, en effet…
(L’autre) Merci. Vous préférez vous rendre ou essayer inutilement de résister ?

L’apprenti se mit à rire et cracha un long jet brun au pied du traître.

- Tu te fous de moi ? De toute manière, vous allez nous tuer, alors… Bien sûr qu’on va se battre, espèce d’imbécile.
- Hum hum, comme tu veux...


Et ils perdirent.

***

Noir. Noir sans fin. Toujours, la première lueur qui nous assaille quand nous revenons d’un évanouissement est l’obscurité.
Le sol était dur et humide, mais rien ne cuisait plus la peau que les liens qui les enserraient. La cellule était sans âme, nue et sordide comme un tableau de métal. Ils prirent leur temps pour se réveiller, comprendre qu’ils n’étaient pas encore morts et qu’ils allaient mourir, puis la porte s’ouvrit et quelqu’un entra.

Cet homme n’avait aucun interêt, il était né pour servir et parfaire les volontés des autres, cependant, même un imbécile comme lui sut frissonner en voyant une dureté pareille dans l’œil des captifs. Il eut un instant d’hésitation, leur délia les jambes, puis se mit en route sans vérifier qu’on le suivait.

Aurait-il seulement pu en être autre chose ?

Le Maître –et dans son esprit bas, la majuscule suintait de fange- voulait déplacer les prisonniers, pour les conduire à un endroit où l’interrogatoire serait facile, plus long et horriblement douloureux ; ces gamins en avaient conscience, on le voyait à leur façon asphyxiée de bouger, au mutisme étranglé qu’ils gardaient en toutes circonstances. Le destin avait mangé leurs ailes, papillons ayant trouvé sans le vouloir la lumière qui leur était défendue. Evidemment, ils comprenaient ; qui mieux qu’un condamné sait voir la fin trop proche ?

Quelques soldats les rejoignirent, pour assurer le déroulement de la marche. Leur férocité était égale à la déprime des autres. Ils étaient six âmes, deux enfants, à peine une seule loque humaine.
Les cieux n’attiraient pas leurs cous, les racines tenaient leurs pieds sans leur faire mal ; ni les ébats des bêtes sauvages ni la morsure des intempéries n’intéressaient cette immuable procession. Ils ne s’arrêteraient pour rien au monde, pourtant, ils s’arrêtèrent.

Intrus. On ne pouvait définir mieux que par ce mot ce que cette personne faisait ressentir aux autres.
Intrus : en deça de l’intégration. Être n’appartenant pas à un groupe, à une société, mais tentant de le faire sans que l’’on veuille de sa présence.

Intrus, adolescent d’un mètre soixante dix-huit, aux cheveux blancs et à l’iris d’un gris acier.
Comme la lame qu’il pointa en direction du premier garde.

***

- Relâchez-les.

L’ordre avait été dit d’un ton sans appel, presque badin. Le militaire de tête, pressentant un danger dans le calme inébranlable du balafré, voulut porter la main à son sabre. Clac ! Une respiration plus tard, il s’écrasa au sol. Un autre reçut un coup sur la tempe sans qu’il ait commencé à bouger, et le dernier, littéralement évacué par une Répulsion, s’enfuit sans demander son reste.
Les Genins restèrent silencieux.

-Je vous ai sauvé. Le deal, c’est qu’en échange vous me laissez tranquille. Oubliez ce qui me concerne, passé comme futur, tout. C’est un peu deux vies pour deux vies... ça marche ?

Ils ne le regardèrent même pas, et, pendant une seconde, le spectre du silence laissa son soupir s’étaler, étayé par le vent qui soufflait sans trêve. Enfin, Sheinji prit la parole. Ce fut très bref.

-Va crever.
- Sans moi, vous seriez mort. Tu t’en fous ?
- Personne ne t’a demandé d’intervenir. Il paraît que t’es assez grand pour savoir quoi faire de ta vie.
- Je te dis que…
- Pousse-toi !


Le premier des hommes de paille, revenu des affres de défaite, avait tendu son arc court : d’une flèche pointue comme un ergot, il désignait Hayamaru. Sheinji projeta le déserteur au sol en plaquant les mains sur son ventre, et, d’un coup de poing, réduisit l’impudent au silence. Alors, il toisa son ancien compagnon.

- Héhé… Si je n’avait pas été là, ton cœur ne serait plus qu’une pointe de cinq centimètres, maintenant. Oublie les dettes, et considère que personne ne se doit plus rien. On peut…

Il se tut.

Le ninja, invisible dans l’air environnant, les avait quittés.

Lorsqu’il fut sûr que son ami ne les verrait plus, Sheinji se tourna vers le garde ; celui-ci avait le visage d’un gosse blond et presque émacié.

(Lui)(Sans se masser la joue.) Pas mal, mon Henge, non ? N’empêche, tu devrais travailler tes frappes, Iji ; celle-là m’a à peine sonnée.
(Sheinji) Ce qu’il y a de bien avec lui, c’est qu’il suffit d’un peu de Genjutsu pour le blouser.

Radieux, il exhiba son butin, dérobé à son confrère quand il lui avait évité la flèche ; un petit wakizashi de 40 cm de long, dont la tsuba, en forme d’étoile, était un sceau qui stockait toutes les armes de son propriétaire. Il glissa l’arme dans la gaine qui pendait à sa ceinture, pour remplacer son propre sabre qu’il avait donné à Maru, agrémenté d’un nouveau Henge.

Le sabreur souhaitait les rayer de sa vie, pourtant il serait forcé de les revoir…

Et de rentrer à Chikara. Avec eux.

Non mais.

Dès lors, ils adoptèrent un mode de vie nomade, se déplaçant par petits bouts pour éviter que le bretteur ne les retrouve. Leur itinéraire n’obéissait à aucun ordre précis, ils vagabondaient purement et simplement, affinant leur stratégie et reprenant des forces – avec le sabre, cinq pilules de chakra avaient été volées- en attendant le jour du combat.
Pourtant, ils arrivèrent bientôt aux portes d’un petit hameau, du nom de Path, célèbre pour les largesses de sa gastronomie. Tout était calme, étrangement paisible, comme si, ivres des caresses d’une nuit trop longue, les habitants avaient décidé de s‘endormir. Tous, tout seuls, et à tout jamais.

Nulle fumée ne s’élevait dans les airs. Aucun animal domestique ne gémissait. A mesure qu’ils s’approchaient, les Genins comprirent l’étrangeté de la situation.

Il n’y avait personne pour défendre l’entrée, personne dans les maisons et dans les rues… Rien que les claquements sourds de leurs bottes, et la flamme tombante de leur fatigue. Agacés, les aspirants tendaient à rebroussaient chemin, quand un sanglot monta d’une travée voisine. Ils découvrirent une femme, âgée plus que de raison, prostrée au devant de ce qui avait pu être une tombe. Levant les yeux vers eux, elle les salua sans sourire, puis se remit à hoqueter.

(Ji) Hum, madame… Désolé de vous déranger, mais il n’y a pas un chat dehors, et on aimerait bien savoir pourquoi ils s’acharnent à fuir les étrangers.

De fait, il était hors de doute que, même caché, il y eut âme qui vive à Path. Continuellement, les allées bruissaient de rumeurs et de chuchotements terrifiés ; on entendait des bruits de pas, des bruits de forge.

(La vieille) Allez-vous en. Ce qui se passe en ces lieux n’est pas votre affaire. Vous risqueriez de vous attirer des ennuis.
(Rin) C’est déjà fait. Le truc, c’est que nous sommes à court de vivres, et les alentours grouillent pas de trucs à becqueter. Si il y a bien des gens ici, vous devez nous dire où ils sont.
(Iji) En fait, comme on a pas d’argent non plus… (ils avaient été dépouillés par leur agresseur.) On est même disposés à s’occuper de vos problèmes. Si c’est à la mesure de nos moyens, bien sûr.
(La vieille) Mais non, ça ne l’est pas. Que pourraient faire deux étudiants miteux comme vous ?
- C'est-à-dire… (Rin gonfla la poitrine, prêt à souffler le mensonge) nous on est des Chuunins, ma bonne dame.

L’antiquité parut hésiter un instant ; sa bouche s’ouvrit sur le O de négation. Et puis, elle décida que le village avait assez souffert comme ça, et que si ces gnomes dépenaillés n’en sortaient pas vivant, il ne serait évidemment plus question de leurs honoraires. Sachant qu’ensuite on pourrait toujours les arnaquer.

Eh oui, on était pas loin de Nobeoka quand même.

***

Ils furent reçus par une foule de gens. Des petits, des gros, des grands, des chauves, des touffus (aaaargh !) des lépreux, des pas lépreux, des normaux et des monstres… Tout ce qui caractérise l’humanité, en somme.

Les questions furent aussi nombreuses que ceux qui les posaient, et, après avoir patiemment repris, pour la quinzième fois, l’histoire de leur aventure, ils se plurent à varier un peu. Oui ils venaient de loin, non de plus loin que ça, oui un peu de glace au citron s’il vous plaît. Oui ils maîtrisaient la technique de l’Ouragan Mortel des Sept Supplices, qui déchirait le corps des ennemis en pleeeeein de bouts avant de les envoyer valdinguer. Ouais, en fait, c’étaient eux qui l’avaient apprise au Chikage, Kuroda, quand il était encore gamin, puis qui avaient quitté leur poste le jour où c’était devenu trop facile. Mais bon, on va pas ressasser le passé non plus, on est surtout là pour le travail… D’ailleurs bon, en parlant de ça, il est où le type à buter ?

Là, l’assemblée fut d’un coup beaucoup moins communicative. Le chef, un nain aux yeux perçants, leur expliqua calmement la situation.

- Il est apparu il y a trois mois. Aucun d’entre nous ne l’a jamais vu, d’ailleurs, et on dit que ce n’est pas un combattant ; ce qui est clair, c’est que cet homme fournit leur matériel aux bandits qu’il recrute, et vit des rafles menées par le groupuscule. Ils ne sont pas nombreux, et nous serions capables de les vaincre si leurs armes n’étaient pas si… imprévisibles.

(Rin), pensif. Et c’est pour ça que tout est désert ? Vous vous planquez ?

(Le chef) Bien sûr… Nous sommes sans défense face à eux. Plusieurs bourgades ont déjà été dévalisées. Les gens ont peur… (Il se pencha vers eux pour une conversation secrète. ) et ce n’est pas bon pour mon mandat. Je perds des électeurs à chaque raid de ces brutes. Vous devez tuer leur meneur et mettre la main sur l’armement ; ils n’oseront pas s’en prendre à nous sans leur fichu barda magique.

- Hep, hep, hep,Sheinji s’éclairçit la gorge.Avant de penser à l’objectif, j’aimerais qu’on parle du payement. Inutile de vous dire que ça ne sera pas gratuit.
- Assez d’argent et de vivres pour pouvoir subsister un mois durant.
- Et trois chevaux. En bon état, bien sûr.
- Trois ?
- Disons que nous passerons prendre quelqu’un, au retour.


***

- T’as fumé ou quoi ?demanda Otarin à Sheinji alors qu’ils passaient les portes.Comment tu veux qu’on réussisse à infiltrer un repaire de pillards, espèce de baltringue ? Et puis, cette histoire de trois chevaux, c’est naze ! Hayamaru a Kuroshi, je te rappelle, et il est hors de question qu’il s’en sépare. Quoi ? Pourquoi tu rigoles ?
- Mon pauvre Otarin, la monture supplémentaire n’est absolument pas pour lui…
- Euh… Tu comptes ramener le maire du village ? Fais ce que tu veux, mais il doit grave puer des pieds… T’as vu ses sandales ?


Sheinji soupira. Pourquoi fallait-il que son meilleur ami soit un type avec un Q.I de moule ? Non, sans déconner, ça devenait préoccupant.

Il suffisait de réfléchir un peu. En poursuivant leur sensei, ils avaient été pris au piège par des soudards. L’un d’eux avait une lame qui transformait l’énergie en blessure, et qui pouvait changer à volonté sa forme. Pourquoi ce sabre ne proviendrait-il pas du mystérieux forgeron, qui terrorisait le village de Path ? En fait, ce type n’était sans doute pas un inconnu. Le Genin pensa à son sabre, toujours aux mains d’Hayamaru. S’il avait raison, l’arme retrouverait bientôt son créateur…

Ils marchèrent deux jours durant. Leurs blessures s’étaient maintenant résorbées et un courant de chakra régénérateur coulait dans leurs muscles guéris. Ils étaient en forme, confiants et préparés, ce n’était pas une vulgaire bande de dépouilleurs qui les expédieraient dans les songes !

C’est ce qu’ils croyaient du moins.

Arrivés au repaire, ils déchantèrent nettement plus.

Dissimulés à bonne distance, sous couvert des branchages, comme tout bon shinobi sait le faire, ils considérèrent avec appréhension le bâtiment ceint d’une épaisse façade, bien gardé, percé de meurtrières et d’espaces reclus, grandi d’étages et même allongé d’un canon, que les villageois leur avait décrit comme une paisible gargote déserte à peine surveillée.

Zut de merde.

N’existait-il pas en ce bas monde un client qui ne mente jamais quant à la nature de ses requêtes ? Le message était clair : « crevez ou réussissez, perdez un bras ou une jambe, mais soyez sûr qu’on se fout bien de vous et allez vous brosser pour le flouze. » Plus jamais ils ne feraient confiance à ces gens.

Otarin résuma très bien les pensées métaphysiques et supérieures qui taraudaient l’esprit torturé du coloriste.

- Hum… et on fait quoi ? Non parce que si t’as un plan d’enfer, quelque chose de grandiose qui nous assure une victoire éclatante et les laisse tous raides et sur le cul, n’hésite pas. Toi qui étais si sûr de toi à notre départ, tu dois bien avoir une idée aussi géniale que celle qui t’a fait accepter l’offre de ces bouseux, non ?
- Tais-toi sale face de poulpe. Je réfléchis.
- Ouais ben prends ton temps, c’est pas comme si y’avait l’autre abruti à aller chercher derrière. Bon, pendant que tu t’uses les méninges à nous extirper de cette situation merdique dans laquelle c’est encore une fois toi qui nous a conduit, je vais faire un somme. Bye.


Sheinji resta seul, les neurones au bord de l’explosion. En combat comme ailleurs, il parvenait à tirer son épingle du jeu rien qu’en élaborant des plans complexes, tissés brin par brin, mot par mot, sensation par sensation : jusqu’à ce que la toile, solide et infaillible, surplombe l’ennemi de toute sa hauteur, et l’engloutisse sans qu’il ait eu le temps de dire ouf.

Oui, le Genin n’était pas peu fier de ses plans… Mais il devait avouer une certaine tendance à la panne, devant un adversaire aussi féroce que ce bastion.

Il ne trouverait pas.


Dernière édition par Otarin le 7/11/2010, 21:18, édité 1 fois
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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Otarin 7/11/2010, 20:14

]- J’ai trouvé !

L’orphelin jubilait. Génial ! Génial ! Cette fois, l’enchevêtrement des actions avait été calculé avec une minutie implacable. Ce complot était un chef- d’œuvre, un monument de la stratégie ; personne, pas même les victimes, ne pourraient y trouver à redire.

Il considéra la silhouette avachie sur un orme, et la releva d’un coup de pied. Le blondinet tiqua à peine, et réagit encore bouffi par le repos.

- Meeeuqwaaaah ! Gnesgya ?! Bourkoi du bn’réveile engore ?

Ce qui, en langage courant, signifie : « Cher camarade, je ne comprends pas le motif de cette agitation. Auriez-vous l’extrême bonté de m’obliger en m’inculquant séance tenante le but de vos gesticulades ? » ou mieux : « Putain, casse-toi. C’est la cinquième fois que tu le fais en un quart d’heure. »

- Nan mais cette fois ça y’est !exulta Sheinji. Ecoute, tu vois les lanternes qu’ils ont accrochées au poteau ? On arrive avec un Henge, en se faisant passer pour des vendeurs de lanternes. Ensuite, une fois qu’on les a ameutés, il suffit de trafiquer ces chers bidules, en y plaçant bien entendu des petites bombes, et…

- Sheinji, va dormir.

- Mais quoi ! C’est parfait comme plan ! C’est la phase ou on passe par les canalisations qui te rebute ? T’inquiètes, j’ai tout prévu ; si dans le contrat on rédige une clause d’assurance, on…

- T’as toujours le chic pour les manipulations à quarante niveaux, je vois.


Ils se retournèrent sans surprise. Bien sûr qu’il était là. Depuis le début il avait toujours été là.

- Et tu nous observes depuis combien de temps comme ça ?

- Pas mal en fait
, répondit Hayamaru avec calme, mais je ne vois pas trace de mon wakizashi.
- Je l’ai caché, qu’est-ce que tu crois ?
- Rends-le moi. J’en ai besoin.


Un air de défi brisa la neutralité dans les traits du Genin. Il fit un signe discret à son compagnon, et ricana :

- Pourquoi tu ne viens pas le chercher ?

Hayamaru bondit. Sheinji eut juste le temps de saisir une arme, gracieusement offerte à Path, pour éviter que l’acier ne l’assomme. Au bout de deux échanges, sa garde lâcha. Le Chunin triomphant leva son katana…

… Pour parer le coup qu’Otarin, immédiatement changé en Akira, lui balançait. Sans se démonter, il maintint son opposant en respect par le danger criant d’une botte fluide, puis plaça une Frappe Cyclone qui propulsa le blondinet dans la boue.

Ensuite, il éventra le clone rempli de Jaune adressé par Iji, et contra magnifiquement un senbon dont la couleur Ralentissante avait bouleversé le timing, plus le shuriken du dessous, qui lui allait très vite. Enfin, il garda contenance en découvrant la limaille de fer qui scellait les trois armes ensembles, et déchira d’un coup de kunai le parchemin explosif caché dans la ferraille qui s’apprêtait à exploser, tout en évitant pour la forme les mines d’eau qui sautèrent sous lui.

L’ennui avec les amis de longue date, c’est qu’ils finissent un jour par se connaître.

Cheveux-blancs s’assit ; la non acceptation de la douleur était l’un de ses points faibles, et il devait soulager sa jambe gauche, mise à mal par les détonateurs liquides. Il passa une main lasse sur son front, et invectiva ses anciens disciples.

(Lui) Bordel, on en finira pas… C’est quoi, là ? Vous savez très bien que je peux vous défoncer d’une main sans utiliser de techniques. Si vous ne me filez pas mon wakizashi rapidos, ça va vraiment mal aller pour vos gueules !
(Rin) Arrêtes, tu bluffes. On sait très bien que tu ne nous tueras pas.
(Haya) Pas besoin d’en passer par là… Il y a pas mal de moyens de calmer les gosses sans pour autant leur plonger la tête dans de l’acide.
(Iji) Ouais, t’en sais quelque chose, hein ? Ne jamais faire de mal à personne… Toujours, partout, rester droit… Peuh !
(The Traître) Ta gueule. Tu crois vraiment que c’est mieux, de massacrer sans ciller chaque personne que tu rencontres ?
(Ji) Je sais pas si c’est mieux, mais ça permet de rester en vie.
(Rin) D’après toi, tu seras à l’abri du meurtre, à Arasu ? Même le taré qui possède ton corps est moins con que toi, en fait.

Sur ce, le blond (enfin Akira, l’être nuisible qui, lui aussi, scindait en deux l’âme de son hôte) acheva les signes qu’il avait subrepticement composés pendant le dialogue . A n’en pas douter, il donnait forme à un Genjutsu, et cela ne fut pas au goût de sa cible, qui se rua sur lui.

Alors, Hayamaru aperçut, entre les branches d’un saule lointain, l’éclat doré du fil de son wakizashi.
Distrait, il prit un temps de retard sur Sheinji, qui l’aborda le Rouge au poing comme aux yeux. Il valsa, se ressaisit en grimaçant, et projeta l’aspirant sur son complice d’une Préhension particulièrement puissante. Les adolescents roulèrent enchevêtrés sur plusieurs mètres.

Le Daihoshi filait comme le vent, bien trop rapide pour qu’aucun Genin puisse le suivre. Il voyait les contours des arbres se préciser ou s’allonger autour de lui à mesure que ses pas fauchaient le sol. Il était lancé comme une flèche, impatient de s’enfuir à nouveau, pourtant il parvint à s’arrêter net. Devant lui, cachée par un renfoncement pierreux, une mare.
Et dans la mare, immobiles, trois immenses sauriens le regardaient.

Il hésita. Un kunai passa près de lui ; Otarin n’avait pas abandonné la course. Un autre partit dans les airs alors qu’il contournait le lac, puis un dernier, miraculeux, frappa avec force le sabre court en équilibre précaire sur une branche.
L’arme vacilla, tituba, prit son envol.

Dans les qualités requises pour être Chûnin, il y a évidemment la rapidité de rédaction. Les chefs veulent être certain que les nominés sauront fournir un soutien valable lorsque ils se trouvent en situation de crise.
Et trois reptiles prêts à croquer la moitié des ustensiles de votre répertoire en même temps qu’un fragment de fer gris qui chute en tourbillonnant vers le lac, constituent une de ses situations.

Un kunai fusa, perçant l’écorce vieillie du saule. La chaînette reliée au wakizashi se tendit, portée par la tige métallique ; le balancement de la tsuba prit fin.

Son propriétaire prit rapidement conscience de quelque choses : Tout son corps le poussait, l’attirait vers l’aiguille qui venait de quitter sa main, sans qu’il puisse opposer que quelconque résistance ; c’est dans les airs qu’il poursuivit son avancée. Il eut un moment de surprise en découvrant la petite croix rouge atteinte par son kunai, un siècle d’horreur en entendant le bruit trop creux du tronc. Celui-ci le gratifia d’un long « Tic-tac » sardonique et, tout simplement, explosa.

Rien ne fut épargné. Même les crocos, blottis dans leurs recoins de boue, eurent une convulsion interrogatrice qui fit écho à celle de la végétation. Une épaisse fumée sema la zizanie parmi les êtres.

Deux formes dissipaient le brouillard.

(Iji) Otarin, tu le vois ?
(Rin) La brume me gâche un peu la vie, mais je crois qu’il y a un corps étendu sur la droite… Par contre, impossible de dire si c’est un clone.

Ils progressaient en tâtonnant, parés à un revirement de leur domination et sur leur garde, pourtant ils sursautèrent lorsque la voix de Haya retentit.

(Lui) Pas mal, c’est vraiment pas passé loin… Vous m’expliquez ?
(Sheinji)(Conscient qu’il avait perdu le combat.) On a pris le temps de tout préparer pour ta venue… Le saule était piégé, le sol tapissé de limaille de fer surpuissante, dont Otarin t’a couvert avec ses mines d’eau. Ensuite, c’était un looong calcul de notre part ; endolori, tu t’es assis à l’endroit voulu, bourré jusqu’à ras-bord de limaille, et puis tu as eu ce geste de passer la main dans tes cheveux, que tu fais si souvent d’habitude pour te recoiffer… Tu t’en étais mis partout. Après, tu as lancé ton arme pour éviter que le sabre ne s’enfonce, et la limaille t’a aspiré jusqu’au tronc piégé, et là… Boom.
(Haya) Héhé, je comprends mieux pourquoi mes armes me serraient… Il m’a fallu une bonne dose de chakra pour lancer ce putain de kunai.
(Rin) On s’est décarcassés comme pas possible, et tu esquives tout par la Substitution. Raaah.

Les Genins restaient impassibles, mais une pointe de soulagement perçait. Leur ami n’était pas le type glacial et désespéré qu’ils avaient cru poursuivre ; seule l’exercice de sombres pensées aurait fait de lui une épave, et il avait encore trop d’énergie pour s’y prêter. A moins qu’il feigne d’aller bien pour se débarrasser d’eux plus vite ; ses traits tirés, ses cernes plongeants, étaient pour accréditer cette théorie.

Il n’y avait pas de quoi triompher ; malgré tous leurs efforts, le bretteur avait récupéré son dû. Ils n’avaient pu empêcher leur ami de parvenir à ses fins, et risquaient de payer à cette négligence un lourd tribut de tristesse. Hayamaru allait partir, disparaître de leur vie pour de bon, sans même les gratifier d’un mot d’adieu.

(Sheinji) J’imagine que tout ce qu’on pourra te dire ne servira à rien ?

Leur ami acquiesça. On voyait entre ses prunelles un désir brûlant de les quitter, et de couper court à la longue dispute qui s’annonçait : ils ne pourraient pas le comprendre, lui ne chercherait pas à le faire, de cela ne pouvait sortir que plus de frustration encore.

(Sheinji) O.K, écoute ça… Que se passera t-il si tu nous quittes ? (il suivit le regard du décoloré, devina sa pensée et sourit.) Tout juste. Nous allons infiltrer le bastion ; après tout, telle est notre objectif, n’est-ce pas ? Problème, il est bien mieux protégé que ce que nous avions prévu. Un ninja de ton rang doit pouvoir se rendre compte des risques d’une opération pareille.
(Lui) Deux aspirants de moins à Chikara… Personne ne remarquera la différence, j’tassure.
Son ton était sans émotion, mais Iji éclata de rire. Depuis le temps, il avait appris à décoder les types de sang-froid que présentait un individu naturellement calme ; un bluff de cette facture ne fonctionnerait pas sur lui.
(Himself) Tu sais qui nous a commandé cette mission ? Des trouillards de civils, planqués derrière les murs d’une ville fantôme, parce qu’ils ne peuvent rien faire contre les attaques d’un groupe de coupe-gorges, qui déferlent d’ici. Ils crèvent de peur, terrés, tremblants, attendant avec angoisse la prochaine arrivée des pillards… Et ils sont loin d’être les seuls sous la menace.
(Rin) Tu es prêt à laisser mourir deux personnes de ta connaissance, mais si trois cent gamins comme nous trouvent la mort, ou une vie misérable de terreur et de fuite, simplement à cause de ta décision… Tu pourras vraiment te regarder dans une glace, tous les jours ? Prétendre que tu es intègre et pacifiste, que tu ne manques jamais à ta parole et que l’on peut avoir confiance en toi ? Si oui, casse-toi tout de suite, tu me dégoûtes.

Le Chûnin soupira, et étira sa bouche en une faible parodie de rire.

-Bon Sheinji, explique-moi voir ton plan avec les lanternes, là…

***

Neuf heures. La nuit chut entre les branchages, colmata les interstices des vieilles pierres, recouvrit le jour par une mousse épaisse et mystérieuse qui collait aux doigts sans les toucher. Le guetteur en faction devant la porte du Fort bâilla à s’en décrocher la mâchoire, se gratta très peu élégamment à l’entrejambe, et alla trouver le commis suivant afin de lui confier la surveillance.

Il fallait agir.

Au loin, dans le silence où l’on s’attend à tout, filèrent quelques bruits de lutte qui cessèrent très vite. La figure rondouillarde et empâtée du garde corvéable apparut ; suivie par un corps replet, elle se plaça au même endroit que la précédente vigie, qui poussa un soupir de béatitude.

Rien d’anormal, en apparence.

Au bout de quelques minutes, le gros homme, qui avait commencé à somnoler, sentit une vive chaleur monter le long de sa cuisse. Baissant les yeux, il découvrit que tout un pan de jardin était déjà la proie des flammes. Il poussa un hurlement perçant, et se mit à courir, gesticulant comme un possédé :

- Aaaaaaaargh ! Au feu !! La porte est en flammes ! Sauvez-moi, je crââââme, vite !!!
Otarin se permit un petit rictus ; il était constamment dans le rôle de la victime. Il laissa le rouge prendre l’ascendant qui lui était dû sur le vert, l’y aidant par jets de poudre brune et inflammable, puis réitéra son appel ; une tête curieuse lui répondit, ouvrit bientôt des yeux immenses.

Tout de suite, les hommes affluèrent. Ce ne fut plus que cris furieux, gestes ratés, eau lancée à la hâte, imprécations sans fondement et bousculades nocives. Action.

Puis coursives désertées.

***

Loin, oh ! bien loin de l’agitation qui troublait l’air, un homme se tenait assis, en tailleur, les yeux fermés dans une expression indéchiffrable. Il avait l’air absent, effacé, comme s’il avait eu toujours moins de substance que les forces qui tourbillonnaient autour de lui sans cesse ; en fait, il passait pour si détaché du monde qu’un œil avisé n’eut su dire s’il était en vérité profondément songeur ou tout simplement endormi, porté par une bienheureuse absence.

Il tendit la main à la lueur de la lune ; l’alchimie de son visage se modifia pour laisser place à une mimique sérieuse. Après l’abstention, c’était la Volonté qui plaçait ses gants de fer entre les commissures de sa bouche, sur les paupières, dessous les recoins des lèvres ; la concentration la plus intense était son lot, sa croix, et les lettres du désir prirent leurs mesures sur ce visage autrefois si noble.

Un œil déchira la nuit. Jaune, cinglant, l’œil acéré d’un rapace. La bête hulula, cri lugubre, et prit position à côté de l’homme.

- Beau travail, lui dit celui-çi. Il va sûrement falloir faire d’autres voyages, mais l’essentiel est là. Le temps file, bien que nous l’ayons encore en notre faveur ; avertis-moi quand tu auras fini de tout stocker. Je me débrouillerai comme je peux après le signal…
- Bien reçu,
répondit l’oiseau.

***

Invisible, furtif monceau d’absence et d’inaction, un bonhomme maigre et chevelu progressait entre les portes ouvertes. Les braillements éclataient, les hommes mugissaient, tout à cet endroit rappelait le nom du Chaos, mais lui était intouchable, comme le caillou qui glisse entre les flux des marées et qui finit seul et sans blessures, porté vers des rivages plus amènes. Le vent écaillait sa peau tendue par l’effort de la course, sans que personne ne vint se placer devant lui ; cet énergumène avait l’attitude calme de celui qui ne se fera jamais prendre.

Il dépassa une grappe de soudards qui ne lui prêta pas la moindre attention, zigzagua entre les murs, louvoya dans les travées ; puis, dans une zone où le danger était plus grand, il se laissa tomber contre les parois, et fit son morceau de chemin à tâtons, replié et attentif.

Sa respiration se fit ample ; un regard l’avait croisé, mais le visage était souple et lisse, ne trahissant aucun signe de surprise. L’enfant marcha à petits pas précis, se cala dans l’angle d’un mur pour écouter la conversation de deux gardes, les seuls ou presque à n’être pas accaparés par l’incendie. Se croyant solitaires, ils devisaient avec confiance :

- … Et je ne vois pas pourquoi ça serait lui et je trouve ça injuste. Qu’un crétin comme Morgan puisse utiliser la meilleure arme de notre stock, ça me noue les tripes à un point ! Je vais devoir attendre un mois avant la prochaine distribution.
- Boh, tu vas peut-être tomber sur un pouvoir sympa, qui sait ? Une épée qui frappe à distance ou un bâton magique ? Tu n’as qu’à demander au chef.
- Lui ?
(il ricana.) Arrête ! Il bosse avec nous depuis pas mal de temps maintenant, et il n’a montré son visage qu’aux pauvres cons qui lui apportent de la bouffe. Alors, exiger qu’il se dérange pour fournir à ses gars un équipement plus cool, tu rêves !
- Peut-être n’y a-t-il pas besoin de le déranger…


Le militaire avait un air de convoitise. Subrepticement, il dévoila un petit objet de cuivre jaune, dont la fonction ne faisait plus aucun doute, puis la remit dans sa poche, empressé, regardant fréquemment derrière lui. Sheinji pria le ciel pour qu’on ne le découvre pas maintenant.

- Mais c’est… La clé de la salle d’armes ! Comment tu l’as eue, mon salaud ?
- Ces imbéciles courent partout à cause de l’incendie. Ils n’ont même pas pensé à vérifier si le trousseau était à sa place. La prochaine attaque est dans six jours, personne ne remarquera rien. Ça me laisse largement le temps de faire ceci…


Il sortit de sa poche un sachet de pâte brunâtre, dans laquelle il imprima adroitement la forme du passe-partout. Il eut un sourire de triomphe qui refléta celui qu’eut le Genin au même instant ; Iji avait parcouru tout le bâtiment désert, écouté chaque mot, pillé chaque phrase, mis à sec tout ce qui se tramait à l’intérieur du Fort vulnérable, quand tout ceux qui souhaitaient dépasser les autres auraient quelques choses à lui offrir… Autrement dit, il avait profité du moment ou les conspirateurs agiraient pour glaner des informations susceptibles de lui être efficaces… Sans succès jusqu’à maintenant.

Sa cible s’éloigna en sifflotant, portée par les exhortations de son camarade, ignorant pour son malheur l’ombre qui cala ses pas sur les siens ; le type prit tout son temps pour rapporter la clé à son trousseau, et remettre ce qu’il avait volé en place.

La suite se déroula trop vite pour lui.

Iji traîna le corps jusqu’à une fenêtre, ahanant de douleur, puis l’envoya rouler dans les massifs. Le soir recouvrit promptement le cadavre, et acheva de rassurer le Genin. Il n’avait plus qu’à donner le signal de l’attaque…

… Et Blondinet allait avoir une grosse surprise.

***

Otarin eut un sursaut et regarda le ciel. Il était allongé dans l’herbe humide, près de son ami aux cheveux blancs, guettant ce qu’il y avait à guetter. Ils étaient seuls dans la lande étirée, baignée par un vent frais et agréable. Un sourire énigmatique fleurit sur le visage d’Hayamaru.

- Tu as entendu ?
- Quoi donc ?
- Ben ce truc, là… Le hurlement de loup.
- Ça…
(haussant les épaules.)T’inquiètes. Je parie mon bras droit qu’aucune bestiole ne viendra nous faire chier cette nuit.
- Et pourquoi ?
- Tu ne t’es pas encore demandé si ce cri, c’était le signal ?



***

Iji courait. Des trombes d’un vent glacé glissaient partout autour de lui. Il était seul, et derrière lui suivait la multitude.

-Au voleur ! Rends-nous ce sac ! Allez !

Stupide. Quel intérêt retiraient ces soudards à brailler comme des veaux ainsi ? Ils avaient pertinemment conscience du fait que, si le sac contenant toutes leurs armes avait été dérobé, l’auteur du forfait était parfaitement résolu à en affronter les conséquences. Le Genin ne s’arrêterait pas, quelque soient les mots qu’on pourrait dire. Le fer cliquetait sous la toile, arrachant des cris de fureur à ses poursuivants. Ils avaient finalement fini par maîtriser la colère des flammes…

Il était serein. Dans sa vie, le jeune homme avait eu à faire avec nombre de situations semblables. C’est de là qu’il tirait la fluidité de sa course.

Il espérait juste que les autres seraient prêts à temps…

***

Souffle d’air. Otarin se baissa, laissant le coup de lame passer à quelques centimètres de sa tête. Feintant du poing, il balaya les jambes qui lui faisaient face, laissant son adversaire rouler pathétiquement dans le gravier, et lui porta un violent coup de pied à la face. Il eut à peine le temps de lever son arme pour parer une autre qui arrivait, reprit le dessus par un enchaînement bien mené et frappa au cœur. Le sang rouge donna à son T-shirt un air de tulipe.

Après quoi, le cœur battant, il se dirigea d’un pas rapide vers un étrange escalier de pierre, râpé et biscornu, qui menait à une salle élégamment éclairée malgré des meutes de poussière. Le canon, qui pointait entre l’une des nombreuses fenêtres de l’ensemble, était rempli à ras-bord de sacs blancs. Rin s’avança et cria au milieu de la salle.

- Hey, Haya ! J’en ai fini avec les gardes ! Et toi, c’est bon de ton côté?

Une tête sortit alors du monde, puis un bras, un pied, une jambe, bientôt tout le corps d’un escrimeur apparurent sous les yeux blasés de l’aspirant. L’invisibilité, ruse vieille et démodée mais toujours efficace ; Haya ota une mouche de son veston et répondit :
- Ouais, tout est chargé. Je pense qu’on peut passer à la phase finale. Et l’autre, il en est où ?
- Sheinji ? Il devrait pas tarder s’il s’est pas fait prendre. Attends au moins qu’il se pointe avant d’allumer la mèche.
- No souçaille, on a tout notre temps. C’est pas comme si trente gars armés et furieux pouvaient débarquer ici d’une minute à l’autre.
- C’est flippant quand tu dis des trucs comme ça avec un calme pareil… Oh, le colis arrive, on va pouvoir se servir. Chouette.


Une forme sombre bondit alors à leurs côtés, et l’invocation du Kageniwa apparut. C’était un loup gris de taille modeste, au regard d’un magnifique brun sombre dont la flamme opalescente semblait être celle d’une bougie. Son pelage tombait noblement sur ses flancs, en poils courts et ras, et la mâchoire de l’animal était garni de crocs impressionnants…

Ceux-ci, resserrés autour d’un sac plein d’armes belles et rutilantes.

Les shinobis, en bon professionnels, éventrèrent avidement la toile beige et se saisirent des outils de guerre qui se présentaient à leurs yeux. Les lames étaient d’une qualité diverse, et si certaines n’auraient trouvé leur place à l’arrière boutique d’un artisan de seconde main, d’autres surclassaient gaiement les meilleurs forgerons du Yuukan.

- C’est remarquable… chuchota Hayamaru. On dirait que ce fabricant avait entreposé dans la salle ses pires ratés avec ses plus beaux chefs-d’œuvre. Regarde ce fil là, il est tout simplement parfait…

Oui, bon.
Otarin toussota. Désolé de briser le moment d’extase du connaisseur, mais faut vraiment qu’on y aille.
- Incroyable, une garde aussi belle…

-Rhoooooo… »



***


Les hurlements sonnèrent longtemps à ses oreilles, mais il n’était déjà plus retrouvable. Un fumigène avait suffi à le dissimuler, et le groupe avait perdu sa trace. Il était maintenant gris et blanc, indissociable du mur qu’il avait choisi, intraçable dans la moiteur humide que dégageait l’amas de pierres.

Le Genin resta sur le qui-vive, préférant rester inactif jusqu’à ce que s’évanouissent au loin les vociférations des soldats ainsi qu’eux-mêmes. Lentement, il se leva de l’indolente torpeur ou l’ombre bienfaisante du mur l’avait lové. Il s’agissait maintenant de retrouver les deux boulets qui finiraient avec lui le boulot restant.

Il vida son sac, un ramassis de bibelots ferraillés, camelote sans valeur ni but dont la seule fonction était de tinter suffisamment pour duper d’éventuels combattants quant au contenu du bagage ; la chose admirablement faite, le contrat honorablement rempli, et l’engeance du jamais désir pouvait retourner à la terre. Les faux objets chutèrent en tas sur le sol sourd.

Une fois débarrassé de tout son attirail, Iji fit le chemin vers la tour par laquelle pointait le canon, en prenant bien soin d’imprimer dans la terre des empreintes durables et profondes. Après tout, les poissons ne se feraient pas prendre à une ligne trop négligée…

L’appât était prêt.

A trois mètres de lui. A peine. Un homme, caché par une branche d’arbre et ses habit d’une couleur semblable, le guettait.
Sheinji ne perdit pas contenance, et réfléchit très calmement à la situation présente. Ce type était le pigeon idéal. Il allait sans doute se faufiler à catimini derrière l’aspirant, noter son trajet et sa destination, puis se ramener avec une bonne moitié des soldats du fort, prêt à en découdre. Parfait.

Il monta quatre à quatre les marches de l’escalier ancien, un petit sourire de triomphe plaqué sur ses lèvres minces. En le voyant, Hayamaru ne put retenir un soupir de satisfaction.

- A voir ta gueule, je suppose que ça a bien marché, hein ?
- Ouais
, sourit Iji, l’un d’eux a vu mon leurre, et il est maintenant persuadé d’avoir déjoué le piège. Il y aura bien un mec pas con dans tout ceux qu’il va alpaguer, pour comprendre que depuis le début, on tient leurs armes. Ils vont tous se pointer ici, tout contents d’avoir percés la ruse à jour et de m’attaquer par surprise.
- Et c’est à ce moment là qu’on riposte.
- Ouais. Ensuite…


Une longue série de chocs sourds sonna alors des battants hermétiques de la porte. Le shinobi se tut, fauché dans son élan comme un souffle de vent l’aurait fait d’un épi de blé. Cela lui fit du bien, et il put retrouver son niveau de concentration habituel.

Le comité de réception était là…

Ils ne perdirent pas de temps à bavasser, et, de leurs poches, il tirèrent des masques clairs et anonymes, qui se plaquèrent sur leur nez et leur bouche, obstruant tout orifice respiratoire.

Lorsque la meute haineuse parvient à passer le barrage, ses membres ne pensèrent plus qu’à la fuite. Ils voulaient vivre. Le plus petits des trois gamins retint un ricanement.

Aussi sombre que la gueule du trou noir, aussi inhumain que mortel, invincible, pointé sur eux comme une flèche d’airain guidant leurs vies, titan inépuisable et sans pitié qui déjà pour eux avait lancé ses flammes ardentes…

L’œil était dans la tombe et regardait la meute.

Le canon tira.

***

Bam ! Cris et poussière. Murs qui vibrent et qui tremblent. Espace enfumé, il n’y a plus d’espace, il n’y a rien à part le feu qui se répand. Le bois jauni qui monte les murs s’effondre et craque. Le brouillard forme une nappe incandescente.
Au milieu du tumulte, fragiles silhouettes entre le rêve et l’illusion, trois corps fantomatiques s’échappent de la tour éventrée.

***

- YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!
- Tais-toi crétin !
- Mais ouh YEAAAAAAAAAAAAH !!!!
- Arrête, on va se faire grill…
- WAZAAAAAAAAAA !! Vous avez vu comment que j’lai ai tous bluffés, ces imbéciles ? Carrotés, écrasés, laminés, mystifiés, j’ai gagné ? Non mais vous avez vu un peu ?! Tout le bataillon !
- Oui, oui. J’avoue que c’était pas mal joué de bourrer le canon de Kôsen.
- Pas mal ?! Un coup de génie ! La déflagration fait fumer les paquets de dope, et eux se prennent quelques milliards d’heures de délire chacun dans leurs tronches ! Impossible qu’ils puissent partir à notre poursuite sans chercher les éléphants roses ! On a bien du leur mettre une dose de cinq kilos !
- Okay, mec, je sais. Bon, on avance ?
- Ouais, parce que ça commence à me fatiguer d’entendre monsieur nous raconter son plan.
- Hey ! Je suis un génie, et un génie n’a pas d’ego !
- Mais oui mais oui…


**…

(« Rhânan Sheinji, pas encore les étoiles ! ça fait à peine une page et tu les sors !
- Y’a jamais de phases de transition, dès qu’un moment calme arrive, tu zappes ! C’est pas Shinobi, ici, c’est Rocky III !!
- Ça fait glandeur qui veut juste gagner de la place pour faire style il bosse ! T’as déjà des jours et des jours de retard , ho!
- Y’a moins de dialogues que d’étoiles, ton clavier c’est la voie lactée ou quoi ?

Alea jacta est… »)



£££.


Le désert. Ils avaient beau courir à travers les allées du Fort, parcourant ses murs délavés avec énergie et implication, guettant chaque porte, chaque recoin, soulevant chaque meuble, renversant chaque tapis… Les mousquetaires durent vite se rendre à l’évidence. A l’exception d’eux-mêmes, il ne restait plus personne dans cet endroit encore en état de penser.

- Mais où peut bien être ce chef ? maugréait Haya. On a écumé les salles de fond en comble, et aucune trace, rien ! à quoi ça sert d’avoir volé les armes si un type en liberté peut refabriquer les mêmes ?
- C’est surtout qu’on ne recevra pas de payement tant que la mission ne sera pas complète, ‘faut pas croire… En gros, inutile de compter sur des ryôs si on revient au village sans ce mec. Jamais les villageois ne voudrons nous filer leur fric.
- Eh galèèère…


Ils restèrent ainsi en silence, ruminant leur futur échec. Pour eux, il aurait fallu que leur objectif se montre en entendant le canon tonner... Après tout, un roi est censé se préoccuper un minimum de l’état de ses serfs, non pas par bonté d’âme mais parce qu’il verra de plus loin venir la révolte qui gronde. Mais apparemment, le monarque local semblait ignorer cet adage.
Que faire ? Ils ne pouvaient pas se permettre de rester à découvert ainsi. Trouver le trafiquant dans les plus brefs délais était une pure obligation pour ne pas encourir la haine de leurs commanditaires rapaces. Une dispute éclata au soulevé de ce point épineux :

(Haya) Ecoutez, moi je dis qu’il faut qu’on rentre. On a pas réussi à capturer le chef en une nuit, et je pense pas qu’on ait un jour une chance de l’avoir. On peut revendre le stock d’armes en petites parties à plusieurs spécialistes, ça nous évitera une guerre et on se fera de la thune. Après, reste plus qu’à terminer la mission de ce gros balourd de Kage, et c’est come-back, retour à la maison, baby.
(Rin) Ah, parce que tu comptes rentrer au village avec nous, finalement ? C’est que monsieur change vite…
(Haya) Sois pas agressif comme ça… Déjà, je vous aide. On verra bien par la suite si j’ai envie de revoir Chikara.
(Iji) Nous prend pas pour des cons. Si vraiment tu comptais te poser la question de ton retour, tu serais pas là en train d’essayer de te débiner.
(Haya) Je suis quoi ? Votre nounou ? Y’a aucune clause dans mon contrat qui m’oblige à rester avec vous les mecs ! J’ai envie de partir, je pars, point !
(Rin) Et pourquoi d’abord ? Qu’est-ce qu’on t’a fait qui te donne envie de changer d’air ? C’est quoi ton problème avec nous ?
(Haya)(baissant les yeux, à mi-voix.) C’est pas vous… C’est juste…
(Rin) Hey, pas de pause sentimentale ! ça sert à rien de tourner autour du p…

Un immense éclat de rire lui coupa la parole. Sheinji, plié en deux, était littéralement en train de pleurer de joie en dévisageant son ami, les traits de son visage animée d’une expression féroce. Les spasmes le prenaient des pieds à la tête, ses yeux roulaient dans leurs orbites, mais sous le rire pointait doucement la flamme d’une terrible colère.

(Lui) Ha ha ha ha… Sérieux ? Je t’aurais jamais cru aussi rigide, mec… Allez, t’es toujours bloqué sur ce qui s’est passé à Nobeoka ?
(Haya)
(Iji) C’est ça… Wow… ça paraît tellement évident une fois qu’on a lu la lettre que je n’y avais même pas fait attention.

Lentement, il se tourna vers son coéquipier. La tristesse conférait à ses yeux un étrange éclat, qui faisait ressortir leur gris pâle. Seul le cri du grillon dans le soir troublait le silence.

- Haya… Pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Au loin, une grenouille à l’air curieux goba une mouche. L’éternité se poursuivit. Sans repos.

« … Les gars, je… Je… »

Il ne trouva rien à dire, s’en voulut, frappa le sol du poing pour soulager sa rage. La terre ancienne émit un sinistre craquement et ils tombèrent.

Au fond du gouffre.


***

Il n’y avait pas vraiment de mots pour décrire le gigantisme du labyrinthe. C’est comme s’ils avaient été aspirés par une bouche béante et insondable, dont ils ne parviendraient pas à déterminer les proportions même après le repas du monstre. De là où ils étaient, les compagnons ne discernaient qu’une masse floue et informe, perdue dans un océan de noirceur et d’incertitude. Leurs yeux finirent par s’habituer, mais ils ne pouvaient se défaire de l’étrange impression de marcher dans une flaque de ténèbres.
De la roche, partait un long mur filiforme, couvert de pierre blanche et entaillé par de nombreuses fissures. Les papillons bleu voletaient dans l’obscurité moite du souterrain, leurs yeux imbéciles scrutant la nuit à la recherche de proies à dévorer. Régulièrement, une goutte tombait sur la pierre froide.

Dans l’ombre, un bruit. Le souffle rauque de quelqu’un qui refuse d’être découvert.

L’odeur de la peur…

Ils avancèrent, entravés par le mutisme, maladroits dans leurs tentatives d’amorcer une conversation. L’œil magique d’Otarin, à la recherche d’une source de chaleur, était leur dernier semblant d’espoir. Ils n’avaient plus rien à se dire, plus rien à faire, troupe d’abusés désabusés qui tentait de garder une bribe de cohésion. Leurs corps fatigués luttaient contre la poussière qui s’amoncelaient autour d’eux, luttaient à chaque pas pour ne pas renoncer. Dure voie que celle du shinobi ! Ils avaient besoin de cette mission pour survivre, mais surtout, de là dépendait la conservation de leur groupe, la Team Haya.

En cas d’échec, l’univers qu’ils avaient bâtis depuis un an s’effondrerait.

C’était ainsi du moins que le voyait Sheinji, mélodramatique à souhait mais pas si loin de la vérité au final. Il était rêveur, maussade, les yeux dans ses pensées, la tête dans les nuages. C’est pour cela qu’il réagit avec quelques secondes de retard lorsque le sol commença à bouger.

Il fut catapulté en avant, effectua une majestueuse glissade, écorchant la peau de son dos contre les cailloux qui saillaient. Désorienté, il mit quelques secondes à comprendre que le terrain s’était infléchi, et formait maintenant une pente abrupte…

Sur laquelle il valdinguait à toute allure.

Il eut à peine le temps de crier, voulut se reprendre, ne parvint qu’à entériner davantage son statut de marcheur du vide. Il chutait, tout simplement, sur cette falaise qui semblait ne pas avoir de fin, attendant avec une vive appréhension le moment ou son corps heurterait l’étendue lisse en contrebas, ou sa tête et sa peau se disloqueraient, comme aspirés par l’impact, et ou sa bouche ne s’ouvrirait plus que sur un seul cri de douleur…

Le choc.

Et le choc lui fit mal.

Projeté, plaqué à la surface, vulgaire lombric impotent et incapable de bouger, il subit une série de coups. Cracha du sang. L’existence à ses côtés tourbillonnait. Le haut et le bas perdaient leurs noms et sens, n’étaient plus qu’une seule entité impossible à trouver et à définir dans l’espace. A travers la tourmente, Iji entendit deux bruissements forts et successifs ; c’était signe que ces compagnons subissaient le même enfer que lui.

Mais tout s’arrêta enfin. Plus tard, lorsqu’il examinerait l’endroit, le Genin aurait compris que le sol allait en s’élevant selon un degré très faible ; en clair, la pente perdait peu à peu de sa vigueur jusqu’à s’aplanir, et même remonter légèrement dans le but de stopper leur chute.

Ils se relevèrent crachotants, mais quasiment indemnes. Quelques hématomes étaient tout ce qu’ils avaient à déplorer. L’équipe était hébétée et hagarde, mais reprit tous ses esprits lorsqu’un rire sardonique éclata en haut de leurs têtes.

Au-dessus d’eux, sur un immense éperon de roches d’où partait une pluie de graviers, un homme avec un capuchon noir les observait. Il fallut un millième de seconde aux shinobis pour comprendre, par instinct, que cette personne étaient celles qu’ils cherchaient depuis le début de la bataille.

Où peut-être, le fait qu’il tienne une arme encore fumante à la main les avait-il placés sur la bonne voie ?

Fumée. Chaleur. Forge.

Forgeron. Chef.

Attaque…

Immédiatement stoppée par la différence d’altitude. L’homme laissa planer un instant le vide du silence, tel un oiseau de proie qui surveillait leurs langues fragiles, puis prit la parole :

- Hyahahahaha !! Hum… Chers amis, enfin vous voilà ! Je n’aurais jamais cru que vous parviendriez aussi loin. Pour tout vous dire, je suis déjà surpris que vous ayez pu vous déplacer aussi librement à l’intérieur de mon Fort… Mais qu’importe ! Pour l’heure, courir me semble un choix fort judicieux, ne croyez-vous pas ?

Les Genins remarquèrent alors un petit cylindre, de couleur jaune et verte, qui descendait vers eux, nageant dans l’obscurité. Dans la formation des ninjas à l’Académie, figure l’identification et la reconnaissance de certains produits explosifs et dangereux…

Vite, fonçer. Vite, loin. Déjà, le liquide détonnant était proche de la combustion. Les équipiers fouillèrent l’horizon du regard, espérant dénicher un moyen d’échapper à la mort. Rocher, rocher à perte de vue. Pierre, encore et encore… Là ! Cachée par les vapeurs, modeste mais porteuse de trois espoirs de vie ! Peut-être un piège, peut–être un final, le temps n’était plus aux questions, il fallait de l’action s’ils voulaient survivre !! Une porte !

Ils s’engouffrèrent.


***²

La première chose dont Iji prit conscience après que l’adrénaline de la course folle ait fini d’imbiber son organisme, fut le bruit. Un ploc, ploc ! régulier et martelé avec douceur, comme auraient fait des mains agiles sur la peau tendue d’un tam-tam.
Ensuite, il regarda autour de lui.

Ils étaient dans une très vaste salle, aux murs étirés et translucides. Un rebord de pierre sinuait entre les quatre faces de l’habitation, assez charnu pour que l’on puisse s’y tenir des deux pieds sans crainte. Le sol se composait de seize plate-forme larges et abîmées, et, curieux détail, aucune porte ne rendait de fraîcheur à l’ensemble , en dehors de celle qu’ils avaient empruntés eux-mêmes.

Ils restèrent en plan, indécis. Sans surprise, le Genin détecta un mince filet d’eau serpentant sur les dalles, à l’origine du son de tambour qui l’agaçait. Lorsqu’il posa le pied sur la pierre, le rythme du poc, poc ! s’intensifia. Cela l’intrigua : comment pouvait-il y avoir autant d’humidité dans des souterrains aussi profonds ? Si la théorie de l’aspirant s’avérait exacte, ils se trouvaient proche de l’endroit ou le trafiquant d’armes confectionnait ses œuvres. Travailler sous terre, dans ces galeries aménagées, lui offrait sans doute la quiétude dont il avait besoin pour mettre au jour ses créations… Mais dans ce cas, une forge n’était-elle pas censée être un point de chaleur et de flammes ? Déjà, Iji avait remarqués les gouttes qui pendaient au plafond depuis le début de leur marche. Des problème d’eau dans une terre de feu, voilà qui était quand même quelque chose d’étrange…

(Haya) Bon les nains, est-ce que quelqu’un comprend quelque…
Le reste de sa voix se perdit. Un grondement sourd et abyssal était monté des tréfonds de la terre. Presque instantanément, le sol se mit à vibrer.

- Mais bordel, qu’est-ce qui se passe ? hurla Otarin, espérant couvrir le bruit de l’eau qui à présent tombait en trombes. C’est quoi le principe ici ? Comment on fait pour sortir ?

A sa dernière question, Iji se retourna, alerté, et constata que l’unique voie d’accès à l’humidité de cet endroit était maintenant verrouillée de l’extérieur. Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale, et la goutte de sueur qui en tomba rejoignit la petite mare qui embourbait déjà ses chaussures.

Les gouttes n’étaient plus des gouttes, mais un ruisseau qui jouait à éclater sur les pavés, dans les coins, laissant en souvenir son insaisissable requiem. Désireux de préserver ses vêtements, Otarin grimpa sur le rebord, mais à peine eut-il le temps d’y poser ses pieds dégoulinants que la corniche céda, l’envoyant valser les mains sous la surface. Iji remarqua que le débit s’accrut considérablement lorsque son compagnon toucha le sol ; il y avait certainement matière à tirer de tout cela, mais le bruit assourdissant du grondement qui emplissait l’air amputait ses facultés de réflexion. Déjà, l’adolescent pataugeait, les genoux pris dans le liquide ondoyant, les neurones en ébullition pour tenter de percer l’énigme ; c’était là son intégrité intellectuelle, son potentiel de pensée, sa fierté cognitive qui étaient en jeu. Le gamin ne pouvait s’empêcher de prendre la situation pour un défi, un moyen de tester son cerveau dont il était secrètement si fier ; il fit le compte des données et des éléments en sa possession, et très vite, un déclic opéra à l’intérieur de ses neurones. Ce n’est qu’après qu’il remarqua que l’onde lui remontait déjà jusqu’à la taille… Il ouvrit sa sacoche d’armement, choisit un kunai particulièrement effilé, le lança. L’engin fusa, et se planta au centre de sa cible. Craquement ; une fissure courut sur le mur, qui partit en morceaux et en poussière.

Un miroir.

En fait, les murs n’étaient rien d’autres que des miroirs.

Il jura. La situation devenait absolument critique. Si les façades avaient été tapissées de façon à refléter l’intérieur, cela voulait dire que l’espace dont ils disposaient était scrupuleusement dédoublé par le verre ; par conséquent, il suffisait d’ôter ce dernier pour connaître les dimensions véritables de la salle…

Hoquet de frayeur.

La large place s’était muée en cercle étroit. Avec un tel débit, l’eau n’allait mettre qu’une poignée de minutes tout au plus avant de recouvrir l’endroit dans sa globalité… Et ordinairement, un humain standard a du mal à trouver de l’air pour ses poumons lorsqu’il est enseveli sous plusieurs mètres cube de fluide.

Réfléchir. Il fallait trouver le mécanisme logique de l’écoulement d’eau, le mode de fonctionnement de cet épanchement aqueux qui grandissait. Comment lier ensemble les éléments intrigants perçus jusqu’ici, les assembler et les coordonner pour en faire la clé qui permettrait d’ouvrir la porte du tombeau ? Comment imbriquer les étrangetés des données présentes en un mixage qui permettrait à l’équipe de sortir d’ici ? Là était le problème

Problème.

Problème.

Problème…

Solution.

La mêlée confuse de sons et d’images qui tournoyaient dans l’esprit du Genin se rassemblait. Pour la forme, Iji laissa échapper un gigantesque « Eurêkaaaaa !! », et se saisit de la lance de son compatriote aux cheveux d’or.

(Rin) Euh… ça va pas ? Tu veux vraiment qu’on se fasse un combat maintenant ? Je sais pas si t’as r’marqué, mais c’est pas trop le moment pour se…
(Sheinji) Ferme-la et vire un peu l’eau de ces dalles au lieu de raconter des conneries.

Une fois la pierre débarrassée du liquide porteur de mort, l’aspirant saisit la hampe de l’arme, et se mit à frapper le sol à petits coups réguliers, oreilles tendues. A un mètre de lui, son ami se démenait pour maintenir les ruisseaux en dehors de la surface, et le spectacle de ces bouts de rivières qui s’effilaient en trois dimensions, sans attaches, était assez drôle.

Au bout d’un moment l’adolescent finit par trouver ce qu’il cherchait… Il leva son regard. Ses amis peinaient à retenir les déferlantes qui s’écoulaient, et, même avec le pouvoir Suiton dont ils disposaient, ils ne restait plus à la troupe qu’un très court moment de survie…

Aucune importance.

Toutes leurs difficultés étaient réglées maintenant.

Il suffisait juste que Rin…

- … Fais exploser cette dalle-là. Maintenant.
- Tu es sûr ?
- Oui.


Iji était confiant. Il ne pouvait pas se tromper. Plusieurs hectolitres d’eau étaient situés dans un réservoir en dessous d’eux. Lorsqu’on apposait un poids, ici celui de corps, sur le plancher de la pièce, celui-ci, par un mécanisme amovible, descendait lentement, ce qui provoquait une pression sur l’amas aqueux des souterrains. Ce dernier était propulsé avec force dans les galeries creusées autour des murs, et l’eau retombait en pluie par les multiples ouvertures pratiquées dans la roche. Cette masse nouvelle pesait sur le plancher qui continuait la descension, provoquant l’écoulement de nouvelles trombes mortelles. Ça, en tenant compte du faible diamètre de l’endroit que le piège des miroirs avait magnifié, formait un piège sournois, mais un inventeur créant une trappe cherche toujours à se ménager, au cas où lui-même aurait à subir sa création, ce qu’on désigne couramment sous le nom d’un échappatoire.

L’une après l’autres, les dalles ne rendaient qu’un son sec, sans profondeur. La neuvième, petit interstice à peine assez grand pour y glisser un homme debout, rendait un bruit bien net, qui s’étirait sur plusieurs secondes…

Donc, en dessous, le vide. L’espace.

La liberté, ou la promesse létale d’une chute de trente mètres ?

Il n’y eut pas plus de doute. Rin en avait fini avec les signes, et s’apprêtait maintenant à sauvegarder leur existence. Il hurla, mais leur attention à tous s’étiolait, diluée dans le tic-tac détraqué du temps, ce gigantesque battoir qui claquait à l’intérieur de leur âme, chacun de ses soupirs pareil à un coup de canon. Sauf qu’aucune fumée ne perçait de ce canon-là pour brouiller les pistes.

C’était clair.

Le départ ou la tombe.

(Rin) AAAATTENTION LES YEUX ! TECHNIQUE SUITON, MINES D’EAU ! YEEAAH !

Simultanément, ils prirent conscience qu’utiliser une technique à base d’eau, en étant fébrile et déconcentré, et dans un milieu presque totalement empli de liquide constituait une idée désastreuse.

Ce ne fut pas une dalle qui se fluidifia, mais l’ensemble tout entier des plateformes du sol. Ils eurent juste l’impression que la gravité tressautait sous leurs pieds privés de nourriture, et se mirent une fois encore à nager dans des flots continus de ténèbres.

Level Down.


Dernière édition par Otarin le 7/11/2010, 21:20, édité 1 fois
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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Otarin 7/11/2010, 20:15

La deuxième salle, comme toute les deuxièmes salles dans un parcours balisé et stéréotypé à l’extrême dont on sait déjà que les gentils vont sortir gagnant à la fin même s’ils sont blonds et stupides, était emplie de lumière.

Une lumière forte, prépondérante, qui donnait l’envie d’en emplir jusqu’à ses poumons. Une lumière respirable, palpable. Présente.

Une lumière de vie.

Lorsque les membres de la team Personne reprirent conscience, endoloris qu’ils étaient après leur cavalcade dans le vide dessous la terre, ce flot blanc leur crama les yeux.

Ils se dressèrent.

Trente mètres les séparaient de la porte bleue et blanche qui était leur issue. Le sol était gravé de motifs aussi mystérieux que divers, allant du serpent effilé aux flammes épaisses, en passant par la faux sibylline et dangereuse. Ils n’eurent pas le loisir de continuer cette description, et le restant de l’endroit, non dépourvu de charmes, resterait pour toujours inconnu à leur esprit. Oui, on ne s’attarde pas sur les beautés d’un ornement lorsqu’une lame d’acier fuse à cinq centimètres de votre visage. Et à zéro de là où il était juste avant.

C’était Haya qui avait plongé, les forçant d’une bourrade à rouler au sol. Son oreille, initiée jour après jour au langoureux chuchotis des armes, avait discerné en une fraction de seconde le danger qui alla fendre un morceau de mur.

Ils restèrent là, prostrés, sans oser bouger d’un millimètre. Ce fut la voix calme d’Otarin qui lézarda leur monument de silence.

- « Ecoutez-moi. Ce n’est absolument pas par hasard si nous sommes tombés pile dans cette salle. Ici est installé un mécanisme qui fait que chaque pas…

Une goutte tomba sur un des serpents refroidis. Il y eut un sifflement, et une hache sortie de rien finit sa course dans un tourbillon de mort et dans la pierre.

« peut très bien ne jamais s’achever. »

Ils déglutirent. Apparemment, des armes cachées dans les replis les plus mystérieux du roc étaient reliées aux dessins que les dalles arboraient. Ce qui revenait à établir que la porte suivante était inatteignable, puisque, même si une voie sans danger existait sûrement, il était tout bonnement impossible de déterminer quelles parties de ce grès malsain et noir serait griffé du sceau de la mort.

Le Seïkakugan, pupille d’un blanc laiteux ou venaient se ficher six traits sombres, souffla pour un moment les frontières de la réalité.

- En route, dit Otarin.


***


Sheinji hurla quand la pointe effilée de la lance traça sur sa peau son œuvre de charcutière.

Il sentit la perle de sang s’écraser sous sa semelle, déduisit d’une œillade de Rin la direction de l’offensive, vit venir la volée de dards du coin de l’œil, esquiva d’un plongeon audacieux, se reprit sur les mains. En équilibre, sur deux des points ou son ami le blond, immunisé contre les pas à ne pas faire, avait posé les pieds une minute avant, canonisant l’endroit par son infaillible pupille.

Au prix d’une autre acrobatie, Iji parvint à stabiliser ses jambes sans qu’un rêve tranchant ne vint corrompre sa périlleuse manœuvre.

Il bouillait. De rage.

« J’ai faim, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai mal », pensait-il. « Je dois avoir une bonne centaines d’égratignures, mon corps a pulvérisé son niveau de tension habituel, et en plus je dois attendre les signaux de cette huître moisie d’Otarin pour bouger. Bon okay, il me sauve la vie, mais il pourrait le faire avec un peu plus de discrétion ! Est-ce que moi j’agirais comme ça à sa place ?»

De fait, le rictus suffisant qui tirait les lèvres du nain chaque fois qu’il se tournait vers son compatriote avait de quoi irriter. Par un inhabituel prodige de subtilité, Iji se résolut toutefois à ne pas provoquer quelqu’un qui décidait de s’ils continueraient ou non l’aventure… Jusqu’à ce qu’ils soient sortis de cette maudite salle.

Un sifflement. A gauche. Voilà ce que c’est que d’être perdu dans ses pensées. Une épée longue qui tombe du haut, une flèche enduite de venin dirigée sur son flanc. Roulade. Nouveaux déchaînements des machines, il reste plaqué sur le sol, tout le surplombe dans un frémissement sous son échine. Un signe d’Otarin, c’est bon, il peut continuer à ramper sur le sol comme un naze et à parler au présent. Super génial.

La traversée fut longue. Ils étaient effrayés, concentrés, tendus à l’extrême, damnés à l’attente, comme si la peur n’exacerbait plus leurs perceptions mais bien leurs âmes ; gaz, haches, flèches, épées et pics, de nombreux coups avaient déjà jaillis, et leur attention était maintenant totalement acquise à cette lente danse, valse sans fin et sans joie, dans cette pièce plus versatile qu’un labyrinthe. Un bruit, un souffle, leurs regards captaient les jeux d’ombres, et le sang qui coulait en eux était plus fourmillant que la braise.

Si imiter les pas du Genin était chose aisée, le plus terrifiant dans cette traversée sauvage était le silence. Seul le cliquetis des bottes sur le nacre des dalles exhumait le cadavre des conversations enfouies.

Ce fut Haya qui commença à chanter. Sans doute le malaise impalpable lui pesait-il. Il ne parla pas en mots connus, pour ne pas détourner un esprit voué entièrement à la marche, mais les mots qui chutèrent de ses lèvres, traits de son instinct, n’étaient que des éclairs de sons et pas de sens.

« Glok odak shnuo ori gari
Kaillou tébo kaillou kaillou kaillou tébo
Et léi lanépa laléi.”


Il serait vain de développer davantage ces claquements de langue évasifs. Les comptines désarticulées de trois adolescents au bord de la mort sonnèrent étrangement sur les bords rocailleux de la pièce. Sa vie durant, Iji garderait du passage le souvenir doux-amer d’une lente remontée de folie.

Seul Otarin ne chantait pas.

Son œil tourbillonnant dans l’opale laiteux de sa pupille, il les guidait.

Il était la flèche, l’arc et la pointe. Nul autre que lui ne pourrait assumer cette mission. Les cliquetis et les remous des murs étaient pour lui des mots, il déjouait les pièges, vif, les yeux rivés sur le futur.

Pourtant, il arriva une fois ou il faillit.

Ils ne prirent conscience de l’arbalète posée dans le mur que lorsque celle-ci lâcha son carreau. Un projectile noir, long de huit centimètres et large d’un, le tranchant aiguisé comme un papier de métal.

Il fusa.

Le tir, automatique, avait été parfait. L’angle, calculé par des concepteurs magistraux, atteignait la tête de Sheinji.

La mort fila en silence et l’ado ouvrit grand les yeux. Il allait finir ici, dans un souterrain humide et anonyme, à la poursuite d’un imbécile pervers et manipulateur ? Il allait finir ici, comme un chien, comme une merde, et les autres continueraient la route sans lui après une minute trente chrono de recueillement ? Il allait vivre !

Dans une action ou tout se joue sur le réflexe, le plus infime des doutes peut être la pierre qui se dérobera sous vous. Iji n’eut même pas le temps de se dire qu’il ne fallait pas tenter mais réussir, et il bougea.

D’un coup très souple, très fluide, avec cette rapidité sidérante, presque reptilienne, mais qui ne lui coûtait aucun effort.

Il ne mourut pas, eut l’impression que son visage se coupait en deux. L’arme emporta une longue bande de peau sinueuse, sous l’œil, et la plaie se perdit dans le rubis qui jaillissait.

Iji poussa un hurlement bestial tendit que la douleur le giflait comme un fouet monstrueux. Son cri ne naissait pas du feu qui rongeait sa joue, mais de la peur insidieuse qu’il avait de devenir borgne. Il toucha son œil, sans parvenir à déterminait si l’embrasement sous sa peau concernait ou non son globe oculaire. La douleur tapie, prête à bondir comme un fauve, il respira profondément et se calma.

Déchirant sommairement un pan du tissu de sa veste, il réussit à stopper la lourde hémorragie, alors qu’il était en équilibre précaire sur deux minces dalles. Séparé de ses compagnons par la forteresse de motifs létaux gravés au sol, il avait du agir sans compter sur aucune aide extérieure.

Cela lui plaisait. Après tout, un shinobi est censé être parfaitement apte à survivre seul.

Il reprit sa progression. Au fur et à mesure que ses pas traînaient sa tête lourde, le bandage qu’il avait crée tourna à l’écarlate.

Peu à peu, le Genin trouva un certain équilibre à la marche, et la tension reflua lentement de ses épaules. Non pas qu’il ait laissé vagabonder sa vigilance, mais le rythme hypnotique et lent de la traversée grignotait peu à peu l’intelligence de son esprit. Et après tout, il ne restait plus que cinq mètres… trois… deux…

Clic, clac.

Il y eut une envolée, une tâche floue qui se mouvait au coin de l’œil. Iji n’en eut conscience que lorsque la lame d’Hayamaru repoussa le ressort qui avait failli le tuer. Les anneaux métalliques tombèrent au sol presque déçus.

Le bretteur vrilla sur son disciple un regard froid, où ne transparaissait pas le moindre sentiment. Contre tout attente, il finit par sourire d’une manière chaleureuse.

- Hey, le gnome. Je t’en devais une autre, c’est ça ? Eh bien, on dirait que l’ardoise vient de se faire effacer encore. T’as pas les boules ?
- T’inquiètes, je trouverai un autre moyen pour t’obliger à rester…

Et leur discussion s’arrêta là.
Otarin venait d’ouvrir la deuxième porte.

***

La pierre roula, roula, et tomba au fond du gouffre, happée par une langue d’inextinguible noirceur.
Au sommet de cette gigantesque faille, minuscules, trois visages humains étaient penchés.
Ils ne s’étaient pas attendus à un tel obstacle. Après la terre de pluie et la marée de métal, s’étalait maintenant la bouche d’ombre.

Aucune autre issue n’était envisageable. Ils avaient progressés au abois après être sortis de la seconde pièce, le corps tellement couvert de meurtrissures qu’on aurait pu les croire piégés sous un filet, et à la terre ferme et rassurante avait succombé la terrifiante angoisse du vide.

Vide qui gagnait leurs esprits, harassés qu’ils étaient, alors que la compréhension que leur chemin serait ce gouffre s’offrait à eux.
Ils s’étaient ensuite assis, découragés, sur les pierres coupantes et dures qui jouxtaient l’appel au grand saut, l’encoche démesurée, la narine d’un divin à côté d’eux.

L’idée de se venger avait déserté leurs atômes : Chacun dans ce souterrain avait déjà plusieurs fois risqué sa vie. En outre, il était impossible, sous ce couvercle infâme d’obscurité moite et suintante, de connaître avec exactitude la distance que le temps avait parcouru depuis qu’ils fouillaient la terre. Bien sûr, leur passage à la lueur du jour, mystérieusement, ne datait que de leur traversée inhumaine dans la seconde salle, mais était-ce seulement la première fois depuis leur descente que dans le ciel l’astre du jour flambait ?

Tout ce qu’ils cherchaient, en poursuivant leur progression aveugle dans ce couloir de la mort que l’on avait ouvert pour eux, c’était de trouver une sortie qui les ramènerait à l’air libres.

Le visage pâle, les bras tremblants de fatigue, les équipiers d’infortune partageaient un repas généreux, entièrement puisé dans leurs réserves de nourriture, qu’ils s’étaient octroyé afin de récupérer leurs forces.
Ils dormirent quelques heures, trop habitués à le faire en pleine nature pour être trop gênés par l’environnement. Un tour de garde entre eux trois fut tout de même instauré, l’homme encapuchonné rôdant toujours peut-être dans les catacombes. Cette fois, il n’y aurait que le plongeon pour se soustraire à ses étranges bombes…

Sheinji dormit peu. Il resta éveillé durant tout le tour de garde de son sensei. Il ne lui faisait plus confiance, et le départ du bretteur dans cet endroit inhospitalier serait comme une injonction létale à leurs chances de survie.
Même si cela valait pour le bretteur aussi, autant ouvrir l’œil.

Le coq chanta ; non, ce n’étaient que les bruissements et les crissements de la pierre. Un instant, il leur avait semblé être enfin de retour à l’air libre mais non, c’était toujours le même enfer sombre et poisseux, avec en fond de toile la mélodie toujours plus lancinante du Désespoir.

L’ambiance était morose ; on parlait peu. Après avoir mangé, ils comptabilisèrent les allumettes crâmées et brisées gisant au sol : ce système, peu fiable, consistait à compter dans sa tête deux mille secondes avant de brûler une allumette. Neuf allumettes se trouvaient là, soit une durée de cinq heures, mais il était probable que le chiffre soit en fait plus bas, tant compter jusqu’à deux mille (ils n’avaient que peu d’allumettes) est un travail abrutissant qui force à l’erreur tôt ou tard.

Haya passa une heure de plus à lier toutes ses armes et leurs affaires ensemble. L’objectif était de former une corde, ou une lance très longue, qui une fois lâchée sur le vide pourrait les renseigner quant à l’ampleur de celui-ci ; fermement attachée à une saillie du promontoire, la corde déroula sa longueur sur plus de quarante mètres sans parvenir à toucher au bout. L’écho qu’ils entendirent les persuada qu’il subsistait encore une longue distance.

Ils débattirent ; sachant que la descension ne pouvait se faire que dans la plus totale obscurité hormis la lumière qui proviendrait de torches et flashs fixés à leur dos, tenter de rejoindre le sol ne les condamnerait-il pas pour de bon ?

- On a rien à perdre, argumentait Otarin. Je veux tenter l’aventure.
(Sheinji) Mais merde, t’es malade ?! On ne connaît même pas la difficulté du terrain ! Désescalader ce truc, c’est la certitude de ne jamais arriver en bas… Ah oui non, c’est vrai qu’on peut toujours faire un remake de « l’Homme Oiseau avait une panne », restons optimistes…
(Otarin) T’as quelque chose d’autre à proposer ? C’est la seule et unique voie de toute façon. On a vérifié, y’a aucun autre chemin possible.
(Sheinji) Donc, arrêtes-moi si j’ai pas compris, le deal c’est soit mourir de faim si on ne bouge pas, soit mourir en tombant si on bouge. On a pas de cordes, pas de mousquetons, pas de poulies, nada, que dalle ! C’est quoi ce…
- Ow…

Ils se retournèrent. Haya venait apporter son grain de sel. D’une pâleur cadavérique, le vieux Chuunin se remettait difficilement d’une migraine qui l’avait taraudé toute la nuit, et jusqu’à présent les avait laissé débattre eux-mêmes du chemin à suivre, écoutant d’une oreille distraite ; Il oublia un peu la douleur lancinante de son crâne pour s’expliquer.

- Ow, hey, taisez-vous un peu les mômes.

Le vétéran arrêta les injures d’un geste péremptoire, les mains plaquées sur les tempes. Il semblait las, et cet état de fatigue conférait une touche de noblesse à son visage d’adolescent sur la voie des adultes.

– Pas besoins de poulies pour descendre cette giga falaise. Pas besoin de cordes non plus. Non, les mecs ; j’ai trouvé un truc qui nous permettra d’arriver en bas même si aucun de nous n’a eu son brevet d’alpinisme.

Un petit break. Haya ouvrit les yeux, remarqua que les Genins étaient pendus à ses lèvres, sourit.

– On va marcher sur les murs.

***

Seule la luciole timide qui jaillissait par pulsations des lampes accrochées à leur dos, fouillait pour eux ce gouffre insondable de ténèbres.

L’énergie circulait en eux. En fouillant dans son extraordinaire barda, le Chûnin avait réussi à dégoter trois de ses pilules de chakra, les dernières. Toutes les autres avaient été croquées au fur et à mesure de l’aventure. Mais, après un long repos et un grand repas, les équipiers n’envisageaient plus l’évènement terrifiant qui allait suivre qu’avec une froide concentration, propre aux guerriers confirmés, et non la peur grelottante de celui qui est physiquement à bout de forces.

Les parois palpitaient doucement, tandis qu’y dansait le reflet du feu ; la pente, très raide, était recouverte d’entailles mystérieuses et de pointes sournoises et tranchantes, fines aiguilles dissimulées du roc qui creusaient des sillons dans la peau, faisaient tomber le sang. La pierre était inégale, mais un avantage était qu’on ne pouvait pas avoir les yeux drainés par l’étrange profondeur du vide ; le noir, absolu mat et impérial, dominait tout.

L’invisibilité ambiante était tour à tour angoissante et rassénérante, deux facettes d’une même médaille qui tournait sur son fil obscur ; Et les rafales venues d’en haut les fouettaient avec une telle violence qu’ils se sentaient prêts à ployer comme des roseaux sous une tempête ; Cependant, l’atroce difficulté de descendre à flanc de montagne, écume sauvage née pour blanchir l’esprit des contraintes qui distrairaient de la lutte contre la Faucheuse, éclipsait le reste.

Ils avaient peur. La chute était dans chaque pas, dans chaque geste, et les marcheurs du vide fermèrent les yeux un million de fois sur ce qu’ils avaient pensé être leur fin. Avant de s’apercevoir qu’ils ne tombaient pas. De continuer.

Leur corps était dans les cieux, mais leur âme restait rivée au sol.

Ils progressaient. Sous leurs pieds irradiants l’énergie qui leur permettait de se fixer à la verticale dans leur descente, la surface roulait, bondissait, tanguait, se dérobait parfois. On était loin du tour lisse et uniforme, où il fallait seulement poser la plante, des baobabs immenses à Chikara ! Là, la subtilité était le maître-mot pour celui qui désirait survivre ; adaptation, réaction, anticipation.

Bien vite, il apparut que marcher sur de la roche en utilisant son énergie brute consumait celle-ci dans des quantités colossales. Le tronc d’un arbre, peu solide, était accessible à condition d’y diffuser une légère pression ; A contrario, le roc inébranlable de la montagne requérait des trésors de résistance physique.

Et Sheinji n’avait AUCUN trésor de résistance physique.

Très vite, il perdit pied. Non, pas littéralement, sinon ça veut dire que c’est la fin de l’histoire, hein ; Simplement, cet exercice ardu nécessitant une concentration extrême tourna pour lui, et très rapidement, à l’enfer.

D’abord, il fallait rester suspendu sur un pied au gouffre, le membre qui tenait le corps pompant le chakra avec la plus féroce vigueur, et ce parce que sa fonction était primordiale. Il fallait ensuite avancer très légèrement le buste, en veillant scrupuleusement à ne pas se déséquilibrer – garder un axe, garder un axe- jusqu’à ce que le rai de lumière enchâssé sur leur dos daigne éclairer les (très, très nombreuses) péripéties suivantes. Après ça, le but était de choisir l’endroit avec l’air le moins fourbe, le moins tordu et le plus accueillant possible- et c’était difficile de se décider tant le mur regorgeait de coins traîtres- et en vitesse, parce que la jambe-tige commençait à flancher ; puis, poser enfin le pied dans l’interstice démoniaque, mal creusé et glissant, mais solide; le faire victorieusement, comme un empereur au défilé après avoir gagné une longue bataille ; pause de deux secondes, énergie qui fuit, urgence, et on repart pour le remake.

Lacéré par une armée de corps d’acier ? Minable. Englouti sous des trombes d’eau jusqu’à noyade ? Iniquissime. Ces couperets là n’étaient que vent face à la peur immonde de la chute. Tournoyer, s’étioler, sentir le souffle aérien caresser sa peau dans un soupir, regretter, s’affoler en une fraction de seconde à l’idée de gaspiller son ultime étincelle de pensée, voir en face de soi la terre se rapprocher de plus en plus vite, comme un chat qui bondit les griffes dehors, esquisser, inutile, un mouvement de défense, penser enfin à crier… Et puis le choc.

Brutal.

Définitif.

Non, ils arrivèrent en bas.

***

Lorsque comme des zombies ils entrèrent dans la salle suivante, la stupéfaction les gagna.
Une heure, ils avaient marché. Les muscles fourbus. Transis. Les réserves à sec. Le cœur encore un peu bordé de la noirceur du gouffre.

Un croisement s’était ouvert à eux. Deux voies, peut-être une impasse. Rin n’avait pu trancher : ce qu’ils venait de vivre avait puisé au-delà de ce qu’ils croyaient être leurs limites.

Ils choisirent à l’instinct. Deux contre un. Sheinji perdit.

Ils arrivèrent face à une porte banale, sans rien qui la distingue des précédentes. Avec le sentiment d’une lourde lassitude, ils entrèrent…

Un feu d’artifice mirobolant éclata à leurs yeux comme à leurs cœurs.

Des couleurs, partout. Du rouge, du bleu, du rose, du jaune, du vert. Des étincelles qui s’entrecroisaient en sifflant. Un pan de fumée qui jaillissait de nulle part. Autour, des bouteilles rangées en panoplies couvrant des liquides étiquetés et iridescents. Des machines bizarres, des lunettes, des éprouvettes, un labo.

Un labo ?

Il n’y eut aucun grincement. La porte se referma d’un coup et ils se retrouvèrent tout simplement enfermés dans cette pièce étrange. Ils eurent beau marteler et supplier qu’on les délivre, la herse impitoyable refusa de bouger. Ils étaient coincés.
Cependant, à aucun moment ils ne paniquèrent. De une, la situation actuelle ne présentait aucun danger ; ou aucun danger immédiat. De deux, ils avaient, en bravant ici maintes fois la mort, développé une sorte de sang-froid qui les poussait à reconsidérer très calmement les choses.

Paisiblement, ils en vinrent à deviner que la porte était relié à un mécanisme qui la fermait pour entrer dans le labo. Élaborée par le propriétaire pour avoir l’assurance absolue d’être toujours seul. Un peu maniaque quand on fait ses expériences sous terre.
Fins détectives, il accumulèrent les indices : Au sol, des papiers éparpillés en hâte prouvait la volonté de quelqu’un de s’enfuir en emportant avec lui le strict nécessaire, dans l’urgence écrasante ; ce quelqu’un était, d’ailleurs, probablement à la fois le maître du Fort, le forgeron des armes mystiques, et le bombardier psychopathe – les traités de chimie et de métallurgie qu’ils trouvèrent alignés dans les tiroirs furent les jalons qui pavèrent cet accès à la vérité divine.

(Otarin) D’accord… Je comprends d’où ils tiraient ces épées démoniaques, eux…
(Hayamaru) Hey, vous ne trouvez pas que ça sent le crâmé ?

Ils se tournèrent. Sur une liasse de feuilles, triomphante, une flamme rageuse était en train de prendre forme ; des braises luisantes, placées là avec un soin surnaturel, étincelaient comme pour expier un peu leur faute.

Ils étaient dans un lieu dédié à la pyrologie…

La flamme ardente lécha un mur, courut sur une étagère proche, traça un sillon rouge dans le liquide bleuté qui la toucha.
Il y eut une énorme explosion, un déluge d’essences ; quelque chose vola dans la pièce, à toute vitesse, et frappa l’aspirant à la tempe ; en portant la main à sa joue, il se vêtit d’un gant écarlate.

La tourmente s’amplifia. Des papillons miroitants vinrent réchauffer la peau des occupants. Le gamin se figea, comme hypnotisé par l’incroyable sarabande ; Les solutions déversées au sol offraient un reflet de l’enfer.

(Hayamaru) Iji, il faut sortir ! Bouge-toi !

Le bretteur saisit son presqu’ami par le col et lui adressa une paire de claques magistrale. Aux yeux du gamin, échevelé et hagard qu’il était, les réalités et les douleurs reprirent par l’impact leurs droits et leurs sens.

Un instant, une question angoissante subsista dans l’esprit de Sheinji. « Comment est-ce qu’on va faire pour se tirer ? Sortir, échapper à ce merdier, et une fois pour toute, survivre ? Comment est- ce qu’on…»

Les poumons déjà pleins de suie, il leva les yeux ; il eut l’impression que son sang était figé, il se mit à rire.

Contre le mur, inespérée et longue, une échelle leur graduait la montée jusqu’au Paradis.

***
« Raaah, nan. J’en ai trop marre. Pourquoi est-ce qu’on monte, d’abord ? Ah oui ! Pour respirer ! Bah nan, l’oxygène il est près du sol, normalement… Attends, Haya, tu… quoi je dis n’importe quoi ? Perte de conscience toi-même ! Sale traître. T’as qu’à déserter.

Bah quoi. Pourquoi ils gueulent comme ça encore. Avancez devant, ça fait bouchon, c’est moche. Oh, les jolies couleurs. Non, mais avancez, quoi. On va pas y passer des plombes. Magnez-v…

………Quoi, comment ça vous pouvez pas ? »


***

Il faisait beau. Le ciel était d’un bleu magnifique, un azur estival qui donnait envie d’y plonger, sans qu’aucun nuage ne trouble la somptuosité de l’océan.

La liberté.

Infiniment loin et pourtant si proche.

A peine séparée d’eux par un dôme incassable, translucide et hermétiquement clos.


***

« C’est l’autre, là. Ce putain de forgeron. Il a caché des braises sous un bloc-notes en attendant que ça prenne, et il s’est barré en fermant l’unique voie d’accès. Il savait qu’on allait venir, putain. Mal au ventre. La prochaine fois que je le vois, je…
Euh… Je…
Attends, c’est quoi, ça, un mot ? »


***

Avant même de savoir où il en était de cette galaxie pavée d’univers et d’étoiles qui sépare l’existence de la mort, Iji ouvrit les yeux.

Il était allongé sur quelque chose de mouillé et de flexible. Un pan d’herbe. Sa gorge restait brûlée par les traînées de suie, sa vision était floue. Il n’avait visiblement pas eu beaucoup d’heures de sommeil.

Ses yeux endoloris happaient les couleurs et les formes, mais sans jamais les retenir. Le Genin rigola à la pensée qu’on pouvait absolument tout faire de lui – Il était conscient, mais le seul impact qu’il possédait sur sa réalité était ce fait même de conscience. Le cerveau fonctionnait, les muscles c’était Game Over.

Bon. D’abord, respirer un grand coup en attendant que la Terre reprenne une révolution normale. Rien ne servait de stresser dans un pareil état larvaire, mais les certitudes étaient comme des couteaux qui lui serviraient une fois remis, à se défendre dans ce bon vieux monde. Oui, voilà. Il devait affuter ses certitudes.

La gorge qui brûlait, donc. Un filon à exploiter ; apparemment, c’était en corrélation avec un autre fait qui s’était déroulé dans un passé antérieur, et… « Oh, merde » pensa Sheinji, « pas le plan tortueux et stéréotypé du mec qui a perdu sa mémoire, c’est vraiment lourd… On dirait un vieux roman de gare tout pourri écrit à la va-vite comme gagne-crôute par un auteur miteux de seconde zone. Si quelque part dans l’univers y’a un mec qui bidouille un livre avec ma vie, il a intérêt à se creuser un peu les méninges parce que là ça commence à être chiant. Faut savoir séparer l’imagination et l’ultraconformisme. »

Par un mystérieux artifice, il recouvrit très rapidement la pleine maîtrise de ses facultés. Boh, il y avait peut-être un truc à creuser là-dessus, mais l’idée qu’un type assis on ne sait où dans une chambre gère son destin en tapotant sur un clavier, c’était pas fun. Autant laisser tomber ce trip, et aller voir un peu les environs.

Il se leva ; ses genoux se dérobèrent, mais c’était tout simplement parce qu’il n’était pas assez concentré. La terre tangua, et une boule de bile âcre et jaunâtre remonta des tréfonds de son ventre ; il tint bon, et, doucement, fit ses tout premier pas dans l’anonymat absolu.

Ses premiers.

Après, une main bourrue lui jeta une telle claque dans le dos qu’il s’étala de tout son long par terre, et par commodité.
Un volte-face. Les pupilles qui grandissent. Un cri stupéfait qui mousse à travers la barrière de la bouche, jusqu’à emporter les barrages.

- Tokri !

Ouais, c’était bien l’Utak. Toujours aussi bourrin et nonchalant. Une courte barbe brune piquetait ses joues, et ses cheveux sombres rebiquaient en mèches éparses devant ses yeux froids et distant. Le Chikarate était quelqu’un de solitaire, mais un fin sourire changea les lignes de son visage quand il eut aperçu son compagnon.

« - Hey, marmotte. Je parie que tu t’attendais pas à me voir, pas vrai !
- Bah plutôt non, hein...
(Iji l’observait curieusement.) Mais euh… Tu peux m’expliquer ?
- Bon…
(L’Utak se gratta le menton.) En fait, on était en mission dans le secteur, Kei’ et moi, et en chemin on a croisé une bande de péquenots arriérés du village de Path, avec des armes et tout… Enfin, ils ont vu qu’on était de Chikara et fatalement ils nous ont parlés de vous. Du coup, par un pur élan de camaraderie désintéressée et altruiste, on s’est dit qu’on allait vous aider un peu étant donné que vous n’aviez pas une mission trop simple…
- Vraiment ?
( Iji haussa les sourcils.) Bah merci, hein, c’est cool, je…
- Nan, en fait, Keitaro avait paumé la bouffe, on avait la dalle et on était complètement à sec, alors on s’est dit qu’on irait bien r’garder pour s’il restait de la chair sur vos cadavres. Heu, du pognon dans vos sacs.
- …
- …
- Et… Sinon, vous nous avez trouvés comment ?
- Facile. On a donc accompagné les villageois, qui ont pris possession du Fort, puisque les occupants avaient été mis hors d’état de nuire… Puis le renard de Kei a senti une odeur de crâmé, et effetivement, y’avait de la fumée et des auras de shinobis… Un bon gros coup de bol qu’on soit passés par là, mais ce qui compte c’est que vous êtes tous les deux sains et saufs.
- Bon, bah je dirais rien pour vos envies de kleptomanes alors… Et le mec qu’on devait attraper, il est où ?


Tokri baissa les yeux un moment et Iji resta seul avec le silence. Au bout d’un moment, le Taidoka lui désigna une direction d’un mot laconique.

A deux cents mètres vers la gauche, dessous une large branche de chêne solide et forte, deux pieds se balançaient.

Tranquilles.

Une corde effilée serrait le cou de l’homme déjà bleui.

Iji regarda l’homme qui avait tenté de les tuer osciller doucement, porté par la chaîne jaunâtre qui le libérait des peines. Cet homme, il le connaissait, avait échangé avec lui quelques paroles. Des émotions, des mots. Un être humain bien différent du macchabée dont les corbeaux aspiraient déjà la chair.

Hatake.

Membre d’un village de forgerons, rencontré alors qu’ils fuyaient le village pour échapper à une justice instrumentalisée et aveugle. Jeune homme ambitieux qui avait vite faussé compagnie à l’équipe, fou de joie de quitter son espace reclus, convaincu que son art de la métallurgie lui vaudrait la consécration dans le continent.

Une vie humaine, résumée en cinq lignes, deux phrases.

Iji sentit une minuscule pointe de tristesse passer comme une ombre dans ses entrailles. Il n’était pas étranger à cette mort. A l’époque, il avait cru pouvoir manipuler le type pour l’offrir à Kodomo no Asu, qui exploiterait l’homme pour développer des armes puissantes. Là encore, des mois plus tard, il n’avait accepté la mission que parce qu’il voyait un espoir de capture.

La suite était simple à deviner : Hatake, qui s’était établi en leader d’une bande de malfrats, avait paniqué en voyant que deux Genins de sa connaissance sillonnaient la région. Il avait donc lancé quelques uns de ses tueurs, vite rétamés par la team, puis, découvert dans le souterrain où il concoctait ses créations, il était remonté à l’air libre… La foule compacte de villageois venus écumer le bastion ne lui avait laissé aucune chance.

Iji s’assit, les yeux fichés dans les pupilles baveuses du mort ; il ne ressentait rien. Il aurait pu être attristé par ce destin digne d’élégie, se croire tiraillé par un élancement de son âme, mais dans sous son crâne ne pulsait qu’un éclair d’agacement diffus, sans aucune nuance de nostalgie, parce que jamais le talent de l’homme ne pourrait servir à personne. La voie de shinobi le poussait à l’insensibilité, comme l’hiver par le gel cassant pourrit les pétales d’une fleur douce.

Le Genin s’immergea dans le lac de ses réflexions, s’enfonçant peu à peu entre les eaux pour une fois calme. La suite lui paraissait limpide : récupérer la récompense, s’expliquer avec Haya et rentrer ensemble au village. Retrouver les habitudes, la routine, puis repartir. Ou pas. La vie était rarement aussi simple, et le destin ne se réduisait pas à des projets tracés sur un pan de conscience ; néanmoins, refaire le monde en décidant arbitrairement la suite de l’aventure était agréable.

Sheinji se leva, vérifia que sa souplesse était revenu, avança pour…

Pour rien, en fait. Il ressentit un choc sourd à l’arrière du dos pendant qu’un imbécile lui plongeait dessus, et agrippa son assaillant des deux mains pendant qu’ils roulaient au sol. Il fut renversé, et encaissa une beigne magistrale avant d’entendre un éclat de rire.

– « Hahahahaha !! HEY MEEEEC !! Ca fait trop plaisir de voir que t’as survécu, toi aussi !!!
- Raaah, apparemment le manque d’air t’a encore plus ramolli le cerveau… ça se fait, ça, de sauter sur les gens comme un lièvre en rut ?
- Allez, râle pas, c’était juste un petit test pour voir si t’es aussi anémique que d’habitude.
- Okay… Et le résultat ?
- Un caillou aurait réagi plus rapidem… »


Cette fois, ce fut à Otarin de s’en manger une bonne. Ils comparèrent un moment le nombre de dents qu’il pouvaient retirer à l’autre avec leurs coups (Rin l’emporta de loin) puis le schizophrène désigna le cadavre, ceint de ce nœud terrible et incitateur, comme une bouche atroce et sans dents, et qui ne cesserait jamais de se balancer.

(Rin) Hatake du village Pépytows… Wow. Ça m’a foutu un choc quand je l’ai reconnu. J’aurais jamais cru qu’il était derrière ce bordel.
(Iji) Tu parles… Quand le type avec l’épée-serpent nous a attaqué, j’ai immédiatement pensé à lui. Qui d’autre pouvait fabriquer des armes aussi étranges ?
(Rin) En tout cas, il ne risque plus de nous empêtrer dans des combats, lui… Tout est bien qui finit bien, ou presque.
Avant qu’Iji ait eu le temps de regretter la perte de connaissances que signifiait la mort d’Hatake, son comparse, sourire aux lèvres, lui tendit deux épaisses liasses de feuilles, frappées des titres suivants. « Contrôle du chakra et chimie dans la fabrication » et un autre « Notes ».

(Rin) Je suis pas complètement débile, tu sais. J’avais pigé que ce mec pouvait avoir laissé des trucs intéressants derrière lui, et me faire une arme spéciale de ce genre m’intéresserait bien. T’es tombé presque tout de suite dans les vapes, dans ce labo, mais moi j’ai plus d’endurance, j’ai eu tout le temps de fouiller.
(Sheinji) Okay, j’avoue que tu gères. Merci mec.

Il regardait le ciel, songeur. Sous terre, avant que les fumées ne voilent son champ de vision, il avait eu le temps d’apercevoir les derniers mots du chef du Fort, écrit à la va-vite comme un défi, hurlement déchirant et silencieux qui ne passerait jamais la tombe.

« Moi au moins j’ai été libre. »

L’orphelin était aux prises avec lui-même quand une main sur son épaule l’extirpa hors de sa torpeur.


(Rin) Au fait… Haya est pas avec toi ?


***

Ils passèrent le jour à appeler, puis durent se rendre à l’évidence.

Malgré les liens, malgré le sang et les épreuves, Hayamaru les avait quittés.
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Périple à Nobeoka, le retour...  Empty Re: Périple à Nobeoka, le retour...

Message par Seshiru 15/11/2010, 00:26

Dans la nuit noire, à la lueur de la lune seule, le sang qui giclait, ruisselant ensuite sur le sol de la rue crasseuse de Nobeoka,reflétait d’un éclat couleur rubis la scène morbide qui se déroulait. Le combat, la violence, le sang … Seshiru n’y était plus habituée. L’odeur du tabac et de l’encens avait été remplacée par celle de la mort. Enfin non.Personne n’était mort, du moins pour l’instant. Elle avait eu si peur pendant les échanges de coups entre l’homme un peu mystérieux et surtout très puissant et Haya. Haya qu’elle retrouvait enfin après quelques années …Elle ne pouvait lui faire confiance, celui-ci avait l’air d’avoir très envie de la sortir de là mais si c’était pour la ramener au village …Et puisses amis … Entre celui avec l’air idiot, un blond aux yeux bleus, l’autre avec les yeux gris, sans parler de celui qui voulait l’assommer, c’était là une belle équipée qui venait de se faire écraser par l’homme et le garçon aux cheveux bleus.
L’homme semblait en avoir finit avec eux et ils n’avaient pas l’air de vouloir s’occuper de la demoiselle. Pourtant il lui jeta un regard hautain au possible et lui dit :

« Petite, si un jour tu arrives à Arasu, demande Uril Utak, si tu survis, on verra ce qu’on peut faire de toi. »

Cela fit frissonner la jeune fille, décidément cette soirée était riche en émotions. Les deux hommes s’en allèrent, ou plutôt disparurent dans la nuit. Ainsi les Chikarates se retrouvaient seuls dans la rue sombre, la lune était presque visible derrière les bâtiments. Seshiru était maintenant hors de son bar, avec une bande de mecs plus ou moins amochés. Que faire ? Ils la recherchaient certainement, ou en tous cas, la livreraient probablement à la police militaire de Chikara. Pourtant Hayamaru avait eu l’air heureux de la voir, mais pouvait-il la laisser partir sans rien dire ?Elle devait alors fuir, mais où ? Elle n’avait nulle part où aller,personne à accompagner. D’ailleurs, en parlant de compagnon :

« Kôman ! », cria-t-elle à mi-voix dans la nuit.

Elle ressentait l’absence de son petit singe. Elle l’avait oublié dans sa chambre, livrée à elle-même et surtout enfermée, elle ressentit un grand vide dans sa poitrine. C’est à ce moment qu’un bruit de course en getas se fit entendre sur le sol crasseux de la rue. Une chevelure blonde s’échappant d’un amas d’étoffe bleue surgit à la lumière de la lune.

« Seshi-chan ! »

La voix claire d’Isanena fendit la nuit, mais ce qui réconforta le plus le cœur de Seshiru, c’était l’éclair blanc qui se jeta contre elle. Kôman vint frotter sa petite tête contre le cou de la jeune fille,visiblement rassurée de la voir. Isanena tendit un objet long et fin à son amie.

« Tiens, c’est ton katana, j’ai pensé que tu aimerais l’avoir avec toi. Et j’ai trouvé ce petit singe dans ta chambre aussi,dit-elle en désignant Kôman de la tête,

- Merci Isa. »

Seshi’ déchira le tissu de sa jupe qui recouvrait ses jambes qui s’était déjà déchirée dans sa précipitation, elle n’avait plus que son pantalon de toile rouge bordeaux. Avec le ruban qui pendait à l’étui de son arme, elle l’attacha à sa ceinture. Kôman était logée sur son épaule droite et semblait entamer une sieste. Ensuite Isanena prit les mains brûlées de la jeune fille dans un lige humidifié par la chakra suiton de la kuinoichi médecin.Après avoir appliqué une pommade anesthésiante et réalisé bandage, Isa jeta un regard au tas de blessés, étalés sur le sol ou un peu sonné. Son âme de médecin prit le dessus et elle alla vers eux pour leur prodiguer des soins. Seshiru lui dit sur un ton de reproche :

« Ça ne te fais pas peur Isa ?

- Pourquoi ? Ça devrait ?

- On a déserta je te rappelle.

-Arrête un peu Seshi, tu veux rester une catin pour le reste de ta vie ? Tu n’as pas vu comment il était heureux de te voir ce mec ? », Répliqua la blonde en désignant le jeune homme à la chevelure argentée qui était dans un sale était après s’être battu contre l’Araséen. Isa l’avait posé contre le mur, à côté de son ami le grand brun qui se faisait soigner par la déserteuse. Seshiru alla doucement s’asseoir à côté de lui sur le sol sanglant, salissant ses beaux vêtements. Gentiment, elle lui posa sur la joue un pansement d’une taille ajustée pour une blessure superficielle comparée à d’autres.

« Si tu veux te rendre utile, donne à boire à ceux qui ne sont pas inconscients, là-bas. »

Elle désignait le groupe de Chikarates qui semblait discuter, ou plutôt se disputer joyeusement malgré leurs blessures issues de leurs précédents combats. Seshiru prit une gourde remplie par le suiton d’Isa et se dirigea vers les jeune gens, elle leur tendit la gourde sans un mot et s’éloigna aussitôt, ne voulant pas encore leur parler, elle ne voulait pas non plus les écouter. Ils avaient certainement parlé d’elle, la cause de tout ce bazar.
Le joli sourire charmeur de la jeune fille avait laissé la place à son air boudeur et contrarié. Elle avait peur, peur pour son avenir.Elle n’était plus prisonnière, elle était libre à présent. Mais elle laissait ses anciens compatriotes la capturer, elle serait de nouveau captive et enfermée, contrainte à des règles qui n’étaient pas les siennes mais celles d’un pouvoir militaire inhumain. Elle ne le voulait pas, et ne connaissait pas les intentions d’Isa sur le sujet. Elle se sentait seule, malgré la présence des autres autour d’elle. Kôman le sentait et jouait avec quelques mèches roses et caressait sa joue du bout de sa queue pour l’apaiser.

Les garçons commençaient visiblement à retrouver leurs forces. Le brun et Haya étaient bien réveillés. Ils étaient tous réunis et semblaient s’amuser. Ils avaient l’air de beaucoup s’aimer, ils le montraient comme des mecs, en se lançant des vannes à tout bout de champs. Cela émut Seshiru. Ils étaient tous d’une manière ou d’une autre heureux, même le brun à l’air contrarié en permanence qui avait voulu l’assommer. Le doute régnait dans la jolie petite tête de Seshi, ces évènements avaient bousculé son quotidien et elle devait maintenant faire des choix. Elle gardait un œil sur Isanena, qui rangeait ses affaires de médecine dans un petit sac. Elle aussi avait l’air de vouloir partir et quitter Nobeoka, comme toute les autres filles sans aucun doute.
La bande de ninjas commençait à se diriger vers la sortie du village. Isa et Seshi s’échangèrent un regard lourd d’incompréhension. Ils ne les capturaient pas ? Ils se retournèrent, et le plus vieux lança en la regardant droit dans ses yeux verts :

« Alors jeune fille ? Tu viens ? On ne doit pas rester ici trop longtemps. »

La demoiselle aux cheveux roses eut un immense moment d’hésitation qui about à un effacement de tous ses doutes en voyant les regards que lui adressaient les membres de l’équipe, en particulier Hayamaru, son amide longue date, elle ne pouvait pas en douter. C’est donc intuitivement qu’elle se porta vers eux, délogeant Kôman de son épaule pour la porter dans ses bras.Elle rejoignit les garçons avec un léger sourire. Mais ses yeux reflétaient encore la peur. Haya posa sa main son épaule et lui dit gentiment :

« Ne t’inquiète pas, t’es libre maintenant !

- Oui. »

La voix de la jeune fille se faisait plus assurée, elle avait l’intuition qu’Haya ne la laisserait pas tomber. Elle se retourna alors vers la jolie blonde derrière elle :

« Isa ? Tu viens ? »

Et c’est avec un grand sourire que la belle Isanena les rejoignit, faisant voler derrière elle ses longs cheveux d’or.

« C’est partit ! », lança un blond aux yeux bleus.

Ils se mirent donc en route, fraîchement soignés. Les rues de Nobeoka étaient toujours chaotiques, même la nuit, ou plutôt surtout la nuit. Ils évitèrent de passer aux endroits les plus découverts. Isanena avait froid, sa robe bleue était décidément légère, Seshiru avait gardé sa veste mais ça ne changeait rien au froid mordant de la nuit. Les personnes que le petit groupe croisait les regardaient bizarrement, un groupe de cinq jeunes hommes accompagnés de deux jolies demoiselles légèrement vêtues,ça fait discuter. Et les filles, ça attire les hommes, ils devaient se dépêcher de partir de cette ville de vice et de débauche. Quand il n’y eut plus de bâtiment, quand l’odeur se fit moins infecte, ils surent qu’ils étaient en dehors du village.
Le petit groupe marcha encore un peu, allant vers le nord, puis ils décidèrent de faire une pause, les blessés étant fatigués. Pendant que Isanena faisait connaissance avec les garçons, Hayamaru vint vers Seshiru, lui tendant sa longue veste noir et blanche.

« Tiens. Tu vas avoir froid, mets ça. », Lui dit-il avec un sourire chaleureux.

Obéissante, Seshi prit la veste et l’enfila, elle était chaude et avait l’odeur d’Hayamaru. Elle le remercia avec un sourire puis il l’invita ensuit à venir faire un tour un peu à l’écart des autres. Avec pour seul éclairage la lumière de la lune elle avait du mal à distinguer son visage et ses expressions, elle ne savait pas quoi attendre de cette conversation,mais elle se doutait que cela porterait sur la désertion de la jeune fille.

« Tu voulais donc me parler ? demanda-t-elle d’une voix hésitante,

- Nous sommes sortis du village, et naturellement nous nous dirigeons vers Chikara en ce moment même... »

Après qu’il ait prononcé le nom du village, Seshi' baissa le regard, et frissonna légèrement, malgré la chaleur que lui procurait la veste de son ami. Ce qui n’échappa pas à ce dernier.

« Je sais ce que tu as fait, mais je ne t'en veux pas,je ne suis pas là pour te juger, et personne n'en ale droit, mais j'ignore ce que tu désires en ce moment même...

- Je ne sais pas. Je pense que je veux qu’on me laisse tranquille, j’en ai assez de recevoir des ordres », répondit la jeune fille à mi-voix.

Tout la poussait à faire confiance à Haya, au fond d’elle, elle ne désirait que le suivre, mais son ego le lui interdisait. Lejeune décoloré reprit :

« Tu ne peux pas non plus rester seule, même avec ton amie. Tu la suivrais si elle rentrait avec nous au village ?

-Je ne sais pas. »

Elle soupira. Si, elle savait. Il lui faudrait certainement du temps pour s’habituer au monde extérieur, à reconnaître à quel point il était dangereux après ces quelques années d’enfermement. Elle huma l’air de la plaine. C’était frai, vraiment agréable. Le petit singe qu’elle tenait toujours dans ses bras grimpa sur son épaule pour lui faire une caresse affectueuse sur la joue ; Kôman savait quand Seshiru avait besoin d’un peu de réconfort. Sans la regarder, la demoiselle lui grattouilla la nuque. Elle vit le regard assez bizarre que Haya accordait au petit singe, elle n’y prêta pas d’attention. Elle réfléchissait à son possible retour au village,elle serait à coup sûr jugée et punie, et elle avait plutôt peur de la justice d’un village shinobi tel que Chikara …Ses grands yeux verts se levèrent une nouvelle fois vers les gris d’Haya. Oui. Elle devait aller là où elle serait en sécurité,même si sa liberté en dépendait, et elle avait la conviction qu’elle ne serait pas seule, alors ça irait. Elle essaya de sourire, rajusta sa longue veste qui était sur ses épaules et profita du silence de la nuit pour murmurer le plus bas qu’elle pouvait, mais en étant sûre que le jeune homme l’entendrait :

« Je vais continuer avec vous jusqu’à Chikara. Je pense que Isa ne verra pas d’inconvénient à nous accompagner. »

Ensuite elle baissa son regard. Elle avait l’impression de ne pas avoir fait de choix depuis des années, et c’était le cas. Elle chercha un contact physique avec son ami, elle fit un pas en avant et lui saisit la main droite et ajouta, avec un ton plus ferma que ce qu’elle aurait désiré :

« Mais ne me laisse pas tomber comme j’ai fait avec toi.

- Je n'ai pas été assez fort pour te sauver lorsque tuas été enlevée. Et je ne suis même pas parti à ta recherche. Moi aussi je m'en veux, mais c'est fini. Jamais plus je ne t'abandonnerais.»

Aux yeux du jeune bretteur, Seshi était proche, et pourtant si lointaine. Désirant pallier à ce manque de proximité avec la jeune fille, il lui lâcha sa main et enserra tout son corps, l’amenant doucement contre lui et lui murmurant à l’oreille :

« Jamais plus... »

La voix du jeune homme rassurait Seshiru. A ce moment là, il s’en irait au bout du Yuukan qu’elle le suivrait, il était désormais son unique point d’attache. Ils restèrent ainsi un moment, mais Seshiru n’était pas très à l’aise. Elle ne se laissait faire que parce qu’elle avait confiance en lui. Après les incidents avec Shuko, elle avait du mal à imaginer qu’on puisse l’enlacer ainsi sans arrière pensée,contrairement aux clients du bar … Puis décidèrent de rejoindre les autres qui avaient fait un feu et commencé à manger leur ration. Isanena s’occupait à nouveau des blessures du dénommé Tokri, celui à l’air toujours emmerdé. Laissant Hayamaru s’occuper des regards interrogateurs de ses compagnons d’aventure, la demoiselle aux cheveux roses entraîna la blonde un peu à l’écart, derrière un arbre à proximité, et se jeta dans les bras de son amie, enserrant sa taille. Isa posa doucement une main sur les cheveux roses de la jeune demoiselle, étant plus grande qu’elle, mais avec précaution, au cas où Kôman pourrait être effrayée, c’était peine perdue, le petit singe était resté près des garçons pour profiter de la chaleur des flammes. Seshiru avait besoin de ce câlin, besoin de calmer ses émotions, elle n'avait pas osé le faire avec Haya, qui l'aurait peut-être compris autrement. Isa assumait la force de Seshi sans broncher, c’est qu’elle n’avait pas perdu ses muscles la jolie.

« Isa, tu viens avec moi à Chikara,hein ? », demanda la demoiselle d’un voix tremblante, vraiment bouleversée par tous les changements, les décisions et les émotions.

« T’inquiète pas chaton, on est deux dans cette galère depuis le début. », répondit la blonde d’un ton rassurant,chaleureux, comme celui d’une mère.

« Fais voir tes mains. »

Obéissant, Seshiru ramena en arrière les manches de la veste pour confier ses mains bandées aux mains guérisseuses d’Isanena. Celle-ci les sonda avec son chakra et la lumière de la lune éclaira un sourire.

« Ça commence à aller mieux. Il va falloir que tu règles ce problème de brûlure. On devrait rejoindre les autres, ils son un peu bizarres mais ils sont marrants. »

Et elle entraîna Seshi par la main vers le groupe. Comme prévu, Isa avait sympathisé avec son joli sourire et sa gentillesse inégalable.Après avoir mangé, évoqué plusieurs fois le fait de rôtir Kôman qui s’amusait à balader sa queue un peu partout dans les affaires des garçons, ils se reposèrent un peu puis reprirent la route quand les plus blessés se sentirent en forme. Alors qu’ils marchaient en s’amusant à leur façon, Seshiru apprit à les reconnaître. Comme Isa, elle les trouvait un peu agités mais sympathiques dans le fond. Infatigables comme les ninjas qu’ils étaient, ils rejoignirent Chikara en une semaine. Plus ils approchaient du village,plus Seshiru était tendue. Hayamaru essayait de la rassurer, content qu’elle ait accepté de rentrer au village avec eux. C’est alors qu’elle serrait Kôman contre sa poitrine qu’ils arrivèrent devant les portes du village, que Seshiru et Isanena n'avaient pas vues depuis longtemps.
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