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Narasu  - Page 2 Empty Re: Narasu

Message par Keitaro 25/4/2011, 18:31

Cela faisait presque deux mois que je m'étais récupéré de mon congé maladie forcé qu'on m'avait imposé après notre retour d'Ouroboros. Quelques semaines plus tard, notre ancienne Team s'était temporairement reformée pour une nouvelle mission à Nobéoka. Celle-ci se termina par notre retour triomphal au village, accompagnés d'une ancienne déserteuse Chikaratte répondant au doux nom de Seshiru ... Et depuis, on ne m'avait plus assigné de mission et je passais mes soirées devant les portes pour faire mon tour de garde ... Il semblerait que Chikara n'avait pas du tout apprécié que deux de leurs ninjas se fassent passer pour morts - aussi menottés et enchaînés puissent-ils avoir été - et manquant au passage plusieurs heures de patrouille et de remplissage de paperasse qui s'étaient accumulées au bout de deux mois ... En bon bénévole et sensei que j'étais, je réussis à convaincre mes supérieurs que Tokri n'avait rien à voir avec tout cela et que j'endosserais toutes les conséquences que notre absence avait engendrées ... Hé, faut croire que j'allais amèrement regretter cette décision qui allait changer le sens de ma vie ...

Cette nuit là n'était vraiment pas comme les autres ... La Lune était plus belle qu'à son habitude ... Seuls les chants stridents de quelques criquets des sables déchiraient le silence glacial dans lequel était plongé le village caché du désert.

Ce soir-là, je faisais partie des quelques ninjas "privilégiés" qui veilleraient toute la nuit pour assurer la sécurité de notre paisible village. Personne ne se doutait de rien. C'est vrai quoi; qui serait assez fou et intrépide pour s'attaquer à un des plus grandes puissances du Yuukan ?

J'étais accompagné d'une autre Chuunin Kunoichi appelée Kiara Namenada. Je ne l'avais croisée qu'une ou deux de fois dans le passé, aux bureaux du QG. Une fille vachement sympa, à vrai dire. Elle n'était pas spécialement jolie, mais j'avais déjà rencontré bien pire. Elle devait doucement approcher la vingtaine, le teint de peau typique des environs et une dizaine de centimètres de moins que moi. Elle utilisait son bandeau du village comme chignon pour ramasser ses longs cheveux châtains clairs en arrière ... Mentalement, rien qui sortait vraiment du commun des mortels : Gentille, attentionnée, sérieuse. C'était quelqu'un de bien qui, moyennant travail et efforts acharnés, aurait très bien pu arriver au sommet des futures générations Chikarattes ...

(Kiara) - Ca va Keitaro ? Rien à signaler ?

(Keitaro) - Oui, c'est on ne peut plus calme ... Serieux, comment tu fais pour survivre ?

(Kiara) - Excuse moi ?

(Keitaro) - Ouais ! C'est le boulot le plus chiant du monde et ça fait plus de trois semaines que t'as été mutée ici !

(Kiara) - P'tet bien que je suis un petit peu masochiste. - Dit elle avec une petite voix amusée.

Je souris en baissant la tête ... J'avais presque oublié ce que c'était ... Une fille ... La dernière fois que j'avais eu une véritable discussion sensée avec une personne du sexe opposé remontait à Ouroboros, lorsque Minami nous exposait le plan qu'elle avait préparé pour notre évasion. Je me demande bien ce qu'elle est devenue ...

(Kiara) - Dis, tu ne sens pas quelque chose de bizarre ?

(Keitaro) - C'est pas moi !

(Kiara) - Allons ! Garde ton sérieux Keitaro ... Ca ressemble à une odeur de ...

(Keitaro) - Brûlé.

Le temps sembla soudainement se figer. C'était une sensation que j'avais déjà ressenti plusieurs fois dans le passé. Je pouvais entendre mon coeur battre lourdement tel le pendule d'une horloge. Je sentis subitement une vive et douloureuse chaleur envahir mon corps à travers tous les pores de ma peau. J'avais la soudaine impression d'être beaucoup plus léger et en quelques secondes j'avais déjà été soufflé, sans aucun préavis, à plusieurs mètres de là avant d'être stoppé net par un bâtiment qui se trouvait au milieu de ma course.

J'avais horriblement mal à la tête et j'avais du mal à garder l'équilibre. Ma vision était devenue floue et le seul son que j'arrivais à distinguer était un incessant bourdonnement dans mes oreilles.

(Keitaro) - Kiara !

La déflagration m'avait violemment sonné, mais je n'avais qu'à voir autour de moi pour me rendre compte que d'autres n'avaient pas eu autant de chance que moi ...

- Kiara ! Où est tu ?!

C'est alors que j'aperçus au milieu de tous les débris et la fumée le corps à moitié inconscient de Kiara.

- Kiara !

J'accourais vers elle pour voir comment elle allait ... Elle avait été salement amochée par l'explosion, mais elle semblait toujours respirer ... Je n'avais jamais rien vu de pareil. Sa jambe ensanglantée était complètement déchiquetée et il n'y avait qu'un tout petit morceau de chair qui l'unissait au reste de son corps.

(Keitaro) - Eh ! Je vais te sortir de là, d'accord ? - La calmais-je en essayant d'arrêter l'hémoragie de sa jambe.

(Kiara) - Qu... Qu'est ce ...Qu'est ce qui s'est passé ?

Elle avait du mal à parler ... En même temps, elle avait perdu énormément de sang et je savais qu'elle n'allait sûrement pas tenir très longtemps. Je m'efforçais de garder en place le garrot que je lui avais posé sur la jambe, mais à chaque fois que j'essayais de le retenir il se gorgeait à nouveau de sang.

(Keitaro) - Je ne sais pas. Je pense que Chikara est attaquée.

(Kiara, souriante) - Ah... Ne les laisse pas gagner, d'accord ?

(Keitaro) - Non ! NOUS n'allons pas les laisser faire !

(Kiara) - ...

Son regard commençait à s'éteindre sous le mien. C'était la première fois que je voyais un ami mourir sous mes yeux. Je ne voulais pas qu'elle meure ! Elle devait survivre ! ELLE DOIT SURVIVRE !

______________________________________________________________

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH!!!

Je m'épongeais le front, tournais la tête à droite, à gauche. Ma respiration s'était accélérée... Et merde! Pourquoi ça? La seule chose que je pouvais bien désirer c'était de m'ôter ce putain de souvenir de la tête ... Depuis que j'étais arrivé à Narasu c'était la quatrième fois en une semaine que je rêvais de cette foutue guerre. Parfois, je me demandais comment aurait été ma vie si je ne m'étais pas alisté. Je me suis mis sur le bord de mon lit, une main sur le visage, en jetant un regard vide sur le coin du mur ... Je suis un ninja, merde ! Je ne pouvais absolument pas me permettre de faire ce genre de réflexions !

L'horloge indiquait huit heures et demie du matin. Le QG m'avait donné rendez-vous à neuf heures et demie et c'était très important à ce qu'il parait.

Je pris rapidement un petit-déjeuner composé d'une tartine avec du fromage et un verre de lait avant de me vêtir d'un simple T-shirt blanc à manches courtes et un blue-jean ... Ben quoi ? Vous pensez tout de même pas que je suis comme ces ringards de ninjas de pacotille qui ont leurs tenues répétées en sept exemplaires identiques ... A croire que personne n'avait fait la remarque avant.

Bref, j'ai dû sortir de mon domicile - que ,soit disant passant, Chikara nous avait offert à notre arrivée - vers neuf heures. Le Qg était à dix minutes de marche et je pouvais me permettre de rêvasser un instant ...

Narasu était tellement agréable ! Il ne faisait pas aussi chaud qu'à Chikara et l'air y était bon. Les oiseaux chantonnaient dans le ciel printanier de la ville, pendant que les écureuils batifolaient joyeusement entre les feuillages des arbres.Au fur et à mesure que j'avançais dans le village je trouvais cette nature à l'état brut de plus en plus agréable. Quel dommage que le lieu soit tombé aux mains des mafieux ! Il ressemblerait presque à un paradis sur terre ...

- Wesh, toi vas-y, crache le flouz !

Qu'est-ce que je disais ?

- Excuse moi, mon frère, mais tu attaques la mauvaise personne.

Autant le prévenir tout de suite. Le pauvre bougre prétendait racketter un Chuunin de Chikara armé d'un Wakizashi ... L'ancien moi aurait très probablement mis cet impertinent hors d'état de nuire sans hésitations. Cependant, lorsque je regardais ce gars, qui n'avait jamais tenu une épée de sa vie, je me disais que derrière cette petite racaille de banlieue se trouvait un homme qui faisait tout pour trouver de quoi se nourrir lui et sa famille ...

- Mais comment qui me parle le Pierre-Henry là ! Zy va, donne-moi le blé ou je te troue ducon !

- Je t'aurais prévenu...

Je soupirais de désespoir et, en moins de temps qu'il en faut, je le désarmais avant de l'agripper par une manche pour le plaquer contre le sol.

- Merde ! T'es un ninja ! Wallah que je voulais pas t'attaquer ! C'est le boss qui nous oblige je le jure !

Je souriais au jeune homme et je l'aidais à se relever. Je pris un billet de 50 ryos et deux billets de cinq avant de les poser sur le creux de sa main.

- Dis à ton boss que j'étais paumé et que t'as pris que 10 ryos. Le reste c'est pour toi.

Le petit voyou était complètement incrédule. Il regarda l'argent dans sa main et se frotta les yeux comme s'il était en train de rêver. Il me remercia pendant une bonne dizaine de minutes avant de partir en courant vers les ruelles de la ville. Pour une fois, j'avais cette sensation d'avoir fait quelque chose de bien ... Ou bien de m'être fait profondément entubé ... Mais je m'en foutais.

J'arrivais au QG à neuf heures 20 minutes ... Les locaux étaient complètement déserts ... On ne devait pas se sentir dépaysés, huhuhu ... Ben quoi ? Ca fait plus de dix lignes que je n'ai pas fait de blague pourrie, je ne vais tout de même pas trahir à ma réputation, namé.

(Secrétaire) - Je peux vous aider, monsieur ?

- Oui, je suis Keitaro Tameiki. Le QG m'a donné rendez-vous pour aujourd'hui.

(Secrétaire, regardant dans son agenda) - Attendez un instant ... Hum, ah oui ! Veuillez entrer à gauche, Sadaharu Sama vous attendait.

- Merci.

Bizarre ça. Pourquoi Jupnei Sadaharu, la plus haute autorité Chikaratte à Narasu, voulait me parler ? Ma dernière grosse connerie datait quand même ... Ouais bon, c'est vrai qu'hier j'avais provoqué une émeute dans un magasin de jouets et incendié un vieil entrepôt abandonné, mais il n'y a eu aucune victime !

- (Jupnei) Ah ! Keitaro Tameiki !

Ma parole, mais quelle sale gueule !

(Jupnei) - Je suis heureux de vous annoncer votre promotion au très convoité grade de Jounin !

(Keitaro) - Gné ? C'est une blague ?!
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Message par Oboro 25/4/2011, 18:41

-Mmmh… fis-je, l’air sceptique. Vous permettez?
-Bien sûr. C’est le but d’un entrainement à plusieurs, répondit mon partenaire, effaçant sa gêne d’un sourire.
- N’hésitez pas à y aller vraiment, quand vous me donnez des coups. J’ai compris le mouvement, ça devrait aller.
-Ho. Bon, très bien.

Autant, face à un civil, de grosses lacunes en gen ou ninjutsu, ça ne posait aucun problème. Mais comme les petites frappes du coin n’avaient pas beaucoup d’autres options que les bonnes vieilles méthodes lorsqu’elles s’essayaient parfois à affronter un ninja, nombre de bizarrologues avaient décidé de revoir quelques bases du corps à corps. De quoi se tirer d’un mauvais pas pour reprendre la main, et pouvoir tranquillement employer leurs artifices.
Ce n’expliquait que partiellement pourquoi mon partenaire d’entraînement était un junin dans la force de l’âge. Enfin, zut, quoi : je comprenais plus vite que lui ! Aberrant !

-Enfin, je pense du moins avoir compris. On pourrait peut être reprendre plus doucement, pour voir?, lui demandais-je en ayant un peu pitié de lui, qui n’avait pas encore l’âge d’être un vieux chnok totalement dans son truc et incapable d’apprendre du neuf.

Pour rééquilibrer les choses, et permettre aux plus expérimentés de balayer le plus de nullards possibles, les binômes de travail changeaient pratiquement à chaque exercice. Et pour l’occasion, il semblait bel et bien que j’allais devoir jouer la meneuse. Ironique, parce que la meneuse ne fait rien, elle reçoit. Doublement ironique, parce qu’en vérité elle était la plus sollicitée des deux, à devoir guider celui d’en face, qui apprend, tout en veillant à réagir correctement pour pas se bouffer la tronche, seule ou du fait du ratage d’en face.
Pourtant, c’était lui qui avait l’âge de jouer les sensei. Enfin, j’imagine que s’il a fait l’effort de venir ici, c’est qu’il était motivé pour apprendre. Va pour ça. J’accepte.

Ah oui, au fait : je râle, je ronchonne, je crache, mais au final j’étais presque aussi aidante que les cinq élèves qui faisaient office de satellites à l’instructeur de la séance, un gladiateur chikarate aux pectomuscles d’aciers et visiblement taillé pour l’explosivité. C’est juste que j’étais venue là pour m’entraîner, chose pour laquelle on a absolument pas le temps, ici. Enfin, au moins on apprend beaucoup de trucs en parallèle.

Et vu que notre magnifique professeur avait retenu mon prénom après seulement deux séances… faut dire que j’en avais raté le moins possible… c’est pas que j’allais obtenir le titre de chouchoute, on était trop nombreux pour ça.

Comme pas mal d’instructeurs, Sintaro Raizen était vachement bien loti, à Narasu. Et bien mieux que certains de ses collègues, ayant prit des spécialisations plus surnaturelles.
Et justement, Raizen était l’un des instructeurs les plus prisés de Chikara. Pas parce qu’il était particulièrement bon, tant en pédagogie qu’en technique personnelle. Simplement, il était l’un des meilleurs lorsqu’il s’agissait de fournir un bon enseignement pratique à une cinquantaine de personnes en simultané.
Malgré cela, il préférait lui aussi les entraînements en petit comité. Et il comptait bien s’en offrir un aujourd’hui, comme il le montra à la fin de la séance.

-Okay, okay, très bien tout le monde. Exceptionnellement, on va pouvoir garder la salle une demi-heure de plus aujourd’hui. J’imagine que tout le monde n’en aura pas le temps, mais pour ceux qui peuvent, je propose d’approfondir un peu l’exercice. Mais ne vous y sentez pas obligés, bien sûr, précisa t-il à contrecœur.

Très bien calculé de sa part, se satisfit-il tout en saluant ses élèves sortant de la grande salle aménagée au mieux. Seule une dizaine de personnes avaient encore le temps, l’envie et/ou l’énergie de rester. Bien sûr, j’étais du lot: ça m’intéressait doublement. Se rapprochant du cercle de ses élèves, qui bavardaient et haletaient en s'abreuvant d'eau et de sueur, il dissimula sa bonne humeur sous sa sale gueule habituelle. Lui aussi, il adorait gronchotter contre les gens.

-Donc, reprit-il un peu plus tard, ce qu’on a cherché à faire tout à l'heure, c’est se placer correctement. Uniquement le jeu de jambes. Quelque soit votre niveau, c’est toujours important: énormément de ninjas ne se battent qu’en utilisant des coups de poings. Cassez la distance, tombez leur dessus, et leurs attaques perdront énormément. Rien qu’en se rapprochant d’un coup long, on peut réduire ses dommages de moitié. Un grand sage a appelé ça "tendre la joue à ses ennemis", je crois.
-C'était pas un pacifiste, plutôt?
-Beeen... maintenant que t'en parles, je crois bien, oui.

-C’est également valable pour les petites frappes du coin, bien sûr. Particulièrement pour elles, en fait. Mais bon, même un adversaire armé perd des options quand on lui déboule dessus. Bien sûr, cela dépend de chaque arme: un katana perd toute son amplitude, mais méfiez vous toujours d'un adversaire qui pourrait avoir un couteau à portée de main. Comme les samourai ne courent pas les rues par ici, c'est sur ce dernier cas de figure qu'on va reprendre. Et là, c'est tout à fait l'inverse qu'il va vous falloir faire.

Sortant de son sac la douzaine de tanto en bois qu'il avait amené avec lui, il en distribua un par binôme et commença par le démonstration d'un enchaînement simple, prenant pour partenaire un solide gaillard de gensou, plutôt bon, qu'il avait chargé de l'attaquer. Le pauvre cobaye finit désarmé et à terre, agrippé au poignet par Raizen qui venait d'utiliser une technique de soumission tirée du juuken qu'il jugea pertinente pour l'occasion.
Lorsque vint leur tour, ses disciples n'en arrivèrent pas à là, touts concentrés qu'ils furent sur l'ordre de placement de leurs pieds.

Après ce situationnel, vint alors quelques trucs plus généraux, impliquant notamment un trois contre un très exigeant niveau rythme et surveillance.

Pour conclure, il leur montra rapidement quelques bases de l'Haetsu, un taijutsu justement focalisé sur l'espace, et finit la séance sur quelques exercices de relaxation méditative, ce qui était l'une des plus belles choses du monde quand on était lourdement grevé de fatigue.

Son emploi du temps n'indiquait cependant pas qu'il allait se faire accoster par une élève en fin de cour. Encore essoufflée par l'entrainement, la grande Oboro, cheveux noués en un solide chignon, lui demanda un rapide entretien qu'il ne refusa pas, s’attendant à une demande de conseils technique... qu'il n'eut pas. A la place, la genin lui montra un genre de formulaire qui...

-Voilà. Ils ont posé des annonces de recrutement un peu partout, et je me disais que peut être, un avis favorable venant d’un junin qui n’est pas de mon village…

L'instructeur m'observa brièvement, histoire de juger ce qu'il avait en face. A priori, pas de soucis, surtout pour un petit truc de ce genre. Au final, ce fut la curiosité qui le gagna.

-Muromachi, c’est ça?
-En effet.

Comment ça, il me le demande? Mais il s’en souvenait l’autre fois ! Te fiche pas de moi, Bubuche, chuis pas d’accord!

-C’est toi, la genin qui pose des questions sur leShokan Goro?
-Hu? Oui, oui…

Reste à savoir d’où est-ce qu’il sait ça. J’en avais brièvement entendu parler à l’académie, c’est en relisant des notes dessus que j’ai commencé à y songer, mais… ensuite, j’ai juste… demandé une autorisation pour les bains à une chunin, okay.

-Sozohabe m’a demandé quelques trucs dessus, à cause de toi, me confirma t-il.

Le bonhomme marqua une pause, s’offrant quelques instants pour se souvenir de sa collègue gensouarde venant lui poser des questions à lui, le bourru du désert, huit jours plus tôt. Déjà, ça flattait son égo, d’être ainsi consulté par une pair qui ne le connaissait que de nom. Ensuite… mettons que ladite collègue avait un beau visage, lui avait déjà adressé son rire cristallin véritablement enchanteur (à TROIS occasions, ce qui était un signe, forcément. Ou pas. Mais probablement. Normalement. A voir, donc), et était on ne peut plus célibataire et libre pour le moment. Bien sûr, elle était d’un autre village, mais…

-Bref. Oublie pour le moment. Un genin a des trucs plus utiles sur lesquels se focaliser que ça. Continue par des bases qui te seront utiles quoi que tu deviennes, tu broderas seulement ensuite. Sinon, t’as toutes les chances de finir coincée. D’accord ?
-Compris, oui.

J’aurais acquiescé à n’importe quoi pour lui donner raison, bien sûr, même si j’aurais cherchée à ce qu’il me convainque si ça m’avait semblé étrange. Mais là, je pris surtout note d’un élément balancé en plein vol. Alors comme ça, les instructeurs parlent de moi durant leur temps libre? Quand bien même ils ne sont pas du même village ?
Excellent, énorme même! Continue comme ça cocotte, ils verront ! C’était probablement anecdotique pour l’occasion, mais ça viendra.

-Bon, ton papier. Tu sais ce que c’est, ce poste ?
-Ils signalaient la protection de fonctionnaires durant leurs déplacements. Je suis aussi allée poser quelques question, et c'est globalement ce qu'il en ressort.

Pas glorieux, hein? Naaan, du tout. Le truc, c’est que ces postes sont bons pour vous attirer la reconnaissance des protégés, et que c'est globalement beaucoup plus valorisé que l'escorte de pauvres darnuks civils d'un village à un autre. Et on attend toujours beaucoup d’un gorille sécuritaire, mine de rien. A votre avis, pourquoi la protection du Grand Manitou, on la confie aux Anbus, hein? Je commence comme ça, je me multiplie les portes et tous les verrous finiront par sauter. Restera plus qu’à passer les vitesses au bon moment pour que ça cartonne sec.
Ca marche presque comme le Ganseki, en fait.

-Tous les jours ou presque, on a des arrivants qui passent par le tunnel de Kasuka. D’un coté, on reçoit parfois des infos au Gyosei, que l’on doit transmettre au barrage assez rapidement. J’ai cru comprendre qu’ils recevaient aussi des documents des arrivants, que seuls certains administratifs sont suffisamment accrédités pour les transporter. On aussi un système de douane, pour filtrer les guignols qui essaient malgré tout de faire passer des trucs à Narasu.
-Hum. Quand vous parlez de documents, c’est… dans quel genre ?
-Sache une chose, sauf exception, les colis que l’on transporte ne nous concernent que rarement. D’accord ?
-Bien sûr !, réparais-je en vitesse, voulant une recommandation ne me présentant pas, de préférence, sous un mauvais jour. Mais bon, s’ils étaient réellement importants, on ne confierait pas la tâche à des genin. Et s’ils n’étaient pas importants, y’aurait rien à escorter.
-Ouais… mais essaie plutôt de réfléchir avec ton cerveau, maintenant. Un genin, ça se forme, et être garde du corps est loin de se limiter à savoir se battre.

Exactement pour ça que ça m’intéresse, pardi.

-Vu que t’as pas l’air d’être déjà tombée dedans, je te préviens : ici, tu vas tomber dans des trucs parfois trop gros pour toi. On est pas assez nombreux pour tenir la ville correctement. Il nous faudrait au moins un demi-millier de chunin supplémentaires pour se sentir à l’aise, ici. Au lieu de ça, on a des genin. Crois moi qu’on va vous utiliser.

Euuuuh… ah, ouais. Ca, j’avais pas calculé, par contre.

-Mais en fin de compte, c’est tant mieux, non ? Comme ça, on, et je, va pouvoir progresser rapidement. Je savais que ça serait quelque chose de bien d'être ici, donc j'ai fais de mon mieux pour faire parti de Kiritsu. Maintenant que vous me dîtes ça... eh bien... tant mieux, tout simplement.

Franche, honnête, directe. Peut être un peu trop: Ko’ m’a déjà mit un bouquin de psychologie-manipulation sous le nez, et l’œuvre n’a jamais fait grand-chose d’autre que de décorer ma chambre. Y’a des choses qui méritent de ne pas être sues, tout de même.

Et puis, le travail de charme, je l’ai fait pendant les cinq séances où je suis venue, à l’heure et avec toutes les affaires, on ne peut plus sérieuse. Y’a manipulation et manipulation. Ca, c’est de la manipulation saine à base d’efforts et de mérite, qui doit être récompensée à sa juste valeur, non? D’un coté, la lettre de Raizen assurerait les bonshommes que je n'ai rien d'une rabougrie gollumique. De l’autre, j’avais réussi à retomber sur le Docteur Satokira, de mahou, qui m'en avait lui aussi fait une toute belle. Coup de chance, je ne savais pas du tout qu'il était là. Deux jours plus tard, je revins le voir sur son domaine, à l'hôpital, armée du même papier qu'aujourd'hui. Bien sûr, il ne me connaissait pas tant que ça, mais j'avais eu l'occasion de faire partie d'une mission qu'il patronnait (dont l'objet était sa protection à lui, le temps d'un trajet pour une conférence. Parce qu'en plus il était renommé), et qui s'était bien passé. Suffisamment pour qu'il m'en fasse une très belle, de recom'.
Donc, ils vont voir que la Muromachi a réussi à cumuler les muscles et les méninges. Super.

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Message par Sheinji 29/4/2011, 02:20

Un gouffre. Un abîme. Un trou noir. Tel est l’esprit de Sheinji au moment précis où ces mots le cueillent. Son crâne déborde d’un vide sidéral et vertigineux, et, pendant une seconde, les filet de l’indécision tissent leur toile huileuse sur sa tête.

En langage habituel, ça veut dire qu’il sait pas quoi faire, quoi.

En même temps. C’est normal. Une première mission assignée en tant que chef d’équipe, avec la possibilité ô combien attrayante de pouvoir décider à sa propre place des déroulements futurs de l’opération, et de soumettre une bande de morveux revanchards, totalement zélés, qui n’attendent que la montée en grade pour pouvoir se saisir du flambeau…

… Et ainsi se défouler sur une autre portée de morveux, etc, etc.

Mais là, le Grand Cycle Universel des Choses déraille. De un, les cobayes/partenaires de Sheinji, loin d’être les sbires couards et dociles de base qui grouillent partout en espérant qu’on les remarque, sont… spontanés. Vraiment très spontanés. Voire même limite impulsifs. Voire complètement inconscients.

Dans le cerveau de ces joyeux énergumènes, balancer un vieillard du premier étage en espérant qu’il atterrisse sans trop de mal est totalement logique. Ça, ou bien défoncer les murs d’un bâtiment à coups d’explosifs parce qu’incapables de trouver une porte de sortie.

Un cauchemar, quoi.

De deux, le Cycle ayant marqué cette mission du sceau ineffaçable de la Routine, les évènements n’auraient pas du excéder ceux prévus par l’ordre de mission. « J’arrive, bonjour bonjour, je mange mes granola, boum boum boum, un café et je rentre. »

Dans le forfait « Petite Mission Tranquille », il n’est marqué nulle part qu’un chef d’équipe jeunot et un peu mégalo sur les bords doive faire face à trois compagnons déchaînés et impitoyable, observer sans pouvoir rien faire les « réaménagements de personnel et de locaux » inventés par les trois malades, pour subir enfin les menaces d’un groupe de terroristes prépubères.

Dooonc, c’était pour toutes ces raisons -et pour les décigrammes d’alcool dans son sang, aussi- que le Chuunin ne savait pas sur quel pied danser. Mais, malgré cette description longue et fantasque, et au présent qui sert de préambule au narrateur, cet hébétude finit par changer.

Les idées affluèrent, et la réalité reprit ses droits.

Passage au passé.

***

Ils n’eurent pas le temps de voir grand-chose. Une trainée noire et blanche, ou un lézard chevelu qui filait sur les murs ; une seconde plus tard, Sheinji arriva dans la place.

(Gamin 1) Ouak ?! Un autre ninja ?! Bon, c’est parti, les poteaux ! On s’le fait !

En un clin d’œil, Sheinji se retrouva assailli par une demi douzaine de mômes, armés de pierres ou de frondes et décidés à en découdre. Il pivota, feinta, chercha un angle de sortie dans la masse grouillante de bras et de jambes, s’engouffra dans une fenêtre, et mit assez de distance entre eux pour qu’ils comprennent qu’il était inutile de le suivre.

(Taïga) Baaah, tu crains, Sheinji ! Démonte-leur la gueule !
(Gamin 2) Gyahahahahaha !! J’y ai collé un chewing-gum dans les tifs!

Et en effet, la magnifique tignasse de notre ami était maintenant engluée dans la pâte rose spongieuse, bafouant sa bicoloration naturelle et accentuant son air de casque ; un son suraigu s’éleva alors dans la caverne, sorte de henissement glauque qu’aurait poussé un eunuque dopé à l’acide. Sheinji mit vingt secondes à comprendre qu’il s’agissait d’un rire. Un des préados l’accosta, rejetant d’un geste une longue mèche qui lui tombait jusqu’à la bouche.

(Gamin 3) Haaan, trop LOL ! Hey toi ! Tu sais respirer par le nez ?!
(Iji) … ? Ouais, bien sûr ! Tu veux que je…
(Gamin 3) Hé bah alors ferme ta bouche !

Sans lui laisser le temps de répondre, le petit chiard effectua un étrange atémi de haut en bas, ponctué d’un « Ajtékassé!! » triomphant et des « Bwahahaha, trop cher! » de Taïga et Kentaro. Puisant dans son envie d’être un chef mature admirable, Sheinji ne fracassa pas le nain comme son corps le lui dictait pourtant, mais emprunta un intermède diplomatique.

(Lui) Hahaha, j’la connaissais pas petit con… A part ça, si on vous laisse en paix dans ce sous-sol qui pue pour établir vos plans de domination de la ville, on peut repartir pour accomplir notre mission pépères ?
(Keiji) Mais attend, le bâtiment va leur tomber sur la g… Mais aïe Taïga, pourquoi tu m’écrases le pied ?
(Taïga) Laisse-le parler.
(Gamin 1) SILENCE ! Vous croyez qu’on vous a capturés pour quoi ? On sait parfaitement que vous voulez faire péter cet endroit, et notre base secrète avec !
(Kentaro) Dommage qu’on soit censés vous évacuer, hein, parce que perso…
(Keiji) Hé, les gnomes, nous on travaille… Vous ne pourrez pas empêcher qu’on fasse notre boulot, alors partez. Vous construirez une nouvelle base ailleurs !
(Gamin 1) Parle à ma main !
(Gamin 2) Parle à mon pied !
(Gamin 3) Parle à mon boule !
(Sheinji )Bon, okay… Alors si c’est comme ça…

Il s’avança. En le voyant bouger, l’assistance eut un mouvement de recul, puis elle ouvrit de grands yeux étonnés sur ce qu’il tenait dans sa main : un rectangle de papier rose bonbon, légèrement écœurant, orné de quelques petits cœurs et représentant un poisson gris à l’air mielleux (oui, c’est possible).

( Gamin 3) Mais que… MA CARTE DE DORADE L’EXPLORATRICE !! VOLEUR !!
(Sheinji) Bwahahahaha, dans ta gueule !! J’la garde, j’lavais pas, celle-là… Et ça, je crois que c’est à toi, sale môme ! Une place au premier rang du concert de Shantal Goyave !
(Gamin 2) NOOOOON, TOUT MAIS PAS ÇA !! MA RÉPUTATION EST FOUTUE !!!
(Gamin 1) Kévin ! t’es viré du gang !
(Sheinji) Attends avant de rire ! Pour toi, ça m’a coûté mes cheveux, mais j’ai ce slip en fourrure taille XL ! Maintenant on sait tous que t’essayes les trucs de ton père !
(Taïga) Ouah, je le mettrais bien sous mon pagne… Trop classe !!
(Kentaro) Ouais, avec ta crête verte c’est sûr que les filles vont tomber…
(Sheinji) C’est pas fini, les gens ! J’ai aussi…

SCHBLAM!

Un lourd, très lourd silence, une de ces absences totales de bruit qui précède la folle dévastation des tempêtes, s’abattit sur la foule. Tous regardaient ; à bout de nerfs, un des jeunes avait voulu attaquer Sheinji, qui, par pur et simple réflexe, lui avait collé un énorme pain dans le visage.

Ce fut le signal.

Ils crièrent tous ; Keiji, libéré discrètement du filet depuis qu’il avait noté que celui-ci gênait ses mouvements, et qui tenait visiblement à ce qu’on arrête d’abuser de sa gentillesse ; Kentaro, parce que Taïga avait tissé des fils de chakra tout autour de lui, pour le retarder un peu et se laisser encore plus d’adversaires ; et Taïga enfin, parce que les voies diplomatiques, ça va cinq minutes, mais faut quand même pas abuser, merde alors.

Les enfants criaient. Les ados hurlaient. Un beau nombre pleuraient.

Concrètement, ça donnait un truc du genre :

- BWAHAHAHAHA ENFIIIIN !!
- Jm’excusejm’excusejm’excusejm’excuse !
- Raah, ma carte Dorade !
- Elle est à qui, cette dent ?
- Mon caleçon en fourrure !
- TAIGA, VIRE CES FILS DE MERDE !!
- Mon ticket !
- KEVIN, T’ES PLUS DU GANG !
- J’suis pas gentil avec les nains !
- ON VA CREVER !


En un mot comme en cent, le bonheur.

***

La leçon importante qui par la force des évènements suivants, devait se graver en caractères iridescent dans le cortex cérébral du pauvre et innocent Sheinji, était la suivante :

» Fais toujours attention au moindre mot que tu profères. »

Évidemment, on eut pu croire (STOP ! Un peu de recueillement pour cette forme grammaticale magique !) ont eut pu croire, donc, que tout ça allait s’arrêter là. Car en effet, après la rouste mémorable administrée aux gamins des plus puissants notables de la ville, et l’évitement in extremis d’une guerre civils/ninjas, tenue en respect par la peur de tous ces gamins qu’on dévoile au grand jour leur honte et secrets intimes, le Chuunin était en droit d'espérer que les choses se passent plus ou moins correctement maintenant.

Comme de pur par hasard, ce ne fut pas exactement le cas.

C’était l’après-midi à Narasu. Le soleil printanier léchait les façades délavées des habitations, bénissant de son sceptre ceux qui s’efforçaient de maintenir l’ordre comme les autres, prêts à tout pour le déliter.

Après l’épisode de la grotte, soucieux de redorer son image de leader-sérieux-et-autoritaire-mais-qu’est-quand-même-sympa-et-humain, l’orphelin était allé chercher quelques boissons histoire de ravitailler toute la troupe ; pour la première fois depuis son arrivée ici en tant que renfort militaire de base, il avait le loisir d’explorer la trépidante ville du crime, celle où Kodomo No Asu s’était implanté pour devenir… où KnA s’était implanté, donc.

L’œil averti du ninja remarqua rapidement que, s’il se trouvait encore dans des quartiers relativement aisés, la misère et la corruption répandaient ça et là leurs effluves. Beaucoup de graffitis, peu de couleurs, des passants à l’air revêche ou apeurés, marchant d’un pas rapide les mains serrées sur leur sac, ou sur le manche d’une arme qui saillait parfois de leur poche… Quelques coins obscurs et désaffectés, une ruelle sombre ou étaient encore les restes d’une très large tâche brunâtre.

Sans trop savoir ce qu’il faisait, Sheinji repéra dans la foule un homme dans la trentaine à l’air crispé, habillé avec plus de soin que beaucoup d’autres ; sans qu’il paraisse non plus l’homme le plus riche de la planète, il était probablement une cible parfaite pour ce que cherchait l’orphelin.

Ce ne fut pas long. Juste un geste, et, si quelqu’un le remarqua, il ne dit rien, sans doute trop habitué à voir des phénomènes de ce genre en ville. L’adolescent palpa du doigt l’argent qui venait de changer de poche, et, en connaisseur, l’estima à un montant de plusieurs…

« Mais bordel, bordel, qu’est-ce que je fous ? »

La réponse s’imposait. Il venait de voler un type qui ramait un peu moins que les autres, et les coupons frappés d’encre étalaient sur sa paume étaient comme autant d’aveux de son forfait.

« Ben quoi ? C’est pas la première fois que je le fais… »

Oui, mais la différence était énorme. Sheinji volait quand il avait besoin d’argent, ou quand il voulait comprendre le mode de vie d’une cible ; là, son acte n’avait été commis que par… le désir de relever le défi, le goût du risque.

C’était tout.

Et merde.

Il respira. Il ferma les yeux et remonta la rue en sens inverse. Enfin, sans se laisser le temps de réfléchir, il feint de tomber, s’agrippa au bras de son ancienne cible, et partit alors que l’autre vérifiait ses poches, soulagé d’y trouver les billets qui étaient les siens.

Sheinji rageait.


***

Il comprit que ça n’allait pas à un rien intangible de l’atmosphère. Le bruit qui pulsait du chantier alors qu’il était loin, l’étrange manque de monde des rues où il se trouvait, les accords de musique entraînants gravant leurs sonorités dans les airs.

Et puis, il tomba dessus.

Un arbre. L’intéressant se trouvant plus dans les inscriptions gravées, que dans l’arbre.

Taillées au couteau et suivies d’un smiley qui tirait la langue, cela donnait à peu près ça :

GRAND CONCOURS D’EMMERDAGE DE SHEINJI :

K 1
K 1
T 1


Et puis, une feuille :

« Cet après-midi à 15 heures, fête surprise au chantier de construction XB22 !! boissons gratuites, entrées libre, et participation exceptionnelle de l’immense D.J. Taïga en guest star ! Venez nombreux ! »

Sheinji sourit.

***

Impulsif.

Un mot qui voulait dire plusieurs choses.

De façon générale et selon le Larüsh chikarate, il désignait littéralement « celui qui ne se raisonne pas et qui agit de manière très violente, quitte à ensuite regretter les conséquences de ses actions. »

Le sourire de Sheinji s’aggrandit. Cette définition était intéréssante, mais dans son cas, fausse sur un point, et donc on pouvait dire qu’il n’était nullement impulsif.

Il ne se raisonnerait sûrement pas. Le temps des réflexions était fini.

Il allait bien agir d’une manière monstrueusement, totalement et délicieusement violente…

Mais, il ne regretterait absolument pas le bain de sang qui allait suivre !

Dans l’esprit de Sheinji, trois mots se répétaient en boucle :

« Ils Vont Morfler. »






Dernière édition par Sheinji le 19/5/2011, 00:48, édité 1 fois
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Message par Otarin 29/4/2011, 18:01

Mégaschmurk et trouldebide! Une mission? Déjà? Moi qui croyais que j'allais pouvoir avoir une bonne nuit bien au chaud dans un univers merveilleux -le pays des songes- où je rencontrerais Oui-Oui et son taxi jaune, les pokémons, les schtroumpfs... Fin', bref, une nuit habituelle quoi... Non, là je risquais de rencontrer un ogre, quelques cul d'jattes, deux ou trois sapajous jouant au foot avec une tête d'enfant... Ah... Ce que j'aime ça!

En vérité, la seule chose apte à me faire peur à l'heure actuelle, c'était le Boss, et aussi Hisoka mais là, c’était un genre de crainte parentale face à la connerie que désire faire étrangement et immodérément son gamin -sauf que j’étais juste son supérieur et non son paternel.

On vint nous chercher, Hisoka fit craquer sinistrement ses phalanges. Iarwain bailla et je clignais des yeux. Normal, ne laisser à des pauvres gens -sans autre choix que d’écouter- seulement deux heures de sommeil, c’est amoral, franchement.

« Et on est sensés faire quoi?
-Je ne dois pas parler aux nouveaux…
-Mais?
-Je ne dois pas parler aux nouveaux… »

Pas bavard, le type, en même temps, au vu du destin de son prédécesseur, il valait mieux. Et il valait mieux pour nous de ne pas tarder et ne pas poser trop de question. Le nouveau promu, -Xio, si je me rappelais bien- nous mena comme l’ancien second Saïto jusqu’à « l’antre » du boss…

« Ah, les nouveaux…
-Alors? Quel est le but de la mission de ce soir? Fit Hisoka, impatient.
-Peuh, si on peut appeler ça une mission, une bête escorte… Fit il, navré.
-C’est une mission comme une autre, remarquais je.
-Mais non, il risque de ne pas y avoir la moindre goutte de sang. Et en plus, j’ai été sommé par les supérieurs de superviser cette rigolade, la barbe.
-Euh… Superviser? Supérieurs?
-Merde… Fit il dans sa barbe. Euh, oubliez ce que vous venez d’entendre ou je vous bute!
-Okay, okay, fis Iarwain, prudent. »

Bon, déjà, c’est sûrement pas le plus dangereux du lot… Ce qui rend l’affaire assez galère. J’évaluais le niveau de cette monstruosité à celui d’un bon Jounin, alors si il y en avait des meilleurs et qu’on devait s’en mêler… Ben on était morts. Tous, sans exceptions (Fin’ peut être que je parviendrais à sauver ma peau, mais en laissant les autres dès le début…).

« Et l’intitulé de la mission? demanda notre colosse.
-Ben, c’est assez simple, une livraison de trois caisses d’armes…
-Et c’est illégal ça?
-Si les armes sont volées oui, mais c’est pas le cas… Ce qui nous intéresse, c’est le véritable chargement de ces caisses…
-Mouais, vaut mieux pas savoir… Commenta Iarwain. »

Bien entendu, le visage d’ Hisoka, -qui au début de la mission était de marbre- se mua d’un large sourire. C’était presque s’il n’allait pas se frotter les mains sournoisement. Mais bon, j’y croyais tout de même très peu. Le seul problème, c’est qu’il voudrait sûrement l’affronter un de ces quatre et que ça risquait de déraper. Bref, il fallait que je le surveille. Que je garde un œil sur lui.

« Hey, Boss!
-Ouaip?
-Et on pars quand?
-Ben, maintenant, vaut mieux ne pas chômer, plus vite on sera partis, plus vite on sera revenus pour faire des vraies missions. Objections?
-Non! »

Le Boss pris la tête -celle de Saïto, qu’il avait gardé en trophée- puis nous emboîta le pas, nous montrant à chaque croisement la direction à prendre. Je regardais le visage figé d’effroi tenu dans la main droite du Boss. Un de plus, un de moins, ça nous ferait déjà un à ne pas buter plus tard.

***

Le Boss nous mena devant des caisses. La tête me tournait. J’avais un peu trop bu. Les quelques centilitres de trop que je venais d’ingérer me rendaient presque malade. Un grand vide me traversa la tête. J’étais saoul, c’était rare, très rare, mais j’étais saoul. En fait, j’étais presque saturé en alcool on pourrait dire. Iarwain et Hisoka me regardaient d’un air inquiet, je ne marchais plus très droit désormais.

« Alors, ça ne va pas gamin?
-Si, j’ai envie de sang!
-Je te comprends…
-Et de boire!
-Ah, ça tu vas devoir attendre… »

Comment ça attendre, je n’en pouvais plus, il me fallait boire, merde! Et s’il ne voulait pas, je le buterais, Iarwain et Hisoka avec s’ils me retenaient. Je veux ma bibine! Merde! Si je me lâchais, plus personne ne pourrais me contredire. Mais le bon sens… Quel bon sens au fond, au diable le bon sens! Il fallait que je me rafraîchisse l’haleine! Iarwain, en bon médecin remarqua assez rapidement que je n’allais pas bien. Il fit signe à Hisoka d’aller me calmer, l’air de rien. Le géant m’attrapa d’un geste et me balança sur son épaule.

« Qu’a-t-il?
-Un peu trop d’alcool je dirais… Dit Hisoka.
-De l’alcool, à cet âge, l’est pas bien le gamin…
-On avance un peu, je l’assommerais s’il fait le malin. »

J’étais complètement embué par la transe, mais mon « double » alcoolique évitais faire des bêtises, on peut être cinglé sans être con. Dans ces périodes de semi conscience, c’était habituellement Akira qui prenait les devants, là, c’était moi, un moi rongé par l’alcool. Je ne m’en étais pas rendu compte tout de suite, mais j’en étais devenu totalement dépendant. Et cela causait des troubles dans mon organisme. Certains bénéfiques, la disparition presque totale d’Akira était sans doute due aussi à ça, mais d’autre part, je n’étais pas mieux que lui, surtout lorsque mes penchants maléfiques se réveillaient.

« Bon, j’espère qu’il sera clean s’il y a du grabuge…
-On le laissera pas nous démerder tous seuls.
-Ok… Bon, je prends à ma charge la première partie du convoi. On se rejoint ici! »

Il montra aux deux autres un point sur la carte que je ne vis pas. Merde. S’il fallait que je passe à l’action c’était loupé. Bon, tant pis, je n’avais plus qu’à attendre que l’on veuille bien me déposer et je pourrais couper quelques têtes. Mes pensées étaient floues, mais je savais ce que je voulais, tuer. Une part de moi essayait de m’en empêcher, mais elle était troublée par l’alcool.

« Hisoka, laisse moi descendre, fis je lorsque le Boss fut loin.
-Ouaip, mais cinq minutes, pas plus, t’as l’air bizarre. »

Je ne répondis pas, le laissais me descendre au sol, puis regardais un instant les deux ninjas qui me lorgnaient comme une bête curieuse. Il fallait que je m’en aille au plus vite. Les deux parties de moi-même me criaient ça. L’une parce qu’il fallait qu’elle tue, l’autre, parce qu’il fallait qu’elle épargne les deux lascars. Et les deux s’accordaient.

« Bon, j’vais devoir vous laisser.
-Tu restes ici! Gronda Hisoka.
-C’est moi le plus gradé!
-Et alors, on est tous égaux non? T’es pas dans ton état normal, lança Iarwain.
-Je m’en fous que vous croyiez ça je me barre!
-Tu vas tout faire foirer arrête!
-J’ai besoin de sang!
-Hisoka, assommes le s’il te plait…
-L’est vraiment pas normal… Alors okay! »

Je m’en foutais, ma résistance était immense, même si je me prenais un coup, je pourrais toujours fuir comme ça… Et puis adieu les amis, je vais exterminer Narasu! Sauf que ça ne s’est pas exactement passé comme je l’avais prévu, Hisoka a frappé légèrement plus fort que ce que j’étais capable de supporter et je tombais dans les pommes, assommé par la poigne du géant. Je sentis que Iarwain me soignait, la douleur perçue s’amoindrissant.

***

FLOUCH!

Hé, c’est quoi ça?! Un seau d’eau glacée dans la tronche en guise de réveil. J’ouvrais les yeux pour me rendre compte que mon désir de tuer était toujours là. En plus, j’étais au sol et mes deux coéquipiers autour de moi.

« Qu’y a-t-il?
-Ben, on est presque arrivés et il semble y avoir du grabuge là bas. On a entraperçu le Boss qui semblait avoir des mots avec un gars, alors on a préféré te réveiller avant d’arriver.
-Du sang donc… Des meurtres…
-L’est vraiment complètement malade?
-Où juste tout simplement fou… »

Je regardais avec haine mes coéquipiers, avant de me sécher. Puis je partais devant, à la rencontre du Boss. Il en était venu aux mains et déjà plusieurs hommes étaient à terre. Merde, il avait commencé sans nous.

« C’est une embuscade les gars! s’esclaffa-t-il en nous voyant.
-Ça l’air de vous faire rire!
-Ben c’est le plus drôle, vous ne trouvez pas?
-Si, justement, lançais je. »

Je commençais alors à me battre au sabre en me délectant de tous ces morts et de tout ce sang…
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Message par Seol 2/5/2011, 12:55


Je ne pus retenir un soupir de lassitude, lorsque je vis l’attitude de notre chef de mission. Ce type était un alcoolique, à première vue. Sauf qu’il semblait avoir l’alcool sanguinaire. Résultat, il avait faillit tout foutre en l’air, lorsque le Boss nous avait amené devant l’objet de notre mission. Qui était plus une course, d’ailleurs. Résultat, pour éviter les problèmes, alors qu’il essayait de nous trucider, Iarwain et moi, j’avais été dans l’obligation de le cogner. Peut-être un peu plus fort que nécessaire. Mais bon. Fallait ce qu’il fallait.

Le trajet avait été tranquille. Trop même, d’ailleurs. Enfin, jusqu’à la livraison. Parce que là, nous avions été attaqués par une bande de malfrats. Des gars dont le Boss, avec son arme, pouvait se défaire sans problème. Ou bien Otarin, Irawain et moi-même, à mains nues. Enfin, peut-être pas Iarwain, en fin de compte. Mais bon, on était là pour faire le ménage, alors on allait le faire. En bon camarade, nous décidâmes de réveiller tout d’abord notre chef, avec un coup de flotte. Et ce dernier s’était précipité au combat, lame au clair, avec un rictus de satisfaction.

Poussant un soupir de concert, Iarwain et moi suivîmes nos compagnons. En toute honnêteté, le combat ne dura que quelques secondes.


_ Nan, mais franchement ! Quel gignol m’a collé un abruti pareil, pour aller zigouiller tous les attaquants ?
_ Qu’est-ce que t’as ? C’est bien pour faire le ménage que tu nous as embauchés !

Le ton employé par Otarin pour répondre au Boss ne me disait absolument rien qui vaille de chez vaille. Par anticipation à la suite des évènements, je pris en main ma massue de deux mètres de long.

_ SI. Mais je pensais que vous aviez aussi de la cervelle ! Comment fait-on pour remonter la piste de l’attaque et éviter qu’il y en ait d’autres ?
_ Si il y en a d’autres, ben, on les trucidera quand ils arriveront.
_ C’est une bonne idée. Sauf que ce n’est pas celle de nos chefs.
_ Quoi ! T’es pas content ?

Sans attendre de réponse de la part du Boss, Otarin, les yeux emplis de sang, arma son coup. Que je contrais avec ma masse. Le tintement métallique surprit Otarin.

_ Et si tu te calmais, maintenant, Otarin, fit Iarwain.
_ Ta gueule ! J’ai envie de sang. Et celui de ce minable fera l’affaire.
_ Sauf qu’on bosse pour lui, maintenant, répondis-je. Et tu as reçu des ordres, poursuivis-je à voix basse.
_ J’m’en tape !

Il semblait clair que c’était complètement impossible de raisonner cet abruti. Nous engageâmes une passe d’armes assez vives. En toute honnêteté, la vitesse des coups étaient supérieure à celle d’un humain lambda. Ce petit junin était foutrement bon, au kenjutsu. Et, avec ma masse, je peinais et commençais à perdre du terrain. Mauvais, mauvais.
Et, pour me déséquilibrer un peu plus, Otarin me lança un jet d’eau au visage. Objectif atteint, puisque, d’une part, je dus fermer les yeux – simple réflexe, mais fatal en combat – et, d’autre part, je manquais mon pas. Et cet espèce d’enfoiré me porta un coup d’estoc au niveau du cœur. Sans même réfléchir – grave erreur, toujours peser ses décisions en combat – j’activais mon épiderme de granit. La lame ricocha sur mon buste et passa sous mon aisselle. De ce fait, le jeune junin se retrouva à porter de mon poing de pierre, qui vint lui caresser délicatement le plexus solaire. Otarin s’arrêta net, cherchant à reprendre son souffle et Iarwain se faufila derrière lui, pour porter une manchette sur la nuque, lui faisant perdre conscience pour la seconde fois de la journée.


_ Mais… mais… C’EST QUOI CE PUTAIN DE BORDEL !!!

Evidemment. Autant le coup du jet d’Otarin pouvait, éventuellement, s’expliquer par un gadget planqué dans ses manches, autant mon armure de pierre n’était pas explicable d’une quelconque façon que ce soit. Hormis s’il s’agissait d’un ninja.
Et meeerde !


_ Vous êtes des PUTAINS DE NINJAS !!!

Et avant que nous ayons eu le temps de réagir, le Boss – j’avais horreur de ce surnom, mais à défaut d’autre chose – sortit un sifflet d’une de ses poches et souffla un grand coup dedans, émettant un son strident extrêmement désagréable. Son qui fit immédiatement apparaître une demi douzaine de gorilles, armés de divers objets, tous plus meurtriers les uns que les autres.
Bon, lorsqu’ils me virent recouvert d’une seconde peau de granit, ils s’arrêtèrent net. En même temps, je savais que j’avais une foutue sale tronche sous cette couche. Bon quitte à avoir foiré, autant continuer sur cette voie. J’abattais donc ma masse sur le sol, devant nos nouveaux adversaires, déclenchant ainsi mon Kakogan Kakera. Cette pluie d’éclats de granit, combinée à mon armure de même nature, c’en était un peu trop pour ces loufiats qui estimèrent qu’ils n’étaient foutrement pas assez payés pour se farcir ce genre d’adversaires. Ils décidèrent donc de se barrer.


_ Bravo ! Le Boss a profité de tout ça pour nous planter là. Et pour planter notre mission, par la même occasion, attaqua Iarwain.
_ Parce que tu crois que je l’ai fait exprès ?
_ Ben, je me le demande.
_ Tu sais quoi ? On aura qu’à dire que c’est de la faute à Otarin. Ce qui est vrai, d’une certaine manière. S’il avait pas pété les plombs, on n’en serait pas là.
_ Ce que tu dis n’est pas faux. Bon, il faut sortir d’ici. Prends notre ami sur ton épaule, et prenons la direction de nos fuyards.
_ Hum… T’es sûr que c’est une bonne idée ?
_ Soit ils ont pris le chemin de la sortie et on se retrouve dehors pour aller faire notre rapport à qui de droits.
_ Et l’autre option ?
_ Soit ils sont retournés dans leur repaire, auquel cas, on réveille notre chef et on lâche la bête sauvage dans l’antre qui nous nettoie tout ça et on effectue notre mission jusqu’au bout.

Chouette programme, franchement. Bon, en même temps, je n’avais pas de meilleure idée. Je chargeai l’inconscient sur mon épaule et me mis à suivre Iarwain dans les dédales des égouts où nous étions.

_ Iarwain, il va rester combien de temps dans cet état là ?
_ J’en sais rien.
_ Comment ça, t’en sais rien ? T’es bien médecin, non ? Alors, tu sais quand-même quelle commotion tu lui as infligé !
_ J’ai frappé sans réfléchir.
_ Génial.
_ Hey, la combinaison attaque au plexus plus manchette sur la nuque, c’est carrément dévastateur. C’est impossible de savoir.

Nous continuâmes à avancer en silence pendant une dizaine de minutes. Puis Iarwain engagea la conversation à nouveau.

_ Au fait, Hisoka. C’est quoi ce collier, que t’as ?
_ Ah, ça ? C’est un collier bouddhiste.
_ T’es bouddhiste, toi ?
_ J’ai une tête à être bouddhiste ?
_ Nan, pas vraiment.
_ On me l’a donné pour m’aider à canaliser ma colère.
_ Et ça marche ?
_ Ouais, la plus part du temps.
_ Donc, t’es pas moine.
_ Ben si. Plus ou moins. Ca te dérange ?
_ Nan, t’es pas le premier que je rencontre.
_ Ah ouais ? Un ninja de Mahou ?
_ Ouais.
_ Ce n’est pas Ryosuke Soma, quand-même.
_ Ben si. Pourquoi ? Tu le connais ?
_ Ouais, j’ai effectué une mission avec lui. Et non, je ne veux pas en parler.
_ Pourquoi, c’est un type plutôt sympa, non ?
_ Non !
_ Pour…
_ J’aime pas ce type sournois, c’est tout.
_ Allons, il n’est pas comme…
_ Bien sûr que si ! C’est un foutu genjutsuka !
_ Ah… Et qui dit genjutsu dit
_ Sournois, ouais. Et complètement fêlé aussi. ‘fin, ça c’est surtout pour Sôma. Qu’il serait nécromancien, que ça m’étonnerait pas.
_ Nécromancien ?
_ Mais ouais, tu sais les types qui invoquent des morts ! J’espère que c’en est vraiment un.
_ Ah bon. Pourquoi ?
_ Comme ça je pourrai le poutrer en tout légalité, grâce à mon appartenance à Taimashin !
_ Et c’est quoi, Taimashin ?
_ Un monastère anti-morbacks ! Répondis-je avec un large sourire.

Je vis Iarwain blêmir. Je mis ça sur le fait qu’il ne devait pas être à l’aise avec ces histoires de morts-vivants. Sûrement à cause de son appartenance au corps médical. Je ne pouvais pas l’en blâmer. Moi-même, ça me dérangeait encore un peu. Surtout quand ils apparaissaient devant moi sans prévenir. Ce qui arrivait moins fréquemment ces derniers temps.
Pendant cette conversation, nous avions continué à avancer. Et, au détour d’un couloir, nous tombâmes sur une porte.


_ A ton avis, c’est la sortie, derrière ? demanda Iarwain.
_ Y a qu’un moyen de le savoir, tu sais.

Iarwain ouvrit la porte, avec précaution. La pièce qui se trouvait derrière était assez grande. Bien éclairée, avec des tables et des bancs un peu partout. Et surtout, pleine d’une douzaine de gars à la mine carrément patibulaire.

_ Vous allez rire, mais je crois que nous nous sommes perdus, fit Iarwain. Vous pourriez nous indiquer la sortie, s’il vous plaît ?

Allez savoir pourquoi, nos amis ne rirent pas du tout. Ils se levèrent et sortirent leurs armes. Je posais Otarin sur le sol et le réveillais avec quelques petites baffes sur les joues. Il ouvrit les yeux et je le remis sur pieds, orienté vers les gars d’en face. A ma grande surprise, Otarin ne sortit pas son sabre. Il se retourna vers nous.

_ Je peux savoir ce qu’il se passe, les gars !

C’était bien notre veine, tiens. Quand on avait besoin qu’il soit complètement avide de sang, ben ce jeune homme ne l’était plus. Les gorilles s’avancèrent lentement vers nous.
Et galère…


Dernière édition par Seol le 25/6/2011, 21:50, édité 1 fois
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Message par Taïga 5/5/2011, 21:01

Récapitulons un peu. Une mission, un chuunin depuis peu pour superviser et quelques genins peu enclins à...peu enclins quoi. Évidemment, je faisais parti de ces genins, c'est pas comme si j'allais me mettre à faire tout ce qu'on me demande même si, pour une fois, l'intitulé de la mission était sympa. En tout cas, Shié m'avait dit que je devrais juste faire sauter deux, trois trucs et un gros bâtiment. Elle m'avait bien eu...même si taper sur les gosses de riches au sous-sol avait été sympa.

Le fait est que tout ça était fini, même si j'avais un gros doute. Faut dire qu'on était censé faire sauter un bâtiment et qu'il était toujours debout le con, maiiiiiiiis on s'en fout. On s'en fout parce qu'aujourd'hui je suis une star.

HELL YEAH!!!

Ça va claquer du castor albinos! Même si c'est un peu fait à l'arrache. Heureusement, mon IMMENSE talent est là pour sauver la face. Comment ça? Je ne vous ai jamais parlé de mes talents d'arrangeur musical et d'esthète de la fête? Et bien asseyez-vous et laissez donc tonton Taïga vous conter une petite histoire:

« Dans une petite cahute faite de pierre, de bois, de feuilles et d'excréments, naquit un enfant. Cet enfant avait été béni par les esprits. Même le Grand Esprit s'était penché sur son berceau...mais peu importe étant donné que c'est pas de cet immonde morveux que l'on va parlé mais bien évidemment de moi et uniquement moi. Après tout, rien d'autre ne nous intéresse ici. A vrai dire, rien ne nous intéresse ici, j'ai pas d'idées d'histoires à vous raconter. »

Pour être tout à fait honnête, l'idée d'une fiesta pour fêter ça était une décision de groupe. Après tout on avait une victoire et un record de lancer de matelas à fêter, à contre-cœur pour la dernière mais Kentaro est un grand malade et ni moi ni Keji(oui, je déteste cette cette convention littéraire disant que les autres passent avant moi) ne comptions aller à son encontre. De plus, chacun d'entre nous avait une bonne raison pour faire la fête: Kentaro pourrait tester toute sorte de technique médicales sur ceux qui allaient trop boire, Keji aurait moins de chance de se retrouver dans un espace exigüe et moi je...ben j'aurais pas à bosser, tout simplement. J'avais ensuite réussi à convaincre mes deux compagnons de me laisser gérer la musique.

Quelques heures plus tard, alors qu'une musique horrible se faisaient entendre tout autour du bâtiment désaffecté.

_Mais c'est quoi cette musique de merde? s'écria Kentaro à mon intention.
_Attends deux secondes, t'as déjà essayé de gérer deux platines en même temps avec des marionnettes!
_Non, mais comme je sais pas manier une marionnette, faudrait que je sois sacrément con pour essayer...
_C'est pas une question de maîtrise. C'est du matériel de merde.
_Oh la mauvaise foi.
_J'y crois pas. Tu oses me parler de mauvaise foi, toi l'incarnation même de la mauvaise foi.
_Pff...même pas vrai.
_TU VOIS!
_Euh, je crois que y a eu une note correcte là
, m'annonça posément Keji.

Et c'était vrai. Un son mélodieux commençait à résonnait à nos oreilles. Il s'arrêta lorsque j'envoyais une pierre dans la face du beatnik assis non loin de là. Cet enfoiré allait pourrir mon moment de gloire avec sa guitare de merde. Nan mais ho, y a des trucs qui se font pas, c'est tout.

Après ces petites difficultés et quelques réglages, la fête battait son plein et j'étais réassigné à la sécurité. J'aurais pu être déçu mais je suis plus mature que ça...et puis vous saviez que certaines personnes sont prêt à donner de l'argent pour rentrer dans des soirée dites « hypes »? Moi non plus mais mon porte monnaie s'en souviendra à coup sûr.

En bref, notre petite fiesta improvisée se passait plutôt bien lorsque quelques cris apeurés parvinrent à mes oreilles. Ni une, ni deux, tel un héros je fonçais chercher Kentaro et ses muscles.

_Kentaro, y a un problème à l'entrée.
_T'as lu ce qui était marqué au-dessus de la porte?
_Qui lit ce qui est marqué au dessus des portes?
_A peu près tout le monde...en tout cas, ici, c'est l'infirmerie et là j'ai des patients.
_Tu parles des mecs avec des aiguilles partout et qui crient pour qu'on les laissent partir?
_Ils sont malades. Ils le savent pas c'est tout...puis j'avais pas assez d'aiguilles pour les empêcher de parler.


Alors que je m'apprêtais à le soumettre à ma volonté par quelques manœuvres hautement spirituelles, aussi nommées « pots de vins », les cris apeurés que j'avais entendu à l'entrée commençaient à résonner ici aussi.

_C'est de ta faute!
_C'est toi qu'est à la sécurité...foutus incapables, moi je fais mon boulot, je demande juste qu'on m'emmerde pas et qu'on me laisse trifouiller tranquillement.
_C'est peut-être Sheinji...
_Rien à foutre.


Ce pauvre Kentaro ne se rendant pas compte du danger, je m'attelais à reprendre mon rôle de sauveur et me sauver en courant. Peut-être que Keji serait d'une plus grande utilité...Le fait est que le dernier de nous trois était trop occupé à danser sur une scène improvisé, le corps recouvert d'huile devant une foule en délire. J'allais être obligé de me passer de son aide, de toute façon, alors que je m'éloignais, j'aperçus du coin de l'oeil Kentaro embarquer Keji après lui avoir planté un aiguille dans le cou.

Le fait est que, si je n'entendais plus aucun cri, je sentais que l'on m'observait. Ca ne pouvait être Sheinji, pourquoi s'occuperait-il de moi avant les autres...aurais-je un ennemi mortel comme dans les grandes histoires de ninjas? A moins que ce soit le Grand Esprit qui vienne me punir de ma vie de pêché du à ma condition de ninja? Dans les deux cas, j'aimais pas du tout. Quelques instants plus tard, je me rendrais compte que c'était bien pire mais ne brûlons pas les étapes.

Alors que je me réfugiais à l'intérieur du bâtiment, un silhouette apparut dans la pénombre et, malgré sa petite taille, on sentait venir d'elle un aura meurtrière effrayante, pléonasme! Une fois qu'un peu plus de lumière l'éclaira je pus enfin la reconnaître. Ces cheveux noirs comme le jais, ce corps aux courbes graciles et ce regarde qui vous fout les jetons. Et ce sourire carnassier, aussi terrorisant qu'inévitablement attirant...



Qu'est-ce qui m'a pris de l'épouser? Shié reste jolie, ça fait pas de doutes mais à chaque fois qu'elle est en colère, j'me chie dessus. Et là, j'avais perdu mon caleçon...

_Alors comme ça, tu es devenu DJ mon coeur? Me demanda, sournoise, ma femme(je m'y ferait jamais...)
_Attends, je vais t'expliquais...répondis-je, effrayé(j'ai précisé qu'elle m'était supérieure en grade et en talent?)
_T'AS PAS BIENTOT FINIS DE JOUER AU CON?
_...
_Ça fait quoi? 10 jours qu'on est là. Tu t'es arrangé pour pas à avoir trop à te bouger le cul. Ca me dérange pas, je savais déjà que t'étais un tire-au-flan. Mais que tu t'arranges pour foutre le bordel dans un mission ça, ça m'les brise.
_J'espère pas, le mariage gay a pas encore été voté par le conseil de Chikara. La réunion là-dessus est prévue la semaine prochaine...
_...
_Désolé, je peux pas m'en empêcher.


Une claque dans la gueule plus tard. Ma douce Shié me transportait sur son dos tel un sac de patates. Je vous avais dit que son truc à elle c'est le taïjutsu à la bourrine, tradition chikarate. Un conseil au passage, arrangez-vous pour être plus fort que votre femme, ça peut être vachement utile en cas de conflits.
Lorsque, à la sortie de la fête elle croisa ce cher Sheinji celui-ci voulut protester contre ma capture. Prétextant que c'était son plaisir à lui. Cependant, en voyant le regard meurtrier de ma future meurtrière et son bandeau chikaratte, le tout couplé à mon regard suppliant, le chuunin pensa que jeune femme ferait un bon bourreau et la pria de passer en lui souhaitant la bonne soirée. Puis il reprit son chemin vers la vengeance.



Y a pas à dire, les chikarattes c'est tous des malades mentaux...
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Message par Oboro 14/5/2011, 20:30

J’en avais juste marre. Je rêvais de me défouler à l’entrainement, de cogner du pantin, de farcir mes muscles de fatigue jusqu’à être truffée de sommeil. Manque de chance, les salles étaient toutes fermées, et je me voyais mal en jogging dans Narasu, tout particulièrement en fin d’après midi. Encore qu’ici, tous les ninjas de Kiritsu (et même tout le monde tout court) avaient tendance à être paranos quelque soit l’heure de la journée. Il n’y a peut être que dans les premières heures de la matinée qu’on trouve la zone à l’aise.
Alors, j’en étais réduite à me réfugier aux bains, à ruminer ma grogne jusqu’à en tirer suffisamment de dard pour me réactiver. Classique. Sauf qu’à peine arrivée, je tombais sur Evaline qui semblait avoir quelque chose de bien planqué sous son sourire accueillant. Certaines personnes sentent la magouille à plein nez, et y’avait écrit charme sur son front. Mais en l’occurrence, sa proposition me convenait très bien.
Ou alors j’ai juste été très contente qu’elle me tende une embuscade pour me recruter dans une mission.

Le sourire de gratitude et le changement soudain de mon humeur durent se voir, parce qu’Evaline ne mis pas longtemps à me faire lâcher le morceau. Sorties des bains et en route vers le lieu de rendez vous de la mission, elle me mit rapidement au courant de ce qu’elle avait à me dire, et installa suffisamment de sympathie pour me faire dire que j’étais juste totalement dégoutée d’avoir été recalée au poste sur lequel je planchais au service du QG.

Parce qu’on avait beaucoup de temps avant que le troisième larron n’arrive, Eva préféra nous installer à la terrasse d’un café pas trop éloigné de Goudatsu, l’enseigne où nous allions mener une petite perquisition discrète. Bien que déçue de ne pas pouvoir se la jouer commère en mode réconfort de copine ayant des déboires sentimentaux (ce sur quoi elle avait d’abord planché), Evaline fit de son mieux pour me remettre d’aplomb. Juste parce que, mais aussi parce qu’elle me voulait de bonne humeur en pleine mission.

Et ça tombait bien, parce que quand ce genre de déceptions inattendues pointait le bout de son nez, ça déclenchait ce que ma mère appelait des « Oboronchonneries ». Ce qui avait juste le don de prolonger ma rogne de quelques heures, si c’était pas plus. Au contraire, Eva s’amusa bien en entendant le calembour.

-Et en plus, j’ai grillé Satokira pour rien! Dans le vent, quoi. Pour même pas grand-chose. Je lui demande la reco et ça marche pas ? Ab-so-lu-ment pas cré-di-ble, je ne pourrais jamais me représenter devant lui. Du moins, pas s’il y a un risque qu’il me demande ce que ça a donné. Si encore ça avait marché, j’aurais pu cogner dedans deux fois. Là, c’est juste rambouillé, comme plan.
-Rambouquoi?
-Des cahuètes. C’est nul.

Bien qu’elle sirotait tranquillement sa limonade (avec une lenteur langoureuse qui suscitait un intérêt mal placé chez pas mal de nos voisins de table) et ne songeait plus du tout à la mission qu’elle devait effectuer, Evaline avait tenu à garder ses gants de combat à portée de main, en l’occurrence juste à coté d’elle sur la table. Même si on ne craignait pas grand-chose, assises ici. Ayant maintenant fini ma longue plainte, et aussi silencieuse qu’elle pour le moment, je me contentais de les regarder, moitié intriguée, moitié morte d’ennui.

-Dis, ça marche, ces trucs ?
-Quels trucs ?
-Les gants en métal.
-Bien sûr, que ça marche.
-Genre tu parviens à bloquer des projectiles, avec ça ?
-La partie supérieure est en métal... tu vois donc que oui. C'est moins facile à parer que des armes blanches, mais ça marche.
-Hum...
-Mais le plus sympa, c'est de les entrechoquer avant d'aller leur coller une raclée. Rien de plus satisfaisant que le plus magnifique des sons.
-J’imagine bien... euh... et tu les as trouvés où? Là comme ça, j’aurais bien envie de m'en offrir une paire.
-On me les a offertes... mais j'imagine que tu n'auras pas trop de mal à en trouver, des comme ça.
-Des comme ça ou des autrement, ça m'ira très bien.
-Déjà une idée en tête?
-Possible, ouais. C'est juste dommage que je sois déjà passée voir les magasiniers avant hier, fis-je en frappant du pied ma sacoche contenant les parchemins récupérés. Bah, j'y retournerais dans une semaine.

La discussion reprit joyeusement par alternance, jusqu’à ce que l’après midi touche à sa fin… et que le troisième ninja censé participer à la mission soit considérable comme étant vraiment à la masse.

-Ca commence à faire long. Tu m’as pas dis de quel village est le troisième, au fait. Si c’est un chikaro, je crois qu’on peut tout aussi bien arrêter, parait qu’ils ont de beaux spécimens d’outres à bibine, eux.
-Mahousard.
-Oh… ouais, bon. On va lui accorder dix minutes de plus, tant qu’à faire. On est plus à ça près, j’imagine.
-Tiens tiens, ben voyons.
-……
-Oui ?
-Les ninjas de mahou ne sont pas irresponsables, hein. Nous sommes très bons. Je suis sûre qu’il a eu un empêchement, ou quelque chose d’important.
-Je n’ai jamais pensé le contraire, s’amusa Eva.
-Nan, vraiment.
-Bien sûr, bien sûr.

Evaline s’amusa encore un peu à mes dépends (je jure avoir vu ses lèvres former silencieusement « outre à bibine » derrière son verre), avant d’orienter la discussion sur des eaux moins houleuses. Le lascar n’arrivant finalement pas, nous nous décidâmes à y aller sans lui.

-Je suis sûre qu’il lui est arrivé un truc, me défendis-je.
-Bien sûr.
-Tu lui as donné les bonnes instructions ?
-Laisse tomber, Obo’. On va continuer à deux, c’est tout.
-Bon, bon, me calmai-je un instant, avant de demander à l’approche du bâtiment que nous voulions. Donc c’est une société d’assurance. Okay, et on fait quoi ? On débarque en mode clientes ?
-Il fait un peu tard pour ça.
-Ils n’ont pas encore fermé.
-Quelque chose me dit qu’ils ne ferment jamais, vu leur activité.
-C’est une banque, on est dans la ville du marché noir, objectai-je avec un ton toujours aussi bougon. Les transactions nocturnes, c’est habituel ici, non ? Déjà qu’on arrive à avoir des marchands réguliers qui arrivent à taper dans leurs coffres forts à deux heures du matin…
-On va aller taper dans les bureaux, plutôt. Ils ont toujours quelques commerciaux de dispos, on devrait pouvoir les éviter sans problème. Sûrement quelques vigiles qui font leurs rondes, aussi, mais ça ira. Ca te va comme plan, tu te sens d’attaque ?
-Toi qui décide, chunin. Tout me va, je te suis.

A partir de là, ça ne fut pas bien compliqué. Avant de nous poser, Evaline et moi avions déjà fait quelques fois le tour du bâtiment, juste en repérage entre deux boissons. Pour avoir déjà à peu près deviné où se situaient quelles parties du bâtiment, il ne nous restait maintenant plus qu’à s’introduire comme voulu. La chunin passa devant, et je me contentais de la suivre, étudiant sa façon de faire et prenant quelques notes sur ce qui pourrait me servir. Pas grand-chose que je n’avais déjà pas pu voir ailleurs, même si de là à dire que j’appliquais déjà à merveille, il y avait un gouffre.

Nous faisant passer fenêtres et verrous sans difficulté, Eva n'eut pas trop de mal à nous faire entrer (marcher sur les murs nous a épargné de grosses difficulté, faut l'avouer). Une fois dans la place, nous errâmes rapidement sans croiser personne, ce qui ne nous empêcha pas d'avoir à faire marche arrière deux trois fois pour enfin trouver une salle susceptible d'avoir des infos intéressantes dans ses placards. Après un bref soupir, la chunin se lança dans l'épluchage, essayant de penser aux tours de garde nocturnes que Kezashi avait intérêt à lui retirer s'il tenait à conserver ses tympans en l'état. Tout en fouinant moi aussi, et avec beaucoup moins de réluctance, j'observais ma collègue. Même age, grade différent, et pourtant...

Chunin, Evaline ? Malgré certains trucs, l’avait pas l'air tant meilleure que moi, non plus. Elle me semblait pourtant pas d’être du genre à avoir joué du mamelon pour avoir eu son grade. Même si j’la voyais forcément avoir fait son minimum syndical de charme aux examinateurs. Ptêtre que c’est eux qui ont cédé à la tentation, en fantasmant sur les éventuelles suites qui auraient eu lieu si elle s’était montrée reconnaissante.
Attends, c’est mauvais. Obo’, tu deviens jalouse, là.
M’enfin, vu la sculpture, c’est pas forcément inquiétant de l’être. Psch. Chuis sûre qu’elle a quand même plein de défauts, elle. Sûrement. Et j’arriverai bien à lui en trouver.

Par contre, je n’en aurais pas le temps dans l’immédiat. Deux mecs venaient de débouler dans la salle sans crier gare, visiblement très au courant de notre intrusion puisqu'ils s'étaient approchés.

*
* *

Quelques minutes plus tard, dans le hall où se déroule habituellement le gros de l'activité de Goudatsu...

-Bon, bon... patron?
-Hum?, fit le concerné en détachant ses yeux cernés d'une épaisse pile de dossiers.
-On a des invitées surprises. Deux gonzesses.
-Putain, j’ai pas le temps pour ça. Vérifiez qu’elles n’aient rien piqué, puis foutez-moi tout ça à la porte.
-Elles ne se laissent pas faire, et je crois qu’on va avoir un peu de mal.
- Apprenez-leur les bonnes manières, alors. A cette heure, qu’on nous fasse chier… mmmh… carte blanche pour faire d’elles ce que vous voulez.
-Ce sont des ninjas.

Le type failli s’étrangler d’indignation. Des ninjas, chez lui ? Belle merde. S’il y avait des rapaces de Kiritsu, c’est qu’ils savaient. Mais pourquoi lui, bordel ? Il n’avait rien fait de bruyant, et pouvait citer de tête une centaine de noms beaucoup plus lourds que lui et son patron. Eux, ils avaient juste montré les dents parce que si on ne le faisait pas, on se faisait bouffer.

Attends, non. C’était débile. S’ils n’avaient pas pris l’approche frontale, c’est qu’ils n’étaient sûrs de rien. Tout au plus soupçonnaient-ils. Et pas suffisamment pour se permettre une approche directe. Si on les fouillait, c’était sur la base d’une hypothèse qu’on ne transmettait généralement pas aux supérieurs, de peur d’avoir fait chou blanc et d’ensuite passer pour des cons.

-Bon. Vous allez y retourner en y mettant les moyens, et d’autres font faire le tour pour les empêcher de se tirer à l’improviste. Discrètement, tout ça. Vous en pourrissez une, vous tuez l’autre. Tuez d’abord, et tuez les deux au pire. S’il le faut, on demande aux Tsung Dhao de nous louer un interrogateur. On y mettra le prix qu’il faut, mais on pourra dormir tranquille. Et une fois fait, on les élimine et on se débarrasse des corps.

Voilà. En faisant ça, ça marcherait. Fallait juste pas rater la capture, et le reste suivrait tout seul. Et au pire… il se tirait de là en emportant la cagnotte. Ca serait triste de devoir fermer boutique, mais au moins, il n’aurait pas à rembourser les emprunts et garderait les intérêts pour lui. Quant à ceux assez têtus pour faire l’effort d’envoyer des chasseurs à sa poursuite, il aurait largement de quoi les compenser. Un truc au calme, plus au sud. La frontière était difficile à passer en ce moment, mais il était sûr de connaître quelqu’un qui pourrait contourner ce détail –littéralement et par la mer- s’il le fallait.

Peut être valait-il mieux éliminer de suite les kunoichi, en fait. Avec Kiritsu à Arasu, de toute manière, ça chauffait trop.

Mais il n’eut pas le temps de reconsidérer davantage ses ordres. Avant même que ses employés –dont la moitié pouvait faire office de gorilles de qualité- n’aient le temps de se diriger vers les bureaux, une autre porte vola partiellement en éclats, sans pour autant laisser voir autre chose de l’agresseur qu’un morceau de métal ayant servi à amocher la porte.

-Hey, HEY , HEYHEYHEY PERSONNE NE BOUGE! Ca vous prend souvent, de rentrer dans le lard des gens comme ça sans réfléchir ? Eh bien pour votre gueule, ça va planter sec pour aujourd’hui. Quand ils disent qu’il ne faut pas brusquer une Mahora, ils parlent de moi!

Finissant de faire sauter la porte de ses gonds après en avoir bien dézingué les contours, je la balançais d’un coup de pied généreux et m’avançai dans la salle, pas inquiétée le moins du monde par la dizaine de types ici présents. Ni même par la trentaine de loustics supp' susceptibles de se ramener à tout hasard.

-Okay les blaireaux, maintenant on va remettre les choses en ordre, déclarais-je en dégageant ma hachette d’un geste fluide, arrachant un ultime craquement de la porte éventrée. Vous savez face à quoi vous vous êtes lancés ? Deux kunoichi de la plus belle trempe, mes cocos! Nous vous faisons le plaisir de nous inviter discrètement chez vous pour pas vous laisser un mauvais souvenir, et vous en devenez incapable de vous contrôler. Vous n’apprenez jamais vos leçons ?

Marquant une pause, je dégageai un parchemin de stockage de ma sacoche, puis fis apparaître deux shuriken géants que je plantais dans une table, prêts à l’emploi. Ceci juste avant de me décider à monter moi-même sur la table, pour mieux me mettre à mon avantage.

-Nous ne jouons absolument pas dans la même division, tas de muffins. Des comme vous, ça va faire dix ans que j’en bouffe cinq rien qu’au ptit-dej’, et pas seulement quand j’ai la dalle. Du coup, je vous offre toutes mes félicitations, parce qu’il faut vraiment des tripes pour nous défier comme ça.

Evangeline se tenait en retrait, mais uniquement parce qu’elle me faisait entièrement confiance. Jusque là, le résultat ne la décevait pas : se la jouer intimidation manipulatoire pour faire douter les zozos d’en face, ça pouvait tout aussi bien marcher qu’une fuite en bonne et due forme. On pourrait alors leur faire avouer ce qu’on veut, nous laisser continuer tranquillement s’ils ne savaient rien, ou encore…

- Mais c’est aussi une connerie qui ne pardonne pas, et ça mérite un bottage de cul dans les règles. Si vous avez un chef désigné, mettez-le nous de coté, on le prendra à part. Pour le reste, tous ensemble ou à tour de rôle, faîtes comme ça vous chante, mais vous allez tous y passer!

Et en réalisant que j’étais on ne peut plus sérieuse, la chunin devint tout de suite nettement moins optimiste. Lorsqu’elle me vit attraper une étoile de ma main libre, tout ceci ne lui dit plus rien qui vaille. Elle pressa ses méninges de trouver un truc. Rapidement.

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Message par Iarwain 20/5/2011, 17:20

Nan mais c’était pas possible. C’était un genre de vaste blague destinée à me faire faire une depression nerveuse. Franchement, j’voyais pas d’autre possibilite. J’veux dire, tomber sur un type prêt à executer sommairement –et accessoirement en toute légalité, selon lui, tous les nécromanciens qui passent, c’était pas la guigne ? Bon, pas comme si j’aurais pu m’attendre à autre chose mais bon… De toute facon, j’avais d’autres chats à fouetter –et j’avais bien besoin de me défouler.
« Je peux savoir ce qu’il se passe, les gars ! »
Ca, c’était la deuxième grosse blague du jour. Otarin, le fier et jeune juunin Chikarate, était un alcoolique sanguinaire. Lui raconter les derniers événements allait me soulager. Vraiment.
« Bien dormi, Otarin ? » commençai-je.
« Dites-moi ce qu’il se passe, bordel ! »
« Ah ouais, c’est le soucis avec les trous de mémoire, hein ? »
« Dites, si on se débarrassait d’abord d’eux ? » intervint Hisoka. Rabat-joie.

Evidemment, comme la porte limitait les mouvements, ils ne purent pas venir tous en même temps. Résultat, Otarin les mit tous hors de combat, Hisoka surveillant nos arrières. Moi, je me contentais de lancer quelques kunais histoire de faire comme si j’étais utile.
« Bon, ça, c’est fait. Alors, il s’est passé quoi ? »
« Tout d’un coup, tu as perdu contrôle de toi-même. » dit Hisoka.
« Tu puais la vinasse, c’était gerbant. »
« Tu as commencé à vouloir tuer tout le monde. »
« On t’a mis K.O. »
« Puis le Boss est tombé dans une embuscade. On t’a réveillé à ce moment-là. Et t’as tué tout le monde, comme tu voulais. »
« Le Boss était déjà pas jouasse, il voulait en interroger un. »
« A cet instant, t’as dit que t’allais le buter, lui. Et tu l’as attaqué. »
« Pour maintenir notre couverture, je t’ai bloqué, et nous nous sommes battus. Tu as utilisé une technique suiton pour m’aveugler. »
« Ensuite, tu as frappé droit au cœur pour l’achever. »
« J’ai par reflexe activé mon Kakôgan Gaihi, l’épiderme de granit pour ne pas mourir. Quoique Iarwain aurait peut-être pu faire quelque chose ? »
« C’est ça, et pourquoi pas la paix dans le monde, tant qu’on y est ? »
« J’ai… essayé de te tuer ? » fit Otarin en déglutissant.
« Oh bah pas qu’un peu, tu sais. Ce qui est bien avec toi, c’est que tu fais toujours les choses à fond, pas vrai ? » ironisai-je.
« Du coup, Le Boss a compris qu’on était des ninjas. Il a rappelé quelques gorilles que j’ai fait fuir avec mon Kakôgan Kakera, des éclats de granit, apr_s qu’on t’ait assomé une nouvelle fois. »
« Mais le Boss était parti avec la marchandise à livrer. On l’a suivi jusqu’ici, pour arriver dans cette caserne. On s’est dit que tu ferais le ménage mais t’étais à nouveau comme avant. »
« Donc, en fait, la mission est un échec par ma faute ? » articula le jeune juunin. Mince, tu crois ?
« Tout à fait ! » assenai-je.
« On peut encore la reussir. Pour le moment, on va essayer d’en apprendre plus sur les gens à qui on devait livrer les colis. L’idéal, ça serait de liquider le Boss, évidemment, et les gorilles qui ont fui, puisque ce sont les seuls à savoir que nous sommes des ninjas. » modéra Hisoka.
« Okay, on essaie de s’occuper du Boss pour le moment ! » Le visage d’Otarin affichait une farouche détermination. Haha. Son dossier risquait d’en prendre un coup.

Nous traversâmes la salle pleine de gens plutôt inconscients. Comme nous n’avions pas utilisé de techniques ninjas, ils ne sauraient probablement pas qu’on était de Kiritsu. Le lieu de livraison était dans les égoûts, nous descendîmes par une trappe dans le sol.
Les souterrains étaient précisement comme on pouvait s’y attendre. Puants, mal-eclairés, puants, infestés de rats, puants. Heureusement, quelques lanternes et des allumettes se trouvaient près de l’échelle. Nous allumâmes rapidement deux lanternes puis partîmes à la poursuite du Boss. Il devait avoir une belle avance, maintenant. Soit il s’enfuierait, soit il tenterait de nous tuer, avec plus ou moins d’aide. Hisoka et Otarin menaient un train d’enfer, et, pris entre les deux, j’ahanais pour suivre. Heureusement, le juunin, en tête, semblait connaître le chemin. Il s’arrêta finalement devant un mur.
« Le Boss est juste de l’autre côté de ce mur, c’est l’occasion de réduire l’ecart. » dit-il. Bon bin s’il le savait…
« Hisoka, j’imagine que t’as pas envie d’essayer ? »
« Après le coup de la porte, ça va aller, merci. »
« Bon, j’vais mettre deux parchemins explosifs, alors. »

Suite à l’explosion, le mur était assez abîmé pour que d’un coup de sa massue géante, le chuunin agrandisse l’ouverture. Nous nous précipitâmes à la suite d’Otarin, qui semblait vouloir sauver la mission. Il avait toujours l’air de savoir où il allait, ce qui était tant mieux, étant donné que, personnellement, j’étais totalement perdu. Nous arrivâmes finalement à un tuyau plutôt propre et sans eau.
« Nan, laissez-moi deviner. Faut qu’on descende, c’est ça ? » demandai-je.
« Allez, Iarwain, je laisserai pas cette mission se terminer sur un échec ! » me rabroua Otarin. Comme si c’était pas sa faute.
« J’espère que ce n’est pas trop étroit… » dit Hisoka.
« Le Boss est passé là-dedans, tu auras surement la place, ne t’en fais pas. » Le juunin semblait inarrêtable. Le poids de la culpabilité, sans doute.
Une descente en toboggan plus tard, nous grimpâmes l’échelle se trouvant face a nous, après avoir défoncé les trois sentinelles qui surveillaient le secteur. Nous arrivâmes dans une grande cave bien aérée et au plafond plutôt haut –Hisoka pouvait se tenir totalement debout et avait même un peu de marge, dans laquelle abondaient d’énormes tonneaux contenant à n’en point douter moult grands millésime. Haha.

« Bon, à votre avis, on fait quoi ? » demanda le chef.
« C’est vrai que débouler tout d’un coup n’est probablement pas une bonne idée. D’une parce que le Boss les a surement averti que nous étions sur ses talons, et de deux parce nous perdrions un temps précieux. » répondit le geant
« Est-ce que l’un de vous a les compétences nécessaires en genjutsu pour nous déguiser et nous faire passer pour les trois sentinelles qu’on a croisées ? » reprit Otarin.
« Je sais faire un Henge et lancer un genjutsu basique, mais ça va pas plus loin. » dis-je.
« Je ne maitrise aucune technique de ce domaine de lâche. » assena Hisoka. Le traumatisme dû à Ryo, sans doute.
« Je ne sais pas faire de genjutsu non plus. Donc, Iarwain, aucune chance que tu nous transformes tous les trois en sentinelles ? » Bien sûr que non !
« Dites, le Henge, c’est pas une technique basique de l’académie ? J’veux dire, à Mahou, c’est le cas, mais à Chikara, je sais pas. » fis-je avec un regard en coin vers Hisoka.
« Le genjutsu est un truc de taffiole malhonnête, point. » Oulah, Ryo avait vraiment dû être au top de sa forme pour braquer quelqu’un à ce point…
« Je n’ai pas concentré mes efforts sur le genjutsu. » répondit Otarin avec raideur.
« Alors comment on s’infiltre, bande de ptits malins ? »

Okay, c’était une colle. N’empêche que bourrer paraissait pas une bonne solution.
« Bon, faisons ça plus classiquement, alors. On peut marcher aux murs et au plafond. » suggéra Otarin.
« Pasque tu crois qu’ils ont des plafonds assez solides pour tenir notre colosse ? »
« L’infiltration se situe sur le même plan que le genjutsu, en ce qui me concerne. » rétorqua Hisoka d’un ton glacial.
« Merveilleux… »
« Sinon, on aurait pu tenter les conduits d’aération… » pensa le juunin tout haut.
« Y’en a ? » dis-je, surpris.
« Oui, ils ont l’air de traverser tout le bâtiment. »
« Au fait, je peux me rendre temporairement invisible à la vue, mais pas coupler ça à la marche murale. » ajoutai-je.
« Sinon, on peut se séparer. Otarin passe par les conduits d’aération, puisqu’il peut se repérer partout, et Iarwain passe en éclaireur avec son invisibilité. Eventuellement, Otarin, tu peux même nous guider, ou choisir d’avancer le plus loin possible, en repérage. » dit Hisoka.
Après avoir pesé le pour et le contre, nous acceptâmes cette solution. Otarin sauta dans son conduit, qui était largement suffisamment large pour son petit gabarit. Hisoka ouvrit la trappe avec sa massue, puis me fit la courte échelle. Je passai la tête par l’ouverture, prudemment. La voie étant libre, je me hissai par l’ouverture et fit tomber une échelle pour mon acolyte.

Suite à quoi nous appliquâmes le plan d’Hisoka, à savoir progresser tout doucement, avec moi en éclaireur, invisible avant de tourner chaque coin de couloir. Le bâtiment était en bon état, dans le genre immeuble de bureaux, de ce que nous pouvions voir. Le plancher, recouvert de carrelage, nous permettait de minimiser le bruit que nous faisions, tandis que les murs, peints en blanc, étaient propres. Bref, ça semblait être une boîte qui marchait plutôt bien.
La première fois que nous croisâmes quelqu’un au détour d’un couloir, un type en costard-cravate avec une mallette, je me blotis par réflexe dans l’angle extérieur du coude, invisible. Celui-ci eut la surprise de découvrir un géant armé en tournant, et sa surprise me permit de l’assommer sans la moindre difficulté. Nous l’attachâmes puis le fourrâmes dans une pièce attenante, sous un bureau, histoire de rester discret. Nous reproduisîmes ce schéma les deux autres fois que nous croisâmes des baladeurs. Il était encore tres tot le matin, mais déjà des gens arpentaient le coin.
De plus, nous n’avions aucune nouvelle d’Otarin, qui avait du essayer de récupérer des informations de son côté. En fait, nous nous contentions de monter le plus d’étages possibles, vu qu’il y avait de grandes chances que ce soit en hauteur que se magouillent les choses intéressantes.

Dans l’escalier menant au quatrième etage, nous rencontrâmes cette fois encore quelqu’un, un ptit gars tout fluet tout petit, avec une sale coupe au bol. Seulement, pas moyen de le prendre par surprise. Mais le combat ne fut pas nécessaire, puisqu’il abandonna devant mon couteau et la massue démesurée de mon démesuré compagnon. Avant de le mettre KO, nous nous mîmes d’accord pour lui extorquer quelques informations. Nous nous engouffrâmes dans le bureau le plus proche de la cage d’escalier du troisième étage, étant redescendus pour trouver un endroit tranquille.
« Okay mon ptit pote, on est où, là ? » commençai-je.
« Mais, mais… vous êtes qui ? Que faites-vous là ? Que… »
« Tu vois, mon loulou, c’est moi qui pose les questions. Et si tu veux pas répondre, c’est mon copain qui va se charger de te donner l’inspiration. » fis-je en pointant du doigt Hisoka, qui fixa sombrement la victime. Le coup de l’interrogatoire comme ça était franchement éculé, mais avec un type comme le chuunin de Mahou, c’etait sans doute ce qui marcherait le mieux.
« Bien, nous sommes donc d’accords. Alors, on est où ? » repris-je à l’adresse du petit homme aux yeux exorbités.
« L’entreprise Tokaku Pharmaceutiques. »
« Et à part les médicaments, elle fait quoi ? »
« Je… je ne sais pas vraiment, vous savez, je ne suis qu… »
Une crispation des muscles des bras d’Hisoka le rendit honnête.
« Oui, bon, prostitution, voilà. »
« Ah ? Pas de drogue ? »
« Non, c’est là le coup de génie du patron ! Avec Pharmaceutiques, tout le monde cherche de la drogue alors qu’il n’y en a pas. »
« Le patron ? » La lèvre du bonhomme se mit à trembler. Le bout de la massue lui tapota le front. Il soupira.
« Haiko Tokaku. Une homme d’affaire, tout simplement. »
« Vous attendez une livraison ? »
« Oui… »
« Et c’est ? »
« Les corps de deux prostituées ayant pris la fuite. Pour les montrer aux autres putains et leur faire comprendre ce qui les attend si elles ont brusquement une idee de génie. »
« Où se trouve le patron, là tout de suite ? »
« Au cinquième et dernier étage, sûrement. Ou peut-être sur le toit. Celui-ci est plat. On ne peut aller nul part à partir de là, mais le patron aime bien y prendre l’air. Vous allez me laissez vivre ? » fit-il, plein d’espoir.
« Si tu réponds à cette question : il a des gardes du corps ? »
« Pas pour le moment, il reçoit la livraison de la part du service du courrier. Vous voulez en savoir plus sur eux ? » Il devenait franchement obséquieux.
« Dis toujours… »
« C’est un gang nouvellement formé, mais il se rapproche plus d’une filiale. Personne ne connaît avec certitude le gang principal. Mais eux se bornent à des missions de mercenariat de toutes sortes. »
« Merci. »
« Je peux m’en aller, maintenant ? »
« Oh, oui. »

Hisoka lui mit quelques coups de poings au visage, lui beurrant les deux yeux, brisant quelques dents, le nez, et vraisemblablement la mâchoire, avant de l’assommer d’un coup à l’arrière du crâne. Ca lui ferait du bien. La porte s’ouvrit alors. Mon coéquipier et moi nous figeâmes, la main sur nos armes.
« C’est bon, c’est moi ! » chuchota Otarin.
« On a des infos ! » répondit Hisoka sur le même mode.
« Pas le temps pour ca. Le Boss est au cinquième avec le patron de l’immeuble, faut y aller maintenant si on veut le pincer. J’me suis déjà occupé des quatre qui gardaient la porte ! »
Nous lui emboitâmes pas en courant, le mettant au parfum pendant le trajet.
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Message par Otarin 20/5/2011, 17:55

« Pas le temps pour ça. Le Boss est au cinquième avec le patron de l’immeuble, faut y aller maintenant si on veut le pincer. J’me suis déjà occupe des quatre qui gardaient la porte! »

Je pris le chemin de l’escalier -moyen le plus simple de monter jusqu’au cinquième- avec sur mes talons Hisoka et Iarwain. Il y avait de quelques corps éparpillés un peu partout, et nous marchâmes sur des têtes -sans le faire exprès bien entendu. Je me retournais pour leur signaler encore un oubli de ma part.

« Au fait, j’ai oublié de vous préciser qu’outre le Boss et le directeur ben il y a un mec louche avec un sabre et qui se tient droit comme un i!
-Et t’aurais pas pu dire ça plus tôt, bougre de moule!
-C’est pas non plus un désastre, j’en fais mon affaire, fis je avec un sourire démoniaque/pervers/Mak… euh .
-Bon je m’occupe du Boss, gronda le colosse!
-Et moi… Ben je vous suis!
-Très bien comme ça tout le monde est content. »

On arrivait alors au quatrième, ultime étape avant la sordide épopée qui nous attendait là-haut. Mis à part une vingtaine de cadavres, il n’y avait plus personne dans les divers étages inférieurs. Je sondais un peu les alentours pour trouver une autre entrée et prendre les trois abrutis du haut par surprise.

« Bon, je vous propose un truc, je repasse par les conduits d’aérations, qui mènent juste au dessus d’eux et vous passez par la porte. Où alors vous avez une très grande envie d’y aller vous même?
-Non, c’est bon, je défonce la porte en haut et t’as intérêt à être là!
-Faut il que je neutralise la directeur?
-Ben, ce serait pas mal en effet…
- J’aurais mieux fais de me taire…
-Bon, on y va! »

Bref, je m’engageais dans le tuyau une fois de plus. J’utilisais un peu de Chakra pour m’agripper aux parois montantes et commençais à escalader le conduit. Il y faisait froid, très froid, j’étais collé contre les bords qui me gelaient la peau mais j’avançais régulièrement. J’avais les mains gelées à force de les coller contre l’acier des tuyaux et la gorge douloureuse à chaque inspiration. Le tuyau obliqua ensuite jusqu’à revenir à l’horizontale. L’ouverture se situait un peu plus loin mais j’écoutais d’abord la conversation des trois hommes. Je n’en percevais que des bribes au début mais j’activais mon Gyô ce qui me permis d’accroître mon ouïe.

« Il y a eu du grabuge en bas mais plus rien, les hommes ont dû s’en charger, ce n’était pas une grosse menace, lança le Boss à voix basse.
-Le seul problème avec vous, c’est que vous êtes beaucoup trop confiant… Siffla quelqu’un à l’air apeuré qui semblait bien sur être le directeur de l’immeuble.
-Ne vous inquiétez pas Junsuke-san, même s’ils arrivent jusqu’ici nous les arrêterons ! Lança plus fort le troisième. »

Je vis Hisoka, près de la porte, paré à l’enfoncer et je désactivais mon dojutsu, histoire de ne pas trop user mes réserves. Je rampais dans le conduit jusqu’à la bouche d’aération et observais un instant. La porte explosa littéralement sous le poids de notre colosse. Iarwain, derrière, tout penaud, vit avancer à pas lents les deux combattants, suivis par derrière du chétif propriétaire des lieux. Ils étaient maintenant assez loin pour que je puisse atterrir derrière eux sans leur tomber dessus.

« Alors, vous n’êtes que deux cette fois ci, s’esclaffa le Boss.
-Ils ont dû en perdre un dans la bataille, en bas.
-Mouais, à priori, ça m’étonnerais que ce soit comme ça que ça s’est passé, fis je. »

Ils se retournèrent brusquement pour m’apercevoir, arme au poing, fixant d’un air goguenard leur mine décrépite. Hisoka profita de cet instant de répit pour se masser l’épaule qu’il avait douloureuse. Le Boss fulminait. Ce n’était vraiment pas un tendre celui-là. Heureusement que je n’avais pas à m’en charger, ce ne m’aurait pas plus le moins du monde. Agacé, il attrapa une de ses haches -qu’il avait disposées chacune de part et d’autre de son corps- et frappa le sol avec une force monstrueuse qui ébranla tout l’immeuble. Puis, un sourire sur le visage, il attrapa le directeur et passa par une des fenêtres afin de rejoindre le toit, tentant de s’enfuir. Hisoka jugea qu’il ne fallait pas le laisser partir et le suivit rapidement. Je pris le parti de les suivre et Iarwain, plus méthodique, emprunta l’échelle. On se retrouva tous sur le toit, le Boss lâcha le dirlo pour se tourner vers Hisoka.

« Bien, je pense qu’on peut commencer maintenant que tu as fini ton petit cirque? Lança notre armoire à glace.
-Hmmm… J’espère ne pas te finir trop vite… »

Les deux géants se toisèrent, puis, armes à la main -hache et croc- ils s’affrontèrent du regard avant de se lancer l’un contre l’autre dans un combat tant effréné que brutal. Leurs muscles saillaient tour à tour, et leurs armes rapides et efficaces rencontraient assez rarement leur cible étant donné les capacités de combat et d’esquive de chacun. Hisoka n’avait toujours pas eu besoin d’utiliser son épiderme de granit. Il était trop fier pour en faire usage de toute façon. Je n’eus pas le temps de les regarder plus longtemps car déjà, l’autre avait sorti son sabre.

« Alors, on veut jouer? Fis je, me délectant du combat que j’allais faire.
-Ne parles pas trop vite sale ninja.
-Eh, je te fais peur?
-Un piètre ninja comme toi ne fais pas peur à un Tôshin de mon rang.
-Ah, un samouraï… Mercenaire?
-Qu’est ce que cela te fais? Bas toi et fermes ta gueule! »

Boh, pas très causant le samouraï, vaudrait mieux ne pas trop l’énerver. Fin’ bref, un combat au sabre contre un tôshin ne pouvait qu’être fructifiant. Une petite gorgée d’alcool avant le combat me remit d’aplomb et j’engageais véritablement le combat. Sa lame était magnifique, forgée avec soin et luisant de multiples reflets éclatants. Cependant, quelque chose me fit tiquer dans cette arme à l’apparence si gracieuse. Elle ressemblait, tant dans les motifs que dans le métal à la mienne. Apparemment je n’étais pas le seul à qui cette révélation avait été faite au moment de lever nos armes.

« Où as tu volé cette arme? Me lança mon adversaire, le regard plein de haine.
-Je ne l’ai pas volée, elle m’a été offerte, forgée par les artisans du village de pepitows.
-Et tu crois que je vais te croire, ces instruments sont réservés aux Tôshins!
-À croire qu’il existe des personnes exceptionnelles.
-Tu es le seul à qui une de ces armes a été confiée?
-Non. Mais ça ne changes rien, tu vas perdre ce combat.
-C’est vraiment une attitude de ninja, que d’ouvrir sa grande gueule face à quelqu’un d’hautement supérieur.
-Viens que je t’éclate! »

L’autre me regardait avec dédain, avant de prendre sa décision, il avança, d’un geste rapide lança un coup d’estoc que je parais, non sans mal. Toutes ses attaques fusaient, son corps se déplaçait avec agilité et vitesse, si bien que je ne pouvais plus que parer pour éviter de me faire tailler en pièce. Le suintement des lames était régulier, je ne me débrouillais pas si mal face à un expert en sabre, mais la communion entre lui et son sabre était plus forte. Mon dôjutsu n’y pouvait rien, il n’y avait quasiment pas de failles dans son art du sabre. La seule chose à faire était attendre, sur la durée je gagnais sûrement. À moins que ce mec soit increvable, je l’emporterais.

« Bon, t’as fini de t’agiter comme un blaireau? Fis je.
-Je ne m’agite pas… Je tournoie comme un blaireau.
-Sans blagues… Parce que ce n’est pas que c’est usant ou que mes nerfs en subissent un traumatisme gigantesque, mais c’est surtout que ça ne sert à rien.
-Et alors, ça m’amuse de jouer avec toi, minable ninja.
-Ben voyons, comme si tu pouvais gagner…
-Si j’accélère le rythme… Tu crouleras sous la fatigue.
-Tu crois aux Paires-No-Hell toi?
-Ce n’est pas que tu t’adresses à un membre de l’élite samouraï -l’Akai- mais bon…
-La caille, ce n’est pas la femelle du dindon? Ah, non, c’est la dinde, alors toi tu es…
-Ta gueule!
-C’est juste pour divertir cet échange de pensées…
-Lequel?
-Celui qui intervient entre mon sabre et ta cochonnerie!
-Arrêtes de te foutre de ma gueule. Les genins comme toi je les mate!
-Désolé de te décevoir ma caille, je suis jounin. »

À ces mots, je fis tournoyer mon sabre de telle façon que pour la première fois du combat, il eut un geste de recul. Enervé, il revint à l’assaut.

« Un gamin comme toi a dû en donner des pots de vins, pour atteindre un tel grade.
-Excuse moi, mais, en l’occurrence, au premier comme au second degré, les pots de vins, je les garde pour moi!
-Un génie?
-Non, je dirais plutôt ingénu.
-Mais ta gueule sale morpion! Se fâcha-t-il en tentant vainement une percée dans ma garde.
-Qu’est ce qu’elle a ma gueule?
-Ta gueule, elle jaunit à l’idée que je vais bientôt te battre!
-Il faudrait déjà pouvoir me toucher.
-Sur ce point là, on est ex æquo.
-Je peux te toucher quand je veux.
-C’est faux!
-C’est vrai!
-Prouves le! »

Le défi était sorti tout naturellement de sa bouche pleine d’amertume et de son esprit empli de pensées belliqueuses et machiavéliques. Alors qu’il ne tentait plus aucune attaque, j’eus le temps de le détailler quelque peu. Il me dépassait de taille d’au moins dix bons centimètres ; ses cheveux, coupés aux épaules étaient noirs comme jais et brillaient sous le soleil ; ses yeux étaient d’un brun commun, assez foncé cependant ; son visage, finalement -laissant entrevoir des traits habituellement rieurs- était exceptionnellement fermé. Tout dans sa tenue, dans son langage ou dans ses manières en général dégageait une assurance hors du commun, et, à ce moment là, quelqu’un comme Sheinji y aurait découvert une fausseté bien cachée. Dans l’instant, je ne m’en aperçut pas, trop absorbé par le combat ou pas assez attentif à lui, dérangé quelquefois par le combat brutal qui se déroulait à côté de moi.

À un moment, les deux mastodontes attirèrent notre attention en traversant le toit après un brusque coup de hache sur le plancher. Nous regardâmes tous deux dans leur direction mais il n’y restait qu’un trou béant causé par -leurs poids- le combat qui avait fait rage. Iarwain quant à lui, gardait bien tranquillement le directeur en lui infligeant quelques électrochocs à chaque tentative de fuite.

« Alors, tu m’attaques, me lança mon adversaire, me faisant sortir de ma rêverie…
-Tes coéquipiers sont bien mal en point.
-Le directeur n’étant qu’une lavette c’est normal, quant au Boss, je dirais plutôt qu’il n’est qu’au cinquième…
-C’est vrai qu’ils risquent d’en descendre encore quelques uns… »

Réprimant un sourire, je me concentrais à nouveau sur la face de troll qui se trouvait en face de moi. Le samouraï esquissa une courbe avec sa lame que je parais avant de me remettre complètement dans mon combat. Les passes d’armes qui suivirent furent d’une intensité à couper le souffle au bout desquelles, je parvins à lui taillader la main droite, par laquelle il tenait son sabre. Mon premier réflexe fut de lui placer ma lame sur la gorge, y faisant couler un fin filet de sang.

« Tues moi! Hurla-t-il.
-Je ne tue guère que ceux qui sont faibles et qui fuient la mort. »

Ma phrase était, certes, pompeuse, mais, je retirais ma lame pour lui assener un violent coup à la tempe. Il ne se relèverait pas avant que nous soyons partis. Je me dirigeais vers Iarwain qui avait l’air de se porter bien en regardant la scène de combat des deux titans d’en haut. Ils avaient descendu encore un étage de plus et le suivant était sur le point de s’effondrer.

« Bon, je vois qu’Hisoka est en mauvaise posture, essaie de descendre avec cet abruti, on le ramène au Qg, c’est décidé. Quant à moi, je vais aider notre combattant.
-Okay chef. »

Je levais les yeux au ciel avant de descendre les étages en sautant dans les trous créés par les géants. Au dernier moment, avant d’arriver à leur étage, j’attendis un peu pour me placer juste au dessus du Boss, puis je lui sautais sur le dos. Hisoka, bien qu’épuisé, profita de cet instant pour placer une attaque. Agressé de partout, le Boss m’éjecta d’abord avant de subir l’attaque au croc de son premier adversaire. Ce devait être un des quelques rares coups qu’Hisoka lui avait infligés tant son corps était si peu abîmé. Enfin, à deux ce devrait être plus facile. Je préparais une technique pour laisser un court répit à mon camarade mais ma vague s’éclata sans grands dégâts sur le colosse.

« Qu’est ce qu’on peut faire?
-Une arme! Vite, donnes m’en une! »

Sur ces mots, je fis apparaître ma lance que j’envoyais à Hisoka. Puis je m’élançais de tout mon corps sur le Boss qui, me contrant, fit abstraction du projectile qui lui transperça l’abdomen à ce moment là. Il s’écroula, mort. C’est ce moment que Iarwain choisit pour faire irruption dans la pièce, le directeur traînant nonchalamment sous la menace d’un vulgaire kunaï. Quelle mauviette celui-là alors…

« Bon, ben c’est une bonne chose de faite. On retourne au Qg et on prend une année sabbatique pour services rendus à Narasu? »
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Message par Seol 22/5/2011, 12:56

Cette mission s’était plus ou moins bien passée. Cela aurait pu être nettement mieux, n’empêche. Ben ouais, ce trou duc d’Otarin ne m’avait pas laissé mon combat jusqu’au bout. Il avait fallu qu’il intervienne. OK, si j’avais usé de jutsus, je lui aurais poutrer la face en deux temps, trois mouvements. Même en usant que de mon chakra, je l’aurais vaincu. Mais quel intérêt de se battre contre un puissant adversaire, si on use d’artifice. La force brute contre la force brute. Y avais pas à dire, c’était quand même le must du combat. Mais bon. Cette mission avait eu au moins l’avantage de me faire baigner dans cet univers que je ne connaissais guère, l’Ultimate Fighting. Et, à franchement parler, j’avais adoré ce milieu.
Vous devez vous demander le pourquoi du comment. En fait, même si je paraissais être quelqu’un de calme, ce qui était assez vrai la plus part du temps, il m’arrivait de péter un plomb sans réelles raisons et souvent pour des broutilles. Et il se trouvait que l’UF était un exutoire parfait pour palier à ces ‘‘dérapages’’. L’afflux de l’adrénaline lors des combats, la clameur du public lors des échanges de coups, la montée de stress juste avant de monter sur le ring, savoir qu’on ne pouvait compter que sur son mental et ses capacités pour vaincre… Bref tout ce qui faisait qu’un combat était intéressant.

Et, forcément, j’y étais retourné.

Ce soir, c’était mon premier match depuis la fin de la mission. Mais cette fois-ci, je n’étais pas dans le même cercle de combat que précédemment. En effet, celui-ci se trouvait dans la zone Shintoki. Et les règles y étaient nettement différentes.
Dans ce cercle, ils étaient très organisés. Pour rendre les combats plus équitables, ils avaient créé des catégories de poids. 9 catégories, allant des poids mouches, à savoir les moins de 51kg, jusqu’au poids lourd, les plus de 91kg. De plus, les matches se déroulaient en un seul round, sans limite de temps. Les seules façons d’arrêter un match était soit de réaliser un K.O., soit d’exécuter une soumission. Le ring, hexagonal, était entouré de trois cordes élastiques, avec lesquels il était possible de jouer pour effectuer des actions un peu ‘‘spéciales’’. Si tous les coups étaient permis – tant qu’ils n’entraînaient pas la mort de l’adversaire – certains n’étaient pas vraiment tolérés, comme, par exemple, les morsures, l’attaque des yeux. Il y avait même la présence d’un arbitre pour s’assurer que tout se passe bien et, lors d’un K.O., s’assurer de la perte de connaissance.
Les paris étaient autorisés, voire encouragés par les propriétaires du cercle de combat. Ces derniers prélevaient même un pourcentage sur chaque mise (10% de chaque mise), afin d’assurer le bon fonctionnement des lieux. Les propriétaires organisaient même des matches d’exhibition, généralement au tout début des soirées, pour chauffer la salle.

Dans mon cas, il s’agissait d’un combat dans la catégorie lourds – avec mes 120 kilos, je risquais pas de passer en poids mouche, me direz vous – qui était très sérieux. Comme il s’agissait de ma première apparition sur le ring, ma cote était pour le moins catastrophique, puisqu’elle était de 15 contre 1. Pour les profanes, cela signifiait que lorsqu’il y avait un ryo de miser sur ma victoire, il y en avait quinze de miser sur la victoire de mon adversaire. Vachement encourageant.

L’arbitre monta sur le ring, annonçant ainsi la fin des paris officiels, et présenta les combattants.


_ A ma droite, Ryutaro, dit le Marteau. Un mètre quatre-vingt dix pour cent dix kilos. Vingt combats, treize victoires, neuf K.O. et quatre soumissions.

Une forte clameur monta du public à l’énoncé du palmarès de mon adversaire. Le Marteau… Deux possibilités. Soit il était complètement barré, soit il cognait comme un bœuf. Il y avait bien un troisième possibilité, barré ET bœuf, mais j’avais pas envie de l’envisager. Le problème, c’était qu’il était bon aussi en soumissions. Et CA, c’était une mauvaise nouvelle. Parce que, même si j’étais un in-fighter, les clinchs, c’était pas ma tasse de thé.

_ A ma gauche, Hisoka, le challenger. Deux mètres quatre pour cent vingt trois kilos. Il s’agit de sa première participation.

J’avais donc l’avantage de la taille, du poids et de l’allonge. Cool. Mais pas celui de l’expérience. Certes, j’étais un ninja, certes, j’avais l’habitude des combats, mais, malheureusement, les combats sans chakra n’étaient pas ce que je connaissais de plus. Juste mes cinq derniers combats en fait. Alors que mon adversaire baignait dedans depuis… qu’il était tout petit, en fait.

_ Messieurs, approchez-vous. Faites un combat honorable et que le show commence !

Evidemment, qu’on allait faire le show. Enfin, on allait tout d’abord se foutre joyeusement sur la gueule.

Le Marteau s’avançait, en garde classique de boxe. A première vue, d’après sa position, il était droitier. Sûr de lui, il était en garde moyenne, poing gauche légèrement en avant, juste devant le torse. Il avançait lentement, mais son pas était assuré. Quant-à moi, j’étais en garde haute. A savoir, poing gauche légèrement avancé, au niveau du visage. Je me positionnais le corps légèrement en avant et un peu voûté, sur la pointe des pieds.

La foule était silencieuse, haletante.

Ma patience étant proche de zéro, dans ce genre de situation, d’une rapide impulsion, je me portais au contact. La prudence aurait voulu que je teste mon adversaire avec quelques jabs, afin de mesurer la résistance de la garde de mon adversaire. Mais l’arbitre avait demandé à ce que nous fassions le spectacle. Et je n’allais pas me gêner. Je feintais un crochet du gauche, pour lui faire lever sa garde et portais un uppercut au menton. J’eus la satisfaction de voir mon coup faire mouche… Et la désagréable sensation de me faire cueillir au creux de l’estomac par son gauche.

Le public explosa.

Lui recula de quelques pas. Et je fis de même. Cet espèce d’enfoiré m’avait placé un contre dans les règles de l’art. Bonne nouvelle, mon uppercut avait causé plus de dégâts que sa frappe. Enfin, c’était ce que j’avais cru. Mais il me revint droit dessus et commença à marteler mon corps de puissants coups. J’eus juste le temps de me mettre en garde menton. A savoir les poings collés au menton, les bras le long du torse. Ce type avait une résistance peu commune. Un uppercut propageait une onde de choc jusqu’au cerveau. Les dommages allaient d’un simple blocage du corps, le cerveau étant trop secoué pour transmettre les informations nerveuses, jusqu’à un arrêt brutal du système nerveux entraînant un black-out. Mais lui, il continuait à me taper dessus, sans sourciller. Ou alors il y avait autre chose.
Par ailleurs, à force de taper et de me faire reculer, je finis par me retrouver dans les cordes. Bonne nouvelle, je ne pouvais pas reculer plus que ça. Autre bonne nouvelle, le fait d’être dans les cordes me permettait d’user de leur élasticité pour reculer au moment de l’impact et de revenir vers lui, sans forcer. En reculant au moment de l’impact, je diminuais fortement la puissance des coups, ce qui, accessoirement, me permettait de soulager mes bras.

Et le public était de plus en plus bruyant.

Bon, c’était pas tout, mais il était temps de riposter. Alors qu’il portait un énième coup, j’effaçais souplement mes épaules, tout en avançant le pied droit. Résultat de la manœuvre, les positions furent inversées. Mais, contrairement à ce que tout le monde s’attendait, je reculais vers le centre du ring. Mon adversaire sortit des cordes pour me rentrer dedans, mais, j’esquivai simplement la charge en laissant traîner mon pied droit, histoire de le faire trébucher. Mais sa souplesse m’étonna. Il s’arrêta brusquement, se retourna vivement et propulsa ses deux pieds sur mon torse. Le choc fut violent. Je fus projeté dans les cordes que je venais de quitter, tandis que le Marteau retombait sur le dos. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se relever, tandis que moi, je cherchais à retrouver mon souffle. Profitant de cette accalmie, il monta sur le poteau le plus proche de moi. Au moment où je me redressai, il se jeta sur moi. Son bras droit s’enroula autour de mon cou. Et, dans son élan, il vint s’asseoir sur le sol. Si son coxal frappa plutôt sèchement le sol, mon visage vint s’écraser contre ce même sol.

La foule acclama ce geste plutôt violent et spectaculaire.

De la pratique de la boxe, cet enfoiré était passé au catch. Ce qui expliquait qu’il ait réussi autant de soumissions. Qui plus est, fier de son geste, ce morveux paradait sur le ring, haranguant la foule, qui en redemandait. Contrairement à moi. Même si les dommages subits étaient plutôt superficiels – j’étais parvenu, in extremis, à ralentir la chute, avec mes mains sous mon corps – cette expérience désagréable n’était pas à répéter tous les jours. Alors qu’il continuait à faire le coq, je me remis sur mes deux jambes et avançai jusqu’à lui. Il me tournait le dos. Je posai donc ma main gauche sur son épaule. Ce dernier se tourna et je lui décochai un magistral direct du droit sur la pommette gauche, l’envoyant reculer jusqu’aux cordes. J’aurais du être satisfait de ce coup, parfaitement exécuté. Mais, j’avais eu une désagréable sensation au moment de l’impact.
J’en eus la confirmation lorsque je le vis, profitant de la tension élastique des cordes, me revenir droit dessus, le bras au niveau de ma gorge, pour exécuter une cravate tout ce qu’il y a de plus réglementaire. Par réflexe, plus que par réflexion, je me baissais, pivotais sur mon pied gauche et ripostais par un gauche compact dans les côtes flottantes. Cette fois-ci, le coup avait porté. La sensation de mon poing me le confirmait. Il chancela quelque peu.

Puisqu’il avait changé de discipline, c’était à mon tour. Lutte classique. Je le chargeai, voûté, les bras légèrement écartés, les mains au niveau des genoux. Il n’avait pas encore récupéré. Arrivé au contact, je le saisis par les genoux. Puis je me redressai sans pour autant m’arrêter. Résultat, il passa simplement par-dessus mon épaule, effectuant un magnifique soleil. Il retomba sèchement sur le dos, tandis que je finissais ma course dans les cordes. Utilisant leur souplesse, je repartis dans l’autre sens en courant. En arrivant à son niveau, alors qu’il était toujours au sol, je me jetai le coude en avant sur lui. Le coude est l’un des endroits du corps humain les plus solides. Bien utilisé, il peut provoquer des dégâts considérables. Sur cette attaque-là, je pris soin de viser le foie. Pas de risque de perforation par un os, et, dans le pire des cas, cet organe se prendrait une contusion relativement faible. En revanche, pour le reste du corps, les effets de l’impact serait assez violent. Je me redressai et reculai dans un coin du ring. Le Marteau se leva lui-aussi et fut surpris de voir ses jambes trembler.

Petite aparté, pour le profane. Le foie est une usine d’analyse gorgée de sang qui travaille en permanence. Même au moment d’un impact. Et dans ce cas, le foie rejette dans l’organisme cette masse sanguine, qui, chassée d’un seul coup, coupe les jambes du gars touché. Bon, faut quand-même que le coup soit assez puissant pour qu’il soit efficace. Mais, quand on y met la volonté, c’est souvent le cas.

J’étais incapable de dire depuis combien de temps nous nous battions. Certainement pas plus de deux minutes, j’en aurais mis ma main à couper. Mais, l’afflux d’adrénaline avait tendance à perturber la notion de temps. Le Marteau avait une capacité de récupération vraiment impressionnante. Ses jambes flageolantes, lointain souvenir. Et il semblait l’avoir vraiment mauvaise de s’être fait mis à terre. Il me chargea et je ne pus esquiver. Résultat, ce que je redoutais arriva. Nous nous retrouvâmes en clinch. Nos mains droites étaient posées sur la nuque de l’autre, tandis que nos mains gauches tenaient le poignet droit de l’autre.

Fort heureusement pour moi, j’avais l’avantage de la taille et du poids. Autrement dit, il aurait plus de difficulté à me soulever que moi à le faire avec lui. Mais, il avait l’avantage de bien connaître cette situation. Contrairement à moi. Je fis ce qui me semblait le plus simple. Lorsqu’il tirait, je suivais le mouvement, lorsqu’il poussait, je retenais, et quant il souhaitait aller à droite ou à gauche, j’allais dans la même direction que lui. Bien que simpliste, cette méthode me permettait de supporter sans trop de difficulté cette situation. D’un seul coup, il se dégagea puis revint immédiatement au contact. Sauf que cette fois-ci, je parvins à intercepter ses mains. Enfin, d’une certaine manière, puisque nos mains se saisirent l’une l’autre, paume contre paume, les doigts entrelacés. On était donc venu à une épreuve de force dans le plus pur style de la chose. Bon, j’avais à nouveau l’avantage de la taille. En effet, les douze centimètres de différence se retrouvaient sur la ligne d’épaules. Ce qui signifiait que ses épaules étaient plus basses que les miennes. Et il est toujours plus facile d’appuyer que de soulever. Je bénéficiais de mon poids à mettre dans la lutte, alors que lui ne pouvait s’en servir. Il finit donc par ployer, et posa un genou à terre. Mettant gentiment sa tête au bon niveau pour que je lui assène un magistral coup de genou dans le nez.


_ Stop ! Retournez dans vos coins !

L’arbitre venait d’intervenir. Le Marteau pissait le sang par son nez éclaté. Apparemment, il fallait d’abord stopper le saignement pour continuer le combat. Je profitais de ce temps-mort pour souffler et reprendre mes esprits. Il me fallait une stratégie gagnante. Ce type avait trop l’habitude du combat classique pour que l’affrontement brutal et désordonné donne un résultat rapide.

Je fermai les yeux.

Au niveau de la tête, la tempe, les oreilles, la mâchoire et le menton. Au niveau du corps, le plexus, le cœur et le foie. Au niveau des membres, le coude, les genoux. Tels étaient les points faibles du corps humain. Il y avait bien l’entrejambe, aussi, mais quelque chose me disait que ce coup ne serait que guère apprécié.
L’enchaînement était relativement simple. Sous la colère de l’humiliation du saignement, le Marteau allait probablement chargé. Dans ce cas, il me fallait esquiver sur la gauche, attraper son poignet droit, tendre son bras et le briser par une frappe solide et compacte au niveau du coude. Dommage important, réduction des risques de coups pour la suite. Puis frapper un autre coup compact de la droite au niveau du foie pour bloquer les mouvements. Immobilisation de l’adversaire sur place garantie. Enchaîner avec un crochet vrillé du droit au niveau du cœur pour Heartbreak – arrêt du cœur pendant une demi-seconde entraînant un blocage complet du corps pendant une poignée de seconde .Le coup doit être porté avec suffisamment de puissance pour être efficace – Pour finir, les risques de riposte étant complètement nuls, exécuter un uppercut sur la pointe du menton. La tête rejetée violemment en arrière projette le cerveau contre la boîte crânienne amenant une perte de conscience. Victoire par K.O.

J’ouvris les yeux.


_ Combattez !

Comme je l’avais prévu, le Marteau était furieux. Je me mis en garde jigotaï, avec le pied gauche en arrière, les deux mains bien ouvertes, la droite devant la gauche. Position d’arts martiaux. Mon adversaire, nullement troublé par ce changement, me fonça dessus, en beuglant de rage. A quelques pas de moi, il arma son poing… gauche. Merde ! Je fis deux pas en arrière, pour garder la même position de combat. Il enchaîna par un coup de poing du droit. Bingo ! J’attrapais son poignet de ma main droite et déviais sa trajectoire sur le côté, tandis que j’armais mon poing gauche. Le coup porta et, malgré les cris de la foule, le craquement des os se fit très clairement entendre. Le Marteau beugla une nouvelle fois, mais de douleur cette fois. A ma grande satisfaction. Son bras retomba inerte, alors que mon poing droit frappa son foie pour la deuxième fois de la soirée. Ses jambes fléchirent sous l’impact et je crus même qu’il allait tomber. Mais sa résistance le perdit. Ainsi que sa colère. Je me déplaçai légèrement pour porter mon Heartbreak. Guettant ses yeux, je vis que mon coup avait fait mouche. C’était presque amusant de lire l’étonnement dans son regard, de ne pas comprendre ce qu’il se passait. J’armais mon gauche et déclenchais mon uppercut. Sa volonté me surprit à nouveau, car il réussit à bouger la tête au dernier moment. Mais, son regard l’ayant trahi, je feintais mon uppercut du gauche et décrochait un crochet du droit qui vint s’écraser sur sa tempe. Sa tête fut projetée sur le côté et le corps suivit. Il s’effondra lourdement sur le sol.

La foule était devenue tout à coup très silencieuse.

L’arbitre s’approcha pour constater. Moi, je retournai dans mon coin, sans plus me préoccuper de mon adversaire. Les trois traumatismes successifs – le foie, le cœur, le cerveau – empêchaient une récupération rapide. En tout cas, pas avant le décompte final.

La cloche retentit, scellant ma victoire.



Dernière édition par Seol le 25/6/2011, 21:50, édité 1 fois
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Message par Keiji Nakajima 22/5/2011, 16:31

Mission facile, mission facile ! Je t’en foutrais, des missions faciles.
Bon, sur le papier, c’était effectivement très facile. Fureter dans l’immeuble désaffecté pour s’assurer de l’inoccupation du bâtiment puis de poser quelques parchemins explosifs, ici et là, puis laisser les ouvriers (ou un ninja spécialisé) faire le ménage des gravats. Simple, n’est-ce pas ?
Oui, mais. C’était sans compter quelques uns de mes partenaires. Parce qu’entre mon acupuncteur préféré et l’iroquois un peu barge, ainsi que ma claustrophobie, ce n’était absolument pas gagné. La preuve, au bout de 24 heures de missions, nous n’avions pas franchement avancé. En fait, pour être exact, il y avait, maintenant, plus de monde autour de ce foutu bâtiment que la veille au matin.


_ Bon. Kentaro, Keiji, vous me trouvez les autres gars et VOUS ME VIREZ TOUT LE MONDE !!!!
_ Oulà ! Calmos, répondit Kentaro.
_ ET TU ME PARLES SUR UN AUTRE TON !! Non mais.
_ Euh… laisses tomber, Kenta. Je crois que c’est pas le moment. Il a dû prendre des substances interdites,fis-je, en traînant le genin par la manche.
_ Mouais.

Pour réaliser la première tâche – à savoir ramasser les épaves dispersées et les ranimer – il ne nous fallut que quarante-cinq minutes. A coups d’aiguilles d’acupuncture – pour Kentaro – ou de seringues d’adrénaline – pour bibi et ne me demandez pas où est-ce que j’ai trouvé ça –, nous parvînmes tant bien que mal à requinquer tout le monde.
S’ensuivit ensuite un charmant ballet, consistant à essayer de sortir le public de la limite fixée pour la sécurité de l’explosion. Bien entendu, comme Taïga n’était plus là pour assurer la musique, il avait été remplacé par des civils, qui avaient improvisé des instruments. Comme nous étions suffisamment lucides, nous avons commencé par ces types. Sauf qu’au fur et à mesure qu’on les enlevait, ils étaient systématiquement remplacés par d’autres, tout aussi motivés. A vu de nez, il y avait quelques trois cents personnes sur le site. Donc, à raison de cinq personnes par groupe de musique, on avait potentiellement soixante groupes de musique qui allaient se relayer. Même moi qui suis relativement patient et bonne patte, c’était un peu trop pour moi. Alors je ne vous raconte pas pour Kentaro. Impressionnant comment ce gars pouvait péter un câble pour un oui pour un non. En plus il arrêtait pas de pester contre un certain « serment des Satokira ». De ce que j’avais compris, il avait pas le droit de taper les gens. Dommage pour un ninja.


_ Bon, on va pas y passer la journée, quand-même, pesta Kentaro.
_ Je suppose que tu as une solution ? fis-je.
_ Tout à fait ! me répondit-il avec un large sourire. C’est une idée que j’ai déjà employée au cours d’une mission dans Nobeoka, avec des collègues. On va fabriquer une bombe puante géante. Il faut juste jauger le vent pour que l’odeur se dirige vers le public et ça les fera fuir simplement.
_ Et comment on la fabrique, cette odeur nauséabonde ?
_ Avec du sulfure d’hydrogène, évidemment.
_ Gné ?
_ Des œufs pourris, si tu préfères.
_ Et tu en as sous la main, bien sûr.
_ Nan… Mais…
_ Et les égouts ? Est-ce que ça pourrait faire l’affaire ?
_ Oui, je pense.

L’un de nos compagnons aperçut une personne par une fenêtre de l’immeuble délabré. Fallait s’y attendre. Dites à quelqu’un de ne pas aller là parce que c’est dangereux, et il va forcément y aller. Nous nous répartîmes en deux groupes. Kentaro et moi-même pour les égouts et les autres, pour vider le bâtiment.

_ Pourquoi c’est jamais dans une parfumerie qu’il faut aller, mais dans les égouts ? fis-je.
_ Parce que sans ça, c’est pas drôle,me rétorqua Kentaro. Bon, qui est-ce qui descend ?
_ Face je gagne, pile tu perds, dis-je avec un sourire moqueur.
_ Ouais, pourquoi p… Hey, prends moi pour une bille.
_ Dommage. Bon, je prends face.

Hors de question que je descende là-dedans. Je sortis un ryo de ma poche et le lançai en l’air. Je le rattrapai dans le creux de ma main droite et avant de le retourner sur le dos de ma main gauche.

_ Face ! C’est toi qui descends !
_ Face ? T’es sûr ?

Kentaro, suspicieux, s’approcha et découvrit une chose qui ne lui plut absolument pas.

_ Elle me parait bien épaisse, cette pièce…. Hey, mais t’as collé deux pièces l’une contre l’autre !!
_ Merde…. Hey-là, et ton serment des Satokira ?
_ Je vais pas te cogner, je vais t’étriper !
_ Et c’est autorisé par ton serment, ça ?
_ On va faire comme si.

Alors que je reculais pour ne pas être trop à porter des poings de notre gaillard, mon pied se posa dans le trou de la bouche d’égout. Me faisant chuter. Par pur réflexe, Kentaro tendit la main pour me rattraper. Main que je saisis en toute bonne foi. Malheureusement, il ne parvint pas à me retenir et nous tombâmes tous deux dans les effluves nauséabondes qui coulaient sous Narasu. Bien entendu, nous passâmes un bon quart d’heure à patauger, tout en nous invectivant de mots, tous plus colorés les uns que les autres, rejetant la faute sur l’autre. Finalement, ce fut l’odeur qui nous décida à terminer ce truc au plus vite. Nous remplîmes plusieurs bouteilles puis nous remontâmes à la surface.

_ Et maintenant ?Demandai-je.
_ Au départ, je pensais les briser sous le vent. Mais je suis pas sûr que ça les fasse fuir pour autant.
_ Alors ?
_ T’es un tireur, non ?
_ Si.
_ Et, t’es plutôt bon ?
_ Dans la moyenne supérieure, si tu préfères.
_ Parfait. Je vais lancer les bouteilles en l’air et toi, tu vas tirer dessus. Comme ça, la merde va leur tomber dessus et les gens vont s’enfuir.
_ Hey, je suis pas Lukyl Uke, moi. Je tire pas plus vite que mon ombre. Je peux seulement tirer deux fois simultanément.
_ Mais tu sers à rien !
_ Tu peux causer. C’est pas moi qui ne sais pas tenir au plafond avec mon chakra.
_ Et gna et gna et gna. Bon, trouvons autre chose.
_ J’ai qu’à utiliser un parchemin explosif. Je l’accroche au carreau…
_ Pas la peine de m’expliquer. Au cas où tu l’aurais déjà oublié, tu nous as fait une superbe démo hier.
_ Quoi, tu m’en veux encore pour cette histoire. Quel rancunier, ce type.
_ Tu peux causer, pelote d’épingles.
_ T’es vraiment obligé de me rappeler ce triste évènement à tout bout de champ.
_ C’est toi qui as commencé, avec l’épisode du plafond.
_ C’est bon, c’est bon. Tant que tu les lances dans un rayon de trente mètres autour de moi, je peux les avoir.
_ Ok.

Je fis apparaître une de mes arbalètes. Je pris un carreau dans mon carquois et lui enroulais un parchemin explosif dessus. Par précaution, j’en préparais un second. Juste au cas où. Je préférais, bien entendu, faire mouche du premier coup. Sinon, j’allais en entendre parler pendant des siècles.
Je vis Kentaro se faufiler au travers de la foule, s’approcher au plus près de la scène. Logique. Plus de scène, plus de musique. Plus de musique, plus de monde sur le site de démolition. Plus personne sur le site de démolition, explosion assurée. L’était franchement pas con, le médoc. Un peu chiant sur les bords. Même beaucoup pour être honnête. Mais ça, c’était les aléas des affectations d’équipes.
Sans prévenir, Kentaro lança les bouteilles en l’air avant de filer sans demander son reste. J’activais l’explosion et tirais mon carreau. Le projectile fila droit vers la cible et le parchemin explosa exactement au moment où les bouteilles commençaient à descendre. Bon point, j’avais parfaitement trouvé le timing de l’explosion et de la trajectoire des bouteilles. Mauvais point, l’explosion vaporisa les liquides, laissant un simple nuage verdâtre, qui ne descendit pas vers le public. Et meeerde !


_ UNE BOMBE ! LES NINJAS ATTAQUENT !!!

Je reconnus immédiatement la douce voix harmonieuse de Kentaro. Puisque le plan A n’avait pas marché, il était passé au plan B. Ce qui n’était pas une si mauvaise idée. S’ensuivit une panique de la foule qui se dispersa à une vitesse assez hallucinante, évacuant, par la même occasion les occupants du bâtiment délabré.

_ Très bien, messieurs. Maintenant, vous allez tous écouter attentivement, fit Sheinji. Pour que la démolition se fasse du mieux possible, les huiles du QG nous ont fournis des parchemins explosifs spéciaux.

Sheinji sortit une feuille de sa poche et, en la parcourant, continua à parler.

_ Alors, il s’agit d’effectuer une démolition de type « foudroyage intégral ». Pour ce faire, on va disposer des parchemins explosifs à différents endroits du bâtiment. Tout d’abord, sur tout les murs porteurs des deux caves. Pour le premier sous-sol, vous utiliserez ces parchemins,montrant un sac avec le numéro -1, pour le deuxième sous-sol, vous prendrez ceux-ci,indiquant le sac avec le numéro -2. Vous relierez les différents parchemins de chaque zone avec ce fil spécial, que vous tirerez jusqu’ici. Cette étape est pour vous, les gars, en montrant trois gars. Quant-à vous deux, vous aller vous taper tout le reste.

Bien entendu, nous commençâmes par protester. Mais le jeune chunin n’avait vraiment pas l’air d’humeur.

_ Chaque sac porte le numéro de l’étage où doivent être placés les parchemins. Allez, filez.
_ Et toi, tu fais quoi pendant ce temps-là ? demandai-je.
_ Je reste là pour m’assurer que personne viendra par ici.
_ Bref tu joues les feignasses, rétorqua Kentaro.

La réponse de Sheinji fut trop colorée pour être rapportée ici. Nous prîmes donc nos sacs – un pour le premier, un pour le troisième et un pour le cinquième – et nous dirigeâmes vers le bâtiment. Alors que nous montions tranquillement les escaliers, nous fûmes agressés par un inconnu qui nous sauta dessus en hurlant. Ce faisant, Kentaro et moi-même laissâmes tomber les sacs. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que c’était nos noms que l’individu venait de hurler et que ledit individu n’était autre que Taïga. Ce dernier nous expliqua qu’il était parvenu à fausser compagnie à madame et qu’il tenait à nous aider à finir la mission.

_ Et merde,fis-je
_ Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Kentaro.
_ Les sacs… Ils se sont renversés…
_ Boaf. C’est si grave que ça ? demanda Taïga.
_ J’en sais rien.
_ Tu parles ! Ce sont que des parchos explosifs. Evidemment, c’était Kentaro, ça.
_ C’est pour ça qu’ils étaient dans des sacs différents.
_ On a qu’à remettre ça comme ça. Personne ne le saura.

Adjugé, vendu. Chacun de nous prit un sac et partit pour un étage différent. Dans mon cas, c’était le troisième. Le temps de mettre tous les parchemins, de les relier avec le fil spécial, il me fallut une quinzaine de minutes. Tout en traînant mon fil derrière moi, je rejoignis les autres. J’étais le dernier à arriver. Sheinji relia tous les fils entre eux. Il apposa un dernier parchemin, au design différent, sur le nœud final.
Restait plus qu’à déclencher l’explosion.


_ Kentaro, comme c’est pour les médecins, je pense que c’est à toi de déclencher l’explosion.Fit Sheinji
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Message par Iarwain 26/5/2011, 13:13

La mission s’était achevée sur un succès, ou plutôt un demi-succès. Certes, l’infiltration avait été de courte durée, ce qui était uniquement la faute d’Otarin, ce que je n’avais pas manqué de signaler dans mon rapport, mais nous avions vaincu et tué le Boss. Enfin, nous… Otarin et Hisoka, quoi, forcément. Moi, j’restais tranquillement en stand-by en gardant Tokaku, un mac local, sous contrôle.
J’avais même fait l’effort de me justifier dans mon rapport. Ouais, en tant que médecin, je me devais de rester disponible au cas où quelque chose arriverait à un coéquipier. Et ils se débrouillaient très bien sans moi, donc de toute façon…
Ma réhabilitation était donc en bonne voie, entre mon travail journalier à l’hopital et la bonne volonté dont je faisais indubitablement preuve durant mes quelques missions. Par contre, ces bâtards du QG me faisaient taffer comme un chien. Ca y est, une petite désertion, un simple accident de parcours, et on se retrouve catalogué sale type à exploiter. Tsss…

D’ailleurs, je venais de recevoir une nouvelle convocation de leur part. J’arrivai naturellement à l’heure, tout ça, pour montrer ma bonne volonté, encore. Et attendis un bon quart d’heure avant que le larbin gratte-papier avec lequel j’avais rendez-vous ne se pointe pour me faire rentrer dans le placard à balais reconverti qu’il appelait son bureau. Comme c’était mignon. Certes, ils étaient très occupés, m’enfin moi aussi. Puis être à l’heure, c’était la moindre des politesses. Mais, faisant bravement contre mauvaise fortune bon cœur, je decidai de ne pas lui en tenir rigueur, histoire de pas avoir des annotations foireuses dans mon profil. En plus de celles que y’avaient déjà, du moins…
« Bon, vous avez été convoqués pour une nouvelle mission. D’après la fiche, vous avez achevé en compagnie d’Otarin Rekaishi, juunin de Chikara, et Hisoka Kaneda, chuunin de Mahou, une mission visant à l’éradication d’un gang de mercenaires ? »
« En fait, nous avons simplement éliminé le chef du gang… »
« D’après nos sources, ce gang était formé à partir d’un autre plus important sur lequel nous n’avons pas plus d’informations actuellement. Votre tâche sera donc de vous renseigner sur le gang initial. »
« Comment ça ? »
« Les moyens sont laissés à votre intention. Je pense me souvenir que personne dans le gang ne savait que vous étiez au service de Kiritsu ? » Ouais pompeux…
« Six des gorilles de chef se sont enfuis après l’avoir découvert. Il est probable qu’ils aient communiqué l’information autour d’eux et… »
« Ah, oui. Quatre d’entre eux sont en détention pour crimes et infractions divers, l’un d’eux a quitté la ville et se dirige vers le Royaume de Kuma tandis que le dernier ne donne plus de nouvelle. Il est soit mort soit en planque. Dans tous les cas, d’après le rapport, Hisoka Kaneda était difficilement reconnaissable excepté pour sa taille et ses vêtements. Vous-meme étiez derrière lui, hors de vue, et Otarin Rekaishi gisait au sol. Vous pouvez donc reprendre la mission. » Arf la guigne…
« En quoi consiste-t-elle exactement ? »
« Vous devrez rassembler le maximum d’information sur le gang initial. Pour cela, nous disposons d’une seule piste : un colis transporté par deux hommes devrait arriver à Nobeoka en fin d’après-midi demain. Voici leur signalement. »
« Je suis seul ? » Enfin la liberté, on me refait confiance ! Bon, deux hommes, tout seul, c’était pas jojo, j’savais même pas de quoi j’étais content…
« Vous ferez équipe avec Hisoka Kaneda, à nouveau. » Mon expression se figea.
« Je demande un changement de coéquipier. »
« Pourquoi cela ? » fit le bureaucrate, surpris.
« Vous avez lu mon dossier ? »
« Tout à fait. »
« Vous savez donc que je pratique un peu la necromancie, nan ? » Normalement, c’était dans ce putain de dossier, merde !
« Et alors ? »
« Vous savez qu’Hisoka Kaneda est un moine, aussi ? »
« C’est dans le dossier. » reconnut-il.
« Vous savez quel genre de moine ? »
« Absolument pas. Les notes sont incomplètes et très confuses. » J’ha… j’hallucine… Ils pouvaient pas faire leur boulot pourrave correctement ?
« Je vais vous expliquer, et ensuite on pourra discuter, d’accord ? »
« Désolé, mais je n’ai pas le temps, j’ai d’autres rendez-vous. D’une manière ou d’une autre, vous n’avez pas le choix. Nous sommes en sous-effectif, et c’est la seule personne que nous pouvons affecter pour le moment à cette mission. D’ailleurs, il sera le chef de votre duo, évidemment, votre statut d’ex-déserteur… »
« Dans ce cas, pourquoi n’est-ce pas lui que vous avez convoqué ? » demandai-je, exaspéré. Nan mais mince, quoi… J’suis super poissard, s’pas possible…
« Ah, ça, c’est dans le dossier. L’individu Kaneda supporte très mal la hiérarchie, c’est donc à vous de tout lui expliquer. »
« Mais vous pensez que ça sera suffisant ? On n’est que chuunins, hein… »
« Au pire, on vous adjoindra quelqu’un dès qu’on trouvera. Sinon, on aura qu’à envoyer un anbu. » fit-il avec un petit sourire. Genre…
« Et comment j’le trouve, aussi, hein ? »
« Du côté de l’UFC, apparemment. Bonne journée. »

Le bureaucrate me poussa fermement dehors tandis que je suffocais intérieurement. Dooonc Hisoka était un gros violent, ça, je le savais. Hisoka était anti-necromancie, ça aussi, je le savais. Mais le QG le savait pas, lui, et me foutait avec cette brute dont la seule obsession serait de m’éliminer dès qu’il découvrirait le pot-aux-roses. D’une certaine facon, ça puait le complot. Ouais, ça devait être ça.
M’enfin ça me donnait toujours pas le choix. A part déserter à nouveau, ce qui était carrément exclu.
Et ce connard d’hypocrite de bureaucrate me souhaitait bonne journée apres avoir poussé toutes leurs responsabilités de mon côté. J’y croyais qu’à moitié. Et l’UFC ? Hisoka y était retourné ? Il aimait ça ? Mais qu’est-ce qui me fichait un coéquipier pareil ? Réponse : le QG et la poisse, okay, évidemment. Mais merde, quoi…

Je me rendis donc à la salle de combat où avait commencé ma mission précédente en sa compagnie. Je rentrai sans difficultés, vu qu’il devait être 10h du matin. Plus ou moins. J’avais toujours été nul à chier pour lire l’heure à partir du soleil. Ca changeait tout le temps, fallait ajouter des heures, en retirer, en fonction de la date, et tout, j’entravais que dalle à tout ça…
La salle du ring, qui faisait aussi bar, était déserte pour le moment, mais la porte menant à l’arrière du bâtiment était ouverte. Je suivis tranquillement le chemin, individu lambda cherchant les toilettes, alibi au bout de la langue. Ouais, on me la faisait plus. Enfin sauf le QG, c’était à chialer…
Là, j’arrivai dans une vaste salle d’entrainement, d’un blanc immaculé, pleine de machines de torture, euh de musculation diverses et variées. Il y avait aussi trois rings d’entrainement, délimites par des cordes qui, à vue de nez, devaient être plus ou moins rigides. Ca devait jouer sur la strategie de combat. Sûrement. Peut-être. Probablement…

J’identifiai Hisoka immédiatement, à cause de sa grande taille et son absurde masse de muscles. Et son collier boudhiste qui me promettait mille tourments et une mort soudaine et brutale si j’avais le malheur d’utiliser le moindre cadavre. Ha. Il était sur le ring avec un type sensiblement plus jeune, genre dans les 15-16 ans. Qui essayait de se faire pousser un semblant de barbe, ce qui était pour le moins ridicile, vu les trois poils tout mous qui agrémentaient un visage couvert de boutons d’acné. Hisoka avait les espèces de gants plats qui servaient de cibles, et les bougeait régulierement, tandis que son vis-à-vis les frappait avec des enchainements de coups.
Tout d’un coup, le poing du géant fusa et assena une taloche sans brutalité sur la tête du jeune.
« N’oublie pas de toujours surveiller ton adversaire, et d’être prêt à esquiver ou à bloquer les coups, sinon tu vas prendre des contres dévastateurs. » conseilla le ‘’moine’’.
« Ou m’sieur, j’f’rais attention, m’sieur. »
« Allons, allons… Tiens, un visiteur. »
« Salut, Hisoka ! La forme ? »
« On reprendra plus tard, Ali, okay ? »
« Oui m’sieur ! »
« Bonjour Iarwain. Moi, ça va, et toi ? » dit-il en me trainant à l’ecart, hors de portée d’oreilles indiscrètes.
« Ouais, ouais, ça va. On a une mission. »
« Mais c’était ma demi-journée de repos ! » se lamenta le colosse. Pas ma faute, aussi…
« Ouais bin plus maintenant, on dirait. On doit réunir des informations sur le gang dont étaient originaires les mercenaires. Faut intercepter un colis à Nobeoka. V’là le dossier. »
« Merci. »
« J’l’ai pas lu. »
« Pourquoi ? »
« Bin s’toi le chef pour cette mission, t’as qu’à décider des infos que tu fais passer, nan ? »
« Quoi, je suis le chef ? »
« Bin, j’suis un déserteur repenti, moi. »
« Pourquoi ils m’ont pas convoqué moi, dans ce cas ? J’leur aurais expliqué ce que je pensais… »
« Euh… Haha… Je sais pas. Hahaha… »
« Bon, allons-y, alors. Tu sais comment rejoindre Nobeoka avant demain après-midi ? »
« Ouais, y’a un passage au nord-est. J’ai du le prendre, une fois ou deux… »
« Tiens, jette un coup d’œil au dossier en chemin. »
« Ah ? Tu gardes pas une partie des infos sensibles pour toi, tout ça ? » fis-je, moqueur.
« Si le QG avait des informations sensibles, il ne les aurait pas confiées à un déserteur, pas vrai ? »
« Qui sait. Ptet un test tordu. »
« C’est vrai, ça serait leur genre. »
Wouah, unis dans la haine du QG. Merveilleux.

Le trajet nous prit une bonne partie du reste de la journée et de la nuit qui suivit. Heureusement que nous nous étions arrêtés devant quelques étals histoire de faire des stocks de boustifaille avant d’attaquer le chemin. Le petit voyage se passa globalement sans un mot, chacun de nous étant concentré sur le chemin rocailleux et plus ou moins instable devant nous. Par chance, la nuit était assez claire pour nous permettre d’y voir. Ouais, on avait oublié les torches. Bin ça arrive à tout le monde, hein. Enfin, m’semble.
Le seul dialogue notable de la balade fut celui où il me posa des questions chiantes.
« Dis, Iarwain ? »
« Ouais, quoi ? »
« Pourquoi t’as déserte, en fait ? » Fallait bien que j’mange cette question un jour, hein…
« Ah… »
« J’veux dire, t’es un drôlement bon médecin, nan ? »
« J’me débrouille plutôt bien, j’pense. »
« Donc pourquoi t’as déserte, au final ? »
« Je… » Ouais, j’étais vachement hesitant. Lui raconter un bobard ? J’vais pas lui dire la vérité, en tout cas… Si tant est que je m’étais expliqué avec moi-même au point de la connaître. Pas y penser, juste.
« Ca serait pas à cause de Ryosuke Soma, au moins ? » Ah, son vieux cheval de bataille…
« Nan, s’pas ça. Mais j’veux pas trop en parler, en fait… » Ouais, un coup d’honnêteté, ça passera comme une lettre à la poste !
« Comme tu veux. » Comme prévu !

Nous arrivâmes à Nobeoka une poignée d’heures avant l’aube, épuisés. Ouais, on avait beau être des ninjas, rester debout trente-douze heures, c’était toujours fatigant. Nous nous dirigeâmes immédiatement vers une auberge pas trop crade, réveillâmes le gérant en tambourinant à la porte, enfin surtout Hisoka, qui faillit la casser, en charriant à peine, ce qui nous aurait simplement attiré des tas d’emmerdes.
Une fois dans la piaule, nous nous pieutâmes direct. En laissant les rideaux ouverts pour pas dormir au-delà de l’heure du rendez-vous…
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Message par Kentaro 26/5/2011, 18:24

Kentaro avait beau jeté un regard noir à ce fichu sceau de déclenchement, ça ne le fit pas disparaître pour autant. La poisse. Ça lui apprendrait à balancer les soudards par les fenêtres… Maintenant, Sheinji l’avait dans le nez et entendait lui pourrir somptueusement la vie.

Pourtant, Taïga et Keiji n’y avait pas été de main-morte non plus, eux. L’un avait pulvérisé un plancher et une moitié de couloir, et l’autre avait initié une fête improvisée qui avait retardé la mission d’une nuit entière.

Moralité, plus on met la barre haute, moins on a d’ennui.
Kentaro se le tint pour dit pour la prochaine fois qu’il ferait équipe avec l’ado chikarate.

En attendant, cette saine résolution ne changeait en rien son problème : on lui demandait à lui –quiche parmi les quiches en utilisation de chakra – d’activer le sceau central, qui redirigerait le chakra vers les sceaux explosifs disséminés dans l’immeuble, via le réseau de fils-machin fournit par le Qg.

Le hic était que Kentaro avait déjà bien du mal à activer un unique sceau explosif en temps normal. Il y avait donc de fortes chances qu’il se plante, que rien ne se passe et, pire ! Qu’il se tape la honte devant Taïga, Keiji et Sheinji, mais aussi la dizaine d’autres shinobis et la grosse centaine de badauds venus assisté à la chute de l’immeuble.

Bien évidemment, il y avait aussi la possibilité que quelque chose déconne à plein tube lorsqu’il activerait ce maudit sceau et que ça ne pète pas comme il faut. Et l’autre imbécile de Chikarien serait bien capable de lui en rejeter la responsabilité, sous prétexte que c’était lui qui avait activé le bazar.

Certes, le médecin aurait pu s’en sortir en avouant que les sceaux, lui, c’était pas son truc – d’autant plus que Taïga était on ne peut plus enthousiaste et prêt à prendre la relève, ou que Keiji avait prouvé qu’il était nettement plus qualifié en matière d’explosif – sauf qu’on en revenait au point un, à savoir, se ridiculiser devant la moitié du Gyosei Machi.
Et ça, il n’en était pas question.

Transperçant le chunin chikabrute du regard, Kentaro se saisît donc du sceau. Il ferma les yeux, se relaxa, puis commença à se concentrer sur son chakra. Et s’aperçut que Sheinji était en train de lui dire un truc, sauf qu’il n’avait rien écouté.

« Tu disais ?
_ J’ai dit, n’hésite pas à balancer la sauce, y’en a quand même vingt à activer.
_ Et ?
_ Et ben tu ne vas pas utiliser autant de chakra que pour activer un simple parchemin, mais vingt fois plus.
_ Ah… Et j’estime ça comment ?
_ Comment ça, t’estimes ça comment ? Tu balances grosso-modo vingt fois plus que d’habitude, évidemment.
_ Ouais, j’le savais.
_ Rassures-moi, tu connais la quantité nécessaire pour activer un parchemin explosif, hein ?
_ Plus ou moins.
_ Plus ou moins comment ?
_ Roooh, c’est bon, là. T’as pas confiance ou quoi ?
_ à ton avis…
_ Bon, j’y vais. »

Transperçant le chunin chikarate du regard, Kentaro se saisît donc du sceau. Il ferma les yeux, se relaxa, puis commença à se concentrer sur son chakra. Il en accumula une grosse, grosse quantité, commença à malaxer et…

« Sheinji ?
_ Quoi encore !? Tu vas l’activer oui ou non ?
_ À tout hasard, il se passe quoi si je n’envoie pas assez de chakra ?
_ Tous les explosifs ne seront pas alimentés en quantité suffisante. Donc de deux choses l’une : soit aucun n’explose et on recommence. Soit…
_ Soit ?
_ Soit y’en a qui pète et pas d’autres, et l’immeuble ne va pas s’effondrer sur lui-même mais dans la rue, et on aura l’air malin. Mais ça n’arrivera pas, parce que tu sais quelle est la quantité nécessaire pour les activer, pas vrai ?
_ Bien entendu.
_ Bien entendu. »

Transperçant le chunin chikariote du regard, Kentaro se saisît donc du sceau. Il ferma les yeux, se relaxa, puis commença à se concentrer sur son chakra. Il en accumula la plus grosse quantité possible, commença à malaxer et…

« Sheinji ?
_ Mais c’est pas vrai !? T’as peur ou quoi ?
_ Tu rigoles !
_ Bon ben active, tout le monde n’attend que ça !
_ Question innocente : et si je mets trop de chakra, il se passe quoi ?
_ Rien, t’actives les parchemins, et le reste est perdu et c’est tant pis pour ta pomme ! T’as aucune idée de la quantité nécessaire, c’est ça ?
_ Prends-moi pour une moule, j’te dirai rien.
_ Allez, va-z-y ! »

Transperçant le chunin chikarien du regard, Kentaro se saisît donc du sceau. Il ferma les yeux, se relaxa, puis commença à se concentrer sur son chakra. Il en accumula une quantité astronomique au rapport de ce dont il avait besoin – mais on est jamais trop prudent, pas vrai ? – et commença à malaxer. Une fois qu’il eut raffiné du mieux qu’il put son chakra, il l’injecta dans le sceau en hurlant le parfaitement inutile et donc indispensablement rituel « Activation ! ».

Tout les regards convergèrent illico vers le bâtiment en ruine, juste à temps pour voir…
Pour voir…
Pour voir.

Pour voir rien du tout, car rien ne se passa.

« C’est une blague, murmura Sheinji, sidéré.
_ Attends, faut le temps que ça voyage, hein…
_ T’es pas foutu d’activer un parchemin explosif ?
_ C’est peut-être les fils qui ne marchent pas, et...
_ Mais t’es vraiment un boulet, donne-moi ça ! »

D’un geste rageur, le chunin arracha des mains du médecin le parchemin activateur. C’est à ce moment là que le chakra erratique de Kentaro activa les explosifs.

Normalement, pour faire exploser un immeuble, on applique en des endroits stratégiques des charges de puissances variables, afin de s’assurer que l’immeuble s’affaisse sur lui-même, pour la plus grande sécurité de tous. Normalement.
Mais si, par le plus grand des malheurs, un petit groupe de genins délurés mélangent par inadvertances les parchemins explosifs, et place des charges de puissance non-adéquate, alors, en une fraction de seconde, l’immeuble tressaute, se fend sur toute sa hauteur, et des pans d’étages se retrouvent projetés à des dizaines de mètres à la rondes, heurtant les bâtiments proches, éboulant des murs et aplatissant des toits. Les shinobis en périphérie des limites de la zone de sécurité bouffent des tombereaux de poussières et de gravats, tandis qu’une pluie de caillasses leur tombe sur le coin du crâne, et que les badauds s’enfuient en tout sens, provoquant un début de mouvement de foule dans la panique qui s’ensuit.
En quelques secondes à peine, toute la zone disparait dans la poussière, les blessés plus ou moins bénins se comptent par plusieurs dizaines et les dommages matériels font grincer des dents les assureurs.

Comme l’apprit fort brusquement Sheinji.

Kentaro regarda successivement le désastre – qui faisait désagréablement écho à un certain incident de Nobeoka – pis Sheinji – gris de poussière, mais qui tenait toujours le parchemin activateur – et prépara ilico sa défense, des fois que.

« C’est pas moi ! »
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Message par Kentaro 4/6/2011, 23:23

Une fois l’immeuble détruit, Kentaro s’était attendu à être enfin débarrassé de cette histoire. Il eût donc la désagréable surprise d’apprendre l’après-midi même qu’il rempilait, et plus vite que ça, hein, le chantier a déjà pris du retard, je vous signale. Kentaro se rendit donc de nouveau au chantier de la future serre de l’hôpital, maugréant contre le QG qui n’avait rien de mieux à faire que de le coller à des missions sans intérêts de ce genre.
Non qu’une serre était inutile, hein… Simplement, il y avait des postes de déploiement autrement plus importants pour un médecin de sa trempe. Sûrement une basse vengeance de l’administration pour lui faire payer son statut de shinobi à temps partiel.

Agité par ce genre de considération, c’est donc de fort mauvaise humeur que le médecin Mahousard débarqua sur le chantier. Ce terme convenait d’ailleurs tout à fait, puisqu’il ne restait plus rien de l’immeuble qui occupait les lieux, hormis des morceaux plus ou moins imposants éparpillés au petit bonheur la chance un peu partout, y compris au-delà de la zone de sécurité.

Ça et là, des grappes de genins étaient déjà à l’ouvrage, déblayant comme ils le pouvaient, et concassant les morceaux encore trop gros. Kentaro repéra le responsable du chantier – un autre chunin, Sheinji ayant été diplomatiquement écarté du projet après sa dernière prouesse – et s’approcha pour prendre ses ordres.

« ‘Jour, ch’uis Kentaro, assigné à la mission. Faut faire quoi ?
_ C’est à cette heure-ci qu’on arrive ? Maugréa le chunin. Tu fais parti de l’équipe de conducteurs, va avec les attelages, là-bas.
_ De conducteurs ? S’étonna le médecin.
_ Si tu veux vraiment transporter les débris à bout bras, libre à toi. Mais sinon, le QG nous a fourni des chariots à dodo, ça ira plus vite. Une fois les chariots pleins, emmenez-les au 87, quartier du Chat Pendu, dans le secteur Nord. C’est un terrain vague et c’est là qu’on se débarrassera des gravats.
_ Mouais… »

Kentaro se détourna du gradé et se dirigea vers la direction indiqué, vers les attelages. Tout cela ne lui disait rien qui vaille : la dernière fois qu’il avait fait parti d’un convoi de trois chariots et six dodos, seul un chariot et un unique dodo était arrivé à bon port…

Alors qu’il s’approchait, des éclats de voix l’atteignirent.

« La loose ! Pourquoi des dodos ? C’est lent, stupide et ça a pas un gramme dans le pois chiche ! Pis c’est pas foutu de gagner une course, en plus. On aurait pas pu avoir des salamandres, pour changer ? Ça, c’est rapide. On aurait été bien plus vite. Mais nan, ‘faut que ces incapables du QG nous refile le volatile le plus merdique de la création. Raah, c’est la misère ! »

L’auteur de ce couplet n’était autre qu’un petit nabot, un peu enveloppé, pas très grand, barbu, haut comme trois pomme, rabougri et… et petit, quoi. Kentaro l’avait déjà aperçu de temps à autres, car le type faisait parti des shinobi-médecin. Un certain Gamel, ou un truc du genre.

Le petit nabot était en plein monologue avec Keiji, qui faisait mine d’écouter attentivement. Ou le faisait vraiment, on ne savait jamais avec les types comme lui.

« ‘jour tout le monde, salua Kentaro en arrivant.
_ Salut Kentaro, répondit poliment Keiji.
_ T’es qui, toi ? Grogna Gamel. Ta tête me dit quelque chose.
_ Je suis Kentaro Satokira, médecin à l’hôpital, et accessoirement à disposition du QG pour les missions. Quand y’a besoin, normalement.
_ C’est important d’avoir un médecin sur un chantier, rappela Keiji. Imagine que quelqu’un se blesse.
_ Bwahahaha ! ‘faudrait vraiment être le dernier des empaffés pour se blesser sur un stupide chantier, ricana Gamel. Encore qu’avec les Chikabrutes, ‘faut se méfier, ‘sont tellement doués, ceux-là !
« T’es pas Chikariens, quand même ? Demanda brusquement le nabot à Kentaro.
_ Nan, Mahousard, pourquoi ?
_ Parce que les Chikabrutes, c’sont rien que des gros nuls. Que des va-t’en guerre qui cognent sans jamais réfléchir, des bons à rien qui veulent toujours que t’en fasse des tonnes. Mais ils ont beau se la péter, qui c’est qu’est venu chialer quand Nagame leur a foutu sur la gueule ? Pfff… Dommage qu’ils aient pas cramé leur désert bidon, on aurait eu la paix, nous. Nan, j’vous jure, je vous souhaite vraiment de ne jamais avoir à bosser avec eux, hein, parce qu’ils en tiennent une couche. On est bien mieux entre Mahousard.
_ Bof, Pyjama n’était pas si terrible que ça, pas vrai, Keiji ? Fit remarquer Kentaro.
_ Pyjama ? S’étonna Keiji.
_ Ben oui, l’iroquois, Taïga Pyjama !
_ C’était Taïga Pinjarra…
_ Pareil !
_ Peuh ! Réfuta Gamel. Il a caché exprès son jeu pour me faire passer pour un crétin. C’st bien un comportement de chikabrute, ça, toujours à se foutre de votre gueule.
_ Il est comme ça depuis le début ? Glissa Kentaro à son acolyte aux arbalètes.
_ Oh, tu as évité le passage sur la mission débile, le QG qui n’a rien d’autre à faire que de lui pourrir la vie, la charrette trop haute, le chantier mal organisé, le chunin et sa crise d’autorité et les plantes qui ne servent à rien et ne remplacent pas un bon jutsu de soins.
_ Pardon !? Tiqua illico le Satokira. Dis donc voir, Gamel ! Qu’est-ce t’as raconté comme connerie sur les jutsus de soins ?
_ Gamel !?
_ Gamel ?
_ Ben quoi ? C’est pas ton nom ? Demanda Kentaro.
_ Non, il s’appelle Kalem, rectifia Keiji. Kalem Doskop.
_ Pareil !
_ Bwahaha ! La loose, ricana Kalem. Pas foutu de retenir les noms, et ça se dit médecin. Ça doit être folklo’ quand tu prescris les médoc’, dis donc…
_ Les noms, ch’ai pas, mais mon poing, je vais pas le retenir très longtemps !
_ A se demander comment t’as fait pour enregistrer mon nom du premier coup… Soupira Keiji.
_ C’est pas pareil, toi, t’es un patient.
_ Je ne vois pas le rapport.
_ C’est que… »

Les genins auraient pu passer la journée à discuter, se bouffer le nez, se plaindre de tout et de rien (selon les caractères de tout un chacun) si le chunin n’était arrivé les houspiller pour les mettre au boulot : les charrettes étaient pleines, il était temps de les conduire jusqu’au terrain vague.

Le trio se ramena près des chariots, de gros machin grossier à deux roues, avec une paire de dodo en guise d’attelage. Les gravats étaient soigneusement recouverts d’une bâche, afin que les genins n’en laissent pas partout derrière eux pendant les cahots du transport.

Le regard de défiance que Keiji jeta aux dodos n’échappa à personne.

« Toi non plus, t’aime pas ces emplumés ? Demanda Kalem. Ah ! Ch’avais qu’t’étais un type sensé !
_ Plus ou moins, répondit Keiji.
_ Tant que tu ne les dynamites pas, ça ira, commenta Kentaro.
_ L’explosif, c’était un accident !
_ Pis relax, t’auras pas à monter dessus, cette fois-ci, poursuivit le jeune homme.
_ Encore heur… Hé ! Comment tu sais ça, toi !
_ Parce que c’est dans ton dossier, évidemment, répliqua le médecin.
_ De quoi ? S’enquit Kalem. Qu’est-ce qu’il a eu et qu’est dans son dossier ?
_ Secret médical, ça ne te regarde pas, répliqua Keiji.
_ Hé ! Mais si, ch’uis médecin, signala le nabot. Entre confrère, on peut…
_ Nan.
_ Rooh, allez, quoi…
_ Nan. Ça ne présente aucun intérêt médical. N’insiste pas.
_ Pis il utilise des jutus, il est sûrement pas fiable, lui fait pas confiance… »

Kalem s’écarta en ronchonnant et grommelant dans sa barbe, mais fut rapidement rappelé par le chunin. Alors que les genins commençaient à s’impatienter (même Keiji. La présence des dodos, sûrement…) le chunin dut leur expliquer le problème.

« Je ne comprends pas, on m’avait pourtant dit qu’on m’envoyait quatre genins pour le transport, et je n’en ai que trois !
_ En même temps, on est pas obligé d’être à deux pour conduire ces machins, fit remarquer Kentaro.
_ C’est le règlement, s’entêta le chunin.
_ Pourquoi ?
_ Il faut un pilote et un copilote, c’est comme ça, voilà tout.
_ Héhé ! J’ai la solution, s’exclama Kalem. Admirez l’artiste ! »

Le nabot dressa une série de mudras et dans un « pouf! » sonore et beaucoup, beaucoup de poussières, fit apparaître sa fidèle invocation : Kassos le babouin à la lance.

« Héhé ! Alors, qu’est-ce que vous en dites ? Se rengorgea Kalem.
_ C’est un singe, fit remarquer Keiji, sceptique.
_ La honte, t’es plus petit que ton invoc’, s’esclaffa Kentaro.
_ Meutropas, c’est parce que je suis plus loin ! C’est la perspective !
_ Ouais, ouais, à d’autres…
_ C’est un singe, insista Keiji.
_ Ben oui, c’est un singe. T’as déjà entendu parler d’invoc’ humaine, toi ?
_ Mais il ne peut pas faire copilote.
_ Nan, ça s’ra moi. Lui, il sera pilote.
_ Le singe va conduire !? S’étouffa d’indignation le chunin.
_ Ben ouais, il a des mains, alors il peut tenir les rênes, cqfd, expliqua Kalem.
_ Mais il est hors de question que je laisse un singe conduire une charrette dans les rues de Narasu !
_ Rooh, c’est bon là ! Pis d’abord, c’est pas juste un singe : la preuve, il manie une lance ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des singes lanciers ? Bon, ben s’il peut manier une lance, il peut tout à fait conduire une paire de stupides dodos, il est pas plus bête qu’un autre, hein.
_ Mais…
_ T’te façon, on va pas y passer la journée, hein, trancha Kentaro en chourant le plan des mains du chunin. C’est là qu’on doit se rendre ? Ok, on y va. »

Les deux duos prirent placent sur leurs charrettes respectives. Kalem et Kassos sur la première –Kalem soutenait mieux connaître la route sous prétexte qu’il avait fait une mission pas loin – et Kentaro et Keiji sur la seconde.
En digne feignasse patenté, Kentaro se débrouilla pour que ce soit Keiji qui conduise.

Au signal de Kalem (« Le dernier arrivé est une tarlouze ! »), le petit convoi s’ébranla.

*
* *

A quelques rues de là, au rez-de-chaussée d’une blanchisserie, le boss Quang briefait ses gaillards.

« Ecoutez-moi bien, les gars. Dans environs une demi-heure, le convoi de la bijouterie Samhein passera dans cette rue. Elle transporte un paquet de blé en liquide, et des montagnes de joailleries et de diamants comme vous n’en avez jamais vu. Et on va le chourer au nez et à la barbe du Kiritsu ! »

Cette annonce provoqua force hourra et grognement de contentement. Néanmoins, il y en eut un pour poser la question qui fâche.

« Mais boss, y’aura sûrement une garde ninja en escorte ?
_ Exact ! Répliqua Quang avec confiance. D’où le Plan Sournois©, qui va nous permettre de d’éliminer ceux du chariot de tête. Parce que les chunins sont toujours en tête, c’est bien connu. Ensuite, on s’occupe des genins et le magot est à nous. Et y’a plus qu’à filer et à nous la richesse et le prestige. »

Nouveau concert de hochement de têtes et de grognements approbateurs. Ça c’était un plan bien. Ce n’était pas un hasard si Quang était le chef, après tout.
C’est alors que la porte d’entrée s’ouvrit à la volée, bousculant deux gaillards au passage –il n’y avait pas beaucoup de place dans la petite blanchisserie – et qu’un des guetteurs entra en trombe, surexcité.

« Chef ! Chef ! Des chariots bâchés sont en train de remonter la rue !
_ Sacrebleu ! S’exclama Quang. Ces filous tentent de nous rouler en passant plus tôt que prévu ! Tout le monde à son poste ! »

Les gros bras du boss Quang s’ébranlèrent dans toutes les directions.

*
* *

Kalem exultait, il était en tête ! Il faut dire que Keiji n’y mettait pas beaucoup du sien, refusant d’essayer de doubler le nabot, sous le prétexte fumeux qu’une course-poursuite dans les rues, c’était dangereux. Ce qui faisait fulminer Kentaro, qui regrettait amèrement de ne pas avoir saisi les rênes quand il en avait l’occasion.

Néanmoins, les deux voitures menaient un train d’enfer, Kalem ne souhaitant pas se faire doubler par ses coéquipiers, et Keiji ne se laissant pas distancer, préférant que tout le monde reste groupé.

Alors qu’ils passaient dans une énième rue, hors du Gyosei Machi, un énorme cri retentit.

« Maintenant, mes gaillards !! »

A cette tirade, des types tirèrent sur une corde, ce qui eût pour effet de la tendre en plein milieu de la rue juste au passage du chariot de Kalem. Cette excellent tactique aurait du décapiter le conducteur, ou à tout le moins l’étrangler et le bouler à terre, n’eut été la petitesse de l’équipage, et la corde passa cinq bon centimètres au-dessus du nabot et de sa demi-portion pelucheuse.

Sans l’effet de surprise, le duo suivant n’eût aucun mal à réagir, et Kentaro trancha la corde d’un revers de scalpel bien senti.

« C’était quoi, ça ? Se demanda Keiji.
_ C’était délibéré, c’est une embuscade ! Déclara intuitivement Kentaro.
_ Tu veux rire ? Qui prendrait le risque d’attaquer des shinobis pour voler des gravats ? Plutôt un accident, c’est sûrement une corde à linge qu’allait être dressé quand on est passé. Kalem a eu chaud, ç’aurait pu mal finir.
_ Mouais… »

Kentaro marmonna dans sa barbe. Bizarre, d’habitude, son instinct ne le trompait jamais…

*
* *

« ç’a pas marché, boss…
_ J’le vois bien, triple abruti ! Foutu shinobi ! Plan B, les gars, on les prend en chasse !
_ On va se faire griller avec leur jutsu, boss !
_ Mais nan, si on reste mobile, ils oseront pas les utiliser de peur de blesser des civils ! En route ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait : les gaillards du boss Quang se ruèrent sur les chariots et dodos sensés servir pour la fuite, et une foultitude de charrettes et de chevaucheurs de dodos prirent en chasse le convoi.

*
* *

« Si ça se trouve, c’était un acte de résistance : ils avaient l’occasion de pourrir des gars de Kiritsu et ils ont tentés le coup, soutînt Kentaro.
_ N’importe quoi, répliqua Keiji. S’ils voulaient boxer du Kiritsu, y’a des tas de genins qui font des cibles nettement plus facile qu’une charrue à pleine vitesse. C’était un accident.
_ Nan, nan, nan… J’en mettrai ma main au feu, c’était délibéré.
_ Tu ne serais pas un peu paranoïaque sur les bords, toi ?
_ Pardon ? Je… ! »

Kentaro interrompît si brusquement sa phrase que Keiji reporta illico son attention sur le côté, pour voir ce que voyait son copilote. Ils étaient présentement en train de se faire doubler par un type chevauchant un dodo, avec un sabre entre les dents. Il était en train de se mettre debout sur son dodo et... Sauta sur l’attelage.

C’était sans compter les réflexes de Keiji, qui écarta illico le chariot, et le pauvre type se ramassa par terre.

« C’était quoi, ça ? S’étonna l’archer.
_ Jette un œil derrière, et redis moi voir que c’était pas intentionnelle. »

Un rapide coup d’œil apprit au jeune homme qu’ils étaient poursuivis par une demi-douzaine de chariots, autour desquels gravitaient une foule de chevaucheurs de dodos.

« M’enfin, ça n’a pas de sens !
_ Tais-toi et accélère ! »

Keiji ne se le fit pas dire deux fois, et fit piquer des deux à ses dodos. En un rien de temps, il rattrapa l’arrière du chariot de Kalem, et puisque ce dernier n’accélérait pas, entreprit de le doubler. De cela, par contre, le nabot s’en aperçut, et refusant d’être la tarlouze qu’arriverait dernier, intima à Kassos une manœuvre de blocage, rabattant son chariot dans la direction de celui de ses coéquipiers.

« Kalem ! Qu’est-ce que tu fous ?! Gueula Kentaro.
_ Bwahaha ! L’est pas né le péquenaud qui nous battra à la course ! Bande de loosers, prenez en de la graine ! Admirez mon expérience !
_ C’est moi ou il a pas du tout capté qu’on est poursuivi ?
_ Kalem, regarde derrière !
_ Bwahaha ! Hasta la vista, baby !
_ Keiji, rapproche-toi que je saute sur son chariot et lui colle une paire de baffe ! »

Mais l’archer ne put obtempérer : menacé de se faire écraser ses dodos entre les maisons et le chariot de Kalem, le jeune homme fit ralentir son attelage pour éviter l’accident. Et fut rattrapé par deux chevaucheurs de dodos.

L’assaut fut se déroula en un éclair : ils attaquèrent par chaque flanc, l’un armé d’une batte en fer et l’autre d’un katana. Keiji passa illico les rênes dans sa main droite et fit apparaître son arbalète en main gauche, la pointant directement sur le visage ricanant du bandit. Celui-ci eût juste le temps de se protéger, et le carreau plombé lui heurta l’avant-bras, lui faisant lâcher son arme. Un second tir le loupa de peu et le força à s’éloigner du chariot. Mal lui en prit, parce qu’il frôla de trop près les façades de maisons et boutiques, et se mangea une enseigne en pleine poire.
De l’autre côté, Kentaro attrapa directement le sabre sous les yeux médusé de son propriétaire, tira un grand coup pour pouvoir saisir le poignet du type, avant de le balancer d’un geste ample de l’autre côté du chariot, dans le vide.

« Je croyais que t’avais un Serment ch’ai-pas-quoi qui t’empêchait de frapper les gens, nota l’archer.
_ Et je ne l’ai pas frappé, précisa Kentaro.
_ Exact, au temps pour moi, convint Keiji. Les autres se rapprochent ?
_ Ils font de la place pour l’un des chariots, répondit le médecin en regardant derrière.
_ Ok, prends les rênes ! »

Sans laisser le temps à son compagnon de protester, Keiji lui plaça d’autorité les rênes dans les mains, avant de pivoter à demi de tirer sur le char de tête de leurs assaillants. Une pluie continue de carreaux lestés s’abattit sur les assaillants, mais sans grand succès : Kentaro dirigeait l’attelage comme un pied, à grand renforts de jurons, faisant de son mieux pour éviter de renverser les gens et de choper des trucs au passage. Par conséquent, le chariot suivait une trajectoire particulièrement erratique, tressautant en tout sens, sans être fichu de rester stable et droit plus de deux secondes d’affilés. Tout les talents d’archers de Keiji n’y pouvait rien, et la plupart des carreaux passèrent allègrement à côté de leur cible, dévastant les fenêtres, assommant des chevaucheurs de dodos, ou traumatisant les passants.

« Mais qu’est-ce que tu fous, Kentaro !
_ Je conduis, ça se voit pas !
_ Ben non !! Je peux pas viser dans ces conditions, et s’ils commencent à aborder notre chariot, on est mal.
_ J’ai une idée ! Reprends les rênes ! »

De guerre lasse, l’arbalétrier récupéra la direction du chariot et Kentaro se redressa.

« C’est quoi, ton idée ? S’enquit Keiji.
_ C’est ça ! »

Et d’un bond Kentaro se jeta sur le chariot qui les poursuivait. L’espace d’un moment, il sembla avoir loupé son coup et devoir atterrir au mieux sur les dodos, voire dessous dans le pire des cas, mais le médecin, d’un mouvement de jambes, déplaça son centre de gravité et grappilla la petite distance qui lui manquait. Renforçant son corps à l’aide de son Dayamondo Uwakama (Epiderme de Diamant) et concentrant son chakra dans son bras, Kentaro se prépara à donner une bonne leçon aux poursuivants. Malheureusement, un crochet désespéré du conducteur parvint à le décaler de la trajectoire du genin, et son poing rageur ne fit qu’arracher le plat-bord gauche de la carriole ainsi qu’une partie du plancher, provoquant la chute de la moitié de l’équipage.

Kentaro se réceptionna en grommelant, son plan ayant foiré. Notamment le coup où il était sensé détourné le chariot pour rejoindre Keiji. Il n’avait pas l’air malin, maintenant, tout seul au beau milieu de la rue !
Seul ?
Non.

Le reste de la bande du boss Quang déboulait à toute vitesse, jouant de l’avertisseur sonore à s’en casser la voix. Kentaro repéra le chevaucheur de dodo qui lui faisait frénétiquement signe de se pousser, et esquissa un sourire. Voilà qui allait le remettre en selle, au sens propre…

Pendant ce temps, Keiji avait piqué des deux pour rejoindre Kalem, dans l’idée de le mettre au courant de ce qui se passait derrière. Après de multiples chocs et accrochages, le genin parvint enfin à caler son chariot au côté de celui de son acolyte.

« Fonce Kassos ! On va paumer la course ! Accélère !
_ Kalem ! Ecoute-moi, on a un souci !
_ Qu’est-ce qu’il y a ? Hé ! Mais où est Kentaro ? Il a sauté en marche ? Mais il est vraiment pas possible, c’t empaffé !
_ Regarde derrière, tête de mule !
_ Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il… »

S’étant retourné, le nabot s’aperçut de la nature du souci susmentionné par Keiji. Il pivota d’un bloc pour se concerter avec son allié, et eût la surprise de parler avec une palissade. La rue aboutissait à deux embranchements, ne laissant d’autres choix aux chariots que de se séparer.

Derrière, le boss Quang ne décolérait pas. Son Plan Sournois© déconnait à plein tube ! Non content d’avoir évité son piège Makayavelique (inspiré de certains coups tordus d’une légende touffue de la pègre locale), les sbires de kiritsu venaient de se séparer pour brouiller les pistes. Et pas moyen de savoir lequel des chariots transportaient les richesses !
En quelques fractions de secondes, le boss fit rapidement le point sur ses forces. Ce qui fut vite fait : le chariot qu’avait explosé Kentaro avait du abandonner la poursuite, le moyeu menaçant de céder. Comme si cela n’avait pas suffit, le genin avait en plus éjecté l’un des chevaucheurs de dodos, et se marbrait copieusement la gueule avec les autres. Ne restait donc au boss Quang que quatre chariots pleins de gaillards pour boucler la poursuite.
Prudent, il décida de scinder sa force en deux, et assigna une paire de chariot après chaque fuyard.

Kalem se répandit en insultes, jurons, imprécations et autres scrogneugneux quand il s’aperçut que deux chariots avaient décidé de le prendre en chasse. Il poussa un soupir et commença à réfléchir à un plan.

*
* *

L’ambiance était pour le moins tendue, au "Palais de Jade". Affiché fermé depuis l’extérieur, le salon de thé était vide tous ses clients. Situé à l’angle de la rue des Lanterniers, le "Palais de Jade" était limitrophe des frontières du territoire de la mafia Gengo et du groupe de trafiquants Dokuya. C’était en quelque sorte un territoire neutre, qu’avaient choisi les deux factions pour se rencontrer pour leur transaction.
Chaque négociateur était venu avec sa cohorte d’hommes en arme, ni l’un ni l’autre n’ayant la moindre confiance en leur homologue. Tous se regardaient en chien de faïence, tendu, près à tirer les armes à la moindre entourloupe.

Mais après des mois de pourparlers, des jours de préparations et des heures de transactions, les négociations relatives aux fournitures de drogue et aux commerces d’armes semblaient enfin pouvoir trouver leur conclusion sans la moindre violence. Le négociateur des Gengo se saisit du sceau de son organisation, le posa délicatement sur l’encrier et…

Dans un fracas épouvantable, la vitrine du "Palais de Jade" explosa, et dans un maelström de morceaux de verres et d’éclats de bois, un chariot de l’apocalypse piloté par un farfadet démoniaque à la lance impie se fraya un chemin, renversant les tables, piétinant les chaises, et culbutant le négociateur des Gengo, tandis que dans un horrible ricanement retentit un terrible :
« Bwahaha ! Comment qu’on va les niquer ces cons, avec ce raccourci ! »

Moins d’une fraction de seconde plus tard, les hommes de main de la mafia Gengo dégainèrent leurs armes en hurlant. Les tueurs de Dokuya réagirent au quart de tours, et avant qui que ce soit ne puisse placer un mot, les deux factions se jetaient l’une sur l’autre. Au grand dam du chariot qui suivait, qui fut pris en sandwich au milieu des fous furieux et passa un fort mauvais quart d’heure.

*
* *

A quelques pâtées de maisons de là, Kentaro était aux prises avec les Dodotards. La situation commençait sérieusement à le saouler : soit il poutrait ses tocards et pendant ce temps, son dodo finirait immanquablement par renverser un passant. Soit il se concentrait sur la conduite et il n’était pas près de se débarrasser de ses agresseurs.

Un mouvement sur sa droite attira son attention, et il se baissa juste à temps pour éviter un coup de chaîne de l’un de ses adversaires. A la seconde attaque, il parvint à l’enrouler autour de son avant-bras, s’en saisit et désarma le type. Malheureusement, avant qu’il ne puisse s’en servir, ledit type se mit à distance, ayant déjà assisté aux conséquences de l’ire implacable du genin.

Kentaro en profita donc pour se rapprocher de son adversaire de gauche, et parvint à enrouler sa chaîne nouvellement acquise autour du bras de celui-ci. Les deux cavaliers luttèrent un moment, tandis que le genin essayait d’attirer à lui son vis-à-vis, qui faisait tout pour rester à distance.
La situation ne dura guère, puisqu’un cri retentit devant. Kentaro jura, lâcha la chaîne et bascula tout son poids le plus possible sur sa droite, déviant in extremis la course de son dodo et évitant de renverser le couple de vieux qui s’était trouvé devant lui.

Retour à la case départ…

La course effréné du Dodo l’emmenait au bout de la rue, laissant le choix à Kentaro de continuer tout droit – mauvais plan, la densité de piéton semblant s’accroître dans cette direction –, de tourner à gauche – bonne idée, cela le rapprochait du terrain vague et, techniquement, de ses coéquipiers. Si ceux-ci ne s’étaient pas perdus. – ou de tourner à droite – à oublier, car…
Le cerveau du jeune homme fit tilt, alors qu’un plan que d’aucun aurait considéré comme complètement dingue lui traversait l’esprit.

En tournant à droite, le genin allait couper perpendiculairement l’un des grands axes nord de Narasu, par laquelle transitait nombre de marchandises. La circulation y était dense, et composée notamment de gros porteurs. Le truc idéal pour semer des poursuivants, pour peu qu’on évite de s’emplafonner sur un transporteur. Trop fastoche !

Ni une, ni deux, Kentaro obliqua illico. Il lui fallut une fraction de seconde pour repérer les flux et reflux de la circulation et trouver un passage suffisamment sécurisé pour qu’il ait une chance de s’en sortir, et suffisamment dangereux pour que les types derrières s’en prennent plein la gueule.
Forçant son dodo a accéléré, le genin s’engouffra dans la double voie, frôlant les cornes d’un attelage de bœuf et évitant le cul d’un chariot blindé. Il dut aussitôt se déporter à 45 degré, avant de repartir presque à angle droit pour éviter de percuter la file de véhicule suivant. Derrière lui retentit plusieurs bruits sourds de choc, et des hurlements de colères et de douleurs. Ses poursuivants venaient de se retrouver hors course !

Cette pensé arracha un sourire victorieux au genin, qui s’effaça aussi vite lorsqu’il s’aperçût que cet instant d’inattention venait de le plonger dans la panade. Le médecin filait à pleine vitesse sur une remorque pleine de lourdes caisses.
Serrant les dents, Kentaro remobilisa son Dayamondo Uwakama et tenta la seule chose qui lui passait par la tête. Agrippant fermement le cou et les aisselles de l’animal, le jeune homme se jeta sur le côté, renversant le pauvre dodo glapissant. Le duo glissa sur le sol, manqua de percuter une roue, mais parvint à se faufiler sous le chariot.

Le cœur battant à tout rompre, Kentaro fit se relever son dodo et poussa un grand soupir de soulagement. Maintenant qu’il s’était débarrassé de ses poursuivants, ne lui restait plus qu’à retrouver ses équipiers.

Du côté de Keiji, la situation restait tendue. Ne pouvant pas conduire et tirer derrière lui en même temps, il en était réduit à se concentrer sur le pilotage, enchaînant les rues au petit bonheur la chance.

La situation était d’autant plus dangereux que ses poursuivants, eux, ne se gênaient pas pour le bombarder avec un tout ce qu’ils avaient sous la main.

Le genin bifurqua dans une large avenue et vit qu’il débouchait sur une petite place. Tentant le tout pour le tout, le jeune homme fit brusquement tourner ses dodos. La cargaison massive à l’arrière du chariot fit chasser le véhicule, qui entama un véritable demi-tour. Dans le même temps, Keiji invoqua ses arbalètes, et alors que le chariot commençait à faire face à ses assaillants, se mit à décharger consciencieusement son stock de carreaux invoqués.

Si plusieurs carreaux lestés heurtèrent pas mal de crânes et occasionnèrent nombres de bobos, celui qui emporta la palme fut incontestablement le projectile qui heurta le crâne d’un dodo, ce qui le dévia et l’amena à frapper la roue du chariot, pulvérisant un écrou qui disloqua la roue. Dans un cahot monstrueux, la partie touchée du chariot s’éleva, renversant la charrette dans les airs, qui tourbillonna sur elle-même en projetant son équipage en tout sens. Le second chariot eût tout juste le temps de s’écarter pour éviter son collègue, et Keiji en profita pour repart à fond de train, se faufilant à l’opposé.

A deux rues de là, Kalem vilipendait vertement ses poursuivants, ses équipiers, le chef de mission, Kassos, l’hôpital, le QG, Narasu et quasiment le monde entier qui s’était visiblement ligué pour lui pourrir la journée.

Son plan fumeux avait plus ou moins fonctionné, dans ce sens qu’il était parvenu à se débarrasser de l’un de ses poursuivants. Au détail près que c’était celui qui avait emprunté le raccourci qui n’était plus là. L’autre, un peu plus timoré sur les bords, avait soigneusement fait le tour et était parvenu à le rattraper… Autant dire que le raccourci n’avait servi à rien ! Il avait risqué sa vie à passer à travers la vitrine d’une boutique fermé, prenant le risque de se faire des blessures, tout ça pour rien. La misère…

Kassos ne ménageant absolument pas les dodos, le chariot commençait à perdre de la vitesse. De fait, le char de poursuivants commençait à s’approcher. Kalem intima bien à Kassos des manœuvres d’évitement, malheureusement sans succès. Le nabot jura dans sa barbe, le combat était inévitable.
Pour le coup, il aurait presque apprécié la présence d’un chikabrute à ses côtés. Presque.

Longeant son homologue, le char des bandits parvint à la hauteur de celui de Kalem. L’un l’autre tentèrent de s’envoyer dans le décor mutuellement, mais sans guère de résultat. Comprenant que tout cela allait se jouer au corps à corps, trois solides gaillards se jetèrent sur le chariot de Kiritsu, confiant dans leur capacité à vaincre le nabot.
Un monumental revers de lance leur fracassa la mâchoire et interrompit net leur saut, les laissant s’effondrer dans le vide. Kassos avait passé les rênes à ses pieds, libérant ses mains pour faire tournoyer sa lance. Ça a parfois du bon d’être un singe…

C’est à ce moment-là que Kalem décida d’entre en action, à l’aide de sa sarbacane et de ses fléchettes. N’étant pas un fin tireur et les soubresauts continues du chariots n’aidant pas, plusieurs fléchettes se perdirent dans la nature – pour le plus grand malheur de quelques civils à proximité – mais le nabot réussit tout de même le tour de force de toucher le pilote, qui s’effondra comme une masse.

Le chariot ennemi perdit très vite de la vitesse, tandis qu’en l’absence de directive, les dodos revenaient à un rythme moins contraignant. Ç’eut été le moment idéal pour s’enfuir, n’eût été que les deux compères de Kiritsu eurent deux réactions différentes : Kalem ordonna illico à Kassos de mettre la gomme, ce qu’appliqua docilement le babouin. Sauf que lui-même venait de décider de bifurquer dans une rue adjacente pour semer ses poursuivants.
La mayonnaise ne prit pas, et les deux actions se soldèrent par un monumental échec. Le babouin perdit le contrôle de son véhicule dans le virage, et la charrette percuta de biais le coin du bâtiment, se désintégrant sur le coup.

Après un vol plané de plusieurs mètres, les deux compères mordirent violemment la poussière, et il fallut quelques secondes à Kalem pour intégrer ce qu’il s’était passé et qu’elles en étaient les conséquences. Le chariot n’était plus que poussières, cure-dents et échardes, l’un des dodos s’était assommé contre le mur et l’autre était déjà au loin. Ce qui ne lui laissait plus qu’un singe pas très courageux et sa lance pour faire face à l’ennemi.
Kalem se retourna juste à temps pour voir débouler le chariot des brigands dans la rue. Cette fois-ci, les carottes étaient cuites…

C’est alors que Kentaro arriva à l’opposé, depuis une ruelle adjacente. La puce mise à l’oreille par le dodo esseulé qu’il venait de voir filer –son instinct lui soufflait que, d’une façon ou d’une autre, ça ne pouvait être le fait que des ses compagnons – le genin était prêt à réagir au moindre imprévu, peu importe ce qui se présenterait. Aussi, son dodo se présentait à peine à l’intersection qu’il avait déjà aperçu Kalem, à terre, Kassos, réfugié derrière son maître, ainsi que le chariot de brigand bien décidé à piétiné le nabot et son animal de compagnie.
Sans prendre réellement le temps de réfléchir, Kentaro fit fuser son bras, qui agrippa l’un des lampadaires, accélérant le changement de trajectoire de son dodo. Mobilisant son chakra dans ses muscles, le genin raffermit la prise de ses jambes autour du volatile, banda ses muscles et, d’une torsion des abdos souleva le ziozio du sol. La force centrifuge lui permit de poursuivre sa rotation autour de l’axe, et le genin n’eût plus qu’à relâcher ses jambes pour catapulter le volatile hurlant sur les assaillants.

Le projectile à plume franchît en une fraction de seconde la distance qui le séparait de sa cible, en une courbe gracieuse qui passa largement au-dessus de la tête de Kalem, avant d’atterrir sur le chariot, écrasant ses occupants, tandis que l'engin se disloquait sous son poids.

« ça va ? S’enquit Kentaro en rejoignant rapidement Kalem. Rien de cassé ?
_ Bravo ! T’aurais pas pu arriver genre… dix secondes plus tôt ? Par ta faute, on a perdu le chariot !
_ Par ma faute !? Dis donc, tu… Attends, comment ça « perdu » ?
_ Tu vois le tas de gravats là-bas, avec les morceaux de bois qui traînent partout ?
_ À côté du dodo sonné ? Ouais, pourq… Naaaaan…
_ Si, si, c’est le nôtre. Ça t’apprendra à faire le mariole à perpète pendant que les autres abattent le boulot.
_ Pitié, pourvu que Keiji s’en sorte mieux… »

Malgré sa prouesse de pilotage, Keiji n’était toujours pas tiré d’affaire, ses poursuivants ayant lâchement profité d’un raccourci pour regagner du terrain. Pour autant, tout ceci n’affectait pas le moins du monde son sang-froid et sa concentration, et donc ses capacités de pilotages. La course-poursuite se poursuivait.

Elle n’allait néanmoins pas tarder à connaitre un tragique dénouement s’il ne trouvait pas une solution rapidement, car ses dodos commençaient à donner des signes de fatigue, épuisés de tirer à ce train d’enfer le tas de gravats du chariot.

Tentant le tout pour le tout, Keiji tourna brusquement dans une ruelle, manquant d’exploser sa carriole contre un pâtée de maison, pis fila sur deux blocs, tourna de nouveau et encore une fois, et se retrouva de nouveaux dans l’une des rues qu’il avait emprunté plus tôt. Le dernier chariot de poursuivants lui collait toujours au train.
Comme prévu, l’imposante charrette chargée de caisses qu’il avait repérées commençait à être poussée hors de l’entrepôt, et encombrait déjà une bonne partie de la rue. Et il continuait à reculer.

Le jeune homme prit une grande inspiration, espéra vaguement ne pas finir une nouvelle fois à l’hôpital, et piqua dard-dard vers la charrette, escomptant passé dans l’espace qui se rétrécissait.
A une dizaine de mètres, il lui fallut bien se faire une raison : la fenêtre de passage se réduisait drastiquement, ç’allait merder.
Sauf si…

Pris d’une subite inspiration, Keiji adapta sa trajectoire pour passer sur une pile de petites caisses, priant très fort que la roue ne se brise pas. Il y eut un choc violent, mais le genin emporta son paris : le chariot se mit à faire du ‘une roue’, et passa à un cheveu entre la charrette et la façade de la rue.
Ces poursuivants eurent nettement moins de chance, ce qui mit un terme définitif à la poursuite, faute de poursuivants.

Quelques minutes plus tard, le genin débouchait dans le terrain vague, où l’attendaient Kalem, Kentaro, Kassos et un unique dodo.

« Heu… Rassurez-moi, le chariot est garé à l’abri, hein ? Demanda Keiji.
_ Nan. Y’a plus de chariot. Y’a que ce dodo.
_ Et encore, c’est le moins amoché de ceux qu’on a trouvé…
_ Vous avez perdu le chariot ?
_ Au moins, on aura pas à le décharger, hein… »

Les genins se racontèrent mutuellement leur péripétie tout en déchargeant l’unique chariot, puis se préparèrent à repartir, d’humeur maussade.

« Génial, on a perdu un chariot et un dodo dès notre première sortie… On va avoir l’air malin, commenta Kentaro.
_ En plus, ça va être retenu sur notre paye, ronchonna Kalem.
_ Donc on va être dans les négatifs. » Précisa sobrement Keiji.

Le trio reprit la route en direction du chantier, prenant soin de passer par un autre chemin qu’à l’aller. Les emmerdes, ç’allait bien cinq minutes, hein…

Mais alors qu’ils s’engageaient dans une large avenue, ils durent s’arrêter face à une foule compacte de jeunes gens surexcités. Tandis que Kalem invectivait copieusement ladite foule et que Kentaro proposait de foncer dans le tas pour qu’ils se poussent, Keiji fut hélé par le conducteur d’un autre chariot à dodos, qui venaient d’arriver à leur hauteur.

Keiji resta un moment sans voix, éberlué par l’engin : une charpente verte pomme, avec des flammes rouges qui couraient sur les flancs, des roues protégés par des genres de couvercles de poubelles en acier chromé, des lanternes bleues pétants accroché sous le chariot et des dodos de compèt’ débridés.
Il lui fallut un moment pour s’arracher à la contemplation du pittoresque engin et écouter le propriétaire.

« Wooouh, qu’est-ce c’est que c’tte poubelle, déclara le type. Tu vas pas participer à la course avec ce tas de bois, quand même !
_ Heu… Quelle course ? Demanda Keiji.
_ Hé, tu viens de la cambrousse ou quoi ? C’soir, y’a les grandes courses de la Kurobîru. Plus d’une cinquantaines de pilotes qui vont se défier les uns les autres en mettant leur caisse en jeu. C’est ze évènement du mois à Narasu, tout le monde sait ça !
_ T’entends quoi exactement par « mettre les caisses en jeu », intervint Kentaro.
_ Le perdant, i’repart à pied.
_ Et le gagnant récupère une deuxième caisse… Génial, s’exclama Kalem.
_ C’est plutôt risqué, nan, fit Keiji.
_ Une course, c’est jamais que du pilotage. On a nos chances !
_ T’as vu les dodos qu’il a ? On le battra jamais avec ce qu’on a ! Surtout qu’ils sont pas au mieux de leur forme…
_ Oh que si, annonça Kentaro. Un shoot d’adrénaline pendant la course et tu vas voir si nos dodos vont pas faire le poids !
_ Heu… rétorqua diplomatiquement Keiji.
_ Bon, adjugé vendu, décida Kalem. Je m’occupe de l’inscription.
_ La course n’est pas avant quelques heures, nota Keiji. Qu’est-ce qu’on va faire, en attendant ?
_ C’te question, rétorqua le nabot. On va customiser not’ caisse. Pas question de passer pour des blaireaux devant ces cons ! »
Kentaro
Kentaro
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Message par Chihousou 7/6/2011, 18:14

Narasu l'enchaînée. Comme pour lui ce surnom était une métaphore véridique.
Des liens invisibles la contrôlaient désormais. Tout comme lui.
Transformée en animal de foire que l'on exhibe comme un trophée et que l'on espère contrôler. Jamais cette ville ne lui avait autant ressemblé.
Du balcon de son logement de fonction, Chihousou admirait les lumières de la nuit naraséene, un autre de leurs points communs: tout deux s'animaient lorsque le soleil se couchait.
Leurs destins semblaient s'entremêler, se déchirer pour mieux se retrouver. La ville du crime avait perdu sa liberté mais gardait en elle le fol espoir de la retrouver. Tout comme cet assemblage de rue et de bâtiments portait encore les stigmates de sa défaite, on devinait en regardant l'ancien déserteur les blessures d'une vie passée. Il n'avait que vingt et un an et pourtant chacun de ses gestes étaient désormais empreint d'une force calme comme celle qui irradie les mouvements d'un soldat expérimenté. Un homme touché par la vie mais par encore coulé par la mort, voilà ce qu'était désormais le Masaka: un cadavre potentiel. Un mort en sursis.

Si le corps du jounin était encore en état de marche, il ne le devait qu'aux drogues qu'il ingérait. D'ailleurs, un sceau de transport était exclusivement réservé au stockage de narguilés prêts à l'emploi. Plus que pour ses soins, la drogue lui avait été prescrite pour une autre raison. Elle finirait le travail entamé par Mahou: détruire les derniers bastions de son esprit...

Quelques mois plus tôt...

Cela peut paraître surprenant mais la cellule mahousarde dans laquelle était enchaîné Chihousou était la première qu'il visitait. Et ça ne lui plaisait pas. Il faisait froid, humide et noir comme dans un four. Il n'aurait pu dire depuis combien de temps il était enfermé mais les chaînes étaient déjà en train de lui manger les chairs. Ses mains et ses pieds étaient recouverts d'une épaisse couche de sang coagulé provenant de ses poignets et ses chevilles.
Assis en lotus, le jeune homme avait perdu tout espoir de sortir vivant de cet antre des enfers et attendait tranquillement que la mort vienne le cueillir. La seule question était de savoir comment celle-ci viendrait. Il ne pouvait mettre fin lui même à ses jours, on lui interdisait cette dernière liberté. Ses geôliers avaient même fixé sa langue à son palais de manière à ce qu'il puisse parler mais ne pas se couper la langue. Ses liens drainaient son chakra continuellement, le laissant dans un état de fatigue extrême mais suffisant à sa survie. On le forçait à ingurgiter une espèce de bouillie au goût ignoble pour qu'il ne meure pas de faim. Finalement, seule une erreur durant sa séance « d'interrogatoire » quotidienne semblait représenter un espoir mais un médecin était toujours présent pour s'assurer de son état de santé.
Alors qu'il allait, une fois de plus, glisser dans les méandres d'une douce inconscience, la porte de sa cellule s'ouvrit, il reconnut ses geôliers habituels. La torture allait pouvoir commencer...Pourtant, alors qu'on le trainer, il refusait de marcher pour aider ses tortionnaires, il remarqua que le chemin était différent du trajet habituel. Il n'aurait su dire comme il le savait, les couloirs de la prison étaient tous similaires, un véritable labyrinthe illuminé par quelques torches dont les flammes semblaient pouvoir s'éteindre à chaque instant, mais ça lui semblait différent. Peut être était-ce à cause de la présence d'un troisième homme qu'il ne connaissait pas, ou la tension inhabituelle qui régnait entre les geôliers, mais il le sentait. Quelque chose allait se passer. Restait à savoir si c'était bon pour lui ou non.

On l'amena dans une salle d'eau avant de le forcer à se déshabiller et se mettre contre un mur. Il était toujours enchaîné et se demandé quelle genre de nouvelle humiliation il allait bien pouvoir subir. On lui répondit en l'aspergeant d'eau à haute pression qui le colla au mur. L'eau le frappait, lui donnant l'impression de se faire boxer par des dizaines de rochers, sa cage thoracique semblait pouvoir rompre à tout moment et l'eau qui lui rentrait dans la bouche manquait de l'étouffer. Lorsque ce fut fini, l'homme qu'il ne connaissant pas s'approcha de lui comme pour l'examiner.

_Encore, ordonnat il.

L'ordre était soufflé mais le jet d'eau repris de plus belle, frappant une nouvelle fois Chihousou de plein fouet, martyrisant ses muscles et ses articulations fatigués par la captivité. Une fois terminé, l'homme s'approcha encore un peu plus de lui et le prisonnier put, enfin, observait ses traits. Si un mot pouvait décrire cet homme, ce mot aurait été « banal ». Il semblait avoir une trentaine d'années, sa carrure était moyenne, son crane était rasé, et des sourcils fins surmontés ses yeux marrons. Un militaire tout ce qu'il y avait de plus classique et pourtant. Pourtant il se dégageait de lui un charisme inhabituel. Cet homme était de la trempe des leaders, de ceux que l'on suit naturellement sans qu'ils aient à le demander.

_Avait vous encore de l'espoir Monsieur Masaka?

Cette question frappa Chihousou plus fort que l'eau qui venait de le mettre à terre. Avait-il encore de l'espoir? Il n'en savait rien mais cet homme attisait sa curiosité. Il était différent, quelque chose en lui était de la race de ceux qui dirigent le monde. Sans savoir pourquoi, le jeune homme se mit à rire. Là, nu, couché sur le carrelage d'une salle de bain aux douches en karcher, face à des hommes qui le retenaient prisonnier et le torturaient, il rigola. Un rire rauque qui le fit tousser immédiatement et souffrir plus encore. Sa réponse résonna dans la petite pièce.

_Maintenant oui.

Il fut surpris par sa voix. Celle-ci était éraillée, presque métallique, comme si ses cordes vocales ne savaient plus vibrer correctement. Elle était de celles qui font mal à entendre. Après un ordre qu'il n'entendit pas, Chihousou fut emmené dans une nouvelle pièce. Plus spacieuse, le mobilier restait spartiate et était constitué d'une chaise posée face à un miroir. On installa le jeune homme sur la chaise et il put admirer son reflet pour la première fois depuis longtemps.
Il ne se reconnaissait plus. Ses cheveux étaient plus longs qu'avant, ils retombaient en paquet sur son front. Une barbe hirsute, sans doute pleine de parasites, lui mangeait le visage. Son visage justement était plus émacié qu'avant, preuve de son amaigrissement, et à certains endroits on voyait clairement l'os qui courrait sous la peau comme si elle avait été posé dessus, sans muscles ni chairs dessous. Le reste de son corps n'était pas mieux et, s'il avait toujours été maigre, l'ancien gensouard était désormais rachitique. Un observateur extérieur se serait surement demandé si l'homme sur la chaise était encore vivant si celui-ci ne regardait pas sa nouvelle allure avec tant d'attention.

Moins d'une heure plus tard, lorsque Chihousou sortit de la pièce, il était méconnaissable. De prisonnier il était passé à clochard ayant trouvé des affaires propres. Ces dernières étaient trop amples pour lui et tenaient uniquement grâce à une ceinture dans laquelle il avait fallut faire un nouveau trou pour qu'elle soit utile. Après la coupe fraicheur et le relooking, le Masaka fut amené dans une nouvelle pièce qu'il reconnu comme étant une salle d'interrogatoire classique dans le sens où aucun instrument de torture n'était présent. Le ninja au crâne rasé était assis à l'autre bout de la salle et invitait le jeune homme, toujours sur le pas de la porte, à entrer. N'osant pas avancer il fut aider par les mains puissantes de ses geôliers qui l'aidèrent même à s'asseoir sur une chaise qui ne semblait attendre que lui.

_Enlevez lui ses chaînes.
_Mais monsieur, cet homme est dangereux et...
_Je vous ai donné un ordre. Une fois que vous l'aurez libéré, vous seriez prié de quitter cette pièce. Je vous remercie.


Une fois de plus, malgré le ton plus que correct de sa voix l'ordre qui était caché dessous ne faisait aucun doute et le gardien de prison n'hésita qu'un instant avant de faire tomber les liens de son prisonnier au sol et de sortir de la pièce. Les chaînes d'acier venaient tout juste de toucher le plancher que Chihousou ressentait le chakra coulait en lui, une quantité minime mais bien supérieur à ce qu'il avait gouté ces derniers temps.

_Chihousou Masaka. Déserteur de rang B, capturé il y a six semaines par un jounin et un chuunin de Mahou. Vous étiez notamment recherché pour désertion, meurtres et tortures. Vous êtes soupçonnés de bien d'autres choses mais nous n'avons pas le temps d'aborder ça maintenant. Au fait, vous ont-ils retiraient ce qui fixait votre langue?

Le ton était courtois, posé, similaire à celui d'un médecin énonçant les symptômes d'un patient à des étudiants. La voix quand à elle était monocorde presque...hypnotisante. Le fait est qu'elle allait bien au personnage et devant l'absence de réaction de son interlocuteur, celle-ci reprit.

_Je vais prendre ça pour un oui. Je me présente: Senku Heiken, kounin de Mahou. On m'a chargé de monter une équipe un peu spéciale en vue des évènements à venir et votre profil m'intéresse.
_...
_Toujours pas de réactions? Bien, alors je continu. Voyez-vous, dans le monde extérieur les choses s'agitent et un pavé a été jeté dans la mare géopolitique du Yuukan et ça, ça change votre position. Jusqu'à maintenant, en tant que déserteur captif vous subissiez interrogatoires musclés et, en tant que gensouard, vous étiez gardé en vie. Mais maintenant...la guerre est à notre porte!


Pour la première fois de son monologue, le kounin avait haussé le ton, laissant l'espace d'un instant transparaître sa fibre patriotique. Le fait est que la nouvelle fit tiquer Chihousou qui comprenait bien les conséquences de ce que venait de dire l'homme qui lui faisait face: avec une guerre sur les bras, le sort d'un déserteur n'intéresserait pas le village de la cascade. En clair, il n'y avait plus aucune raison pour qu'il soit gardé en vie. Senku Haiken avait remarqué que son petit discours avait fait effet et reprit ses explications.

_Vous n'avez pas envie de mourir n'est-ce pas? Pas encore en tout cas. Vous n'avez plus de patrie, votre famille vous a surement renié maintenant et n'importe quel ermite de cette planète a plus d'amis que vous. Vous êtes un loup solitaire insensible au monde qui l'entoure mais qui veut accomplir quelque chose, je me trompe?

Il visait juste. Le grand blond se complaisait dans sa souffrance depuis qu'il avait perdu espoir. Il s'était nourri de cette souffrance et l'avait emmagasinée, attendant le déclic qui lancerait la machine. Il venait de l'avoir. Il venait de comprendre ce qui l'animait. Le feu qui allumait son âme était celui de l'ambition. Et l'ambition n'était pas faite pour les trous à rats.

(…)

Ses espoirs et sa toute nouvelle volonté furent vite balayés par la dure réalité de la guerre et d'un arrangement qu'il avait mal jaugé. Pourtant ce dernier semblait plutôt simple, en échange de ses services et de la promesse de sa loyauté, Mahou lui offrait une nouvelle identité, un nouveau passé et tout les dossiers concernant la capture d'un déserteur du nom de Chihousou Masaka étaient désormais accessible uniquement aux personnes accrédités pour. C'est à dire le conseil du village, quelques jounins triés sur le volet, les kounins et ceux de rang égaux et supérieur.
Mais, alors que pour Chihousou Assinan, son nouveau nom, ce marché aurait du être un renouveau, il ressemblait plutôt à une fin. En quelques semaines de son emploi de tortionnaire, auquel s'ajoutait celui de bouc-émissaire de la troupe, son esprit se brisa. Il venait de découvrir une chose qu'il ne connaissait pas: la Peur (avec un P majuscule). Différente de la peur qu'il avait parfois ressentit lorsque la mort lui tendait les bras, plus insidieuse, plus profonde...

Cette peur avait ravivé le feu de ses blessures et les médecins de Mahou n'avait rien proposé de mieux que de l'opium qui, bien que réglant ses problèmes de peur et de douleur, avait finit de briser l'esprit déjà bien entamé par les souffrances physiques et psychologiques qu'il subissait.

(…)

Voilà qui il était devenu: Chihousou Assinan, jounin à l'histoire classique, arrivé là grâce à une longue mission d'infiltration à Arasu et promu après la guerre.

Une coquille vide...
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Message par Seol 12/6/2011, 13:35

Nous nous réveillâmes aux premières lueurs du jour. Autant vous dire que, avec le peu de sommeil que nous avions eu, nous étions plus d’une humeur maussade. Nous descendîmes dans la salle commune pour y prendre un repas. Important, ce repas. Impossible pour moi de laisser passer ça. Bien entendu, vu la grande carcasse dont la nature m’a généreusement pourvu, il me fallait un repas plus que roboratif. A la plus grande hallucination de Iarwain.

_ Tu… Tu vas quand-même… pas bouffer TOUT CA !!
_ Bah ! Bien sûr que si. Faut bien que je me nourrisse.
_ Mais, comment tu fais ?
_ C’est plutôt à moi de te poser la question. C’est à peine un en-cas, ce que tu prends.
_ Comment ça ? Un café et deux tartines, c’est exactement ce qu’il faut. C’est plutôt toi qui fait n’importe quoi. Des œufs, des steaks, un grand bol de lait, des céréales, du pain, du beurre, de la confiture.
_ Ben quoi. Le p’tit dèj, c’est le repas le plus important de la journée, non ? C’est pas toi, en tant que médecin qui va me dire le contraire, si ?
_ Laisse tomber. Je veux même pas connaître ton bilan santé.
_ Mon quoi ?
_ Tu sais, les résultats des analyses que l’on pratique régulièrement pour savoir si on est en forme.
_ Jamais entendu parler.
_ C’est bien ce que je dis. Laisse tomber.

Une fois ce repas frugal englouti, nous sortîmes de l’auberge. Selon les informations du dossier – très vagues, soit dit en passant. Franchement, sur ce coup-là, ils abusaient – nous devions intercepter un colis. Nous savions aussi que ce colis était protégé par un groupe de mercenaires, qui devait arriver ce jour à Nobeoka, par la porte nord. Autrement dit, passer sa matinée à poireauter pour essayer de trouver les gus correspondant à la description fournie par le QG.
Histoire de passer un peu plus inaperçu, nous nous installâmes à la terrasse d’un bar qui donnait directement sur la porte. Alors que nous sirotions tranquillement un verre, nous fûmes abordés par une jeune femme que je mis quelques secondes à reconnaître :


_ Li-Ming !
_ Comment vas-tu, Hisoka ?
_ On fait aller. Ce foutu QG m’a collé une mission à faire. Et toi ?
_ Le monastère m’a envoyé ici, parce qu’il a eu des infos comme quoi il y avait une secte de nécromanciens dans le secteur.
_ Quoi ? T’es sûre ?
_ Non, pas encore. Il faut que je mène l’enquête.
_ Tu me tiens au courant ?
_ Bien sûr. Tu comptes me filer un coup de main ?
_ Evidemment. Dès qu’on a fini ce truc, je me mets à ta disposition. Et toi, Iarwain, ça te dit de nous filer un coup de main à purifier Nobeoka ?
_ Mouais… Mais tu sais… ‘fin, avec mon passé… je pense pas… le QG…
_ Ah ! C’est vrai. Tu sais quoi, j’irai voir le QG pour négocier. Genre action de rédemption, tu vois.
_ Ouais… ouais.

Oulà, il avait vraiment pas l’air emballé, là. Bon, on verrait plus tard. De toute façon, c’est pas comme si j’avais vraiment besoin de lui pour ce genre de mission. Mais j’aimais bien le bonhomme, même si nous n’avions pas énormément de points communs. Et, comme avec son passif, il semblait avoir des difficultés à se réintégrer, je voulais faire un geste. Pas grave, je reviendrais à la charge plus tard. Li-Ming partit enquêter, tandis que nous reprîmes notre attente.

_ Hisoka ?
_ Ouais ?
_ Ils ressemblent à quoi, les gars qu’on attend ? Parce que, s’ils passent, ça serait bien que je puisse les repérer. Au cas où tu les louperais.
_ T’insinues que je suis aveugle ?
_ Nan, mais deux paires d’yeux valent qu’une.
_ Mouais… Bon, alors, d’après les infos du QG, les gars sont au nombre de quatre. Ils sont vêtus de la même manière tous les quatre. Et ils transportent un colis. C’est pas préciser la taille de la chose.
_ C’est tout ? Pas de signe distinctif ?
_ Ah, si. Ils sont tous les quatre un tatouage sur le visage. Celui-ci, fis-je en le dessinant sur la table (手黄). Apparemment, cela signifierait Main Jaune. Ou un truc du genre. C’est un gang spécialisé dans le transport de marchandises en tous genres.
_ Tu veux parler de types comme ceux-là, là-bas ?

Je regardais vers l’endroit indiqué. Il y avait effectivement quatre gorilles à la mine patibulaire, vêtus de longs cache-poussières noirs, capuches rabattues sur les yeux, le tatouage en question sur la joue droite. Drôle d’endroit pour se faire tatouer. Oui, je sais, je suis plutôt mal placé pour causer, avec mon tatouage au dessus de l’’œil. Sauf que celui-là, c’est pas moi qui l’ai choisi. Alors que eux, c’est quand même un choix. Celui de leur boss, à tout le moins.

_ On dirait. Sauf qu’ils sont cinq, tes quatre loulous.
_ C’est vrai, mais le cinquième gars ne leur ressemble pas le moins du monde.
_ C’est pas faux. Tu crois que c’est lui le colis ?
_ Qu’est-ce que j’en sais ? Je ne suis pas dans les confidences ni du QG, ni du gang.
_ Je te demande pas si tu es dans les confidences de l’un, de l’autre ou bien de Bouddha. Je te demande ton avis. T’es un mec qui a roulé sa bosse et qui n’es pas complètement stupide ; Donc tu dois bien avoir un avis. Et bien je le veux.
_ D’une, je ne suis pas stupide, de deux oui, c’est possible. Alors, on fait quoi.
_ On intercepte, fis-je en me levant.
_ Attends ! Tu vas pas faire ça comme ça, en plein milieu de la rue, quand-même.
_ Ben, si, pourquoi ?
_ Mais pourquoi on t’a désigné chef de mission ?
_ Parce que t’es toujours en période de probation ?
_ Très drôle. Plutôt que de foncer dans le tas, tu veux pas essayer de biaiser.
_ Biaiser ?
_ Ruser ?
_ La ruse, c’est pour les lâches.
_ Oui, et bien, mieux vaut être un lâche vivant , plutôt qu’un héros mort.
_ Ouais, mais j’aurais l’impression de perdre le combat sans même l’avoir commencé.
_ Mais non. Faut voir ça comme ça : Si tu te bats et que tu gagnes, tant mieux. Si tu te bats et que tu meurs, ça ne compte pas, parce que tu es mort. Si tu t’en vas pour pas mourir, ça compte pas non plus, parce que tu reviens plus tard pour te battre encore. D’où, tu perds jamais. Même quand tu fuis.

Mouais. Vachement tordu, comme raisonnement. Mais bon, c’est un médecin, qui a probablement passé trop de temps dans ce trou perdu. D’un autre côté, c’était un point de vue qui me plaisait. Et puis, si j’y allais, il ne m’aiderait pas, le saligaud. Et le colis en profiterait pour s’échapper. Et ça, pas question. Le QG était suffisamment chiant pour me coller une mission supplémentaire si je me plantais. Et ça, c’était même pas envisageable. D’ailleurs, il allait quand-même falloir que je trouve un prétexte pour qu’il me lâche un peu de leste. Entre la chasse aux nécros et l’entraînement des gamins à l’Ultimate, j’avais pas des masses de temps à leur consacrer. Mais bon, chaque chose en son temps.
D’abord suivre discrètement nos quatre gaillards. Comprenez que je suivais Iarwain à une quinzaine de mètres qui lui-même suivait nos cibles à une dizaine de mètres. Ben ouais. Deux mètres zéro quatre, vous croyez que c’est discret ? Et que c’est facile à cacher ? Surtout quand vous ne maîtrisez pas les gen-jutsu. ‘fin, ça, c’était un choix. Les trucs de tapettes, c’est pas mon trip.
Au bout d’une vingtaine de minutes, nos quatre gaillards et notre colis entrèrent dans une auberge. Iarwain entra à leur suite, tandis que je faisais le tour du pâté de maisons, histoire de ne pas trop montrer que je suivais le jeune médecin. En pénétrant dans l’établissement, j’eus une désagréable surprise. Il n’y avait ni traces des suspects ni de mon coéquipier. De deux choses l’une, soit il était ressorti pendant que je faisais le tour, soit il avait été découvert. Dans un sens, ça revenait un peu au même. En effet, le seul moyen que j’avais de le retrouver, c’était de faire appel à Mikaijin. Sauf que ce n’était absolument pas discret. Et j’avais peur, qu’en faisant cela, je ne fasse repérer Iarwain, si cela n’avait pas été déjà fait.
Je m’asseyais à une table, commandais un verre de saké et me mis à réfléchir.


_ J'peux t'aider, gars? demanda le patron.
_ Merci. J'attends juste quelqu'un. En espérant qu'il ne se soit pas attiré quelques enmmerdes.
_ Ici, tout le monde a des emmerdes, fit le patron en retournant derrière son bar.
_ Génial, grommelais-je.

Qu’est-ce que j’allais faire ?


Dernière édition par Seol le 25/6/2011, 21:49, édité 1 fois
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Message par Keiji Nakajima 13/6/2011, 12:38

Une course de char. Mais pourquoi est-ce que je n’étais pas étonné de cette nouvelle idée loufoque de mes partenaires ? Après la course-poursuite dans les rues de Narasu, ce n’était guère étonnant. D’ailleurs, cette même course-poursuite m’avait coûté pratiquement tout mon stock de carreaux. Donc, pendant que Kalem et Kentaro partaient fureter ici et là pour trouver des pièces que l’on pourrait utiliser pour améliorer notre char, je partis faire quelques emplettes.
Il me fallu négocier un petit peu avec les marchands d’armes pour avoir un prix. D’ailleurs, j’en profitais pour augmenter le nombre de carreaux que j’allais mettre dans chacun de mes coffres. Quelque chose me disait, qu’ici, à Narasu, les courses de char étaient tout sauf réglos. J’en profitais même pour faire un détour avant de revenir au hangar désaffecté dans lequel nous avions rangé notre char. Kentaro et Kalem n’avaient pas franchement chaumé. Ils avaient ramené de tout et de n’importe quoi.

Nous commençâmes par démonter les ridelles du char, ainsi que le banc, afin de ne garder que la plate forme de base. Puis, nous détachâmes les quatre roues du char, avant de démonter les essieux. Nous réinstallâmes un nouvel essieu, avec une longueur de moyeu un peu plus grande, afin de pouvoir mettre, de chaque côté, deux roues. Cette idée venait de Kalem. Selon lui, quatre roues permettaient de pouvoir continuer, même avec de la casse, tout en gardant une manœuvrabilité plus élevé, avec seulement un seul essieu. En y réfléchissant, j’étais assez d’accord avec lui. Je poussai le raisonnement plus loin en mettant des roues pleines à l’extérieur. De cette manière, il y avait peu de risque de nos roues se cassent à cause de la faiblesse des rayons. Bien que nous ayons trois dodos, nous n’avions pas le matériel pour pouvoir mettre un troisième de front. Et augmenter la puissance de notre motorisation. On en resterait donc sur à un deux dodos.


_ Hey, j’ai une idée, fit Kentaro.
_ Hum… j’le sens pas, répondit le pessimiste de service.
_ Vas-y, dis toujours.
_ Pourquoi je n’essaierais pas d’augmenter les capacités de récupération des dodos ? Avec mon acupuncture !

Kalem et moi nous regardâmes, l’air plutôt sceptique.

_ T’es sûr que ça va marcher ? demanda Kalem.
_ J’en sais rien. Mais ça doit pas être bien compliqué. Et puis, je le fais déjà avec des humains.
_ T’es au courant qu’un dodo, c’est un volatile, un piaf, zozio, fis-je. Bref, c’est clairement différent d’un être humain ? Nan, parce que dire que…
_ Et je te signale que j’ai des connaissances en tant que vétérinaire. Répondit Kentaro agressivement. Sinon, un steak de phalanges dans les gencives ?
_ Et ton serment ?
_ Ecoute. On a trois dodos. On a la possibilité d’en mettre que deux, intervint Kalem. Donc, tu as tout le loisir de t’essayer à tes petites expériences sur le dernier. Et si ça marche, alors, tu pourras passer aux deux autres dodos.
_ Par contre, tu te débrouilles tout seul, terminais-je.
_ Au fait. Moi aussi, j’ai une idée.
_ Vas-y, fis-je au nain.
_ Ce n’est pas la peine de faire l’injection d’adrénaline dès le début.
_ Sauf que faire une piqûre lorsqu’on est à fond, c’est quand même vachement ardu, comme exercice.
_ C’est vrai. Mais pourquoi on ne fabriquerait pas un système d’injection que l’on pourrait activer pendant la course.
_ Mouais. Pourquoi pas.

Aussitôt dit, nous nous mîmes au travail. Sur un char à dodos, vous avez trois barres, qui s’appellent des brancards et entre lesquels vous placez les animaux. Et les montures sont attachées à l’aide de courroies. En plus d’avoir des rênes pour les orienter. L’idée de Kalem était simple. Poser les seringues sur le brancard central et, grâce à un ingénieux système d’engrenages, activer les pistons à partir du siège du conducteur. Tout le système passait sous le brancard, afin que cela soit le plus discret possible. Non pas que nous ayons peur de nous faire prendre – Narasu sans tricherie, ce ne serait plus Narasu – mais autant rester discret. Cela nous prit une bonne quinzaine de minutes.
Pendant ce temps, Kentaro commença par batailler avec son dodo pour que ce dernier se tienne tranquille. Bien entendu, cela ne se fit absolument pas sans heurts. Et il finit par coller une droite au dodo qui tomba sans connaissance sur le sol. Pestant contre la stupidité de l’animal et, un peu contre son impulsivité – mais juste un peu, faut pas non plus pousser mémé dans les escaliers, non plus. Il s’activa alors à essayer de réveiller l’animal, non sans l’avoir bien entravé avant. Après maintes et maintes essais infructueux, Kentaro finit par se résoudre à le réveiller à grands coups de seaux d’eau.


_ Bon, maintenant que notre système de boost est en place, il faut faire le reste du char.
_ Ouais. Cela a même l’air de marché.
_ Quoi !? T’as l’air surpris, s’insurgea Kalem.
_ Ben, un peu, oui. On verra si ça marche bien en course.
_ Ah, tiens. J’ai trouvé comment le rendormir.

Nous attaquâmes le corps du char. Après mûres réflexions, nous décidâmes qu’un banc de conduite était complètement superflu. Le conducteur pouvait très bien être debout. Par contre, nous installâmes quand-même un système de ceinture permettant de libérer les mains du chauffeur. Ceinture fixée au bardage avant. Nous fixâmes ensuite des bardages sur les côtés, légèrement plus petits que celui de devant et surtout plus courts que le fond du char.

_ Ah ! J’ai trouvé. Ah, bah non, il bouge plus du tout.

Une fois les bardages latéraux fixés, nous ajoutâmes une barre allant de l’un à l’autre. Cette dernière était destinée aux coéquipiers. Debout, à l’arrière, ils allaient surtout servir de contrepoids dans les virages, afin d’aider le char à tourner.

_ Cette fois, c’est bon. Merde, il chie liquide, maintenant.

Il nous fallait attaquer la peinture, maintenant. Nous décidâmes, après une très âpre discussion – le bleu turquoise avec des lignes mauves de Kentaro avait été mis de côté – , de peindre en rouge sang, avec de longues flammes noires. Cela nous pris quand-même une bonne heure pour peindre ça comme il fallait. Ensuite, Kalem affirma que nos dodos étaient trop communs et qu’il fallait absolument faire en sorte qu’ils sortent du lot. Il décida donc de les peindre en noir, avec une ligne rouge vif sur le dos. Sur ce coup là, je l’ai laissé se débrouiller tout seul. Hors de question de m’approcher trop près de ces sales bêtes. Le nabot sortit sa sarbacane et tira deux fléchettes sur les animaux pour les endormir et faire son travail en toute tranquillité.

_ Cette fois, c’est bon ! Regarde comme il bouge bien. Il a l’œil vif.
_ Et le poil brillant, fis-je narquois.
_ C’est ça, fous toi de ma gueule !
_ C’est bon, c’est bon. Tiens ! Qu’est ce qu’il lui arrive ?
_ Et galère ! Alors, la bonne nouvelle, j’ai trouvé le moyen de booster l’organisme des dodos.
_ Et la mauvaise ?
_ Et bien, ça ne dure que quelques minutes, avant de vider complètement leurs batteries.
_ Autrement dit, c’est un truc qu’on peut employer qu’au dernier moment.
_ Ouais.
_ Et en pleine course, tu fais comment ?
_ Je lance mes aiguilles sur les bestiaux.
_ Bien sûr. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu. Tu veux me faire croire que tu peux viser deux points précis sur un char lancé pleine balle, en lançant les aiguilles simultanément ?
_ Et bien on verra ça le moment venu.

*
* *

_ Comment ça, on peut pas courir sur les duels ?
_ Il n’y a plus de places sur ces courses là. Il fallait penser à vous inscrire, répondit patiemment le responsable.
_ Kalem, tu devais pas nous inscrire ?
_ Euh… La flemme de le faire tout à l’heure.
_ Merde, alors. Comment qu’on va faire ? demanda Kentaro.
_ Il reste des places pour quel type de course ? interrogea Kalem.
_ Actuellement, uniquement sur les sprints.
_ Les sprints ? demandai-je.
_ Oui. A la différence des duels, qui se courent sur des distances de deux cents à quatre cents, les sprints se font sur des distances de trois à quatre kilomètres. Au lieu d’avoir un seul adversaire, vous êtes confrontés à sept autres coureurs. Et bien entendu, comme dans le cas d’un duel, ce sont les chars et les dodos qui sont en jeu.
_ Vous voulez dire que le vainqueur gagne sept chars ? demanda Kentaro avec un sourire carnassier.
_ Oui. Enfin, en théorie. Dans les faits, ce sont plutôt des épaves que le vainqueur récupère. Parce que, j’ai oublié de vous préciser que tous les coups étaient permis. Ou presque.
_ Presque ?
_ Oui, continua le responsable. Il y a quelques règles à respecter. Vous n’avez pas le droit de monter sur le char d’un autre concurrent pour le chasser. Vous ne pouvez pas non plus monter sur les dodos adversaires. A part ça, tout est permis.
_ La course commence dans combien de temps ?
_ Dans deux heures. Comme c’est l’évènement le plus important, il est placé à la fin. Et comme c’est aussi le plus dangereux, il n’y a pas beaucoup de volontaires. Il reste encore une place.

Nous nous écartâmes un petit peu pour discuter entre nous. Personnellement, je n’étais pas très chaud pour cette épreuve. Bien évidemment, Kalem et Kentaro étaient plus qu’enthousiastes. Et à deux contre un, je n’avais aucune chance de les faire changer d’avis.

_ Ok, on est partant.
_ Très bien. Signez ce papier, indiquant que vous déchargez les organisateurs de toutes responsabilités en cas de dommages corporels de quelle que nature que ce soit. Signez ce papier, stipulant que vous êtes au courant des règles générales et engageant votre char comme trophée de victoire. Enfin, payez la somme de six cents ryos pour régler les frais d’engagement.
_ Quoi ? s’indigna Kalem. Mais c’est du vol !!
_ Ecoutez, estimez-vous heureux de faire le sprint plutôt qu’un duel. Dans le cadre d’un duel, c’est mille deux ryos.
_ Mais, c’est une arnaque quand-même !!
_ Calme-toi, Kalem.
_ Il faut bien financer l’évènement de l’année prochaine, non ?

Forcément, vu sous cet angle. De mauvaise grâce, Kalem versa sa part, à savoir deux ryos. Comme Kentaro et moi-même.

_ Très bien. Soyez présent dix minutes avant le départ. Sinon, vous serez automatiquement donné perdant. Ah, une dernière chose, cette course fait l’objet d’encore plus de paris que les autres courses. Et les parieurs n’hésitent pas à intervenir dans la course, pour favoriser leur poulain.

*
* *

Nous repartîmes à notre hangar, non sans avoir fait quelques emplettes supplémentaires. Il faut dire que les dernières paroles du responsable de course nous avait fait réfléchir.
Kalem avait prit quelques bouteilles d’huile. Huile qu’il transféra dans deux gourdes de peaux qu’il fixa sous la calendre du char, à l’arrière. Une ficelle était reliée à chaque bouchon. L’idée de Kalem était de déverser de l’huile derrière nous pour que les dodos adverses ralentissent. Voire chutent.
Kentaro avait été chez un herboriste, collecter quelques plantes et avait préparé une mixture assez bizarre. Il l’avait mise dans des petites sphères d’argile. Il prit deux tuyaux qu’il fixa sur les brancards extérieurs et qui arrivait jusqu’au poste arrière. L’idée qu’il avait était de projeter ces billes d’argile, grâce à l’explosion d’un parchemin explosif, sur les cibles devant, pour que la mixture se collent sur les dodos et les ralentissent. Voire se colle sur le conducteur et le fasse tomber. Il avait fabriqué dizaine de boules d’argile.
Quant-à moi, j’achetais de grandes étoffes de cuir. Il me fallu faire quelques ajustements, mais je parvins à fabriquer des semblants d’armures que je fixais sur chacun des dodos. Avec les chutes, je pus même coudre – ‘fin faire en sorte que ça tienne quoi – des guêtres pour les pattes des volatiles. Bien entendu, ce fut Kalem et Kentaro qui se chargèrent de fixer tout ça. Avec ça, nos dodos étaient relativement protégés des projectiles qui pourraient leur être lancés. Kalem réitéra son motif noir et rouge vif sur les peaux, histoire de garder une harmonie des couleurs.


_ Bon, je crois que nous sommes fin prêts, fis-je.
_ Y a plus qu’à gagner la course, répondit Kentaro.
_ Il reste un problème à régler, intervint Kalem. Qui va conduire ?

Bien entendu, chacun de nous voulait conduire. Outre le fait que c’était un truc fun, les « copilotes » allaient se retrouver sur l’arrière du char, dans une position pour le moins… inconfortable. Au final, après une discussion assez virulente, nous tombâmes d’accord que, de toutes façons, ça allait forcément changer au cours de la course, en fonction des aléas de la course. Kalem commencerait la course en tant que pilote.

*
* *

Nous amenâmes notre char de compétition sur la ligne de départ. Il y avait sacrément foule. Juste de quoi faire passer le char. Comme nous étions les derniers inscrits, nous étions en huitième position. En fait, les chars étaient deux sur chaque ligne, avec le premier légèrement en avant par rapport au second. Autrement dit, il pouvait être facile de doubler le septième, car nous étions à côté de lui, par contre, le sixième allait être une vraie plaie à passer. Pour peu qu’il rate son départ et nous étions bons pour rester en dernière place.
Je pris le temps de remonter la grille de départ pour observer rapidement les autres concurrents. La bonne nouvelle, c’était que tous les chars étaient des deux dodos. Au moins, nous n’étions pas trop désavantagés. Pas trop, parce que les nôtres n’avaient pas été élevés dans ce but. Donc, le problème de l’endurance risquait de se poser, à un moment ou à un autre.
Le numéro sept, un char blanc et jaune, portait des pointes au niveau de ses roues. Sûrement pour casser les rayons des roues. A l’arrière, il semblait qu’il puisse laisser traîner des chaînes à clous, histoire qu’on ne puisse pas le coller de trop près. L’équipage était composé de deux grosses baraques, qui devaient peser plus lourds à eux deux, qu’à nous trois.
Le numéro six était entièrement bleu. Ses dodos étaient effroyables. Les muscles saillaient sous la peau. Ceux-là, c’était des dodos de compèt. Pas de doutes là-dessus. A part ça, je ne vis rien de louche sur la structure du char. Ce qui était relativement inquiétant. Impossible que ces deux types louches – un long manteau bleu, avec une capuche rabattue jusqu’à leur nez, avec un signe blanc sans le dos – n’aient pas prévu des trucs pour piéger les adversaires.
Le numéro cinq, c’était le gars qui nous avait branché sur l’évènement. Calendre vert pomme, flammes rouges sur les flancs, lumière bleue sous le char et chrome partout. Là encore, les dodos avaient été élevés pour ce spectacle, ça se voyait d’avance. A côté des lanternes bleues, il y avait des gourdes, rappelant vaguement notre système. Pas bon. De l’huile enflammée et adieu la victoire. Et un seul conducteur.
Le numéro quatre était un char plutôt discret en terme de couleur – gris clair et gris foncé. Il y avait un aileron fixé à l’arrière, et des ailerons sur les côtés. Pourquoi on y avait pas pensé ? Avec ça, la résistance au vent était clairement amoindrie ! Chose particulière, les brancards dépassaient d’un bon mètre les dodos et se finissaient par de très belles pointes métalliques. Génial, un éperon. Il allait falloir faire attention à ces deux demoiselles.
Le numéro trois était un char plutôt informe et dont l’état était pire que notre char initial. Ce qui était bizarre, c’était qu’il était très haut. En fait, il avait une plateforme supérieure, avec des créneaux. Bref un poste de tir idéal. Chose pour le moins surprenante, c’était quatre gamins qui conduisaient ce char pour le moins bizarre.
Le numéro deux était un véritable tank. Du métal partout ! On ne risquait pas de le disloquer, celui-là. Et les dodos ! Si certains avaient des dodos de compèt, ceux-là avaient certainement élevé aux hormones de destruction massive. C’était plus des dodos taillés pour la compèt, mais plutôt pour la guerre. Et le type qui était dessus était un véritable colosse, avec casque de fer, cuirasse métallique. Certains l’appelaient terminator. Drôle de surnom.
Le numéro un était clairement taillé pour la vitesse. Calendre sur-abaissée, ailerons à l’arrière et sur les côtés, une coiffe profilée sur la tête des dodos, qui ne semblaient pas si puissants que ça. La pilote, d’après ce qu’il se disait, n’était pas visible. Et il semblait que ce soit ce char le favori de la course. D’après ce que je comprenais, le pilote avait déjà remporté quatre fois cette course, ce qui était tout bonnement exceptionnel, d’après les conditions de course. D’autant plus que c’était à chaque fois avec ce char.


_ Ben, les gars, on est pas dans la merde.
_ Mais non, mais non, relativisa Kentaro.
_ Il a raison. Tu vas voir, je vais les bouffer, au démarrage, [i] confirma Kalem.

_ Mouais. Vous avez jeté un œil aux autres concurrents ?
_ Pas la peine. Je vais les bouffer au démarrage.
_ Mouais. Bon, à tout hasard, j’avais pris de la Kétamine.
_ Tu parles bien du puissant anesthésique, utilisé en médecine vétérinaire principalement, demanda Kentaro.
_ Oui. Entre tes aiguilles d’acupunctures et la sarbacane de Kalem, on devrait pouvoir réussir à ralentir les dodos en les touchant directement.
_ C’est pas très loyal, ça, dit Kentaro.
_ C’est pas peut-être pas très loyal, mais ça permet de régler bien des problèmes.
_ Messieurs les coureurs, en position !

Tout le monde se mit en place. Kalem aux commandes, Kentaro sur la gauche et moi-même sur la droite.

_ TROIS !
_ DEUX !
_ UN !
_ PARTEEZZZZ !!!

Dès le signal donné, les huit attelages démarèrent…
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Message par Kezashi 16/6/2011, 00:40

Le soleil commençait doucement à décliner quand Kezashi sortit du bâtiment administratif accompagné d'un Chuunin. L'homme à la carrure imposante était vêtu d'une veste légère et d'un pantalon bouffant de couleur beige, recouvert d'une grande cape épaisse de la même teinte qui traînait sur le sol. Il portait aux pieds de simples sandales en cuir. Son visage long et marqué arborait un grand sourire presque forcé mais très habituel chez le jeune homme. Alors qu'ils redescendaient les marches du bâtiment officiel, Hukizu rabattit machinalement la capuche de sa cape sur sa tête, cachant à demi le bandeau de Gensou. Son compère aveugle fit de même et réajusta sa cape brune pour mieux se protéger du vent qui s'était levé en fin de journée.

- Tu aurais pu y aller un peu plus doucement avec eux, lança le Chuunin en se mettant à rire.
- J'ai fait comme d'habitude, répondit Kezashi.
- C'est bien ça le problème mon ami. Tu y vas toujours un peu fort. Je ne pense pas que le QG t'ai donné ton grade pour ta diplomatie. Vu le nombre restreint d'effectif présent à Narasu, ils n'ont pas eu le choix.
- Question de point de vue. Je conçois la diplomatie de façon... Agressive dirons nous, expliqua le Jounin d'un léger sourire qui fit éclater de rire Hukizu.

Le jeune homme avait fait la connaissance de Kezashi durant l'examen Chuunin à Bazaka. Il l'avait chargé d'enquêter sur les autres examinateurs. Peu de temps avant le début de la guerre, l'aveugle avait monté une équipe d'éclaireur après sa promotion au grade de Jounin. Quand Gensou honora son alliance avec Chikara et entra en guerre contre Nagame, l'équipe d'éclaireur fut envoyée rapidement près de la ligne de front.
Au fil des missions, Hukizu avait appris à connaitre le Jounin. Sa froideur et son franc-parler déstabilisaient certes au début. Mais en mission, le chef d'équipe se révélait particulièrement attentif et savait garder son sang froid en toute circonstance. Son manque d'expression et d'émotion s'effaçait avec le temps.

Les deux hommes rejoignirent le groupe de Genins qui les attendaient sagement en bas des marches. Sans leur prêter grande attention, ils continuèrent leur discussion et s'engagèrent dans la rue. Les trois gamins leur emboitèrent le pas sans broncher.
Les commerces commençaient à fermer boutique. Les vendeurs débarrassaient leurs étales des marchandises non vendues de la journée. Les serveurs des cafés et des bars ramenaient les tables et chaises des terrasses qui ne trouvaient plus client à l'intérieur des enseignes. Certains faisaient de la résistance comme à chaque fermeture. Un vieil homme interpellait un vendeur de fruits et légumes pour savoir s'il lui restait quelques oranges à lui vendre, alors que le commerçant rangeait sa dernière palette. Un autre prenait son temps pour examiner le rouleau de tissu qu'il frottait entre ses mains pour estimer sa qualité, irritant tout particulièrement le négociant qui aurait bien voulu fermer rapidement ce soir.
Le groupe de ninja ne passait pas inaperçu dans l'avenue. Les badauds s'étaient néanmoins accoutumés à la présence fréquente des patrouilles des forces d'occupation. Mais ce ninja portant un bandeau sur les yeux et marchant comme si de rien n'était, attirait tous les regards. L'aveugle s'était habitué aux remarques des passants comme il avait toujours dû le faire à Gensou. Il n'y prêtait plus attention.
Quand ils passèrent devant une enseigne d'assurance, un bruit fracassant à l'intérieur du bâtiment les surprit. Quelques cries suivirent.
Hukizu regarda Kezashi qui n'avait bien entendu pas tourné la tête, pour écouter les ordres. Mais celui ci ne dit rien.

- Kezashi? Tu veux qu'on intervienne? Demanda perplexe le Chuunin.
- Pas pour le moment. Je vais sonder le bâtiment. Ce n'est peut être rien.
- Entendu.

L'aveugle retira sa capuche et se mit accroupi face au bâtiment. Il joignit ses deux mains pour former un mudras. Très concentré, il ne dit rien pendant deux minutes. L'édifice était imposant et il lui fallait un certain temps pour l'étudier. Puis Kezashi sortit subitement de sa torpeur et jura à voix basse.

- Hukizu! Établis un périmètre de sécurité discret autour du bâtiment, ordonna rapidement le Jounin. Il y a une sortie à l'arrière.
- Que se passe-t-il? Questionna le second.
- Rien de très grave. Quand je t'appellerai, rentre par la porte principale et rejoins moi dans le hall en prenant la grande porte sous l'escalier.
- Rhooo tu m'énerves quand tu veux rien me dire comme ça. J'aime pas attendre sans savoir tu le sais.

L'aveugle ne répondit pas et se dirigea d'un pas pressé vers la bâtisse, laissant Hukizu vexé donner ses premières recommandations aux trois Genins. Le Jounin prit une grande impulsion pour se hisser jusqu'à la balustrade du premier étage. Il donna un léger coup d'épaule dans l'encadrement de la fenêtre qui s'ouvrit aussitôt puis il disparût.

Evaline inspecta rapidement les lieux et les forces en présence. De toute évidence, il fallait qu'elle s'en mêle. Oboro ne pouvait pas venir toute seule à bout des dix imposants "employés" qui lui couraient dessus. Evaline espéra intérieurement que ce ne soit que de la gonflette pour faire peur. Oboro coupa l'élan de ses agresseurs en leur envoyant l'une de ses deux étoiles qui vint se planter directement dans la jambe de l'un des molosses. L'homme tomba au sol et se tordit de douleur en essayant d'enlever l'objet de sa souffrance. Le groupe se sépara en deux. Cinq pour Oboro et quatre pour Evaline, pensant surement que l'oratrice sur la table était la plus expérimentée.

- Souviens toi Obo' qu'il ne faut pas les tuer, lança Evaline en se dirigeant vers la table qui la séparait des sangliers qui la chargeaient. Il nous les faut vivant pour les interroger.

Trop occupée pour lui répondre ou pour faire mine de ne pas l'avoir entendu, la jeune femme se jeta sur l'un des gardes, le frappant du pied en plein visage. Quand Oboro frappait, elle frappait fort et l'homme n'avait pas vraiment la tête dure. Il essaya de se relever sans succès et tourna de l'oeil. Très peu intimidé, le garde le plus proche envoya son poing vers la Genin qui venait de se réceptionner adroitement. Elle se pencha pour éviter le coup et frappa fort là où ça fait mal. Troisième garde à terre pour un petit moment. Un autre garde se jeta immédiatement tête baissée pour l'attraper pensant profiter d'un moment d'inattention de la jeune femme. Sans comprendre ce qui lui arrivait, l'assaillant se retrouva à faire un câlin à son collègue castra.

De son coté, Evaline venait d'attraper la table devant elle et l'avait balancé sur le groupe ennemie qui lui faisait maintenant face. Deux des gardes l'esquivèrent. Les deux autres légèrement en retrait n'eurent pas le temps de voir arriver le projectile pourtant imposant. La table se fendit en deux à l'impact et immobilisa les réceptionneurs au sol.
Les deux attaquants restants se stoppèrent net d'étonnement. Leur adversaire n'était pas en position d'attaque. Non, elle était assise sur une chaise, les jambes croisées, une main entre les cuisses et l'autre qui caressait du bout des doigts ses lèvres humides. La nymphe ôta les doigts de sa bouche et fit signe aux étalons d'approcher. Ils ne se firent pas prier. Les deux hommes à présent très dociles se présentèrent rapidement devant l'objet de leur désir. La belle brune se redressa sur sa chaise et commença à leur caresser l'entre-jambe.

- Maintenant à genoux mes mignons, leur dit-elle en se relevant.

Ils s'exécutèrent sans la quitter des yeux. Evaline passa délicatement sa main sur la joue de l'un des soumis sous le regard du second manifestement jaloux. Elle tendit son autre main pour le caresser à son tour. Ils exultèrent... trop vite.
La Chuunin saisit brutalement les deux têtes et les fit s'entrechoquer. Les deux gardes s'effondrèrent.

Le responsable de l'établissement qui se trouvait en retrait à l'autre bout de la pièce hurla sur son second.

- Pourquoi tu as embauché des incompétents pareils? Ces deux abrutis se sont gentiment mis à ses pieds sans qu'elle n'ait rien demandé. Qu'est ce qu'elle leur a fait?
- Qu'est ce que j'en sais moi? Répondit bêtement son bras droit.

Au même moment, Oboro venait de se débarrasser des deux ennemies qui lui restaient. Elle attira son attention sur les deux compères qui se disputaient.

- Allez protège moi, triple idiot. Je vais quand même pas me battre à ta place, hurla de nouveau le gérant.

Aussitôt ordonné, aussitôt exécuté. L'homme se mit à courir vers Oboro qui venait à nouveau de grimper sur la table. Pendant ce temps, le responsable prit la fuite.

- Obo'! L'autre s'échappe, cria Evaline.
- Je suis un peu occupée, tu ne vois pas? Répondit sa consoeur en s'engageant au corps à corps avec son nouvel adversaire.

Evaline se trouvait à l'opposé du fuyard. Elle pesta et traversa le hall avec célérité. Trop tard.

- Au revoir mes belles, glapit le gérant.

Alors qu'il accompagnait ses paroles d'un geste de la main. Un Kunaï vint se planter dans sa chemise au niveau du poignet, lui bloquant la main droite contre la porte. L'homme tourna la tête vers son bras entravé. Un nouveau Kunaï se planta à deux centimètres de son nez. Le responsable hurla de terreur et leva son autre bras pour indiquer qu'il se rendait. Un nouveau projectile se ficha dans la chemise du second bras.

- On dirait que j'arrive à temps.

Oboro, son adversaire et Evaline firent volteface pour observer qui s'exprimait. Ils aperçurent un homme aux vêtements sombres et amples assis sur l'une des rambardes entourant la mezzanine qui faisait office d'entrée vers les bureaux au sud du bâtiment.

- C'est qui ce clown? Adressa Oboro en direction de sa partenaire.
- Kezashi, répondit-elle faussement surprise.
- Kezaquoi? Tu le connais?
- J'ai bien peur que oui.

Oboro fixa quelques instants l'intrus qui semblait légèrement embarrassé la Chuunin. Puis elle ouvrit de grands yeux de stupéfaction.

- Je rêve ou il a un bandeau sur les yeux? Comment il a fait pour lancer des Kunaïs à cette distance?
- C'est un peu long à expliquer. Je te raconterai plus tard, répondit Evaline.

Kezashi balança ses jambes pour se donner un peu d'élan et bondit sur la table la plus proche.

- Je vois que tu as fait progresser ton désir de la nymphe, fit remarquer l'aveugle. Tu peux maintenant l'utiliser sur deux cibles.
- Tu es impressionné, avoue?
- Par ta technique pas du tout, répliqua-t-il. Par ta discrétion? Nettement plus. C'est comme ça que tu mènes une enquête? Rappel moi de ne plus t'en confier à l'avenir.
- Mais il sort d'où c'ui là? Rétorqua Oboro. 'Ttends, 'ttends, tu vas pas le laisser te parler comme ça j'espère. Humilité, il connait?
- Evaline, pourrais-tu apprendre à ton élève à se taire? Coupa net Kezashi.
- Élève?
- Mon ancien Sensei ne prend jamais la peine de se présenter, expliqua Evaline à Oboro. Je te présente Kezashi Hykao Jounin de Gensou et accessoirement mon supérieur à Narasu.
- Oh... Hykao, dit Oboro d'un signe de la tête.
- Ton adversaire se fait la malle, répondit Kezashi en montrant du doigt le fuyard.

Oboro se retourna aussitôt et frappa l'homme en fuite avec le manche de sa hache.

- Je vous ai entendu vous battre depuis la rue. J'espère que vous avez assez d'éléments qui légitiment ce bocson? Mais assez parlé pour le moment, dit-il sans leur laisser le temps de se justifier. Je vous attends au QG dans une heure pour votre rapport.

- D'accord chef, répondit Evaline d'un ton très ironique.

Le Jounin tourna les talons et se dirigea vers la porte principale qui s'ouvrit au même moment. Hukizu entra accompagné de deux Genins.

- Appel des renforts pour emmener tout le monde au QG pour un interrogatoire, ordonna Kezashi.

Hukizu lui emboita le pas pour appeler des renforts.

- Il est toujours aussi aimable? Demanda Oboro après s'être assuré que l'aveugle ait quitté le hall.
- Kezashi? Là il était dans un bon jour, répondit Evaline. Il aime bien faire son mec froid mais on se connait beaucoup trop pour que ça m'impressionne. Je l'ai laissé faire parce que tu étais là sinon il aurait essayé de faire son grand chef.
- Vous vous amusez bien dis donc.
- Maintenant que tout le monde est au tapis, on va pouvoir reprendre la fouille avant d'aller les interroger. Je te laisse les bureaux au sud. Je viendrai te donner un coup de main quand on aura embarqué les gardes.

Oboro s’exécuta.
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Message par Kalem 19/6/2011, 11:15

« PARTEEZZZ !!! »

Yeehaa ! Au galop mes grandes ! À peine commencée, les différents chars s’espaçaient. Nous étions placés vers le milieu. Bref, une assez mauvaise place compte tenu du fait qu’on pouvait être la cible de tous.

« Alors, ça va ?
-Conduit mieux !!! On est secoués un max !
-C’est ça qu’est marrant, bande de nazes…
-Bon, on va lâcher l’huile !
-Déjà ?!
-Ben on a que trois kilomètres !
-Donc largement le temps, lâche ça ! »

Ce qu’il fit, avec assez de maladresse, car alors que j’évitais un pierre, la gourde rebondit et alla se foutre en plein dans la tête des dodos du n°6. Elle explosa et l’on entendit piailler les volatiles, le fatras causé par tout ça me fit perdre les rênes que, alors que les dodos du 6 fonçaient dans les pics acérés du numéro 7, je me dépêchais d’aller chercher. Malheureusement, le terrain était caillouteux et j’avais la tête comme un marteau piqueur. BLAM !!! Le char 6 était renversé, les dodos blessés et remplis d’huile. Bref, plus que… six !

« Hey, y a pas quelqu’un qui voudrait m’aider à récupérer ces foutues rênes de con !!
-Merde !
-Quoi ?! Je suis occupé !
-Relève la tête bougre d’andouille ! »

Au moment de me redresser, mon crâne frappa ce qui semblait être une batte de base ball. Peu habituel. Maman qu’est ce que tu fais là ? Mais ce n’était pas ma mère. Le coup me fit trébucher et atterrir entre les deux animaux. Point positif, j’avais récupéré les rênes, point négatif, nous volions au devant de graves ennuis.

« Vous inquiétez pas ! Je vais bien !
-On s’en branle ! Essaie juste d’éviter le truc qu’est devant toi !
-Nan !!! »

Je regardais les regards, amusés pour Kentaro et horrifié pour Keiji, de mes coéquipiers… C’était assez drôle. Pour une fois que je m’amuse, on va me laisser faire non ? Je pris donc une sorte de tremplin, assez mal fait il faut le dire pour élever le chariot d’une demi douzaine de mètres. Kentaro en profita pour lancer ses boules d’argiles. Keiji tira quelques carreaux. Ils visèrent les mioches du char n°3.

« Aha, bien fait, dans vot’ face !! Hurlais je.
-Bien visé, hein ?
-Mouais, pas mal… »

L’atterrissage fut un peu dur. Tout d’abord pour mon entrejambe, placé sur une barre de bois. Mais aussi pour le chariot qui perdit une roue. Heureusement, les autres n’eurent rien.

« Kentaro, Keiji, j’vais faire un arrêt au stand !
-T’es malade ! Continue !
-Il nous manque du carburant bordel !
-Du carbu..quoi ?
-J’ai faim !
-Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ?
-J’ai faim maintenant, avant j’avais pas faim ! »

Merde, pourquoi ils ne me laissent pas aller manger. Bon, finissons cette course de merde et… mais y fait quoi ce char ? Le char n°7 s’était arrêté. Le char en lui même n’avait rien. Que ce passait il ? J’explosais alors d’un rire sinistre.

« Ta gueule Kalem !
-C’est juste que le char 7 s’est arrêté ! Leurs dodos sont épuisés, ils ne peuvent pas porter aussi gros !
-Reviens sur la passerelle, fit Keiji, et regarde devant toi !
-Mais je vous emmerde. J’ai déjà fait une course avec des dodos. C’était avec une salope. Je veux dire un nyctalope…
-Super… »

Tranquillement, j’essayais de remonter sur l’habitacle, et je vis partir un carreau. Mais qu’est ce qu’il fout bordel ?

« Keiji, n’use pas tes armes comme ça !!!
-Regarde si c’est pour rien ! »

Le bringuebalement du char me fit croire que l’explosion que nous venions d’entendre provenait de chez nous, mais lorsque enfin, je pus me remettre debout à l’avant du char, je vis le char n°5 en feu. Keiji avait visé les gourdes, pleines d’huile de roche et, le parchemin explosif attaché au carreau avait explosé et ça s’était enflammé.

« Bien visé ! Maintenant, faut accélérer, y a plein de monde devant ! »

Sur ce, je donnais un coup de fouet sur le derrière de l’animal qui accéléra un peu plus et fit une nouvelle fois s’ébranler le char. Soudain, une ombre passa par dessus notre tête. Bizarre, pas un seul nuage… Merde, c’est autorisé ça ? Le char numéro quatre volait, littéralement, à une dizaine de mètres du sol à l’aide d’un système de réacteurs aux parchos explosifs. Et il devait bien aller à houlà… deux fois notre vitesse. En tout et pour tout, il devait nous rester un tiers de la course et nous étions derniers. Nous allions finir quatrièmes. Le char qui volait premier, assurément. Le char numéro deux, le blindé avait été attaqué à maintes reprises, mais pas moyen de le faire baisser sa garde. Quant au char numéro un. Il était pour l’instant en tête et il était inatteignable.

« Bon, Kentaro, maintenant !
-Maintenant quoi ?
-Ben active ton truc à dodos !
-C’est mort, il nous reste un kilomètre !
-C’est la seule solution ! Enfin, il nous en reste une autre, mais il y a 50 % de chances pour qu’elle marche !
-Et c’est ?!
-Mes pilules roses dans mon sac ! »

Pendant que nous étions en train de délibérer sur la marche à suivre, un boum se fit entendre. Le char numéro quatre -celui qui volait- venait de se faire descendre par le lance-pierre du deux. Ceux ci avaient deux cents mètres d’avance. Et étaient à peu près à hauteur du un. Que personne ne pouvait faire flancher.

« Bon, je rajoute ta pilule à ma mixture !
-Attention, ça va saigner !
-Quoi ?!!!
-C’est une plaisanterie, hémoglobinsky !
-Okay ! Bon, on y va ! »

Kentaro, aidé de Keiji, lança ses aiguilles qui lancèrent les dodos au triple galop. Il restait à peine cinq cent mètre et ils avaient désormais trois cent mètres d’avance. Mais on avançait plus vite qu’eux désormais. Et mes pilules de réveil de dodo étaient efficaces quand elles ne nous empalaient pas dans un arbre.

« Youpee, sans les mains !
-Kalem, rattrape les rênes bordel !
-Faites chier à la fin… je vous emmerde !
-Mais c’est pas vrai ce type…
-Fuck you all !!! On va gagner ! »

C’était vrai, on gagnait millimètre sur millimètres, centimètre sur centimètres, décimètre sur décimètres, mètre sur mètres… Mais qu’ils aillent se faire mettre, derrière !

« Bordel, j’étais en train de montrer que j’étais un crack en unités, et vous foirez tout !
-Il peut pas arrêter de râler lui ?
-Apparemment pas…
-Pourquoi vous parlez dans votre barbe ?!
-T’es le seul a en avoir une et tu nous parles de « notre » barbe ?
-Expression, tu connais ?
-Désolé, non, je n’ai pas encore eu honneur de le rencontrer…
-Mais tu te fous de ma gueule ?
-Regarde devant toi putain, on a failli se prendre un passant !
-Un passant ?
-Ben ouais, ça fait trente secondes qu’on a passé la ligne d’arrivée…
-HIP HIP HIP ! HOURRA !
-J’ai pas dit qu’on avait gagné !
-On a perdu ?
-J’en sais rien…
-Alors on a gagné !
-Comment ce mec, si… intelligent, ouch, c’est dur à dire ça, il y a cinq minutes peut il proférer des âneries pareilles ? »

Bon, plus qu’à aller voir les cons qui ont organisé cette course, à récupérer nos chars… Et…

« BIEN, JE VOUS ANNONCE QUE LES TROIS CHARS SONT ARRIVES EX-AEQUO ! POUR SE DEPARTAGER, ILS DOIVENT VENIR ICI AVEC LEURS DODOS ! VOUS AVEZ CINQ MINUTES ! »

Putain de merde ! Les dodos ! Faut les arrêter !

« Kentaro ! Une aiguille !
-Nan, j’y vais à l’arbalète !
-Tu vas les tuer…
-Il a pas dit de les ramener vivants ?
-Ça va faire plein de sang…
-Oh… Fit il déconfit tout à coup.
-L’est con ! Kentaro !
-Cinq minutes ! J’ai un pied coincé…
-Oh putain le boulet, je dois tout faire ici… »

Je pris ma sarbacane, trempais deux fléchettes dans du somnifère et arrêtais le char… Keiji alla libérer l’abruti qui s’était pris le pied dans le char. Comme je dis toujours, de toute façon, il ne faut jamais mettre les bœufs dans la charrue… Pendant ce temps, je défis les attaches des dodos. Invoquait Kassos qui attrapa les deux volatiles et commença à se barrer avec…

« Kassos, reviens ici !
-Ouh, ouh ouhhou, houhou !
-D’accord, j’en suis conscient…
-Hou ouh ah, ahouh !
-Oui, très bien, va les mener là-bas… Je te suis… »

Mes deux abrutis de coéquipiers me suivirent aussi vite qu’ils le pouvaient… Héhé, j’allais trop vite pour eux. Nous vîmes arriver les conducteurs du char n°2 avec leurs dodos gigantesques. Une honte tout de même, d’arriver dans leur char, ils auraient pu descendre… En plus, en plus… Tricheurs !

« Où est le conducteur du char n°1 ?
-Ben, il est parti chercher le prix, on lui a dit que ce n’était pas pour lui et il est parti.
-Son char ?
-ICI ! Fit une voix derrière, avec les dodos…
-Ah… Bon, nous allons pouvoir départager les participants…
-Excusez moi. Fis je. Est il possible d’engager sur la course autre chose que des dodos ?
-Non, mais ce n’est pas le cas…
-Bon, continuez… »

Ils regardèrent attentivement nos dodos, quelqu’un alla chercher notre char que l’on examina ainsi que le tank adverse. Les conducteurs aussi furent attentivement inspectés. Bien, on nous regarda tous attentivement, le jury s’éloigna de nous et déclara :

« Bien, le vainqueur est… le Char n°2 !!!
-Excusez moi…
-Quoi encore ?
-Et bien, je ne voulais pas vous déranger jusque là.
-Mais ?
-Ces messieurs ont triché !
-Ah bon ? Et comment, ils ne sont montés sur aucun char ni dodo adverse…
-Mais vous m’avez précisé qu’il n’y avait rien, à part des dodos qui pouvaient concourir…
-Kalem, arrête ta mauvaise tête, on a perdu, on a perdu !
-Non…
-Et bien ?
-Déjà, sur la grille de départ, quelque chose m’avait paru louche chez eux… Tout d’abord, j’ai vérifié le char, mais tout était aux normes. Les conducteurs, bien qu’en surpoids, ne présentaient eux non plus pas de… bizarrerie.
-Oui, et bien ?
-Je n’ai pas eu le temps d’observer les dodos… Ce que j’ai fait en arrivant ici…
-Et ?
-J’y ai découvert quelque chose dont je me souviens… J’ai lu un livre sur les dodos il n’y a pas longtemps…
-Putain, mais vous faites chier petit con !
-PETIT ? MOI ? JE SUIS GIGANTESQUE… Bon, je continue… J’ai remarqué la taille des dodos, ainsi que leurs pattes. »

Tous se retournèrent pour observer les pattes des volatiles. Chacun crû à une blague. Tous pensaient que je voulais absolument gagner. Ils avaient raison, enfin, en partie…

« Regardez bien, ceux là ont cinq doigts, alors que le dodo original en n’a que quatre !
-Ce qui signifie ?
-Que ce ne sont pas des dodos, mais des cousins proches, qu’on appelle les Lalas ! Ils sont plus forts, plus endurants, moins cons… Bref, même pas besoin de les entraîner…
-Bon, le prix revient donc au groupe qui me fait chier, les putains de mecs qui ont des théories sur tout, le groupe n°8… »

***

« Super, ça nous fait euh… Quatre chars…
-C’est bien, tu sais compter…
-Bon, va falloir aller chercher la marchandise.
-Ben, ouais, on ne va pas y passer la soirée… »

Sur ce, un mec baraque sorti d’une ruelle pour nous accoster. Triomphants, nous étions trop occupés pour le regarder…

« Excusez moi, mais les sacs que vous devez évacuer on changé de place, ils sont là !
-Toujours le même endroit ?
-Ben, ouais, pourquoi ç’aurait changé ?
-Ben, j’en sais rien moi, des bêtises…
-Bon, ça doit être fait au plus vite…
-Ne vous inquiétez pas, la vitesse, ça nous connaît.
-J’espère bien, vous êtes payés pour ça ! »

Il repartit, nous laissant seuls avec nos chars.

« Bon, ben, un char chacun, et Kassos en conduit un ?
-Ou pas…
-Si ça pourrait être marrant !
-J’en ai plus que marre de vos trucs marrants… Le blindé est très grand, il peut contenir beaucoup de choses, un voyage devrait faire l’affaire.
-Quel chieur… »

***

« Au galop mes belles, vive le vent ! »

Le trajet était toujours aussi chiant et j’avais laissé les autres se relayer pour prendre le volant. C’était marrant. Autant Kentaro ne savait pas conduire, autant Keiji s’efforçait de… ben de faire quelque chose de son grand corps de merde… Quant à moi, je sirotais un orangeade, confortablement assis sur un des sacs…

« On est arrivés Kalem…
-Okay, j’arrive, je vous passe les sacs… Mais… Putain, t’es sur que c’est de la pierre ? C’est méga lourd !
-Ben, les porter jusqu’au char l’était encore plus… T’aurais pu nous aider tout à l’heure.
-Attendez les mecs… L’était fait de quoi votre bâtiment ?
-Ben, j’sais pas… De béton.
-C’est de l’or, je suis riche !
-On est riches…
-On ferait mieux d’appeler quelqu’un.
-Ça va pas ?
-Ben, c’est sûrement pas légal ! »

***

Quel enfoiré ce Keiji, aller rendre cet or… Bon, okay, on avait tous eu les sincères félicitations, on nous avait même dit d’arrêter la mission, que d’autres s’en chargeraient. Mais tout cet or bordel… De quoi acheter des tonnes de livres, de médicaments, de putains… Merde…
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Message par Akhen 28/6/2011, 00:39

« Récapitulons, si vous le voulez bien. Dit le juge assis en face de moi.

J'étais au cœur du complexe judiciaire de mon village, dans une salle d'audience des plus banales, en face d'un juge à l'aspect sévère mais bon. A sa gauche un greffier retranscrivait le procès fidèlement sur un parchemin, aidé par son assistant assis derrière moi. Deux personnes manquaient pour faire ressembler ce moment à tous ceux que vivaient le juge et le greffier depuis le début de leur carrière : le gardien était en retard et les avocats habituels de la famille Illinois n'avaient pas été convoqués, l'affaire n'en valait pas la peine.

-Attendez une minute, repris-je après une seconde de réflexion, nous sommes dans les bureaux de la justice civile, n'est-ce pas? Or je suis un Shinobi, je suis censé être jugé par la justice militaire, non?
-Ce serait le cas si vous aviez quelque chose à vous reprocher en dehors du village et pendant l'exercice de vos fonctions. Pendant la guerre par exemple... répliqua le juge avec un sourire sans joie.
-Je crois que vous aviez raison, nous ferions mieux de récapituler. Admis-je à contre cœur tout en pensant que l'audience n'allait pas être facile, je ne savais même pas pourquoi on m'avait convoqué.
Le juge ouvrit son dossier et lut ce qu'il y avait surligné:
-Illinois Akhen, promu Genin après de nombreux échecs, a accompli quelques missions sans importance avant la Guerre puis y a participé en tant que shinobi de l'armée régulière, sous catégorie éclaireur, est-ce que vous admettez tout ce que vient de dire?
-Oui répondis-je d'un air sombre, hanté par les souvenirs de ce qui avait été la période la plus marquante de ma vie.
-Mais au retour de la Guerre, vous avez été convoqué pour une mission de rang C et l'on ne vous pas vu, par conséquent l'équipe est partie sans vous, il s'agit d'une faute grave, presque une désertion.
-Et en quoi est-ce de votre ressort? Là je pige toujours pas
-Vous pigez pas? Me répondit le juge avec une teinte de mépris dans la voix. Eh bien c'est très simple en ne venant pas vous manquez à votre devoir civique le plus élémentaire, vous avez la chance d'avoir un travail vital pour les intérêts du village, et vous le négligez. Là c'est moi qui ne 'pige' pas votre attitude jeune homme!
-Je vous pris de m'excuser... dis-je en grimaçant sous la réprimande. J'avais un peu oublié, avec la guerre comment étaient les bureaucrates gensouards.
-Bon alors vous avouez ou non? S'impatienta le juge.
-Avouer quoi? Demandais-je, étonné.
-Eh bien votre absence!
-Ben oui, je l'avoue, je vais avoir du mal à la nier. Souriais-je, gêné.
-Et qu'avez-vous à dire pour votre défense?
-J'étais à cours de Chakra... avouais-je.
-Et alors?
-J'étais pas opérationnel, je ne voulais prendre le risque de ne pas pouvoir soigner l'un de mes camarades.
-Il n'empêche que vous auriez pu au moins vous présenter, aviser vos supérieurs, qui auraient pu aviser, vous donner un sceau de chakra, enfin composer avec un tas de chairs et d'os et non avec un un vague parchemin écrit par un jeune impertinent aux abonnés absents.

Sa tirade me cueillit en pleine poitrine, et je dus avouer que je ne m'attendais absolument à ce que ça tourne au vinaigre d'une telle manière, ma légendaire chance sans aucun doute... Enfin je n'allais pas avouer devant un juge les vrais raisons qui m'avaient empéchées d'être présent ce jour là.
Le regard pesant et attentif du juge me tira de mes pensées et je bafouillais un faiblard :
-Cela ne se reproduira plus, excellence.
-J'espère bien. Bien maintenant que votre culpabilité est établie, parlons de votre peine...
-Mais... L'interrompis-je.
-Oui ? Dit-il en me regardant, surpris.
-Eh bien le Gardien n'est pas là.
-C'est exact, mais il a surement mieux à faire et on ne va pas perdre de temps pour cela, n'est-ce pas ? Bon alors d'habitude pour ce genre de délit mineur c'est... Marmonna le juge en fouillant dans un livre ouvert devant lui.
-Alors là, sauf votre respect excellence je vous arrête tout de suite, votre décision va surement entraîner une annulation du jugement et sa déclaration nul et non advenu. Comme le dit le code judiciaire, article 16 alinéa 14.
-Oh mais vous avez peut-être raison... Fit mine de réfléchir mon interlocuteur. C'est dommage, cela me ferais gagner du temps sur mon prochain cas, vous savez, l'Heiwa Iji-Gun suspecté de propagande et de diffamation... Et si vous ne disiez rien ? Proposa-t-il .
-Et eux ? Objectais-je en désignant du menton les greffiers.
-Ils ne diront rien, voyons ! Ce sont des braves fonctionnaires aveugles et sourds, n'est-ce pas ? Finit-il en se retournant vers les dits-fonctionnaires qui eurent l'intelligence de ne pas répondre.

Je pris une seconde de réflexion puis trouva cette mascarade absurde. L'administration ne pouvait pas avoir confié la charge d'une instruction comme celle de l'Heiwa Iji-Gun à un juge malhonnête comme celui-ci. Si cela s'apprenait la presse indépendante en ferait ses choux-gras pendant des semaines et le prestige de l'organisme judiciaire en serait entaché. Sans compter la carrière du magistrat ici-présent. J'en profitais pour le regarder dans les yeux, il me rendit mon regard innocent. Les greffiers en revanche me regardaient avec intérêt, l'air de me jauger et non avec le regard de celui dont la carrière est suspendue au bon-vouloir d'un jeune genin, maudit qui plus est. Haha ! Je le tenais cet enfoiré.
-Je refuse annonçais-je haut et fort.
-Ah il refuse ! Claironna le juge sur le même ton.

Aussitôt un homme affable, que j'identifiais comme le Gardien, entra dans la salle. Il souriait comme un homme qui a pu dormir un peu plus longtemps que d'habitude seul ou avec... Hum. Enfin bref il entra dans la pièce, laissant la porte entrouverte, et j’aperçus par l'ouverture un type mince, l'air pacifique mais déterminé, ses yeux brillants comme deux éclairs noirs au milieu de la forêt blonde de ses cheveux. Toi mon gaillard, y a pas marqué Heiwa sur ton front, mais c'est tout comme !

En entrant le Gardien jeta un regard interrogateur au juge, regard qui confirma mon analyse. La peine pour ce genre de délit était la révocation, définitive ou temporaire. Or avec la récente Guerre, Gensou ne pouvait se permettre de révoquer un soldat de plus, fut-il genin au cas où ce cas ferait jurisprudence, ce qui entrainerait la révocation immédiate dans un cas semblable. Il leur fallait donc trouver un stratagème pour muer cette peine en quelque chose de plus léger. Il avait choisi de me tester, m'offrant une chance de prouver ma bonne foi et par-là d'alléger ma peine. Il s'était évidemment concerté avec le Gardien au début du procès sur la peine finale si je ne faillissais pas. Dans le cas contraire j'aurais été bon pour un autre procès. Je frissonnais à cette pensée lorsque le juge pris la parole, s'adressant au gardien, énonçant la peine finale, seule inconnue de ce procès :
-Je propose que l'on envoie ce jeune insolent pour une durée d'un an à Narasu, sous la bannière de Kiritsu, où il y servira la coalition en tant que genin, conformément à son grade actuel.
Je m'insurgeais, aussitôt, à Narasu, non ça va pas, je n'ai même fini ma formation.
-Vous n'avez pas le droit, vous êtes hors de votre juridiction, les mutations de troupes ne sont pas de votre ressort et...
-Vendu ! S'exclama le Gardien en me donnant une claque sur l'épaule.

Aaaah je m'étais bien fais avoir ! Je sortis de la salle en titubant encore sous le choc de cette décision et de ses conséquences. Ce n'était pas que je laissais beaucoup de choses à Gensou mais cela me contrariait tout de même. En sortant je croisais l'Heiwa Iji-Gun qui s'était levé et dont la colère semblait avoir augmenté d'un coup lorsqu'il avait entendu, par la porte entrouverte, les derniers mots du Gardien.
Eh, bien voilà un procès qui commence mal, et ce avant l'heure de son début...
Logique...

*
* *

Trois jours plus tard, je me présentais muni de mon baluchon et de toutes mes maigres possessions à l'entrée principale du village. J'allais voyager en compagnie d'une caravane de ravitaillement et j'étais rattaché à son escorte. Si le Chuunin qui commandait était ravi de voir arriver un homme de plus, ce ne fut pas d'un des cinq genins qui pesta contre la racaille et contre les juges qui donnait le diplôme à n'importe qui désormais. La jeune fille en question jura sur les cendres de ses ancêtres de me tenir à l’œil et de ne me confier aucune responsabilité. Cette dernière résolution, prononcée sur un ton rassurant, arracha un éclat de rire à l'un de mes gamins de collègues et un sourire à un autre. La deuxième genin, plus jeune et donc plus naïve se rangea instinctivement de mon côté, les deux autres restant neutres.

Deux semaines d'un voyage sans histoire plus tard, nous traversâmes le tunnel du Kasuka. Cette traversée fut l'occasion de mon premier accrochage depuis la Guerre, accrochage- éclair car les quelques brigands qui osèrent s'attaquer à nous s'enfuirent sous la déferlante de feu qui s'abattit sur eux. Les flammes mi violettes, mi ambres, s'évanouirent dès qu'ils ne furent plus en vue. Mon alliée me sourit et je lui rendis son sourire, instinctivement...

Trois jours après, nous vîmes le bout de tunnel et les Shinobis se rendirent au QG de Gensou. Nous fûmes reçus par un fonctionnaire qui accusa réception de notre mission et nous distribua à tous ordres de missions et affectations ainsi que nos lieux de casernement. Curieuse, mon Alliée regarda par-dessus mon épaule pour lire mon affectation. Nous n'étions pas sur la même mission mais dans la même caserne.
« Je crois que c'est par là Dit-elle en prenant les devants.
-Je te suis. Trouvais-je la force de marmonner, j'étais épuisé, j'avais soigné cet abruti de conducteur qui s'était entaillé l'aine, se tranchant au passage l'artère fémorale. Je m'étais précipité et avais guéri cette blessure pourtant létale. La dose de stress et d'adrénaline, loin de me booster, m'avait achevé et j'avais échappé de peu au soit...soit.
-Dis... Tenta mon amie, appelons-la comme cela, après quelques minutes d'un cheminement en silence, seulement ponctué des bruits de la rue.
Je lui jetais un regard interrogateur, curieux, malgré ma léthargie, de savoir.
-Tout à l'heure, lorsque tu as soigné ce pauvre conducteur, qu'est ce que tu as fait à tes yeux ?
-A mes yeux ? Eh bien rien. Répondis-je, surpris. Cette petite était décidément plus futée que ses 17 ans le laissaient penser. J'avais de ce fait activé un filtre sur mes yeux pour pas que mes détracteurs remarquent que mes yeux viraient lentement au blanc alors que je soignais ce pauvre homme. Cela l'aurait fait paniquer davantage, sans parler de moi... Enfin le fait qu'elle ai remarqué le jutsu démontrait un don pour le genjutsu naissant.
Je lui souris pour toute réponse, lissant ma mèche blanche. Elle compris le message et sourit en retour.

Une poignée de minute de silence plus tard nous arrivâmes devant l'auberge réquisitionnée par notre village. Chacun ayant récupéré le numéro de son dortoir, elle s’arrêta dans l'escalier et me tendit la main :
« Tanhina...
-Akhen Illinois lui répondis-je avant d'hésiter devant la main tendue, l'escalier et le hall étaient bourrés de monde et son geste serait vu par une bonne dizaine de personne. Puis constatant que tout ce monde s'en fichait je lui serrais la main avec un sourire. Elle me le rendit accompagné d'un signe de la main et disparu, mangée par l'escalier dans un tourbillon de cheveux noirs.

Plus tard, allongé sur mon lit, j'avais enfin trouvé la paix nécessaire pour calmer mon esprit et mon âme et pour accéder au repos. Peut-être la reverrais-je, peut-être pas. Je m'en fichais après tout mais c'était ce genre d’événement qui me donnait la force de me lever et d'affronter le monde une nouvelle fois.

Akhen
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Message par Oboro 1/7/2011, 11:04

-Hurmf. Elève. Mwarmf. Je t’en collerais, du « gnagnagna se fait la malle ». Crétinrch.

Ca y est, cette patate gensouarde avait réussi à me remettre de mauvaise humeur, aussi passais-je le trajet à bougonner en mâchouillant un reste de sandwich à moitié sec. Assise dans un chariot, à coté de quatre des dix comateux de tout à l’heure. Passer des bureaux au peigne fin pendant une éternité pour bien sûr ne rien trouver, c’est toujours l’activité préférée des ninjas. Factures fournisseurs, clients en attente de paiement, mémos sur les protocoles de sécurité… et rien de surprenant là dedans, quand on sait qu’à Narasu, les guichetiers ont toujours une arbalète à portée de main pour accueillir les visiteurs les plus violents.

Concernant les deux gaillards qui conduisaient le chariot, ils m’avaient fait comprendre qu’ils se refusaient à parler tant que l’on ne serait pas à moins de 500 mètres du Gyosei. Parce que le patron (Kesachiant lui-même) voulait que le travail soit bien fait, et que travail bien fait excluait blabla informatif. Ben voyons. Donc on n’a même plus le droit de péter quand on est dans son équipe, et seul môssieur le junin peut faire les présentations. Et si on se prend une embuscade, je peux me faire flamber le derrière par un katon qui aura pris la même cible que moi. Super coordination.

Résultat, pour seule compagnie, j’avais un super corbeau qui avait décidé d’inclure la rambarde du chariot dans son territoire, et qui s’obstinait à revenir quand je l’en éloignais. Bon, bah tant qu’il ne donne pas de coups de becs aux types ligotés… ou qu’il ne se libère pas sur eux… on va dire que ça ira.

-Qu’eeest ce qu’il y a? Tu veux ma photo, c’est ça? Euh, hey! Tu devrais fuir, normalement. On ne t’as pas appris que c’est dangereux pour un oiseau, de rester près des humains?

Super ville. A mahou, malgré plus d’un millénaire d’urbanisation, les piafs savent encore que quand on les approche, ils doivent s’envoler. Et en forêt, c’est carrément la psychose pour eux. Alors qu’ici, on pourrait presque leur marcher dessus. Vous m’auriez ramenée ici quand j’étais môme, et je me serais amusée comme une folle à les courser… en espérant que je n’atterrirais pas dans les pattes d’un vendeur d’organes ou autres. Super ville, en effet. Ici, les corbeaux lorgnent sur vos sandwichs.

-Quoi, t’as la dalle, toi aussi? D’habitude c’est les pigeons, qui mendient du pain. Toi, tu chasses.

Et maintenant, je parlais à un piaf qui me répondait du mieux qu’il pouvait. Boah, au moins les corbeaux sont les plus intelligents. Il doit comprendre des trucs au niveau de l’intonation et autre. Même si c’est les mainates, qui parlent le mieux.

-Bon, ben pourquoi pas, dis-je en lui refilant un bout de viande aux trois quarts de gras qu’il engouffra rapidement. Ca tombe bien, j’voulais pas le jeter par terre.

Hykao, ça me dit quelque chose. Un clan. Un majeur de gensou? Nan, il n’est pas dans la liste. L’ai apprise sur le bout des ongles à l’académie, on me la fera pas. Un petit clan, alors? Sûrement dans les clans glauques peu appréciés. Un truc d’assassins ou de croquemorts, à tous les coups. Ca vous rend pas nets, d’être formaté depuis tout petit à aérer la trachée des gens. Encore que y’a des gens très biens, dans ces familles glauques. Ko’ fait partie du lot.

-Tu sais, j’ai une amie qui a peur des corbeaux, marmonnais-je en l’effleurant du doigt sans qu’il ne bouge. Et des pigeons. Elle les voit un peu comme si vous étiez des rats volants. Pourtant, vous êtes propres, non?
-Crôa?
-Mais si, tu viens de nettoyer.
-Tu parles aux oiseaux, toi?
-Et aux animaux en général. Quand on sait jouer avec l’intonation, ça… Hey! Depuis quand tu parles, toi?

Non, non, ça ne s’adressait pas à l’animal, mais à l’un de mes mornes compagnons de trajet qui venait enfin de se réactiver. L'était temps, je devenais grave, là.

-On est arrivés. Enceinte chikarate, précisa le conducteur. Bravo pour l’attention.
-Hey, je suis crevée, d’accord? Ca va me faire dix-huit heures d’affilée, j’ai pas chômé de la journée, et maintenant j’en suis aux heures supp’ pour encore un moment. Il est quoi, deux heures?
-Tout le monde, mahousarde. Comme tout le monde. Le prends pas mal.
-Mwouais.
-Tu voulais quelque chose, tout à l’heure?, demanda son compagnon pour rattraper le coup.
-Non. Ou plutôt… si. Ce type, Hykao, il sort de quelle planète?
-Pas de la mienne, en tout cas.

Ah, quelqu'un qui avait le même avis que moi sur l'autre prétentieux. Super. Il me fit un rapide exposé du personnage, lui même étant gensouard, bien que n'ayant jamais eu affaire à lui. Je vais vous passer les généralités, nom-age-grade-super caractère-clan-infirmité-super pouvoir et trucs de base, vu qu'Evaline m'avait déjà dressé le portrait du gus dans l'épisode précédant.

-On entend aussi des rumeurs étranges, sur lui.
-M’étonne pas. Dans le genre?
-Il parait qu’il mange les petits enfants.
-Euh… bien sûr.
-C’est une blague, fais pas cette tête. Par contre, j’ai entendu dire qu’il avait des méthodes assez expéditives, pour régler ses problèmes, en mission. Et je crois qu’il s’est déjà fait quelques ennemis au village à cause de ça. D’anciens coéquipiers mécontents, ou quelque chose du style. En tout cas, un de mes amis chez les Yuushis m’a dis qu’on a déjà eu du grabuge à quelques reprises, avec lui. Il aurait impliqué un juge d’examen chunin dans une violente bagarre, en pleine rue. Un mahousard.
-Les Yuushis, c’est votre police, c’est ça?
-Non. C’est une partie de la police… un clan qui s’y consacre entièrement, bien qu’insuffisant. Pas comme vos Mitsubishi qui assurent le tout.
-Mitsumita. Et ils recrutent à l’extérieur. Les Yuushis, ça me dit quelque chose. Pas dans le genre des mastodontes du genjutsu qui se sont offerts un dojutsu en plus du reste ? ‘Fin, plusieurs clans correspondent à cette description, chez vous, mais…
-Plus ou moins. Si on entre pas dans les détails.

Je ne le voulais pas vraiment, non. Quand quelqu’un voulait défendre son village en se la jouant guide touristique approfondi, ça pouvait aller très loin. En temps normal, pourquoi pas, mais seulement après une bonne nuit de sommeil. Autant couper court.

- Et donc, Kezashi n’aime pas les mahousards. Ca risque d’être utile, comme info. Autres trucs que je dois savoir?
-Il ne fait pas bon se le mettre à dos, il est très bien entraîné pour le combat. Du nekoka, qu’on dit.
-Tsss, truc de clampin.
-Et plutôt costaud en fuinjutsu. Il aurait fait un séjour à perpète pour s’entraîner auprès d’un expert en ermitage, sur une chaîne montagneuse.
-Là où Eva s’est entraînée?
-Qui ça?
-Une chu… boh, oublie. Le monde est injuste.
-Comme tu veux. Au fait, dernière info, concernant Hykao. Debriefing dans six minutes pour toi, tu dois aller au troisième étage. Ce bâtiment, là. Une fois dedans, c’est juste à droite de l’escalier.


*
* *


- Seize individus interpellés, motif non communiqué, reprit Mr Univers. Dix d'entre eux admis à l'hôpital. Trois portes fracassées. Deux tables explosées. Cinq chaises détruites. On ne sait combien de meubles renversés. Un mur endommagé. Deux équipes réquisitionnées pour le transfert des suspects. Trois autres pour sécuriser les lieux et évacuer la foule qui s'est réunie. Quelques choses à déclarer?
- C'est un bilan plutôt satisfaisant, lui répondit la chunin, désinvolte.
- Satisfaisant?
- Oui plutôt. Il y a deux semaines avec le gang des trafiquants d'armes, il me semble qu'on a explosé un bâtiment tout entier dans le quartier pauvre. Mais c'est sur qu'on avait fait moins de prisonniers.
- Ca ne me fait pas rire Evaline.
- Pourquoi tu dis ça? Moi non plus ça ne me fait pas rire. On me demande de faire mon travail et c'est ce que je fais.
- C'est bien ça le problème avec toi. Dès que je te donne une mission, il faut que je fasse intervenir deux ou trois équipes en plus et que je me déplace à chaque fois.

Eh beh je sais pas dans quoi j’étais tombée, mais ça faisait clairement pas partie de mes programmes préférés. Kezashi, le seul de nous trois à bénéficier d’une chaise (et vas-y que maintenant qu'il est junin, il se sent plus du tout), avait commencé par lire silencieusement les quelques notes préalables au rapport qui serait rédigé pour l’affaire, et pris ensuite Evaline à partie pour lui faire part de sa bonne humeur, avec un ton aussi sec et agréable qu’un litre de rhum versé sur une plaie béante. Il parlait pourtant très calmement, élément caractéristique du "trop stylé-ténébreux pour vous" encore à la mode. Et à cela, la chunin lui répondait posément, avec un demi sourire arrogant que je ne voyais pas, pas embêtée le moins du monde et cherchant juste à lui placer quelques gentils tacles en répondant. Gentille, parce qu’ils n’étaient pas seuls. Je faisais plus ou moins partie du décor, en observatrice.

- C'est pas de ma faute si à chaque mission que tu me proposes, enfin m'impose, j'ai affaire à un gang mineur surexcité qui ne veut pas gentiment se rendre. Donne moi des missions plus simples ou ne me donne pas de mission tout court. J'ai bien besoin de vacances et de repos.
- Tu penses que j'ai le choix? Nous disposons du quart des soldats qu'il nous faudrait pour tenir
convenablement cette ville.
- Oulà, ne me parle pas de politique et de stratégie s'il te plait. Je ne suis pas Chuunin pour parler gestion. On me demande d'aller là pour faire ceci et c'est ce que je fais sans me poser de questions. Tu sais très bien ce que je pense de la hiérarchie.
- Toujours le même problème avec toi. Tu ne penses qu'à ta petite personne. Tu te fiches complètement des répercutions qu'auront tes actes. Avant de rentrer dans le tas, il faudrait peut être savoir si c'est une bonne idée. Réfléchir deux secondes, c'est un peu trop pour toi?
- Hey doucement, patron.
- Non justement. Ce n'est pas toi qui va devoir expliquer à mon supérieur le bordel que tu as provoqué tout à l'heure.
- Mais ça c'est ton boulot. Pas le mien.

Ooooh, gros boudin noir à l'horizon. Visiblement, je les dérangeais, mais c’était peut être mieux qu’une session de muay thai à l’improviste. Le junin baissa tout de même la voix pour se disputer tranquillement avec Evaline, qui du se pencher sur la table pour en faire de même. Malgré cela, la position lui permettait accessoirement de faire profiter Kezashi d’une magnifique vue sur ses généreuses… qualités, ce qui déstabilisait généralement ceux à qui elle avait à faire. Sauf que c’était un aveugle. Donc ça marchait, ou pas?
Pour ce que ça m’intéressait, remarque…

- Ce n'est peut être pas ton boulot mais si tu faisais correctement le tien il n'y aurait pas autant de soucis à chaque fois que je t'envoie quelque part. On ne t'a pas appris la discrétion?
- Je sais pas, demande à mon ancien Sensei. Tiens, c'est pas toi justement?
- Quand je t'ai inscrite à l'examen Chuunin, je te...


Me voyant froncer les sourcils devant ce conseil de l'ombre (chuis sûre qu'il rêve de rejoindre un de ces trucs), il décida de remettre à plus tard cette joyeuse entrevue. C’était lui l’patron, il allait donc profiter des largesses mises à sa disposition.

- Si tu le prends comme ça, je pense que je vais t'affecter dans un bureau pour faire de la paperasse. Peut être que ça te fera réfléchir un peu.
- C'est toi qui décide.

Mwouais. Tu parles, que ça allait me suffire. Si lui n’est pas du genre à croire son petit nombril supérieur au reste du monde, vous pouvez m’appeler Simone. L’est totalement du style à avoir demandé une combinaison anbu en latex au père noël, et à avoir rêvé d’être un assassin de l’ordre de la main noire quand il avait onze ans. Papa lui aura offert un kunai (un vrai, même pas en plastique!) à ce qui lui aura servit de Bar Mitzva, et maintenant, il veut en coller plus par derrière. Ils s'entrecrassent autant qu'ils veulent, mais j'veux pas qu'il saborde mon navire.

-Bon. Vous pouvez disposer.
-Très bien, répondit tranquillement Evaline d’un air mystérieux, couvant quelque chose qu’elle était décidée à garder encore un peu.

Me contentant d’incliner légèrement la tête, dissimulant vaguement un grand sourire, j’esquivai la proposition. Contrairement à elle, je ne fis pas un seul geste en direction de la porte. J’étais restée silencieuse tout du long, mais sûrement pas pour autre chose que d’attendre gentiment mon tour.

-Si possible… j’aimerais poser quelques questions à Hykao.
-Euh… t’es sûre?
-Meuh oui ma grande, t’inquiètes pas.
C’est possible?
-Hun hun, répondit le junin.
-Euh… à quoi tu joues?
-On ne va pas jouer, te fais pas de mouron.


Bien qu’elle ne le sentait pas trop, Evaline laissa faire. Pas trop le choix, hein? Une fois la porte fermée, je me rapprochais sans hésiter de l’aveugle, faisant juste un détour pour prendre une chaise et la caler juste en face du bureau.

-Ca ne sera pas long, ne t’en fais pas. Je ne compte pas rester, mais avec toute cette journée, je commençais à en avoir plein les jambes.
-Je tiens bien à ce que ça ne soit pas long. Que veux-tu?

Pas sourcillant, le bonhomme. Ou peut être que si, on voit pas avec le bandeau. Lui il voit, par contre? Beuh, c’est cheaté. Et si je lui fais la grimace en lui tirant la langue, il le voit? Mwouais, on tentera une autre fois, quand il sera pas concentré sur moi.

-Eh bien, par où commencer… je sais pas ce qu’il y a entre vous, mais le prétexte choisi est carrément mauvais. La mission s’est très bien passée. Et même si tu n’étais pas intervenu, ça se serait très bien passé. D'où c'est que le rapport aura une tronche de blâme?
-Quand ça se passe bien, il n’y a pas d’empoignade de ce genre.
-On n’aurait jamais eu aucun moyen d’empêcher ça. On a fait tout ce qu’il fallait en termes de repérage, on a bien pris nos précautions, et on n’a commis aucune bêtise une fois à l’intérieur. C’était simplement un gros coup de malchance.
-Si vous en êtes à compter sur la chance, il y a déjà un problème. Tu ne penses pas?
-Je ne connais aucun ninja qui n’a jamais eu à se sortir de la mélasse en catastrophe. Certains ont même construit des carrières juste sur leurs talents d’improvisation. On a carrément eu un Kage qui était doué pour ça. Zéro risque, ça marche pas, et quand on casque c'est toujours aux cent pour-cents.
-Tenter le diable n’est pas du tout la même chose que de faire preuve d’adaptation.
-Entièrement d’accord, justement.
-Et foncer dans le tas n’est pas du tout faire preuve d’adaptation.

Ohoh, bien joué, bonhomme. Ca se suit bien, ouais. Laisse-moi quand même dérouler mon artillerie.

-Deux bonshommes ont déboulé dans la salle pendant que l’on faisait notre enquête. Et nous avons du les maîtriser, très bien. Sauf que deux autres étaient en retrait spécifiquement pour pouvoir aller avertir les autres. C’est classique, de se déplacer à quatre. A partir de là, qu’est ce que l’on pouvait faire? On aurait pu se faire la malle, mais ils auraient su que y’avait des ninjas qui étaient passés et ça les aurait forcément incité à se la jouer prudence accrue pour la suite. Piste morte. Alors, j’ai préféré les prendre de cours, les empêcher de s’organiser et leur rentrer dans le lard avant qu’ils aient le temps d’additionner quoi que ce soit. On a fait le ménage sans aucun bobo dans notre jardin, et ils ont tous étés cueillis.
-Et leur chef, celui qui en savait probablement le plus, a manqué de vous filer entre les pattes.
-Il venait tout juste de quitter la salle en courant, waouh. Evaline aurait pu le courser, et sans se chiffonner. Elle m’a raconté quelques exercices qu’elle avait faits en montagne, dans la neige, pendant des mois. Et moi, j’aurais pas vraiment eu de mal à jouer les bergères avec les autres comateux.

On a foncé dans le tas? Evaline n’y a pas vu le moindre inconvénient, mais peut être que je ne lui en avais pas laissé le temps. Elle avait quand même eu cinq secondes pour me dire d’arrêter, et j'ai moi même pris trois secondes à réfléchir (à bien réfléchir, sissi), donc si elle n'a rien objecté...

-Vous avez agit n’importe comment. Dans la précipitation. Vous vous êtes mis en danger stupidement, et il aurait suffit d’un rien pour que vous vous fassiez avoir. Par exemple, si…
-Ah nan. Avec des scies, on coupe des arbres, mais c’est tout. C’est sûr que si y’avait des junin déserteurs où que ce soit, je ferais mieux de ne plus tenter grand-chose. Donc désolée, je suis encore loin des grands méchants junin, et je fais très bien avec ce que j’ai. Moi j’ai pas le luxe d’avoir un sonar intégré dans le plafond, hein.
-Ni un cerveau, visiblement. Même si être ninja ne se résume pas à cogner à la première occasion, le simple bon sens aurait ici fait l’affaire.
-Ah ouais? Et toi, tu aurais fais quoi, alors?
-Sûrement pas comme tu as fais.
-Ah, sûrement tiens. Facile comme réponse. Mais encore, coco?

Kezashi changea alors de position sur son siège, s’inclinant légèrement en avant comme pour mieux m’observer. Ce qui devait probablement plus tenir de l’acte psychologique que d’un réel besoin pour lui de mieux me voir. Il n’aimait pas les surnoms de perroquets, visiblement.

-Continue comme ça, et ça sera la mise à pied, continua t-il calmement. Tu vas faire de la surveillance de porte pour le restant de ta vie. Vie que je veillerais personnellement à pourrir, soit dit-en passant.

Provoc’? Tcheuh, l’est même pas cap’. On est pas du même village. Kiritsu est temporaire, et même si l’alliance des villages devait durer, il n’aurait jamais le moindre pouvoir si je rentrais à mahou. Sans compter que l’abus de pouvoir est sanctionnable dans les administrations de chacun des trois villages, et ce depuis tellement longtemps que personne ne sourcillera. Et ce n’est qu’un junin prépubère dont les décisions sont facilement remises en causes. Ils se montent rapidement la tête et s’imaginent toujours avoir une passerelle assurée pour l’état major ou les services secrets, ces pingouins. Aucun espoir pour lui, c’est pas ça qui va m’arrêt…

-Attends, non, je pense que… récurer les wc est une bien meilleure idée.

Okay, point final. J’prends pas de risque avec ces jouets là, moi. Partie remise à plus tard. Il a le joker. Mais le simple fait qu’il recoure à ça indique que j’avais l’avantage, hein. N’allez surtout pas croire autre chose. Surtout qu’il l’a fait deux fois d’affilé dans la même soirée. Il est mauvais, en fin de compte.

-Autre chose?, demanda le junin en constatant mon silence.

Je pouvais sentir son corps irradier d’une odieuse satisfaction pourtant parfaitement contenue. Ou alors je m’imaginais des trucs et il n’en avait strictement rien à cirer. Les deux hypothèses alimentaient toute mon antipathie pour ce mec, que je dardais d’un regard meurtrier. Dommage qu’il fut aveugle, le malthazar.

-Je ne pense pas, non.
-Bien. Nous reprendrons la mission demain. Si tu ne vois pas d’autres inconvénients à travailler sous mes ordres, tu peux disposer.
-Grmf, me contentai-je d’articuler en partant, ce qu’il interpréta à raison comme étant un « bien sûr que si, trouduc, mais t’imagines bien que je veux continuer ».
-Nous sommes donc d'accord.

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Message par Otarin 8/7/2011, 20:38

« Vive la joie ! Bonjour, bonjour les jouvencelles ! Vive la joie ! Je saute par dessus les toits ! Vive la joie !
-Il est passé par là. Je l’entends encore. Murmura une voix.
-Il a cassé encore des tuiles… En fit une autre.
-Ce gars là devrait aller se faire foutre au cachot à grands coups de pieds au cul ! Fit la première voix en haussant le ton.
-Il était un ptit hommeuh qui s’applait guilleri CARABI ! Il s’en fut à la châsseuh ! À la chasse aux perdreaux CARABO TOTO !
-Mais faites le taire ! Bordel il est 4 heures du mâtin, il y en a qui dorment !!! Lança un homme à sa fenêtre.
-Quel mal embouché celui là… Râla le second homme. Vas rattraper un type comme ça complètement bourré qui chante à tue tête…
-J’aime pas les cons comme ça… Acquiesça le premier
-Malbrough s’en va t’en guerreuh MIRONTON MIRONTON, MIRONTAINEUH !
-Fais chier lui aussi, il ne s’épuise jamais…
-J’ai l’impression que c’est pas le genre du bonhomme...
-Allez, assez parlé, j’pense qu’un bon somnifère devrait suffire… Dit la première voix en sortant une seringue.
-Et tu comptes le ramener où ?
-Ben, comme l’autre nous a demandé… Hein… J’fais mon boulot moi.
-Ouaip…
-À la claireuh fontaineuh !
-Eh, il commence à se barrer, il s’éloigne !
-Ben grouille toi, merde ! »

Les deux hommes avançaient en suivant à la trace leur maître chanteur. Pas moyen de lui mettre le grappin dessus pourtant. Trop doué. Malin, sûrement pas. En tout cas pas dans l’état où il se trouvait. Mais fort, crénom, oui ! L’homme se demandait même s’il n’avait pas affaire à un bœuf tant celui ci montrait sa brutalité et son manque de finesse.

L’homme en question avait traversé Narasu par les toits, en chantant à tue-tête et avait été repéré par quelques gardes. Aussitôt, le gêneur avait été suivi à la trace par deux chuunins. Ils tentaient à tout prix de ne pas le perdre et l’approchaient petit à petit. Le somnifère présent dans la seringue était assez fort pour assommer un éléphant pour au moins trois bonnes heures. Encore fallait il lui injecter.

« Bon, t’y est ?
-Ma seringue est prête si c’est ce que tu veux savoir…
-C’est bien ça.
-Bon, avance alors ducon !
-J’te rappelle que t’es rien sans moi, alors parles moi mieux…
-C’est ça… »

L’homme à la seringue emboîta le pas de l’autre qui exécuta quelques mudras. L’alcoolique revenait dans leur direction. L’homme semblait très concentré. L’autre était presque à se demander si son baratin les mènerait à quelque chose. Pour l’instant, il ne voyait pas grand chose de changé. M’enfin, il aurait bientôt la chance de tenter son coup sans l’aide de l’autre abruti…

« Bon, t’es prêt ? Il arrive…
-Je sais, je ne suis pas con, mais si tu pouvais m’aider…
-Tu ne peux pas savoir combien je t’aide…
-C’est ça ! Un autre jour peut être. »

Ils se turent. L’autre arrivait. Il ne marchait plus sur les toits désormais. Le premier homme lui fondit dessus tandis que l’autre tentait de lui placer dans un endroit pas trop sensible. Il finit par lui atteindre le bras. Il s’évanouit.

« Putain, la seule chose que tu sais faire c’est te jeter sur lui ?
-Tu sais ce que c’est qu’un Kagami ?
-Nan… Un truc de looser…
-Mais pourquoi les Chikarates sont ils autant chiants… Je commence à me demander si Mahou n’a pas raison à votre sujet finalement, vous n’êtes que des brutes…
-C’est ça, cause toujours… »

***

« Bien… Comment vous appelez vous ?
-Otarin Rekaïshi…
-Quel grade ? Quel village ?
-Juunin, Chikara…
-Vous vous souvenez de votre soirée ?
-Absolument pas… Qui êtes… oh merde ! Ça alors !
-Vous vous souvenez de moi ?
-Que oui, tenez… Votre visage ne s’oublie pas…
-Mon nom ?
-Pourquoi toutes ces questions ?
-Pour savoir si le somnifère qu’on t’as injecté n’a pas trop bousculé vos neurones…
-Bien… Vous êtes Jupneï Sadaharu… Kounin de Chikara et responsable de la section Chikara à Narasu.
-Bien. Maintenant… Pourquoi étais tu autant alcoolisé le nuit dernière. On a reçu de nombreuses plaintes. Tu as cassé des toits, chanté en pleine nuit et j’en passe…
-C’est encore pour mes neurones ?
-…
-Non, j’imagine que non. Et bien… J’ai dû faire un peu trop la fête…
-Un peu trop ? Te rends tu compte que tu avais plus de quatre grammes d’alcool par litre dans ton sang ?
-Et ? C’est beaucoup ?
-C’est draconien…
-Ah… merde. Et ?
-Ben… On t’a arrêté.
-Ah, c’est tout ? Donc j’peux rentrer chez moi ?
-Pas question !
-Pourquoi ?
-On ne voudrait pas que tu recommences…
-J’recommencerais pas.
-Qui me le prouve ? On ne veut plus que tu touches à l’alcool !
-J’y toucherais pas !
-Ne m’embêtes pas, j’ai d’autres chats à fouetter.
-J’vous embête pas si je pars… Justement, vous pourrez aller fouetter vos chats…
-Qui est ce qui m’a mis un abruti pareil…
-Mais, je vous dit que l’alcool c’était juste hier, arrêtez un peu…
-Que j’arrête ? Tu commence à me courir Otarin ! »

Son regard se posa sur moi, dardant des éclairs. Il était fâché. Son nez s’était pincé, et sa patience semblait presque épuisée. Cet homme d’apparence si fragile était sur le point d’exploser. Il se tenait toujours parfaitement droit. Moi, au contraire, j’étais avachi sur ma chaise, pas encore remis tout à fait des drogues qui m’avaient été injectées. Ma tête résonnait, tout mon corps paraissait engourdi. Et je le regardais, lui, droit, fier, grand. Je ne pouvais m’empêcher de noter nos différences. Nombreuses. Trop peut être.

« Bon, ne vous fâchez pas… J’peux très bien vous prouvez que je suis parfaitement en état de partir.
-Ah ? Et comment ?
-Ben… J’sais pas, lancez moi un défi.
-Très bien. Cher Otarin, tu vas combattre un de mes hommes, si tu réussis…
-Vous me couvrirez d’or…
-Non ! Je te laisserais partir. Mais si tu échoues !
-Vous me jetterez aux crocodiles… !
-Non !
-Ah ?
-Tu auras droit à un traitement de faveur…
-Et quitte à me faire bousiller, j’ai le droit de choisir mon adversaire ?
-Bien…
-Je veux vous combattre vous… »

Le kounin me regarda. Un air de nouveau plus calme sur le visage. Plus agressif aussi. Brrr… Mais pourquoi j’ai dit ça moi ? Merde. Et il allait me prendre au mot l’imbécile. Putain fuck, je dirais...

« Très bien… Je t’accorde dix minutes de mon temps. Tout à l’heure, avec public pour que tout le monde puisse te cracher au visage.
-Ou pense à choisir un Kounin plus compétent, qui sait…
-Effronté… Gardes ! Qu’on vienne le chercher. »

Sadaharu fit ses recommandations aux gardes. J’avais le droit à tout ce que je voulais jusqu’au combat, sauf de l’alcool. Sympathique comme limites. Malheureusement, j’étais singé tout le temps par les deux gardes et je n’avais pas vraiment les mouvements libres. Ainsi arriva l’heure du combat sans que j’aie pu me défouler une seule seconde. Pas grave. Je ferais sans. La foule avait déjà été prévenue et plus d’une centaine de personnes étaient présentes. Sadaharu arriva pile à l’heure. Et il voulut commencer dans les plus brefs délais…

« Bon, ce combat ne durera pas plus de dix minutes, même s’il n’y a pas de vainqueur.
-Ça me va. De toute façons, dix minutes devraient vous suffire, non ? Fis je moqueur. »

Il ne répondit pas et sortit son fleuret. Il n’avait pas l’intention de perdre du temps et il passa à l’attaque avant même que je n’aie fini de sortir mon épée. Je parvins tout de même à parer son coup mais la flexibilité de son arme me déconcerta. Sa lame partait vite et observait des courbes inhabituelles à l’épée. En tant que novice dans cet art, j’anticipais très mal les mouvements irréguliers du fleuret. Je regardais Jupneï dans les yeux. Lui ne bronchait pas, totalement obnubilé par son combat. Grâce à mon œil, je parvenais à chaque fois à esquiver ou parer ses coups, mais toujours à la dernière seconde ; il était extrêmement habile et rapide.

« Okay, je… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’il accéléra un peu ses mouvements et me taillada la hanche. Bien qu’elle soit souple, sa lame n’en était pas moins aiguisée. À plusieurs reprises, il me toucha, me blessant jusqu’aux bras. Je finis par lâcher mon arme, me retenant de hurler de douleur. Dans un dernier élan, j’essayais de l’esquiver une dernière fois en plongeant sur le côté mais la douleur aux bras et aux jambes était vive et m’empêchais de me mouvoir correctement. Pour achever le combat, le Kounin m’ouvrit l’abdomen d’où mes intestins sortirent d’un coup puis ramassa ma propre arme tombée à terre et me la planta dans les côtes, juste au niveau du cœur.

« Voilà ce qui arrive aux imprudents qui affrontent plus forts qu’eux… Souffla-t-il, me laissant à mon agonie. »


Dernière édition par Otarin le 24/7/2011, 20:59, édité 1 fois
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Message par Otarin 24/7/2011, 20:59

« Choûjo, occupes toi de lui !
-À vos ordres mon colonel…
-Tu le réveilles et tu me le mets sur pieds pour ce soir. »

Lorsque son supérieur ronchon et patibulaire sortit enfin de la pièce, le jeune homme qui répondait au nom de Choûjo attrapa le corps à terre par les pieds et le traîna sur une dizaine de mètres avant de l’adosser contre un mur. Ses muscles étaient tendus à l’extrême et des gouttes de sueur perlaient sur son front. À la vue de sa carrure, on pouvait aisément comprendre à quel point il pouvait être épuisant pour lui de balader le corps. On aurait dit une brindille, aussi frêle que petit, avec la peau sur les os, le visage émacié. Il attrapa un seau posé à portée et en jeta son contenu sur l’homme assoupi.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH ! C’est gelé !!!!!!!
-Le but était de vous réveiller monseigneur !
-Ne m’insulte pas graine de tournesol, je suis juunin !
-Désolé…
-Bon, où est la sortie ? Demanda la jeune homme blond trempé jusqu’aux os.
-Ce bâtiment n’a pas de sortie mons… monsieur le juunin. Le renseigna le garçon d’un ton neutre.
-Comment y suis je entré ? Et appelle moi Otarin gamin. C’est quoi ton nom ?
-Vous êtes entré parce qu’il le fallait, monsieur Otarin, et pour vous je me nomme 60.
-Bien Soassante, fais moi sortir.
-Je ne peux pas. Et vous devez être sur pied d’ici ce soir.
-Nous sommes seuls dans ce bâtiment ?
-Non, près de cent personnes logent ici dont plus de la moitié font partie du personnel.
-Et je suis ?
-Un malade… Votre guérison ne sera pas longue.
-L’autorité…
-Le colonel dirige cet endroit, le coupa le garçon, mais il doit être absent, ou indisponible.
-Que faut il que je fasse ?
-Rien… »

Le garçon regarda Otarin dans les yeux pendant un moment. Le Juunin, perturbé par son regard, déglutit. 60 lui faisait penser à une coquille vide. Il s’assit par terre en attendant. La pièce était toute blanche, géométrique. Mis à part le seau qui avait permis de le réveiller, il n’y avait aucun objet. Aucune ouverture non plus mis à part une porte close qui n’avait pas de poignée de ce côté.

« Alors ?
-Qu’y a-t-il ?
-Qu’est ce qui va se passer ?
-Rien… Il faut attendre.
-Combien de temps ?
-Le temps qu’il faudra.
-Je suis mort, c’est ça ?
-Non, entre la vie et la mort seulement.
-Ah… La raison ? Un coup de sabre dans le cœur ?
-Non, la raison c’est l’alcool.
-L’alcool ? Ça m’étonnerait.
-Il suffirait que vous ingériez une seule goutte d’alcool et vous succomberiez.
-C’est si grave que ça ?
-Ce n’est pas grave. La mort n’est jamais grave… »

Otarin était troublé. Les paroles de 60 faisaient écho dans sa tête. Toute sa fougue des dernières journées, notamment lors du combat contre le Kounin, l’avait quitté. Il ne ressentait plus aucune excitation et, alors qu’il aurait tenté par tous les moyens de quitter cet endroit en temps habituel, il posait ses questions et attendait les réponses calmement. Peut être 60 disait il vrai. Peut être l’alcool rongeait-il le juunin sans qu’il s’en aperçoive. Il fallait qu’il en soit sûr.

« Si je vous demandais une goutte d’alcool, vous m’en donneriez ? J’ai soif.
-Le message n’a pas suffi ? Bien, je vais en chercher. Mais, essayez de vous mettre à un endroit convenable où l’on peut déplacer le corps facilement, ce sera plus aisé pour nous. »

Le Rekaishi regarda le bonhomme qui s’en allait lui chercher ce qu’il voulait. S’il acceptait c’était que ses menaces n’étaient pas réelles. Otarin s’en trouva rassuré. Il n’aurait pas bu le verre si il avait fallu que ce soit lui qui aille le prendre. Mais, ses craintes dissipées, il attendait le liquide.

Au bout d’un certain temps, un homme à forte carrure fit irruption dans la pièce. Celui-ci avait l’air assez grognon et il n’avait pas l’air très ouvert. Il se pencha au dessus d’Otarin et examina le juunin assis là en tailleur. Il fronça les sourcils mais n’ouvrit pas la bouche. Une moue dubitative se dessina sur son visage, déjà marqué par les années. Il devait avoir la cinquantaine ; ses cheveux poivre et sel et ses quelques rides les démontraient d’ailleurs. Au bout d’un moment il ouvrit la bouche pour prononcer un seul et unique mot :

« Pourquoi ?
-L’idée du risque sans doute. Et puis, si je risquais vraiment ma vie on ne m’en donnerais pas. Le Kounin ne voudrait sûrement pas éliminer l’un de ses soldats. Surtout par les temps qui courent.
-C’est bien, tu es intelligent. Je suis le colonel en poste ici. Dans cet endroit tout le monde est à mes ordres. Tiens. »

Il lui tendit le verre qui semblait rempli d’un délicieux nectar. Otarin huma le breuvage pour s’apercevoir que c’était une bière parfumée à la rose. Il en avait déjà goûté et gardait un souvenir très agréable de la boisson. Le taux d’alcool ne devait, en plus, pas être très élevé. Il attrapa le verre à deux mains, le portant jusqu’à sa bouche sous l’œil attentif du colonel qui s’était relevé. Il trempa ses lèvres. Rien ne se passa. Il bu une gorgée et, comme pris d’épilepsie, il s’effondra par terre en tremblant. Pour la deuxième fois en très peu de temps -après s’être reçu une lame dans le torse- il mourait.

***

« Youhou ! Du bateau ! »

Que se passait-il ? La mort n’était pas la chose la plus agréable qui soit ? Apparemment pas ; un bonhomme qu’il ne voyait guère correctement à cause d’un voile de buée qui recouvrait ses yeux lui hurlait -comme s’il avait souhaité le réveiller- des paroles qui lui faisaient mal à la tête. Il avait déjà une migraine d’enfer, mais l’abruti lui cassait les oreilles. Otarin ne bougea pas, trop éreinté par l’épreuve qu’il venait de passer. Il écouta un peu.

« Désolé, il est sorti du Kagami mais ça doit être le contrecoup de la mort. Il doit avoir les yeux embués et les oreilles qui bourdonnent en plus d’un violent mal de crâne. Malgré le fait qu’il n’y soit resté que cinq minute, il a l’impression d’y avoir séjourné une journée entière. »

Ainsi donc, il était réellement mort ? Qu’est ce qu’était qu’un Kagami ? La cellule dans laquelle il se trouvait ? En entendant la voix de l’interlocuteur de celui qui tentait de le relever, Otarin cilla. Le doute le travaillant, il tenta de toutes ses forces d’ouvrir les yeux et de s’asseoir. Quand, enfin, il fut posé sur son séant, le jeune juunin regarda les deux hommes qui l’encadraient. L’un était Jupneï Sadaharu, Kounin dirigeant la section Chikarate de Narasu, l’autre, le colonel, chef du « Kagami » -l’antre dans laquelle il avait été enfermé.

« Que… Que s’est il passé ?
-Et bien, vous étiez agité dans votre sommeil alors nous sommes venus voir, lui expliqua le colonel.
-Alors je ne suis pas mort ?
-Mort ? Non, mais votre alcoolémie pourrait bien avoir raison de vous… »

Ainsi il avait donc rêvé. Le « Kagami » n’était sans doute qu’une autre invention de son esprit. Ou bien, le songe qui venait de se produire dans son crâne était prémonitoire. Comment aurait il pu inventer le colonel sinon ? Le doute fit naître une boule d’angoisse dans la gorge.

« J’étais en train de venir vous chercher pour vous emmener en un lieu sécurisé, lui signala le colonel.
-Ah, vous étiez venu me chercher, pourquoi ?
-Et bien, ton taux d’alcoolémie étant anormalement élevé, une seule goutte d’alcool te ferait succomber. Je suis là pour te soigner.
-Et me confier à Soassante ?
-Oui, comment le sais tu ? Fit il d’un air faussement étonné.
-Et bien, le cauchemar qui m’a « agité » dans mon sommeil, ben, vous y étiez ainsi que Soassante.
-Ah… Prémonition… Mauvais ça. »

Otarin regarda successivement le colonel puis le Kounin. Tous deux avaient l’air très sérieux. Otarin se leva complètement, s’étira un peu et bailla un coup. Sa tête lui faisait moins mal et il regarda dans les yeux le colonel.

« Et bien, ce message du futur m’a suffit je pense. Je ne tenterais pas par deux fois l’expérience. Ma résolution est prise… »

Sur ce, il tourna la tête vers le Kounin et lui dit :

« Vous aviez raison, l’alcool m’a détruit, je vous dois la vie à tous deux. Je ne boirais plus une seule goutte d’alcool.
-Bien… Otarin ?
-Oui ?
-Viens avec moi dans mon bureau, fit le Kounin.
-D’accord, monsieur.
-C’est bien, au moins, tes manières sont un peu plus courtoises. »

Il se tut et sortit de l’étrange salle dans laquelle Otarin avait fait son cauchemar. Le colonel les regarda partir. Lui savait que ce n’était pas un rêve aussi bien que le Kounin. Lui, Gôta Nasu, maître Kagamiste de Chikara avait envoyé l’esprit d’Otarin dans son monde virtuel pour y insérer une idée. L’idée que l’alcool était mortel…

Otarin se fondit dans les pas de Sadaharu, comme s’il était son modèle, l’homme qu’il devait imiter en toutes circonstances. Ses yeux -malgré la fatigue- brillaient en contemplant le Kounin qui venait de le « sauver ». Lorsqu’il entra dans son bureau, il sentit une fois de plus l’atmosphère sérieuse qui y régnait. Jupneï Sadaharu prit place dans le siège à l’apparence inconfortable et intima d’un regard le juunin à s’asseoir. Ce dernier prit place dans un fauteuil légèrement plus décontracté que celui de son interlocuteur qui était dépourvu de matelassure. Le dirigeant de la section Chikarate de Narasu prit alors la parole :

« Bon, Otarin, je crois que tu as compris le message ?
-Oui, maître.
-Je comprends que tu veuilles te faire pardonner de ton attitude lors de notre dernière discussion mais… Le « maître » est de trop.
-Pardon. Je veux dire, pardonnez moi. Pour mon attitude de la dernière fois.
-C’est mieux ainsi. As tu des questions ?
-Oui. Comment se fait il que je ne soit pas mort lorsque vous m’avez transpercé le cœur ?
-Et bien, c’est un peu difficile. C’était un Genjutsu.
-Alors vous n’aviez pas tenu…
-Ma promesse ? Bien sur que si, je t’ai accordé tes dix minutes, puisque c’est le temps qu’il m’a fallu pour concevoir cette illusion.
-Ah… Mais, je ne comprends pas… Vous n’étiez pas là ?
-Non, au départ ce n’était qu’un hologramme puis, dès lors qu’il t’a touché, la deuxième partie de l’illusion s’est activée. Un genjutsu mental qui te faisait croire que tu menais réellement ton combat. Mais l’illusion était exagérément douée par rapport à mes réelles capacités d’escrime. »

À ces mots, le Kounin esquissa le premier sourire qu’Otarin eut pu voir de lui. Il pouvait être chaleureux quand il voulait. Toutefois, il reprit rapidement son visage impassible et repris la conversation.

« Donc, le coup dans le torse a été infligé à ton esprit. D’où ton passage dans les pommes…
-Je comprends mieux. Que vouliez vous savoir en me menant ici ?
-Ce que tu comptais faire en sortant.
-Et bien, peut être m’entraîner pour atteindre votre niveau.
-Pas d’alcool donc ? J’ai bien fait de te réserver un sort à ta mesure plutôt que de m’énerver dès ta première insolence. J’aurais toutefois à te confier une mission. Mais bon, reviens dans une semaine et ce sera bon.
-Merci. »

Sur ce Otarin se leva, salua son nouveau modèle et repartit s’entraîner. L’alcool étant désormais sorti de sa pénible vie.
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Message par Kentaro 27/7/2011, 21:58

Keizo Wakebe attrapa à toute vitesse divers feuillets qu’il enfourna précipitamment dans une petite sacoche, avant de foncer jusqu’à la bibliothèque de son bureau et de tirer le faux livre qui ouvrait un passage secret dans le mur. Cette option était une idée un peu saugrenue de son architecte, mais elle lui avait plu à l’époque où il avait fait rénové ce bâtiment. Il n’aurait jamais douté devoir s’en servir un jour pour s’enfuir !
Mais les bruits de combat étouffés qui provenaient du salon principale et de l’antichambre qui accédait à son bureau lui soufflaient que c’était le moment ou jamais.

D’un geste, le petit négociant replet fit signe à son garde du corps de le suivre, et tous deux s’engouffrèrent dans le couloir. Dans un chuintement sec, la portion de mur se referma derrière eux, ne laissant aucune trace de leur passage.

Keizo souffla un peu, se sentant davantage en sécurité. Son esprit fébrile tenta d’analyser la situation : qui était suffisamment dingue pour lancer un assaut en plein jour chez lui ? Ses rivaux n’étaient pas fous à ce point là, ses clients n’avaient aucune raison de lui en vouloir et ses fournisseurs n’avaient pas de raisons d’être mécontents. Ne restait donc plus logiquement que ces fous furieux de ninjas. Pas étonnant que ses gardes se fassent balayer…

Tandis que le duo trottinait lestement, un craquement de mauvais augure retentit devant eux. Et sous les yeux éberlués de l’homme d’affaire, le mur sur sa droite se fendit, tandis qu’un de ses gardes passait au travers, la tête la première, propulsé par un pied rageur en pleine figure.
Ledit pied appartenait à un jeune homme blond, qui se tenait dans l’encadrement du trou. Sa veste furieusement colorée était déchirée et coupée en de multiples endroits, et de petits filets de sang coulaient ci et là d’entailles qu’il avait encaissé au cours de sa rixe contre les gardes. Mais cela ne semblait nullement le gêner.

Kentaro pénétra dans le couloir secret en maugréant contre ces murs en toc qui ne tenaient pas le coup quand on balançait quelqu’un dessus, puis s’aperçut qu’il n’était pas tout seul.

« Tiens, tiens, mais ça ne serait pas le petit Wakebe, par hasard ?
_ Que… heu… Je… Non ! Non, pas du tout, il y a erreur sur la personne, tenta Keizo. Je suis son comptable. Mr Wakebe est dans son bureau, j’en sors tout juste.
_ Te fous pas de ma gueule, maugréa le médecin. J’ai vu ta photo. »

Keizo se décomposa. Kiritsu était venu pour lui. Spécifiquement.
Il était foutu.

Dans un grognement, son fidèle mercenaire s’élança sur le genin imprudent, bien décidé à le trancher en deux d’un coup de batto. Il n’eut malheureusement pas le loisir de dégainer son sabre, puisque la poigne d’acier du jeune médecin se referma sur son avant-bras, interrompant net son mouvement et le forçant à rengainer son arme.

« Toi, si t’as deux sous de bon sens, tu fais demi-tour et tu ne demandes pas ton reste. » Prévint Kentaro avant de le lâcher en le repoussant de quelques pas.

Le garde du corps se fit tout petit et Kentaro reporta son attention sur le négociant.

« Figure-toi que je te cherchais. Je… »

Le genin n’eût pas le temps de finir sa phrase car le garde du corps lança une attaque surprise. Kentaro attrapa en vol le bras de son assaillant avec son bras opposé, plaqua le coude sur sa hanche tout en s’enroulant sur l’extérieur, forçant le type à tourner et passer devant lui ou à se briser le bras. Lorsque le garde arriva à sa hauteur, le bras libre du médecin lui asséna un puissant direct dans la face, avant de poursuivre sa course et de lui encastrer la tête dans la cloison en bois.

« Tsss… Le bon sens se fait rare de nos jours. » Commenta le médecin.

Keizo, estomaqué, regarda successivement son fidèle garde du corps –son meilleurs combattant – encastré dans le mur et Kentaro, qui l’avait dégommé sans trop se fouler. Ça sentait le roussi… Il ne lui restait plus qu’une seule solution.

Keizo se jeta à genoux aux pieds de Kentaro et se répandit en pleurs, l’implorant de l’épargner et lui promettant de lui donner tout ce qu’il voulait.

« M’enfin ? Hé, relax ! Je ne veux pas tout ce que tu possède, je veux juste un truc en particulier, expliqua Kentaro. Pis lâche ma jambe ou tu vas te la manger dans les dents. Allez, on retourne à ton bureau, ‘faut qu’on discute. »

Le jeune homme raccompagna le négociant jusque dans son cabinet et le laissa s’installer à son bureau. Lui-même prit place dans l’un des sièges en face, puis il tira un dossier de sa besace et le laissa tomber sur le bureau.

« J’ai besoin d’un foie répondant à ces caractéristiques, annonça Kentaro. Et j’en ai besoin maintenant.
_ Voyons, bredouilla Keizo, je ne suis qu’un humble vendeur de porcelaines et…
_ Et mon poing dans la gueule si tu continues ! L’intimida derechef le jeune homme. Je sais de source sûre que tu verses dans le trafic d’organes. Donc un foie, maintenant. Sinon je tape.
_ D’accord, d’accord, céda immédiatement le petit négociant. Ne nous énervons pas, je suis sûr qu’on peut s’entendre. J’ai un très vaste choix de foie, pour tous les prix, qui…
_ Je crois qu’on ne s’est pas bien compris, là. Je ne viens pas acheter un foie, je viens prendre un foie, expliqua le médecin. Et je ne suis pas un acheteur crédule que tu peux embobiner avec tes boniments, je suis un médecin à la recherche d’un produit bien précis répondant à des critères particuliers.
« Si je me suis tourné vers toi, c’est parce que je pense que je peux te faire confiance, puisque tu fais montre d’une certaine "éthique" dans la pratique de ton trafic. Par ailleurs, tu emploies des ersatz de médecins un tant soit peu dégourdis, gage de qualité. Et ils sont parfaitement à même de vérifier les caractéristiques que je recherche.
« Comprends moi-bien, reprit le genin en se penchant en avant. Si j’ai fermé les yeux sur ta petite histoire, ce n’est pas par bonté d’âme mais uniquement parce que je pressentais que ton manège pourrait me servir pour les cas d‘urgences. Dis-moi que j’ai eu raison… ça serait dommage qu’on convienne que ne pas te dénoncer aux autorités ait été inutile, pas vrai ?
_ Non, non, non ! Assura Keizo. Je suis sûr qu’on peut s’arranger… Ne vous inquiétez pas, votre bon Keizo s’occupe de tout. Il vous faut ça pour quand ?
_ Dans une heure.
_ Une heure ! Mais…
_ Je sais que tu possèdes des stocks, souligna Kentaro. Alors on ne chipote pas, c’est une heure. Et je ne suis pas du genre patient. »

Keizo capitula derechef. Outre qu’il ne tenait pas à provoquer un accès de violence chez son interlocuteur – sa veulerie était l’une des clefs de sa longévité dans ce milieu – ce type était visiblement particulièrement bien renseigné sur ses activités. Trop bien même. D’une façon ou d’une autre, ce n’était pas une bonne idée de se le mettre à dos. Le négociant prit connaissance du dossier et appela un serviteur…

Kentaro se cala plus confortablement dans son siège et attendit. Il avait pris connaissance du cas de Keizo quelques semaines plus tôt : Nobunaga avait envoyé plusieurs Goishi – ses agents de confiances au sein des forces de Mahou – dans la ville et ceux-ci avait commencé à fouiner à droite à gauche pour tenter de trouver une trace de Yoshimitsu ou d’Akio. Dans une ville comme Arasu, ils avaient mis à jour déjà plusieurs trucs pas très honnête, et Kentaro avait accès à la plupart des dossiers. La majorité n’aboutissait pas à grand-chose d’utile, mais dans le tas, Kentaro avait découvert une ou deux pépites comme Keizo.
L’homme pratiquait le trafic d’organe, et pas en quantité artisanale. C’est ce qui avait mis la puce à l’oreille du Goishi et l’avait poussé à rechercher de plus amples informations. Dans la pratique, il s’avérait que Keizo possédait une équipe de pseudo-médecins qui s’y connaissaient en opération, et les organes étaient récupérés dans d’excellentes conditions. En outre, l’écrasante majorité des donneurs étaient consentant – dans le cadre de prélèvement bénin – ou bien le don était consenti par la famille, contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Bien évidemment, les hommes de Keizo prenaient énormément de latitude avec les conditions de décès permettant d’ordinaire de prélever des organes, de même pour la durée standard de conservation : mais ils avaient un job à faire tourner. Après tout, tant que l’organe semblait encore fonctionner, c’était le principal.
Bien entendu, ils aidaient aussi à faire "disparaître" les preuves en s’occupant de cadavres, mais ces cas-là étaient tout de même minoritaires. De fait, même si en théorie, tout ceci était complètement hors-la-loi, dans la pratique, comparé à bon nombre d’usage en vigueur dans la ville du crime, à moins d’un gros scandale, il était peu probable que Keizo soit inquiété si Kiristu venait à découvrir ses activités : ils avaient d’autres chats nettement plus importants à fouetter.
Kentaro avait donc conservé cette adresse dans un coin de sa tête, celle-ci pouvant servir de stock d’urgence pour l’hôpital en cas de coups durs.
Et avec raison, puisqu’aujourd’hui, il en avait besoin.

Trois quart d’heures plus tard, Kentaro prenait réception de son colis dans une petite glacière, après avoir vérifié l’état général de l’organe. En milieu hospitalier, un foie n’est conservé qu’entre 12 à 18 heures, et considéré comme impropre à une greffe au-delà. Celui-ci se situait "au-delà" mais semblait toujours en bon état. Bien sûr, il restait le risque que Keizo se soit payé sa gueule en lui refourguant du toc, mais le jeune médecin avait écarté cette hypothèse : il cernait suffisamment le vieil homme pour être certain qu’il avait trop peur de s’attirer son ire vengeresse.

Le médecin remercia dûment Keizo et quitta le bureau. Il traversa l’antichambre et rejoignit le salon, où se tenaient dans un coin la demi-douzaines de gardes du négociant. Ceux-ci, salement amochés, jetaient des regards craintifs à un autre homme vêtu d’amples atours gris, situé à l’angle opposé de la pièce. Tout comme le médecin, ses vêtements avait été tailladés plusieurs fois, et lui aussi arborait quelques bobos ci et là, mais il était en bien meilleur état que les gardes, qu’il surveillait avec un sourire retors en faisant tournoyer sa massue cloutée par la lanière.
L’homme héla Kentaro lorsqu’il arriva.

« C’est bon ?
_ Aucun soucis de mon côté, Neiji. Et toi ?
_ Ils ont été bien sage comme des images… Dommage.
_ Tu t’attendais à quoi après la dérouillée que tu leur as mise ? En tout cas, on a ce qu’on veut, allons-y. »

Les deux jeunes gens quittèrent le salon, empruntèrent un escalier et débouchèrent dans le magasin de porcelaine qui servait de couverture aux activités de Keizo. Celle-ci donnait sur l’une des innombrables petites rues annexes de la périphérie du Gyosei Machi –Keizo avait plutôt opté pour la sécurité en s’installant dans ce quartier.
Le duo s’inséra dans la file des badauds et progressa vers le Nord, quittant le Gyosei Machi. Ils continuèrent jusqu’au cœur de l’ancien territoire des Yomi, jusqu’à arriver devant un petit hôtel miteux des bas-quartiers du secteur.

Kentaro et Neiji entrèrent, sans le moindre regard pour les quelques hommes en armes qui ponctuaient le hall d’accueil. Malgré leur mine patibulaire, tous étaient tirés à quatre épingles, et auraient pu tout aussi bien porter des pancartes « Hommes de main de la mafia » tant c’était évident. Le médecin et son acolyte passèrent à l’étage, où la sécurité était encore renforcée, et se dirigèrent sans hésitation vers l’une des chambres.

Kentaro entra et posa sa glacière sur un petit guéridon, avant de s’approcher de l’homme étendu sur le lit. La cinquantaine, les cheveux gris et le visage dur, Sotaro, l’un des boss les plus influents du secteur nord, semblait paisiblement endormi. Ce qui était uniquement du aux innombrables aiguilles qui recouvrait son torse et une partie de son cou.
Son teint jaunâtre trahissait la grave défaillance hépatique qui le minait.

« Je m’occupe du reste, Neiji. Tu peux attendre dehors.
_ Mais… hésita le second de Sotaro.
_ Roooh, c’est bon, fit Kentaro. Si je voulais sa mort, il m’aurait suffi de refuser de le soigner. Le lit prend déjà plein de place, je n’ai pas envie que tu restes dans mes jambes et me gêne en occupant le peu d’espace qui me reste.
_ Très bien, obtempéra Neiji. Combien de temps ça va prendre ?
_ Une bonne demi-heure, je pense… » Répondit distraitement Kentaro, déjà concentré sur sa tâche.

Le médecin posa une pochette de cuir sur une table basse et la déroula d’un geste, révélant l’ensemble de ses instruments d’opérations. Il s’assura qu’on avait suivi ses directives concernant l’eau et les bandages, puis il planta ses quatre piques surmontés de pompons rouge et jaune aux quatre coins de la pièce, et, après plusieurs dizaines de mudras, activa son Mukin Kuiki (« Aire Stérile »). Un léger grésillement et une vague odore d’ozone lui apprirent que les lieux étaient aseptisés.
La transplantation pouvait commencer…

*
* *

Sotaro émit un grognement et cligna plusieurs fois des yeux. Kentaro quitta le siège où il se morfondait et s’approcha du boss avant d’effectuer quelques vérifications de routine, pour la forme – l’opération s’était bien passée et il avait déjà fait des vérifications préliminaires lorsque son patient était encore inconscient. L’homme était en pleine forme, et son nouveau foie semblait fonctionner. Son seul risque était maintenant un rejet de la greffe, mais le médecin estimait la chose peu probable : le foie était compatible, et le traitement immunosuppresseur devrait juguler le système immunitaire juste ce qu’il faut pour éviter qu’il n’entre en conflit avec le nouvel organe.

« Bien, bien, bien, annonça Kentaro à son patient. Votre état est correct, la suite devrait bien se passer. Une fois que vous serez rentré chez vous, repos absolu pour quelques jours. J’ai refilé à Neiji toutes les recommandations qu’il doit vous faire suivre, même contre votre gré, alors vous l’écouterez bien sagement si vous voulez vivre.
« Pour le reste, comme je vous l’avais dit, vous devrez suivre un traitement pour le restant de votre vie. Et que pour les choses soient bien clair : ce traitement est vital, vous ne badinez pas avec ! Parce que si ça déraille, vous n’aurez pas de secondes chances !
« Et intégrer un médecin à votre cercle rapproché, ajouta le genin après une courte réflexion. Y’a des limites à la paranoïa : si vous aviez pu être pris en charge avant que ça ne s’aggrave, vous auriez pu conserver votre foie. »

Kentaro termina son sermon, attrapa ses affaires, et se dirigea vers la porte, estimant son boulot terminé.

« Un instant, émit Sotaro. J’ai une question, docteur Satokira
_ J’écoute, fit le médecin en se retournant.
_ Vous savez qui je suis ?
_ Un patient en pleine convalescence, répondit le médecin du tac-au-tac.
_ Je suis Sotaro Mogami, l’un des piliers de la mafia du secteur Yomi, expliqua l’homme. Je suis à la tête d’une pyramide tentaculaire plus ou moins liée d’une façon ou d’une autre à tous les trafics qui ont lieu dans le coin…
_ Mais pas dans le trafic d’organes, visiblement… à moins que vous n’ayez pas confiance en vos propres produits, évidemment… Rétorqua Kentaro, nullement impressionné : Neiji lui avait vendu la mèche dès le départ.
_ Ce que je veux dire, c’est que le Kiritsu ferait tout pour s’offrir ma tête. Et vous, vous débarquez comme une fleur pour me soigner dans la plus parfaite illégalité. Je ne comprends pas. Pourquoi ?
_ Parce que Neiji m’a fait part de votre cas ? Proposa le médecin.
_ Donc un parfait inconnu se présente à vous et vous demande de l’aide, vous accourrez sans vous poser de questions ?
_ J’ai déjà eu à m’occuper de Neiji, y’a deux ans, dévia Kentaro. Le bougre s’était tailladé le bras jusqu’à l’os en s’entraînant au katana. A l’époque, je lui avais vivement conseillé de changer d’arme, vu comment il était empoté. J’ai donc été agréablement surpris de le voir maintenant avec un casse-tête plutôt qu’un sabre. Les patients réceptifs ne sont pas monnaie courante – bien entendu, si j’avais su ce qu’il deviendrait, j’en aurai profité pour aussi lui conseiller de ne pas tenter une carrière dans la mafia… M’enfin c’est un grand garçon, il fait ses choix librement. – Toujours est-il que lorsqu’il est venu me voir, l’absence de katana m’a mis dans de bonne disposition, donc j’ai écouté ce qu’il avait à me dire, tout simplement. Et une fois qu’il m’a dit qu’il avait besoin de moi pour soigner quelqu’un…
_ Mais il ne vous a pas caché qui j’étais, n’est-ce pas ? Alors pourquoi avoir agit ainsi ? Qu’est-ce que vous espérez y gagner ? » Insista le boss.

Kentaro soupira, voyant où l’homme voulait en venir. Il croisa les bras puis s’adossa au mur.

« Je vais vous raconter une petite histoire, décida le médecin. Rassurez-vous, ce sera la version courte.
« Kamatari Satokira est l’une de nos légendes familiales : il a été l’un des premiers médecins Satokira a devenir shinobi et exercer en tant que shinobi-médecin. Un beau jour, en mission, Kamatari tombe inopinément sur une bande de brigands dépenaillés et en vilain état. En vertu de son Serment, Kamatari prend donc le temps de les remettre sur pied, notamment le chef brigand qui était aux portes de la mort. Puis il poursuit son chemin.
« Les années passent, et nous retrouvons Kamatari encore en mission quelque part dans le Yuukan. Cette fois-ci, l’heure est bien plus grave : il doit arriver en renfort à un petit village de paysans quelconque avant que celui-ci ne soit dévasté par un fort parti de shinobi ennemis. Seulement, à cause de maintes péripéties, l’escouade de Kamatari a pris du retard et ils n’arriveront jamais à temps, il le sait.
« Lorsqu’ils arrivent, Kamatari et les siens pensent ne trouver qu’un village en flamme, complètement annihilé. Mais ce n’est pas le cas : on se bat, dans le village, et les shinobis ennemis rencontrent une farouche résistance tandis qu’une foule d’hommes armés luttent becs et ongles pour les repousser. L’arrivée des ninjas Mahousards donne un tournant décisif à la bataille, et l’ennemi est promptement chasser.
« Bien évidemment, la foule d’hommes en arme qui a aidé le village avant l’arrivé des Mahousards, c’est la bande de fieffés gredins que Kamatari avait sauvé quelques années tantôt. Acculés par les vagues de shinobi qui déferlaient dans les environs, ils s’étaient repliés sur le village, plus facile à défendre, et avaient, par la même occasion, sauvé les pauvres villageois vulnérables.
_ Moralité, compléta Sotaro, un bienfait n’est jamais perdu. Et en agissant avec générosité et abnégation envers moi, vous espérez que je finirai par agir pour le bien ?
_ Nan, réfuta Kentaro. Ça c’est la morale pour gamin, le concept de la carotte : soyez bons et généreux envers les autres et vous serez récompensé tôt ou tard. A votre âge, je vous pensais moins naïf, quand même… J’aurai pu vu donner la version où les brigands pillaient le village et massacraient la populace, ç’aurait rien changé. Mais elle est moins populaire, ‘faut admettre…
_ Alors quoi ?
_ Alors moralité : un médecin sauve des gens, asséna le genin. Peu importe leur passif, peu importe leurs exactions futurs, peu importe leur nature ou leur identité. Un médecin sauve des vies, et c’est tout. Je me fiche donc pas mal de qui vous êtes : vous aviez besoin de soins et je vous les ai prodigué.
« Lorsqu’un type nous arrive aux urgences, couvert de sang et à deux doigts d’y rester, on ne se pose pas la question de savoir si c’est un criminel ou pas, s’il mérite d’être sauvé ou pas, et si c’est utile de le faire au regard de ce qu’il pourra accomplir plus tard. On doit le faire et on le fait, sans se poser de questions. C’est donc complètement hypocrite de raisonner autrement dès lors qu’on connaît l’identité ou la nature du patient.
« Je n’ai pas agi par sympathie, parce que j’espère en tirer quelque chose ou parce que je cautionne vos actions. Je l’ai fait parce que j’estimais que je le devais. Pour le reste, je m’en fous, c’est votre vie, c’est vous qui décidez de ce que vous en faites ; et si ça doit m’opposer à vous ou Neiji dans le cadre d’une mission du Kiritsu, je vous fracasserai la tête sans la moindre arrière-pensée… Vous comprenez ?
_ Je crois. Il y a les individus et les patients, en somme, résuma Sotaro.
_ Exact, opina Kentaro. Autre chose ?
_ Non, je ne pense pas, répondit le boss.
_ Alors je vais y aller... Oh, j’me doute que vous aller déguerpir sitôt que je ne serai plus dans le coin, mais néanmoins, ne vous inquiétez pas, je ne dirai rien de notre entrevue à Kiritsu. Ça évitera qu’ils vous pistent par le biais de votre traitement.
_ Comme c’est gentils… ironisa Sotaro. Mais ne risquez-vous pas gros en omettant de le leur signaler ?
_ Secret médical, rétorqua Kentaro en souriant. Un patient est un patient, peu importe son identité… »
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Message par Oboro 28/7/2011, 11:35

C’était un quartier relativement calme, même quand on le considérait du temps de l’ancienne Arasu. Pas vraiment touristique, mais comme les fonds de commerce du coin étaient nettement moins rentables (et « diversifiés ») que ceux des avenues adjacentes, tous les zigotos entreprenants se dirigeant vers des quartiers un peu plus éloignés. Bon pour le confort, ça.
Du coup, c’était vraiment paisible, ici. On appellerait presque ça un havre de paix dans Narasu. En tout cas, on voudrait en connaître plus, des coins du genre. De là à soupçonner les citadins moyens de protéger et cultiver volontairement ces petites zones de gros pépères, il n’y avait qu’un pas qui était quand même franchement trop bizarre pour que j'arrive à le faire.

Et les artistes itinérants qui imposaient leur présence ici et là avaient le bon goût d’être carrément extras dans leurs domaines, en plus de la chance d’avoir un public friand de divertissements. On leur mettait au moins une note de sept sur dix, et la moyenne était à huit. Tenez, vous voyez ce type, qui jonglait avec des bolas enflammés? Regardez moi ce torse! Et ces pecs qui tressaillent à chaque fois que…

-Obo’, on est pas là pour ça.
-Mais euh… j’admirais le travail, j’admirais le…
-Le travail de mère nature?
-Probablement aussi celui de beaucoup d’heures de muscu’, le défendais-je.
-Ce type, c’est de la gonflette.
-Je sais. Ca reste de la sculpture. T’as vu son dos? Chuis sûre qu’il pourrait quand même tenir dix secondes en bras de fer avec Hisoka.
-Et faut qu’on y aille.
-Ouaip, t’as raison. N’empêche que c’est pas toi qui a des muscles comme ça, hein.
-Mon corps est très bien comme il est, voyons.
-Nwhuhuhu…


Le gensouard se sépara de moi, et entra dans le bar que l'on souhaitait revisiter, un parmi tous ceux que l'on avait écumé depuis ce matin. Il se concentra un instant, et fit de son mieux pour écarter sa bonne humeur, histoire de repasser en mode ninja et pouvoir effectuer sa mission correctement. Et un bon ninja, même genin, ça n'avait aucun mal à laisser traîner ses oreilles dans un bar pour espionner les conversations qu'il souhaitait. Suffisait de ruser un peu pour parvenir à ses fins.

Cela lui rappela un instant un de ses professeurs, à l'académie de gensou. Un type assez sérieux, mais qui comme tout le monde avait ses petits délires personnels. A l'occasion d'un cours particulièrement intéressant, il leur avait affirmé que "les tavernes étaient des champs de fleurs remplis d'informations, que les oreilles d'un ninja devaient apprendre à butiner amoureusement en vue de confectionner le miel de la victoire".

Comme quoi, on sentait bien qu'il était agrégé de ninjutsu et pas de poésie, celui-là.

Et une phrase pareille, même un Illinois ne pouvait pas l'oublier. Akhen en avait quelques autres en tête, mais les laissa de coté pour se concentrer sur les bruits alentours. Repérer qui ne voulait pas être écouté, aussi. Et les curiosités locales, comme ces deux types qu'on avait déjà vu dans plusieurs autres cafés, et qui laissaient vraiment l'impression d'attendre que quelque chose se passe dans le coin. A moins qu'ils ne soient censés être la cause du quelque chose qui arrivera. Des pailles louches qui avaient également attiré l'attention du propriétaire. Celui-ci vint s'asseoir près du genin, lui offrant au passage une boisson en guise de récompense pour le bon prétexte qu'il lui offrait de se rapprocher des deux loubards.

C'était la troisième fois de la journée que nous passions dans ce bar-restaurant, et le gérant, un grand chauve musclé impeccablement vêtu, commençait à bien nous aimer. Suffisamment pour nous avoir montré un peu du linge sale de ses concurrents, en tout cas. Et pour avoir gentiment répondu aux questions des deux artistes de passage que nous étions censés être. Keza nous avait refilé la plus gentille des pistes que ses interrogateurs avaient sifflé.

-Eh bien, qu’est ce que vous dîtes de nos services?, s’enquit finalement Akhen auprès du bonhomme. Le public a l’air satisfait, lui.
-Pas mal du tout, je vous l’accorde. Ca roule un peu moins bien parce qu’ils traînent davanatge sur leurs tables, mais au final ils consomment toujours. Et on en a même qui achètent et vont écouter depuis la fontaine. Vous comptez vous installer, alors? J'ai bien envie de vous prendre quelques débuts de soirée par semaine, si ça vous tente.
-Je ne sais pas... j'ai beau être le manager, je n'ai pas prévu grand chose, pour le moment. On passe déjà quelques jours ici, et après, on verra comment on le sent, pas vrai?
-Je pense bien que vous avez raison. Mieux vaut se faire soi-même une idée de si on peut s'intégrer dans cette ville. Surtout maintenant que les ninjas sont là, c'est beaucoup plus calme. Une bonne chose, mais je ne sais pas si ça va durer.
-Tiens... vous appréciez Kiritsu?
-Je n'ai pas dis ça. Je dis juste que pour l'instant, je n'ai pas à m'en plaindre. Ils n'ont pas encore eu le temps de me poser des problèmes. Après, ce qu'il va ensuite se passer, j'en ai pas la moindre idée.
-Nous venons tout juste d'arriver. Et je ne sais pas vraiment ce que pense ma coéqu... euh, ma camarade. On verra ça tous les deux.
-D'ailleurs, votre amie… elle fait... d’autres services, aussi?
-Euh… c'est bien ce que je pense?
-Je n'en doute pas.
-'Sûr que non, dans ce cas.
-Dommage, dommage. Je connais… un établissement réputé, où ils embauchent justement des artistes. Enfin, des artistes... des filles cultivées, bien sûr. La gérante était bien vue, sous Izanami. Et elle avait une grande influence parmi le linge propre d’Arasu. A tel point que la plupart des dignitaires sont passés sur... enfin, par elle.
-Tiens donc?
-Pas le haut gratin, mais le genre de cadres qui n'ont pas de problèmes. Maintenant, elle a toujours des mécènes pour assurer sa protection, mais ça n'est plus comme avant. M'enfin, pour ce que j'en dis... vous devriez y faire un tour, un jour. Privé ou professionnel, selon. Elles embauchent les filles prudes, même si c'est plus difficile d'obtenir la place. Tant qu’elles sont intelligentes, elles ont leur chance.
-Si vous le dîtes... merci du conseil. Enfin, je ne crois pas trop que ça nous conviendra.
-Vous qui voyez. En tout cas, vous savez où me trouver.

Une fois sa conso en main -et ses oreilles focalisées sur les conversations- Akhen alla se poster devant le bâtiment, sur la terrasse, et accorda un instant son attention à la violoniste qui se produisait actuellement pour le plus grand plaisir des badauds. Une charmante demoiselle à couettes que vous connaissez déjà tous: moi.

Parce que si vous êtes à un endroit où tout le monde vous voit, c'est du coup aussi un bon coin pour épier tout le monde. Je pouvais même circuler entre les tables, et comme je ne leur jouais que des bidules mémorisés à mort, je n'avais aucun mal à prêter attention aux autres.

Ca nous avait pris une vingtaine de minutes pour dégoter l'instrument, choisi à la va vite, et acheté en mêlant mes finances personnelles au budget de la mission. De toute manière, on avait déjà fait une chouette perquisition chez Goudatsu, et même si officiellement Kiritsu ne s’appropriait pas gratuitement les biens des habitants, ça n’empêchait pas les ninjas de faire leurs courses par ci par là au détour d’un ruinage de baraque. Comme ces chacals ne m'accordaient pas le moindre droit sur le butin, je n'allais pas me gêner pour profiter un peu de ma part du budget. Non mais.

Et au passage, concernant Obourrine jouant du violon: mes parents s’étaient dis qu’en plus de la faire taire, la pratique d’un instrument pourrait effectivement permettre à leur adorable petite geigneuse de travailler sa mémoire musculaire, sa perception auditive, et de nombreuses autres qualités qui lui serviraient forcément plus tard (ce qu'il faut pas raconter quand on est môme pour avoir ce qu'on veut, j'vous jure). Résultat, à l’examen genin, j’avais pu aligner les mudras d’un genjutsu bien plus maousse que tout ce à quoi un étudiant pouvait prétendre. Le jury (et en particulier les traditionalistes j’veux-du-jutsu-pyroclastique) avait su apprécier le message et la rapidité d’exécution. Comme quoi, les machines à gagner se fabriquent avec pas grand-chose, finalement.

Mais ça, Akhen n'en avait pas la moindre idée, aussi arrêta-t-il de m'accorder la moindre attention (enflure!) pour la rediriger vers ses environs. Personne ne faisait vraiment attention à lui, ce qui lui permettait donc de se mettre en route.

Et, pour la deuxième fois de la journée, Monsieur l'illusionniste s'introduit discrètement dans l'arrière boutique (qui était située à l'étage, où habitait le gérant) histoire de finir d'éplucher la paperasse du local. Dans cette rue comme ailleurs, y'avait des trucs louches. Et c'est pas parce qu'ici, c'était beaucoup moins bruyant que rien ne se passait. Rien qu'en butinant des infos sur le comptoir d'une pizzeria voisine, Akhen avait appris que... que... attendez.

Que quoi déjà, bordel?

Ca avait un rapport avec la mission en cours. Et la mission... il avait oublié ce que c'était. Il avait la réponse sur le bout de la langue. Mais quand même, ça n'était pas du tout un bon moment pour refaire une hésitation, là.

Il était entré, il devait chercher des infos... mais tout ça pourquoi faire, déjà? Kezashi allait le tuer, ou tout du moins l'éjecter de sa mission, s'il apprenait qu'il avait fait une crise ici. Et Oboro qui ne savait rien allait sûrement se bidonner à mort en apprenant sa déconvenue. Pire encore, plus Akhen réfléchissait, plus il lui semblait oublier des éléments. L'horreur.

Bon, pas trop grave, finit-il par se dire. Il n'avait qu'à fouiner un peu, et si quelque chose lui semblait intéressant, il en parlerait à sa coéquipière qui réagirait sûrement... en espérant qu'il parvienne au moins à s'en souvenir sur le trajet du retour. Y'a des fois où il se demande.
Malgré ça, après quelques minutes durant lesquelles il avait sentit ses entrailles se contracter, le genin se releva de la chaise sur laquelle il ne souvint pas s'être installé, et entreprit ses excavations. Ca n'était pas la mémoire, c'était décidément les nerfs qui flanchaient, chez lui. Ou plus exactement, les deux. Il n'eut heureusement pas à faire usage de chakra, ses discours d'auto-persuasion mêlés à un grand verre d'eau lui ayant en fin de compte permis de garder le cap.

Malgré cela, le genin resta particulièrement dépité lorsqu'il revint à mes cotés, une demi-heure plus tard. Il n'avait rien trouvé... ou peut être qu'il n'avait pas percuté qu'un truc intéressant lui était passé sous le nez. Ca le travaillait de l'intérieur, comme bien souvent. Chose qu'il ne voulait absolument pas montrer, aussi préféra-t-il opter pour l'approche du commentateur sournois. Mon sourire du moment était trop large, après tout. Fallait le dégonfler.

-Mazette! Ca paie super bien, ici. J’devrais faire ça plus souvent quand je suis à sec.
-Tu devrais même laisser tomber l’armée et te reconvertir en artiste errante, tiens. C’est tellement mieux… et on est vraiment crédibles, pour ce type.

Artiste? Oui, ça avait un rapport avec les artistes. Ils étaient nombreux, dans cette rue. Et Akhen avait appris quelque chose qui les concernait. Quelque chose, c'était bien. Savoir quoi, ça serait mieux. L'avait-il dit à sa coéquipière? Malheureusement non, ça il le savait. Ca ne lui avait pas semblé important sur le coup. Mais maintenant...

-Euuh… hiffichilement, hà, répondis-je en ouvrant ma bourse avec les dents.
-On devrait déclarer ces revenus à Kezashi, tiens. Je suis sûr qu’il en profitera pour les récupérer sur ce qu’on a dépensé pour… acheter ton instrument, mettons?
-Eh, oh, la mission a un budget, c’est bien pour qu’on l’utilise, non?
-Je suis pas convaincu qu’il appréciera cette réponse, sourit Akhen qui oubliait partiellement ses problèmes.
-Il n’apprécierait pas qu’on lui souhaite un bon anniversaire, alors bon.
-Quand même pas à ce point.
-Toi tu l’as pas vu bien longtemps, hein?
-J’ai fais une partie de la guerre avec lui.
-Dans ce cas, il t’as à la bonne. Obligé. M’bref. Alors, t’as appris quoi ?
-Euh… rien te concern… enfin, y’a pas de raison que le type m’ait parlé de t… je veux dire, attends.

Un jour, il finirait par en pleurer, quand même. Il était à mi-chemin de laisser sa tare s'exprimer dans toute sa grandeur, et la seule chose qui lui restait en tête, c'était que le gérant lui avait proposé de me vendre à un établissement de geisha plutôt huppé. En plus des phrases débiles de son ancien professeur de ninjutsu. La misère totale, quoi.

-Eh oh, alors?
-Rien du tout, rien du tout. Seulement des trucs pas intéressants, en fin de compte.
-Humrf. Bon, tant pis.
-Désolé.
-Y'a pas de quoi. Tant que tu fais comme tu peux, c'est bon. Nan?
-J'imagine.
-Psch. Essaie d'être convaincant, quand tu mens, au moins. Y'a un truc qui va pas?

C'était inhabituel, pour un ninja de Kiritsu, mais Akhen avait réalisé qu'il lui était plus confortable d'être avec des ninjas d'autres villages. Forcément, quand vous faîtes partie d'un clan joyeusement malmené dont les membres arborent traditionnellement un stigmate visuel, ça la fout mal. Au moins, les genin des autres villages devaient trouver d'autres raisons de ne pas le blairer: et bien heureusement pour lui, je n'en avais pas trouvé.

-Mais non, mais non. On continue ?


*
* *


Et c’est ainsi que, pendant trois jours, je me fis un paquet de flouze en… euh, que nous nous acquittâmes de notre tâche le plus sérieusement du monde. Et pour appuyer ça, on pouvait vous sortir le témoignage du chunin que Kezashieur nous avait assigné la veille, comme si on avait besoin d’être sous la surveillance d’un garde chiourme. Un type sympa, somme toute. Bon sens de l’humour, même s’il ne savait pas prendre les retours de piques. Plus intriguant, deux de ses doigts étaient en fait des prothèses aussi high-tech qu’on pouvait se le permettre (articulés et tout!), et était en permanence accompagné par un quatuor de corbeaux visiblement très bien dressés qui lui obéissaient au doigt et à l’œil (et affectueux comme pas deux: je crois que je commence à bien les aimer, ces oiseaux. Même leurs croassements se faisaient chaleureux quand on les cajolait délicatement). Au final, il estima que nous nous débrouillions très bien dans un environnement à la hauteur de deux genin, et nous souhaita bonne chance pour la suite en retournant à ses affaires.

Le problème, parce qu’il y en a toujours, c’est que même dans un quartier tranquille, il peut toujours vous arriver des emmerdes. Surtout quand tous les saltimbanques du coin font en fait partie d’un même groupe qui n’aime pas la concurrence. Résultat, après que leurs premières demandes particulièrement subtiles, polies et affables nous soient passées largement au dessus du viseur (on était trop occupés à être attentifs, faut dire), ils décidèrent de recourir à des méthodes situées un cran plus haut sur l’échelle de la violence.

Pour cela, leur meilleure opportunité fut encore de nous coincer dans le petit coin de verdure tranquille où nous prenions nos déjeuners. Deux murs et une haie de végétation, ça leur donnait du leste. Avec cinq de leurs plus gros bras pour nous rendre visite (on les avait quand même vu venir, même si ça les avait pas empêchés de chiper le sac de l’Illinois en guise d'intimidation), la conversation n’allait pas durer longtemps. Vu qu’ils firent tout de même semblant de mettre un minimum de diplomatie dans leur démarche, Akhen se chargea de gagner un peu de temps, que je passai à cogiter en catastrophe. Faire appel à la solidarité des locaux, ça n’était qu’une vaste blague à écarter. Espérer tomber sur une patrouille ninja? Elle était passée y’a dix minutes, et avait pris soin de vérifier qu’on allait bien (toujours ces gardes chiourmes... mais jamais là quand il faut, les bougres). Et décamper n’allait pas marcher, vu qu’ils ne me laisseraient sûrement pas le temps de me concentrer ce qu’il faut pour pouvoir grimper aux arbres et enchaîner avec les toits.

Ouais, bin j’aurais bien aimé l’avoir aujourd’hui, le chunin aux doigts de fée.

De son coté, lorsqu’ils lui expliquèrent que me briser un poignet m’empêcherait sûrement de revenir (ça se tient, comme raisonnement), mon coéquipier gensouard se fit tout de suite très protecteur. Et, par pur réflexe, sortit une poignée de shuriken de sa sacoche, sans pour autant les lancer de suite.

Les gars reculèrent un instant, le temps d’évaluer ce qu’ils risquaient à s’en prendre à un -voire deux- ninja.

-Euuuh... Akhen? Je ne peux pas me battre.
-Heing? Mais tu m'as dis que tu cartonnais au corps à corps. C'est le moment!
-Je n'ai pas mes armes, là. Je te les ai données, tu te souviens? Le parchemin, c'était ça. Et tu les as mises...
-Dans mon sac.

Eh merde, pensa le gensouard. Le sac, on le lui avait chipé.

-Donc tu ne peux rien faire... oka, reste derrière.
-Nan, pas forcément. T'as un kunai à me passer?
-Pas de kunai, non. J'ai mes scalpels, mais à part ça...
-Chiottes.
-J'ai des shuriken, sinon.
-File moi ta sacoche, alors.
-Toute ma sacoche? Hey, mais j'en ai besoin, moi aussi!
-Plus que moi?

Shuriken. Des putains d'shuriken. Bon, eh bien si je n'avais pas le choix... c'était pas mes couteaux, c'était pas des kunai, mais j'imagine que ça ferait l'affaire. Heureusement qu'on m'avait fait bosser les projectiles en complément des armes blanches. Et que j'avais trouvé ça plus marrant que le reste, d'ailleurs.

Mais nan, en fin de compte, ça resterait la galère monstre.

-Probablement pas, termina-t-il en me confiant son armement en vitesse, juste avant que deux premiers gaillards ne viennent nous menacer de près, pendant que leurs compères amélioraient leur angle d’approche. Au fait, Obo'. Quoi que je fasse, souviens toi que je fais des genjutsu, hein?

Même pas le temps de lui répondre, j’avais trop à faire avec un seul bonhomme. Et ça n’allait pas tarder à s’améliorer, avec un autre qui allait me prendre en tenaille, comme si je ne l’avais pas vu. Pour lui apprendre les bonnes manières, je le gratifiai d’une volée d’étoiles, qui…

Et meeerde. La vraie galère monstre. Avec des étoiles aussi petites, je vais rien faire d'autre que les énerver encore plus. Je veux dire, les trucs que je viens de lancer, ils n’ont même pas transpercé la veste de ma supposée victime. Du cuir? Nul à chier, là. Et y’en a des qui arrivent à désarmer, handicaper, et tuer avec ces trucs? Dans leurs rêves, sûrement. C’est le grade, qui fait ça, ou quoi?

Retour à mon affreux jojo, avec une nouvelle information tactique au menu du jour. Il a un couteau. Je ne boxe pas contre ce mec, c'est clair, me dis-je en envoyant deux clones tenter de le submerger. Joliment foiré: Oboro-bot 1 se dégonfla net à la première estafilade, et sa successeuse eut juste le temps d'empoigner, mordre et molester le mec du genou avant d'être blessée à son tour. Et encore, quand je dis coup de dents, c’est sur l’épaule qu’elle l’a donné.

En fait, je faisais tellement des merveilles que l’un de mes adversaires décida d’aider ses trois copains à zigouiller Akhen, qui s’en tirait heureusement bien mieux que moi.

Pourtant, la tournure que ça prenait, je l'aimais décidément pas du tout. Moi, je destinais mes armes à faire l'essentiel du boulot face aux clampins, tandis que le chakra était réservé aux très mauvaises rencontres avec des ninjas. Sauf que sans mon matos, ça se cassait vite la gueule, niveau raisonnement. Autant relancer des clones et tenter autre chose.

-Cadeau pour vous, les filles, au boulot maintenant. Là, ça va clairement devoir se passer sans moi, hein.

Ca va que si elles ramaient au corps à corps, elles étaient bien plus à l'aise avec les projectiles. Et que mon coéquipier avait plus d’options que moi.

-Faîtes attention, ce sabre est fait en orobéum, le fameux métal incandescent. La morsure de ses flammes est aussi douloureuse que celle de l’acier!

Bien concocté, pour un genjutsu bricolé à partir d’une simple barre de fer. Un sabre enflammé. Pour ma part, il me fallut quelques instants pour arrêter de me demander où diable avait-il hérité d’un gadget pareil. Manque de chance, tout ce qui pouvait tourner mal s’arrangeait pour le faire, et chacun de nos agresseurs se dit qu’un truc pareil devait pouvoir se revendre bien cher, si eux-mêmes n’en trouvaient pas l’utilité. Cela ferait au pire des cas un formidable cadeau pour le moment où ils souhaiteraient passer une alliance avec une des guildes supérieures, aussi redoublèrent-ils d’ardeur.

Et de prudence. Aucun d’eux ne voulait finir la journée avec une tronche de steak haché mal cuit. Akhen fut ainsi encerclé, et plus personne ne se préoccupa de la pauvre demoiselle recroquevillée dans son coin. Faisant usage de clones, de shuriken transmis par mes doubles, d’une permutation passée de justesse et d’un bon coup de ferraille dans la poire d’un des mecs, le gensouard parvint à tenir assez longtemps pour que tout le monde sente enfin la grosse vague de chakra qui enflait progressivement en arrière plan.

-Hey, c’est ici que ça se passe, les cocos!

Plan B. Qu'ils se pissent dessus, décidais-je en lâchant la sauce, déversant une jolie vague de chakra à vous décoffrer les mâchoires, qu'aucun des types ne loupa. La vague d'air qui dégage, la poussière qui s'envole, les brins d’herbe qui s’étendent, soit le grand classique du truc bourrin qui fait suer les futals, avec énergie surnaturelle pour pimenter l'atmosphère histoire d’offrir la totale. Les cinq blaireaux s'étaient déjà rassemblés et écartés, anticipant correctement la suite. Akhen, lui, avait permuté en urgence, ne sachant absolument pas ce qui allait se passer, à part que ça allait ramoner sévère chez les loustics.

-MAINT'NANT J'VOUS TRUCIDE LE BUFFET, NYAHAHAAAA!!!

Je ne sais pas si ce fut à cause de mon poing dans le mur (quel mur? Bwoooh, maintenant c'était plutôt une grande fenêtre, okay) ou des grosses fissures qui lézardaient paresseusement sur le sol (abuuuu'!), mais je vous jure qu'ils prirent la fuite plus vite que je n'aurais pu les courser. Tant mieux, parce que j'avais déjà fermé les valves et que je me voyais mal rouvrir ça de suite. Baaah, j'aurais permuté à l'abri, si ça avait foiré. Maintenant, j'avais juste besoin de m'asseoir. Tout de suite et immédiatement.

-Rhaaa, f'chier. Je tiens jamais ce truc. J'vais dire à Akhen de me porter, ça lui fera les muscles, tiens. 'Ttendez qu'il revienne.

Oulà, ça commençait à tanguer. J'avais la vision qui se brouillait et... les couleurs aussi? Je regardai un moment sans comprendre. La perte de vision ne faisait normalement pas partie des effets secondaires, vu le peu que j'avais fais. Symptôme inconnu au bataillon.

-Je t'ai donné un petit coup de pouce, avoua l'illusionniste en revenant, tandis que le sol se brouillait pour redevenir intact et que la parcelle de bâtiment amoché reprenait elle aussi ses formes.
-Très bonne idée. Je me disais bien que fissurer le sol, c'était quand même un peu beaucoup. Ca se saurait, si je pouvais faire ça.
-En fait, désolé, mais j'ai mis un peu de temps à réagir, donc le mur est tombé avec un gros différé, et... enfin je crois pas qu'ils aient capté. C'est probablement encore plus flippant, un truc qui s'émiette progressivement, non?
-Je crois pas, non. Mais c'était nickel, t'inquiètes.
-Euh… merci, bégaya le gensouard absolument pas habitué aux compliments. Je pense qu’on ferait quand même mieux de partir rapidement.
-Ouais. Deux minutes, s’il te plait.

Pendant que je me blottissai dans un coin pour récupérer, Akhen alla observer les restes de son genjutsu (quelques traces de chakra qui lui permettaient de jauger sa petite impro d'urgence, franchement pas dégueulasse), et constata au passage les dégâts que j'avais réellement causé au mur. Ca n'était clairement pas aussi impressionnant que ce qu'il avait inventé, mais vu comment la façade avait été enfoncée (la casse était plus large que profonde, cependant), il n'avait pas la moindre envie de se manger un coup de patate dans la tronche.

-Ca va?, demanda-t-il à son tour.
-Ca va très bien, oui oui. C'est juste pas la technique que j'ai l'habitude d'utiliser, et pas celle qui pardonne facilement. Teuh. Fondamentale, mon oeil, ouais! C'est moi, qui régresse au stade fondamental de légume, là.
-Fais voir ta main, quand même.
-Pas besoin.
-Je suis médecin, tu sais?, se vexa l'Illinois tout en commençant à suspecter que je ne le laisse pas faire parce que je connaissais sa maladie.
-Tu me l'as déjà dis, ouip. Mais moi, je sais ce que je fais. J'ai un coup de pompe, et il me faut du sucre, pas des soins.
-Vraiment?
-Si j'avais mal, je le saurais, ne t'en fais pas. J'l'ai ouvert une seconde, ça ne pose aucun problème, même pleins gaz.
-Bon... d'accord. Je peux t'aider à te lever, au moins?
-Là par contre, c'est gentil, merci.

Bienvenue à Narasu. A un instant on manque de se faire violenter par une bande d'affreux jojos bien organisés, et la scène d'après on sirote tranquillement son cocktail poire-raisin sur la terrasse d'un bar (et en plus, c'est Akhen qui offre). C'est nawak, cette ville.

-Et voilà pour madame!, annonça mon coéquipier en m'apportant une grande coupe de sorbet. Alors, maintenant, tu m'expliques? C'était quoi, ce truc?
-Je sais pas... ma double personnalité maléfique qui s'éveille, peut être?
-Ca marchera pas sur moi, non. T'as utilisé le goken au chakra, là... avec les tenketsu.
-Un connaisseur? Eh, suis impressionnée, bravo.
-Je connais le chakra et le corps, c'est tout. Mais j'ignorais qu'une genin puisse utiliser ce genre de techniques. C'est plutôt le genre de trucs de dernier recours auquel on s'intéresse après avoir de quoi se débrouiller sans, nan? T’as pas un peu peur, avec ça?
-Comment ça?
-Tu utilises quelque chose de dangereux. C’est pas pour rien, que ce goken a été classé kinjutsu, enfin. T'as d'ailleurs eu du plomb dans l'aile pour trois fois rien, tout à l'heure.
-Teuuh... déception. Merci de m‘apprendre des trucs, mais tu dis juste nawak, là. Sous toutes les coutures.
-Non, pas du tout. Je ne sais pas vraiment, donc... je suis curieux, je demande. La finalité du ganseki, c’est d’ouvrir la huitième porte. Elle est mortelle, donc...
-Pas forcément.
-Enfin, je ne voulais pas dire que c'est la finalité. T'as plein de stades intermédiaires, d'accord. Et je viens de voir ce qu'on peut faire avec une fraction du truc... et oui, oui, j'ai entendu parler de la version classique qui permet de s'en sortir à moindre coûts, te fâche pas. Mais je croyais quand même que...

En signe de négation, je lui agitai ma cuillère sous le nez, ce qui le fit taire. Parce que poser des questions pour en inventer soi-même les réponses, je le faisais suffisamment bien pour savoir que ça marchait pas (même si ça restait bien marrant).

-La dernière porte, je parle. De une, c’est pas parce qu’on ne connait qu’un seul exemple avéré que l’on peut commencer à généraliser à partir de là. Le mec qui a fait ça est mort, donc tout le monde crève aussi? Nan, c'est trop facile.
-Un seul exemple… oui. Mais si ça se trouve, on en a jamais entendu parler parce que tous ceux qui l’ont atteint sont morts?
-Ca, c’est une option. Sauf que ça ne colle pas.
-Ah?
-Tout à fait. Quand on ouvre une nouvelle porte, ça se fait rarement à l’improviste en pleine baston, quand t’es entouré de zigotos qui tentent de refaire la déco avec tes intestins. Nan, tant que tu ne maîtrises pas, ça se fait en méditant.
-Tu sais méditer, toi?
-Bien sûr. Ca veut dire quoi, cette question?
-Absolument rien, ne fais pas attention. Et?
-Eh bien on ne sait absolument rien de ce que l'hyper-giga-puissant chikarate Otanawa a fait, quand il a ouvert sa huitième porte. Forcément, là, y’en a qui mettent en doute le fait qu’il l’ait véritablement atteint, du coup. T'en trouveras pas beaucoup chez les chikarots, de ceux là, mais...
-Attends, je crois que je comprends. C’est une légende. Ca a très bien pu être enjolivé. C’est ça que tu veux dire?
-Pas seulement, mais ouais.
-Dans le genre?
-Y'a des trucs qui sont difficiles à avaler.

En parlant d'avaler, tiens. Akhen voulu demander des détails, mais fut grossièrement interrompu par son estomac, que seul un modeste petit déjeuner avait alimenté jusqu'en ce milieu d'après-midi. Et quand il s'agissait de bouffe, au diable la bonne volonté, zut: le budget de la mission allait en pâtir. Avant que je ne commence à le tanner sur la transgression de ses gros principes (et la taille de son assiette), il me demanda comment Kezashi allait le prendre. A quoi je lui répondis qu'on avait plutôt intérêt à lui expliquer que l'acte commercial était une forme de pot de vin comme une autre, avec l'avantage d'avoir une contrepartie supplémentaire, et que je ne le dénoncerais pas s'il restait gentil avec mon violon. Amusé par mon gentil chantage, il préféra tout de même recadrer la conversation sur le sujet précédent.

-Mmmh. Un petit cours s’impose. Quand tu ouvres une porte, tu peux grosso-modo le faire de deux manières. Un peu, ou entièrement. Plus c'est ouvert, plus tu deviens fort, et plus ça cogne tes muscles. 'Fin, c'est juste du...
-Je connais tous les détails, oui. 'Suis pas médecin pour rien.
-Okay. Bin le truc, c’est qu’on peut soupçonner plein de choses, par derrière. Par exemple, qu’Otonawa ait ouvert toutes les portes à pleine puissance. Y’a pas besoin d’avoir plus de deux portes ouvertes comme ça pour pouvoir mourir, si on le fait bien stupidement.
-De toute manière, quelqu’un qui n’utilise jamais que la forme fondamentale affaiblit lourdement son corps, répondit le médecin en souvenir d'un vieux patient. Dans des circonstances qui dépendant d'un individu à l'autre et de sa condition du moment. Mais je m'imagine les chikarates comme étant tous dotés d'une excellente constitution, étrangement. Imaginaire collectif, sûrement. Ou propagande chikaratte.
-Donc il aurait pu se faire trop amocher par un autre combat, ou être malade sur le coup, complétai-je. Et y’a aussi d’autres possibilités. Le dernier verrou pourrait n’être dangereux que si on l’utilise trop longtemps. Dans l'absolu, on ne sait pas ce qu'il fait. Genre, regarde… euh… moi, par exemple. Vu que je ne maîtrise pas encore, j’utilise ça le moins longtemps possible: j’ouvre, je tente de meuler en face, si ça marche tant mieux, sinon c’est rarement une bonne idée de continuer. Je ne me suis jamais rien pourri, alors que c'est un grand classique.
-Ou alors, le dernier verrou n’est mortel que s’il est ouvert entièrement, mais utiliser la forme classique aurait un effet atténué?

Il est bon, décidément. Voilà un médecin qui connait bien son sujet. Et qui est sympa comme tout. Pas comme Kalem, qui accordait à peine plus d'attention à ses patients qu'à la couleur de son mouchoir. Je vous jure que le regarder traiter des gens, ça vous met les nerfs en pelote comme pas deux.

Alors que là, j'ai un médecin en qui je peux avoir toute confiance. Dommage qu'on ne soit que deux, j'lui aurais bien demandé de m'expliquer quelques petits trucs... enfin, pas grave. Une autre fois, avec de la chance?

-Eh voilà, t’as très bien compris le topo, lui souris-je. En gros, on a une idée, les chikarots ont dressé une version officielle qui leur fait les yeux doux et leur lustre les dents, mais ça ne tient pas forcément debout. En plus, j’étais pas sur place, mais il me semble qu’ils n’ont pas fait d’analyses sur le corps. Du coup, ça commence à faire beaucoup de détails pour un évènement d'une minute qu’on a simplement pu observer.
-Ca me semblerait difficile, de travailler sur son corps. Cet homme avait déjà une grande réputation, et venait de renverser le cours d’une guerre. Dans ces situations là, on chouchoute le cadavre pour l’embaumer et l’enterrer avec les honneurs, rien d’autre. Le disséquer pour faire quelques petites expériences… je crois que ça n’aurait pas vraiment marché, sourit à son tour Akhen. En plus, il a reçu les honneurs de Kage à titre posthume, non?
-Quelque chose comme ça, ouais. Donc, on en sait rien. Et à partir de là… tu comprends pourquoi y’a encore beaucoup de monde qui essaie d’atteindre cette huitième porte? On a pas mal de vieux maîtres qui considèrent que c’est une mission personnelle de consac...
-Euh... Obo?
-Hum?
-Dis moi, ce mec, il ne te dit pas quelque chose?

Qui ça, le balourd à moustache? Nan, ça devait pas être ça, il partait dans l’autre sens. Par contre, ce piercing en forme de dragon stylisé sur l'oreille de ce type, là... c'est bien lui, le gars qui a sécaté mes clones tout à l'heure, nan? Il a l'air d'avoir ramené plein de copains, pour le coup. Ils sont quoi, trente? Personne n’osait s'approcher d'eux, pour le coup.

-Mwarf, les chouillons. Ils sont déjà de retour? Et ils nous ont retrouvé? Jusqu’ici ? Sont motivés, dis donc.
-Y'en a un paquet, en plus...
-Et maintenant qu'on les a vu, ils arrivent. On se tire par les toits? S'ils savent déjà qu'on est ninjas...
-Suis moi à l'intérieur, plutôt, fit-il en se levant.
-Je te préviens de suite, même si j'ai mes armes, je pourrais plus craquer mes tenketsu comme tout à l'heure, hein.
-On ne va pas se battre. Mais plutôt que de fuir et les avoir à nos trousses, je préfère qu'on se la joue plus futée.
-Pourquoi pas, répondis-je en m'enfonçant à sa suite dans le pub. Qu'est ce que tu as en tête?

Akhen ne dit rien, mais usa d'un de ses genjutsu dès lors que plus personne ne pus le voir. Un henge. Très bon, ça, très bon. J'aurais mis beaucoup plus de temps à penser à ça, en plus. Comme quoi j'avais encore du chemin à faire, parce que c'était un jutsu d'académie, ce truc.

Pourtant, ce qui me sembla de base être une bonne idée se transforma en une infâme cata craingos à souhait dès l'instant où Akhen se glissa derrière moi, pour me poser un poignard sur la gorge et me tirer de force vers l'extérieur. Avant même que je ne songe à réagir, j'étais dans le collimateur de la vingtaine de mecs qui nous cherchaient. Et ils avaient pas l'air contents. Et je ne comprenais rien à rien.

-Hey, les mecs, annonça Akhen, c'est ça que vous cherchez? Elle a essayé de se faire la malle avec l'autre. M'enfin, ninja ou pas, quand on les prend par surprise, ils se laissent gentiment cueillir, héhé. Pas vrai ma jolie? Alors, maintenant... une belle prise, ça vous tente?

Naaan. Juste nan. Mais alors carrément nan, quoi. Je ne savais pas à quoi il pensait, ni ce qu'il avait en tête pour la suite, mais je pouvais déjà vous assurer que le plan qui serait mis en place dans le prochain épisode allait être sentir bien fort le vaseux.
C'est pour ça, que je fais du taijutsu, moi. C'est simple, logique et intuitif, comme domaine. Alors qu'au contraire, un plan tordu dans ce genre, ça ne pouvait qu’être chié par le postérieur d'un illusionniste.

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