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Narasu

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Narasu  - Page 5 Empty Re: Narasu

Message par Kentaro 25/8/2012, 00:21

« Luaaaaaaan ! » Beugla Kentaro en entrant dans les urgences de l’hôpital de Narasu.

La seconde en chef se retourna d’un bloc et se figea en apercevant Kentaro, soutenant un impressionnant colosse à la barbe roussie. Derrière eux débarquait un petite équipe de shinobi qui transportait une jeune fille inconsciente et un type grièvement brûlé.

« Qu’est-ce que c’est encore que ça !? » Persifla Luan.

La dernière bande de shinobi-bras-cassés venait tout juste de débarquer à l’instant, c’était un peu la panique pour s’occuper de tous les blessés graves, là.

« T’occupes, balaya Kentaro. J’ai un client pour le service des grands brûlés. Quant à la gamine, une chambre avec gardes, elle est en état d’arrestation.
_ D’accord. Et pour vous ?
_ T’occupes : je vais squatter l’une des salles de consultations et nous retaper.
_ Ah, heu... Et le vieux monsieur est d’accord ?
_ Oh oh oh ! Je ne suis pas qu’un vieux monsieur, mademoiselle Luan. Je suis Santa, représentant de Nowel à Narasu et...
_ Ouais, ouais, on lui dira, coupa Kentaro. Allez, ‘faut qu’on y aille !
_ Dites, monsieur Santa, Kentaro vous a-t-il parler de la deuxième possibilité concernant...
_ Badabadabada ! On a pas le temps, Luan, tu vois bien qu’il souffre !
_ Allons, fidèle disciple ! Est-ce une façon de s’adresser à une gente demoiselle !?
_ Disciple ?? S’étonna Luan. Alors vous êtes son maître ? Hé ben, quel courage...
_ L’écoute pas, c’est la douleur qui le fait délirer !
_ Tout à fait ! Après avoir reconnu sa défaite face au Santa Goken, Kentaro a décidé de se placer sous mon patronage ! Je le guide sur la voie de la bonté et de la justice !
_ Kentaro ? Reconnaître quelque chose !? Alors là, chapeau... Vous devez vraiment être un grand maître, pas de doute. Hé bien, félicitations, Kentaro. ça va sûrement t’aider à respecter ton Serment, ça...
_ Un Serment ? Quel Serment ? S’étonna le vénérable prophète.
_ Vous ne savez pas ? Kentaro a...
_ Stooooooop ! Intervint le médecin. Luan, sois gentille de t’occuper de tes oignons, tu veux ? Y’a des tas de blessés qui ont besoin de toi, hein...
_ Allons, allons : pas de secrets entre maître et disciple, fidèle acolyte !
_ Ch'uis PAS ton disciple !
_ Bon, tout ce que je voulais dire, reprit Luan, c’est qu’en tant que blessé en mission, vous pouvez bénéficier de soins par jutsu dans la limite des disponibilités. Nos médecin-shinobis sont en formes, il n’y a donc pas de problème de ce côté-là. à votre convenance.
_ Nan, il en veut pas ! Grogna Kentaro. C’est moi qui le retape, de toute façon.
_ Tu connais des jutsus soins, fidèle disciple ?
_ J’ai une tête à tricher, peut-être ?
_ Bien sûr. Mais ça s'améliorera à force de suivre mes préceptes...
_ Dis, tu la vois, celle-là ? N’importe quoi. Les soins, ça ne se bâcle pas. Fait une croix sur tes jutsus, papy !
_ Kentaro, intervint Luan. Il a le choix !
_ Alors tu connais pas de jutsu de soin, mon brave disciple ? Oh oh oh ! Ce n’est pas grave ! Maître Santa veille au grain : nous te trouverons bien un médecin qui aura a gentillesse de t’en apprendre ! »

Kentaro commençait à ressembler à une grosse cocotte minute tant il était sur le point d’exploser. Pas moyen, il allait fracasser ce foutu grand-père et au diable le Serment !
‘faut quand même pas pousser, merde !

« Heu... Fit diplomatiquement Luan. Bon, je suppose que vous préférez être soigné par votre élève ?
_ Ah, Luan, tu vas pas t'y mettre !
_ Oui. J’ai confiance en mon fidèle disciple, répondit Santa avec un regard bienveillant pour son élève.
_ Très bien, Kentaro, je te laisse la salle cinq. »

Le chunin guida le genin jusqu’à une salle et l’y installa, avant d’entreprendre de nettoyer et de panser les diverses brûlures qu’ils avaient récoltés, tout en faisant du mieux possible pour ignorer le boniment gnan-gnan du papy à propos de la satisfaction d’aider son prochain et de se conduire comme un petit garçon très sage.

Il était en train de terminer les derniers bandages - copieusement tartiné d’un baume gras facilitant la repousse de l’épiderme - lorsqu’un tintamarre du diable retentit à l’extérieur. Kentaro n’eut malheureusement aucun mal à reconnaître la voix grinçante de Kalem.

Le chunin abandonna un court instant Santa pour aller voir ce qui se passait dans le couloir.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kalem ?
_ Y’a que c’est un hôpital de merde ! D’abord, ch’uis médecin, moi aussi. J’peux rentrer dans les salles d’auscultations comme j’veux ! Putain, c’est quoi ces sauvages qui te jettent à la porte ! Z’avez des médecins de Chikaz’, ici ?
_ Mais pourquoi t’as voulu entrer dans une salle d’auscultation ?
_ Ben pour te voir, tiens ! L’autre greluche blonde à l’accueil m’a dit que t’étais là !
_ ... Tu t’es gouré de salle ?
_ C’est de la faute à cet hôpital de merde ! Les chiffres sont trop haut, j’peux pas les lire sans me tordre le cou. Alors j’ai choisi une porte au pif... Note que ç’a marché, hein : je t’ai trouvé ! Du coup... »

Mais peine perdue, Kentaro venait de lui claquer la porte au nez. Il n’était pas vraiment d’humeur à se prendre la tête avec un barbu horripilant. Un, ça lui suffisait grandement !

Il en fallait néanmoins plus pour arrêter Kalem, qui ouvrit la porte et pénétra dans la salle tout en continuant à râler et maugréer dans sa barbe.

« Oh oh oh ! Inutile de te mettre dans cet état, petit Kalem. Regarde, j’ai là un fabuleux bonnet qui t’irait comme un gant...
_ Et qu’est-ce tu veux que je foute d’un gant sur la tête ? T’as prévu un entonnoir pour toi, j’espère !
_ Oh oh oh ! Pourquoi un entonnoir ?
_ T’as rien de mieux à faire que de nous casser les pieds ? Ronchonna Kentaro. Va emmerder Sonaka, c’est elle, la chikaratte, des fois que tu l’aies oublié...
_ M’en parle pas ! Cette gourde s’est fait capturer ! Ah, heureusement que j’ai capturé le vieux grabataire qui tirait les ficelles, sinon je te raconte pas la bérézina...
_ Putain, on peut pas vous laisser seuls cinq minutes sans vous fassiez n’importe quoi ! Bon, au moins vous vous en êtes tiré sans trop de casse, visiblement.
_ Sans trop de casse, c’est vite dit ! La Chikaz’ s’est fait empaler par une langue de caméléon, hein !
_ Quoi !? Elle est en unité de soins intensives ? Et c’est maintenant que tu nous le dis ?
_ Ben j’en sais rien, ils l’ont emmené ! Moi, j’ai pas demandé mon reste, j’ai filé avec le grabataire. Bien m’en a pris, d’ailleurs, parce que la sale petite peste a vendu ma position aux pirates !
_ Quoi !? Rugit Kentaro.
_ Ouais, hein, se méprit Kalem. On ne peut pas faire confiance à un Chikarienne, je l'ai toujours dit... »

Mais Kentaro s’était figé, sentant son sang se glacer dans ses veines. Avec toutes ces conneries, il s’était dépêché d’apporté le pyromane-kamikaze aux urgences et il avait zappé son équipe. Encore pris dans la fièvre du combat, il avait complètement oublié la situation et comment ils en étaient arrivés là...
Et il avait carrément paumé un membre de son équipe sans même s’en apercevoir.

Chuninensolde, va ! S’en voulut Kentaro.

« Oh oh oh ! Ce n’est pas très gentil d’abandonner ta coéquipière, surtout si elle est blessée ! S’immisça Santa.
_ C'est pas ma coéquipière : c'est une Chikaz' ! Pis c'est gentil de me vendre à l'ennemi, peut-être ?
_ Bon, on va la chercher ! Déclara Kentaro.
_ Bien dit, fidèle disciple ! S’exclama Santa. Je n’en attendais pas moins de toi.
_ Tu vas la morfler, ta baffe dans la gueule, papy ! Kalem, tu nous guide !
_ Hé, attends ! Grogna Kalem. Je vous signale que le QG a dit qu’on laissait tomber, on a fait le boulot, le reste n’est pas de notre ressort !
_ Le QG a quoi !? S'insurgea le médecin.
_ Ben je leur ai livré le grabataire et ils ont pris le relais, en me...
_ Rien à foutre ! On va la chercher en civil, alors !
_ T'écoute pas ou c'est juste que t'en fais qu’à ta tête ?
_ Qu’attendons-nous ? Allons-y, alors ! » Déclara Santa.

Kentaro fila jusqu’à une armoire et allégea le stock de seringues d’adrélanine et d’anesthésies locales - ça pouvait toujours servir - puis le trio fila, traçant à travers le hall des urgences.

« Kentaro !! Aboya Luan.
_ Oui, quoi ?
_ Où est-ce que tu vas comme ça ? T’as à peine rafistolé ton maître et toi pareil ! Et l’autorisation de sortie ?
_ Heu... J’ai oublié mes sandales dans la rue et on va les chercher. Pas besoin d’autorisation de sortie, vu qu’on revient tout de suite.
_ Et vous avez besoin d’y aller à trois, peut-être...
_ Ben... Hésita Kentaro.
_ Un maître digne de ce nom n’abandonne jamais son disciple en mission ! Tonna Santa. Je l’accompagnerai jusqu’au bout.
_ Mais je ne peux pas vous laisser filer sans autorisation de sortie ! S’entêta Luan. Et je ne vous laisserai pas partir dans cet état.
_ Peuh ! Cracha Kalem. J’ai émit des doutes sur l’expertise de cet abruti de Kentaro, du coup, Santa préfère une contre-expertise avant de poursuivre les soins. Donc je les emmène à mon cabinet.
_ ça ressemble beaucoup à une excuse bidon, ça... fit Luan.
_ Ouais, mais c’est légal, blondasse ! Maintenant, on file ! »

Le trio reprit sa route sans demander sans reste. Quelques minutes plus tard et les trois shinobis se retrouvaient dans une ruelle paumée, qui portait les stigmates du combat qui avait opposé Kalem à l’ennemi.

« Bon, ben c’est là, rénifla le nabot. Et maintenant, on fait quoi, les lumières ?
_ Oh oh oh ! Les mauvais garçons ne peuvent échapper à la vengeance de l’esprit de Nowel ! Nous les retrouverons sûrement !
_ ça nous dit pas comment, ‘spèce de fossile... »

Kentaro s’agenouilla et détailla le sol. Devant lui s’étalait une large flaque de sang, mais pas que... Le chunin amplifia les sens du goût et de l’odorat au maximum à l’aide de son Gokan Henshitsu et tâta la flaque qui commençait à coaguler, avant de porter le bout de ses doigts jusqu’à ses lèvres. Fermant les yeux, le médecin s’imprégna de la signature olfactive et sensoriel du mélange.

« T’as des penchants nécrophiles, maintenant ? Railla Kalem.
_ Santa, fais-moi plaisir, mets le nabot sur orbite... Elle a des propriétés très intéressantes, ta bave de caméléon, répondit Kentaro.
_ La bave de... T'as goûté... Bwaaaah, t'es vraiment dégueu !
_ Y’a des molécules thérapeutiques dedans. Et elles ont une odeur très caractéristique... J’avais un doute, vu qu’on sortait de l’hôpital, mais là j’en suis sûr.
_ Et qu’est-ce que cela signifie, fidèle disciple ?
_ Rappelle-moi de te pourrir une fois la mission finie, qu'on remettre les pendules à l'heure !
_ C'est encore trop tôt, mon disciple. Mais une fois que tu aura suivis mes entraînements et acquis de l'expérience, peut-être pourras-tu faire jeu égal avec moi.
_ Connerie de ring à la con... Toujours est-il que ce mélange de sang et d’effluves médicales, y’en a pas trente-six millions en ville... Et ce sont des odeurs persistantes. Conclusion : je peux remonter la trace ! Suivez-moi !
_ Alors dépêchons-nous ! Santa Run ! Plus vite, petit lutin !»

Les deux butors filèrent aussitôt à fond de train, sous les invectives de Kalem bien incapable de suivre un tel rythme.
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Message par Seol 26/8/2012, 18:03


Aujourd'hui, aux portes de Nobeoka

Cela faisait quelques mois que je n'avais pas remis les pieds dans cet endroit. Et pour tout dire, je m'en serais bien passé. Mais, comme je l'ai découvert au début de ma carrière de ninja, rien ne se passe jamais comme on le voudrait. Il y a toujours un grain de sable pour venir faire capoter les plus jolis projets.


Quelques jours auparavant, quelque part dans Shinnen.

J'étais assis, tranquillement, à l'ombre d'un cerisier. Je laissais mon esprit vagabonder, passer d'un sujet à un autre, sans s'arrêter sur un en particulier, lorsqu'une voix vint me sortir de ma rêverie.
- Frangin?
Je mis quelques secondes à émerger, mais je finis par répondre.
- Oui, petite sœur. Qu'y a-t-il?
- Je ne te dérange pas, j'espère. Tu n'étais pas en train de méditer?
- Non, je te rassure. J'étais juste perdu dans mes pensées. Pourquoi es-tu venu me chercher, sœurette?
- Tu es demandé au bureau.
- Le Vieux?
- Tu sais que je n'aime pas que tu l'appelles comme ça. Pas après ce qu'il a fait pour nous.
Je ne pus m'empêcher de sourire.
- Oui, je sais, mais tu sais aussi que j'aime bien t'embêter, sœurette. C'est bon, j'y vais.
Je me levais et me dirigeais vers le bureau du vieux.


Aujourd'hui, aux portes de Nobeoka

Le convoi s'arrêta brusquement. Ce n'était pas vraiment normal. Dans ce secteur, d'après les dernières informations, il n'y avait pas de poste de contrôle, à cet endroit.
- Il vous faut vous acquitter d'un droit de passage!!
Evidemment. D'aucuns profitaient que tout n'était pas complètement sous contrôle pour essayer de faire leur beurre. Le chef du convoi, un simple marchand, descendit du chariot de tête et s'avança. Pas très prudent, le bonhomme.
- Veuillez me pardonner, mais j'ai un laissez-passer, dûment signé par les autorités contrôlant Narasu.
Mauvaise réponse...
- Rien à carrer de ton laissez-passer! Tu vas nous donner la moitié de tes marchandises et on vous laisse la vie sauve.
Temps d'intervenir. Je me levais de mon séant, et descendis du second chariot. Les suspensions grincèrent lorsque ce dernier fut libéré de mon poids, ce qui attira tous les regards vers moi.
- Bouge pas!!
Bien entendu, je n'écoutais guère l'avertissement et me mis en branle vers celui sui semblait être le chef des racketteurs. Arrivé à moins d'un mètre, ce dernier sembla se ratatiner devant moi.
- Je pense que j'ai quelque chose qui vaut plus que la moitié des marchandises de ce convoi.
Bien entendu, le type se méfia un peu à mes propos. Mais il se laissa tenter.
- Vraiment? Dans ce cas, donne-le moi maintenant!!
- C'est fait.
- Quoi?
- Je vous ai laissés la vie sauve. Cela vaut bien plus que la moitié des chariots de ce convoi, non?
Les brigands se regardèrent, ne sachant plus que quel pied danser. Ils se demandaient vraiment si je plaisantais ou pas.
- Mais si vous n'en voulez pas, je peux reprendre mon cadeau.
Tout en tenant ces propos, je dégageais mon marteau et posais sa tête sur le sol, mes deux mains sur le haut du manche. Comme ils semblaient encore très hésitant sur la démarche à suivre et que je savais que le marchand était quelque peu pressé d'arriver à bon port, j'effectuais un mouvement de revers avec ma main droite et la tête de marteau vint frapper (je devrais plutôt dire pulvériser) le muret qui se trouvait près de là.
C'en fût trop pour nos brigands amateurs qui décidèrent que le cadeau que je leur avais fait était bien suffisant pour aujourd'hui.
- Merci, monsieur, merci, je...
Je levais la main pour mettre un terme au flot de remerciements qui allaient sortir et je remontais dans mon chariot. Le convoi s'ébranla et reprit son chemin.


Quelques jours auparavant, quelque part dans Shinnen.

J'arrivais dans le bureau du Vieux. Si j'avais su, je ne serais jamais entré. Mais bon, n'ayant pas le don de double-vue, j'ai ouvert la porte.
- Entre, mon garçon. Entre.
Le Vieux était encore plus vieux qu'avant. Sa charge de travail n'arrêtait pas d'augmenter et cela pesait sur son frêle corps. J'eus presque pitié de lui. Presque, parce qu'il refusait obstinément de passer la main.
- Vous m'avez fait mander?
- Oui, mon garçon. J'ai un service à te demander. Trois fois rien, je te rassure.
Oui, là, j'aurais dû partir en courant. Parce que le Vieux, ses trois fois rien, c'est toujours une montagne d'ennuis en perspective. Mais, comme j'ai un bon fond, je suis resté.
- Allez-y, je suis toute ouïe.
- Je souhaiterais que tu reprennes du service, mon garçon. Temporairement, je te rassure. Juste le temps d'effectuer deux-trois bricoles pour moi.
- Ouille.
- Je voudrais que tu retournes à Narasu.
- Aïe.
- J'y ai envoyé Li-Ming, il y a quelques semaines, mais elle ne nous a pas donné de nouvelles depuis qu'elle y ait arrivé.
Pour une mauvaise nouvelle, c'était une mauvaise nouvelle. Li-Ming avait été ma coéquipière pendant quelques temps. Donc, ça me touchait personnellement.
- Donc, je vais à Narasu, je la retrouve et je la ramène.
- Presque, mon garçon. Tu la retrouves, effectivement. Mais avant de la ramener, je souhaite que tu l'aides à terminer sa mission.
- Ah! Et cette mission?
- Li-Ming te racontera tout, avec les informations qu'elle aura trouvées en plus.
Evidemment. Je sentais que cette mission n'allait ni être simple, ni de tout repos.


Aujourd'hui, dans le tunnel Nobeoka-Narasu

J'avais rejoint une petite troupe de ninjas qui se rendait à Narasu. De ce que j'avais pu comprendre, il y avait parmi nous trois chunins et une dizaine de genins. En plus de moi. Autrement dit, je n'avais pas grand-chose à faire pendant le trajet. Les trois chunins avaient très nettement le niveau pour traiter tout incident que l'on aurait pu rencontrer.
Je profitais de ce trajet pour consulter les notes que la Fouine m'avait fournies avant de que je parte. De ce que je pouvais comprendre, Li-Ming devait traquer un de ses anciens coéquipiers qui l'avait trahi, retournant sa veste et s'adonnant maintenant à des pratiques plutôt réprouvées. Il y avait une adresse où commencer les recherches. Chose que Li-Ming avait aussi dû faire. J'allais donc devoir remonter sa piste... Le Vieux m'avait juste dit qu'il avait aussi envoyer une demande aux autorités du village occupé, histoire que j'ai plus de cartes entre les mains pour réussir ma mission.


Quelques jours auparavant, quelque part dans Shinnen.

- Frangin? Tu pars?
- Oui, sœurette. Il semblerait que Li-Ming ait des problèmes.
- Et donc, il t'envoie la chercher.
Ce n'était même pas une question.
- Et, si ce n'est pas secret, où pars-tu?
- Narasu.
Elle fit une tête de six pieds de long. Mauvais souvenirs pour nous deux. Enfin, pas autant que Heiki, je pense.
- Et, ça va être dangereux.
- Si ce n'était pas le cas, le Vieux ne l'enverrait pas là-bas.
- Tu me promets d'être prudent?
- Tu me connais, non.
- Justement.
- T'inquiètes. Je serai de retour assez rapidement. En plus, quelques ninjas devraient être présents pour m'aider. Donc, ça ira tout seul. Mais ne lui dis rien sur ma destination.
- Tu es sûr?
- Elle risque de s'inquiéter pour rien. Tu sais bien qu'elle a été plus traumatisée que nous par cette histoire.
- Très bien...
- Prends soin de notre petite sœur.
J'attachai mon marteau dans mon dos, mis une grande cape noire me descendant jusqu'aux talons, rabattis la capuche sur mes yeux, jetai mon baluchon sur l'épaule et commençai mon voyage.


Aujourd'hui, dans un quartier narasuite, à l'adresse indiquée

J'étais parvenu à me repérer sans trop de difficultés dans les rues de la ville occupée et étais enfin arrivée à l'adresse que la Fouine avait donné à Li-Ming. J'eus la surprise de voir un groupe de trois ninjas devant la porte, en train d'essayer d'ouvrir cette dernière. Apparemment, ils n'avaient pas l'intention de faire dans la discrétion, puisqu'ils semblaient s'engueuler sur la méthode à employer pour l'ouvrir. Je décrochai mon marteau et, non sans avoir crié de s'écarter, je balançais la tête de Hakairyoku contre la porte, qui vola en éclat...
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Message par Hyûma 28/8/2012, 15:25

Il y a des fois,‭ ‬comme ça,‭ ‬où on se dit que chacun chez soi,‭ ‬ça part du bon sens.‭ ‬Ils n’ont probablement pas tort,‭ ‬les villagistes de l’UEM‭ ‬:‭ ‬les autres,‭ ‬c’est des boulets.‬‬‬‬‬‬‬‬

Ma main a coupé qu’entre Mahousard,‭ ‬on aurait déjà fini cette mission.‭ ‬Mais non,‭ ‬au lieu de ça,‭ ‬Tasuke‭ ‬-‭ ‬le chikarate‭ ‬-‭ ‬et Kenji‭ ‬-‭ ‬le gensouard‭ ‬-‭ ‬sont là à s’engueuler sur la marche à suivre,‭ ‬entre enfonçage brutal de porte et crochetage discret.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
Tu parles d’une première mission...

On m’aurait demandé mon avis,‭ ‬j’aurai opté pour le crochetage direct.‭ ‬Histoire de ne pas laisser de traces.‭ ‬Je ne me suis d’ailleurs pas fait prier pour le donner,‭ ‬mon avis.‭ ‬Mais pensez donc‭ ‬:‭ ‬je suis le bleu,‭ ‬pourquoi on m’écouterait‭ ? ‬Z’en ont rien à cirer,‭ ‬les deux cas sociaux.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬

Ça faisait donc bien cinq minutes qu’on était là à faire le pied de grue,‭ ‬avec les deux zigotos qui semblaient confondre pertinence des arguments et volume sonore,‭ ‬quand un terrible grognement retentit derrière nous.‬‬

Et là,‭ ‬un truc incroyable.‬
Un ogre‭ ! ‬Un ogre,‭ ‬un vrai de vrai‭ ! ‬Aussi haut qu’une maison et quasiment aussi large d’épaule,‭ ‬une incroyable masse de chair ambulante,‭ ‬tout en bosse et en creux saillants,‭ ‬le visage sauvage couturé de cicatrices,‭ ‬la bouche grande ouverte avec des dents énormes,‭ ‬des yeux injectés de sang et un air à manger de la chair fraîche au petit-dèj‭’‬,‭ ‬et bien saignante,‭ ‬s’il-vous-plaît‭ !‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
Et qui déboulait droit sur nous.

L’ogre a braillé un truc,‭ ‬mais sous le coup de la surprise,‭ ‬je n’ai rien compris de son étrange borborygme guttural.‭ ‬Je pense qu’il en allait de même pour mes camarades,‭ ‬au vu des mâchoires béantes et des yeux qui sortaient de leurs orbites.‬‬‬‬

Par contre,‭ ‬son mouvement,‭ ‬lui,‭ ‬a été sans équivoque.‭ ‬Son bras ramené en arrière s’est rabattu,‭ ‬brandissant un immense marteau plus grand moi,‭ ‬se terminant par une tête d’acier,‭ ‬probablement plus lourde que moi aussi tant qu’à faire.‭ ‬‬‬‬‬‬‬‬
Tasuke et Kenji se sont tous deux jetés de côté pour éviter de se faire broyer le crâne,‭ ‬et c’est la pauvre porte qui a tout pris,‭ ‬du coup.‭ ‬‬‬

Bam‭ !‬
Atomisée,‭ ‬la porte.‭ ‬Au sens propre.‭ ‬Là,‭ ‬même pas sûr qu’on puisse la recycler pour en faire des allumettes.‭ ‬Des cure-dents,‭ ‬à l’extrême rigueur...‬‬‬‬‬‬

L’ogre jeta un regard sanguinaire à Tasuke et éructa d’un nouveau borborygme,‭ ‬genre‭ « ‬Là,‭ ‬c’est ouvert‭ ! »‬.‬‬‬‬

...

Une minute...‭ ‬C’est‭ exactement‭ ‬ce qu’il a dit,‭ ‬en fait‭ !‬‬‬‬‬
Alors c’est pas un ogre,‭ ‬finalement‭ ?‬‬

Bizarrement,‭ ‬le fait de devoir considérer cette...‭ ‬chose...‭ ‬comme faisant partie de la gente humaine semblait plus invraisemblable qu’un ogre se promenant dans les rues de Narasu.‬‬‬
Et pourtant...

Mais avant que nous n’ayons pu récupérer de notre surprise,‭ ‬l’ogre‭ ‬-‭ ‬nan mais impossible que ce soit un humain‭ ‬:‭ ‬vous avez vu la grosseur de ses biceps‭ ?? ‬-‭ ‬entra dans le bâtiment,‭ ‬sans autre forme de procès.‬‬‬‬‬‬‬‬

Prudemment,‭ ‬je lui ai emboîté le pas.‭ ‬N’oublions pas que c’était ma mission,‭ ‬hein...‭ ‬Pis si c’était pas un ogre,‭ ‬techniquement,‭ ‬y’avait rien à craindre,‭ ‬pas vrai‭ ?‬‬‬‬‬‬‬‬
Dans le cas contraire,‭ ‬avec ma tête non plus,‭ ‬on fera pas des allumettes.‭ ‬Très rassurant.‬‬‬

La mission avant tout‭ ! ‬Ok,‭ ‬entame le contact,‭ ‬bonhomme.‭ ‬Il va pas te manger.‭ ‬‬‬‬‬
Sauf si c’est un ogre,‭ ‬s’entend.‭ ‬Ahah.‬‬
J’aurais dû laisser les deux autres matamores entrer en premier...

‭« ‬Heu...‭ ‬Excusez-moi,‭ ‬monsieur l’og-...‭ ‬monsieur,‭ ‬commencé-je.‭ ‬Mais nous sommes mandatés par le QG pour examiner cet endroit et...‭ ‬heu...‭ ‬comment dire...‭ ‬Hé bien...‭ ‬vous...‭ ‬n’avez...‭ ‬rien à y faire.‭ ‬Hein.‭ Sans vouloir vous offenser,‭ ‬surtout.‭‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
_ Mmmmh.‭»‬

Oh mon dieu‭ ! ‬Il m’a jeté un regard‭ ! ‬Réfléchis pas,‭ ‬mec,‭ ‬balance un fumigène avant qu’il ne te mange et cours‭ !‬‬‬‬‬

Aussitôt dit,‭ ‬aussitôt fait.‭ ‬‬
Enfin,‭ ‬je l‭’aurais‭ ‬fait si je ne m’étais pas gouré de poches sous le coup de la panique.‭ ‬Mais pas sûr que des makibashis suffisent à stopper un mastodonte de ce genre,‭ ‬alors j’ai rien lancé...‬‬‬‬‬

Bon.‭ ‬De toute façon,‭ ‬il n’a pas l’intention de me manger.‭ ‬C’est de la faute à cette cicatrice au-dessus de l’œil,‭ ‬aussi‭ ‬:‭ ‬de profil,‭ ‬ça lui donne un air vachement méchant,‭ ‬quand même.‭ ‬Pis la bouc blanc,‭ ‬aussi.‭ ‬Et la grosse tignasse hirsute.‭ ‬Et...‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
Autant lister les trucs pas effrayant,‭ ‬ça ira plus vite,‭ ‬en fait.‭ ‬Donc l’écharpe orange,‭ ‬quoi.‭ ‬‬‬‬‬
Très jolie,‭ ‬au demeurant.‬

‭« ‬Je sais,‭ ‬annonça l’og-...‭ ‬la chose.‭ ‬Je viens de la part du commanditaire.‭ ‬C’est vous qui commandez cette mission‭ ? ‬Les autres ont l’air bien jeune pour des chunins.‭ Et pis du genre empotés,‭ ‬en plus...‭‬‬‬‬‬‬‬‬‬
_ Ah non,‭ ‬je commande rien,‭ ‬moi,‭ ‬c’est ma première mission.‭ ‬Et les deux autres,‭ ‬ils sont genins,‭ ‬pas chunins.‬‬‬‬‬‬
‭_ ‬Pardon‭ ?! »‬‬

Il est vénère.‭ ‬Ch’uis mort‭ !‬‬
Adieu,‭ ‬monde cruel...‬

...

L’og-...‭ ‬le truc n’a pas l’air de vouloir m’écrabouiller pour se passer les nerfs.‭ ‬‬
Pfiou,‭ ‬un sursis.‬

M’enfin,‭ ‬il garde un air pas commode,‭ ‬pour le coup.‭ ‬‬‬
Enfin,‭ ‬je veux dire,‭ ‬plus qu’il y a quelques instants.‭ ‬Je sais,‭ ‬c’est difficile à croire,‭ ‬mais c’est comme ça.‭ ‬Tout est dans le pli de la bouche.‭ ‬Il est passé d’apathique à désapprobateur.‬‬‬‬‬‬‬
Si,‭ ‬si.‬

Et qu’est-ce qu’ils fichent,‭ ‬Tasuke et Kenji‭ ? ‬Pourquoi c’est à moi de me coltiner l’abominable ogre des neiges‭ ?‬‬‬

Rapide coup d’œil en arrière‭ ‬-‭ ‬à défaut d’être discret.‭ ‬Je sais,‭ ‬c’est risqué‭ ‬:‭ ‬papa m’a toujours dit qu’un fauve,‭ ‬tu ne le lâche‭ jamais‭ ‬de l’oeil.‭ ‬Mais fallait que je sache où en était les renforts.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬

Hé bien,‭ ‬ils montaient gentiment la garde devant la porte défoncée.‭ ‬Tasuke m’a fait un grand sourire encourageant et Kenji m’a fait signe que tout allait bien.‬‬

‭« Bande de traîtres‭ ! ‬Me laissez pas tout seul avec ce...‭ ‬le...‭ ‬ça‭ !!‬‬‬‬‬
_ Ecoute,‭ ‬le bleu‭ ‬:‭ '‬faut bien qu'on garde la porte pour empêcher les badauds d'entrer.‭‬‬‬‬
_ Mais j'ai aucune expérience de ce genre de situation‭ !
_ Ben justement,‭ ‬c'est l'occasion de t'aguerrir,‭ ‬le bleu‭ ! ‬Vas-y,‭ ‬t'as toute notre confiance pour gérer le heu...‭ ‬la chose‭ !»‬‬‬‬‬‬

C’est décidé,‭ ‬à mon retour à Mahou,‭ ‬je prends ma carte à l’UEM‭ !‬‬‬

« Quand vous aurez fini vos messes basses,‭ ‬vous pourrez peut-être expliquer à la‭ "‬chose‭" ‬pourquoi le QG a refilé la mission à trois genins inexpérimentés.‭ » ‬Bougonna l’ogre.‬‬‬‬

Damned,‭ ‬il a l’oreille fine.‭ ‬En plus de son physique de Goliath.‭ ‬‬‬
Bon sang,‭ ‬y’en a qui sont drôlement gâté par la nature quand même‭ !‬‬
C’st pas juste...

En attendant,‭ ‬c’est à moi de répondre...‬

‭« ‬Ben,‭ ‬c’est-à-dire que...‭ ‬En raison du manque d’effectifs,‭ ‬le QG a sensiblement revu à la hausse le niveau minimum des missions auxquels peuvent participer les genins.‭ Mais c'est pas nous les responsables de ça‭ !‬‬‬‬‬‬
_ Et on vous laisse sans surveillance ni responsables‭ !?‬
_ Ah non,‭ ‬on est sous les ordres d’un chunin,‭ ‬évidemment.‬‬
‭_ ‬Et où est-il,‭ ‬celui-là‭ ?‬‬‬
_ Hum...‭ ‬Heu...‭ Comment dire...‭ ?‬‬‬
_ J’ai pas bien entendu.
‭_ ‬Le-chunin-est-à-la-taverne-en-attendant-qu’on-ait-fini-le-boulot-mais-je-vous-jure-on-y-pour-rien-pitié-pas-taper‭ !‬‬
_ Hein‭ ?‬
_ Heu...‭ ‬notre supérieur attend notre compte-rendu à la taverne du coin.‭ »‬‬

Bizarrement,‭ ‬pas un bruit,‭ ‬pas une explosion,‭ ‬rien.‭ ‬Juste un vague marmonnent sur une connerie de karma.‬‬‬‬
Les plus grandes colères sont toujours muettes.‭ ‬Ohlàlàlà,‭ ‬on va morfler grave.‬‬

Il est temps de penser à un plan de repli,‭ ‬là.‭ ‬Trois mètres,‭ ‬ch’uis toujours à portée de ses bras de gorille et de son marteau télescopique.‬‬‬
Ok.‭ ‬Je largue les fumigènes,‭ ‬je me jette au sol pour éviter de m’étouffer avec la fumée,‭ ‬dans le même temps,‭ ‬j’expédie deux kunaïs-explosifs à la base de la grosse commode là-bas,‭ ‬elle lui tombe dessus et le souffle de l’explosion me projette en dehors.‭ ‬‬‬‬‬‬
Trop facile.‭ ‘‬faut juste que mon esprit convainc mon corps qu’il va s’en sortir indemne et le tour est joué.‬

‭« ‬Qu’est-ce que tu fabriques à trifouiller ta poche‭ ? »‬‬

Argh‭ ! ‬Grillé‭ ! ‬Vite,‭ ‬faut agir‭ !‬‬‬‬
Ouais,‭ ‬va dire ça à mon corps.‭ ‬Pas fou,‭ ‬il a bien vu qu’il est toujours à portée du marteau.‭ ‬Du coup,‭ ‬l’instinct de préservation a pris le dessus...‭ ‬Virage à‭ ‬90°,‭ ‬le sens du devoir avant tout‭ ‬:‭ ‬j’ai une mission à accomplir.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
Même si ça signifie rester en compagnie d’un ogre.‭ ‬Ou assimilé.‬

‭« ‬Bon,‭ ‬radinez-vous,‭ ‬on est pas là pour bayer aux corneilles‭ ! ‬Grogna la‭ "‬chose‭"‬.‬‬‬‬‬‬
‭_ ‬Ouiche.‭ ‬La mission avant tout.‭ ‬‬‬
_ Qu’est-ce qu’ils attendent,‭ ‬les deux autres branquignoles‭ ?‬‬
_ Heu...
‭_ ‬Me force pas à répéter,‭ ‬gamin.‬‬
‭_ ‬Ils..‭ ‬Ils...‭ ‬gardent la...‭ la porte.‭ »‬‬‬‬‬

*
* *

Le soleil était haut,‭ ‬il faisait chaud,‭ ‬c’était une paisible journée dans le quartier des Trois Lunes.‭ ‬Les honnêtes commerçants‭ ‬-‭ ‘‬fin,‭ ‬quasi honnête,‭ ‬on est à Narasu,‭ ‬quand même‭ ‬-‭ ‬vaquaient paisiblement à leurs occupations,‭ ‬escroquant dans la joie et la bonne humeur les honnêtes badauds‭ ‬-‭ ‘‬fin,‭ ‬...‭ ‬ouais,‭ ‬bref...‭ ‬-‭ ‬qui flânaient innocemment en quête de la bonne occasion.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬
Bref,‭ ‬tout n’était que bonheur et félicité dans le petit quartier typique et pittoresque de Narasu,‭ ‬qui respirait la quiétude et la sérénité,‭ ‬lorsqu’une voix de stentor beugla que les deux grosses radasses feraient bien de rappliquer fissa-fissa ou ç’allait chauffer pour leur matricule.‬‬‬
Toute la ville put en bénéficier jusque dans les moindres recoins.‭ ‬Pas une personne ne dut ne pas sursauter.‭ ‬Dans le quartier lui-même,‭ ‬on compta bien au moins une dizaine d’infarctus.‬‬‬
Sûr.
Avec un coffre comme ça,‭ ‬c’est pas possible autrement.‬

En tout cas,‭ ‬moi,‭ ‬j’ai bien du faire un bond de dix mètres et j’ai été à deux doigts de la crise cardiaque.‭ ‬On a pas idée de s’époumoner comme ça sans prévenir‭ !‬‬‬‬
M’enfin c’est pas moi qu’irais lui dire,‭ ‬hein...‬

Donc une fois Tasuke et Kenji à mes côtés,‭ ‬la‭ "‬chose‭" ‬nous a prit entre quatre yeux‭ ‬-‭ ‬même ses yeux sont énormes‭ ! ‬-‭ ‬et a décidé de mettre les points sur les i.‬‬‬‬‬‬‬

‭« ‬Bon,‭ ‬vous savez pourquoi vous êtes là‭ ?‬‬‬
_ ...
‭_ ‬Pas tous en même temps,‭ ‬surtout.‬‬
‭_ C'était pas une question de réthorique‭ ?‬‬
_ Vas-y,‭ ‬Hyûma,‭ ‬dis-y.‭‬‬‬
_ Quoi‭ !? ‬Et pourquoi moi‭ ?‬‬
_ Pass'que c'est toi le bleu‭ !
_ Pis que t'as déjà fait ami-ami avec lui.‭
_ Mais c'est pas juste‭ !
_ Hum-hum‭ !‬
_ Franchement pas juste‭ ! ‬Heu...‭ ‬Le commanditaire s’inquiète de l’absence de nouvelle d’un de ses amis et nous a envoyé à son dernier domicile connu pour chercher sa trace.‭ ‬Du coup,‭ ‬on est là pour chercher des indices.‬‬‬‬
‭_ ‬Content de voir qu’il y en a qui suive...‭ ‬Bon,‭ ‬je m’occupe de l’étage,‭ ‬vous ratissez le rez-de-chaussé et gare au tire-au-flanc.‭ ‬Pigé‭ ?‬‬‬‬‬‬
_ Oui‭ ! »‬

Une bonne heure de passionnantes et trépidantes recherches‭ ‬-‭ ‬regarder derrière les tableaux,‭ ‬fouiller les meubles,‭ ‬vider les armoires,‭ ‬ce genre de choses si amusantes,‭ ‬quoi‭ ‬-‭ plus tard et ‬l’ogre nous réunit pour faire le point.‬‬‬‬‬‬‬‬

‭« ‬Pitié,‭ ‬dites-moi que vous avez trouvé quelque chose d’intéressant...‭ ‬Grommela la‭ "‬chose‭"‬.‬‬‬‬‬
‭_ ‬Pas vous‭ ? » ‬Demandé-je.‬‬

Gros regard noir.‭ ‬Du genre à faire se carapater un dragon dans son antre sans demander son reste.‭ ‬Alors,‭ ‬des genins,‭ ‬vous imaginez bien...‬‬‬‬

‭« Heu,‭ ‬j’ai rien dit.‭ ‬J’ai peut-être trouvé quelque chose.‭ ‬Dans le local à poubelle,‭ ‬y’avait ce bout de papier chiffonné.‭ ‬Il a dû tomber à côté.‬‬‬‬‬‬
‭_ ‬Et y’a quoi dessus‭ ?‬‬
_ Il y a écrit l’adresse d’un bar qui se trouve à trois quartiers d’ici.
‭_ ‬Très bien,‭ ‬allons-y.‬‬
‭_ ‬Heu...‬
‭_ ‬Quoi encore‭ ?‬‬
_ Ben...‭ ‬C’est‭ ‬pas une zone sous super contrôle.‭ ‬C’est fortement déconseillé aux genins nouvellement arrivés d’aller fureter par là-bas.‭ ‬On m’a fait tout un speech dessus à mon arriver,‭ ‬au QG.‬‬‬‬‬
‭_ ‬Alors comment tu sais où c’est‭ ?‬‬
_ Y’a des plans de Narasu,‭ ‬au QG.‬
‭_ ‬Tu te souviens du plan de la ville‭ ?‬‬
_ Ben...‭ ‬J'ai une excellente mémoire.‭ ‬‬
_ Très bien,‭ ‬alors on y va.‬
‭_ ‬Mais...‬
‭_ ‬Mais quoi‭ ?‬‬
_ La zone est déconseillée aux genins qui...‭ ‘‬fin...‭ Vous voyez quoi...‭‬‬‬
_ Très juste.‭ ‬Kenji,‭ ‬Tasuke,‭ ‬vous retournez au QG,‭ ‬la mission est finie en ce qui vous concerne.‭ ‬Hyûma,‭ ‬viens,‭ ‬on y va.‬‬‬‬‬‬‬
‭_ ‬Hein‭ ? ‬Mais pourquoi moi‭ ?? ‬J’ai rien fait‭ ! Heu...‭ ‬je veux dire...‭ ‬‬‬‬‬‬
_ Parce que tu connais la carte et que j’en ai besoin.
‭_ ‬Heu...‭ ‬Je peux vous en trouver une,‭ ‬si y’a que ça...‬‬‬
‭_ ‬Nan,‭ ‬pas le temps‭ !‬‬‬
_ Mais...
‭_ ‬J’ai dit nan.‬
‭_ Roooh maieuuh‭ !‬‬
_ Pardon‭ ?
_ Non,‭ ‬rien.‭ ‬Autre chose‭ ?‬‬‬
_ Oui,‭ ‬on va trouver ton chunin.‭ ‬T’as dit qu’il est au bar au coin de la rue,‭ ‬c’est bien ça‭ ?‬‬‬‬
_ Heu...‭ ‬Oui,‭ ‬mais...‬‬
‭_ ‬On va le chercher.‬
‭_ ‬Sauf que...‬
‭_ ‬On ne discute pas.‬
‭_ ‬Mais...‭ ‬C’est pas une bonne idée...‬‬
‭_ ‬M’en fiche,‭ ‬j’ai deux mots à lui dire,‭ ‬à celui-là‭ !»‬‬‬‬

Double erreur.‭ ‬
Ce n’est pas celui-là,‭ ‬mais celle-là.‬
Et le bon sens préconise de ne pas déranger une drunken fist en plein concours de boissons,‭ ‬fusse-t-on un ogre,‭ ‬même un vrai.‬‬
Mais c’est pas moi qu’irais lui dire.
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Message par Santa 29/8/2012, 15:52

L’esprit tout à leur mission, les deux combattants mahousards filaient à fond de train l’odeur médicamenteuse-Santa-ne-savait-trop-quoi qui leur permettrait de retrouver Sonaka. Il avait toute confiance en son disciple, qui semblait regorger de talents. Nul doute désormais que l’Esprit de Nowel l’avait mis sur sa route afin qu’ensemble ils amènent un sourire sur le visage de chaque innocent et punissent les envoyés du Malin.
De fait, les seringues d’adrénaline ramassées par Kentaro dans la salle de soin ne semblaient même nécessaire. Santa était tout feu tout flammes à l’idée de sauver quelqu’un, et le baume était apaisant en lui-même. Quant à Kentaro, déçu de sa propre incompétence, il enfilait à toute berzingue les rues. Il ne sentait même pas ses blessures, tout concentré qu’il était pour remonter la piste de l’odeur.

Finalement, les deux blessés arrivèrent devant une petite pharmacie à l’air vétuste qui servait de devanture à un immeuble qui semblait de taille tout à fait honorable. Reprenant à peine leur souffle, ils enfoncèrent la porte d’un coup d’épaule conjoint, faisant violemment sursauter un petit bonhomme tiré à quatre épingles derrière son comptoir.
« - Je vous ai déjà dit que je n’avais pas votre fix de morphine ! brailla-t-il.
- Ho ! Ho ! Ho ! Les gentils enfants ne prennent pas de drogues !
- Ouais on n’est pas là pour ça papy.
- Ah, fit le vendeur, soudain affable. Que puis-je pour vous ?
- Nous cherchons une genin de Chikara qui a été enlevée et dont la piste mène droit ici, voyez-vous.
- Voilà qui semble passionnant ! Hélas, je suis au regret de ne pas pouvoir pour informer. Je vous souhaite bonne chance dans votre quête.
- Merci beaucoup, bonne journée.
- Bonne journée à vous, messieurs.
- Ho ! Ho ! Ho ! Allons-y, fidèle disciple, nous ne trouverons rien ici.
- Effectivement. Je vais essayer de remonter la piste ailleurs. Et m’appelle pas disciple devant des gens !
- Au fait, messieurs ?
- Qu’y a-t-il, mon bon ami ? répondit paternellement Santa.
- Pour la porte ?
- Ho ! Ho ! Ho ! Excusez-nous, sous l’urgence de la situation, nous avions totalement oublié ce détail.
- Hahaha, bien sûr, aucun problème. A qui dois-je adresser la facture ?
- Mettez-la sur le compte de Mahou.
- Merci beaucoup. Une fois encore, bonne journée, messieurs.
- Ho ! Ho ! Ho ! Bonne journée à vous. Voilà un digne représentant de l’Esprit de Nowel, fidèle disciple, et voilà vers quoi tu dois tendre.

Les deux ninjas allaient sortir par la porte de devant quand Kentaro, semblant penser à quelque chose, se retourna :
« - Au fait, pouvons-nous sortir par l’entrée de service ?
- C’est que, vous savez, elle est très encombrée, et puis je suis justement en train d’être livré.
- Ho ! Ho ! Ho ! Nous nous en voulons terriblement de devoir passer par là mais cela s’avère nécessaire, voyez-vous.
- Mais… Comment dire…
- Par où se trouve-t-elle ? demande Kentaro, un sourire affable aux lèvres.
- Eh bien, il s’agit de cette porte-ci, mais comme je le disais plus tôt, vous ne pouvez actuellement pas passer par là, répondit le pharmacien, un sourire encore plus affable aux lèvres.
- C’est que, vous savez, nous avons vraiment besoin de passer par cette sortie.
Le sourire de Kentaro s’élargit légèrement.
« - Je suis navré de devoir faire preuve d’entêtement, monsieur, mais vous ne pouvez vraiment pas passer par là maintenant. Peut-être pourriez-vous revenir plus tard. »
Une goutte de sueur se mit à perler sur le front du vendeur.
« - Sur mandat de Narasu, nous allons devoir sortir par cette porte, monsieur. Sachez par avance que j’en suis navré si je me vois contraint d’utiliser la force brute pour passer et me vois dans l’obligation de passer manu militari. » Le sourire affable du chuunin s’élargit encore, si c’était même possible.
- Bon, très bien, allez-y alors…
- Ho ! Ho ! Ho ! Merci, mon bon monsieur.
- Mais ne renversez rien !
- Au revoir, bonne journée à vous.
- C’est cela, oui. Bon, il est temps de déménager et de retourner voir ma famille dans ce trou perdu… En tout cas pour quelques temps… »

Les deux shinobis de Mahou passèrent derrière le comptoir sous les yeux résignés du parmacien qui en profitait pour vider la caisse dans son sac. Cela n’intéressait pas tellement Kentaro et Santa pensait que le pharmacien avait fini sa journée et s’apprêtait à rentrer chez lui avec le dû qu’il avait gagné à la sueur de son front.
Slalomant au milieu des cartons dans un étroit couloir, les ninjas arrivèrent à la porte de sortie. Là, ils virent deux chariots attelés à des dodos, deux par véhicule. L’un d’eux était chargé d’un coffre en bronze qui semblait peser son poids vu comme le bois semblait plier et deux quatres clampins autour. La deuxième charrette n’avait que trois occupants : une jeune fille dans les pommes, un homme assis à côté d’elle et un autre sur le siège conducteur.
Tous se retournèrent en entendant la porte grincer. Et virent deux inconnus sortir de leur boutique, puis courir vers eux. De toute évidence, il ne s’agissait pas d’amis. Ils sursautèrent puis cravachèrent les dodos pour qu’ils se mettent à courir.

Santa et Kentaro parvinrent à sauter sur la charrette au coffre, dégageant à grands mouvements de bras et de jambe les importuns, puis se jettèrent conjointement sur les rênes pour guider les dodos sur la piste du premier char. De fait, la conduite était presque plus facile pour les shinobis de Mahou, dans la mesure où tous les obstacles (vivants ou non) avaient déjà été écartés (dans un état plus ou moins neuf) par le chariot d’avant.
Mais, rapidement, ils commencèrent à perdre du terrain. La faute en incombait probablement au coffre, mais celui-ci était vissé au sol, en plus de chaînes diverses qui le maintenaient en place, et fermé.
« - On peut toujours monter sur les dodos et laisser le chariot, suggéra Kentaro.
- Ho ! Ho ! Ho ! Cela fait fort longtemps que je n’ai chevauché un dodo, mais comment fera Kalem pour nous suivre ? Il n’y a que deux dodos !
- Effectivement… Une idée, Kalem ? Kalem ? »
Les deux ninjas regardèrent sur le chariot, et autour d’eux, mais nulle trace du désagréable petit gnome.
« - Ho ! Ho ! Ho ! L’aurions-nous perdu ?
- Bon bah ça règle le problème des dodos ! En selle ! »

Une nouvelle course-poursuite commença donc, entre les pirates en charrette et la police montée en dodo. Ceux-ci regagnèrent du terrain sur les kidnappeurs, se rapprochant peu à peu du moment où ils pourraient bondir sur le chariot, tabasser tout le monde et récupérer la demoiselle en détresse.
Le chariot de tête se contentait de foncer à toute berzingue, ignorant tous les potentiels obstacles, et écartant les impacts vraiment dangereux à l’aide du Seirei du pirate. Cependant, ce dernier ne pouvait donc pas empêcher les shinobis de se rapprocher. La charge des poursuivants incombait donc au second pirate, qui ramassa un objet non identifié dans le chariot et commença à le faire tourner, après quoi il le lança sur Santa.
Il s’agissait de bolas, et ils allèrent s’enrouler droit autour des jambes du dodo, qui allait s’écraser par terre. Voyant cela, l’homme d’âge mûr bondit de sa monture et enchaina les mudras en plein vol, invoquant Rudolf le Renne au Nez Rouge juste sous lui.
« - Purée, je faisais mon footing, mec, t’es pas sérieux, là ? En plus, tu m’as invoqué y’a pas longtemps, quoi, t’es casse-couilles, laisse-moi tranquille !
- Ho ! Ho ! Ho ! Tu es donc tout échauffé pour rattraper ce chariot. L’Esprit de Nowel nous commande d’aider notre prochain, et notre prochaine se trouve justement être une jeune kunoichi en train de se faire kidnapper !
- Une donzelle ? Ah-ha, Mimine va pas être contente mais il faut que je vois ça !
- Voilà l’Esprit de Nowel !
- Par contre, je sais que j’ai signé le contrat et tout, gros, mais arrête avec ça, ça me met mal à l’aise…
- Eh, mais t’es le renne qui s’est enfui de l’autre combat ! Invoc’ en solde, va !
- Calmos, mon pote, ça commençait à chauffer pour vous…
- Justement, c’était le moment d’aider !
- Et la boustifaille refroidissait !
- Ho ! Ho ! Ho ! Economise ton souffle, Vaillant Rudolf, et rattrapons ce chariot héraut du Malin !
- Putain j’entrave que dalle quand il cause, le vioc, mais faut j’accélère, c’est ça ?
- C’est ça, et t’enfuis pas encore une fois, ou j’te fais en steak !


Sur un reniflement moqueur, Rudolf accéléra, malgré la charge considérable qui pesait sur lui. Faut dire qu’un renne, c’est pas non plus un poids plume, et qu’il allait leur montrer ce que c’était que la course à pattes !
Arrivant à portée de lancer, Santa fouilla dans sa hotte et en sortit un cageot d’orange. Haussant les épaules, il en prit une et la lança de toutes ses forces sur le chariot, manquant de peu le conducteur, qui rentra sa tête entre ses épaules. La seconde orange le toucha pile entre les omoplates, et il aboya quelque chose en direction de son camarade pirate. Après une autre série de lancers, le cageot fut vide, et l’Envoyé de Nowel sortit cette fois des santons de son gigantesque fourre-tout.

Le second pirate, celui qui ne semblait pas avoir de Seirei, tapota l’épaule de son camarade et lui murmura quelque chose à l’oreille. Il se saisit ensuite des rênes et le possesseur du Seirei passa à l’arrière du chariot, armant sa bestiole pour l’attaque. Santa, qui était le plus proche, ne put esquiver le rapide coup de langue du caméléon, et tomba de sa monture. Le coup suivant fut pour Kentaro, qui tenta d’esquiver en faisant se décaler son dodo, mais celui-ci, rétif, ne bougea pas, et fut frappé de plein fouet.
Les deux shinobis, tous les deux tombés, virent le chariot disparaître au coin de la rue alors qu’ils roulaient plus ou moins maladroitement dans la poussière, s’éraflant copieusement au passage.
« - Et meeeeeerde ! grommela Kentaro.
- Il semblerait que nous les ayons perdu !
- T’as encore un cageot d’oranges dans ton machin, papy ?
- Pourquoi ? Serais-tu en appétit, fidèle disciple ?
- Ouais c’est ça, envoie m’en une ou deux.
- Ces oranges viennent de ma société de primeur. J’en contrôle tout, des vergers où les fruits sont cultivés jusqu’aux étals où ils sont vendus. Même si c’est maintenant mon assistante qui gère tout ça. Ho ! Ho ! Ho ! raconta Santa en s’exécutant.
- Au moins, je devrais être capable de remonter la piste à nouveau grâce aux oranges…
- Tu n’avais donc pas faim ? N’hésite pas à goûter, elles sont délicieuses.
- …
- Au fait, disciple ?
- Ouais, quoi ?
- Je suis tombé sur mon poignet cassé. Aurais-tu quelques anti-douleurs ?
- Attrape, papy. »
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Message par Seol 2/9/2012, 14:38

Dire que j'étais désespéré était un doux euphémisme. En effet, non content d'envoyer juste des genins pour faire le sale boulot, il avait fallu que le QG envoie des bouses totales. Je ne savais pas trop ce que je devais en penser. Etait-ce le niveau des jeunes qui diminuait, quel que soit le village, ou bien était-ce un manque de formation dû à l'occupation de Narasu? Que ce soit l'une ou l'autre des raisons, ce problème d'efficacité était handicapant, à mon sens. Et le fait que certains chunins prennent leurs aises vis-à-vis de certaines missions n'augurait rien de bon pour l'avenir du Kiritsu. Mais, à défaut de régler le problème, bien au delà de mes compétences, j'allais au moins m'occuper d'un chunin.
Hyûma (mais pas le même que j'ai déjà rencontré) était décidément un drôle de bonhomme. Pas le genre que j'aurais vu devenir ninja. Plutôt bibliothécaire. Ou bien rat de bibliothèque. Mais assurément pas ninja. En sa faveur, il avait sa mémoire. Donc, à défaut de pouvoir me seconder en cas de grabuge, il pouvait me guider.

Arrivé dans le bar où se trouvait le chunin, je compris que cela n'allait pas être de tout repos. Apparemment, il y avait de l'ambiance, et mon karma habituel me soufflait que le responsable de cela n'était autre que la personne que j'allais voir. Autrement dit, j'allais un peu refroidir la salle, sur ce coup-là. Et je risquais de créer du grabuge. Je ne m'inquiétais pas trop pour moi, mais le rat de bibliothèque albinos (aspect que j'avais découvert pendant le court trajet et qui m'avait rappelé la nièce du Kage - 'fin ex-Kage) n'y survivrait probablement pas. J'allais donc devoir la jouer fine. La bonne blague!

Nous entrâmes dans le bar pour voir deux personnes attablées en train de faire un concours de boisson. Une jeune femme athlétique et un homme sans âge un peu enrobé.
- Dis-moi pas que c'est la jeune femme...
- Ben si... C'est une Gensouarde adepte du Drunken Fist.
- Et galèèèère... J'ai horreur de ce genre d'adversaires...

Toujours le même karma. C'est cool. Je m'approchais de la table, tout en voyant l'homme sans âge rouler sous la table. Pas vraiment étonnant, en fait, quand on connaissait la discipline de la demoiselle. Un pari truqué d'avance. 'fin pas pour tout le monde, car un rapide coup d'oeil m'apprit que certaines personnes misaient sur la demoiselle. Ils devaient connaître son secret et être dans la combine.

- Pas mal, fis-je. 'fin, en même temps, ce n'est pas vraiment étonnant.
- Quoi? Qu'est-ce tu racontes? fit la chunin.
- Je disais qu'il n'était pas étonnant que tu gagnes, vu que tu es une Drunken Fist. C'est comme si je faisais un concours de bras de fer. Je n'aurais pas plus de mérite que toi à gagner.

Apparemment, j'avais touché un point sensible. Et les mouvements dans la foule montrèrent clairement deux camps. Ceux qui me croyaient et qui n'étaient pas franchement contents de s'être faits plumer comme ça et ceux, largement minoritaire, qui étaient dans la combine de la chunin.

- Y z'avaient qu'à pas parier! Si z'êtes pas contents, c'est pareil. Et toi, coco, tu vas avoir le droit à une correction pour te montrer qu'y faut pas m'enquiquiner.

Si tôt sa phrase terminée, elle se redressa et commença ses mouvements désordonnés. Je hais les Drunken Fists. Je repérai un homme, un ninja, assis dans un coin. J'envoyais Hyûma à ses côtés, non sans l'avoir jaugé du regard et obtenu son accord. Une fois la souris blanche en sécurité, je me permis de poser une question:

- Des règles?
- Une seule. Gagner.
- Par n'importe quel moyen?
- On est des ninjas. Pas des samouraïs.

Je me retournai et saisis deux chaises avec ma main gauche. Puis je fis face à mon adversaire. La situation était simple. Il m'était impossible de la toucher, avec ses mouvements complètement désordonnés. Et elle pouvait méchamment m'amocher si elle s'approchait. Et ça, pas question. Si je pouvais éviter un passage par l'hôpital, cela n'était que mieux. Ce qu'il me fallait, c'était frapper, non pas là où elle était, mais là où elle serait. J'attrapais une troisième chaise que je plaçais devant mon pied droit. Et dans un mouvement souple et fluide, je balançais les deux chaises sur sa droite. Elle fit ce que toute personne normalement constituée ferait, elle esquiva sur sa gauche. Alors qu'elle amorçait son mouvement, je poussait violemment la troisième chaise avec mon pied droit, directement là où elle esquivait. Il en résultat la chose que j'avais espérée. Du fait de son art martiale et de ses aptitudes de ninja, elle était parfaitement à même de modifier son geste pour éviter ce troisième projectile qui menaçait son équilibre. Elle fit donc un bond en l'air. Exactement ce que j'attendais. Me saisissant de mon marteau, j'avançais d'un bon pas vers elle, enfonçant la tête de mon arme dans son abdomen. Même si un ninja est un surhomme, il est des choses qui ne lui sont pas accessibles. Comme changer de direction en étant en l'air et sans appui. Aussi se prit-elle l'arme de plein fouet. Mais, je n'arrêtais pas mon mouvement et le poursuivit jusqu'à la bloquer entre le marteau et l'enclume - je veux dire le mur. Bien que chunin, elle ne possédait pas la puissance physique requise pour me déloger.

- Tu es chunin, n'est-ce pas?
- Oui, répondit-elle dans un souffle.
- Et tu avais bien trois genins sous ta responsabilité, n'est-ce pas?
- Oui, dit-elle, à peine audible.
- Pourquoi ne pas les avoir accompagnés? fis-je desserrant un poil mon étreinte.
- C'était une mission de routine, sans risques. Ils n'avaient pas besoin de moi, maugréa-t-elle.
- Ah? Tu es médium, alors, pour avoir su ça.
- Non, bien sûr que non.
- Je me disais aussi. Et si, par malheur, ils étaient tombés dans un guet-apens. Et si, par hasard, ils étaient tombés sous les coups d'une arme monstrueuse... fis-je en resserrant mon étreinte.
- Qu... Quoi?
- Je te dis qu'ils auraient pu mourir. Il se trouve que je les ai rejoints. Mais j'aurais tout aussi bien pu être un ennemi. Tu as failli à ta mission. Mais tu ne t'en tireras pas comme ça. Le QG sera mis au courant de tes faits et gestes, fis-je, en libérant la jeune femme. Tu as encore beaucoup de chemin à faire. Hyûma, on y va.

Nous sortîmes du bar, tandis que les autres personnes présentes dans le bar avaient des comptes à régler avec l'équipe d'escrocs. Mais bon, il y avait un ninja à la tête bien faite pour s'occuper de ça. Moi, j'avais d'autres chats à fouetter.

Direction le bar où Mei-Ling devait avoir été. J'espérais vraiment y trouver une piste. Le mieux aurait été de la trouver elle, mais ça, j'y croyais pas vraiment. Chemin faisant, Hyûma se mit à me poser quelques questions:

- Dites! Pour quelqu'un qui a horreur des Drunken Fists, vous vous êtes plutôt bien débrouillé, je trouve!
- C'est justement parce que je ne les aime pas que j'ai appris à les vaincre rapidement. Mais, je n'ai pas eu grand mérite.
- Ah bon? Pourquoi?
- Il faut vraiment tout t'apprendre? Personne ne t'a rien expliqué sur l'art du combat?
- Euh... Vous avez vu mon physique?
- Ouais, c'est pas faux. Mais, même sans être un spécialiste du corps à corps, en tant que ninja, il y a des choses que tu devrais savoir. Tu te souviens des questions que j'ai posées?
- Oui. D'abord, les règles. Ensuite, les moyens.
- ... Exact. Et elle avait perdu à la réponse de la deuxième. Si on avait fait un combat à mains nues, j'y serais encore. Et dans un état qui n'aurait pas été beau à voir.

Hyûma eut l'ait interrogatif. Je poursuivis mes explications tout en avançant.

- Qu'est ce que j'ai fait exactement?
- Vous avez lancé deux chaises, poussé une troisième et coincé la chunin avec votre marteau.
- ... Encore exact. Maintenant, réfléchis à chaque action et réaction qu'il y a eu lors de ce bref combat.

Les neurones du jeune genin se mirent à tourner à plein régime. Je pouvais lui donner la solution tout de suite, mais, d'après mon expérience, il en retirerait plus en cherchant par lui-même.

- Un indice. Quelles étaient les chances que je parvienne à la toucher en combat rapproché, d'après ce que tu sais de son art martial?
- J'ai compris!! Vous avez utilisé les chaises pour la mener là où vous vouliez! Et comme ça vous avez pu utiliser votre arme pour la coincer!!
- Exact. Mais, je dois t'avouer que cela à marcher parce que c'était une chunin débutante et que je suis un vétéran. La différence d'expérience à fait la différence. Lorsque tu combats, n'oublie jamais que, même si ce sont des ninjas, ce n'en sont pas moins des humains. Avec leurs forces et leurs faiblesses. Exploites les uns, évites les autres. Et tu devrais pouvoir gagner.
- Sa force, le corps à corps. Sa faiblesse, son manque d'expérience, répondit Hyûma, d'un ton sentencieux.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Ce petit bonhomme pouvait aller loin, malgré ses handicaps. Sa vivacité intellectuelle compenserait largement ses faiblesses physiques. Un futur stratège, pensais-je. De fil en aiguille, nous finîmes par arriver à la destination suivante. Un autre bar.

J'ouvris la porte et entrai dans le bouge mal famé. Tous les yeux se braquèrent sur nous. En même temps, un géant et un nabot qui entrent dans un tel lieu, ça se remarque forcément. Je me dirigeai d'un pas décidé vers le barman. Je sortis une photo d'une poche.

- Tu as vu cette demoiselle par ici?
- P'têt bien qu'oui, p'têt bien qu'non.

Génial. Un abruti.

- J'ai deux remèdes pour te faire retrouver la mémoire. Un doux et agréable.

Ce faisant, je sortis une liasse de ryôs sur le comptoir.

- L'autre, plus physique et désagréable, poursuivis-je en sortant mon marteau.
- Et qu'est ce tu lui veux à cette nana.
- Je pourrais te répondre que ça te regarde pas, mais comme je suis de bonne humeur, je te dirai simplement qu'elle a un document qui appartient à mon boss, et qu'il veut vraiment le récupérer. Par n'importe quel moyen...

Je laissai planer la fin de ma phrase. Histoire qu'il comprenne que je rigolais pas. Même si je n'avais pas la moindre envie de tout fracasser dans ce bar minable.

- Elle est effectivement passée par ici. Elle cherchait un type. Et elle l'a trouvé. Alors elle est allée chez lui. Mais ça fait trois jours qu'on a vu ni l'un, ni l'autre.
- Tu saurais par hasard où il habite?
- Oui, me dit-il en me tendant un papier.

Je me saisis du morceau et laissai encore un peu plus d'argent en lançant un "tournée générale". L'argent n'étant pas le mien, je n'hésitais pas. Une fois dehors, je demandais à Hyûma où se trouvait cette nouvelle adresse. Puis je lui intimai l'ordre de m'y conduire. Si avec seulement trois jours sans nouvelle, le Vieux s'inquiétait, c'était que c'était vraiment grave. Mieux valait se dépêcher.
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Message par Otarin 2/9/2012, 16:37

Otarin était déjà énervé que Sheinji se soit fait la malle sans même laisser un mot et les remarques incessantes sur son incapacité à agir de la part de la kunoïchi commençaient à lui taper sur le système. Certes, cela faisait déjà trois jours qu’ils étaient là, planqués dans un tunnel humide et regorgeant d’odeurs nauséabondes et des quelques rats morts, à ne sortir que pour aller piquer quelque chose à bouffer et revenir se caler là, sans bouger.

Si Otarin semblait à bout, Oboro, elle avait déjà pété les plombs dès la fin du premier jour. Elle ne supportait pas de vivre dans cette crasse constante, surtout avec un homme à ses côtés qu’elle ne pouvait pas supporter plus d’une demi-seconde. Elle s’agitait donc en râlant, maudissant les gens qui avaient mis au monde cet incapable, et ceux qui l’avaient fait monter à un grade aussi haut et pour de médiocres raisons. Pfff’, détruire un camp ennemi, tout le monde était capable de le faire. Surtout affublé d’un couillon comme Sheinji qui malgré sa résistance très peu fiable avait un cerveau, lui.

« C’est pas possible ! Grommela-t-elle. Mais qu’est-ce qu’on fout encore ? Ce n’est pas toi qui disais que tu voulais agir vite ? T’es vraiment une merde en boite, pas capable de sortir de ta coquille, comme si t’avais peur que tes couilles s’abiment au contact du danger. En plus je n’arrive pas à dormir, j’ai l’impression que tu me regardes avec ton œil de merde, face de phoque. D’ailleurs, tu peux voir à travers mes vêtements je suis sûre ? De toute façon, même si c’est le cas tu ne me le diras pas, sale libidineux ! Et puis franchement depuis que tu m’as dit que t’avais violé, euh… Hakuri ? Haromi.. Nan, Harumi, c’est ça… et ben j’ai…
-Mais ta gueule !!! S’époumona-t-il. Ferme ta gueule, j’essaie de me concentrer !
-De te concentrer ? Sur quoi ? T’es incapable de…
-Attends… Chut. La coupa-t-il
-Oh arrête hein, à la fin c’est bon…
-Nan, ils sont là-haut. Je les vois.
- Putain, tu ne pouvais pas le dire plus tôt ! Se réjouit Oboro.
-Euh, on agit sans précipitation, okay…
-Je ne vois pas où tu peux voir une seule once de précipitation dans le fait d’aller leur buter la gueule tout de suite et maintenant.
-Mais pourquoi ils m’ont collé une cinglée comme toi ? Dis-moi.
-Grouille-toi de me mener à ces salopards qu’on en finisse ou bien c’est toi que j’explose ! »

Otarin commençait à en avoir vraiment marre des jérémiades de la Genin. Son comportement bagarreur n'améliorait rien. Le juunin se concentra sur le groupe de mercenaires situé à moins de dix mètres au-dessus d'eux. Séparés des deux ninjas par un étage seulement.

Le groupe de pillards qui s'attaquait à leurs employeurs était à n'en pas douter leurs cibles. Otarin fit signe à la kunoïchi de le suivre, et, le plus délicatement possible, en veillant à ne faire aucun bruit, il ouvrit la porte qui donnait sur la partie inférieure de l'entrepôt.

Aucun des dix ninjas présents en haut ne parut entendre le léger grincement que fit le plancher lorsqu'Oboro et Otarin marchèrent dessus. Tant mieux, l'effet de surprise avait toujours un côté positif. Otarin fixa sa partenaire quelques secondes pour s’assurer qu’elle ne ferait pas de bêtises. Elle semblait calme et bien qu’un sourire en coin se dessinât sur le coin de sa bouche, elle ne paraissait pas prête à agir de façon précipitée tant qu’elle n’en avait pas le droit. Enfin bon, valait mieux la garder à l’œil.

***

De son point de vue, Oboro trouvait le temps bien long et l’excitation due au combat qui se rapprochait à chaque seconde s’amplifiait. Elle avait la ferme intention de faire ravaler leur testostérone à toute cette bande de galapiats sans cervelle. Quant à Otarin, tant qu’il la laissait s’amuser à sa guise avec les assaillants, elle n’avait pas l’intention de lui causer trop de soucis. Elle questionna son partenaire du regard, attendant son approbation et celui-ci lui fit signe d’attendre encore un peu. Le moment propice n’était pas arrivé.

Enfin, bon, avec cet énergumène au cerveau atrophié, on ne savait jamais le nombre de conneries qu’il pouvait inventer à la seconde. À force de dire des âneries, il n’allait pas tarder à lui annoncer un nouveau plan foireux qui consisterait à attaquer sans combattre ou un autre projet impossible et inutile. Les connections de neurones du Juunin étaient si aléatoires qu’elle doutait encore que sa promotion ne soit due qu’à ses qualités de ninjas plutôt qu’au porte-monnaie de papa-maman qui payaient à coup sûr tous les pots de vins dont avait besoin bébé phoque.

Ledit phoque attira l’attention de la kunoïchi lorsqu’elle le vit se déplacer pour atteindre l’autre côté de l’entrepôt. Il lui fit un signe afin qu’elle se positionne en face de lui. Allaient-ils descendre jusqu’ici ? L’endroit leur serait favorable, ainsi que l’effet de surprise, mais le nombre d’assaillants pourrait vite changer la donne.

***

Tout en les observant et en analysant la situation au mieux, Otarin avait repéré tout ce dont il avait besoin autant dans la salle dans laquelle il était que dans celle du dessus. Le moindre détail était balisé, ce qui lui offrirait un avantage sur les Onshitsu Kyôfu. Ceux-là aussi, il les avait passés au peigne fin. Il avait d’ailleurs réussi à sortir, de cet ensemble assez peu ordonné pour un œil normal, un semblant d’organisation. Il avait repéré quatre ninjas qui encadraient plus ou moins les autres. Ils étaient à la fois grands et larges d’épaules, des armoires glaces comme on en voit rarement. Des gens que même un coup bien placé en dessous de la ceinture ne perturberait pas. Les autres brigands, bien que grands eux aussi, passaient pour des nains à côté de ces quatre-là.

Otarin avait aussi repéré deux sabreurs. C’étaient les plus petits du groupe et ils ne devaient pas mesurer moins d’un mètre quatre-vingt. Bien qu’ils aient l’air de ne pas s’en préoccuper, leurs mains ne s’éloignaient jamais bien loin ni bien longtemps du manche de leur arme. À peine le Chikaratte et la Mahousarde auraient fait un pas dans leur direction qu’ils auraient été prêts à les découper en rondelles.

Sur les quatre lurons restants, trois d’entre eux ne portaient pas d’armes, et leur style était difficilement identifiable. Leur carrure leur permettait certainement de se défendre à peu près correctement en Taijutsu, mais Otarin n’aurait pas été étonné qu’on lui apprenne que c’étaient en vérité de grands adeptes du Ninjutsu ou du Genjutsu.

Le dernier ne se démarquait pas beaucoup des autres par son apparence, plutôt proche des trois précédents, mais plutôt par son attitude, moins renfermée que ses « frères ». C’est par ailleurs parce que c’était lui qui prenait la parole en s’adressant au marchand tétanisé qu’Otarin compris que ce devait être le chef.

Le juunin regarda Oboro, qui s’impatientait grandement et trouvait une fois de plus que les tactiques de son soi-disant supérieur étaient vraiment d’une nullité sans bornes. Elle n’aurait pas hésité à attaquer si le rapport qu’Otarin allait faire d’elle auprès de leurs supérieurs respectifs ne jouait en rien sur la suite de sa carrière. Malheureusement, malgré son jeune âge, le Rekaïshi était quand même d’un grade supérieur et pouvait fort bien détruire la réputation qu’elle s’était construite jour après jour auprès du Qg.

Otarin attrapa un bout de papier et griffonna un message à l’attention de sa comparse. Il attendit quelque secondes, le papier dans la main avant de le montrer à Oboro. Il était écrit « Vas-y ! ». La kunoïchi ne se fit pas prier et déboula dans l’escalier, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention des bandits, qui, comme un seul homme se retournèrent tous vers l’endroit d’où émergea la Genin. Sans perdre de temps, celle-ci fonça sur son adversaire le plus proche, une matraque dans la main droite, prête à frapper. Certaine que son adversaire allait éviter son attaque, elle effectua un mouvement de rotation, qui la rendait, certes, plus vulnérable pendant un court instant, mais qui permettait de s’offrir une plus grande opportunité de toucher le gigantesque mastodonte qu’elle avait l’intention d’affronter. Au lieu de bouger, comme il aurait paru plus logique de le faire, celui-ci se contenta de parer l’attaque avec son bras droit avant de riposter d’un direct du gauche, qui n’aurait pas manqué de briser quelque chose à la jeune fille si la lame d’un sabre n’avait pas stoppé net le coup du géant. Celui-ci releva la tête et s’arrêta sur le visage impassible du ninja blond qui venait de s’interposer entre lui et sa cible.

« Désolé, mais ce ne sera pas aujourd’hui que tu auras l’occasion de faire valdinguer ma partenaire loin d’ici, j’ai encore besoin d’elle… Souffla Otarin. »

Les autres colosses, qui, jusqu’ici n’avaient pas bougé, croyant avoir affaire à une jeune téméraire isolée s’avancèrent pour rejoindre leur camarade. Le reste de la troupe des Onshitsu regardait la scène l’air amusé. On devait rarement s’attaquer à eux et lorsque c’était le cas, nos quatre géants devaient se charger du travail assez rapidement. Les mettre hors service tous les dix ne serait pas une mince affaire. Oboro, recula de quelques pas pour venir se mettre au niveau d’Otarin.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Ils n’ont pas l’air de vouloir coopérer… Hésita Oboro, moins sûre d’elle tout à coup.
-C’est une bonne question, je dirais qu’on leur rentre dedans de façon stratégique !
-C’est-à-dire ? Demanda-t-elle. »

Elle n’obtint pas de réponse, Otarin était déjà repartit à l’assaut, parant un direct du droit du colosse qu’il avait déjà arrêté une fois et profitant de l’élan du bonhomme pour placer lui-même un coup de poing dont la force était amplifiée par le mouvement vers l’avant du Jounin. Le mastodonte recula d’un pas, déséquilibré mais réussi tout de même à riposter en lançant son pied dans les jambes de son adversaire. Celui-ci évita le coup qui manquait de force mais fut harponné par une main dans son dos. Ce fut le moment que choisis Oboro pour venir donner un coup dans les cervicales de l’homme qui tenait fermement son adversaire dans la main droite. Cela ne fit pas grand effet mais permit tout de même au Jounin de se dégager. En atterrissant, celui-ci exécuta un balayement de la jambe qui mit l’homme à terre.

La kunoïchi était déjà repartie à l’assaut d’un autre géant. Ceux-ci n’étaient pas spécialement monstrueusement forts mais faisaient preuve d’esprit d’équipe. La tactique semblait leur être un élément totalement acquis, ce qui ne semblait pas être le fort de son partenaire Jounin qu’elle aurait volontiers assassiné s’il s’était agi d’un simple combat de routine qu’il risquait de lui faire perdre. Elle avait échangé sa matraque contre un couteau avec lequel elle frappait ses adversaires de petits coups d’estoc réguliers, tout en évitant quelques coups qui lui auraient sans doute valus un séjour à l’hôpital. Elle se déplaçait avait beaucoup plus d’habileté que les deux monstres qui se tenaient face à elle, mais ne réussissait à leur infliger aucun dommage apparent. Elle se contentait d’esquiver chaque attaque qui lui était destinée. Toutefois, elle prenait de plus en plus de vilains coups au fur et à mesure que le combat durait. Ses deux adversaires se battaient de concert, frappant toujours au moment le plus opportun afin que ni l’un, ni l’autre ne put être réellement mis en danger par leur adversaire.

Otarin était presque dans le même cas sauf que pour un coup esquivé, il en donnait deux à ses adversaires. Ceux-ci ne semblaient pas opérer plus que ça car il était sans cesse gêné par l’un ou l’autre des colosses. Il alliait coups de paume, de poings et parfois même était forcé d’utiliser ses doigts pour parvenir à toucher sa cible. Le plus proche des deux géants utilisa ses deux poings comme un marteau et Otarin fut obligé de rouler à terre pour éviter le coup. Cela lui permit de frapper son assaillant derrière le genou droit ce qui le fit trébucher. Profitant de l’instabilité de son adversaire, il lui assena un grand coup dans le dos et le ninja s’étala comme une crêpe de tout son long. L’autre gorille, pris de court cette fois-ci gesticulait dans tous les sens pour tenter d’atteindre le Jounin. Ce dernier ne lui laissait aucune opportunité de le blesser, mais ne semblait pas tenter lui-même d’attaquer sérieusement. En vérité, la raison pour laquelle Otarin ne s’occupait pas totalement de ses adversaires était qu’il surveillait sa partenaire et lui filait un coup de main dès qu’elle semblait en mauvaise posture. Il réfléchit quelques secondes à la meilleure manière de prendre l’avantage et ne trouva qu’un moyen.

« Oboro, lança Otarin, à trois, on utilise notre technique okay ?
-D’accord, vas-y comptes, répondit-t-elle.
-1, 2… 3 ! »

Les dix ninjas adverses ainsi que le barman en train de se faire racketter se retrouvèrent à terre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ils se relevèrent assez rapidement mais ce laps de temps suffit à Otarin pour venir se recaser aux côtés de sa partenaire. Ils échangèrent quelques paroles et conclurent qu’il valait mieux rester ensemble, le fondement de l’art ninja était quand même l’esprit d’équipe.

Les quatre balourds revinrent à l’assaut plus rapidement que les deux envoyés de Kiritsu ne l’aient prévu. Otarin dût se contorsionner pour éviter les attaques portées par ses adversaires. Il tenta un coup de poing en direction du flanc d’un des bonshommes, tandis que sa partenaire donnait des coups de matraques préventifs vers les parties d’un autre. Attaquer leurs adversaires en restant côte à côte donnait quelques avantages aux deux émissaires du Qg. En effet, même s’ils se retrouvaient à se battre contre quatre adversaires à la fois, la taille desdits adversaires effaçait l’avantage du nombre puisqu’ils avaient ainsi moins d’angle pour porter des attaques. Pour qu’ils soient efficaces, les malfrats devaient porter leurs coups sans être gênés par leurs voisins directs. Oboro et Otarin n’avaient donc à combattre que deux adversaires à la fois.

« J’aimerais te dire que c’est bientôt terminé mais ce serait mentir… Confia Otarin.
-Tant mieux, tu ne remarques pas que ça m’amuse de risquer ma vie dans une mission aussi débile qu’inintéressante aux côtés d’un Juunin-pot-de-vin alors que je pourrais avoir une vraie mission, avec un vrai chef qui saurait prendre les précautions qu’il faut avant de se lancer dans un guêpier de cette envergure ! Lança Oboro d’un ton acide.
-Je rappelle à Mademoiselle je-sais-tout que c’est elle qui me targuait qu’elle était prête à affronter n’importe qui et me tannait pour qu’on aille attaquer ces abrutis au plus vite. Rétorqua Otarin, pendant qu’il décrochait un direct dans la mâchoire de son adversaire direct. »

Oboro ne moufta pas, visiblement mouchée par la remarque du jeune homme sur son impétuosité. L’homme qu’Otarin avait frappé, visiblement sonné, laissa sa place à un de ses partenaires qui s’empressa de rouer de coups le Juunin. Celui-ci évita ou para la plupart des attaques. Cependant, l’un des coups de poings l’atteignit à l’estomac ce qui lui coupa momentanément le souffle. Oboro, qui continuait d’asticoter de sa matraque le colosse en face d’elle ne remarqua pas l’action qui se déroulait juste derrière son dos.

En parallèle du combat, les six mercenaires qui ne se battaient pas avaient fini par se lasser par le combat dont l’issue leur était certaine : même si les deux intrus se défendaient correctement, ils finiraient par s’essouffler avant que les réserves de leurs quatre membres les plus résistants n’aient atteint leurs limites. Ils étaient donc retournés à leurs occupations, récoltant leur dîme auprès du commerçant.

Otarin, qui s’était laissé surprendre par le coup étonnamment bien senti de son adversaire avait mis une poignée de secondes à se remettre ce qui avait permis au colosse de l’atteindre au visage. La seule conséquence de ce mauvais coup était un léger filet de sang qui coulait de son arcade ouverte. Le Juunin ne s’en perturba pas. Il prit l’initiative d’un coup du tranchant de la main en plein sur l’abdomen du géant après avoir laissé son adversaire frapper deux coups successifs dans le vide qui lui dévoilèrent une ouverture. Celui-ci se plia en deux sous le choc. Otarin releva son genou qui alla s’écraser contre le nez de l’intéressé.

Dans le même temps, Oboro avait pris l’ascendant sur le bouledogue qui lui servait de partenaire de combat. Elle avait réussi à le toucher méchamment à la rotule et il souffrait d’un léger boitillement qui rendait sa démarche un peu gauche et de ce fait ralentissait la cadence de ses mouvements. La jeune fille martelait son adversaire de son arme, celui-ci parant comme il pouvait. La seule chose que craignait Oboro à ce moment précis fut que le gorille qui attendait son tour ne relaie son partenaire mal en point. Elle accentua donc son effort afin de le garder sans cesse en action. Elle s’évertuait à viser les côtes de l’homme de manière à essayer de lui briser quelques-unes. Le lascar était résistant, de plus, la plupart des coups n’atteignaient pas leur but étant donné que ses énormes bras repoussaient les coups qui pleuvaient.

L’assaillant d’Otarin avait valdingué, son nez pissait le sang. Le Juunin s’apprêta à donner un coup dont l’homme ne se relèverait pas avant quelques temps mais déjà une deuxième masse de muscles était sur lui, faisant rempart devant son partenaire blessé. Le bandit esquisse un sourire devant la mine renfrognée d’Otarin.

« À ce que je vois, on ne pourra pas achever l’un de vous sans vous achever tous. Pensa Otarin à haute voix.
-C’est exactement ça, vous ne pourrez jamais nous battre, ricana l’intéressé.
-C’est être un peu présomptueux de dire ça. D’abord, ma partenaire se débrouille très bien, ensuite, votre technique est un peu rudimentaire, uniquement basée sur la force brute et sur la protection que vous fournissent vos bras, renforcés au Chakra. Seulement, vous êtes beaucoup trop vulnérables au niveau des jambes et notamment des genoux, exposa le Juunin. »

Le colosse blêmit. Le garçon blond qui se tenait devant lui et qui devait avoir à peine plus que la moitié de son âge venait de lui faire le détail des faiblesses que recelait son Taijutsu. Il avait bien une ou deux techniques de réserves, mais elles donnaient beaucoup trop d’ouverture à l’adversaire malgré la puissance dégagée. Il en avait rarement besoin. Il avait un peu sous-estimé son adversaire. Il reprit vite contenance, car, après avoir réfléchit il conclut que le garçon bluffait. Il n’avait fait qu’un compte rendu, restait à savoir s’il serait capable d’en tirer quelque chose.

Oboro, de son côté, avait bien suivi le petit exposé d’Otarin. Elle fut ravie du petit coup de pouce sûrement non intentionnel de son partenaire ainsi que du compliment qu’il lui avait fait. Elle se garderait bien de lui rendre la pareille, il était normal qu’on respecte ses aînés et il avait des choses à rattraper de ce point-de-vue ci. Toujours est-il que la kunoïchi fit mine de continuer à attaquer les côtes pendant quelques instants donnant de plus en plus de coups d’estoc afin de retenir son adversaire à distance, puis, elle feint un mouvement plus osé, se fendit, laissant une ouverture au mastodonte qui fonça sur elle, le poing en direction de sa tête. Préparée à l’assaut, Oboro n’eut pas grand mal à esquiver le coup. Elle prit sa matraque à deux mains et frappa de toutes ses forces dans le genou déjà abîmé du géant, qui céda. L’homme s’écroula, sa jambe formant un angle peu habituel. Oboro n’essaya même pas de s’occuper de le rendre totalement hors d’état de nuire, elle se concentra sur le suivant qui avançait vers elle.

En vérité, l’adversaire d’Otarin avait presque raison de ne pas s’inquiéter de ce que lui avait dit le jeune homme. Ce qu’il avait dit reposait uniquement sur des faits, non pas sur une analyse approfondie de leur style de combat. Si Sheinji avait été là, il aurait su dès le départ quelles étaient les divers qualités et défauts de ces adversaires, aussi imposants que forts. Malheureusement, malgré un avantage certain au niveau de l’œil, Otarin avait beaucoup de mal à égaler Sheinji dans ce domaine. L’œil expert du Chuunin lui aurait été bien utile. Sa découverte sur leurs renforcements brachiaux n’avait pas été une mince affaire. Ils cachaient bien leur jeu, calquant la vitesse de déplacement du Chakra sur leur flux sanguin, et ne le faisant passer que par les veines, l’énergie que décelait Otarin avec son œil ne semblait pas différer du sang lui-même. De plus ils perdaient moins d’énergie, car ils utilisaient la quantité tout juste efficace pour éviter fracture ou saignements. Quant à son analyse sur les jambes, ça n’avait été qu’un hasard si Oboro avait réussi à blesser le genou d’un des colosses et ainsi montrer à Otarin une faille de leur défense.

Le nouvel adversaire d’Oboro visait les épaules de la demoiselle tandis que le précédent rampait pour s’extirper de la zone de combat. La jeune fille reçut un mauvais coup au bras gauche et dut se baisser pour en éviter un deuxième en direction de la tempe droite. Elle commençait à fatiguer alors que son adversaire n’avait quasiment rien fait. Ses mouvements, bien que lents étaient d’une force quasi-herculéenne, et la jeune femme peinait à éviter ses coups, et encore plus à lui en donner. Elle qui, quelques minutes plus tôt, faisait montre d’une supériorité à toute épreuve donnait l’air d’un animal apeuré et essoufflé que son prédateur n’allait pas tarder à tuer.

Otarin lui aussi était en difficulté dans son propre combat. Non pas, comme Oboro, du fait de la fatigue, mais à cause de sa blessure à l’arcade dont le sang lui coulait dans l’œil et l’handicapait. Que vaut un sourd, sans odorat et sans toucher si on le rend borgne ? Plus grand-chose. Toutefois, l’avantage du jeune homme par rapport à un humain lambda était la capacité extraordinaire de son autre œil, qui lui permettait de faire au moins les trois quarts du travail de l’autre. Doutant alors de sa réussite, Otarin reprit son sabre qu’il avait mis de côté, ne voulant en aucun cas tuer les malfrats. « Gare à l’âne » avait confiance en lui, il ne devait pas le décevoir en bâclant une mission de cette façon. Mais là, il n’y avait pas que sa vie en jeu. Il avait déjà risqué celle d’une coéquipière précédente… Pas deux fois. Il s’essuya une nouvelle fois le front. Toujours autant de sang. Les problèmes récents de coagulation du Juunin n’arrangeaient rien à sa blessure. Il décida d’attaquer du plat de la lame. Le premier coup qu’il porta fouetta l’air et vint s’écraser sur le torse du colosse avec un claquement sourd. Celui-ci répliqua en lançant un coup de pied en direction du bas-ventre d’Otarin. Le Chikarate fit dévier la trajectoire du coup, mais sans un franc succès : celui-ci s’abattit avec force au niveau de son bassin, en haut de sa jambe droite. Le bretteur commença à partir en arrière et frappa un grand coup de pied au sol pour arrêter sa chute. Le plancher se fissura un peu sous le choc.

« Hey, fais attention où tu marches, tu vas détruire le sol abruti ! Ricana l’un des mercenaires qui ne se battaient pas.
-Ouais, comme quoi on peut marcher comme un hippopotame sans atteindre le poids de Big Jo, renchérit un deuxième.
-Le perturbez pas, déjà qu’il n’a pas l’air d’être très à l’aise dans son combat le gamin, en plus, si vous le faites pleurer, il n’y aura plus aucun intérêt de se battre, lança un troisième. »

Cela fit sourire le Juunin. Ils étaient forts, mais manquaient d’un peu de tact. Si, depuis le début du combat, Otarin semblait atterrir avec plus de lourdeur que son adversaire c’était voulu. Son terrain était fin prêt. Il ne manquait plus qu’une seule chose pour qu’il puisse attaquer et sa partenaire allait l’aider. Elle était certes un peu fatiguée mais pourrait aisément exécuter ce que le jeune homme blond allait lui demander.

« Oboro, à trois, une nouvelle fois notre technique ! Cria-t-il.
-Mais… Hésita-t-elle.
-Pas de mais, fais ce que je dis.
-Hé Blondin, ce n’est pas que ça va servir à rien mais bon… Fit l’un des colosses avec un rictus mauvais sur le visage.
-1, 2 et… 3. »

Pour la deuxième fois, les deux partenaires donnèrent simultanément un grand coup de pied dans le sol. Cette fois-ci, leurs adversaires étaient prévenus et sautèrent afin de ne pas perdre leurs appuis. Et ce fut une erreur. Otarin avait préparé son coup de façon à faire croire à tout le monde qu’il allait les faire tomber. Seulement, en ayant fragilisé le terrain à ce point, il savait que le prochain coup ferait voler en éclats les lattes du plancher. C’est ce qui arriva. Les deux adversaires directs de nos compères, complètement déstabilisés par les débris qui leur arrivaient dessus alors qu’ils étaient encore en train de sauter furent pris totalement au dépourvu par les poings d’Otarin qui, grâce à ses yeux semblait nager entre les bouts de bois. Le Juunin brisa la mâchoire de l’un qui s’écroula, portant ses mains à son visage et fit tomber l’autre à terre d’une balayette. Otarin profita du fait qu’ils soient à terre pour leur briser les poignets. Il s’était écoulé une quinzaine de secondes entre le moment où les deux équipiers avaient fait voler le sol en éclat et le moment où tous les morceaux projetés étaient retombés. le dernier des quatre lurons encore en état de combattre profita du fait que le blond était occupé à achever de mettre hors-service ses adversaires pour l’attaquer par derrière. Trop tard…

« À vos marques… Prêtes ? PARTEZ !!! »

La jeune fille qui s’était mise sur le côté lorsque son partenaire avait placé son attaque déboula à une vitesse ahurissante sur le dernier des quatre colosses. Ce dernier n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit et prit le boulet de canon de plein fouet. Il y eut un craquement sourd et l’homme fut projeté sur ses partenaires restés au fond de la salle.

« Plus que six… Grommela Otarin, non mécontent d’avoir fini par se débarrasser des M. Muscle.
-Oui, et s’ils sont encore plus forts qu’eux, on fait quoi ?
-T’es fatiguée ?
-Un peu, mais ça va encore…
-Tu te sens capable de viser chacun de ces gars avec un kunaï et de les toucher ?
-Oui, mais ça va nous servir à quoi ?
-Vas-y, je te le dis après… »

La kunoïchi s’exécuta. Les six cibles dévièrent chacun les kunaïs de la main. Otarin sourit. Bon, plus que six… Et pas si futés que ça. Sinon, ils auraient fait l’effort d’éviter les kunaïs. Désormais, Otarin pouvait les retrouver n’importe où dans un rayon de quelques kilomètres. Qu’ils tentent de s’enfuir avec ce qu’ils avaient amassé et il les traquerait.
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Narasu  - Page 5 Empty Re: Narasu

Message par Oboro 2/9/2012, 21:42

Fatiguée? Même pas, ce qui la surprenait. Elle avait très certainement paniqué à plusieurs reprises, et s’en voulait d’avoir suivi Otarin quand elle aurait pu employer son ganseki d’une bien meilleure façon… mais elle se sentait bien. Deux portes entrouvertes, mêlées à une utilisation d’une pincée de secondes –pas même trois- ne l’avaient même pas éreintée.
Ou alors, elle s’était déjà suffisamment épuisée auparavant pour ne pas sentir grande différence. Elle allait avoir du mal à suivre une course poursuite dans le quartier.

C’est du moins ce qu’elle pensa en s’élançant vers la porte, à la suite du junin qui pourchassait déjà énergiquement les fuyards. Ces derniers avaient tous pris la fuite dans la même direction, s’enfonçant dans un couloir qui menait vers les annexes de l’entrepôt. Les deux ninjas accélérèrent, désireux de rattraper les brigands avant qu’ils ne rejoignent l’extérieur, où il serait plus délicat de les coincer. Jamais ils ne se seraient attendus à ce que ceux qu’ils venaient rosser, dans cette bête expédition punitive commanditée par un rassemblement de marchands brutalisés, n’aient le cran de leur tendre aussi vite une embuscade.

Lors du premier virage, à peine Otarin disparut-il de son champ de vision qu’il fut immédiatement remplacé par un vaste mur d’écume, placé ici par ceux qui n’allaient pas laisser la défaite de leurs plus gros bras les faire capituler. Ils n’étaient peut-être pas des shinobi à part entière, mais ils avaient reçu une certaine formation.
Ils étaient six, ils se connaissaient, et ils avaient encore les moyens de prendre l’avantage sur les exécuteurs chargés de l’opération punitive. Les ninjas devaient tomber.

-Obo, sors-moi de là!
-T’as encore fait quoi, ‘riture de chikaz’?
-Regarde ou tu mets les…
-Oh, c’est mignon, ça.

Elle s’arrêta net une fois le virage passé. Elle faisait maintenant face à un blob de mousse informe, vaguement tentaculaire, au sein duquel glissait et se débattait son coéquipier. Suiton, avec une légère variation inhabituelle. Très laborieusement, elle entreprit de s’approcher en évitant de se faire happer par la chose, avant de finalement réussir à lui tendre la main pour l’extirper de l’amas grotesque. Aussi humide qu’imposant, le simili-élémental mousseux n’avait guère de force à sa disposition pour empêcher le blondinet de s’enfuir. Il l’avait tout juste empêtré, et les glissements qui l’avaient retenu plus tôt aidèrent la mahousarde à l’en sortir. Le plus délicat avait été de ne pas se faire absorbée elle aussi, ce qui sembla contrarier l’être aqueux.
Il eut alors la bonne idée d’exploser, offrant ainsi une dizaine de secondes supplémentaires à ses concepteurs avant de se vider de tout son chakra. Les deux membres de Kiritsu restèrent aveuglés par la tempête de bulles qui les submergea.

-Pweuah! Ca pue encore plus que les égouts, ce truc!
-L’air frais marin, commenta sombrement Otarin. Le sel, la mer, les algues en décomposition, le crabe pourri…
-Oh, tu connais ça, le chikarate? Dans votre désert, j’croyais que vous aviez pa…
-‘Tattention!

Il ceintura maladroitement Oboro et les propulsa sur le mur, à sa gauche, plongeant avec elle. De justesse, il avait vu une traînée de poussières lumineuses s’inviter sur l’emplacement qu’ils occupaient un instant plus tôt, et celle-ci donna vie à une mince colonne de flammes écarlates qui ne leur voulait rien de bon. Le phénomène se répéta à deux reprises, obligeant les ninjas à se repositionner à chaque fois, légèrement roussis à chaque occasion. Avec leurs épidermes irrités par les vagues de chaleur qu’ils esquivaient de justesse, les deux compères se sentaient trop à l’étroit.

-Faut qu’on se casse, c’est un piège à rats!
-On continue, impulsa Otarin en indiquant le coin de couloir qui leur faisait face, là où le golem d’écume avait explosé.
T’es sûr qu’on risque rien?
-Plus de chakra dans l’air, sentit-il. Ca devrait être de la mousse normale, suggéra-t-il en le traversant sans réfléchir davantage.

Trop confuse pour penser à ce qu’allaient subir ses vêtements, Oboro le suivit, prenant simplement soin de ne pas glisser sur le sol spongieux. Au moins, plus aucune de ces colonnes de flammes ne les assaillait. Otarin lui suggéra en la guidant que leurs cibles n’avaient pas du se trouver bien loin pour lancer ces jutsu aussi précisément. Elle lui objecta que ça aurait aussi pu être un unique jutsu de niveau avancé, mais à moins d’une très mauvaise surprise, cette version n’était pas à envisager.

-Ils sont loin?
-De plus en plus.
-Comment tu sais ça? Ton dojutsu?
-Trop compliqué à expliquer. Suis-moi, c’est tout.
-T’as vraiment pas intérêt à te planter, lâcha-t-elle en enjambant à sa suite une commode renversée, dont le contenu s’était répandu à terre.

De leur coté, les six brigands trépignaient d’impatience. Ils avaient été pris par surprise, ils avaient commit une erreur. Soit. Mais s’ils étaient restés en bonne place dans cette ville, c’était pour la simple et unique raison qu’ils ne les commettaient jamais plus d’une fois.

Au cours de leur fuite, ils avaient mit à profit leur légère avance pour prendre l’avantage, à leur manière. Deux d’entre eux en particulier laissèrent sur place un quatuor d’observateurs, des entités autonomes forgées de chakra de la taille d’un poing, dont l’unique tâche était de suivre et surveiller leurs deux poursuivants. Leur principal atout était de relever du futon, ce qui leur procurait une mobilité exceptionnelle en plus de les rendre très difficiles à déceler. Le fait que les deux ninjas soient respectivement passés à coté et à travers ces drones sans cligner de l’œil leur indiqua qu’ils avaient trouvé là un formidable atout.

Il ne leur restait plus qu’à attendre, toutes les trente secondes, d’obtenir les comptes-rendus sensoriels condensés de leurs créations afin de rester tenus informés de la progression des envoyés de Kiritsu. Et d’avoir l’intelligence de s’en servir pour pouvoir coordonner leurs attaques.


-T’as entendu ça?, s’inquiéta Oboro en ralentissant dans la cour intérieure qu’ils traversaient désormais.
-Euh… non, déclara le junin, gêné. C’était quoi?
-Un bordel monstre comme ça, t’as pas entendu?
-Je suis sourd, expliqua-t-il rapidement.
-T’es quoi? Mais tu me par… arrête tes conneries, c’est pas le moment des blagues à la con!
-Je suis sérieux, je lis sur les lèvres depuis le début. Alors dis-moi ce qu’il y a.
-Mais je ne te regarde même pas, tu cours devant moi!
-Aboule, s’emporta Otarin, qu’est-ce que tu as entendu!?
-Mais j’en sais rien gros con !!!, paniqua-t-elle à son tour, vexée. C’est pour ça que je te demande si toi t’as entendu!
-Oboro, calme-toi. Ce que je veux te dire, c’est juste que…

Elle ne répondit pas. En réponse au grondement sourd qui venait cette fois clairement de leur droite, elle déploya un duo de poignards, qui rebondirent sur le vide et firent apparaître une sphère de roche jusque-là invisible aux regards. De la taille d’un tabouret, elle semblait bien assez robuste pour se frayer un chemin parmi les débris qui parsemaient le sol jusqu’à leur rompre les jambes.
Otarin réagit au quart de tour et s’élança au mur, tandis que sa disciple s’écarta simplement de la trajectoire du boulet. Muromachi ne se priva pas de pester de rage lorsque celui-ci dévia sciemment vers la gauche pour la maintenir en mire, tandis que deux grosses caisses de l’entrepôt surgirent de nulle part pour couper la retraite de la genin. Commençant à courir vers l’une de ses dernières échappatoires, elle tenta de distancer la boule finalement tranchée nette par le sabre d’Otarin.

-Un putain d’illusionniste?!
-On a un problème, un gros problème, chantonna le sourd. Ca va pas être beau à voir, parce que je vais rieeen voir du tout.

Il comptait sur sa vue pour poursuivre les mercenaires. Et ceux-ci disposaient d’au moins un adepte des genjutsu, probablement plusieurs. Il lui suffisait d’additionner le boulet invisible avec les caisses surgissant de nulle part pour en arriver là. Il ne savait même pas si elles étaient faites de vent, ou si au contraire elles avaient jusque là été cachées au travers d’un jutsu. Dans tous les cas, ça n’annonçait rien de bon pour lui.

Par expérience, il avait découvert à plusieurs douloureuses reprises que la vue était le premier sens que ceux-ci apprenaient à saboter. Et les contremesures traitant des illusions aussi bien mentales que matérielles n’étaient aucunement son fort, et très certainement pas celui de sa suivante.

Normalement, il parvenait à voir les sons. Physiquement. C’était des vibrations, lui avaient expliqué ses mentors. Mais en l’occurrence, il semblait que le genjutsu affectait également ces ondes, les dissimulant à ses yeux.

-Otarin, on fait quoi?
-Je ne…
-Ils sont où?, insista-t-elle en réponse à sa phrase étouffée. Tu les vois, non?
-Je… n’en sais rien. Ca n’est probablement pas eux. Ils doivent être là, mais je…

La température dans la cour chuta subitement, ce qui fit tressaillir d’inquiétude les deux combattants. L’air sec de cette chaude journée s’alourdit brusquement, abreuvé massivement d’humidité, tandis qu’un imposant brouillard artificiel enveloppa le théâtre du combat. Combien de suiton se trouvaient là, ils n’en savaient rien, mais ils semblaient bien connaître leurs classiques. Mal à l’aise, les deux ninjas raccourcirent drastiquement la distance les séparant, désormais incapable de discerner grand-chose au-delà d’une douzaine de mètres face à eux. Otarin eu la mauvaise surprise de constater que la fraîcheur ambiante sabotait sa vision spéciale, partiellement modifiée par la perception des infrarouges.

-J’aime vraiment pas ça, murmura lentement Oboro tout en tendant les oreilles. Faut qu’on se bouge, ça pue le clouage.
-Ne bouge pas. On reste là pour le moment.
-C’est un piège, t’es con ou quoi? Ils veulent nous crever ici!
-Ils vont tenter quelque chose, oui. Donc ils vont venir. Donc on les attend et on ne rate pas notre chance. Tu fais déjà très bien semblant d’avoir peur, donc ils n’hésiteront pas.
-Tronche de phoque, je te jure que si tu nous chies dessus, tu vas bouffer le sable de ton putain de désert par les…
-Compris, compris.
-Non, pas compris. Je veux partir!

Il n’avait pas tort. Il en était certain. Otarin planchait sur un second passage des boulets invisibles, en plus grand nombre cette fois. Et si c’était le cas, il avait une réponse à apporter grâce à son sabre. En ce qui concernait sa coéquipière, il ne tenait qu’à lui d’être assez rapide pour pouvoir la protéger. Ils avaient peut être passé leur dizaine de jour ensemble à se fusiller férocement, ça ne l’empêchait pas d’être déterminé à assurer son bien-être.

-Tu peux nous refaire un ganseki, plus tard?
-Non. Si tu planchais dessus, t’oublies tout de suite.
-Comment ça?
-J’en ai déjà fait un. Pas long, mais ça bouffe son chakra. Et des injections à intervalles trop réduits laissent des séquelles.
-Si tu ne le fais pas le jour où tu en auras besoin, on ne profitera peut être pas des séquelles.
-Si je crève à l’instant, je profiterais pas de ta gueule quand j’aurais à te fracasser, s’emporta-t-elle en haussant le ton. Quoi, ton plan de génie c’est de tout miser sur moi, super-junin?
-Je te disais ça en général, se défendit-il. Pour ton bien, tu vois?
-Je sais très bien ce que j’ai à faire, merci.
-C’est ça, ouais.

Otarin se tut, frustré. Oboro venait d’avoir le dernier mot, ce qui lui tapait furieusement sur les nerfs. Mais le moment ne se prêtait absolument pas aux jérémiades qui avaient monopolisées leurs interactions jusqu’à ce jour, aussi décida-t-il de prendre sur lui.

Ce qui n’était pas du tout du goût de l’illusionniste en charge de trafiquer leurs émotions. Sa tâche avait beau être compliquée par la distance de sécurité qu’il conservait avec ses victimes, il parvenait à conduire son affaire, lentement mais sûrement. La mise en scène orchestrée par ses coéquipiers, et l’état de panique croissante dans lequel se trouvait la kunoichi qui embourbait à sa suite le blondinet…

Alerte à ne pas commettre d’impair, il intima à Reikaishi une rapide saute d’humeur, sachant pertinemment qu’il n’en fallait guère plus pour qu’ils rebondissent l’un sur l’autre. Une fois les braises relancées, il n’aurait qu’à maintenir discrètement son influence pour qu’ils se retrouvent incapables de garder la raison.

-Je me disais que tu pouvais être utile pour une fois, répliqua-t-il acerbe. Et ça n’est pas le moment pour que l’on s’énerve!
-Mon goken c’est pas la teu-teu, désolée si t’as cru que c’était noël en avance. Je te l’ai dis, que fallait réfléchir et limiter. Dès le premier jour. Plu-sieurs-fois.
-Explique-moi alors c’est quoi l’intérêt d’avoir un truc dont tu peux pas te servir?
-J’APPRENDS A M’EN SERVIR, BORDEL!!! Et ça reste mieux que ton goken en carton-pâte. Je suis genin, moi!
-Ca pour une genin, c’est clair que t’as jamais mérité aucune promotion pour ne plus l’être, frappa Otarin.
-Ah ouais, genre? Répète moi ça pour voir, si tu veux tâter du…
-Ton poing dans ma gueule si j’ose? Tu crois vraiment que j’ai pas de quoi te l’arracher, ton bras si t’essaies?
-J’crois surtout que t’as aucun plan et que tu comptais vraiment sur moi pour sortir ton cul de la merde noire où tu nous as foutus, trouduc!
-Compter sur toi?! Pis quoi d’autre, franchement à quoi t’as servi aujourd’hui, sérieux? A me distraire avec tes nichons, sûrement? J’ai pratiquement tout fait tout à l’heure, j’te signale. Si encore t’avais un décolleté ou que t’étais gentille, je dis pas, mais une chieuse…
-Mais t’es dingue?! Espèce de porc, donc pour toi une coéquipière c’est juste là pour tremper ses fesses et son maillot pour te donner de quoi faire mumuse quand tu t’emmerdes? Et c’est ptêtre comme ça que t’as crevé ta copine avant, l’Harumignone qui s’est fait violée au passage?, lui cracha-t-elle au visage, rageuse.

Du pain béni pour les brigands. Non seulement leurs adversaires se révélaient diablement doués pour se crier dessus, mais en plus ils connaissaient chacun les leviers sur lesquels appuyer pour attiser la colère de l’autre. A force de voir ainsi du sel jeté sur ses vieilles plaies, Otarin en était maintenant à fulminer silencieusement, incapable de rétorquer quoi que ce soit d’autre qu’un grondement sourd et enflé qui soulevait régulièrement son torse. De son coté, Muromachi s’approchait dangereusement d’une rage du même ordre, et les larmes de colère naissantes qui encerclaient ses yeux convainquit les six guerriers embusqués qu’il était temps pour eux de passer à la suite.

Les deux sabreurs du groupe se mirent en route, d’un même mouvement. Alors que le premier se contenta de sobrement dégainer son arme, l’autre effectua une dizaine de mudras qui irradièrent sa lame, maintenant animée d’une volonté propre au point de se soulever d’elle-même à hauteur de l’épaule du guerrier.

Les deux combattants sortirent du tas de caisses où s’étaient abrité le petit groupe, prêts à en découdre. Les deux ninjas qui leur faisaient face n’avaient plus beaucoup de leurs moyens, et leurs compagnons à eux étaient au contraire tout à fait disponibles pour les soutenir.

-ET VOUS ON VA VOUS CREVER LA GUEULE JUSQU'A CE QUE VOUS ARRETIEZ VOTRE MERDIER, TAS D’JUFFLES !!!

Muromachi s’élança furieusement vers la forme sombre qui se présenta à elle, haches en main. Elle savait qu’elle était influencée par un genjutsu, elle l’avait déjà été avec des résultats similaires. Cela lui avait permit de se retenir d’attaquer Otarin, qui en avait fait de même pour l’avoir lui aussi remarqué.

De là à croire que les deux ninjas pourraient complètement ignorer leur colère, c’était un peu trop. Ils n’avaient même pas été capables de rester calmes.

Moins sonore mais tout aussi énervé, Otarin fonça vers son propre adversaire. Sabre tendu, il fustigea d’un coup de lame le Naraséen, qui n’était guère qu’un phantasme déployé par l’illusionniste. Sa vision périphérique lui sauva ici la vie, lui permettant d’intercepter la lame solitaire qui s’abattit sur lui depuis les cieux. Repoussée d’un coup de sabre, l’épée fut également fracassée par l’acier supérieur de l’arme du chikarate, et se fractura en plusieurs morceaux qui retombèrent au sol. Son possesseur, qui refusa de s’approcher au corps à corps après la riposte du ninja, s’enfonça encore davantage dans la brume, tandis que les deux plus gros fragments de son arme encore vaguement utilisables reprirent de l’altitude.

Toutefois, Otarin ne put rien en faire. Ceux-ci s’envolèrent bien plus loin, et ses propres mouvements furent entravés par l’apparition de galets qui lui noyèrent les pieds. Désormais entouré d’un champ de roches pour le ralentir, il remarqua alors les cris qui provenaient d’un peu plus loin, là où devait se trouver la genin. Il n’eut pas le temps de s’en soucier bien longtemps: il ne lui fallut pas même quelques pas délicatement effectués dans cette direction pour que la nuée de galets s’anime subitement, la moitié d’entre eux s’élevant d’un coup pour venir faiblement se lancer à sa rencontre.

Quelques chocs ne firent guère plus que de l’endolorir, mais il effectua un renforcement éclair pour bondir hors d’ici, préférant sacrifier son chakra pour ça plutôt que de laisser la chance à un pareil traitement de se prolonger. La vision d’un second « élémental d’écume » naissant auprès des galets lui suffit pour conforter son choix, et la présence de galets supplémentaires à plus haute altitude l’inquiéta d’autant plus.

Sa brève position aérienne ne lui permit même pas d’avoir une vue claire du champ de bataille, à cause du brouillard. Toutefois, il pouvait discerner les nombreuses injections qui s’élevaient ça et là dans la cour.

Lorsqu’il retomba, il savait où se trouvait Oboro. En prise avec deux brigands qui se déplaçait autour d’elle.

Mais surtout, il savait où se trouvaient les quatre autres. Ca n’était rien d’autre que la direction vers laquelle il s’élança. Il comptait frapper fort et vite. S’ils se tenaient en retrait même sous couvert du brouillard, c’était forcément qu’ils ne pouvaient guère tenir au corps à corps, son domaine de prédilection. Il règlerait ça d’un coup de sabre pour chacun d’entre eux, ils avaient déjà perdu trop de temps.







Déterminé à conclure cette affaire, il fut ainsi surpris d’avoir été devancé dans son assaut. Ca n’était pas les Naraséens. C’était Oboro. Ou plus exactement…

-CHARGEZ !!!
-POUR L’IMPERATRICE MUROMACHI!!!
-CREVE, ENFLURE !!!
-AUJOURD’HUI, VOUS ALLEZ CHIER VOS TRIPES !!!
-RASCALS DES CAMBROUSSES, Z’ALLEZ JACTER !!!

… un commando de cinq manchots particulièrement motivés. Après leurs entraînements répétés, ils avaient parfaitement assimilé l’esprit combatif que leur entraîneuse souhaitait leur inculquer. Ainsi que son vocabulaire, accessoirement.

Surtout son vocabulaire, peut être.

Invoqués tous ensemble d’un unique mouvement de bras peu après qu’elle se soit elle aussi élancée vers un mirage, ils furent rapidement mobilisés pour retrouver le reste de leurs agresseurs, en planque quelque part dans cette cour. A l’aide de simples efforts déployés pour tenter de repérer le chakra ennemi, ils finirent par retrouver la bande en planque à l’abri d’un tas de caisse. Ils entreprirent alors d’escalader rapidement l’édifice à l’aide de chakra et d’une pyramide humaine, pour mieux prendre par surprise les malfaiteurs en leur bondissant dessus.

C’était un combat qu’ils n’auraient jamais pu gagner.
Ils avaient toutefois le mérite d’avoir interrompu l’enchaînement interminable des brigands, qui avaient encore quelques tours dans leur sac. Et Otarin n’allait sûrement pas se plaindre du fait que ses quatre proies lui tournaient actuellement le dos, sans la moindre chance de lui prêter attention. Il effectua sa besogne dans un enchaînement sobre et concis, mutilant proprement ses adversaires de manière à les incapaciter le temps qu’il en finisse.

Cette fois-ci, il s’en retourna vers l’autre source de rugissements, où se trouvait sa coéquipière. A en juger par ses cris, elle n’était pas blessée… juste maintenue de justesse par l’adrénaline.

Oboro n’en pouvait plus, tout simplement. Sans visibilité, elle avait peiné pour tenir deux adversaires à distance, usant de ses projectiles et d’angles inhabituels dans son environnement pour conserver un semblant de bonne tenue. A l’instant où les deux fragments d’arme brisée s’étaient élancés vers elle, elle avait eu la chance de pouvoir détruire le plus gros d’un seul tir, usant de ses poids pour briser l’arme. L’autre avait été tenu en respect par l’un de ses éventails de guerre à quelques reprises, après lesquelles son utilisateur était tout simplement tombé à cour de chakra.

Mais même épuisée de la sorte, elle tenait le coup. Non seulement les attaques de ses adversaires s’amenuisaient, mais en plus elle avait réussit à les blesser significativement à plusieurs reprises. L’une de ses javelines, en particulier, avait réussi à mordre férocement le flanc du bretteur, lui infligeant une blessure plus critique que ce que ses bandages de chakra étaient capables de supporter.



Dix minutes plus tard, Otarin achevait de rassembler les Naraséens dans un coin de la cour, tandis que sa coéquipière reprenait tant bien que mal ses forces. Encadrée de très près par sa troupe d’invocations, elle laissait le chikarate en charge de toute la suite, elle-même se contentant de câliner ses peluches à plumes tout en respirant profondément. Les manchots répondaient très bien à l’attention de leur blessée, eux-mêmes la dorlotant de leur mieux en faisant apparaître de leurs affaires de quoi soulager légèrement son état.
Et vu comment la situation aurait pu mal tourner, le junin n’y voyait pas le moindre inconvénient. Elle avait très largement rempli son office, selon lui.

-Putain d’riture de bordel de fiel de chiotte. Je h-a-i-s les illusionnistes. Tripatouiller les cerveaux, c’est la vioche. Devrait être considéré illégal, des coups pareils.
-Uh uh.
-Bon. Au moins tout ça c’est plié. Ok.
-J’imagine.

Parler des illusionnistes lui rappela subitement ce qu’ils s’étaient hurlés, un peu plus tôt. Il allait s’excuser. Ou pas, il n’osait pas vraiment revenir là dessus. Elle allait sûrement le faire, elle même. Il voulait aussi la féliciter, mais ne parvenait pas à trouver ses mots. Aussi se contentait-il de répondre brièvement à tout ce qu’elle pouvait dire, simplement satisfait de constater qu’il n’y avait pas la moindre trace d’animosité dans les observations de sa coéquipière.

Bah, lâcha-t-il finalement. Pour le moment, elle avait l’air trop fatiguée pour qu’il veuille la déranger avec quoi que ce soit. Plus tard, il en aurait peut être l’occasion, s’ils ne trouvaient pas un nouveau prétexte pour se tirer dans les pattes.

Oboro
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Message par Kentaro 3/9/2012, 11:39

Kentaro pila net au beau milieu de la rue en apercevant une tête familière.

« Tiens, Luan, qu’est-ce que tu fais ici ? S’étonna le médecin.
_ C’est mon jour de repos, rappela la numéro 2 des urgences. Mais toi, qu’est-ce que tu fiches là ? Je croyais que tu étais en mission pour le QG toute la semaine ?
_ C’est le cas. Mais comme tu le vois, c’est plutôt cool : j’encadre des genins, alors… »

Luan écarquilla brusquement les yeux. Le chunin, qui savait pertinemment ce qui allait se produire, réagit au quart de tour et se jeta sur le côté, embarquant Luan au passage. L’énorme trident qui lui arrivait dans le dos le loupa de peu et rebondit au sol sur quelques mètres. Kentaro se retourna derechef et mit ses mains en porte-voix.

« Booouuuuuuh ! Mauvais ! Tu louperais un éléphant dans un couloir, ‘spèce d’iroquois à la manque ! Ma grand-mère ferait mieux que toi !
« Bon, je te laisse, Luan, le devoir m’appelle ! On se revoit à l’hosto’ ! »

Et sans plus de cérémonie, le chunin reprit sa course comme un dératé. Avant que Luan n’ait le temps de réagir, trois grosses brutes arborant le bandeau de chikara s’extirpèrent de la foule tout en se répandant en jurons et en invectives sur le sale froussard Mahousard. L’un d’entre eux, avec un coupe de cheveux en crête, récupéra son trident au passage, et le maelstrom furieux disparut aussi vite qu’il était arrivé, coursant Kentaro.
Luan secoua la tête. Une journée comme une autre à Narasu.

De son côté Kentaro ralentit le rythme – s’agissait pas de les semer, non plus – et jeta un coup d’œil en arrière. L’iroquois au trident était toujours dans la course, talonnant le bonze -çui avec le crâne rasé- aux tonfas et le King -à l'impressionnante banane- armé d’un imposant casse-tête. Nickel, tout le monde était là.

Le chunin leur lança une nouvelle série d’insultes, histoire qu’ils gardent leur entrain, et repartit de plus belle, au hasard des rues. D’après le boucan qui provenait de ses arrières, les trois gus étaient bien décidés à en découdre.
Bien, bien, bien, bon état d’esprit, décida Kentaro.

Il s’aperçut brusquement qu’il s’engouffrait droit dans une impasse. Le médecin activa son épiderme renforcé et accéléra, percutant violemment le mur, bien décidé à passer au travers.
Sauf que ledit mur n’était pas en fragile briquette comme il s’y attendait et qu’il s’écrasa lamentablement dessus.

Frottant son épaule douloureuse, le chunin maudît l’urbanisme galopant de la cité. C’te connerie de mur n’était pas là, le mois dernier ! Un bruit se fit entendre derrière lui. Les trois loubards chikarattes barraient le passage et s’approchaient d’un air menaçant, le King faisant racler son casse-tête sur le mur dans une vaine tentative d’intimidation.

« Tu vas voir, petit con ! On va t’apprendre à venir foutre le bordel dans notre bar !
_ Sans blague ? T’as ton armée ?
_ Ta mère va plus te reconnaître quand on en aura fini avec toi !
_ Ouuuuh, arrête, j’ai peur… »

Le chunin esquissa son plus beau sourire moqueur… Avant de sauter de toute son extension pour prendre appui sur le mur et se propulser d’une façade à l’autre jusqu’au toit.

« Bwahaha ! Même pas foutu de me coincer, bandes de minables ! C’est dix ans trop tôt pour escompter m’attraper ! »

Le sourire sardonique de Kentaro s’effaça bien vite : les trois molosses se jetèrent sur le mur et se mirent à courir à la verticale pour le rejoindre. Le médecin jura dans sa barbe : il aurait pourtant parié que des grosses brutasses comme eux n’auraient jamais pris la peine d’apprendre l’adhérence par chakra.

Le chunin fit donc volte-face et repartit aussi sec, s’engouffrant dans une cage d’escalier avant de bondir dans un couloir. Au raffut derrière lui, les trois matamores étaient sur ses talons. Un sifflement caractéristique lui parvint aux oreilles et le médecin bondit en avant, évitant de peu le trident qui vint s’encastrer dans la porte qui lui faisait face. Sans ralentir, Kentaro roula-boula, se redressa et enfonça la porte sans autre forme de procès, pour débouler dans une pièce sans issue.

Les trois chikabrutes déboulèrent bien vite et jetèrent un regard atterré à la ronde. Personne. Un rire bruyant et moqueur attira bien vite leur attention et le trio de choc se précipita à la fenêtre. Pour voir Kentaro qui leur faisait de grands signes en contrebas.

« Merde, comment il est arrivé aussi vite en bas, souffla le bonze.
_ Putain, t’as vu la marque d’impact à côté ? S’étonna l’iroquois. Il a carrément sauté !
_ De cette hauteur ? Et il a rien ? Mais il est pas humain ce type !
_ Bordel, si ça se trouve… »

Kentaro fronça les sourcils. Un peu débordé, il en avait trop fait. Le trio commençait à se douter de quelque chose concernant ses capacités réelles. Pas bon du tout, ça. Il fallait vite attirer leur attention. Les mettre en rogne pour qu’ils ne réfléchissent plus.

« Alors, les lopettes ! On se débine ? C’st bien les Chikaz’, ça : dès que ça se corse, ils retournent pleurer dans les jupes de leurs mères ! Allez, cassez-vous les tafioles ! Ch’avais bien que vous valiez pas un clou, de toute façon ! »

Le trio à la fenêtre échangea des regards dubitatifs, tout en échangeant des commentaires à voix basses. Kentaro n’entendait pas ce qu’ils disaient mais lisait très bien leurs expressions. La flamme s’éteignait, ils étaient en train de devenir raisonnables. Des Chikaz’, pourtant ! La honte, on aura tout vu…
Le médecin fouilla vainement sa mémoire, tentant de se rappeler le florilège d’insultes colorées en tout genre qu’affectionnait tant Kalem, mais sans succès. Où était le nabot quand on avait besoin de lui ?
Le chunin impovisa.

« Looser ! Looooooser ! Dégonflés ! Bande de tapettes ! Shinobi, mon cul ! Z’êtes entré par piston à l’académie, pas vrai ?! Trouillards ! Abrutis ! Lopettes des bac à sable ! Méchant pas beau !»

Le trio commença à reculer, sans plus se préoccuper de lui. C’était la merde, ça. Il ne fallait pas qu’ils filent. Kentaro était à court de munitions et n’avait plus le temps de réfléchir.

« Bande de… de… Iarwain ! »

Les trois chikabrutes se figèrent. L’insulte, dont l’origine obscure dans l’argot de la fange de la pègre semblait mystérieusement liée à un invraisemblable black gourou, était intolérable. Les visages s’échauffèrent. Des grognements se firent entendre. Le ton monta. Et…

« Putain ! T’es mort, mec ! T’entends !? T’es mort ! On va te faire la peau, salaud ! J’te jure, on va te choper ! On va te massacrer ! T’es moooort !»

Kentaro leur répondit d’un geste obscène. Ce fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres. Le bonze et l’iroquois déguerpirent en trombe, tandis que le King enjambait la balustrade, bien décidé à rejoindre l’infâme Mahousard par le chemin plus court. La chute fut rude et l’atterrissage désastreux. Mais le bonhomme était bien trop enragé pour perdre connaissance pour si peu. Le médecin estima que d’ici quelques secondes, il serait sur pied, bien décidé à en découdre. Il était donc temps de partir, d’autant que les autres n’allaient pas tarder à rappliquer.

La porte d’entrée de l’immeuble s’ouvrit à la volée. Ce fut le signal de départ. Kentaro tourna les talons et repartit à toute berzingue. Il parcourut le pâté de maison, voulu bifurquer…
Et se trouva nez-à-nez avec un pur revers de trident.

Mettant à contribution ses réflexes affutés, Kentaro parvint à bondir et se tordre sur lui-même pour éviter de se faire faucher en pleine course. A peine atteignit-il le sol que son instinct prit le relais et qu’il se jeta sur l’iroquois. Une fraction de seconde avant l’impact, le chunin prit conscience de sa méprise en avorta son coup d’épaule en une simple saisie de l’arme de son adversaire. Sauf qu’il n’avait pas du tout l’équilibre pour ça et que l’iroquois n’eût aucun mal à pivoter et à le plaquer contre le mur.

Qu’à cela ne tienne, Kentaro banda ses muscles et commença à repousser son adversaire – sans trop forcer, s’agissait pas de se griller, non plus. Il eût brusquement un mauvais pressentiment, qui se confirma lorsqu’une ombre s’agita à la périphérie de son champ de vision. Le chunin se baissa en catastrophe et le casse-tête du King ne pulvérisa que les briques du mur.
Profitant de la déconvenue de ses deux adversaires, Kentaro se jeta en avant et parvint à s’extraire du corps à corps, évitant un double coup de tonfa du bonze venu en renfort.

Le chunin reprit sa course folle, méditant sur ce qui venait de se passer. C’est qu’ils avaient failli le coincer, avec leur feinte à la noix. Il n’avait jamais songé que l’un d’entre eux ait suffisamment de jugeote pour le prendre à revers. D’une certaine façon, ça augurait bien la suite…
De toute façon, la course-poursuite touchait à sa fin.

Au bout de la rue se dressait la blanchisserie. Kentaro accéléra et emboutit la porte d’entrée et son panneau "fermé", avant de s’arrêter pour observer la scène.

De chaque côté de la pièce s’alignait des gros-bras aux mines patibulaires et tous armés jusqu’aux dents. Et au centre, quelques types d’âges plus mûrs, avec des valises ouvertes pleines d’argents ou de sachets de drogue. Flagrant délit, nickel.

Le trio de choc arriva sur ces entrefaites et pilèrent net sous le coup de la surprise, manquant de se casser la gueule.

« Rohlàlà, c’est quoi ce bordel ? S’interrogea le King.
_ Un trafic de drogue, visiblement, répondit Kentaro. Bon, papa a du boulot, allez jouer dehors, les enfants !
_ Quoa !? Minute ! On en a pas fini avec toi, mon salaud !
_ Pas de soucis, je vous rejoins dans cinq minutes, pas plus, rétorqua le médecin en prenant soin d'avoir l’air tendu. Maintenant foutez le camp !
_ Tu veux rire ? Tout seul ? Contre eux ?
_ Prends pas ton cas pour une généralité, mon grand. Moi je peux m’en sortir, et avec seulement mon bras gauche, encore.
_ Dis donc, nous prends pas pour des truffes parce que… »

Le King s’interrompît, tandis que l’un des malfrats, encore plus massif que lui, s’approchait.

« Tirez-vous et il ne vous arrivera rien, déclara le truand.
_ Ah ouais ? Et si on reste ?! »

Le malfrat frappa un monumental crochet du gauche – agrémenté d’un joli poing américain –, qui envoya le King à terre.

« À vos risques et périls, rétorqua le malfrat, en s’adressant aux deux autres Chkaz’.
_ Hé !ducon ! »

Le malfrat se retourna pour se manger un énorme coup de casse-tête dans la mâchoire, qui l’étendit raide pour le compte. Sauf qu’il ne se releva pas, lui.
Les autres malfrats chargèrent en hurlant. Les Chikaz’ ne furent pas en reste.

Au milieu de la foire d’empoigne, la tête pensante du réseau de drogue tenta de filer vers la sortie, mais une poigne d’acier se referma sur son col.

« Pas si vite, intima Kentaro. Ils sont venus exprès te capturer, va pas leur saboter ce petit plaisir, hein…
_ Ils ne gagneront pas contre tous mes hommes !
_ Oh oui, tu fuis juste par précaution, c’est ça ? Pas de bol, mais pour une raison qui m’est to-tale-ment inconnue, ils sont chauffés à blanc et ont besoin de se défouler un bon coup. Ils vont en faire du petit bois, de tes gardes. »

Tout en discutant, Kentaro suivait consciencieusement les combats. Repérant un danger, sa main libre se tendit vers une valise qu’il balança à la tête d’un malfrat qui essayait d’attaquer dans l’angle mort de l’iroquois. Le choc laissa groggy la cible, qui fut rapidement fauchée par un coup de trident quelques instants plus tard.

Même s’ils peinaient un peu, les trois brutes mettaient du cœur à l’ouvrage et le médecin conclut qu’il n’aurait même pas à intervenir.

*
* *

Quelques heures plus tard, Kentaro était tranquillement assis dans le bureau de l’un des coordinateurs du Kiritsu, terminant son rapport de mission.

« Ils ont pris d’assaut la blanchisserie ? S’étonna le coordinateur. Seuls ? De leur propre initiative ?
_ Ouais. Et ils leur ont mis la branlée de leur vie. Je n’ai même pas eu à intervenir. Ce sont des bons, ces petits gars, assura le médecin.
_ Alors là… Resta abasourdi son interlocuteur. C’est bien la première fois qu’ils font du bon boulot. D’habitude, ils restent cloîtrés dans leur bar et se fichent du reste…
_ Bah, vous savez pas leur parler, voilà tout, éluda Kentaro. Bon, ben mission accomplie, par ici les pépettes ! La suite ?
_ Ecoutez, vous avez été mandaté par la commission disciplinaire pour les punir, pas pour leur faire remplir leur quota de missions, vous savez ? Rappela le coordinateur.
_ Sauf que la deadline dudit quota est pour la fin de la semaine. Jusque-là, pas de d’infractions, pas de punitions, répondit Kentaro avec un grand sourire.
_ Et vous pensez vraiment pouvoir leur faire remplir leur quota avant la fin de la semaine ? Demanda l'homme.
_ à tout le moins, un effort sérieux à faire valoir auprès de la commission pourrait donner matière à réviser leur décision, supposa le chunin.
_ Je n’y crois pas. Ce sont des bons à rien en guerre ouverte avec l’autorité. Ils ne vous suivront pas, même si vous êtes envoyé par la commission.
_ Ils le savent pas. Mais ils me suivront quand même.
_ Ils n’ont jamais obéis très longtemps à des gradés. Vous ne ferez pas exception.
_ Ils le savent pas non plus. Mais ils obéiront quand même.
_ Vous m’étonnez… Et ils savent quoi, au juste, alors ?
_ C’qu’on s’en fiche ? Mission suivante, intima Kentaro. Pis de bon niveau, ça compte plus pour les quotas.
_ Très bien, c’est vous qui voyez, capitula le coordinateur. On suspecte un cercle de combat illégal dans les sous-sols de ce bar. Enquêtez et démantelez-le le cas échéant.
_ On prend ! »

Kentaro parcourut sommairement l’ordre de mission avant de le ranger dans sa veste. Puis il quitta la petite salle et retourna vers l’accueil, où l’attendaient les trois matamores, retapés de frais. Le médecin s’approcha tout en jonglant avec la bourse de la récompense.

« Hé, les gars ! Coup de chance, le type que vous avez capturé était recherché ! Y’avait une coquette somme à la clef. Tenez, c’est pour vous !
_ Sans rire ? S’étonna l’iroquois.
_ Ouais ! Du coup, je m’excuse de vous avoir traité de nuls, hein… Chapeau pour ce coup de filet.
_ Mais nan, c’est rien… Y’a combien ? On est riche ? Heu… ‘faut qu’on partage avec toi ? Demanda le bonze, suspicieux.
_ Nan, nan, j’y suis pour rien, moi. C’est vous qu’avez fait le gros du boulot, assura le médecin.
_ Roooh ! T’es un vrai pote, mec ! Même si t’es une lopette Mahousarde. Allez, viens ! C’est notre tournée ! S’exclama le King.
_ Quelle bonne idée ! Je connais justement un petit bar très sympa, vous m’en direz des nouvelles ! »
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Message par Kalem 4/9/2012, 16:19

Kalem avait tenté de s’accrocher au chariot et de se hisser mais son poids l’avait emporté vers le bas lorsque ses deux acolytes avaient fait démarrer le chariot en trombe. Il remarqua alors quelques bandits qui étaient restés à l’arrière garde et se fit tout petit, ce qui, pour sa taille était une action pour le moins banale. Durant de longues minutes, il réfléchit à un plan. Ou plutôt, il songea à réfléchir à un plan tant les faces plates au sourire méchant des gars qui l’encadraient sans le voir le subjuguaient. Comment pouvait-on être aussi moche et méchant à la fois ? Un peu de recul sur sa propre personne aurait suffi à répondre à sa question. Mais le problème avec Kalem, c’est qu’il prenait toujours les réflexions sur lui de haut. Enfin, dans la mesure où il pouvait être haut.

Il se souvint brusquement qu’il était censé être un ninja aguerri, rompu aux techniques les plus viles et les plus discrètes. Et il se souvint ensuite que ce n’était pas le cas. La seule chose qu’il avait jamais su faire à peu près correctement, c’était soigner les gens. Et encore, il ne réussissait guère à exécuter la plupart des jutsus de soins dont il avait appris la théorie. Le Chakra n’était vraiment pas son fort et il le savait, même s’il se refusait à l’admettre –comme il se refusait à admettre bien des choses le concernant. Il palliait ce défaut assez prononcé pour un ninja qui se respecte par une mémoire phénoménale et une culture hors norme. Ainsi, si sa vocation n’était pas celle de médecin-ninja, tout ce qui tournait autour des soins traditionnels, il le maîtrisait plus ou moins. Celui qu’il considérait -sans l’avouer- comme son rival dans ce domaine était Kentaro, encore qu’ils ne travaillent pas vraiment dans la même branche. Kalem confectionnait des baumes soignants, divers bandages très efficaces ainsi que des potions assez fortes, souvent au stade expérimental cela dit. Kentaro se basait avant tout sur l’acupuncture. Chose que Kalem n’avait jamais réussi avant de connaître Kentaro et depuis, il n’avait pas persévéré dans ce domaine. Toutefois Kalem le savait -mais ne se l’avouait pas- Kentaro était bien plus doué que lui.

Le petit grincheux sortit de sa transe de réflexion pour songer à s’occuper de se sortir de ce pétrin dans lequel l’abruti de vieillard informe et son nouveau disciple l’avaient foutu. Les bandits avaient relâché leur vigilance et s’étaient mis à jouer aux cartes en attendant que leurs comparses revinssent de la mission qui leur avait été confiée. Kalem sortit sans faire de bruit sa sarbacane qui pendait à son côté droit. Il plongea la main dans une de ses poches et tâtonna doucement pour en ressortir une dizaine de fléchettes de la taille d’une aiguille. D’une sacoche située à l’arrière de son pantalon, il attrapa trois petites fioles et un large sourire tordit son visage gras et barbu.

Il y avait trois malfrats situés à ses côtés, à moins de cinq mètres de lui. S’il avait trouvé une échappatoire plus discrète, il n’aurait même pas songé à s’attaquer à l’arrière-garde, mais en plus d’être la meilleure des sorties, la porte située juste derrière le troisième des hommes donnait à la pharmacie et il avait repéré quelques ingrédients intéressants en passant la première fois. Il arma donc sa sarbacane avec une première fléchette dont il avait plongé le bout dans le contenu du premier flacon.

« Alors, tu coupes ? Grommela l’un des trois hommes.
-Laisse-moi réfléchir un peu, je vais finir par perdre si tu me brusque.
-Tu perds déjà de toute façon, joue et on passe à autre chose. T’es d’ accord ?
-Putain, je joue si je veux, fais comme lui et attends patiemment.
- Il n’attend pas patiemment, il s’est endormi à cause de ton jeu de merde.
-Fais chier toi aussi. »

Une deuxième fléchette vint se loger dans le cou du deuxième des joueurs, celui qui prenait son temps. Suivie d’une autre qui endormit le troisième luron. Tout se passait à merveille pour le petit médecin. Enfin, pour le moment. Il rassembla les trois corps, les ficela ensemble. Il posa quelques parchemins explosifs autour de façon à ce qu’ils ne puissent s’enfuir. Il irait chercher des gars du Qg plus tard. Ou il les ramènerait plus tard, de façon à montrer qu’il avait fait son quota.

« Putain, espèces de moches, vous pourriez pas être un poil moins lourds. Bon, maintenant, la pharmacie… Je rafle tout, je reviens les chercher et je les emmène ensuite je m’exile loin de Narasu pendant le temps qu’il faudra, monologua Kalem. »

Il fit son office méthodiquement, fourrant tout dans son sac à provisions. Finallement, il ne déviait pas tant que ça du lutin merveilleux que recherchait Santa. Toujours avec son sac sur le dos en quête d’une bonne action pour l’avancée de la médecine. Il faudrait qu’il repense tout de même à refourguer le bonnet ridicule que lui avait filé le géant barbu, ou alors à lui carrer dans le cul, à voir. Il finit assez rapidement ce qu’il avait à faire. Et invoqua son singe de façon à ne pas tout transporter lui-même. Il fourra les trois abrutis dans un caddie qu’il trouva à côté et ordonna au babouin de le pousser. Ce qu’il fit sans objection.

« C’est mort. La dernière fois tu m’as laissé à une mort certaine. Je ne ferais plus rien pour toi. Surtout que je te suis immensément supérieur.
-La taille ne compte pas. Et ton visage simiesque prouve l’intelligence supérieure de ma race.
-Je rappelle à monsieur que ma face se rapproche plus de celle de l’homme que la sienne. De plus, si j’veux je me casse. Je vais faire un petit tour, donner une ou deux baffes à un gamin, etc…
-Si tu fais ne serait-ce que mine de partir, je te renvoie d’où tu viens stupide animal.
-Tant mieux, ce monde est une grosse merde, je préfère le mien. Par contre toi, tu ne peux même pas quitter ce village pourri. Si t’essaie de déserter, ils te pètent les couilles en essayant de te toucher au genou.
-Hé, le poilu, si tu le fais pas… J’envoie un message à ma mère qui viendra te casser ta petite gueule, te la réduire en poussière, te faire bouffer des fourmis par ton petit trou du cul d’obèse mal dégrossi. Et si ce n’est pas suffisant, je te trouve une guenon.
-Ça va, ça va, je vais le pousser ton caddie. Et puis d’abord, c’est quoi un caddie, ça n’existe pas, on dit chariot à roulettes. De toutes façons tu l’aurais demandé gentiment je l’aurais fait de suite.
-Je l’ai demandé gentiment. J’ai même songé pendant un moment à dire s’il te plait. »

Discuter avec ce singe à puces était comme se trouer le cul à inculquer les bonnes manières à Kentaro. Bref, Kalem emporta son paquetage et Kassos le suivit. Le Qg n’était pas si loin et il décida de commencer par là. Il rentra dans les bâtiments en faisant un vacarme incroyable, comme à son habitude. Certaines personnes finissaient même par le saluer par son prénom, amusées par ses sempiternelles entrées en matières. Il se dirigea comme d’habitude vers l’accueil et pris comme d’habitude la file de la jeune femme blonde de l’accueil. L’autre était un ninja trentenaire avec qui il n’avait pas la moindre envie de discuter.

« Bon, blondasse, l’affaire est simple, commença le nain une fois qu’il eut bousculé les deux personnes qui étaient devant lui pour accéder rapidement à sa propre requête. J’veux ma récompense pour avoir capturé les trois abrutis qui sont dans le chariot. Je veux aussi mon papier attestant que j’ai rempli mon quota de missions pour le mois, voire les deux ans qui suivent si c’est possible…, et je veux que tu efface ce sourire débile de ton affreux visage, merci ce sera tout.
-Ce sera 250 Ryos au prochain guichet, on prépare votre commande, merci au revoir.
-Ta gueule, me fais pas chier je n’ai pas que ça à foutre, j’ai une potion sur le feu depuis deux jours, ça risque d’exploser si je la laisse plus longtemps. »

Elle leva les yeux au ciel, visiblement habituée au doux timbre de voix de son interlocuteur. Elle signa un papier et délivra son attestation au minus, elle lui indiqua une salle sur la gauche où aller déposer son butin. Kalem ne se fit pas prier et se dirigea vers la porte, le singe sur ses talons. Celui-ci renversa le contenu du chariot par terre au pied d’une jeune femme, portant un masque.

« Et putain, v’la qu’elle revient me hanter. Je sais que vous m’êtes grandement redevable et tout et tout, mais pas la peine de me suivre partout. Ce qui me ferait le plus plaisir c’est que vous me laissiez tranquille pendant disons, toute une vie. Ensuite, je déciderais si vous pouvez ou non m’adresser la parole.
-En fait j’ai besoin de vous, monsieur Doskop.
-Adressez-vous au personnel de service, je suis dispensé pour le mois.
-Je n’ai pas besoin de vous sur le terrain, mais en tant que préparateur de petites potions dont j’ai besoin. Je sais que vous excellez dans cet art.
-Oui, et j’ai pas besoin d’emmerdements. Maintenant je veux mon fric et qu’on me laisse tranquille, je ne bosse que pour moi et de temps en temps, quand je suis obligé pour ces putains de supérieurs de merde.
-Vous êtes obligé. Merci, je vous recontacterais quand il faudra que vous fassiez votre boulot. L’argent pour leur capture est sur la table, le reste je m’en charge. »
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Message par Oboro 8/9/2012, 18:43

Santa et Kentaro planchaient dessus depuis une dizaine de jours. Surtout Santa, en vérité. Tout ceci leur avait demandé une certaine organisation.

Pour elle, tout avait commencé la veille, un peu avant treize heures, après un mémorable assortiment de macarons au thé qui avaient conclu son repas, dans l'un des réfectoires collectifs improvisés par Kiritsu pour restaurer ses troupes. Entourée d'un petit groupe de kunoichi avec lesquelles elle passait une partie de son temps libre, Muromachi les abandonna quelques instants une fois arrivées au bar, où nombre de passants s'arrêtaient le temps d'un café.
Dans ce petit coin de vie insouciant traînaient quelques panneaux de lièges, d'innombrables passants s'arrêtaient régulièrement pour consulter les derniers affichages, traitant aussi bien des nouvelles dispositions relatives aux diverses mesures de l'alliance qu'à la laborieuse création d'un syndicat conjoint des forces des trois villages. Pour les genin et tous ceux qui manquaient de responsabilités, de petites annonces surgissaient ça et là, émanant de gradés ou de cellules réduites cherchant des talents particuliers pour compléter leurs effectifs. Trois fois par semaine, Oboro passait par là, guettant la fugace bonne affaire qui lui offrirait son grade de chunin au détour d'un banal renforcement de patrouille. Accessoirement, cela signifiait généralement une petite prime, qui était toujours la bienvenue quand on ne bénéficiait que de la solde d'une genin. Être nourrie, logée, blanchie et équipée à coût dérisoire ne suffisait pas à satisfaire aux lubies vestimentaires de la jeune femme.

A cette occasion, elle en profita également pour s'arrêter sur le petit coin de liège réservé aux affiches des établissements hospitaliers de la cité. Toujours en manque d'effectifs, débordés d'activité et en proie à une multitude d'incidents, ses responsables employaient largement ce genre de contrat pour s'assurer un surplus d'escortes ou d'assistants lors des périodes les plus serrées. Elle même avait déjà servit d'infirmière à quelques reprises, quand le gros de l'effectif avait été inondé aux urgences et que les postes les moins prioritaires se retrouvaient à leurs tours démunis.
Vaguement ennuyée, elle commença à s'éloigner du panneau: aucune des tâches proposées ne retint son attention. Toutefois, une affiche visiblement enfantine, rédigée à la main à l'aide de crayons de couleurs rouge et verte, la happa avec suffisamment de force pour l'inciter à l'étudier. Des dessins de guirlandes colorées encadraient la feuille avec une certaine élégance, et l'esquisse de hotte déversant des cadeaux à la manière d'une corne d'abondance qui surplombait le texte complétait agréablement l'oeuvre manifestement conçue avec très peu de moyens et beaucoup de soins.

L'affiche traitait de la beauté de la vie, du sourire des enfants, des bonnes actions à accomplir et de l'esprit de Nowel en général. Mais surtout d'un mini tournoi caritatif, organisé à l'attention des patients de l'hopital, dans une opération bénévole visant à rassembler des fonds pour aboutir à une distribution de cadeaux. Le droit d'entrée des spectateurs étant gratuit, c'était les ventes de grignoteries et les commissions sur les paris qui se tiendraient qui permettraient de rassembler cet argent. De quoi égayer le quotidien d'une partie des victimes de Narasu, pour peu que les participants aux combats d'exhibition se présentent en nombre suffisant pour faire durer le spectacle et motiver les foules.

C'était un genre d'initiative que la jeune femme trouvait adorablement naïve. Ceci sans compter le fait que la signature apposée et reconnue d'un certain Docteur Satokira acheva de la convaincre.

Ni qu'elle avait quelques jutsu à éprouver.


*
* *


Et aujourd'hui, elle se présentait à eux, effectivement. Après quelques passages à la buvette, où le Santa-Cola attirait les foules, et suite à l'achat d'une adorable peluche en forme de renne au nez rouge - pour sa petite cousine, mentit-elle -, Oboro déposa ses affaires auprès de l'arbitre, un ninja rondouillard et bouffi, quoi que solidement charpenté, qui portait l’emblème de mahou en divers exemplaires sur son habillage.

-Attendez… vous allez me laisser y aller comme ça?, s’étonna Oboro.
-Je vous demande pardon? Quelque chose ne va pas?
-Je… vous me laissez participer à… il n’y a rien qui vous dérange, dans mon équipement?

La genin se mit à sourire, surprise. C’était bien la première fois que personne ne trouvait d’objection à la laisser s’avancer dans un duel encadré avec ses haches. Terriblement habituée à cette discrimination, elle essaya presque d’inciter l’arbitre à protester un minimum, pour la forme. Une simple mise en garde lui suffirait.

-Je ne vois pas de problème. Si vous voulez utiliser des parchemins explosifs, n’hésitez pas. Nous avons suffisamment de médecins qui se sont déplacés pour l’évènement, je ne pense pas que grand-chose puisse leur échapper. Si vous vous inquiétez quant à la sécurité du public, aucun problème là-dessus. Le docteur Satokira en personne s’est déplacé pour mettre en place une de ses barrières.
-Il est là? Où ça? Faut au moins que j’lui dise bonjour, moi!
-Occupé pour le moment. Concentrez vous sur votre combat.
-Euh… ouais, donc pour votre barrière, vous êtes sûrs? Quand je suis vraiment méchante, je peux aller assez loin, niveau carnage.
-Ils disent tous ça…
-Ganseki. Onagas. J’ai déjà ruiné deux étages à moi toute seule, d’un seul coup.
-Ne vous en faîtes pas. Je sais ce que je dis.
-Bon…
-Tah tah tah, intervint une autre voix. Ganseki, hein? Sans blague?
-Euh… ouais. Et tu es?
-Kentaro, se présenta le jeune homme en s’approchant, adversaire pour ce combat, et finalement très content d’être venu aujourd’hui. Un combat face au Ganseki, ça n’arrive jamais assez.
-Hu~hu~hu, vraiment?, s’étonna Oboro, flattée d’être ainsi abordée par un beau garçon. Ca change agréablement. D’habitude, personne ne sait ce que c’est… ou alors ils me prennent tous comme une malade suicidaire.
-Alors, combien?
-Combien quoi?
-Combien de portes tu peux ouvrir?
-Heu, deux…, lâcha-t-elle.
-Juste deux?
-Ah ben… c’est déjà très bien pour une genin, hein, se défendit-elle docilement.

A une telle réflexion, elle aurait habituellement montré les dents à la plupart des gens. Aborder ce sujet la ramenait rapidement à son éternelle absence de promotion, qui la tiraillait suffisamment pour qu’elle se passe les nerfs sur le premier souffre-douleur passant à portée.

Mais la majorité des gens ne se promenaient pas en chemise déboutonnée, pectoraux et abdominaux libres de respirer à leur aise. Mieux encore, ce Kentaro faisait pratiquement sa taille, et avait un quelque chose dans l’atmosphère de franchement intéressant qui la rendit pratiquement timide.

-Pourquoi, tu es chunin?, demanda-t-elle enfin.
-Hein? Moi chunin? Meuhtropas, qu’est ce qui te fais dire ça?
-Je… demande?
-Genin aussi, bien sûr!, s’empressa d’affirmer l’apollon.
-Oh, je vois…

Il resta un instant silencieux, craignant de griller davantage sa couverture. Qu’avait-il dit pour qu’elle envisage ça? Il devait faire plus attention.
De son coté, Oboro s’inquiéta rapidement du silence de son prochain partenaire de combat. Est-ce qu’elle était ennuyeuse? Bizarre? Trop grande? Elle avait un truc sur le nez, peut être? Elle avait bien oublié de se brosser les dents ce matin, mais le Santa-Cola -100% pur fruit, origine Heikite garantie- devait dissimuler ça…

-T’as déjà affronté d’autres gansek’, aussi?, tenta-t-elle.
-J’ai déjà étudié ça de près, résuma-t-il en repensant à une certaine pilule de combat qui n’avait jamais vu le jour. Mais j’ai jamais eu l’occasion de tomber face à ça. Ca donne envie de s’y frotter, en tout cas. Vraiment hâte que l’on commence.

Enfin, l’arbitre leur fit signe, mettant fin à l’attente pernicieuse du médecin et à la rêverie déplacée de sa collègue. Les deux ninjas s’éloignèrent donc des gradins, autour de laquelle s’érigeait une mince barrière translucide, pour se diriger au centre du terrain vague qui servirait de théâtre aux affrontements du jour.

Les deux adversaires d'un combat, côte à côte, se détaillèrent réciproquement durant l'attente de l'ordre. L'orientation du combat ne laissait guère de doute. Ca allait être physique.

D'un coté, sur la droite des spectateurs, se tenait le jeune homme aux cheveux blonds, pieds nus et vêtu d'une chemise flamboyante, ouverte, qui laissait entrevoir une musculature soigneusement entretenue. Quelques cicatrices et une démarche agile confirmaient son habitude du combat ; quant à son regard luisant d'agitation contenue, elle trahissait son envie de débuter l'affrontement, qui frôlait l'impatience. Il s'était échauffé, au même titre que sa partenaire, et terminait maintenant ses recettes méditatives pour bénéficier d'un déploiement optimal de son énergie au cours des minutes à venir.
Et sur leur gauche, il y avait la fille surdimensionnée. Sa tenue ne l'indiquait pas clairement comme une combattante (veste brune avec bottes assorties, short et collants de nylon), mais la ceinture bien chargée qui noyait ses hanches annonçait clairement qu'elle n'était pas là pour autre chose que se battre. Et si elle avait beau ajuster machinalement ses quelques mèches tressées autour de sa queue de cheval (un édifice impressionnant), elle n'en était pas moins en train de se parler à elle-même, en balayant longuement le terrain du regard afin de déterminer ce qu'elle pourrait s'y permettre ou pas.

Ca n'était guère qu'un large terrain vague cahoteux, fait de terre mêlée de mauvaises herbes, que le temps et les mauvaises habitudes des
Naraséens avait clairsemé de gravas et de détritus. Si ces derniers avaient été largement nettoyés pour l’occasion, il semblerait également qu’un des épurateurs ait trouvé pertinemment de modifier un peu le terrain. Des techniques personnelles avaient ainsi légèrement bosselé les environs, des dunes miniatures surmontées de gazon apparaissant ici et là. De même, les organisateurs avaient décidé d’inclure quelques morceaux d’entrepôts en ruine dans la zone des combats, pour permettre aux ninjas de les exploiter si leur cœur leur en disait.

Pendant ce temps, Santa Claus, à la fois l’organisateur et le principal mécène de l’évènement, achevait son discours de bienfaiteur et annonçait maintenant le début des combats. Il ne lui restait guère qu’à nommer les deux premiers participants avant de céder la parole à l’arbitre.
Oboro tiqua à cette annonce. Le nom de son adversaire, en particulier, retint particulièrement son attention.

-Satokira?
-Hein?
-Ton nom, c'est Satokira, hein? Comme... le docteur Satokira?
-Je suis le docteur Satokira.
-Bin non, il est là-bas, se moqua-t-elle en désignant les gradins.
-Je suis aussi le docteur Satokira, précisa Kentaro.
-Ah ouais? Médecin comme papa?
-Euh… oui?
-Rhoo, trop mignon. Junior et Papa Satokira doivent bien s’entendre, alors.

Kentaro ne sut pas trop comment le prendre. La jeune femme lui donnait l’air correcte, mais ses paroles… est-ce qu’elle se fichait de lui? Accidentellement? Ca n’était pas de la moquerie, mais il avait la désagréable impression qu’elle s’amusait ses dépends.

Il s’en fichait. Il avait son combat face au Ganseki. Il fit rouler ses poings, elle dégaina ses haches, et vint le signal du départ.

















Aucun des deux ne souhaitait commencer, visiblement. Kentaro n’en avait pas le droit, bien sûr. Muromachi attendit encore un peu, avant de penser au public, aux cadeaux et aux petits enfants.

Il leur fallait du spectacle, non? Elle aurait peut être du se concerter avec l’autre, avant le départ.

Comprenant qu’il lui faudrait déclarer les hostilités, Oboro rengaina ses armes pour tirer des projectiles de sa ceinture. Tout d’abord, un kunai, craché par un parchemin, qu’elle lança sur Kentaro pour évaluer son niveau.

Prestement, ce dernier esquiva, évidemment. Le terrain cahoteux ne se prêtant guère à des acrobaties répétées, elle réitéra l’expérience en successions, découvrant ainsi à son adversaire une agilité certaine. Ses saccades s’habituèrent rapidement au Satokira, qui fit discrètement usage de son épiderme de diamant à quelques reprises pour parer les projectiles d’un mouvement de bras. A ce stade, Oboro savait déjà s’adapter aux esquives de son adversaire, et aurait bientôt des chances de percer ses blocages.

Adversaire qui, pourtant, se révéla très rapidement docile et non-combatif, se contentant de la contourner et d’esquiver la totalité des attaques sans répliquer. A force, elle s’adressa à lui, frustrée d’une telle passivité.

-Euh… tu fiches quoi? Tu viens?
-Attaque, toi, en première.
-Je viens de faire quoi, là?
-C’est pas grand-chose, ça. Attaque-moi vraiment.

Mauvaise idée pour la genin. Il avait beau être charmant, il faisait vraiment n’importe quoi. Les pauvres enfants séjournant à l’hôpital méritaient mieux que ça.

-Ca sent trop le piège, désolée. Tu ne veux pas venir, plutôt? On a un public à impressionner, si tu te rappelles. Youhou, match d’exhibition, ça te parle?

Le Serment des Satokira. Que cela soit au cours d’une mission, d’un entraînement, d’un tournoi ou du traitement d’un môme en bas âge particulièrement agaçant, Kentaro était contraint par ce précepte à ne jamais outrepasser l’état de légitime défense.
Tant que ça n’était pas le cas, il se contentait d’esquiver, de parer et de provoquer comme il le pouvait. Il attendait juste encore un peu avant de se faire énervant.

-Okay, on va tenter autre chose, alors. Hééé, qu’est ce que j’ai fais pour mériter ça, zut?

Curieuse, elle s’empara d’un autre parchemin, inutilisé jusque là, qu’elle chargea légèrement de chakra. Avant qu’il ne déverse d’un coup tout son attirail, elle le jeta en cloche vers Kentaro, qui se décala précautionneusement sur le coté.

Un kunai dévia alors le parchemin, qui bifurqua en rase-mottes vers sa direction. Il libéra l’ensemble de son contenu, inondant le jeune Satokira d’un amas de ferrailles plus ou moins tranchantes.
Ca n’était pas un jutsu, et seule la gravité armait la grêle métallique qui l’approcha. Cela restait suffisant pour ouvrir le combat. Laborieusement, le mahousard traversa le rideau de métal. La hampe d’une javeline lui écrasa le visage, mais ce fut davantage une nuisance qu’un véritable mal.

Toutefois, ça ne s’arrêta pas là. L’autre javeline, lancée sournoisement par la genin depuis sa position, était au contraire un bien meilleur argument au combat. L’apercevant de justesse avant l’impact, il la cala in extremis sous son coude, puis passa son autre main dessus pour mieux la soutenir.

Son adversaire lui fonçait droit dessus en grondant, et il réagit avec le même entrain. Sa lance d’arçon improvisée força Muromachi à arrêter sa charge pour éviter la hampe, ce qui permit à Kentaro de lui rentrer dedans à sa manière.
Une fois la hache parée d’un coup de coude, il commença un assaut modéré, enchaînant les frappes rapides pour submerger la jeune femme, incapable de répliquer. Ne parvenant pas à employer ses armes à cette distance, elle les lâcha bien vite pour mieux parer avec ses bras. A son tour, elle commença à attaquer ; le coup de paume qu’elle se prit au visage la rabattit immédiatement sur la défensive, sa propre attaque n’ayant même pas été achevée.

Frustrée et légèrement paniquée sous le déluge de coups clairement intenable, elle commença à faire n’importe quoi. Un mouvement de jambe en direction de l’entrejambe de son adversaire surgit à l’improviste, mais ce dernier l’intercepta, la soulevant légèrement pour mieux la renverser. Subjuguant adroitement le choc de la chute, elle roula au sol en se laissant porter par la pente, et se releva rapidement dans le creux de la petite dune, essoufflée.

Ca avait duré une minute, elle s’était pris quelques mauvais coups, mais avait surtout été bien promenée par le mahousard qui avait s’était toutefois clairement gardé d’en finir trop vite.

Ce dernier le lui adressa clairement dans son regard: il pouvait faire bien pire, mais il avait une excellente raison de ne pas le faire.

-Quelque chose me dit que ça n’est pas pour faire durer le spectacle et faire jouer les paris, hein?

Il répondit d’un mouvement de bras, tout en souriant de bonne humeur. Ce qu’il voulait, c’était clairement qu’elle emploie son Ganseki.

-Plus tard, plus tard. D’abord je te laisse me démolir, ensuite tous les types qui ont parié sur moi vont être content de voir leur côte monter en flèche.
-Mmmh… on ne pourrait pas passer tout de suite aux choses sérieuses?
-Nan, c’est jamais marrant en plein combat d’exhibition. Surtout que si mes armes rebondissent sur toi, vais avoir intérêt à te caser ça quand tu t’y attendras pas. Comment ça se fait, d’ailleurs?
-Epiderme de diamant, indiqua sobrement le Satokira.

Pour rassurer son adversaire, il aurait pu lui indiquer que les quelques coups de haches qu’elle lui avait donné ne l’avait pas laissé indemne. Leur tranchant avait beau être inefficace face à sa technique, les chocs s’étaient montrés tout à fait à même de lui engourdir les membres.

Dommage qu’elle les ait lâchées. Toutefois, elle avait l’air d’avoir d’autres tours en tête.

-Du diamant, hein? Okay, dis moi ce que tu penses de ça alors!

Récupérant deux de ses armes au sol, la genin recula de plusieurs bonds, vacillante. Malgré le poids de son Onaga, elle se réceptionna proprement, et lança droit vers son adversaire prit d’assaut par les oiseaux.

Invoqués un peu plus tôt lorsque Kentaro faisait face à la pluie de projectile, les cinq manchots s’étaient fondus dans le décor, usant astucieusement de leur insignifiance inégalée pour manœuvrer autour de lui. Le décor, qu’ils employèrent assez maladroitement, compléta lui aussi leur camouflage.

Il ne fallut pas trois secondes à Kentaro pour s’en débarrasser. Il se retrouva alors aux prises avec Oboro, qui lui explosa au visage dès le premier coup. C’était un clone, tout simplement. Et les manchots en profitèrent pour revenir.

Contrarié par les volatiles, il se prépara alors au pire, devinant que quelque chose lui déboulerait bientôt dessus sans savoir exactement quoi faire. Le chunin maximisa la concentration de son épiderme de diamant, et se décala du mieux qu’il put, préférant filer à l’aveuglette plutôt que de rester immobile.

Peut être n’aurait-il pas à attendre le Ganseki, pour pouvoir s’amuser. A moins que cela ne fut précisément ce qu’elle préparait?

L’explosion du clone lui brouillait encore la vue, et les cris de guerre absurdes des animaux parasitaient son ouie. Trop tard, il tenta de renforcer cette dernière à l’aide de sa technique méditative.

Un choc terrible le faucha net avant qu’il n’y parvienne, l’énorme étoile de Muromachi le faisant ployer sous son poids. L’impact lui vida les poumons, à deux reprises lorsqu’il toucha le sol. D’une succession de roulés-boulés avec l’arme, il se redressa assez vite, tandis que la genin recommençait maintenant à l’attaquer de loin. A peine rejeta-t-il l’étoile qu’une seconde volait déjà vers lui. Cette fois, il n’eut aucun mal à esquiver le shuriken géant…

Mais ça n’était pas fini : Oboro en profita pour permuter immédiatement avec la première étoile gisant à terre, et enchaîna immédiatement son attaque depuis le dos de Kentaro. L’éventail d’acier crénelé griffa férocement la peau renforcée du chunin, ne faisant toutefois pas couler plus de sang qu’un mauvais passage dans un champ de ronces. Surprise de découvrir que le prétendu épiderme de diamant couvrait tous les cotés, la genin se crapahuta furieusement en arrière, refusant d’être à nouveau coincée au corps à corps face à son adversaire.

-Ma chemise…, se plaignit faiblement le médecin, blasé. Bon…
-‘Tain, t’es fais en quoi?, déclara-t-elle une fois hors de portée. Mon Onaga, tu te l’es pris de plein fouet, nan? T’as bien au moins trois côtes fêlées, non? Pitié?
-D’abord la javeline qui me troue la manche, maintenant j’ai une fenêtre dans le dos…
-Et il s’en fout…
-Vais peut être juste la retirer. Elle est ruinée.
-Pas fais exprès, tiens. M’enfin ça te va bien.
-Comment ça?
-Le public adore déjà. Regarde plutôt, tu vas voir.

En effet, plusieurs cris enfiévrés -majoritairement féminins- s’élevèrent dans les tribunes, tandis que le musculeux Satokira se dévêtit de sa chemise loqueteuse, présentant ainsi une plus grande partie de son corps à la vue des spectatrices désormais ravies.

-Elles sont toutes folles de toi, tu vois? Merci qui?
-RETIRE LUI LE PANTALON, AUSSI!
-LA CEINTURE, LA CEINTURE, LA CEINTURE!
-Heu… évite le pantalon, indiqua simplement Kentaro.

Il eut alors une très désagréable impression. Elle eut au moins la délicatesse de rire un bon moment pour attirer son attention, avant de lancer un poignard à hauteur de sa ceinture. Le chunin réagit assez vite pour empoigner l’arme en plein vol, avant que son pantalon ne connaisse un triste sort.

Négligemment, il intercepta un autre projectile de la même manière. Et s’en voulu aussitôt : c’était l’une des boules de pétanque militaires de Muromachi, et son poignet se révolta douloureusement du traitement qu’il venait de subir.

Sentant qu’il valait mieux pour lui empêcher la mahousarde de l’épingler à distance (d’autant plus qu’il voulait la contraindre à user du ganseki, d’abord!), il se précipita vers elle, désireux de raccourcir la distance les séparant.

A cela, la genin réagit en prenant la fuite à toutes jambes en direction des entrepôts en ruine, gloussante face au ridicule de sa situation tandis que Kentaro pestait derrière elle, incapable de la rattraper.

Finalement, elle bifurqua vers les tribunes, se baissant pour éviter d’être touchée par l’un de ses propres poignards récupérés par Kentaro.

Les spectateurs les regardèrent ainsi se démener, consternés. Ils étaient venus pour assister à un combat de ninjas, et n’avaient guère eu d’effets spéciaux à se mettre sur la dent pour le moment. Il suffisait de traîner dans le Gyosei pour en voir bien davantage. Et maintenant, l’une d’elles prenait la fuite tandis que l’autre lui courrait après en beuglant.

Elle venait dans leur direction.

Et elle ne s’arrêtait pas.

Elle allait probablement percuter la rambarde, si elle ne s’arrêtait pas.

Et au dernier moment, alors que seule une dizaine de mètres la séparait des premiers spectateurs, elle s’éleva mystérieusement dans les airs, sans que personne n’y comprenne rien.

Pour le public, la kunoichi était en train de léviter. Certain auraient pu dire qu’elle marchait sur l’air, et c’était à peu près vrai. Kentaro, au contraire, fut bien incapable de réitérer l’exploit. Il se contenta de lui lancer quelques uns de ses projectiles, qui rebondirent tristement sur la paroi à peine visible du champ de force établi précédemment.
Procédant à tâtons, Muromachi parvint à en trouver le sommet. C’était un cube, et elle se situait maintenant à six mètres du sol, impressionnée par la vision de ses bottes tendues au dessus du vide, mais aussi ravie de sa petite idée.

-Hey, j’ai une idée! Kentaro, ramène toi ici, pour se battre c’est super chouette! Coucou là-dessous, vous me voyez? Ca c’est des trucs de ninjas!

En contrebas, les civils avaient des yeux emplis de pépites étincelantes, eux aussi impressionnés à la vue de cette jeune femme qui marchait en l’air. Lorsqu’elle déversa le contenu d’un autre de ses parchemins de stockage, plusieurs se couvrirent instinctivement la tête, de peur que l’une des armes ne leur tombe dessus. Finalement, elle s’allongea sur le ventre, sincèrement amusée, croisant ses longues jambes gainées de nylon opaque tandis qu’elle attendait que Kentaro, coincé en bas…

… fasse quelque chose. N’importe quoi.

-Ben alors, tu viens? Ca a beau être un champ de force ou je ne sais quoi, on peut marcher dessus, tu sais?
-Cause toujours, c’est pas intéressant!
-Ou alors… Satokira Junior a le vertige, peut être?
-Que dalle, c’est pas ça du tout.
-Alors quoi? Tu viens, oui ou non? Moi je vais faire bronzette, sinon.

Elle se tourna paresseusement sur le dos, cheveux étendus, offrant ainsi une bien curieuse vision aux spectateurs qui ne s’amusaient pas à voir le malheur de Kentaro. Incapable de se déplacer sur les parois à l’aide de son chakra, il se sentait quelque peu coincé là-dessous. Hors de question de déclarer sa faiblesse, toutefois. Car ça n’était pas une faiblesse, bien sûr. Il avait beaucoup d’autres moyens de parvenir au même résultat. Comme, par exemple…

Il détourna le regard de la guerrière pour s’intéresser au terrain derrière lui. Il pouvait bien tenter de se créer un monticule à l’aide des gravats pour…

Non, trop long.

Dans ce cas, il n’avait qu’à faire exactement la même chose que son père, à l’origine de ce champ de force. C’était une technique qui lui aussi connaissait, du moindre mudra jusqu’aux caractéristiques techniques du champ de force.

En guise d’échelon intermédiaire, il façonna ainsi son propre cube de trois mètres de haut. D’un bond, il en agrippa la surface, et se hissa sur le rebord. Lui restait juste à composer avec les projectiles d’Oboro, qui se faisait de plus en plus malveillante. Usant de ses poids à la manière de boules de pétanque, elle en fit rouler une bonne douzaine d’un coup dans sa direction. Incapable d’esquiver la volée de dagues qui accompagna la vague, le chunin préféra battre en retraite, retournant au pied de son propre cube tout en rassemblant des projectiles pour sa contrattaque.

Lui aussi savait jouer à ça, après tout. Faisant usage des cubes pour s’abriter des attaques, à défaut des regards, Kentaro entreprit de lui rendre la pareille, le combat virant pour une petite minute à la guerre de tranchée où les deux shinobis se harcelaient sans cesse.
Toutefois, voyant que son adversaire avait l’avantage de la hauteur et disposait d’assez de matériel pour pouvoir tenir le siège, il finit par perdre patience et bourra dans le tas durant son ascension, ignorant de son mieux les projectiles qui le martelaient pour rapidement rejoindre son adversaire.

Le combat reprit au corps à corps, au dessus des spectateurs qui ne regrettaient plus du tout d’être venus. Ils avaient pratiquement l’impression d’être dans un aquarium, à observer des requins évoluer autour d’eux. Un concert d’exclamations retentis lorsque la jeune femme effectua une roue arrière, un peu désorientée. Cela ne lui permit toutefois pas d’échapper à Kentaro, qui l’agrippa à l’arrachée et la souleva par-dessus son épaule, la brusquant un peu avant de sauter dans le vide. Une fois à terre, il se débarrassa d’elle, s’assurant simplement de la surcharger de coups pour l’obliger à s’éloigner des tribunes.

S’il la poussait dans ses derniers retranchements, elle finirait bien par employer son taijutsu, non?

A nouveau, la guerrière regagna un peu d’espace en relâchant une onde de choc, suivi d’un autre appel à l’ordre à destination de ses invocations qui lancèrent un assaut généralisé (durée totale : 2,4236 secondes).

A nouveau en proie aux projectiles de la genin, Kentaro se sentit trébucher sur quelque chose. C’était l’une des étoiles surdimensionnées de son adversaire, qui traînait par terre au même titre qu’un sacré paquet d’outils. Il envisagea un instant de s’en saisir pour la lancer lui aussi, avant de se souvenir de la dernière permutation de Muromachi. Préférant ne pas lui laisser l’occasion de recommencer, il l’attrapa aussitôt.

Instinctivement, il joua très correctement sur son équilibre pour pouvoir armer et manipuler l’étoile, tandis qu’Oboro découvrait pour la première fois la désagréable sensation de se retrouver en face de ses broyeurs fétiches. La jeune femme bascula en arrière, évitant de peu l’étoile qui s’écrasa sourdement dans un rocher maintenant éventré.

-Oups, lâcha Kentaro.
-Dingue! Tu voulais m’buter ou quoi?
-Pas fait exprès.
-@%¤$#£!
-Le referais plus, promis...

La force physique du médecin, beaucoup plus élevée que celle de sa compatriote, rendait ces armes encore plus dangereuses entre ses mains. Toutefois, jamais la genin n’aurait pu deviner qu’un adversaire lambda parviendrait à dompter du premier coup l’un de ses capricieux projectiles.

D’un mouvement de jambe, il fit bondir une javeline jusqu’à ses mains, et commença à la faire tournoyer façon massue vers la mahousarde. Elle tenta d’esquiver, mais la hampe lui martela douloureusement l’épaule, sans toutefois faire plus que l’engourdir. Voyant l’arme revenir en se dirigeant cette fois vers son visage, la kunoichi permuta, laissant Kentaro aux prises avec un rocher qui profita paresseusement de la pente pour lui rouler dessus.

Maintenant dégagée du contact avec le Satokira, Oboro tendit le bras droit devant elle, invoquant un manchot qu’elle empoigna immédiatement, sans forcer inutilement.

-Okay coco. On s’est déjà occupé des bouquets de fleur, maintenant j’aimerais que tu me jardines tout ça, merci.

Ainsi briefé, le manchot effectua un large vol plané, prêt disparaître de la vue de tous pour mieux œuvrer dans l’ombre. Son travail était simple: commencer à éparpiller le matériel de la genin pour lui permettre de n’avoir qu’à se baisser pour disposer d’armes. Ca n’était pas flamboyant, mais c’était important : la guerrière avait passé trois séances entières sur ce seul point du programme « Environnement », et il avait encore en tête les divers schémas recommandés par les habitudes de Muromachi.

A peine lancé, cette dernière l’oublia aussitôt, le laissant entièrement à son affaire: elle se chargeait du Satokira. Ceci jusqu’à ce que le son d’un choc lourd et résonnant, à la manière d’un gong, la rappelle aussitôt à lui. Elle occulta totalement son adversaire pour regarder en direction du manchot, qui s’était écrasé face à l’une des parois invisibles du champ de force protégeant le public.

Pas si invisible que cela, à mieux y regarder. D’autant plus qu’elle aurait du y penser. Elle en revenait tout juste.

Morte de honte face à son erreur et rongée par la culpabilité, elle courra dans la direction de l’animal, hagard et totalement abruti par le choc. Il lui fallut une bonne vingtaine de secondes pour réaliser qu’il était désormais entre les bras de son invocatrice, pleine d’inquiétude face aux yeux -au visage- poché de sang du volatile.

-‘Tain la vache, dé-so-lée. Je n’avais absolument pas… la gaffe… oh mais quelle cruche…aie…
-Gnuhohbahhékwa?
-Mon dieu… le ferais plus ja-mais, promis. Pas fais assez attention… uhm... ça va?
-Gzava? Kicé?
-J’ai combien de doigts, là?
-Konnè pa Gzava.
-Youhou?
-‘Girais treizeuh doas… doigts.
-Oy, c’est grave, conclu-t-elle avant de s’adresser aux tribunes. Docteur, quelqu’un?
-Euh… Obo’, c’est ça?, demanda Kentaro en s’approchant à son tour, frémissant d’impatience. On combat? Le public? Tu fous quoi?
-Pas le moment, j’ai un bosqueté sur les bras. Pause-stop-pouce!!!, héla-t-elle à l’arbitre. S’il vous plait, j’ai un manchot à envoyer à l’infirmerie!
-Hurmf… ça c’était malin, comme manip’. Laisse, je vais voir. ‘A ira plus vite.

Usant de sa qualité de Satokira Junior, qui lui avait valut plus tôt les moqueries -ou la condescendance, tout du moins le sourire- de la genin, il jeta un coup d’œil à l’invocation hébétée, ignorant le filet de bave s’écoulant du bec pour mieux se concentrer sur les régions vitales largement épargnées. Comme bien souvent, c’était visuellement impressionnant, mais pas problématique. Il effectua rapidement quelques jutsu de diagnostic pour obtenir confirmation, avant de s’adresser à Oboro, qui se mordait les lèvres.

-D’accord. Rien de grave. A priori, c’est l’affaire de quelques aiguilles avant que…
-Des aiguilles?
-De l’acuponcture, tout à fait.
-UN MEDECIN!, beugla la genin. A L’AIDE!
-Euh… je suis médecin.
-J’ai besoin d’un vrai médecin, objecta-t-elle. VITE, IL EST BLESSE!

« On arrive ! », indiqua un duo de soigneurs tandis que la mince barrière feutrée s’estompait complètement, laissant la voie libre à ces énergiques sauveteurs, un peu déconcertés pour l’occasion.

Ignorant ce dernier appel, le shinobi-médecin commença déjà à s’approcher de l’animal, matériel en main. Il n’était pas vétérinaire, mais sa maîtrise inégalée de ce domaine recouvrait effectivement le soin inter-espèces. Néanmoins, il allait d’abord devoir en convaincre sa partenaire de combat avant de pouvoir opérer.

-Je suis un vrai médecin, s’offusqua Kentaro.
-Acuponcture?
-C’est sérieux.
-Ai entendu dire que c’était dangereux, hésita Oboro. C’est une manip’ au chakra?
-Tah! Sûremant pas, nonméoh! L’acuponcture, c’est une méthode ancestrale qui a maintes fois fait ses preuves tant dans un cabinet traditionnel de basse campagne que sur une table d’opération en environnement stérile pour soutenir le patient durant une lourde…
-Ca pue le truc de charlatan, ton machin. Tu vas lui pourrir des trucs. Hors de question que tu touches à lui.
-Quand tu dis le pourrir, tu veux dire autant que toi et tes lancés de sauvage?
-C’était un accident, d’abord!

Kentaro n’était ni un mauvais médecin, ni un mauvais bougre. Davantage du genre à grommeler face à un patient réticent à suivre un traitement désagréable, ou à avaler une mixture médicamenteuse des plus infectes quand bien même c’était vital. Il employait la force et la contrainte, pour leur bien. Avec une approche particulièrement peu plaisante, mais il faisait ce qu’il avait à faire et se fichait éperdument de l’avis des concernés.

Toutefois, il fut coincé un instant, immobilisé par la rage maternelle avec laquelle la genin enveloppait son protégé contre elle, loin de ses aiguilles. Cela ne dura pas, mais il sentit trop tard qu’il ne pouvait plus –ou pas encore- le lui arracher de force. Kentaro s’énerva, vexé, et ce sentiment s’amplifia lorsqu’elle confia le manchot aux deux infirmiers approchant, lui faisant juste la grâce d’un ultime « bisou-guérit-tout » avant de l’abandonner aux mains des subalternes auxquels le mahousard n’avait absolument rien à envier sur quelque point que ce soit.

-Ah, parce que le bisou c’est efficace, peut être?
-Tout à fait que ça l’est.
-De qui tu te fiches?
-Truc de kunoichi, cherche pas.
-Meuhtropas, c’est bidon.
-Le bisou d’une jolie jeune fille, c’est toujours efficace.
-Que dalle!
-Mais si, tu veux tester?
-Pcheuh, c’est du mytho!


Avant de les laisser repartir, il leur indiqua sommairement les bases de son diagnostic, juste pour étaler sa science devant la genin. Une part de lui-même les aurait bien dirigé les soins sur une fausse piste, à l’exemple de la commotion cérébrale, pour faire subir au manchot des traitements inutilement lourds et inquiéter davantage sa maîtresse. Toutefois, ça aurait été contraire au Serment des Satokira. Et c’était hors de question.

-Bon, grogna-t-il alors. On reprend?

Oboro
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Narasu  - Page 5 Empty Re: Narasu

Message par Hyûma 8/9/2012, 19:27

♪ Qui a peur du grand méchant loup ? C'est pas nous ♪, c'est pas nous ! ♪

Narasu, on en fait tout un foin, comme quoi c'est dangereux, que c'est la capitale du crime, que les quartiers extérieurs sont de véritables coupe-gorges, tout ça, tout ça... Mais c'est très relatif.
Promenez-vous avec l'ogre de Mahou à vos côtés et ça deviendra une véritable balade de santé, c'est moi qui vous le dit.

En tout cas, personne n'a osé faire la moindre esclandre sur notre chemin, et c'est sans algarade que nous sommes arrivés à destination, dans un quartier miséreux, devant une masure vétuste avachie contre une ruine de ce qui devait être un immeuble. Vu l'aspect dudit immeuble, ça doit faire un bout de temps qu'il est dans cet état. Bizarre. De ce qu'on m'a dit, à Narasu, il y a TOUJOURS des promoteurs immobiliers pour se jeter sur un lopin abandonné et le reconstruire à la va-vite.
Vraiment bizarre.

Hisoka toque à la porte pour la forme, avant de l'enfoncer d'un grand coup de marteau pour gagner du temps. De toute façon, la masure à l'air vide.

« Bon, je m'occupe de l'étage, tu cherches en bas. » Déclare le chunin.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Et c'est reparti pour quelques minutes hautement palpitante à la recherche de va-savoir-quoi qui pourrait nous indiquer va-savoir-quoi sur l'identité de va-savoir-qui. Bref, la vie trépidante de ninja dans toute sa splendeur, en quelque sorte.

Au bout de quelques temps de recherche, qui m'emmène du couloir miteux à la cuisine vétuste en passant par un vague salon délabré, je sens que quelque chose cloche. Les toiles d'araignées. Y'en a qui ondule légèrement sous l'effet d'un faible courant d'air. D'autant plus bizarre qu'il n'y a pas de fenêtre ni d'aération dans la cuisine...
Ou alors, c'est juste l'isolation qui est à chier. Ce qui ne serait guère étonnant vu l'état de la baraque.

M'enfin on cherche va-savoir-quoi, alors il faut tout vérifier. Une allumette craquée plus tard et j'arpente la cuisine à la recherche de l'origine de ce satané courant d'air. Finalement, il s'avère qu'il provient de derrière un imposant buffet en bois massif. Génial...

Peu désireux d'appeler l'ogre à la rescousse pour des broutilles, je n'ai pas d'autres choix que de me débrouiller tout seul. Après plusieurs minutes éreintantes à ahaner et siffler comme soufflet, je parviens à écarter le buffet de quelques centimètres du mur. Aha, dans l'ombre, j'aperçois une sorte de passage. Bingo !
Armé d'un balai récupéré dans un placard, je m'arc-boute comme un beau diable sur le levier improvisé pour repousser encore un peu le buffet. Et finalement, je dégage assez d'espace pour pouvoir me faufiler derrière.
Parfois, ç'a du bon d'être fluet.

D'un autre côté, avec une carrure à la Hulk, ce n'est pas un stupide buffet qui m'aurait ralenti.
Tsss... Le monde est injuste.

Le passage est en fait construit "entre deux étages". Par rapport au rez-de-chaussée, il ne dépasse pas le mètre cinquante, mais en fait, il est taillé en profondeur. Une fois passée les quelques marches, il devient possible de se tenir debout. L'escalier se poursuit en colimaçon et descend dans les profondeurs d'une vingtaine de marches. Si je ne me trompe pas, cela nous fait arriver pile sous la maison.

L'escalier donne sur un couloir plongé dans le noir. Heureusement, une âme charitable -probablement le propriétaire des lieux- a laissé des lanternes à l'entrée. Une allumette de plus et la lumière fut, éclairant un boyau de pierre humide et suintant.
Ok. Là, je pense que j'ai trouvé va-savoir-quoi. Reste plus qu'à l'identifier.

Je m'avance prudemment, essayant de repérer d'éventuels pièges. On est jamais trop prudent. La tâche n'est pas facile, à la lueur tremblotante de la lanterne, mais je ne vois rien d'alertant. Dix mètres plus tard, j'arrive dans une petite pièce carrée, agrémentée de quatre piliers dans le prolongement des murs du couloir. De l'autre côté se poursuit un nouveau couloir.
Bizarre... Pourquoi construire une pièce vide au lieu d'avoir poursuivi le couloir ?

Sans m'avancer, j'observe la pièce. Rien. S'il y a des pièges, ils sont drôlement bien cachés. Des sceaux ? Je n'y connais pas grand-chose, mais je ne vois rien non plus qui ressemble à un dessin...
Le plafond ! Bougre d'andouille, j'allais oublier le plafond.

Je lève la lanterne. Tiens, tiens... Y'a un truc suspendu au plafond. À cause des jeux d'ombres de la lueur tremblante de la lanterne, je ne distingue pas ce que c'est, mais c'est sûrement un piège. Probablement un filet ou des pierres qui tombent sur les indésirables venus fureter.

Du coup, j'avance prudemment, me colle au mur et entreprend de faire le tour de la pièce sans passer sous ce machin. Ch'uis pas dingue, non plus.

J'ai à peine atteint le premier coin que j’entends un bruit. De mauvaise augure, puisque je suis seul. Je lève les yeux et la lanterne et distingue dans le machin suspendu deux yeux de fauve qui m'observent.
Merde, merde, merde, j'ai déclenché un piège ? Ou c'est une bestiole qu'a élu domicile ici ?

Le machin suspendu bouge, ainsi que les yeux, et soudainement, quelque chose tombe du plafond dans un fracas métallique. Alors que j'en suis à me féliciter de ne pas avoir passé dessous, le machin se redresse et...

Merde alors... C'est un cadavre desséché, limite momifié, en armure de samouraï rouge et noir, sans casque mais avec un katana à la ceinture. Et c'est lui le propriétaire des yeux de fauve.
Un nécromancien. L’ogre m'a emmené droit dans la tanière d'un nécromancien. Ça serait juste super si je n'étais pas certain que le zombie d'en face à l'intention de me faire la peau...

La peau parcheminée du cadavre se tord et il ouvre la bouche, dévoilant des dents jaunâtres, avant qu'une voix rauque ne se fasse entendre dans un soupir.

« Le mot de passe. »

Flûte... Non, attend, attend, attend... Surtout, ne rien dire : si c'est un esprit mineur, il a probablement pour ordre d'attaquer tous ceux qui ne donnent pas le mot de passe et de laisser ceux qui le connaissent. Si c'est le cas, il est possible que son invocateur n'ait pas prévu le cas où on ne donne pas de réponse. Si c'est un esprit mineur, il ne saura pas prendre d'initiative sur ce sujet. Ce ne sont pas des flèches, loin de là.


« Le mot de passe. » Répète la créature.

La question devient alors... est-ce que je peux bouger ? Et si oui, seulement pour faire marche arrière ou bien puis-je poursuivre mon exploration plus en avant ? Y'a qu'un seul moyen de le savoir, et ça ne me plaît pas du tout. S'il risque d'attaquer, j'aime mieux le savoir avant d'être à portée de son sabre.

« Le mot de passe. » Répète le zombie en portant la main à son arme et en le dégageant légèrement du fourreau.

Ok, soit ce n'est pas un esprit mineur, soit il est conçu pour attaquer après plusieurs essais.
Et flûte.

Avant qu'il ne pose sa question une nouvelle fois -ce qui pourrait déclencher son attaque- j'invoque à toute vitesse mes squelettes. à poil -si on peut dire- et sans arme, je ne me fais pas trop d'illusion sur leur capacité à venir à bout de leur homologue en armure complète et katana. Ce n'est pas gagné d'avance tout ça.

Mes sbires apparaissent dans un nuage de fumée.

« Attaquez ! » Leur ordonné-je.

Obéissant, les trois squelettes se jettent sur l'ennemi. Celui-ci recule d'un pas pour récupérer assez d'amplitude pour dégainer en batto, fauchant un premier squelette et lui cisaillant la colonne vertébrale.
Au vu de la vitesse de réaction et du mouvement d'adaptation, le mort-vivant est clairement un cran au-dessus des miens. Si on ajoute le fait que son physique et son équipement surclassent ceux de mes squelettes...

« Son bras droit ! »

Le squelette le plus proche se jette sur le bras armé du samouraï, tandis que le second, trop loin, s'accroche à l'armure et tente de le mordre à la gorge. Stratégie hautement inefficace contre un mort-vivant, mais les esprits mineurs, ce ne sont pas des flèches.
Je m'en fiche, tout ce que je voulais, c'était gagné du temps : j'ai armé un kunaï explosif que j'envoie dans la mêlée. J'ignore si le bestiau est capable de parer un kunaï en vol, mais avec son bras immobilisé...

Mais le samouraï réagit vivement, empoignant de sa main libre le squelette qui le mord à la gorge, et le plaçant en bouclier. Le kunaï se fiche dans l'omoplate de mon invocation et le samouraï l'envoi bouler d'une poussée avant qu'il n'explose.
Boum. Et encore un squelette en moins.

Tant pis, le samouraï ne va avoir aucun mal à se débarrasser du dernier, aucun scrupule à sacrifier l'avantage stratégique douteux du bras immobilisé. J'invoque une nouvelle plâtrée de squelettes, provoquant la révocation du survivant.

« Encerclez-le ! Neutralisez-le ! »

Mes trois sbires se jettent sur le mort-vivant, se déployant pour l'encercler. Dans le même moment, je lui lance un shuriken fûma pour le décapiter. D'un revers, le samouraï se débarrasse du projectile, ce qui laisse à tout le moins le temps à mes squelettes de se mettre en position.
Tant pis. Visiblement, pas moyen de l'attaquer dans son champs de vision.

Mes squelettes sautent sur le samouraï qui pivote en un éclair pour fendre en deux le crâne de celui qui était dans son dos. Il se retourne vivement pour englober tous ses adversaires dans son champ de vision -du genre futé, le mort-, tandis que mes deux squelettes lui tombent dessus, tentant de l'empêcher de bouger.

Je lance un nouveau shuriken fûma le long du mur, retenu par une ficelle. Le samouraï change son arme de main et empale le crâne d'un squelette. Le fil arrive en bout de course, retenant le shuriken qui pivote et commence à s'enrouler autour de la colonne du bout. Je redonne du mou. Le mort-vivant repousse sans ménagement mon dernier squelette de sa main libre et reprend son katana en main principal. Je bloque de nouveau le fil.
Dans une courbe gracieuse, le shuriken revient dans le dos du samouraï et lui tranche proprement la tête au niveau des tempes.
ça lui apprendra à pas porter de casque !

Le cadavre retombe bruyamment au sol et ne bouge plus. Bien. Je m'approche précautionneusement de lui, après avoir repoussé le katana au loin. On ne sait jamais, d'après l'aïeul, il est possible d'animer des morts dont l'esprit ne se trouverait pas dans la tête. Juste pour tordre le cou à la croyance commune qu'il suffit de viser la tête.

Là, ça n'a pas l'air d'être le cas. Le mort est bien mort.
Ouf...

« Mwooooh ! »

Une explosion retentissante. Un bruit atroce de bois mort qui craque et de quelque chose de lourd qui percute le sol. Et des tas de fragments blanchâtres qui volent en tout sens avant de se dissiper en fumée.
Mon cœur a fait un bond de quinze mètres et bat la chamade. Mon corps aussi a du bondir d'autant.

Je me retourne pour voir l'ogre de Mahou, marteau enfoncé dans le sol à l'emplacement de feu mon squelette survivant, qui m'adresse un grand sourire serein.

« Ne baisse jamais ta garde quand tu vainc un ennemi, m'annonce-t-il. Sinon tu prêtes le flanc à un éventuel coup de poignard dans le dos.
_ C'était pas un ennemi, c'était mon allié, répond-je blasé.
_ Hein ? Mais c'était un squelette !
_ Je suis d'affinité os : à quoi tu veux que mes clones ressemblent ?
_ Ah ? oups... Hé bien, tu vois ce qu'il se passe quand il baisse sa garde ?
_ Change pas de conversation ! Tu savais qu'on était chez un nécromancien ! Et tu ne m'as rien dit !
_ Tu n'étais pas sensé rencontrer ce genre de chose. C'était juste de l'investigation qu'on faisait. Si tu m'avais appelé lorsque tu as trouvé le passage, ça ne serait pas arrivé, me rappelle Hisoka.
_ Ben j'étais curieux et...
_ Bon, file, je m'occupe du reste.
_ Hein ? Mais ça va pas la tête ?!
_ Pardon ?
_ Gyaaaah ! Pastaperpastaperpastaper ! J'le f'rai plus ! Hum. Heu... j'veux dire... Il n'est pas question que je retraverse Narasu tout seul. Le QG le déconseille fortement, alors je ne m'y risquerai pas.
_ Bon, alors attends en haut et...
_ Non.
_ "Non" ?
_ On ne sait même pas jusqu'où ça s'étend, tu pourrais en avoir pour des heures. Je préfère venir.
_ C'est qu'une petite maison, souligne l'ogre, ça ne peut pas...
_ D'après mes mesures, le tunnel file sous l'immeuble abandonné. ça me paraissait bizarre, aussi, que personne ne l'ait racheté... Donc y'a de la superficie. En outre, il est possible qu'il y ait plusieurs sous-sols. Pis deux têtes valent mieux qu'une en cas de pépin. »

L'ogre me regarde, mi-contrarié, mi-amusé. Ça ne l'enchante visiblement pas de m'embarquer là-dedans, mais il sait que j'ai raison : ma tête peut toujours lui être utile, à défaut des muscles.

« Bon, c'est d'accord, répond-t-il. Mais tu restes derrière moi ! »

Genre j'avais l'intention... Mais pas fou : il est plus apte à encaisser les piège que moi, d'abord. En tout cas, c'est génial. Qui sait ce que je vais bien pouvoir voir ou découvrir dans le coin ? La tanière d'un nécromancien... La caverne d'Ali Baba, oui !

Je ramasse la lanterne et nous repartons, lui devant, courbant la tête pour ne pas se cogner et gêné aux entournures dans le couloir, moi derrière, tranquille : c'est un tunnel pour petit.

Nous cheminons sur encore quelques mètres et débouchons dans une salle bien plus grande, recouverte d'un vieux parquet poussiéreux, parsemée de mobilier sous des draps mités et aux murs tapissés par les toiles d'araignées. Si c'est sensé faire peur, c'est plutôt raté.

Hisoka scrute les abords, d'un air suspicieux. La pièce est vide et il n'y a qu'une porte fermée qui attend impatiemment le marteau de l'ogre de Mahou. Mais visiblement, celui-ci flaire le piège. Tu m'étonnes : deux pièces vides à la suite, c'est pas là pour faire jolies.

« Et donc ? Fais-je.
_ Y'a sûrement des pièges, répond l'ogre. Ouvre l'œil. »

Genre, j'comptais sûrement m'avancer à l'aveugle en comptant sur la chance...

« De ce que je vois, le plafond a l'air normal.
_ Le sol aussi, rajoute Hisoka.
_ Les murs n'ont pas l'air plus dangereux... Si y'a des pièges, ils sont drôlement bien caché.
_ Le mobilier, décrète le chunin.
_ S'ils sont piégés, suffit de pas y toucher, non ?
_ Aucune idée.
_ Et il se passe quoi si on active le piège ?
_ Aucune idée.
_ Alors on fait quoi ?
_ On avance prudemment.
_ Mais... »

Trop tard : n'écoutant que son courage, l'ogre de Mahou s'avance dans la pièce.
Tous mes vœux de courage l'accompagnent.

Il arrive finalement jusqu'au milieu de la pièce. Rien. Visiblement, il n'y a rien à craindre, je peux donc lui emboîter le pas.

Je trottine jusqu'à lui quand soudainement, je remarque que son talon s'est mis à briller. Ou plutôt, il marche sur un truc brillant.
Nom de nom, une mine !

« Stooooop ! Bouge plus ! M'égosillé-je.
_ Qu'est-ce qu'il y a ? Demande l'ogre.
_ y'a un truc qui brille sous ta godasse.
_ 'Chier. Sûrement un sceau qui vient de s'activer, réfléchit l'ogre. T'as raison, si je bouge, ça ne me dit rien qui vaille...
_ Hum... Bon, ben, comme convenu, je vais t'attendre en haut, hein...
_ Dis, t'as pas l'impression qu'il brille de plus en plus ?
_ Aaaaah ! Ça va exploser ! »

La lumière s'intensifie, je me jette à terre en me recroquevillant sur moi-même. Avec un peu de chance, le souffle de l'explosion va m'épargner. J'entends Hisoka qui laisse échapper une flopée de juron à la postérité. Ça y est, il est mort. Bruit du gros marteau qui se dégaine. Ultime bravade, ça ne le protégera pas contre une explosion. Ça y est, il est mort.
...
Toujours rien.

J'ouvre les yeux. La lumière s'éparpille aux quatre coins de la pièce, traçant des rayons lumineux à même le sol, formant un réseau absolument sans queue ni tête. C'est visuellement très joli, mais là, comme ça, je n'y vois pas la moindre utilité. Hisoka, toujours bien vivant, se tient en garde, solidement campé, le marteau à demi-dressé, prêt à pulvériser tout ce qui s'approchera d'un peu trop près. Ce qui fait une sacrée bulle, tout compte fait.
La lumière clignote deux-trois fois... puis disparait aussi brusquement qu'elle est venu.

« Une idée de ce qui... »

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. La chaise sur la gauche d'Hisoka rejette son drap et se rue sur le chunin. Bon, en fait de chaise, c'est plutôt un genre de zombie, aux membres un peu long, et qui se meut à une vitesse incroyable, galopant à quatre pattes.

La chose bondit en l'air et Hisoka essaie de la faucher avec son marteau. La bestiole encaisse l'attaque de plein fouet et est projetée contre le mur, où elle rebondit dans un bruit flasque avant de choir à terre.
Et de se relever en faisant craquer sa tête.

Pire, y'a un autre pseudo-meuble qui s'agite à côté d'Hisoka.

« Attention, à gauche ! » Me hurle brusquement l'ogre de Mahou.

Mais il est dingue ? C'est à sa gauche à lui que réside le danger, avec le second zombie qui arrive !

Un bruit attire illico mon attention. Le chunin avait raison, un autre zombie vient de virer son drap et se jette sur moi, tous crocs dehors.
Et quels crocs ! Une double rangée garnie, avec des canines en pointe conçues pour taillader et arracher ! Le tout plein de baves et...

J'hurle en me jetant au sol. Stratégiquement très discutable, c'est vrai. Virilement dommageable pour mon image, à n'en pas douter.
N'empêche que la bestiole m'est passée au-dessus et que j'ai survécu à son assaut !

Je me retourne promptement mais l'espèce de zombie est déjà sur moi ! C'est invraisemblable, c'est pas sensé aller aussi vite, ce genre de connerie, non ?

Je me jette sur le côté mais les griffes jaunâtres parviennent à me taillader le bras.
Oh punaise, c'est mauvais. Je vais jamais avoir le temps de lancer un jutsu, ça va trop vite.

Je recule de quelques pas tandis que la bestiole se retourne d'une pirouette et rapplique dard-dard sur ses quatre pattes.
Gyaaaah ! J'veux pas mourir ! Il faut que je réagisse, n'importe quoi !

Je prends le premier truc qui me viens dans ma poche et lui balance une volée de makibashis au visage.

...

Sans commentaire.

La bestiole se jette de nouveau sur moi et j'ai juste le temps de me jeter au sol en arrière, pour qu'elle me passe à nouveau au-dessus.

Le zombie se retourne en un éclair et...

Boum !

Le kunaï explosif que j'ai jeté dans ma chute, fiché dans le plafond du couloir, explose, enterrant l'horreur ambulante sous des tonnes de gravats et de poussières.

Là, couché, sale bête !

« Attention ! » Rugit Hisoka.

Je me retourne pour voir que l'ogre est toujours au prise avec l'un des macchabés, tandis que l'autre... rapplique vers moi !?

« Gyyyyaaaaaahhhh !!! Au secours ! Pas moi ! J'ai que la peau sur les os et très mauvais goût !! Naaaaaaan ! »

La bestiole saute sur moi. Coincé entre elle et les débris, je suis foutu.

Une brusque bourrasque me fouette le visage, me forçant à fermer les paupières. Un bruit spongieux puis un truc chaud et visqueux, à l'odeur horrible, me gicle brusquement au visage, dans un tonnerre du diable.

J'ouvre les yeux, tremblant, pour voir le marteau de l'ogre, encore poisseux de la bestiole qu'il a littéralement pulvérisé, solidement fiché dans le mur.

Mais si son marteau est ici...

Hé bien, oui, Hisoka est désormais désarmé. La dernière bestiole se jette sur lui en sifflant, toutes griffes et crocs en avant. D'un mouvement vif, l'ogre lui empoigne la tête et l'encastre dans le sol, l'y maintenant fermement. La bestiole gigote en tout sens et tente de lacérer le bras d'Hisoka, mais sans succès.
Ce dernier ramène sa main libre devant lui, forme un mudra tout en fermant les yeux pour se concentrer et...

« Taimashin no Hiden : Jigoku Kaeri ! »

Un flash lumineux. Et pis les membres du zombie retombent au sol, inerte. Hisoka lâche la prise et revient chercher son marteau.

« Hé ! Minute ! M'exclamé-je. Tu le laisses comme ça ?
_ Ça ne craint rien, il est désenvouté.
_ Désenv... Tu... Lui... heu...
_ Je suis un exorciste patenté, spécialisé dans l'élimination de mort-vivant, annonce l'ogre de Mahou. L'arcane que j'ai utilisé permet de libérer un corps possédé pour lui rendre la paix.
_ Attends, attends, attends... T'as ça depuis le début et tu l'as pas utilisé avant ? T'es au courant que j'ai failli mourir !?
_ Bah, ça forge le caractère, c'est pour ton bien. ça me coûte du chakra que d'utiliser cette technique, et nous ignorons ce que cet endroit nous réserve encore. Donc dans la mesure du possible, je préfère m'économiser et régler les choses de manière plus "classique". »

L'horreur. Ch'uis en compagnie d'un ogre sanguinaire tueur de nécromancien... Mais merde, pourquoi moi ? Papa a du se faire maudire sur des générations...

« Sinon, reprend Hisoka en extrayant son marteau. Tu m'expliques ? »

Il pointe le doigt en direction de...

Ah oui. Le couloir... Enfin, l'ex-couloir : ce n'est plus qu'un amoncellement de gravats et de débris en tout genre, maintenant.
Et accessoirement, c'était le chemin vers la surface, hein...

« Heu... Hum... Comment dire ? J'me suis endurci le caractère ? C'est pas moi, c'est de la faute du zombie !
_ Hum !?
_ Gyaaah ! Je blaguais ! Pitié ! Hum... Ben sur le coup, ça me paraissait une bonne idée pour m'en débarrasser. 'l'ai pas fait exprès, juré !
_ Pfff... Ben y'a plus qu'à espérer qu'on trouve une autre sortie, maintenant. Allez, on continue. »
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Message par Kentaro 13/9/2012, 22:23

Le soleil était haut dans le ciel. Dans les gradins, c'était l'effervescence parmi les spectateurs. Les paris allaient bon train. D'un côté, la fougueuse kunoichi avait séduit par ses attaques variées et ses ressources qui semblaient illimitées. Elle avait visiblement de l'imagination à revendre et ses différents axes d'attaques avaient marqué de nombreux points dans le public. De l'autre, l'inexpugnable guerrier avait marqué la foule par sa capacité d'adaptation et de réaction, parvenant constamment à tenir tête à son adversaire. Ses capacités physiques semblaient inépuisables et son attitude d'entêté qui ne lâche rien lui avait acquis des inconditionnels parmi les spectateurs.

Après l'incident et la courte coupure médicale pour le manchot, le public était donc chaud bouillant et attendait impatiemment une conclusion en apothéose de ce combat.

« Bon, on reprend, fit Kentaro. Ou bien on continue à perdre inutilement du temps sur le sort d'une invocation ?
_ 'Tention, un peu de respect, hein ! C'est pas parce que c'est une invocation qu'on se fiche de ce qui lui arrive, 'spèce de butor.
_ Ben moi, si.
_ Je t'aurai prévenu, m'énerve pas. Si tu continues, tu vas morfler !
_ Arrête, j'ai peur.
_ Ouais, ouais, tu dis ça, tu dis ça. Tu ferais une autre tête si je te dégainais le Ganseki, mon grand ! Assura Oboro.
_ Ok, vas-y, déclara le chunin.
_ Aha ! J'savais bien que... Hé ! T'as dit quoi ? S'éberlua la kunoichi.
_ J'ai dit : ok, vas-y, répéta Kentaro. Je te l'ai dit, non ? Tout ce que je veux affronter le Ganseki.
_ T'as l'air de prendre ça vachement à la légère ! Se vexa Oboro. 'faudra pas venir pleurer quand je t'aurais transformé en steak haché !
_ M'en fiche, tant qu'on s'amuse.
_ Qu'on s'amuse ? T'as vraiment un grain, toi... »

Oboro fit la moue puis décida de se lancer. Après tout, si l'autre m'as-tu-vu voulait qu'elle lui en mette plein la gueule, il allait avoir ce qu'il voulait. De toute façon, avec tous les médecins présents, ce n'est pas comme s'il risquait grand-chose après coup.
Ni même elle, d'ailleurs. C'était l'occasion idéale pour elle de tester ses limites et ses possibilités.
Ok, ç'allait barder !

Oboro recula de plusieurs dizaines de mètres, intimant au médecin de ne pas s'approcher. Kentaro n'y trouva rien à y redire : après tout, il allait avoir ce qu'il voulait.

Une fois suffisamment éloignée, la kunoichi se mit en position de départ.
Aucun souci, ma grande, se morigéna-t-elle. Même si tu te casses une guibole, y'a quinze médecins qui se feront une joie de te retaper avant même que t'ait le temps de dire ouf. Et ça vaut bien le regard terrifié de l'autre glandu quand je l'emplafonnerai ! Vas-y, ma grande, tu peux le faire. Tu peux te le faire !

Les secondes s’égrenaient lentement, tandis qu'Oboro affinait sa concentration. Il allait lui falloir ouvrir les deux premières portes en même temps. Cela demandait un minimum de préparation mentale tout de même.

Du côté des tribunes, la foule commençait à s'impatienter. Ils étaient venus voir un combat et si le début avait été excellent, là, la tension retombait. Ça trainait en longueur. Résultat, ça commençait à ronchonner bruyamment même.

« Vos gueules ! Beugla Kentaro. Elle se concentre, alors vous la boucler et vous regarder ! Dans dix secondes, elle vous a mettra pleins les mirettes, vous serez pas prêt de l'oublier. »

Mais lui-même bouillait d'impatience. Attendre, ce n'était pas son truc. Si elle ne se décidait pas dans dix secondes, c'est lui qui chargerait. Le combat durait depuis trop longtemps.

«à vos marques... »

Oboro inspira lentement, rassemblant toutes ses énergies. Le changement d'atmosphère soudaine interpela derechef Kentaro. Bien, bien, bien... On allait pas tarder à rentrer dans le vif du sujet !

« Prêêêête... »

La kunoichi banda ses muscles, s’arcboutant contre terre afin de placer une accélération dantesque. Kentaro décroisa enfin les bras et, pour la première fois dans le combat - pour la première fois depuis bien longtemps, même - se mit consciencieusement en garde.

Dès la première fois où Yoshimitsu l'avait entrainé dans un dojo de Ganseki, Kentaro avait été complètement subjugué par la puissance brute que pouvait dégager ces pratiquants. Il s'était juré s'y mesurer un jour. Et aujourd'hui, il en avait enfin l'occasion.
Ça ne durerait qu'un instant et il n'avait pas l'intention d'en rater une miette.

« Partez !! »

Une vague d'énergie pure fut violemment expulsée par la kunoichi, perceptible même pour les spectateurs pourtant peu sensible au chakra.
Kentaro sentit ses poils se hérisser, la sensation lui fouettant littéralement le sang. Ça y était ! Le combat commençait enfin.

06:00

Déjà en position de départ arrêté, Oboro s'élança en une brusque accélération en direction de Kentaro, raccourcissant l'espace en une fraction de seconde.

C'est alors qu'un bruit se fraya un chemin jusqu'à sa conscience. Un rire. Le rire de son adversaire !
Cette réaction complètement absurde troubla la kunoichi. Tout ceux qu'elle avait rencontré jusqu'alors avait toujours tremblé face à la puissance démesurée du Ganseki.

Un court instant, la concentration de la genin vacilla, ses pas s'emballèrent et elle trébucha. Elle parvint à rétablir son équilibre et maintenir sa course mais ce court accroc brisa en partie son élan.

Cet court dérapage n'échappa pas à l'instinct affuté du chunin. Juste avant l'impact, les bras de Kentaro jaillirent empoignant le bélier humain qui lui fondait dessus.

En cet instant, le chunin concentra toute son énergie dans cette empoignade. Mobilisant au maximum les muscles qu'il avait si patiemment sculpté, sublimant les modifications corporelles apportées par Yoshimistu et s'appuyant sur sa connaissance des synergies de la charpente musculaire, le médecin mit toute la puissance -considérable- qu'il pouvait dégager à contribution.

En pure perte.

04:76

Kentaro fut littéralement emporté par la genin. Arc-bouté de toutes ses forces, ses pieds labourant le sol, le chunin avait à peine ralentie la charge impétueuse d'Oboro.

Des dizaines d'alarmes se mirent à retentir dans sa tête. Car derrière lui se trouvait les gradins. Donc le champ de force.

Et ce fût l'impact.

04:12

Le choc fut si brutal que de violentes ondes de distorsions se propagèrent sur la surface externe du cube de protection. Persuadés de se faire emplafonner, les spectateurs, beaucoup trop lent, avaient tous amorcé un mouvement de recul. Mais la protection tint bon.

Les quelques personnes non occupées à fuir purent alors apercevoir Oboro reculer de quelques pas, estomaquée.

Persuadée de tout emporter sur son passage, la genin ne s'était pas méfiée d'un choc frontal. Profitant qu'elle ait concentré sa garde en hauteur, le chunin avait placé son poing au niveau du plexus. Emporté par le maelström incarné, il n'avait guère de chance de faire de dégâts en frappant. Aussi avait-il attendu de heurter la barrière pour y caler -certes douloureusement- son bras afin que la genin s'empale d'elle-même sur son poing, retournant sa puissance démesurée contre elle.

Sous le choc, la genin vida ses poumons. Peu importait d'avoir des muscles surpuissants si on ne pouvait les alimenter en oxygène. Même si Kentaro n'y avait guère réfléchi consciemment, puisque la genin sous Ganseki agissait en apnée, elle allait à voir du mal à tenir sa demi-douzaine de secondes à plein régime, maintenant.

Furieuse, Oboro tenta de frapper un rapide coup de poing vers le chunin, mais celui-ci saisit l'occasion en vol et frappa simultanément, visant les phalanges extérieures du poing de la genin.
Comme beaucoup de combattants, elle considérait que ses muscles se renforçaient à force de frapper. C'était certes vrai pour l'index et le majeur, qui encaissait la plus grande partie des chocs. Mais ça l'était beaucoup moins pour l'annulaire et l'auriculaire, où les os n'étaient donc pas protégé par une solide carapace musculaire.
Dans un craquement, les phalanges d'Oboro se brisèrent sous l'impact du coup, déviant l'attaque de la genin.

Kentaro en profita pour passer sous la garde de son adversaire, visant l'uppercut. Mais Oboro parvint à l'attraper de sa main valide à l'épaule gauche, le broyant dans une étreinte d'acier. Le chunin abandonna aussitôt l'uppercut, redirigeant son attaque sur le coude de la genin.
Celle-ci sentit venir le danger et dégagea manu militari le chunin de sa position.

03:58

« Gné ? »

Un court instant, le chunin eût l'impression d'avoir la berlue. Il avait une vue imprenable sur tous les alentours d'Arasu, distinguant sans peine le Gyosei Machi, l'hôpital, les QG des différentes formations du Kiritsu... Même du balcon de son bureau, la vue n'était pas aussi impressionnante.

Son esprit regimba quand il réalisa que la genin l'avait balancé de plusieurs mètres en hauteur.

Se tordait sur lui-même, il aperçut Oboro qui courait le long de la barrière, la piétinant vigoureusement au passage, avant de prendre appui sur le sommet et de sauter dans sa direction.

Si la vitesse d'approche était affolante, le mouvement qu'exécutait la genin était bien trop téléphoné et prévisible. Et donc aisément contrable.

Kentaro regarda sans sourciller Oboro armé et lancé un prodigieux coup de pied. D'une torsion, il déplaça suffisamment son centre de gravité pour éviter le coup, attrapant la jambe d'une main au passage. Sans appui, en plein air, il fut littéralement emporté mais s'en fichait : seul lui importait la jambe d'Oboro.
Car au maximum d'extension de celle-ci, il pulvérisa le genou d'un seul coup de talon.

Alors qu'Oboro rugissait de douleur, le chunin lui attrapa vivement le bras, lui ceintura la gorge de son autre main, et l'orienta tête la première pour la réception. Ganseki ou pas, la caboche allait en prendre un coup.

C'était sans compter la puissance démesurée que pouvait dégager la kunoichi. Concentrant tout son chakra dans son bras, Oboro le ramena brusquement devant elle, le chunin toujours accroché avec.
Armant son bras valide, la genin se prépara à doubler le choc d'un coup de poing sauce Ganseki fourré au chakra.

02:21

Une explosion eut lieu au pied de la barrière, soulevant une impressionnante gerbe de terre en tout sens.

Kentaro était allongé sur le dos, au centre du cratère, bras croisés en protection devant lui. Son bras droit, placé sur le dessus, lui revenait sur le torse selon un angle bizarre. De toute évidence, l'os était cassé.

Quant à Oboro, elle ne se trouvait pas là. à l'impact, juste au moment où la genin frappait, Kentaro avait profité du déséquilibre de sa posture pour la dégager d'un revers de jambe. Ce qui avait empêché la genin de pouvoir appuyé réellement son coup et d'occasionner des dégâts plus sévère.

Le chunin se releva, à moitié-titubant, clignant des yeux. Il avait du mal à accommoder et se sentait pris de vertige, à un cheveux de la commotion cérébrale.

Un grondement rauque lui parvint aux oreilles. Se retournant d'un bloc, Kentaro aperçut la genin qui lui fonçait dessus à ras-de-terre, se propulsant en zig-zag avec sa jambe valide, l'écume aux lèvres, manquant désespérément d'oxygène.

Le chunin joignit ses deux mains et frappa un puissant coup descendant, bien décidé à enfoncer la genin dans le sol.
Trop lent.

Oboro percuta violemment son adversaire et tous deux roulèrent sur une dizaine de mètres.

01:08

Avant que Kentaro ne comprenne ce qui lui arrive, Oboro était déjà installé sur lui, lui écrasant la gorge de toute la puissance de sa main valide, lui enfonçant la nuque dans le sol sous la pression.

L'étau était tel qu'il coupait la circulation sanguine. En tant que médecin, le chunin était bien placé pour savoir qu'il fallait à peine une bonne seconde pour qu'il perde connaissance. Ignorant combien de temps pouvait encore durer le Ganseki, il lui fallait agir vite.

S'attaquer au bras était exclu : un assaut éclair ne suffirait pas à endommager les muscles, quant au coude, dans cette position, il ne pouvait guère lui faire de mal.

Puisque le Ganseki permettait de renforcer effroyablement les muscles, alors...

Kentaro termina de concentrer son chakra dans l'extrémité de ses doigts et s'attaqua au poignet. D'un seul mouvement tournant, ses griffes improvisés déchirèrent les chairs et saccagèrent les tendons, forçant la genin à relâcher sa prise.

D'un geste brusque, le chunin repoussa le bras d'Oboro, la faisant chuter vers lui et lui éclatant le nez d'un coup de boule bien senti. Celui-ci lui laissa suffisamment de temps pour ramener son bras valide et frapper à la tempe, lui pulvérisant l'arcade sourcilière au passage.

La genin vacilla et chuta sur le côté, inconsciente, laissant Kentaro pantelant chercher avidement de l'air malgré sa gorge torturé.

Finalement le chunin se releva précautionneusement, avant de lever un poing victorieux en direction du public, qui explosa en acclamations et vivats pour les deux protagonistes du combat.

Le médecin jeta un regard vers la kunoichi.

« Alors il suffit de frapper là où il n'y a pas de muscles digne de ce nom. » Conclut-il à haute voix l'idée qui l'avait effleuré plus tôt.

*
* *

Shizuyo Satokita repoussa délicatement le rabat de la tente d'infirmerie montée pour les combats d'exhibition et jeta un coup d’œil. La combattante précédente était étendue sur un lit de fortune, des aiguilles, des bandages et des attelles la décorant ci et là. Quant à son fils, il était avachi sur une chaise à côté, le bras droit en écharpe, le torse et l'épaule gauche engoncé dans un paquet de bandages.

« Alors ? Demanda Shizuyo. Comment ça va ? »

Kentaro haussa vaguement une paupière pour s'assurer de l'identité de la nouvelle venue avant de refermer les yeux et de se renfoncer dans son siège.

« ça va, répondit le médecin. Elle souffre de nombreuses déchirures musculaires à cause de ses mouvements trop violents, ainsi que de plusieurs micro-lésions dues aux concentrations de chakra inhabituelles. J'ai stabilisé son rythme cardiaque et il n'y pas de dégâts internes inquiétants. Ses doigts se remettront vite, par contre, il faut que je raccorde complètement les tendons de sa main droite. Et faut que j'opère le genou. Pfff... Si j'avais su, je l'aurais laissé gagner, ça m'aurait évité du boulot !
_ Je ne parlais pas d'Oboro.
_ Mmmh ? Laisse-moi récupérer cinq minutes et je m'y mets. J'ai encore jamais opéré un genou en dehors du bloc opératoire, ça va être une première !
_ Je m'inquiétais de ton état. Tu as un bras cassé, une épaule en vrac et plusieurs côtés joliment fêlé, tu sais ? Demanda l'ancien assassin.
_ Ben si t'es déjà au courant, pas besoin de poser la question, hein...
_ Je m'inquiète.
_ Bah, ça ira, assura le médecin. Je reste d'attaque.
_ Tu n'es pas obligé de t'occuper des soins, tu sais.
_ "Ceux qui les dégommons les r'tapons", cita Kentaro. ous me l'avez suffisamment seriné à chaque fois que "j'attendrissais" un patient, hein... Pis ch'uis coincé ici et j'ai rien de mieux à faire non plus.
_ En parlant de retapage, où est passé le pingouin ?
_ Bof, il doit trainer par là-bas... » Fit Kentaro avec un geste vague.

Shizuyo regarda dans la direction indiquée et aperçut le pauvre manchot, cul par-dessus tête, étalé contre un poteau de soutien et en train de voir trente-six chandelles.

« Tu m'expliques ?
_ Quand j'ai commencé à planter des aiguilles, il a beuglé un truc incompréhensible et m'a sauté dessus. Et j'étais pas d'humeur à jouer, expliqua le médecin.
_ Kentaro...
_ Nan, nan, nan : les manchots et les invocations ne sont pas couverts par le Serment, j'ai vérifié, affirma Kentaro.
_ L'esprit des choses, ça te parle ?
_ M'au fait, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne voulais pas regarder les combats ?
_ Non, il est finit, annonça Shizuyo. On va m’amener le blessé d'un moment à l'autre.
_ "Fini" ? Releva le médecin. C'est une blague, les paris ont été clôturé y'a moins d'une minute !
_ Et le combat depuis une trentaine de secondes, avoua sa mère.
_ Aha, bien fait pour le vieux shnock ! »

Le rabat de la tente se souleva et deux infirmiers arrivèrent avec un brancard, transportant un jeune ado dans les pommes, avec une grosse marque de Santa Chop imprimé sur la figure.

« Mais flûteuuuh, pourquoi ç'a pas été l'inverse ? »

Shizuyo se rendit au chevet du blessé, quand l'arbitre déboula dans la tente en catastrophe.

« Kentaro ! Viens vite, c'est grave !
_ Quoi ? Y'a des tas de médecins dans les tribunes, tu vas pas me dire qu'une urgence me requiert moi, spécifiquement ? Grogna l'intéressé.
_ C'est l'émeute ! Révéla l'arbitre. Les spectateurs sont furieux du dernier combat et se sentent floués ! Ils affirment que le combat était truqué et qu'on a essayé de les arnaquer !
_ M'enfin, il s'est passé quoi ?
_ Le gosse a affirmé que c'était déloyal de l'envoyer contre un vieux croulant, intervint Shizuyo. Du coup, il a exigé que Santa le frappe au moins une fois pour rétablir l'équilibre. Sauf qu'il l'a étalé en un coup et qu'il n'y a donc pas eu de combat.
_ Mais le sombre abruti, pesta Kentaro. Bah, c'est son idée, ce sont ses oignons, qu'il se débrouille.
_ Justement, intervint l'arbitre. Il a proposé d'annuler ce combat et d'en faire un autre.
_ à la bonne heure.
_ Mais vu qu'il a étalé un genin sans sourciller et que son disciple a vaincu le Ganseki, personne n'ose aller l'affronter.
_ Ce N'est PAS mon maître.
_ Du coup, Santa a proposé d'organiser un combat maître et disciple, expliqua l'arbitre.
_ Qu'est-ce que je viens de dire ? Vous écoutez pas ?
_ Il faut absolument que vous acceptiez !
_ Rooohohoh... On va pouvoir jouer la revanche, alors ? Sourit Kentaro. Évidemment que j'accepte !
_ J'ai quand même un doute sur la capacité d'un combat opposant un estropié à un adversaire encore complètement frais à calmer les foules, nota Shizuyo.
_ Très juste. T'as raison. 'faut pas que j'ai l'air blessé, ça sera bénéfique pour les paris ! Déclara le médecin en commençant à arracher ses bandages et enlever son attelle.
_ Non, non, non, c'était pas du tout la conclusion recherchée, mon chou. Ecoute, Kentaro. Tu sais que tu n'es pas au mieux de ta forme, n'est-ce pas ?
_ Ouais.
_ Tu as subi de nombreuses blessures handicapante contre Oboro.
_ Ouais.
_ Si tu perds dans cet état, tu vas t'en vouloir pendant un moment.
_ Ouais.
_ Tout ceci est une mauvaise idée.
_ Ouais.
_ ... Tu ne m'écoutes absolument pas, n'est-ce-pas ?
_ Ouais.
_ Ahlàlà... Très bien, vas-y...
_ Ouais ! J'vais me le faire ! »

*
* *

« Attention, mesdames et messieurs ! Clama l'arbitre. Le prochain combat va commencer pour votre plus grand plaisir ! à ma gauche : un homme sur lequel le temps ne semble avoir aucune prise, un shinobi d'expérience aussi rusé que vénérable, une force de la nature qui a envoyé paître son adversaire d'un seul coup d'un seul, un colosse maître dans l'art du taïjutsu, j'ai nommé... Saaaaanta Klaus ! »

La foule hurla, ravie de cette mise en scène et au comble de l'excitation.

« Et à ma droite : le challenger ! Un jeune homme que rien n'effraie, un monstre qui a fait face au Ganseki et y a survécu, un véritable trompe-la-mort inexpugnable qui ne se soucie ni des coups ni des dommages, j'ai nommé... Keeeeentaro Satokira ! »

Nouvelles séries de hurlement lors de l'apparition du challenger, notamment parmi la gente féminine qui s'aperçut que désireux d'épargner sa chemise de rechange, le médecin était revenu torse nu.

« Pour votre plus grand bonheur, le maître et le disciple vont s'affronter dans un match sans pareil ! La sérénité de l'expérience contre la fougue de la jeunesse ! Mais n'allez pas croire que ce soit joué d'avance, mesdames et messieurs ! Certes, il y a encore quelques semaines, le maître s'est imposé lors d'un combat épique, mais cela s'était joué à un cheveu ! Kentaro s'est entraîné très dur depuis cet échec, qui peut dire quels sont les progrès qu'il ait fait ? Et quels tours Santa garde-t-il en réserve ? La réponse tombera dans quelques instants mais en attendant... les paris sont ouverts ! »

Le monsieur loyal improvisé avait bien réussi son coup : la foule rugissait son approbation et les gens se pressaient à qui mieux-mieux auprès des huissiers de l'évènement.

De son côté, Kentaro s'impatientait. Quand est-ce qu'on en aurait fini avec toutes ses salamalecs et qu'on pourrait enfin entrer dans le vif du sujet, d'abord ?

De l'autre côté du terrain, Santa lui adressa un grand signe d'encouragement avec d'articuler ostensiblement "Fais de ton mieux, mon disciple !". Kentaro leva les yeux au ciel.

En attendant, le chunin fit le point sur son état. Shizuyo avait parfaitement ciblé ses faiblesses. Et en tant que médecin, Kentaro était parfaitement lucide quant à son physique.
Il n'avait pas le choix : s'il voulait gagner, il allait lui falloir appliquer une stratégie particulièrement offensive.
Pire, il n'avait absolument pas l'habitude de combattre en faisant attention à son chakra, or entre la dépense du Mukan et la consommation monstrueuse du Borei Gaikotsu ("Squelette fantôme"), il allait lui falloir composer avec cette nouvelle contrainte. Et n'avait aucune idée du temps que ç'allait lui prendre pour tomber à court.

Bref, il n'allait pas avoir le temps de traînasser.

« Mesdames et messieurs... Les paris sont clos ! Veuillez regagner vos place et installez-vous confortablement ! Le combat va commencer ! »

L'arbitre se recula précipitamment, histoire de ne pas être prit impromptuement entre deux feux. Kentaro lui attrapa le bras au passage.

« Hep hep hep ! C'est quoi les cotes ? Demanda le chunin.
_ Heu... Avec les derniers paris, impossible de savoir...
_ Ouais, ben la dernière estimation, alors.
_ Hum !
_ J'ai pas entendu.
_ 62% en faveur du vieux.
_ ...
_ Heu... ça va aller ?
_ Fous le camps. »

Kentaro se renfrogna. Alors comme ça, l'autre imbécile inspirait davantage la confiance que lui ? Nan mais c'était quoi ce délire !?

Bon. Ben si le vieux débris était visiblement si dangereux que ça, alors il pouvait d'ores et déjà s'estimer en état de légitime défense. Que du tout bon !

Activant le Borei Gaikotsu pour récupérer l'usage de son corps, Kentaro se jeta illico sur Santa. Celui se campa solidement dans le sol et s'apprêta à recevoir comme il se le devait.

Arrivé à porté de frappe, Kentaro lança un terrible direct du gauche, soucieux d'économiser son bras droit cassé. Mais comme l'avait soupçonné sa mère, à peine arma-t-il son coup que la douleur fusa depuis son épaule, le bloquant complètement.

Ignorant de l'état du chunin, Santa frappa un puissant Santa Chop, bien décidé à commencer de manière explosive pour contenter les spectateurs, récolter pleins d'argents et faire le bonheur des braves petits garçons et petites filles hospitalisés. C'était son devoir en tant que représentant de l'esprit de Nowel sur terre !

Kentaro vit la menace arrivé et réagi au quart de tour, expédiant ses deux jambes dans la face du vieillard.

Le choc simultané propulsa les deux combattants en arrière.
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Message par Akhen 23/9/2012, 18:22

Six heures du matin, Narasu, dans l’un des innombrables quartiers pauvres de la ville. Les barres de béton s’étendaient à perte de vue, et si les habitants faisaient leur possible pour les entretenir, la suie et la pollution noircissaient les murs. Des habits pendaient aux fenêtres et, alors les premières leurs du jour naissant apparaissaient, trois ombres fugaces filaient sur les toits alentour.

Parcourant rapidement la distance qui les séparaient du bord, ces dernières firent halte en face d’un immeuble que rien ne distinguait des autres, sauf peut-être la charrette jaune vive qui venait de s’arrêter devant. Du haut de leur point d’observation, les trois shinobis distinguaient très bien le chef de groupe et ses deux acolytes. Membres d’une des innombrables sectes de Narasu, pour contrer l’expansion agressive des différentes dérives du Raclétoisme ils se voyaient obliger de prêcher activement pour leur paroisse, en accomplissant, entre autres activités, celle très banale du porte à porte.

En raison de l’heure matinale et ne voulant pas s’attirer plus de projectiles qu’ à l’ordinaire, le chef du groupe avait sagement décidé qu’ils se contenterait de quelques prospectus sous les portes, même s’ils ne priveraient pas d’haranguer les rares malchanceux sortis chercher leur petit déjeuner plus tôt qu’à l’accoutumée.

Une fois les démarcheurs disparus dans les entrailles de l’immeuble sombre, le chef du commando désigna l’immeuble du doigt, puis s’agenouilla sans un bruit sur le toit et traça rapidement un schéma sur le sol. Il fit plusieurs croix sur ce qui ressemblait à s’y méprendre à l’immeuble juste devant eux. S’assurant que le message était bien passé, le chef rajusta son écharpe autour de son cou, adressa un signe de tête à chacun de ses coéquipiers et s’élança dans le vide.
Sans s’émouvoir plus que ça du plongeon de leur chef, les deux shinobis restants se séparèrent et se placèrent, qui dans un recoin sombre en position de méditation, qui sur un toit voisin, qui donnait sur le dos de l’immeuble. Celui sur le toit détacha rapidement sa ceinture et l’étendit sur le sol, révélant toute une panoplie d’arme de jets.

En chute libre depuis une bonne seconde, le junin chargea son pied avec son chakra et rebondit sur une balustrade, se faisant il arriva violemment contre l’immeuble cible, un peu aidé par un vent favorable. S’agrippant à la paroi, il se déplaça horizontalement à l’aide de ses quatre membres. Plutôt visible et exposé, le ninja supérieur se dépêcha de pénétrer à son tour dans l’immeuble à la faveur d’une fenêtre ouverte.

Aussi silencieux qu’un soupir, il sauta sur le plafond et passa au dessus d’un innocent dormeur, puis à la pièce suivante pour finalement déverrouiller la porte et sortir dans le couloir, toujours au plafond. Il chercha son chemin quelques instants, n’osant pas étendre son chakra de peur d’alerter ses cibles et de faire échouer l’opération.

Quelques minutes et deux étages plus bas, il trouva ce qu’il cherchait, il toqua à une porte brunie par la poussière d’une façon qu’il était un des rares à pouvoir comprendre.
La jeune femme qui lui ouvrit ne put retenir un hoquet de surprise.
« Vous ? Mais on ne m’avait pas prévenue…
-Ne vous inquiétez pas, je prends les commandes de l’opération. Les deux autres membres de mon équipe surveillent les issues. On commence l’opération dans moins de trois minutes alors magnez-vous.

Un court laps de temps plus tard, le junin était rejoint par la jeune femme, qui s’avéra être le chef de l’équipe infiltrée. Elle avait sous ses ordres un genin blond plutôt bien bâti, qui portait des poignets de force et caressait distraitement un poing americain, l’air déterminé et une jeune fille blonde elle-aussi, les cheveux courts, plus nerveuse, qui ne lâchait pas la poignée de son sabre.
Ceux-là, compris le junin, c’était pour le grabuge. Cela n’avait pas du leur plaire d’attendre plusieurs jours dans un appartement miteux, sans pouvoir sortir sauf pour aller acheter du riz. Le jeune bouillonnait, cela se voyait. Point positif leur chunin avait l’air un peu plus subtile, et à même de réagir si ça dérapait, avec l’imposante trousse de soin qu’elle venait d’invoquer par exemple.

Prudente, elle avait noué ses longs cheveux noirs en une longue tresse qui lui descendait dans le dos, signe supplémentaire qu’elle ne comptait pas aller au charbon pour de bon. Et puis elle l’avait reconnu, du premier coup d’œil. Les deux autres non, même s’ils n’allaient pas tarder à percuter dès qu’ils verraient l’insigne dans son dos.

Il ne leur restait plus qu’à faire la liaison avec l’équipe de Gensou et l’opération pourrait commencer. Connaissant leur chunin de renommée, nul doute qu’il savait déjà où aller et quand les retrouver.
Le junin se dirigea donc vers leur cible, un appartement situé au onzième étage. Décidés à ne pas attirer l’attention outre mesure, les shinobis se glissèrent silencieusement dans la cage d’escalier et en gravirent les degrés quatre à quatre. Puis ils s’engagèrent dans un étroit dédale de couloirs crasseux. Après quelques minutes de déambulation, la carte fournie était légèrement approximative, et autant de détour pour éviter de réveiller un ivrogne avachi, le groupe arriva en vue de l’appartement ciblé, mais pas de groupe gensouard en vu… En revanche le trio d’adorateurs en jaune poussin, si.

La tournée de porte à porte battait finalement son plein pour eux et ils frappaient aux portes avec enthousiasme, n’obtenant la plupart du temps qu’un grognement interrogateur suivi d’une porte qui se referme. Mais ils ne se décourageaient pas pour autant. Et à la vitesse qui était la leur, il ne leur faudrait pas cinq minutes pour aller frapper à la mauvaise porte et briser l’effet de surprise du commando.

Le chikaratte aux cheveux blonds aperçut le danger et s’élança hors de l’ombre, bien décidé à les virer de leur zone d’opération, de force s’il le fallait, sa compatriote sabreuse sur les talons.
Leur chunin ouvrit la bouche pour les retenir mais un regard de son supérieur la dissuada.
Leur approche fut efficace et les démarcheurs ne les virent qu’au dernier moment.
Se plantant devant eux l’air pas commode, le blond pris la parole calmement, d’un ton qui ne souffrait pas la contradiction :
« Dites, vous êtes sur notre territoire, là. Alors dégagez-là, sinon l’Eidolon le fera. »

Devant ce nom, la seule fille de groupe blêmit légèrement tandis que les deux autres froncèrent les sourcils. L’un des deux demanda, d’un ton où pointait un début de panique :
« C’est qui cet Eidolon, votre secte ? Parce que nou…
-Je suis l’Eidolon. Proclama à voix basse mais audible le junin en surgissant de derrière l’épaule du chikaratte. Si tout le monde fut surpris, même ce dernier. Mais le membre qui avait pris la parole eut carrément un mouvement de recul et parut ouvrir les yeux.

Aussitôt les trois silhouettes jaunes tressaillirent et se brouillèrent, avant de se transformer en un jeune homme aux longs cheveux noirs barrés d’une mèche blanche, une fille brune et un homme d’une trentaine d’année, poil ras et regard flamboyant. Tout ce beau monde en combinaison noire, qui des ceintures de kunais en bandoulière, qui une trousse de soin ou des fumigènes à la ceinture.
Les genins chikarattes n’en crurent pas leurs yeux et jetèrent un regard accusateur à leur chunin qui haussa les épaules avec un petit soupir.
La tension retomba lorsque l’homme aux ceintures de kunais demanda sur le ton de la conversation :
« Alors comme ça, c’est vous qui récupérez le commandement des opérations.
-Oui, le QG a eu besoin du junin et du chunin pour une affaire urgente. Je chapeaute mon commando ainsi que toute l’opération. Présentez rapidement votre équipe et on y va.

*
**

La poisse. Voilà que le grand patron de l’opération venait de changer, et il était super connu en plus. Sauf de moi évidemment, et voilà que je trouvais moyen de gaffer. C’était sûr, il m’avait mauvaise maintenant. Mais ce n’était pourtant pas ma faute, je pouvais pas deviner que ce débile de chikaratte était suffisamment crédule pour ne pas avoir repéré les filtres autour de l’équipe.
J’étais déjà suffisamment stressé, d’ailleurs dans quelques heures je me souviendrais probablement parfaitement de qui était ce foutu Eidolon, et voilà qu’on me rajoutais un shinobi d’élite. Peut-être même qu’il avait entendu parler de mon clan. Imagine un instant qu’il soit blessé et que je doive le soigner… Non attends, la chikaz’ elle a une trousse aussi, elle va surement s’en charger. Et s’il y a plus d’un blessé, si c’est l’hécatombe… Ah la galère.

Pourtant ça sonnait bien sur le papier, « opération coup de poing dans un immeuble délabré. » Un peu dangereux mais bon pour l’avancement. Et puis il aurait Tanhina dans l’équipe et ça s’était mieux que n’importe quel Gensouard basique rempli de préjugés. Le chunin n’avait pas l’air commode mais au moins il était compétent, très professionnel. C’était tout ce que je lui demandais après tout. Il avait conçu le plan d’infiltration et on était parti. Ca avait fonctionné sans accrocs jusqu’à ce que ces belliqueux de chikaratte se sentent obligés de se la jouer « scène de crime, reculer s’il vous plait ». Pfff, ç’allait pas améliorer les préjugés que j’avais sur eux cette histoire. Je suis le premier à dire que c’est mal mais là quand même…

Une fois le rapide exposé de mon supérieur, le junin nous disposa autour de la porte, un soigneur de chaque côté en retrait et au accroupi au plafond. Je piochais généreusement dans le chakra depuis le début de la mission, mais sauf blessures ou imprévu mon rôle dans l’engagement serait limité.
On devait envahir un appartement d’un suspect qui refusait de répondre à une convocation et le QG craignait que le gars a fait appel à une organisation spécialisée dans l’exfiltration comme il en existait certaines à Narasu depuis l’arrivée de Kiritsu.
Le précédent commando s’étant fait proprement étendre, de gros moyens avaient été déployés et j’en étais, youpi !

L’Eidolon s’approcha prudemment de la porte. S’il n’avait pas de risques de fuites, ce type aurait pu faire la mission tout seul. C’était un des prodiges de mahou. A chaque nouvel exploit on murmurait qu’il passerait ANBU, mais au fond personne n’y croyait, car si ça se faisait personne de ne le saurait. Si ça se trouve il l’était déjà.
Spécialiste du taijutsu, il était insaisissable et pouvait s’infiltrer partout sans déguisement. Sa rapidité aussi bien en combat qu’en opération lui avait valu son surnom. Aujourd’hui on allait enfin voir ce dont il était capable. Mon chunin resta en arrière secondant la sabreuse. Lui aussi était un mystère, je ne savais pas trop de quoi il était capable. Les shurikens et les kunais lassaient penser qu’il s’en sortait en lancer, mais rien n’était sur.
Tanhina était du côté de l’autre chunin, en soutien derrière le blondinet qui trépignait d’impatience. J’osais espérer qu’il ne soit pas impétueux, normalement tout le monde était trié sur le volet. Et puis je crois que la présence de l’Eidolon refroidissait toute l’escouade, devenue encore plus concentrée et plus soudée à travers lui.
Ce dernier justement, sur ses gardes, frappa à la porte pour procéder aux sommations d’usages. Comme prévu, personne ne répondit, il se prépara donc à enfoncer la porte.
Il n’eut pas cette peine car la port eut la bonne idée d’exploser, le mur derrière aussi….

Disparu dans un nuage de fumée, l’Eidolon était hors de vu, impossible de voir s’il était vivant et ce qui avait fait voler la porte en éclats. Le couloir s’emplit rapidement de bruits, les deux chikarattes hélant leur supérieur et les habitants extérieurs s’agitant. Notre chunin nous intima l’ordre de ne pas bouger. Bien lui en pris car une volée de carreaux s’abattit sur le mur déjà bien amoché. La zone située dans la continuité de la porte nous restait inaccessible.

Au bout de quelques secondes interminables d’attente, une silhouette se releva et émergea dans ma direction. Il était vivant, ses vêtements en lambeaux et son bras saignait mais il vivrait.
Au moment où la porte avait été déchiquetée par les dizaines de carreaux d’arbalète qui l’avaient transpercée, il avait bondi sur le côté et en évitait la plupart. Seul son bras droit avait été touché. De la vraie charpie autour de l’os mais c’était dans mes cordes. Et c’était moi qui allait devoir m’en charger, impossible de traverser la porte sans risquer la vie du soigneur. Ils avaient arrêté leur pilonnage mais personne ne savait ce qu’il y avait derrière la porte donc pas la peine de risquer une vie inutilement.

Le junin donna l’ordre à Tanhina de se replier et d’avertir les deux vigiles. Nous ne pourrions pas entrer avant un petit moment et il fallait s’assurer que nos cibles ne mettraient pas ce temps à profit pour s’enfuir.

L’Eidoilon s’approcha de moi et montra son bras. Je compris et sortis ma trousse de soin. J’allais lui oter les plus grosses échardes et pointes de flèches, puis j’allais redonner forme au muscle au moyen de mon chakra.

Juste au moment où je commençais à incanter la chunin de Chikara agita sa trousse de soin et hurlant pour couvrir le tumulte :
« Attendez, je vais le faire.
-Pourquoi, vous êtes de l’autre côté. La machine infernale risque de vous blesser vous aussi et dans ce cas on sera obligé de se replier.
-La machine ?
-Eh bien oui, qui, croyez-vous, délivre un feu pareil ? Un peloton d’arbalétrier ? Rétorqua sèchement l’Eidolon.
Quoiqu’il en soit, gardez votre chakra pour le reste de l’opération. Il y aura surement d’autres blessés et je vous veux sur le terrain alors que ce pauvre Illinois va être à cours après ça, n’est-ce pas ?

J’acquiesçais vivement. Je n’avais pas intérêt à me rater sur ce coup. Si j’estropiais un shinobi aussi célèbre, je pouvais dire adieu à toute ma carrière et peut-être à ma liberté. On trouverait bien quelque chose à me reprocher.

Une réparation des muscles et des vaisseaux du bras, j’avais déjà fait ça, à l’époque. Heureusement le nerf n’était pas touché, on le voyait qui pendouillait au milieu. Je regardais l’Eidolon, il avait l’air à peu près normal. Je ne savais pas comment ce type faisait pour tenir le choc et parler. La douleur aurait du le clouer au sol. Encore que c’était bien le genre de type à prendre des drogues avant une opération. Vu qu’il avait l’air de tenir le coup, je pouvais y aller doucement. Je l’installais devant moi, sous le regard inquisiteur de mon chunin et, me tournant vers ce dernier, lui demandait mon carnet d’opérations, celui qui datait de Gensou, dans le sceau S-2. S’exécutant de bonne grâce, il fit apparaître un paquet de petit carnet que je m’empressais de trier avant de sélectionner le bon. J’y avais pris plusieurs notes concernant une opération menée à l’hôpital par un contingent de chirurgiens célèbres. Je consultais les croquis en tremblant, évitant au maximum de me fier aux images qu’elles faisaient remonter en moi. J’avais trop peur d’oublier quelque chose d’important. Soufflant un grand coup, je commençais à suivre les instructions que j’avais notées sur mon carnet.

Dix minutes plus tard, le bras du junin était régénéré. Pas rafistolé, ou réparé, non régénéré… Ca avait pris le temps mais c’était fait. Et c’était surement pas la brute épaisse de chikaratte qui grommelait au fond qui aurait pu faire de même. Revers de la médaille, j’avais plus de chakra. Enfin plus suffisamment pour soigner quelqu’un. Juste assez pour m’exfiltrer si le besoin se faisait sentir.

Exécutant deux ou trois moulinets avec son bras, l’Eidolon sourit avant de s’adresser aux chikarattes
« Soldats, nous avons suffisamment perdu de temps comme cela. Je vais régler son compte à la machine qui nous empêche d’entrer. A mon top, vous chargez dans l’appartement et on nettoie tous vite fait bien fait.
-Et lui ? Demanda le chikaratte en montrant mon chunin du doigt.
-Lui, il prendra le relai pour l’interpellation. J’y vais. Soyez prudent. »


Enchainant les mudras, L’Eidolon s’enveloppa peu à peu d’une chape de vent. Puis il pris son élan, rebondit sur la chambranle droite de la porte et disparut. 5 secondes plus tard il y eut un horrible bruit de craquement et l’on entendit le signal convenu.

*
**

Quelques heures plus tard, dans une des salles d’interrogatoire de Kiritsu.

« Je répète ma question, où est-il ?
-CONNARD, JE TE DIRAIS RIEN !
Je soupirais ostensiblement. On y était depuis trois heures déjà et on avait rien appris de tangible tant de ce gus là que des deux précédents.
-T’AS UN PROBLEME LA TAPETTE DANS LE COIN ?
Il était vraiment au taquet celui-là, inépuisable. C’était le moment de l’effrayer un peu. Je me transformai en montagne de muscles et me penchai par dessus la table, et pris ma plus grosse voix.
« T’as dis quelque chose, gringalet ? Je crois que tu n’as pas très bien compris la situation. T’as été arrêté alors que tu armais une bombe dans un appartement pris d’assaut par les forces de Kiritsu. Si on ne t’avait pas neutralisé, Dieu sait combien de personnes auraient perdu la vie suite à l’explosion. Autrement dit tu es suspecté de tentative d’homicides sur des militaires et d’innocents civils. Pas la peine de te dire que tu risques pas de revoir la lumière du jour. »

Je marquais une pause pour percevoir les effets de mon blabla réchauffé mille fois. Il devait avoir l’habitude car il ne fondit pas en larme, mais paraissait seulement plongés dans ses réflexions. Au moins il ne vociférait plus, c’était déjà ça de gagné.

C’est ce moment que choisit mon chunin pour passer à l’action. Il s’assit en face du suspect, se concentra et le regarda. Ce dernier leva la tête et son regard changea, il répondit d’une voix douce aux questions que Kota Yuushi lui posait.
Il n’y avait pas à dire les effets du Tenrai no Doko était impressionnants. Et apparemment celui-ci en savait un peu plus que les deux autres.


*
**

« Bah Oboro, qu’est ce qui t’es arrivé ? Demandais-je, surpris de voir la demoiselle galérer à monter des marches à cloche pied, trainant un fauteuil roulant derrière elle.
-‘me suis pété le genou lors d’un combat. Enfin parle pour toi, si je suis amoché, toi t’es sacrément défiguré.
-Ah ouais sérieux ? Dis-je en me passant la main sur le visage et en découvrant les sillons sanglants laissés par le premier prisonnier.
J’ai oublié de soigner ça.
Oboro rit et prenant appui sur son fauteuil mis la main sur ma joue et assura :
« Bouge pas, je vais te réparer ça, c’est rien du tout.
-Nan, mais attends t’es convalescente, tu dois pas te fatiguer. J’ai juste plus de chakra, j’ai utilisé les dernières gouttes pour dissimuler ça aux autres. Mais merci c’est gentil, d’ailleurs…
- Ca va les jeunes, je vous dérange pas ? M’interrompit un vieil homme, le doigt en l’air.
Je m’en voudrais de vous empêcher de vous compter fleurette mais on est en plein milieu des escaliers, là.
Je clignai deux fois des yeux, interloqué avant de comprendre qu’Oboro avait toujours sa main sur ma joue et que ma propre main était posée sur la tienne. Je rougis et tentai de reprendre une contenance en toussotant.
Oboro sourit et s’agrippa à mon bras pour remonter les escaliers. Une fois en haut, elle souffla, épuisée et s’installa dans son fauteuil roulant.
« Comment tu t’es fait ça ? Si tu veux pas que je te soigne, tu me dois au moins une explication , nan mais…
-Oh, c’est un suspect qu’on a interpellé, il était agressif, et je me suis approché un peu trop près.
-Et vous avez réussi à tirer quelque chose de lui ? Qui l’as arrêté ?
-Pas lui, mais un de son groupe, oui. Le dojutsu des Yuushi est vraiment incroyable. Tout comme L’Eidolon, à qui l’on doit cette arrestation.
-Attends, tu es en train de me dire que tu bosses avec L’Eidolon et un Yuushi en même temps. Tu as déjà diné ? Non, parfait, accompagne-moi à la cantine, il faut ab so lu ment que tu me racontes ça. »

Pris au piège, je poussai la jeune fille jusqu’à la cantine, trouvai une table libre, virai une des chaises et après avoir garni deux plateaux, entrepris de répondre à toutes ses questions –entrecoupées d’exclamation enthousiastes.
D’abord un peu stressé par l’engouement d’Oboro pour ma journée, je commençai enfin à me détendre lorsque nous fûmes interrompus par une vieille connaissance.

« Illinois, ton chunin te cherche partout. T’as de la chance que ce soit moi qui te trouve en premier, parce que s’il t’avait surpris en plein déjeuner romantique… »

Je tournais derechef la tête, surpris d’entendre cette voix. Je pus constater que mon ouïe ne m’avait pas trompé, elle était bien à Narasu et je l’ignorais.
Et évidemment dès qu’elle l’avait pu, Eleane n’avait pas pu s’empêcher de me provoquer. Chassant l’énorme liasse de mauvais souvenirs qui remontait, je me forcis à sourire et à reprendre contenance devant une de mes tourmenteuses les plus acharnées. Je pensais l’avoir laissé à Gensou avec la majorité de ma promotion, mais elle m’avait retrouvée et apparemment la Guerre ne l’avait pas changée.

-Mais dis-moi Akhen, tu ne m’avais pas parlé de cette charmante demoiselle. Susurra la genin de Mahou.
-Je pourrais en dire autant. Rétorqua Eleane en toisant Oboro d’un air méprisant.
Enfin, je n’ai pas trop de temps pour les mondanités. Suis-moi Illinois, tant que tu souviens encore de moi."

J’hésitais en regardant Oboro. Certes la gensouarde avait mentionné le chunin mais rien ne me garantissait qu’il lui avait vraiment dis de venir me rejoindre. Cette peste avait le luxe de s’entendre à peu près correctement avec tout le monde. Sauf ceux qu’elle ciblait, évidemment. Voyant que je ne bougeais pas, elle en profita pour en remettre une couche.

« Tu sais, si c’était ta copine je pourrais comprendre, mais avec toi… Allez, priorité au boulot, pour toi, de toute façon il n’y a rien d’autre. Triste de penser que tu ne dépasseras pas le grade de chunin. Remercie-moi plutôt, je t’évite d’avoir à la revoir et donc une nouvelle humiliation quand tu auras encore oublié comment tu l’as rencontrée… Mademoiselle, je vous l’emprunte. Trouvez-vous quelqu’un de fiable. Même comme ami ou compagnon il ne vaut rien. J’espère que tu lui as raconté la fois où… »

Pendant sa petite tirade, elle avait jeté machinalement un regard vers moi pour voir si son jeu faisait de l’effet. Constatant que j’étais devenu blanc comme un linge, elle avait persévéré. Mais elle n’avait pas prévu que je la forcerais à se taire en me levant et en me dirigeant vers la sortie, sans un regard vers Oboro. La mort dans l’âme, j’avais accomplis le seul acte possible pour mettre fin à ça. De manière tout à fait égoiste d’ailleurs, car j’avais planté Oboro là. Mais il fallait que ça s’arrête.

Avant de me suivre –ce serait trop bête de me perdre de vue- Eleane coula un regard à Oboro et ne parvint pas à déchiffrer son expression. C’était un mélange de colère, d’hésitation et de pitié. Ne supportant pas qu’on puisse éprouver de la pitié pour un tel déchet, elle décida d’en remettre une couche. Mais avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche, la mahousarde l’apostropha :

« Tu sais t’étais vraiment pas obligée, je connais bien Akhen. C’était pas un rencard. Il me racontait juste sa mission.
-Sérieux ? Ah je me disais aussi. Avant, au pays, la plupart de ses rencards étaient organisés par les familles. Enfin c’était comme ça pour beaucoup de gens. Maintenant il ne doit pas avoir beaucoup de succès, le pauvre. Enfin laisse-le tomber. C’est un vrai bon à rien. Même pas capable de se trouver une copine. Eh, mais qu’est ce que tu fais ?
-Un essai… Moi au moins je sais voir à l’intérieur des gens. Et il se trouve qu’il est exactement ce que je recherche. Alors pourquoi ne pas lui donner une chance ? »

Sur ces mots, Oboro démarra sur les chapeaux de roue pour me rattraper, gribouillant une adresse et une heure sur un bout de papier.
Elle me héla dès qu’elle m’aperçut.

« Akhen !
-Ah, désolé de t’avoir abandonnée mais je… devais aller bosser. Dis-je d’un air misérable. Un air de pitié traversa son regard et elle me mit un post-it dans les mains.
-Tiens, si ça te va, j’aimerais que tu me rejoignes là-bas pour finir de me détailler l’Eidolon. J’en reviens pas que tu l’as croisé. Il t’as parlé ?
Bref, ça te va ? Parfait ! Fais quelque chose pour ton visage, hein. Ah et si pouvais me dégoter des fleurs, ce serait parfait, on en a plus là-bas. J’abuse pas trop ? T’es adorable. A plus tard, n’hésites pas à demander des détails à tes coéquipiers. L’Eidolon, les filles voudront toutes ne savoir autant. »

Et elle me planta là, disparaissant au détour d’un virage. Eleane me rejoignit peu après.
« Bah on dirait que tu l’as eu ton rendez-vous finalement. Pourquoi tu me regardes comme ça ? C’en est un, évidemment. Et c’est grâce à moi. Si je n’étais pas intervenue… »

Céder à la colère n’est pas dans mes habitudes. Mais avec cette fille, je me suis toujours autorisé deux ou trois petits manquements. Bien sûr, je n’avais jamais porté la main sur elle. C’était une jeune fille après tout. Et puis cela n’aurait fait qu’accroitre la haine entre nous. Mais cette époque était révolue. Je ne savais comment elle réagirait et m’en foutais. Venger mon ego était tout ce qui comptait. Et pour cela une gifle était le moyen le plus sur que je connaissais.

Après coup, je dois reconnaître que ce n’était pas très malin. Mais au regard de tous les évènements qu’il a engendré, je ne peux regretter ce geste.




Akhen
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Message par Seol 30/9/2012, 13:43

Je jetai un œil dubitatif au couloir enseveli. Cela faisait bien longtemps que je ne me formalisais plus des différents déboires qui pouvaient me tomber dessus. Mais, je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi. Et pourquoi moi. C'est vrai, quoi? Il y avait sûrement d'autres personnes qui méritaient un peu de la poisse qui me suivait partout. Mais bon. Là n'était pas le sujet de la question. Comme le couloir par lequel nous étions venus n'était plus, nous n'avions guère le choix quant-à la direction à prendre : tout droit dans la gueule du loup. Non pas que cela me déplaisait, mais je craignais un peu pour la sécurité de Hyûma. Il avait quand-même failli mourir contre des invocations mineures. Et quelque chose me disait que ce n'était pas le pire des adversaires que nous allions affronter.

Chemin faisant, Hyûma se mit à me bombarder de questions:
- Dites, c'était quoi, votre technique? Celle qui vous a permis de vous débarrasser de la dernière créature?
- Un arcane mineure de désenvoutement.
- Mais, alors, vous êtes un exorciste?
- Oui.
- Et vous connaissez d'autres techniques?
- Pas vraiment, non. Disons que la destruction de la cible à grands coups de marteau est une technique peu esthétique mais très efficace.
- Ah, oui, forcément. Et vous avez affronté beaucoup de nocro... nécran...
- Nécromancien. Oui, quelques uns.
- Et?
- Et quoi?
- Vous les avez vaincus?
- Oui. D'une manière ou d'une autre.
- Comment ça?
- Pour certains, nous sommes parvenus à sceller leurs techniques et leur savoir.
- Et pour les autres?
- Ils ont rejoints leurs créatures.
- Comment ça? Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
- On les a envoyé six pieds sous terre.

Cette dernière réplique eut au moins le don de lui faire fermer son clapet pendant quelques minutes, le temps de digérer l'information. C'est alors que nous arrivâmes dans une nouvelle salle. Près du couloir d'en face, il y avait un cadavre. Le genre de truc qui puait le zombie à mort!
Nous nous avançâmes lentement. Dès que nous franchîmes la porte de plus de trois mètres, deux énormes blocs tombèrent simultanément, bloquant les deux accès. Une lumière, venue de nulle part, illumina légèrement la pièce.

- Là... Là... Là..., fit Hyûma en tremblant comme une feuille et en montrant le cadavre.

J'y jetai un oeil et poussais un soupir. Le cadavre en question était seulement en train de se lever. Soudain, une voix en jaillit :

- Pas mal d'être arrivé jusque là. Mais c'est ici que vous allez mourir! De faim et de soif, bien entendu.

S'en suivit un rire qui se voulait diabolique, mais qui était seulement ridicule. Puis, le cadavre s'effondra sur lui même, inerte.

- Qu'est-ce...
- On appelle ça, un porteur ou un communiquant. En fait, notre ami le nécromancien a imprégné une partie de son esprit dans le cadavre. Cela lui permet d'en prendre possession momentanément pour parler. C'est pratique pour s'adresser à quelqu'un sans être dans la même pièce.
- D'accord... Et comment sort-on nous de cet endroit?
- Facile. Par le couloir d'en face.
- Euh... Il est bouché par un énorme bloc de pierre... Et même vous, vous allez avoir beaucoup de mal à le déplacer.
- J'en serais complètement incapable. Mais je connais une astuce intéressante.

Je sortis mon marteau. Puis, de l'intérieur de mon manteau, je fis apparaître une corde assez épaisse et longue d'une dizaine de mètres. J'attachais l'extrémité de la corde à mon marteau, puis laissais filer cinq mètres de corde. J'en roulais le reste de corde autour de mon bras droit, de manière à la maintenir serrée tant que je la tenais dans ma main. Je me tournais vers Hyûma et lui posais une question.

- Tu connais le principe de la force centrifuge?
- Oui, pourqu...
- Tu viens de comprendre, n'est-ce pas?
- Il pèse combien, votre marteau?
- Juste trente kilos, pourquoi?

Hyûma émit un sifflement d'admiration. En effet, grâce au principe de la force centrifuge, en faisant tourner le marteau, j'allais démultiplier sa masse. Aussi, lorsque ce dernier viendrait frapper le bloc de pierre, le résultat ne ferait, en théorie, pas un pli. Pour assurer la manœuvre, je décidai de ne pas me cantonner à juste faire tourner mon marteau, à la manière d'un lasso. Je pris le parti de tournoyer sur moi-même. Hyûma, quant-à lui, décida qu'il était plus sage de se tenir près de la porte d'entrée. La confiance régnait.

Je commençais à tourner sur moi-même, entraînant, par la seule force des bras, le marteau. Puis, petit à petit, j'augmentais ma vitesse de rotation, jusqu'à atteindre une vitesse que je jugeais optimale. En effet, si je tournais trop vite, je risquais de ne pas pouvoir ajuster mon lâcher pour que le marteau atteigne sa cible. Et si je n'allais pas assez vite, le marteau n'aurait pas assez de force pour pulvériser la pierre. J'ajustais donc ma cible et, au moment voulu, je relâchais la corde, laissant filer le projectile. Ce dernier vint frapper le côté droit de la pierre, alors que j'avais viser le centre. Bravo! Mais, j'obtins quand-même un résultat. Le marteau explosa une partie du bloc, rompant son équilibre et le faisant tomber en arrière. Libérant ainsi le passage pour Hyûma et moi.

- Joli! Je pensais que vous alliez frapper au milieu. Mais vous avez obtenu un meilleur résultat comme ça!

Je n'allais certainement pas lui révéler que je n'avais pas réussi à faire ce que je voulais, vu que le passage était quand-même ouvert.
Nous nous engageâmes dans le couloir et, récupérant mon marteau, nous continuâmes d'avancer. Je devais quand-même avouer que je commençais à en avoir par dessus la tête de cette baraque. Je préférais nettement le grand air à ces maudits souterrains. Oh, je n'étais pas claustrophobe, loin de là. Mais, même si j'étais d'affinité Doton, avoir des tonnes de rochers au dessus de ma tête n'était pas ce j'aimais le plus. Alors que nous discutions, nous arrivâmes dans une nouvelle pièce.

- Ah! Un escalier! On va pouvoir sortir!
- Effectivement, Hyûma. Et c'est pas trop tôt.

Et, ce faisant, je m'avançais d'un pas allègre. Grossière erreur, j'avais baissé ma garde et oublié que nous étions dans l'antre d'un nécromancien.

- Attention!! Derrière!

Le cri d'alarme de Hyûma me fit réagir instantanément. Je me retournais rapidement, bras droit tendu. Bien m'en prit, puisque une sorte de momie (comment avais-je pu la louper?) s'apprêtait à me frapper. Résultat de la manœuvre, elle valdingua contre le mur, tandis que je sentais un choc très léger contre mon ventre. Baissant les yeux, je vis Hyûma, poing tendu contre mon estomac.

- Tu as la folie des grandeurs? demandai-je au genin.
- Euh, nan, me répondit-il.
- Je croyais que tu n'aimais pas le corps à corps?
- Mon corps a réagi avant mon cerveau?
- Très touchante scène, messieurs les ninjas, fit une voix derrière nous.

En nous retournant, nous vîmes un homme, d'âge mûr, vêtu d'une très longue robe noir et au teint blême.

- Vois-tu, Hyûma, je te présente l'archétype du nécromancien. Je sais pas pourquoi, mais beaucoup d'entre eux adorent avoir ce look.
- Ah? Et c'est une loi universelle?
- Ch'ais pas. Et je m'en moque, en fait.

La momie revint à la charge. Je devais avouer que je l'avais un peu oublié. Mais bon, pas de quoi paniquer. Un coup de marteau plus tard, la momie n'était plus qu'un triste souvenir.

- Impressionnant! Cela marche très bien contre ce genre créature. Mais voyons voir ce que vous pouvez contre ce petit bijon!

Et ce faisant, le nécromancien invoqua une nouvelle créature. Et là, franchement, j'ai regretté de ne pas avoir cogné avant de discuter. Une créature de ma taille se tenait devant moi. Mais si ce n'avait été que ça, je n'aurais pas été inquiet. Cette créature maniait une imposante masse, qui faisait le pendant de mon marteau. Mais là encore, ça ne m'inquiétait pas réellement. Nan, le véritable problème, c'était que la créature était entièrement en armure. Et ça, c'était la poisse...

- Hyûma, je te laisse la boîte de conserve et je m'occupe du gringalet.
- Qu... Vous plaisantez, n'est-ce pas?
- Oui. Evidemment. Je m'occupe de l'armure. Je te laisse l'autre.

Bon, ben, y avait plus qu'à, comme dirait l'autre.
Je tentais de jauger mon adversaire, mais ce dernier, contre toute attente, bondit littéralement en avant, me forçant à reculer pour ne pas me manger sa masse dans la tronche. Agile, l'armoire à glace! Et il enchaîna par un revers que je parai in extremis avec mon arme, avant de lui enfoncer dans le ventre un violent coup de pied. Je m'attendais à une certaine résistance, mais la créature recula de plusieurs mètres.

Hyûma, de son côté, devait se dépatouiller avec le nécromancien. Ce dernier invoqua un squelette, tout ce qu'il y a de plus basique. Apparemment, il sous estimait carrément le jeune genin. Ce dernier invoqua ses clones (qui ressemblaient quand-même comme deux goutes d'eau au squelette du nécromancien) qui n'en firent qu'une seule bouchée. Le nécromancien, quelque peu surpris, entreprit d'invoquer une nouvelle créature.
De ce que je savais des nécromanciens, ils ne pouvaient pas invoquer trop de créatures simultanément. Et plus l'invocation présente était forte (comme l'armure que j'affrontais) et moins il pouvait invoquer d'autres créatures. Mais ce qu'il invoqua était quand-même assez ardu pour Hyûma. Une sorte de loup, avec des pointes osseuses apparentes un peu partout.

Mon adversaire revint à la charge, mais, dans l'urgence, j'esquivais son coup et, tout en composant mes mudras, je pris de la distance, afin d'invoquer Mikaijin. A peine apparu, je lui ordonnais de s'occuper du loup. Ce qui soulagea énormément Hyûma. La créature en armure revint à nouveau à la charge et je décidai de me concentrer sur elle, sinon, elle risquait de parvenir à m'arracher la tête avec son arme.
Nous engageâmes donc une passe d'arme violente, où le souffle déplacé par nos armes était violent et les chocs sur le sol laissaient des traces, témoignant de la force de nos coups. Le seul problème, c''était que j'allais forcément m'épuiser plus vite que mon adversaire. Aussi, à un moment, je décidai d'éviter son arme, en passant en dessous, plutôt que de la bloquer. De ce fait, emporter par le poids de son arme, la créature se retrouva à me tourner le dos. D'un coup droit de marteau, je vins frapper sa tête. Le casque vola à l'autre bout de la pièce. Et là, quelle ne fut pas surprise de ne rien voir dans l'armure. J'affrontais une foutue armure animée. Ce nécromancien était parvenu à emprisonner une âme dans un bout de métal! Et le seul moyen de la vaincre était de trouver l'emplacement du pentagramme pour le détruire...

Pendant ce temps-là, Mikajin jouait de sa masse pour encaisser les coups de son adversaire nettement plus rapide, mais beaucoup moins puissant que lui. Aussi, un coup de l'ours équivalait à trois ou quatre coups du loup. Les griffes et les crocs des deux animaux étaient complètement ensanglantés, et Mikaijin souffrait de nombreuses plaies ouvertes, dont certains semblaient assez graves. Mais, loin de céder du terrain, il continuait à se battre et à mettre la pression à son adversaire. En communiquant avec moi, il était parvenu à déterminer le point faible du monstre à quatre pattes qu'il affrontait. Et, si je ne pouvais utiliser ma projection de pierre, il n'en était rien pour Mikaijin, qui ne s'en privait pas. Cela lui permettait d'aveugler son adversaire et de pouvoir porter des attaques bien placées. Le but de ces manœuvres était d'atteindre le bulbe rachidien du loup afin de l'arracher et de rendre l'invocation inopérante. Après un âpre combat, Mikaijin y parvint. Mais, alors qu'il aurait dû rentrer pour se soigner, il se laissa choir sur le sol et ne bougea plus...

De son côté, Hyûma continuait d'affronter le nécromancien, à coup de squelettes. Le statut quo semblait être établi entre les combattants, les créatures se neutralisant complètement. Des bribes de conversations que j'entendais, le nécromancien tentait de recruter le jeune genin. Mais Hyûma ne semblait guère intéressé, fort heureusement pour moi. Tout à coup, Hyûma créa des crânes qu'il lança sur son adversaire. Ce dernier tenta vainement de les éviter, mais avec sa robe de bure, cela lui était pratiquement impossible. Et les trois crânes vinrent le percuter. Puis revinrent vers Hyûma qui avait un grand sourire aux lèvres. En effet, le nécromancien semblait quel que peu affaibli par cette attaque. Mais, le sourire de Hyûma s'effaça bien vite lorsque son adversaire lança une technique vers Mikaijin, qui respirait faiblement, et sembla absorber une partie de son énergie. Hyûma poussa un soupir de découragement...

L'armure sans tête (flippant!) continuait à lancer ses assauts sur moi. Comment y parvenait-elle, pas la moindre idée. Mais, je commençais à en avoir par dessus la tête. Aussi, lorsqu'elle abattit son arme sur le sol, je montais dessus, histoire de l'immobiliser sous mes cent vingt cinq kilos. Puis, j'abattis mon marteau sur son pied droit, le pulvérisant purement et simplement. L'armure chût lourdement sur le sol et avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, son deuxième pied subit le même sort, juste avant ses deux mains. Privée de ses membres, l'armure ne représentait guère une menace. Pour l'achever, j'abattis mon marteau sur le centre de son pectoral, la faisant disparaître.

Le nécromancien, voyant le danger, et sachant pertinemment qu'il ne tiendrait pas le choc, tenta d'user de sa technique de vol d'énergie sur Hyûma. Hors de question que le genin sous ma responsabilité y passe. Je décidai donc de balancer mon marteau sur l'homme. Le marteau le faucha au moment où il lança sa technique. Heureusement pour moi, Hyûma eut le réflexe de mettre un crâne sur la trajectoire de l'attaque, évitant ainsi de se faire atteindre. Contre toute attente, l'homme était encore vivant. Mais plus pour longtemps.

- Mei-Lynn? Où est-elle?
- Qu..i...ça?
- La jeune femme qui te traquait. Si tu réponds vite et bien, je t'emmène à l'hôpital. Tu finiras en prison, certes, mais ça vaudra mieux que de finir en esprit qui pourra être invoquer pour seulement obéir.
- A...l'é...t..a...ge....
- Merci.

Je me détournai de l'homme et m'approchai Mikaijin. Je m'agenouillai près de lui et posai ma main sur son poitrail. Pas de mouvement, pas de battement. Mon fidèle compagnon avait rendu l'âme. Je pris un torche sur l'un des mur et mis le feu au cadavre de l'ours. Il ne pourrait plus jamais être appelé par un ninja.
Laissant le nécromancien agonisé, malgré les protestations de Hyûma, nous montâmes à l'étage pour y trouver la jeune femme, gravement blessée, sur un lit. Je la pris délicatement dans les bras et, après que Hyûma l'eut recouverte d'une couverture, je la conduisis à l'hôpital de l'armée...
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Message par Santa 30/9/2012, 15:20

Le premier choc propulsa les deux combattants en arrière, mais ils se relevèrent tous les deux sans tarder.
Pour la foule, il ne faisait aucun doute que Kentaro, dit Le Disciple, avait bénéficié des soins jutsus de nombreux médecins pour le requinquer et lui permettre maintenant de venir se battre dans l’arène.
Pour Kentaro, il ne faisait aucun doute qu’il avait au mieux cinq ou six minutes devant lui pour, d’une, faire du spectacle, et de deux, latter le vieux gâteux et lui faire ravaler ses conneries de disciple.
Pour Santa, dit Le Maître ou chuchoté Le Vieux, il ne faisait aucun doute que tout se passait pour le mieux : la foule était ravie, et d’après ce que son assistante lui avait dit, les ventes avaient battu leur plein pendant l’entracte et la commission sur les paris rapporterait une somme rondelette qui permettrait d’égayer les enfants qui se trouvaient à l’hôpital pour des raisons diverses et variées. Peut-être même qu’il pourrait lancer des programmes associatifs pour éloigner les jeunes du milieu du crime et…
Et ce n’était pas le moment de penser à ça. Il fallait fournir un spectacle spectaculaire qui impressionnerait la foule venue en masse et qui prouverait également à Kentaro qu’il ne pourrait rien contre lui tant qu’il n’aurait pas franchi un pallier capital dans son apprentissage du Santa Goken.
Il s’agissait en effet du pouvoir du Cœur, du Juste et du Bien.

Sur un dernier sourire encourageant, Santa chargea avec la technique des trois Esprits de Nowel, qui créent, sur un déplacement très rapide, des restes d’image qui destabilisent l’adversaire avant de le frapper en trois points différents.
Kentaro n’hésita pas une seconde, et bloqua les deux attaques latérales avec ses bras. Quant au coup de poing venant d’en face, il réagit au quart de tour : un puissant coup de boule servit de contre-attaque.Les deux combattants reculèrent d’un bond pour se jauger en attendant l’occasion de lancer l’assaut suivant.
« - Ho ! Ho ! Ho ! Cher Disciple, tu n’as pas hésité à frapper à ma blessure de notre mission précédente ! Cependant, je ne t’en veux pas, après tout, c’est un combat, Ho ! Ho ! Ho ! »
Kentaro se contenta de serrer les dents, mais l’oreille aiguisée par le chakra du commentateur capta cette brève réplique et s’empressa de la relayer aux spectateurs avides de drama.
« - Ah-ha, mais que venons-nous d’apprendre, mes chers amis ? Et bien, il semblerait que Santa Claus soit encore blessé à la main d’une mission précédente, et que son disciple, le sachant, n’aurait pas hésité à frapper directement le plaie ! Cependant, on ne peut réellement lui en vouloir, n’est-ce pas ? Il utilise toutes les armes à sa disposition pour prendre le dessus sur son Maître, car il connaît dans le détail ses terrifiantes capacités, dont nous avons eu un aperçu tout à l’heure ! Mais voyez donc ! Le combat va reprendre, le Maître n’en tenant pas rigueur à son Disciple, acceptant la dure loi du combat ! »

Les deux shinobis se tournèrent autour lentement, cherchant une faille ou une tactique pour atteindre l’adversaire. Kentaro avait encore du temps devant lui, et il ne tenait pas à se précipiter, prenant le risque de perdre. Finalement, les deux mains de Santa plongèrent dans la hotte sur son dos et lancèrent des santons par dizaines sur Kentaro, qui se contentait de les dévier de la main, en économisant ses mouvements autant que faire se peut.
Mais les mains de Santa étaient infatigables, et leurs mouvements rapides, tirant de n’importe quel angle, les rendait floues pour les spectateurs lambdas. Les santons de Nowel se mirent néanmoins à manquer, et toutes sortes d’objets se mirent à volter, allant des couteaux de cuisine à la truelle.
Enfin, à la surprise de tous, les mains de Santa ramenèrent des poignées d’olives vertes qui s’écrasèrent sur les mains de Kentaro, éclaboussant son torse musculeux de leur huile, qui se mit à couler lascivement, brillant à la lumière du jour. Des cris suraigus jaillirent de la foule et des appels au médecin retentirent pour s’occuper de jeunes femmes évanouies. Et d’autres moins jeunes, aussi.
La poignée suivante ramena deux oranges que Santa lança en direction du public. Papa Satokira fronça brièvement les sourcils, et des ouvertures se firent dans la muraille, les oranges tombant dans la foule, qui tendit la main pour les attraper. Les suivantes trouvèrent aussi leur public.
« - Dis, c’est pas un peu fini, le numéro de jonglerie, vieux croûlant ? »

Kentaro savait qu’il aurait désormais énormément de mal à bouger le bras gauche au-dessus de son épaule, et son adversaire était grand. Par conséquent, logiquement, il lui suffisait de sauter pour arriver au-dessus de son adversaire ! La logique était imparable !
Il exécuta donc son plan, et son poing s’écrasa sur la pommette gauche de son ‘’Maître’’, qui encaissa le coup en raidissant les cervicales, puis enchaina avec un Santa Piñata afin de bloquer son ennemi en l’air tout en l’affablissant légèrement. L’enchainement de coups ultra-rapides ne portait cependant pas ses fruits, puisque Kentaro n’en bloquait qu’une moitié, profitant de l’autre moitié pour placer ses propres attaques, dans un duel de volonté qui fit retenir son souffle à la foule, mesmérisée par le spectacle de ce jeune homme se maintenant en l’air tout en combattant. C’était assurément aussi impressionnant que le combat précédent où ils se tenaient sur du vide.
Enfin, Kentaro désengagea en utilisant un bras de Santa pour se propulser quelques mètres plus loin.
« - Bien joué, Disciple ! fit l’Envoyé de l’Esprit de Nowel, le visage gonflé par les frappes de Kentaro.
- Purée, mais arrête de causer, vieux crétin ! »

Mais, de fait, le temps avait passé sans trainer, et Kentaro sentait qu’il n’en avait plus pour longtemps. Une fois que le Squelette Fantôme aurait disparu, faute de chakra, il serait dans de beaux draps, et ne parviendrait probablement même plus à se déplacer correctement. Puis ses côtes lui faisaient un mal de chien, et il ne sentait plus son bras gauche par intermittences.
« - Bon, allez, Papy, on en finit !
- Très bien, cher Apprenti, donnons tout ce que nous avons pour finir en apothéose ! Ho ! Ho ! Ho ! »
Santa enchaina les mudras à toute allure, ne lésinant pas sur le chakra. Tout de même, quelle ne fut pas sa surprise quand, au lieu du Renne vulgaire auquel il était habitué, il vit apparaître un troupeau entier, en formation, avec son ami Rudolf en tête.
« - Purée, mais il se passe quoi, là, Santa ? On s’était mis d’accord sur deux semaines, bordel !
- Ho ! Ho ! Ho ! J’avais dit dix jours, fidèle Rudolf !
- Et revoilà le renne débile…
- Eh Ho ! T’as murmuré quoi, toi ? Tu veux t’battre ? Tu veux t’battre, c’est ça ? Tu cherches les coups ? Ret’nez-moi, les gars, ou j’lui fais sa fête, à ce con !
- Vas-y j’t’attends, spèce d’invoc’ à la noix !
- Ho ! Ho ! Ho ! Calmez-vous, les enfants ! Rudolf, maintenant que tu es avec tes amis, chantez-nous un air, d’accord ?
- Pourquoi à chaque fois que tu m’invoques il faut que je chante ? Bonjour la gloire et le prestige, quoi, merde…
- Attends, mec, tu veux dire que ton invocateur te fait chanter, comme celui qu’on avait avant ?
- Un vrai calvaire, mec, t’as pas idée…
- Et il fait chanter quoi, celui-là ?
- Des chants sur l’hiver, la joie, tout ça, quoi…
- Ca a l’air moins ridicule que l’autre…
- C’est super niais, les gars…
- Ouais. Bin bonne chance, mec, nous, on va y aller, on voudrait pas te déranger dans ton contrat.
- Vous vous tirez ? Vous m’abandonnez, quoi ?
- Bin pourquoi on resterait ? On voit bien qu’il nous a invoqué par accident, et…
- Vous avez vu la dose de chakra qu’il a mis ?
- C’est vrai qu’il y est allé fort, là.
- Lui, au moins, il est pas radin comme le précédent, il met toujours le paquet, v’voyez.
- Ouais mais bon, chanter, tu vois, ça nous gave un peu. On va finir par devenir un clan de chorale, ça craint carrément, on est censé être des combattants, des coureurs, tu vois ?
- Il nous utilisera aussi à d’autres trucs, y’a dix jours, j’ai couru une journée entière !
- C’est vrai que le chômage technique, c’est pas classe, hein.
- Puis Mimine arrête pas de me dire d’aller prospecter des ninjas…
- La mienne menace de quitter la maison si j’trouve pas un travail sérieux !
- Voilà ! C’est ça, les gars ! Donc maintenant, on l’aide, et on récupère la masse de chakra !
- Bon, ça m’a l’air d’une bonne affaire. Vous êtes okay, les gars ? Deal ?

- DEAL !
- Okay, donc on part sur un canon, prenez le rythme, j’compte sur vous !

Avec Rudolf en meneur et chef de chœur, les rennes se mirent en formation chorale, et un entrainant ‘’Vive le Vent’’ en canon endiablé débuta. Santa se mit à bouger frénétiquement sur place jusqu’à avoir le rythme littéralement dans la peau, tandis que Kentaro hyperventilait pour se préparer à une dernière apnée sauvage. En effet, l’hyperventilation permettait de dilater les poumons, et donc de les utiliser à leur capacité maximale en apnée, au lieu des vingt pour cent habituels. Cela dit, quand il aspira sa dernière bouffée d’air, Kentaro eut un rictus de douleur. Ses côtes n’appréciaient pas le traitement.
Au même instant, les combattants se jetèrent l’un sur l’autre. Le chant puissant du chœur de rennes faisait trembler le sol et vibrer la foule, qui sentait que le combat se terminerait d’ici peu.

Les frappes s’enchainaient à toute vitesse, Kentaro concentré pour achever son adversaire avant que ses propres forces ne l’abandonnent, et Santa comme en transe, sautant d’une ligne mélodique à l’autre sans ordre. Le commentateur, ninja lui aussi, parvenait à suivre les attaques, mais la voix commençait à lui manquer alors qu’il beuglait l’avancement du duel à l’intention du public.
De fait, quand l’air commença à refluer des combattants, repoussé par les coups qui s’enchainaient à un rythme incroyable, des bouches se mirent à béer dans le public. Contrairement à d’habitude, Santa couplait des coups de pieds bas à ses attaques hautes, et même s’ils étaient lents, ils étaient puissants et forçaient Kentaro à les esquiver, pour ne pas prendre des dégâts critiques dans les jambes.

Après un enchainement de coups particulièrement violents, alors que les deux shinobis commençaient à s’essoufler sérieusement, et les rennes aussi, leurs attaques se repoussèrent mutuellement, ouvrant totalement leurs gardes respectives. Santa en profita pour armer un Santa Chop tandis que Kentaro s’engouffrait dans la brèche, frappant sans relâche les côtes de son adversaire.
Le Santa Chop le frappa de plein fouet, le projetant quelques mètres plus loin, alors qu’un coup des deux poings en même temps éjectait simultanément Santa.

Les deux combattants étaient au sol, allongés sur le dos, alors que la foule retenait son souffle. Etait-ce un match nul ?

Kentaro commença à se relever en premier, mais son Squelette Fantôme disparut finalement entièrement, et il retomba lourdement en arrière. Santa, son poing droit à nouveau cassé, et ses côtes au mieux fêlées, s’appuya péniblement sur son bras gauche, et d’une dernière poussée, se propulsa sur ses jambes. Il leva finalement le poing droit en signe de victoire, sous les applaudissements frénétiques de la foule et les hurlements hystériques d’un commentateur à bout de voix.
« -Et oui, c’est incroyable, c’est incroyable, après un échange de coups absolument phénoménale, les deux combattants se sont achevés mutuellement, mais il semblerait que Kentaro ne puisse se relever, donnant ainsi la victoire à son Maître, le grand Santa Clauuuuuuuuuuus ! »
Quand les applaudissements diminuèrent enfin de volume, le commentateur reprit :
« - Je tiens à rappeler au public que, pour la fin de la journée, tous les produits en vente connaissent une réduction de leur prix de 30% ! Profitez-en pour les enfants malades de l’hôpital ! Je souhaite également remercier le Docteur Satokira pour la mise en place du mur de l’arène, ainsi que Santa Claus, qui ont tout deux organisé et fait la promotion de ses petits combats d’exhibition ! »
Le docteur Satokira supprima le mur de l’arène et alla rejoindre Santa, qui tenait tant bien que mal debout, et fit un petit discours dans lequel il remerciait le public d’être venu et d’avoir contribué au bien-être des enfants malades de Narasu.

Une vingtaine de minutes plus tard, assis dans un lit de l’hôpital, une couverture sur l’épaule, Santa discutait avec le docteur Satokira, sa femme, et son assistante :
« - Alors, tout s’est bien passé ?
- Oui, Monsieur Claus, d’après les premières estimations, nous avons dépassé les estimations et les objectifs à atteindre de 143%. Selon mes statistiques, le troisième combat, contre votre disciple, représente 52% des bénéfices sur la commission sur les paris. Si on considère qu’il y a eu trois combats, le dernier a effectivement été le plus profitable. Le concept du combat entre maître et disciple semble avoir trouvé un fort écho chez le public, qui a été très satisfait.
- Et bien, félicitations, Santa Claus, je vous remercie sincèrement au nom de l’hôpital.
- Merci à vous, docteur Satokira. Sans votre soutien, cela n’aurait pas été possible. Et puis, j’ai fait ça pour les enfants, pour leur apporter un peu de bonheur.
- Au passage, vos blessures ne sont pas trop graves, elles guériront rapidement si vous suivez les instructions que je vous ai données. Cela dit, vous préfèrerez peut-être faire appel à un jutsu pour vous remettre d’aplomb au plus vite…
- Ne vous en faites pas pour moi, de plus, je sais que vous êtes contre ces pratiques, et votre fils aussi.
- Hahaha, effectivement.
- D’ailleurs, intervint sa femme, si vous pouviez faire preuve d’indulgence envers son impulsivité…
- Pas de problème, vraiment, madame.
- Oh, voyons, appelez-moi Shizuyo !
- Et vous pouvez naturellement m’appeler Santa !
- Bien, nous allons jeter un nouveau coup d’œil à notre fils, même s’il est un peu énervé actuellement.
- Bien sûr, il n’y a pas de mal. On se revoit donc demain pour organiser l’utilisation des fonds ? J’ai un autre projet dont je vous parlerai…
- Evidemment. A demain, Santa. »
Les deux shinobis partirent retrouver leur fils et Santa s’appuya en arrière, prêt à prendre un peu de repos. Son opération avait été un grand succès, et ce n’était pas son assistante qui allait se plaindre : cette petit œuvre caritative constituerait une publicité considérable. Elle avait toujours regardé d’un mauvais œil la lubie de son patron, mais il n’avait pas totalement perdu le sens des affaires aigu qui le caractérisait.
Peut-être bien qu’il se préparait à faire son retour, fort de son expérience de ninja, pour mettre en place de nouvelles techniques de management et de gestion ? En tout cas, elle ferait son possible pour qu’il retourne à la société qu’il avait fait fructifier jusque-là. Elle-même se contentait d’assurer l’intérim et d’empêcher la société de péricliter. D’ailleurs, elle avait quelques idées à ce sujet qui pourraient précipiter son retour…
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Message par Kentaro 6/10/2012, 15:43

« Répète-moi voir ça, là ? »

Kentaro soupira. Là, on y était. Luan allait péter un câble. Le chunin prit une profonde inspiration, sachant qu’il allait lui falloir marcher sur des œufs.

« J’ai dit : allons, Luan, tu sais bien que papa ne rentre que demain et qu’il n’y a donc actuellement qu’un seul et unique docteur Satokira à Narasu. Et que c’est bibi. »

Silence pesant. La grosse veine près de la gorge de Luan se mit à palpiter sous l’effet d’un brusque coup de sang. Ouais, mauvais plan, cette histoire, jugea Kentaro.
Bien entendu, le mieux aurait été de laisser Luan digérer l’information toute seule comme une grande. Mais évidemment, cette stratégie n’entra pas la plus petite seconde dans l’esprit de Kentaro, pour qui l’attente n’avait jamais été le point fort. Il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour que sa diplomatie revienne au galop.

« ‘Me dis pas que t’as pas vérifié, glissa le médecin. On a quand même des plannings, pour ce genre de choses, tu sais ? Ou tu admets enfin que c’est parfaitement inutile de les remplir et tu me lâches avec ça ? »

L’explosion dut se faire entendre d’un bout à l’autre de l’hôpital. Luan se répandit en une bordée de jurons particulièrement atypique, avec un volume sonore dont on ne se serait jamais douté au vu de sa carrure. Non, visiblement, elle n’avait pas vérifié. En tout cas, pas elle-même.

« Mais comment vous avez pu me faire ça ?! Tempêta la numéro 2 des urgences.
_ Hé ! J’y suis pour rien, moi, hein ! Se défendit Kentaro.
_ J’avais demandé qu’on me confirme la présence du docteur Satokira aujourd’hui ! Fulmina Luan en commençant à farfouiller frénétiquement dans ses tiroirs. Bon sang ! Abruti de stagiaire ! Même ça, il est pas foutu de le faire correctement !
_ ‘faut le comprendre : ch’uis aussi un docteur Satokira, dans les registres.
_ Mais zut ! Tout le monde sait bien que le docteur Satokira, c’est le docteur Satokira alors que toi, toi t’es… t’es… ben t’es Kentaro.
_ Hé ! Et mon titre de docteur, alors ?Papa est parti en mission avant que le nouveau n’arrive, nan ? Releva le médecin.
_ Qu’est-ce qu’on s’en fiche ? C’est de notoriété publique ! Tu viens pas bosser aux urgences de Narasu sans avoir entendu parler du docteur Satokira, c’est pas possible !
_ …
_ Quoi ? C’est quoi ce regard goguenard ?
_ Ben maintenant que tu le dis… Je trouvais que le gamin me regardait d’une manière bizarre, je comprends mieux pourquoi, maintenant… »

Luan arrêta une seconde d’enfourner des liasses de feuilles dans son porte-document alors qu’elle réalisait l’horreur de la situation.

« Naaaaaan, souffla-t-elle. Il ne t’a quand même pas pris…
_ Oh le pauvre ! Je ne sais pas à quoi il s’attendait mais il a dû être sacrément déçu, là… Convint Kentaro.
_ J’hallucine… Mais quel imbécile !
_ Bah qu’ess’tu veux, j’ai de la prestance : ça se comprend, en fait !
_ Même pas en rêve.
_ Bon, allez, relax ! Lâcha le médecin. Ça ne peut pas être si terrible que ça, comme réunion, nan ? On fait comme ça : je joue les potiches souriantes en prenant un air intéressé, et toi, tu les embrouilles. Trop facile.
_ Manquerait plus que tu prennes la parole à une réunion des services ! Grogna Luan.
_ Hé ! C’est pas gentil, ça ! Ch’uis pas plus mauvais qu’un autre !
_ Oui, comme la dernière fois où tu as traité le responsable du service cardiologie de « connard misogyne arriéré aussi corrompu qu’incompétent ! ».
_ Ça n’a rien à voir ! Se défendit Kentaro. C’était un sale con qui voulait renvoyer une collègue parce qu’elle avait préféré opter pour une transplantation plutôt qu’un jutsu de reconstruction !
_ Et qu’elle a juste tué son patient…
_ Un coup de pas d’bol, ça arrive. Pis la preuve : t’as déjà eu à t’en plaindre depuis qu’on l’a récupéré pour les urgences ?
_ Non mais…
_ Hé ben voilà, ça prouve bien que j’avais raison et que l’autre était un abruti, clama le médecin.
_ Et j’ai passé les quatre derniers mois à dialoguer pour rabibocher le service des urgences et de la cardiologie ! Rappela Luan. Je n’ai absolument pas envie de recommencer !
_ Bon, d’accord, je m’étais peut-être enflammé un peu vite, reconnut Kentaro. Mais j’étais jeune et insouciant, alors que maintenant, j’ai mûri.
_ En quatre mois ? J’ai des doutes, là…
_ Ch’uis passé chunin !
_ Mon frère aussi, avec zéro gain de maturité pour autant !
_ Aha ! J’lui répéterai !
_ Je le lui dit déjà tous les jours.
_ Flûte… De toute façon, tu noircis volontairement le trait : cette fois-ci, ce n’est pas un comité d’éthique mais une réunion des services. Pas de débats passionnés en vue, pas de sujets brûlants, qu’est-ce que tu veux qu’il puisse se passer ? »

Luan posa avec fracas un imposant classeur noir sur son bureau avant de fixer Kentaro d’un œil dépité.

« Oh, ben oui, minauda-t-elle. La réunion budgétaire semestrielle, l’habituelle foire d’empoigne pour s’arracher la plus grosse part du gâteau… Comment les esprits pourraient-ils s’enflammer ?
_ Ah. Bah forcément, vu comme ça…
_ C’est la réunion la plus importante du trimestre ! Souligna Luan. J’avais accepté qu’elle soit placée là parce que j’avais la certitude que le docteur Satokira serait là pour s’en occuper et à la place, j’ai… toi !
_ Oui, moi aussi ça m’enchante. Mais… Roooh, c’est pas si grave, va !
_ Ah bon ?
_ Oui, j’ai toute confiance en toi, moi. Tu vas te débrouiller comme une chef, assura Kentaro.
_ Mais t’es complètement stupide ou tu le fais exprès !? Le docteur Satokira a la stature, le soutien et les appuis nécessaires pour que le service tire son épingle du jeu. Pas moi ! On va se faire bouffer et ça va être entièrement de ma faute ! »

Bon, Ok, la situation était peut-être un peu plus foireuse que prévu. Mais probablement pas autant que se plaisait à l’imaginer Luan, songea Kentaro. Quoiqu’elle en dise, ce n’était pas pour rien que Shintaro l’avait choisi comme numéro 2, alors qu’elle n’était pas médecin : c’était avant tout une administratrice hors paires, capable de faire tourner le service comme la mécanique bien huilée que cela devait être.
Le chunin avait une confiance inébranlable en sa presqu’chef. Elle trouverait sûrement une solution et tout rentrerait dans l’ordre, comme d’hab’.

Ouais. ‘fallait juste l’aiguillonner un peu pour la mettre sur les rails. D’accord, il n’avait ni la popularité ni le soutien tacite de son père, mais n’empêche que ça, il savait le faire.

« Nananan ! Répliqua Kentaro en s’approchant. Tu vas voir, je vais t’aider et ça va aller comme sur des roulettes !
_ Ah ! Ne viens pas mettre le bordel dans mes affaires ! Prévint Luan.
_ Tiens, on va prendre ces papiers-là, décida le médecin en prenant une liasse de papiers au hasard.
_ Ne touche pas, j’ai dit ! Pis ce sont les papiers d’assurances, qu’est-ce que tu veux que j’en fasse pendant la réunion !?
_ C’qu’on s’en fiche. L’important c’est que les autres croient que t’aient pleins de dossiers pour étayer tes arguments, assura Kentaro. Ils oseront pas venir s’y frotter.
_ Dis tout de suite qu’ils sont nés de la dernière pluie, tant que tu y es ! Non, non, non ! Il me faut plutôt la dernière analyse budgétaire du service, le plan d’investissement, la mise à jour des consommables des urgences et… »

Sans s’arrêter de parler, Luan se leva brusquement et se précipita en trombe jusqu’à l’une des armoires de son bureau. Le chunin eut juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter la collision. Il profita néanmoins qu’elle ait le dos tourné pour glisser tout de même les papiers d’assurances dans la pile de papiers de la numéro 2, s’en tenant à son idée qu’on impressionne pas les gens avec deux pauv’ feuilles qui se battent en duel. Plus c’est gros et plus ça en jette, c’est bien connu.

Luan revint en quatrième vitesse, les bras débordants de papiers en tout genre. Kentaro s’écarta et prit son air le plus dégagé et innocent possible. De toute façon, la numéro 2 était bien trop fébrile pour se rendre compte de quoi que ce soit.

« Et des graphiques ? Proposa le chunin. T’as pensé à des graphiques ? Ça fait toujours plus sérieux, des graphiques à présenter !
_ Des quoi ?
_ Des dessins avec des lignes zarbitoïdes dans tous les sens, toi y’en a mieux comprendre ?
_ Fous-toi de ma gueule, tiens ! N’importe quoi ! Des graphiques !? Non ! Ce qui nous faut c’est… c’est… Les rapports d’audits et d’expertises ! Ça, c’est on ne peut plus objectif ! »

Aussitôt, Luan plongea derechef dans les méandres des tiroirs de son bureau. À tout hasard, Kentaro regarda autour de lui s’il n’y avait pas des graphiques qui traînaient dans le coin. Là non plus, pas besoin d’en avoir des vrais et de les utiliser, pas vrai ? Du moment qu’ils traînaient ostensiblement en vue des autres participants et le tour était joué.

Malheureusement, les plans du chunin furent contrecarrés lorsqu’il perçut un bruit et aperçut la poignée de la porte du bureau qui tournait. Mauvais, ça ! Ce n’était pas le moment pour les intrusions inopportunes.
Kentaro réagît au quart de tour et referma brutalement la porte alors qu’elle s’entrouvrait. Il y eût un choc sourd et un glapissement sourd suivit d’un bruit de chute.

Luan releva aussitôt la tête.

« T’as pas entendu un bruit ?
_ Mmh ? Fit Kentaro. Nan, rien du tout. Pourquoi ?
_ Nan, j’ai dû rêver…
_ Et si tu ajoutais…
_ Kentaro, sois gentils, laisse-moi faire.
_ Roooh, je veux juste t’aider.
_ Très bien, si tu veux m’aider, va me chercher un café. Et bien serré !
_ Ah ben oui, c’est vrai que t’es pas assez énervé comme ça, hein… »

Luan releva un instant la tête pour jeter un regard noir au médecin avant de tirer un nouveau tiroir. Le chunin en profita pour rafler le porte-document et le fermer.

« Aaaah ! Mais rends-moi ça, Kentaro ! Hurla Luan.
_ Naaan. »

La numéro 2 contourna le bureau pour reprendre le porte-document, mais le médecin écarta vivement le bras pour l’en empêcher. Luan poursuivi ses efforts quelques secondes pour remettre la main sur son bien, mais dû s’avouer vaincu lorsque Kentaro leva bien haut le bras, hors d’atteinte.

« Mais qu’est-ce tu fous, Kentaro ! C’est pas le moment, là ! Trépigna Luan.
_ Ben justement, si. Si on tarde trop, on va être en retard. Je sais bien que les stars se font toujours désirer mais là, ça serait pas malin, hein.
_ Impossible ! Je ne suis pas prête ! Expliqua la jeune femme en essayant d’abaisser le bras du chunin. Je n’ai pas encore réuni tous… »

D’une torsion du bras, Kentaro se dégagea et poussa du même geste Luan vers la porte.

« À d’autres ! Si papa était là, tu serais allé à la réunion sans toutes ces conneries et tu aurais détaillé tous les chiffres et machins sans sourciller, à la demande. Je ne vois pas pourquoi il en irait autrement aujourd’hui.
_ Mais…
_ Pas de mais ! C’est l’heure. »

Le chunin ouvrit la porte et incita Luan à avancer avant qu’elle ne puisse protester. Elle eut à peine le temps de faire un pas dans le couloir qu’un grand échalas en blouse blanche avec le nez rouge et gonflé se présenta devant elle. À tous les coups, c’était l’abruti qui avait tenté de les déranger, devina Kentaro.
Alors il l’avait pas volé, sa porte dans la gueule, namého !

« Luan, je voulais… Commença le nouveau venu.
_ Quoi encore !? » S’emporta Luan à deux doigts de la crise d’hystérie.

C’est qu’elle commençait à en avoir marre de tous ces empêcheurs de tourner en rond !

Avant que « l’abruti qui ne l’avait pas volé » ne puisse réponde, légèrement décontenancé par la réaction de sa supérieure, Kentaro, en retrait, lui fit les gros yeux avant de passer ostensiblement son pouce sur la gorge dans un geste des plus évocateurs. Y’avait plus le temps pour les conneries, là !
Le message passa cinq sur cinq et le type se le tint pour dit. Il se racla la gorge avant d’afficher un sourire de circonstance.

« Hum… Rien, je voulais juste vous dire… heu… Bonne chance pour la réunion.
_ Heu… Ah ? S’étonna Luan. Hé bien ça, c’est gentil. Mais…
_ Mais on a pas le temps de se tailler une bavette, on est déjà sacrément en retard, compléta Kentaro. Et vous vous en voudriez sûrement beaucoup de nous retenir, pas vrai ? Allez, Luan, on fonce.
_ Hé ! Mais attends Kentaro ! »

Mais le chunin avait pris les choses en main au sens propre et se dirigeait d’un pas rapide vers l’étage, traînant Luan dans son sillage.

Une dizaine de minutes plus tard et le duo de choc débarquait dans l’antichambre de la salle de réunion. Il y avait déjà foule, la plupart des représentants des différents services étant déjà présent.
Kentaro salua vaguement quelques personnes qu’il connaissait, fit signe à sa mère qui papotait avec quelques consœurs dans un coin et s’attacha à rester docilement près de Luan. Visiblement pour rien, puisque celle-ci affichait un visage calme mais déterminé. Maintenant que l’échéance se rapprochait, elle commençait à reprendre son emprise sur elle-même.
Ç’allait barder !

« Bon, tout le monde est là, on attend quoi pour commencer ? Lui grommela Kentaro dont l’impatience refaisait surface.
_ Alors d’abord, tout le monde n’est pas là, et ensuite, les réunions ne commencent jamais à l’heure, expliqua Luan. Un genre de principe immuable. C’est comme ça, il va te falloir patienter.
_ J’aime pas attendre ! … Bon, ben je vais aller papoter avec les autres, ça m’occupera.
_ Même pas en rêve ! Prévint la numéro deux. ‘Va pas rendre la situation plus explosive qu’elle ne l’est déjà, hein…
_ Roooh, c’est bon, ch’ais me tenir.
_ Comme avec le chef du service cardiologie ?
_ J’ai mûri, j’t’ai dit ! De toute façon, il est pas encore arrivé, aucun risque que je m’engueule, fit remarquer le médecin.
_ Normal qu’il ne soit pas arrivé, il est rentré à Gensou, je te signale, rétorqua Luan.
_ Ah ! Il s’est débiné ! Ch’avais bien que c’était qu’un gros nul, ce sale dégonflé !
_ Sa femme a accouché, sombre crétin ! Il est en congé de paternité.
_ Ah… Bon, d’accord, va pour cette fois, alors… »

Plusieurs minutes s’écoulèrent avec une lenteur exaspérante. Kentaro en profita pour chiper un café à un interne qui passait non loin, que Luan accepta avec reconnaissance : maintenant qu’elle n’était plus à deux doigts de la crise d’hystérie, elle avait besoin de son petit café. C’était son rite personnel pour se concentrer en vue d’une partie serrée. Ce qui avait tout l’air de se profiler à l’horizon.

Finalement, Shizuko Shigemori, la grande coordinatrice de l’hôpital, débarqua enfin dans l’antichambre, trois secrétaires sur les talons, les bras pleins de dossiers et autres paperasses. Il fallut encore atteindre un bon quart d’heure pour qu’elle traverse la salle, s’arrêtant tous les trois pas pour saluer un confrère, échanger quelques mots, prendre des nouvelles… Mais finalement, elle atteignit le seuil de la salle de réunion, et tout le monde s’engouffra à sa suite pour prendre place autour de la gigantesque table en demi-cercle, tandis que Shizuko s’installait sur l’estrade et que ses secrétaires installaient les graphiques.

Kentaro jeta un coup d’œil circonspect à l’assemblée. À voir la gueule tendue des différents participants, cette histoire de budget n’était pas à prendre à la légère. Le chunin avait l’habitude de l’atmosphère électrique des services les jours précédents et suivants ce genre de réunion : le budget était toujours ric-rac, c’était un genre de tradition.
Mais à ce point-là ?

Kentaro se pencha vers Luan.

«Heu… Tu m’expliques ? Chuchota le médecin. La situation est si tendue que ça ?
_ Ecoute ce que va dire la patronne, c’est le sujet de son speech d’entré, répondit la numéro deux sur le même ton.
_ Bon, ben réveille-moi quand ce sera notre tour, alors.
_ Pardon !?
_ Elle aime bien s’écouter parler et dans un quart d’heure, on ne sera même pas entré dans le vif du sujet, expliqua Kentaro. Sauf qu’avec sa voix monotone et ses graphiques tout moisis, je commencerai déjà à piquer du nez, alors quitte à ce que ça ne serve à rien, autant prendre de l’avance, nan ?
_ Mais pas du tout, nan !
_ Mais puisque de tout façon, j’vais louper le passage intéressant… argua le médecin.
_ On va avoir l’air de quoi si tu ronfles devant tout le conseil ? S’insurgea Luan.
_ Aucun souci, tu ne prendras pas le risque et tu me réveilleras avant, assura Kentaro.
_ Je ne vais pas passer la réunion à te donner des coups de coudes dès que tu piques du nez !
_ Pas quand je pique du nez : quand je commence à ronfler ! T’écoutes pas ?
_ Ça revient au même, je devrais le faire aussi souvent…
_ Oui mais si tu le fais avant que je m’endormes, ça ne servira à rien : non seulement je ne vais rien suivre, mais je ne serais pas plus reposé.
_ Ce n’est pas le lieu pour se reposer, tu as un lit pour ça, chez toi, je te rappelle, grommela Luan. ‘faut dormir, la nuit !
_ Ah oui, c’est pas bête ça. Je suis sûr que le patient de la chambre 115 serait du même avis.
_ Tu l’as finalement opéré ?
_ Non, j’lui ai chanté des berceuses, tiens… Mais ch’uis sûr que ça te fait tout autant culpabiliser, pas vrai ?
_ D’habitude, tu peux tenir plusieurs nuits blanches, rappela Luan.
_ Ce n’est pas une raison pour ne pas tenter de grappiller la moindre seconde de sommeil, rétorqua Kentaro. Bon, écoute, tu veux que je devienne bougon et grincheux quand faudra qu’on parle ?
_ Mmmmh, tu veux dire, comme à ton habitude ? Ironisa la numéro deux.
_ Roooh, c’est mesquin, ça !
_ De toute façon, c’est réglé, c’est moi qui parlerai, pas toi !
_ La confiance règne, dis donc… Attention, on est dans un village libre, la censure ne passera ! Je raconterai des conneries si je veux ! Prévint Kentaro.
_ Penser à pourrir à cet imbécile de stagiaire… Très bien, t’as gagné, je vais te faire un résumé de la situation.
_ Aaah, enfin ! Tu sais te faire désirer, toi, hein…
_ Les finances sont au plus mal : les 3 villages n’ont pas l’intention d’augmenter notre dotation budgétaire trimestrielle.
_ Et alors ? Demanda Kentaro. On a bien fonctionné ces derniers mois : ça sera un peu tendu cette fois-ci mais on devrait pouvoir gérer, non ?
_ Non.
_ Ah si, si ! On a super bien fonctionné ces dernier mois !
_ Le problème, c’est que la situation a évolué et commence à nous échapper. Pour commencer, il y a la population civile qui ne cesse de croître, avec toute la pression que cela peut engendrer sur l’hôpital.
_ Eux encore, c’est rien : c’est surtout la multiplication des bras cassés du Kiritsu qui m’inquiète ! S’exclama le médecin. Tu sais le nombre d’accidents d’entraînements qu’on a du traité rien que cette semaine ! ça leur couterait quoi, aux têtes pensantes, un décret d’interdiction du port et de l’usage du katana ?
_ Et par rapport aux résultats des rixes civils contre shinobis ? Surenchérit Luan. On n’était censé pacifier la ville, pas la transformer en arène géante… Bref, la masse de travail ne cesse d’augmenter.
_ D’un autre côté… On a bien du récupérer quelques médecins dans tous ce lot de nouvelles têtes, nan ? Demanda Kentaro.
_ Oui et je suis sûr que tu es partant pour leur filer ta paie, pas vrai ?
_ On avait pas prévu des fonds excédentaires pour régler les impondérables ? Parce que c’en est bien un, non ? Ou il leur faut quoi pour débloquer cet argent ?
_ On l’a déjà utilisé, révéla Luan.
_ J’ai loupé un truc ? J’ai pas souvenir d’un impondérable à l’hôpital.
_ Ce n’était pas à l’hôpital… Les Tox, ça te dit quelque chose ? Voulut savoir la numéro deux.
_ Vaguement… Un groupe de camés, non ? Des doux-dingues qui ont décidé de se suicider à petit feu… Qu’est-ce qui se passe ? Ils ont volé le stock d’aspirines de l’infirmerie ?
_ Presque… Ils pillent nos réserves.
_ Ils quoi ? Buta Kentaro.
_ Ils multiplient les attaques contre les entrepôts médicaux, afin de faire le plein de psychotropes, expliqua Luan. Et visiblement, ils sont tellement allumés qu’ils donnent du fil à retordre aux shinobis.
_ Tu m’étonnes… Grommela Kentaro en repensant à son ancien sujet de recherche. Qu’est-ce que le kiritsu attend pour les dégommer ?
_ Trop bien retranchés dans les montagnes, de ce que j’ai suivi.
_ Z’ont qu’à les cueillir quand ils attaquent les entrepôts ! C’est pas compliqué, bordel !
_ Trop de sites à tenir à l’œil pendant trop de temps, ça immobiliserait un effectif conséquent pour pas grand-chose , rétorqua la numéro deux. Le Kiristu estime que ces effectifs seraient mieux employés ailleurs.
_ Pas grand-chose, mon cul ! On a bien la corde au cou par leur faute, nan !? Tempêta le médecin. Très bien, on va réunir tous les shinobis médecin et je m’en vais te me leur botter les fesses à tes Tox, moi, tu vas voir !
_ Ah, ben oui, ça serait tellement dans l’optique Satokira, cette solution.
_ Raah, merde ! Et d’abord, pourquoi nos entrepôts ne sont pas dans le Gyosei ? Voulut savoir Kentaro.
_ L’encombrement, répondit Luan. Ça monopoliserait trop d’entrepôt du Gyosei, les marchands du quartier gueuleraient. Or le Kiritsu a plutôt tendance à les brosser dans le sens du poil, il faut encourager les honnêtes gens.
_ En mettant des bâtons dans les roues du seul organe sanitaire de toute la ville… à se demander ce qui peut bien leur passer par la tête…
_ On a bien essayé d’anonymer nos entrepôts mais peu importe les précautions, les Tox finissent immanquablement par les localiser. Ce problèmes ne sera pas régler dans les mois qui viennent or le budget se décide maintenant. Et le fait est que le rachat continuel des stocks nous saigne à blanc. D’où les coupes budgétaires. »

Satisfaite de son résumé, Luan reporta son attention son attention sur celui de la directrice. Celle-ci abordait le point complexe de la répartition de l’assiette budgétaire sur la plus-value truc-chose de l’inflation qui bidulait des graphiques en fromages, dont Kentaro ne comprit rien si ce n’était qu’on approchait l’heure du déjeuner et qu’il commençait à se faire faim.
Bon. La situation lui passait bien au-dessus de la tête dans les détails, mais pour les grandes lignes, il avait pigé. C’était de la faute des huiles du QG. Si les instances officielles les abandonnaient, alors… ne restait plus que les solutions officieuses, CQFD.

Kentaro poussa du coude Luan. Vague grognement, mais la numéro 2 ne lâcha pas pour autant les démêlées qui se tenaient dans l’arène administrative : l’administratrice commençait enfin à aborder le point délicat des postes de coupes budgétaires. Malheureusement pour elle, son voisin était du genre borné : il réitéra une fois. Puis deux. Puis trois. Luan commit alors l’erreur d’esquisser un geste d’agacement, qui ne fit qu’encourager Kentaro. Une demi-douzaine de coups de coude plus tard et elle adressait un regard assassin au chunin. Ce qui n’impressionna pas le moins du monde le médecin, habitué à y faire face plus souvent qu’à son tour.

« Quoi encore !? Grommela Luan.
_ J’ai une idée gé-niale ! S’exclama triomphalement Kentaro.
_ Oh nooon… Soupira la numéro 2.
_ T’aurais au moins pu attendre que je te l’explique, hein… Et si on utilisait les canaux secondaires pour récupérer des médocs à bas prix ?
_ Attends, attends, attends… Tu proposes qu’on se fournisse au marché noir ? Tu rêves ? Les médicaments s’y arrachent, on va devoir raquer à mort ! S’exclama Luan.
_ N’importe quoi ! Réfuta Kentaro. Avec tout ce que la pègre doit à la communauté médicale, il ferait beau voir qu’ils nous refusent une ristourne avantageuse pour un trimestre ou deux. Ils peuvent difficilement se passer de nous, mais l’inverse est beaucoup moins vrai ! »

C’était un secret de polichinelle que certains médecins de l’hôpital faisaient des heures supp’ du côté de la pègre. Personne ne savait vraiment qui le faisait mais c’était une pratique connue et acceptée. Que ce soit pour arrondir les fins de mois, par principe altruistes ou pour tisser des liens et accumuler des dettes bien pratiques, de nombreux médecins fricotaient avec ce que le QG considérait pourtant comme l’ennemi. Même autour de cette table qui réunissait la majorité des grands pontes médicales d’Arasu, Kentaro n’était pas un cas à part.
Dans une cité aussi turbulente que la ville du crime, les médecins tenaient une place prépondérante pour la pègre. Kentaro avait raison : la pègre aurait plus à y perdre à leur mettre des bâtons dans les roues et serait, au contraire, trop heureuse d’en faire leur débiteur. Même s’ils ne pourraient tenir un effort trop longtemps, un marché avantageux sur quelques mois était somme toute envisageable.

N’était qu’un seul et unique écueil auquel n’avait pas du tout pensé le médecin.

« Gros malin, grommela Luan. Tu veux qu’on se fasse tous radier du kiritsu ?
_ Hein ? Releva très intelligemment Kentaro.
_ Quand le kiritsu aura vent de ce marché, il nous expulsera de la ville sans autre forme de procès, sous prétexte qu’on trafique et soutien l’ennemi. Ils ont ordre de pacifier la ville : soutenir la pègre sera vu comme un acte de rébellion, ils ne le toléreront pas.
_ Qui ira leur dire ? Sourit Kentaro.
_ Ils ont un droit de regard sur nos dépenses, rappela Luan. Quand ils verront le tour de passe-passe qui nous permet de renflouer nos stocks, je pense qu’ils commenceront à se douter de quelque chose.
_ Roooh mais les chieurs, quoi ! C’est quand même leur faute si on en est réduit à ces extrémités ! Ils fermeront bien les yeux !
_ Naaan… ça fera mauvais effet auprès de leurs supérieurs hiérarchiques.
_ Crétin de planqués ! Rien à foutre, ils oseront pas se passer de l’antenne médicale. Ça craint rien, assura le médecin.
_ C’est un pari trop risqué ! Asséna la numéro deux. Et s’ils osent démanteler le corps hospitalier, qu’est-ce qui se passera ?
_ Sans plus de médecin, en moins de dix jours, ils se boufferont une pandémie dans les dents et ils nous rappellerons aussi sec, va !
_ Oh oui, on va risquer une hécatombe juste pour leur montrer qu’ils ont tort, railla Luan. Bonne idée, de toute façon la ville est trop peuplée et on s’en fout des loqueteux qui y vivent, pas vrai ?
_ C’est bon, j’ai compris, pas de bras de fer avec le QG… capitula Kentaro. Foutu serment… Qu’est-ce qui m’a pris de le prêter !? »

Kentaro replongea dans un silence boudeur, tentant de se remémorer ce qui avait bien pu lui passer par la tête ce jour fatidique. Il était naïf et romantique, à l’époque, voilà pourquoi il avait été piégé aussi facilement. C’était sûr, ça ne pouvait qu’être que ça…

Dans l’arène, les choses avait progressé. En petite maline, Shizuko avait commencé à présenter son programme d’économie de façon séquentielle, en commençant d’abord par les factions de son bord ou facile à convaincre. En conséquence, ces services avaient accepté les mesures proposées, et entamés ainsi une dynamique en faveur de la coordinatrice. De fait, maintenant qu’une partie d’entre eux acceptait de faire des sacrifices, il serait plus difficile aux autres de refuser : ce serait un manque flagrant de solidarité.

Forte du tiers des services derrière elle, Shizuko se sentait enfin suffisamment en position de force pour tenter une attaque frontale contre ce qui serait le plus gros bastion de la résistance : le service des urgences. L’absence du docteur Satokira la mettait en confiance, et elle escomptait un KO franc et massif qui lui permettrait de mater ensuite tous les autres récalcitrants.

Les urgences étaient le cœur de l’hôpital de Narasu. Dans une ville où la criminalité, les rixes et les jeunes recrues plafonnaient à des sommets invraisemblables, les accidents et les blessures survenaient à un rythme effréné, et le service, pourtant maintes fois renforcés depuis le début de l’occupation, était toujours en flux tendu. La moindre anicroche budgétaire et ce serait le point de rupture.

Ce qu’expliqua consciencieusement Luan à l’assemblé, non sans jeter un furtif regard noir en direction de son acolyte lorsqu’en relisant ses notes pour étayer ses arguments, elle tomba sur les papiers qu’il avait glissé et manqua de perdre le fil de son argumentation.

Ce à quoi Shizuko entreprit de reprendre chacun des arguments de la N°2 des urgences, les reformulant juste ce qu’il faut pour faire passer le service comme de gros égoïstes imbus de leur place prépondérante dans le fonctionnement de l’hôpital.
Cette tirade provoqua immédiatement une levée de bouclier de la part des représentants des autres services critiques, eux aussi sur la sellette. Après tout, le compromis des urgences conditionnerait la sauce à laquelle eux-mêmes se ferait manger.
En réponse fusa aussitôt les diverses réactions des services qui s’étaient déjà inclinés : ils avaient consentit à un effort et n’avait pas l’intention d’être les seuls, partant du principe que ce n’était quand même pas la mer à boire.
Le ton monta.

Kentaro soupira. La situation lui paraissait inextricable. Tant Luan que Shizuko avaient raison.
Le budget n’était pas augmenté. La masse de travail, si. Il fallait donc davantage de moyen que maintenant, sans que cela coûte plus cher. Ce qui n’était possible que par une restructuration drastique au niveau de l’ensemble de l’hôpital.
Le service des urgences était le plus important de l’hôpital. Il encaissait la majeure partie de la masse de travail d’Arasu. Et il fonctionnait déjà dangereusement proche du point de rupture. Impensable de le restructurer à la baisse : les conditions deviendraient trop dur, l’effectif civil dans sa majorité jetterait l’éponge et s’en retournerait aux villages. Impossible de le geler non plus, il ne pourrait pas non plus faire face à l’accroissement constant de la masse de travail.
Mais Shizuko était en fait pieds et poings liés : si elle épargnait les urgences, il lui faudrait faire porter davantage les efforts sur les autres services. Tous ne pouvaient pas non plus l’encaisser. Et quand bien même, ce traitement de faveur nuirait à l’ambiance générale entre les services et gripperait la mécanique bien huilé de l’hôpital.
Pourtant, le service des urgences était véritablement en première ligne à Narasu. S’il lâchait, jamais l’hôpital ne pourrait s’en sortir.
Pat.

Dans l’arène, les deux factions – pro et anti coupe budgétaire – avaient abandonnés partiellement le choc frontal pour se tourner vers le dernier groupe. Un tiers des effectifs s’était rangé sous la bannière de la coordinatrice. Un autre tiers s’y opposait, les urgences constituaient le fer-de-lance de cette contestation. Restait donc le dernier tiers, celui des indécis et des neutres, qui n’avait pas encore pris position.
Les arguments et les contre-vérités fusaient de part et d’autres de la table à un rythme effréné – tout du moins pour une réunion administrative. Chaque camp tentant de rallier un maximum d’indécis à sa position.

En un mot, c’était le bordel le plus complet et la réunion en était au point mort depuis des plombes. Dégoûté, Kentaro s’aperçut que l’heure du déjeuner était définitivement passé et que la cafet’ ne devait plus servir grand-chose de bon. La loose intégrale.
Il ne devait d’ailleurs pas être le seul à avoir vraiment faim, car au centre, la situation se durcit, lorsque quelques sommités commencèrent à évoquer à demi-mot le bien-fondé de la coopération médicale inter-village.

Ce fut comme un pavé dans la marre. À l’instar du Kiritsu, il n’y avait techniquement pas de gouvernance unique au sein de l’hôpital, celui-ci ne résultant jamais que de l’agglomération des moyens des 3 villages. Néanmoins, le secteur médicale avait toujours eu une longueur d’avance quant au rapprochement des 3 villages, et les clefs du pouvoir avaient été remis à un coordinateur unique, afin d’établir une structure unifiée et donc bien plus efficace. Remettre en cause cette union en disant long sur l’état d’esprit des participants.

Kentaro soupira. C’était l’impasse totale, la réunion s’enlisait pour de bon, personne ne l’admettrait et il y en avait encore pour des plombes de palabres inutiles. Où étaient les chikarattes et leur tempérament de bourrin quand on avait besoin d’eux, hein ? Avec deux ou trois foudres de guerre de plus autour de la table et ç’aurait déménagé. D’accord, ça n’aurait peut-être pas fait avancer le shmilblick, mais au moins on en aurait eu fini avant le déjeuner.
Sauf que les Chikariens représentaient moins du cinquième des membres autour de la table, et beaucoup avait atteint leur poste justement par leur capacité à contenir leur coup de sang. Pas d’esclandre en vue.

Moins d’un cinquième…
La réflexion fit tilt dans l’esprit de Kentaro. Un souvenir rejaillit d’une explication de Nobunaga sur l’art de résoudre les problèmes. Le changement de paradigme ou un truc du genre. Le chunin ne se souvenait plus très bien, mais en substance, le Vieux avait dit qu’une partie des contraintes d’un problème provenait de ses postulats de départ. En revoyant ces postulats, on se libérait des contraintes.
Kentaro n’était pas sûr d’avoir tout compris, mais une chose était certaine. Il venait d’avoir une idée béton pour se libérer des contraintes. Restait juste à convaincre Luan pour qu’elle puisse ensuite convaincre l’assemblée.
Une vraie partie de plaisir…

Le médecin tira sur la manche de Luan, alors en pleine explication, tout en faisant signe à sa mère de prendre le relais de son discours.
Luan se rassît de mauvaise grâce : ce n’était pas le moment de se ridiculiser en se bouffant le nez publiquement avec Kentaro.

« J’espère… que tu as… une excellente… raison… de m’avoir interrompue, articula lentement la numéro 2 d’une voix froide.
_ J’ai peut-être une solution, lui confia Kentaro.
_ Et… ?
_ Faisons banquer Chikara, déclara joyeusement le médecin.
_ Pardon ? Et en quel honneur ?
_ Ils ont moins de médecins…
_ On ne va pas faire participer financièrement les villages au prorata inverse de leur effectif ! S’emporta Luan. C’est stupide !
_ Laisse-moi finir ! La coupa Kentaro. Les Chikariens ont envoyés moins de médecins, parce qu’à la base, ils possèdent moins de médecins. Historiquement, la médecine a toujours été le point fort de Mahou. Gensou tire son épingle du jeu en raison des quelques rapports avec Heiki. Chikara, malgré tous ses foudres de guerre, n’a jamais particulièrement brillé dans les arts médicaux.
_ Je ne vois pas le rapport, mais jusque-là, je te suis, approuva la numéro deux.
_ Lors des dernières années, reprit le médecin, l’hôpital de Chikara a connu une hécatombe de la part d’un déserteur. Plus récemment, ils ont fait l’objet d’un siège en règle, et l’hôpital et les médecins ont fait des cibles prioritaires. Enfin, les fanatiques-kamikazes de la Reine du Crime ont aussi prélevé leurs lots. Moralité, le corps médicale de Chikaz’ est en mauvaise état.
_ Ce n’est pas une raison pour leur demander une compensation financière pour leur manque de médecin ! S’entêta Luan.
_ En l’état, ils ne sont pas près de remédier à cette situation, l’ignora Kentaro. Ils n’ont tout simplement pas assez d’effectifs qualifiés et donc vont avoir du mal à former la prochaine vague de médecins. Mais ça, nous, nous pouvons le faire!
_ Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?
_ On a l’effectif, les spécialistes et matière à les former, ici, à Arasu. Ajouter un pan éducation-formation ne nous demandera pas beaucoup d’efforts et on a suffisamment de gens pour s’en occuper. En contrepartie, on obtient des tas de petites mains impatientes de mettre la main à la pâte pour apprendre en situation réelle, et les urgences ne manquent pas d’occasions de se faire la main. Cela nous permettra de faire retomber la pression de travail. Enfin, ces étudiants pourront se spécialiser dans n’importe quel autre service et, cerise sur le gâteau, l’hôpital de Narasu compte plus d’éminents spécialistes dans toutes les catégories que n’importe lequel des Villages.
_ En somme, résuma Luan, on propose aux étudiants de Chikara une formation pratique et approfondie auprès du plus grand panel actuel de spécialistes. En échange d’une compensation financière ad hoc.
_ Voilà, approuva le médecin. Du coup, davantage d’effectifs, même s’ils demanderont du temps et un minimum de supervision, et davantage de financement, de quoi renflouer régulièrement nos stocks en attendant une solution… On devrait être tranquille pendant un moment. Ça se tient, non ?
_ C’est… inattendu, commenta Luan. Mais oui, ça a l’air de se tenir. Dans l’absolue, on peut même envisager d’étendre le dispositif pour Mahou et Gensou. Faire de Narasu un grand pôle de formation médical, voilà qui devrait plaire à Shizuko.
_ Génial, t’as plus qu’à les convaincre.
_ Pourquoi ? C’est ton idée, à toi l’honneur.
_ Oh ben oui, je vais planter notre seule et unique solution par des négociations lamentables… Maugréa Kentaro.
_ Je vois le genre. T’as raison, je vais plutôt m’en occuper. En tout cas, chapeau, tu viens franchement de m’étonner, avoua Luan. Je ne pensais pas ça de toi.
_ Hé ouais, y’en a, là-dedans, hein ? Se rengorgea le médecin.
_ Je ne parlais pas de ça : toi qui a horreur de l’enseignement, je ne pensais pas que tu irais te proposer comme formateur pour débutant.
_ Gné ?
_ T’es notre meilleur acuponcteur, t’as oublié ? "Narasu compte plus d’éminents spécialistes dans tous les domaines…" Cita Luan.
_ Hein ? Hé, attends, attends, attends ! J’ai jamais dit… Stop ! »

Mais trop tard : Luan s’était déjà relevé et attirait l’attention de la foire d’empoigne en frappant deux fois dans ses mains.

« Mesdames, messieurs ! J’ai une proposition à vous présenter… »

Kentaro se fila une bonne paire de baffes mentales tout en maudissant sa grande gueule.
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Message par Oboro 17/10/2012, 23:13

Et c'est ainsi que dans la très dangereuse cité de Narasu, par un bel après midi où le soleil et l'air froid luttaient pour décider de la température dont bénéficieraient les habitants de la ville du crime...

... une énième manigance occulte s'organisait, bien décidée à marquer d'une pierre blanche l'opération qui se déroulait en ce moment.

-Ici Plume Écarlate à Glaçon Noir. Est-ce que vous me recevez?
-Glaçon Noir, je vous reçois difficilement. Le matériel expérimental a des ratés, si vous voulez mon avis.
-Il fonctionne bien assez pour le périmètre que nous avons établi, interrompit la voix. Dépêchez vous, vous êtes en deçà des prévisions. Accélérez ou notre mission sera compromise. L'échec ne sera pas toléré, souvenez-vous en.
-Excusez-moi, j'ai rencontré quelques difficult...
-Cela ne nous concerne pas. Accomplissez votre tâche ou renoncez à votre place parmi les Quarante. Exécution.
-Ange des Abysses à l'appareil, interrompit une autre voix, j'ai une confirmation en visuel.
-Continuez, Ange.
-L'impératrice vient d'entrer dans la patinoire. Je répète, l'impératrice vient d'entrer dans la patinoire.
-Déjà?
-Ouh putain chuis à la bou...
-Qu'en est-il de l'aspirant Géniteur?
-La cible se trouve déjà sur place depuis une demie-heure, et ne tardera probablement pas à rejoindre l'impératrice.
-Glaçon Noir, vous avez entendu? Foncez!

Le manchot redoubla d'ardeur, et se dandina à toute vitesse au travers de la ruelle adjacente à l' une des artères principales du quartier, où devait se dérouler le rendez-vous entre leur invocatrice et le gensouard dont ils n'avaient pas retenu grand chose. Bondée de bars, restaurants, boutiques et salons en tous genres, l'avenue du Gyosei allait bientôt être quadrillée par la surveillance des cinq manchots, au prétexte que même si rien de particulier ne devait se passer, ça leur ferait toujours une mise en situation et un entrainement au cours duquel ils pourraient opérer seuls comme des grands.
A condition toutefois que le manchot qui nous intéressait parvienne déjà à escalader l'imposant immeuble de six étages, par la seule force de ses palmes et d'un usage méthodique de son chakra.

Face à l'immensité de la surface verticale qui se dressait face à lui, l'invocation se sentait désespérément minuscule. Bien davantage qu'en temps normal, d'ailleurs.

-Euh... je crois que je vais avoir besoin d'aide. La patronne ne peut pas venir me donner un coup de main? Genre me balancer sur trois/quatre étage de haut, au moins?
-Glaçon noir, je vous répète que... hum. Rhoo puis zut. On a eu que deux cours de TP commando, après tout, aux chiottes le vocable relevé. Tu déconnes, coco? Elle nous a clairement dit qu'on devrait se débrouiller seuls sur ce coup.
-Mais elle nous l'a dit avec un sourire si large que...
-Qu'il ne faut surtout pas la décevoir, sinon la déception sera telle qu'elle pourrait décider de nous mettre à la porte!
-C'est ce que je me disais aussi, mais... on en fait pas trop, là?
-Erf, si elle nous a apprit à mettre en place un dispositif de surveillance la semaine dernière, c'est pas pour des noisettes. C'est complètement calculé, et franchement même téléphoné.
-Mais pourquoi c'est moi qui dois escalader les six étages?
-Parce que personne ne voulait le faire?
-Donc on fait morfler les sympas?
-Bienvenue à Narasu, coco!

C'était très certainement le message que tenaient les habitants et commerçants du quartier, en effet. Les deux genin devaient se retrouver dans ce qui était le plus proche de ce que l'ancienne cité du crime proposait dans le divertissement culturel. Comme tant d'autres jeunes de leur âge, Akhen et Oboro avaient largement les moyens de passer là tout leur temps libre sans risquer de s'ennuyer bien longtemps.

Encore que, se dit le jeune homme, il n'avait pas tant que ça l'habitude de traîner hors de chez lui, même à Gensou. Surtout à Gensou, en vérité. Là où les membres de son clan étaient constamment dénigrés, il se sentait pratiquement complexé de se montrer en public. Les coins vides lui étaient bien plus confortables.

Du coup, il était relativement inquiet de devoir maintenant traîner son isolement passé comme un fardeau pour la journée qui s'annonçait. Il ne savait pas encore comment, mais il sentait bien qu'il allait multiplier les occasions de se ridiculiser au cours des heures à venir. Et son imagination répondait admirablement bien à ce pressentiment, donnant ainsi vie à ces scénarios catastrophes avec une précision qui lui plombait déjà le moral.

Le plus vivant d'entre eux était celui où Muromachi réalisait à quel point il était insignifiant, et ne perdait même pas son temps à se présenter aujourd'hui. Ca, il le venait venir gros comme un dodo.

Vu son retard qui flirtait maintenant avec la vingtaine de minutes, Akhen se surpris pourtant à redouter un cas de figure dont il avait pourtant l'habitude, à force.

Mais cette fois... il se sentait bien d'attendre encore une heure, au cas où.

-Euuh... Akhen?
-Mais si elle ne vient pas, ça voudra dire que... où est-ce que j'ai foiré, déjà? L'heure est bonne, j'ai checké vingt fois pour être sûr de pas oublier. Quant à...
-Youhou?
-Oh, salu..., lâcha Akhen avant de se reprendre, manquant de s'étrangler sur l'instant face à Muromachi qui s'était glissée dans son dos.
-Désoléedésoléedésolée pour le retard, mais j'ai pas eu le temps de réserver, le salon était bondé, y'a presque personne qui s'y connait niveau ceintures et...

Le médecin cligna vaguement des yeux, le coeur légèrement remué. D'abord et surtout parce qu'il n'avait pas été abandonné. Peut être aussi parce qu'il faisait face à un kimono flamboyant qui peinait à envelopper les formes de sa coéquipière... ou de cette amie... ou plus exactement, de cette mahousarde dont il se maudissait déjà d'avoir oublié le prénom une demie heure plus tôt.

Comment elle s'appelait, déjà? Eh bien il ne lui restait plus qu'à attendre qu'elle ait le dos tourné... ou à tenter de le reconstituer mentalement comme il en avait tristement l'habitude. C'était une fille, aussi pouvait-il jouer sur les consonances pour faire émerger le nom à son esprit. Niveau voyelles, elle devait forcément avoir quelque chose comme un "a" ou un "i", non?

Il n'eut pas le temps d'employer ses vieilles recettes ; elle lui parla, et il ne voulait surtout pas avoir l'air idiot aussi tôt dans son rendez-vous.

-Vraiment désolée pour le retard. M'enfin si ça peut me rattraper... tu sais que quand une fille arrive en retard à un rendez-vous avec un homme, c'est qu'elle ne savait pas quoi se mettre, hein?
-Bah, c'est pas grave, éluda l'Illinois. Par contre euh...

Akhen hésita un moment à bafouiller ce qu'il voulait vraiment demander. Il avait déjà vu Oboro en kimono, ça n'avait rien de nouveau. Par contre, ce genre de kimono écarlate était de la même trempe de ceux que portaient les jeunes femmes lors des quelques soirées festives où ses parents l'avaient introduit, lorsqu'elles souhaitaient indiquer qu'elles étaient libres et disponibles pour tout prétendant souhaitant tenter sa chance.

-J'aurais su que tu allais venir aussi bien habillée, j'aurais moi aussi sorti le beau linge, plaisanta-t-il.
-Vil flatteur. Meuh nan, c'est surtout que j'avais rien de bien à me mettre sur le moment pour l'occasion, t'en fais pas.
-Si ça me fait plaisir, j'ai bien le droit, non? Avec tes défilés de mode habituels, j'en suis pas vraiment convaincu, m'enfin si c'est ce que tu dis...
-Et adorable en plus! Mazette, continue comme ça et tu vas me faire passer une super journée, toi. On bouge?

Ce qu'Oboro n'indiquait pas, c'était qu'elle avait beau avoir fait défiler ses tenues pour le plaisir pendant plusieurs dizaines de minutes, elle s'était résignée à opter pour du traditionnel une fois encore. Par expérience, elle savait déjà qu'avec quelqu'un de plus petit qu'elle comme partenaire, c'était encore ce qui la rétrécirait le plus. Une demie-tête, c'était encore acceptable, quand on dépassait le mètre quatre-vingt-dix.

Akhen la laissa le guider un instant, et se glissa discrètement en retrait -on est ninja ou on l'est pas, après tout- pour sortir un morceau de papier d'une poche secrète de son veston. Sur le papier étaient inscrites plusieurs informations relatives à ce qu'il faisait et ne voulait surtout pas oublier. En l’occurrence, il s'était évertué à être exhaustif en ce qui concernait la charmante mahousarde.

-Ah oui, c'est Oboro qu'elle s'appelle, voilà!
-Hum?, se retourna la jeune femme tandis qu'il rangeait hâtivement sa note.
-Nan, je me demandais juste... euh mensonge vite au choix... t'as eu du mal pour venir?
-Pas vraiment, nan... c'est juste que j'ai...

Donner un peu de travail à ses manchots? Non, ça elle ne l'annoncerait pas comme ça, Akhen croirait sûrement au traquenard vu comment il avait été cueilli par l'autre gensouarde, l'autre jour. Elle ne savait pas grand chose, mais collectionnait suffisamment de romans à l'eau de rose pour pouvoir dresser l'ensemble des hypothèses les plus -ou moins- probable à son sujet.

De ce qu'elle avait noté, l'Illinois avait l'air assez peu sûr de lui et prompt à la déprime. A elle de lui montrer qu'il pouvait lui aussi passer du bon temps avec une jolie fille.

-Boah, rien de bien important. Mais le jour où tu sauras comment enfiler un kimono seul, tu m'indiqueras, hein. En attendant, faut faire la queue pour accéder aux spécialistes.
-T'étais pas obligée d'en mettre un de base...
-Rhooo allez, ça me va bien, non?

-Bref... on va où, donc?

Pour autant, elle n'y allait pas avec l'impression de faire plus que joyeusement badiner avec le gensouard.

-Je me suis dis qu'on pourrait commencer par un salon de thé... puis peut être un spectacle ou quelque chose comme ça. Sinon, y'a un paquet d'artistes dans les rues, et pas mal de coins ou se promener tranquillement... à moins que tu préfères aller danser? Y'a un machin qui commence dans trois quarts d'heure...
-Beuh oh... tout me convient, lâcha le jeune homme peu difficile.
-Chouette. Et la même chose en plus convaincant?
-Nan, mais je... euh...
Ton salon, il est où?, se reprit-il.
-Ca marche.

Quelques minutes plus tard, le gensouard se retrouva embarqué dans un environnement un peu trop décoré à son goût, mais somme toute assez confortable pour pouvoir y prendre ses aises. Essayant de ne pas prêter attention aux autres clients -partagés entre des groupes mixtes, des groupes d'amies et des couples en abondance- il resta docilement à la suite d'Oboro.

Akhen apprit pour l'occasion que la jeune femme leur avait visiblement réservé un emplacement, et semblait avoir ses marques dans l'échoppe. Lorsqu'elle eut fini de passer commande, il reprit immédiatement les piques amicales.

-Waow, du "bonjour", "s'il vous plait" et même "je vous en prie"? Miss Muromachi sait donc articuler des phrases plus élégantes que "casse toi tronçon d'gerbe à chier"?
-Hahahahahaha... euh oui... tu te souviens de celui-ci?
-Ça s'oublie pas vraiment, des trucs prononcés à un mec suspendu au dessus du vide, le visage tuméfié...
-Euh... moins fort steplait, on nous écoute et j'ai pas spécialement envie de passer pour une...
-Nan nan, moi j'aime bien quand tu parles comme ça. C'est coloré, ça change, c'est sympa.

Akhen se surprit à répondre avec un naturel et une franchise assez impressionnantes. Peut être trop pour l'occasion, mais il en resta marqué. C'était peut être vrai, ce qu'on disait, après tout. Qu'avant que les Illinois ne soient marqués par leur tare indomptable, une amnésie héréditaire, ils menaient la belle vie, chacun d'entre eux faisant son petit bonhomme de chemin en déployant un magnétisme inhabituel.

Magnétisme animal... bon, quand même pas, se dit-il.

Mais Oboro avait déjà l'air d'excellente humeur après quelques simples compliments, quand même. Pas mal, pour un éternel raté.

-Hey, tu parles à une jeune femme de bonne famille, voyons. Je suis élégante, bien élevée, et on ne peut plus raffinée.
-Une jeune femme de bonne famille ne commence pas se phrases par "Hey", de là où je viens.
-Mettons plus une sale môme dressée à coups de canne par les anciens, dans ce cas, plaisanta-t-elle en illustrant la nuance.
-J'm'en souviendrais à la prochaine mission, fais attention.
-La magie du kimono. J'ai limite été conditionnée pour rester polie quand je porte un de ces vêtements. D'un autre coté, c'est tout joli, non?

Akhen rêvassa un moment, contemplant les longues manches de sa compagne qui recouvraient négligemment la table où elle était accoudée. Oui, effectivement, ça n'était pas particulièrement rare comme accoutrement, mais c'était toujours plaisant à voir. Il en fut presque déçu lorsque Oboro retira ses bras auprès d'elle, faisant ainsi de la place au plateau chargé de boisson et de pâtisseries qu'ils allaient se partager.

Encore que, se partager... Akhen ne se souvenait pas avoir commandé tout ça, à moins d'une bonne surprise quant au descriptif de la carte. Oboro, elle, accueilli d'un bon oeil ces amuse-bouches.

-Ca fait peur, hein? Mais non, je n'ai rien d'une gloutonne.
-Gourmandise?
-Totalement.

-Si on prend les 350 grammes de calories de la tarte, qu'on y rajoute ton thé sucré et qu'en bonus je prends les macarons...
-Les macarons sont pour moi, pas touche!
-T'es pas bien loin de devoir sauter un repas, en fait.
-Sauf si tu me soustrais tout ça par un entrainement de ganseki. Là, tu comprends rapidement pourquoi certaines pratiquent juste pour le régime.
-Y aller par à coups, c'est dangereux pour la santé, tu sais?
-Pas quand c'est encadré et qu'on pratique régulièrement, voyons.
-M'enfin ça n'est que du sucre... et du gras...
-D'où ce que chuis grosse?!
-Oh 'tain... nan, pitié, j'ai pas encore dit ça...

-Du calme, je te taquine, c'est tout. Mais toi, par contre... tu n'es pas un peu faiblouillard, pour un ninja?
-Meuh nan, on peut très bien être freluqu... chétif, se reprit la jeune femme, et super shinobi, ne t'en fais pas. J'en ai rencontré un comme ça y'a pas longtemps, ça marchait plutôt bien. Si tu veux des conseils niveau illusionnistes planqués, d'ailleurs...
-A ce point?
-Mettons que c'est très agréable de pouvoir foncer dans le tas en sachant qu'on a quelqu'un qui n'hésitera pas à plonger pour vous faire disparaître en cas de besoin... par exemple.
-Euh... le temps que j'arrive à faire ce genre de trucs, on y est pas encore.

Hop. Sans qu'ils ne s'en rendent compte, les deux compères passèrent ainsi une bonne demie-heure à vagabonder joyeusement d'un sujet à l'autre, passant pèle-mêle sur les aptitudes -désespérément stagnantes- d'Akhen en matière d'illusions, ses yeux constamment injectés de sang qui appelaient peut être à une consultation médicale, la raison pour laquelle Oboro s'était retrouvée en aussi mauvais état à l’hôpital, un certain dégoût viscéral pour celui qui avait renversé son Ganseki, et une foultitude d'anecdotes triviales et amusantes tirant sur tous les sujets. Étrangement, Oboro n'avait pas encore abordé le sensationnel héros mahousard que le jeune médecin avait eu la chance -ou plutôt la malchance, selon lui- de guérir en plein grabuge.

Au bout d'un moment, Akhen réalisa que sa boisson avait suffisamment refroidie pour être consommable. Avant de se lancer dans l'inconnu, il questionna un peu sa coéquipière, à tout hasard.

-Et euh... c'est quoi ça?
-Vu que t'as pas l'air de t'y connaître en thés, jasmin pour toi. Classique, neutre, bon pour les débutants.
-Et toi?, demanda-t-il en sirotant sa tasse.
-Lotus, puisque j'aime ça.
-Oh. J'peux goûter?
-C'est le but du jeu quand on découvre, vas-y.
-Mmmh... bizarre. Mais pas vraiment mauvais. Enfin...
-Ca t'empêche pas d'en reprendre, en tout cas.
-C'est juste bizarre, comme goût.

-Au fait, fais attention. Le lotus, parait que c'est un excellent aphrodisiaque, donc quelques gorgées pas plus. J'ai pas envie que tu te mettes dans tous tes états un jour où je suis aussi bien arrangée, non mais...
-Oh!, lâcha l'Illinois en s'empressant de poser la tasse.
-Je plaisante...
-Eeh...

-'Fin mettons que ça ne te fait normalement pas grimper sur les filles qui passent à portée.

Un peu déconcerté, vaguement gêné, et moyennement amusé, l'Illinois se contenta de rire poliement. Oboro lui parlait maintenant d'une amie dont elle se souvenait, mais il n'écoutait plus que d'une oreille distraite et se surpris à laisser vagabonder son regard aux alentours... et ses pensées un peu n'importe où. Finalement, son attention fut captée par un groupe de jeunes hommes qui se présentèrent à l'une des tenantes. C'étaient bien les premiers à entrer sans être en compagnie de filles pour les y avoir attiré.

-Alors, qu'est ce que t'en dis?
-Je sais pas vraiment, éluda Akhen, défensif, qui avait heureusement gardé le fil malgré son errance.

C'étaient quatre jeunes gensouards de sa promotion, à peu près. Voilà pourquoi ils avaient retenu son regard. L'un d'entre eux était plus agé, mais avait passé suffisamment de temps avec ses protégés pour bien connaître leurs pairs. Akhen n'était pas particulièrement soulevé par leur présence, la plupart des souvenirs qu'il avait d'eux n'ayant rien de mémorable. Pour autant, il ne se soucia pas vraiment d'eux... dans un premier temps.

-Au fait, l'autre jour, quand l'autre fille nous a interrompu...

Akhen se sentit légèrement rétrécir. Il n'avait pas spécialement envie de parler d'Eliane à qui que ce soit, ni même de se soucier d'elle... ou de se souvenir de quoi que ce soit à son sujet.

-C'était quoi, cette histoire de mariages arrangés?
-Oh...

D'accord, se dit-il. Il avait évité un sujet fâcheux pour se plonger dans un autre. Pour le coup, il fut presque soulagé d'être interrompu par les quatre gensouard qui, depuis la table adjacente où ils s'étaient installés, semblaient l'avoir reconnu.

Presque soulagé. Juste presque, toutefois.

-Tiens, mais si c'est pas Illinois? Comment va, mec, depuis le temps?
-Euh... plutôt bien, lâcha-t-il en hésitant de cette considération inhabituelle. Et vous?
-Pas aussi bien que toi, visiblement. T'as pas vraiment changé depuis la dernière fois...
-Eheh... ouais.
-Mais vachement bien accompagné quand même. Bonne chance, Illinois!

Des clins d'oeils, des rires appuyés. Rien qui ne retenait vraiment Akhen, ou ne lui rappelait de bons souvenirs. Profitant du trou qu'ils venaient de lui laisser, il redirigea aussitôt son regard vers Oboro, faisant soudain mine d'être absorbé par sa discussion. Mal à l'aise, il se concentra sur les quelques mèches de cheveux tressées et enroulées ensemble au dessus d'une de ses oreilles, le tout sculptant un genre de fleur du plus bel effet... et qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir sur aucune autre tête. Elle était mise en valeur par quelques perles qui scintillaient ça et là, attachées furtivement par des accessoires dont il ne pouvait que deviner la présence.

-Connaissances?
-On peut dire ça, glissa le médecin, évasif. Tu me parlais des rendez-vous arrangés, non?
-Uh... oui, oui. Alors comme ça, tes parents te lancent des plans comme ça, à toi? Pas vraiment sympa.
-En fait... c'est assez courant, chez nous... dans mon clan, je veux dire. Vu qu'on a souvent du mal à... je veux dire... l'amnésie...

Soudainement perturbé, Akhen bafouilla laborieusement un rapide descriptif de son clan, sa situation, ajoutant confusément quelques anecdotes incomplètes à Oboro qui avait -malheur!- la curiosité de demander des précisions là où il lui semblait avoir de nouveaux trous de mémoire, ou un mauvais souvenir qu'il aurait préféré garder sous silence.

Comme, maintenant qu'il y pensait, les quelques... et peut être bien assez nombreux problèmes qu'il avait rencontré avec les quatre lascars qui bavardaient bruyamment, sans cesser de lui jeter ces regards malicieux.

-'Fin bref, voilà quoi. C'est... franchement minable, non?, résuma-t-il enfin.
-Euh... nan, du tout, du tout.
-...
-Eh, oh, j'ai dis non!
-...
-Bon, faut que je te dise que moi aussi j'ai eu des rencontres arrangées par les parents pour que tu te sentes mieux, s'ça?
-Uh?

Pour le coup, l'Illinois vit sa curiosité piquée au vif et en oublia presque tout le reste. Toutefois, avant qu'il n'ait le temps de formuler une seule question, ledit reste se rappella brutalement à sa mémoire.

-Tu connais ces gros lourds?, demanda subitement Muromachi.
-De l'académie... mon avant dernière année, je crois.
-Qu'est ce qu'ils font là? Ils sont gay? C'est le temple des filles, ici...

Akhen ne répondit pas. Il avait l'habitude d'être le souffre douleur d'un peu tout ce qui habitait Gensou, même s'il avait réussi à l'oublier en apprenant à éviter les ennuis.

C'était peut être aussi pour ça, qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de sortir comme ça.

-Mmmh, reprit Akhen en voulant éviter qu'Oboro ne se soucie d'eux de trop près. Toi aussi, t'as eu des rencontres? Sérieusement? C'est pas comme si t'avais besoin de... 'fin peut être que t'es un peu grande, mais ça fait pas fuir les... quoi que...
-Bin en fait euh... c'est pas franchement un truc dont... heu...
-J'ai joué le jeu. A ton tour?
-... d'accord, d'accord, moi aussi je te fais le topo. Clan en expansion. Les petites familles du clan Muromachi veulent rejoindre la cour des grands. Mais pour ça, faut un certain prestige, pas vrai? Histoire de politique et tout. La tendance actuelle dans le clan, c'est que tout le monde doit y contribuer à sa manière. Et donc, c'est pour ça que...
-Le mariage arrangé. Je vois, déclara sombrement Akhen.
-Nan, ça c'est l'option numéro deux. C'est pour ça que je suis devenue ninja, tu vois?
-Euh... non?
-Si on avait fait comme tonton -le chef du clan, si je ne te l'ai pas dis- et les anciens avaient décidé, ça aurait été ninja-vitrine et mariage à l'amiable d'office. De ce que j'ai compris, mon père était franchement contre, je sais pas comment ça s'est monnayé, m'enfin du coup... hop, à l'académie.
-Donc c'est pour ça que t'es autant à cheval sur les missions à pas rater?
-Non, du tout. 'Fin oui... 'fin... pas vraiment mais peut être un peu, quoi. Quand je fais quelque chose, je le fais bien, donc c'est plutôt ça qui joue. Sauf qu'après, quand t'as les vieux anciens qui te rappellent joyeusement que t'es encore genin après tout ce temps, ben ça fait réfléchir. Forcément.
-Mais du coup, ça t'as épargné les rencontres arrangées, hein?
-En fait, ils ne m'ont pas vraiment lâché le mou... j'veux dire, on m'a arrangé plus d'occasions de me caser que de devenir chunin... au début, j'ai même eu interdiction de tenter les examens de passage. Deux ans, deux ans et demi, à peu près. C'est vrai que c'était dangereux... j'connais même un mec qu'a du se faire repousser des bouts de corps, okay... mais quand même...
-Je suis pas sûr de comprendre, du coup...
-Mettons que j'ai déjà rencontré plein de types extras, grands, beau, mignons, séduisants et tout, probablement bien riches en plus, mais... 'ttendez, pourquoi j'en ai pas harponné un déjà?
-C'était plus ou moins ce que j'étais en train de me demander là maintenant, oui.

-Bin en fait, hésita la genin avec reluctance...

Plusieurs rires appuyés les interrompirent, à nouveau, cette-fois mêlées de plusieurs injonctions destinées à Akhen qui lui firent perdre toutes ses couleurs. Cette fois, Oboro se retourna, constatant avec colère que les quatre lascars adressaient clins d'oeils et gestes obscènes à son compagnon qui ne savait décidément plus ou se mettre. Décidant que c'en était assez, elle se leva brusquement, retint son souffle, décida de leur passer devant avec dignité, et attira rapidement l'attention d'un serveur.

-Excusez-moi, monsieur. Certains de nos voisins de table nous dérangent volontairement, ils semblent en vouloir à mon ami... vous pourriez faire quelque chose?
-Je vous demande pardon?, sourcilla le serveur, confus et réticent.
-Tiens, la gonzesse d'Akhen en a plus dans le pantalon que lui, visiblement.
-Ouais 'fin dans ce cas, elle peut venir nous voir directos, hein.
-Moi ça m'ferait pas chier, bien au contraire.
-T'as un truc sur les girafes?
-Il parait que celles qui ont une grande taille peuvent...
-J'ESSAIE D'ÊTRE POLIE, CONNARD!!, surgit-elle en empoignant au col l'un d'entre eux pour le déplacer et renverser d'un tiers au dessus d'une table inoccupée. CA FAIT DIX MINUTES DE TROP QUE VOUS NOUS POURRISSEZ L'EXISTENCE ET JE CRÈVE D'ENVIE DE TRICOTER DES SPAGHETTIS AVEC VOS LANGUES ET MA BROCHE A CHEVE...

Et c'est ainsi que l'apparente délicate jeune femme aux doux traits fulminants redevint aussi brutale qu'à l'accoutumée. Le jeune homme avait beau être plus petit qu'elle, il ne se laissa pas impressionner le moins du monde, et profita du fait qu'on l'empoignait pour laisser s'exprimer son juken. Le mouvement tenait pratiquement du réflexe, pour lui.

Lorsque Akhen vit Muromachi basculer par dessus l'épaule de son ancien camarade, il eut la très désagréable sensation que ça n'allait probablement pas être une aussi bonne journée que prévu. C'était quelque chose, partagé entre le rugissement furieux d'Oboro et les piaillements insupportable de deux manchots semblant bondir de nul part, qui le lui assurait.

Il avait beau malaxer instinctivement son chakra, il n'avait pas encore la moindre idée de l'artifice qu'il allait employer pour apaiser la situation. Ni même si c'était possible ou non.

Oboro
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Message par Kentaro 23/10/2012, 21:31

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà sur Arasu. Comme de bien entendu, la cité du crime grouillait donc d'une constante activité nocturne qui se contrefichait bien du couvre-feu instauré par le Kiritsu et que les patrouilles s'évertuaient à faire respecter.

Dans l'un des entrepôts du secteur Sud - l'ancien district du Zénith-, à quelques pâtées de maisons du Gyosei Machi, Kiheh marmonnait dans sa barbe. Cela faisait quelques minutes qu'il dévisageait les deux gaillards que lui avait rapporté Mugen et le moins qu'on puisse dire, c'était qu'il était dubitatif. La paire ne lui inspirait guère confiance, même s'il n'aurait pu dire pourquoi.

Le grand échalas au kimono sombre et au chapeau conique ne lui revenait pas, clair et net. D'ailleurs, il se méfiait toujours des types armés de Katana : des m'as-tu-vu plus porté à faire le mariole qu'à remplir le boulot en toute discrétion. Pis les vêtements sombres, les cheveux noirs... Nan, nan, à tous les cas, il devait se prendre pour un grand beau ténébreux et séducteur, saupoudré de mystère, le type imbuvable par excellence.
Son compagnon ne valait guère mieux, décida Kiheh. Un colosse aux cheveux roux cascadant en boucles jusqu'aux épaules, avec une barbe tout aussi flashi, vêtu d'une peau d'ours à la gueule rabattue sur le sommet du crâne et équipé de gants à griffes -visiblement bricolé avec des crocs de va-savoir-quoi. Non mais franchement, l'archétype de la brute des cavernes, du genre à se rincer le gosier à la première occasion et à cogner sur tout ce qui parle avec des mots de plus de deux syllabes. Trop compliqué de canaliser des gros bras comme ça, c'est bien connu...

Pourtant, Mugen connaissait son affaire... Il avait déjà levé deux-trois fournées de mercenaires et combattants d'un bon calibre, exactement dans le profil que ses supérieurs recherchaient si ardemment.

« Mugen, murmura le mafieu, approche donc voir.
_ Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda le rabatteur.
_ Rien, je vérifiais juste que t'étais pas saoul... Répondit Kiheh après avoir reniflé ostensiblement l’haleine de son acolyte.
_ Hé ! Ch'ais bien qu'ils payent pas de mine, mais je t'assure, ce ne sont pas des petits joueurs, hein ! Se défendit Mugen.
_ Ça, ça reste à voir, grommela Kiheh. Leurs gueules me reviennent pas... Tsss...
_ Allez, teste-les, tu verras bien. Moi j'te dis qu'ils sont cools. Tu le regretteras pas.
_ Mmmpf.
_ Pis si je les ai fait venir pour rien, on va avoir des ennuis, toi comme moi. Ça j'en suis sûr, assura le rabatteur.
_ Bon, ok... Hep ! Vous deux, approchez par là !»

Kentaro se leva, rajustant son katana, et fit signe à Santa de le suivre. C'était le moment de sortir le grand jeu.

*
* *

Quelques jours plus tôt, bureau de la kunin Shiraka...

« "Disparu de la circulation" !? Tempêtait la chef des forces Mahousardes. Ça veut dire quoi, ça ? Je croyais qu'on l’avait à l'œil !
_ Certes, expliqua le junin qui tentait de se faire tout petit, mais heu... 'fin, comme ce type était plutôt visible, on le surveillait de loin, si je puis dire...
_ Ah oui, très fine stratégie ! Le dépeceur de Tondham se pointe dans les bidonvilles de Narasu et vous vous contentez de le surveiller de loin. Pensez donc, s'il dépèce un genin par-ci par-là, c'est pas la mort, non plus !
_ On cernait le quartier mais... il a disparu, tenta de se justifier piteusement le ninja. Vous comprenez, on...
_ Je comprends surtout que vous avez laissé un tueur en série s'évaporer dans la nature, incapable ! Foutez-moi le camp et attendez-vous à des sanctions, sombre abruti ! »

Le junin se confondit en excuse tout en capitulant vers la porte, avant de filer prestement sans demander son reste. Une fois seule, la kunin inspira un grand coup pour se calmer, avant d'appeler.

« Masque de Castor ! Au pied ! »

Dans un chuintement sonore et un petit nuage de fumée, l'ANBU au masque de castor apparut dans la salle. La kunin eut une moue agacée : elle détestait quand les ANBU faisaient ça, n'ayant toujours pas compris le truc. Bien évidemment, lesdits ANBU avaient donc systématisé cette approche, juste pour lui rappeler que si elle était la kunin en chef, hé bien eux restaient l'ANBU.
Rien de tel qu'une saine rivalité pour détériorer les relations entre deux factions d'élites d’un village.

« Rapport ! Aboya Shiraka, de mauvaise humeur.
_ Le dépeceur n'a pas quitté la ville, assura l'ANBU d'une voix calme. Comme les trois autres cibles avant lui. Ils se cachent donc tous en ville tout en maintenant un profil particulièrement bas. Ce n'est pas une coïncidence, je pense.
_ Evitez de penser, on voit où ça vous mène d'habitude. Mmmpf... Et du côté de la pègre ? Grogna la kunin.
_ Silence total. Néanmoins, il semblerait que quelqu'un ou quelque chose pratique une politique de recrutement soutenue...
_ Et je suppose que les heureux élus "disparaissent de la circulation", eux aussi. Tsss... Y'en a qui n'apprendrons jamais, marmonna Shiraka. Très bien, on va faire un exemple et d'une pierre deux coups. Infiltrons une équipe là-dedans et qu'elle nous dégotte les têtes pensantes. Ça prendra la forme d'une trahison interne, ça s'ébruitera, on devrait être débarrasser de ce genre de problèmes pour quelques mois.
_ Si je puis me permettre... J'ai une excellente équipe en vue, pour ce genre de mission, annonça l'ANBU.
_ Je veux du travail bien fait, trouvez autre chose pour former vos stagiaires, rétorqua la kunin.
_ Loin de là... Je pensais à ce duo de têtes brûlées qui ont fait capoter notre plan pour les pirates.
_ Ah oui, votre lamentable échec... Mais si mes souvenirs sont bons, ce sont deux grouilleux qui vous ont ridiculisé. Pas question d'envoyer là-dedans du genin ! Trop dangereux et la perte d’un débutant dans des conditions sordides ferait mauvais effet auprès des patrons.
_ Ils sont tous les deux chunins, la rassura prestement l'ANBU.
_ Des grouilleux, donc. Très bien, va pour eux deux. Prévenez le centre des missions et mettez-les en rapport avec vos contacts.
_ Quels contacts ? Demanda innocemment Masque de Castor.
_ Vous ne me ferez pas gober que vous n'avez pas déjà commencé à infiltrer des pions. C’est le moment de s’en servir, exécution.
_ Bien vu. A vos ordres. »

*
* *

Kentaro s’avança jusqu’à celui qui semblait être le recruteur et fronça les sourcils.

« Alors, y’a du boulot pour nous, finalement, ou pas ?
_ Minute, gamin, rétorqua Kiheh. Mes patrons, ce ne sont pas les premiers rigolos venus, tu vois. Pour bosser chez nous, suffit pas d’avoir des références à la pelle : on ne croit que ce qu’on voit.
_ Je vois le genre. Donc faut qu’on dessoude qui ? Voulut savoir le chunin.
_ Hé bien, le premier test…
_ Le premier ? Le coupa Kentaro. Nan mais c’est quoi cette histoire !? Je suis venu bosser, moi, pas perdre mon temps dans des examens à la con !
_ Tu feras c’qu’on te dit ou va t’arriver des bricoles, mon gars ! Prévint Kiheh. À l’extérieur, t’es peut-être une pointure, mais ici, tant que t’as pas fait tes preuves, t’es jamais qu’un petit rigolo de plus !
_ Et celle-là, rétorqua le médecin en levant la main. Tu veux savoir si elle est rigolote ! »

Mais avant qu’il ne puisse s’avancer à portée de menace, la grosse paluche de Santa s’abattit sur son épaule et le tira légèrement en arrière.

« Ho ho ho ! Mon joyeux di… découpeur, ne soit donc pas si impatient, veux-tu ! Penses donc à la miss… magnifique récompense qu’on pourrait obtenir.
_ Ton joyeux découpeur ? T’avais pas plus stupide en stock ?
_ J’y peux rien, ma langue a commencé à fourcher.
_ Mais pourquoi c’est moi qui doit faire équipe avec toi…
_ Parce que tu as encore besoin d’un mentor avant de pouvoir voler de tes propres ailes !
_ J’vais t’étriper !
_ Hum hum ! S’impatienta Kiheh. Quand vous aurez fini vos messes basses, on pourra peut-être revenir au problème qui nous occupe ?
_ Mais certainement mon bon monsieur, approuva Santa. Continuez, je vous prie.
_ Imbécile, t’as un rôle à tenir, je te rappelle !
_ On peut être un sauvage primitif et quelqu’un de poli, ça ne s’exclut pas !
_ Mais il va se douter que quelque chose cloche, triple buse !
_ Hé bien, sourit Kiheh, je suis bien content de voir que l’un de vous deux a le sens des bonnes manières. Ça facilitera la discussion.
_ Ho ho ho ! Tu vois, tu as encore beaucoup à apprendre, jeune lutin.
_ J’vais vous étriper tous les deux !
_ Pardonnez mon compagnon, il n’a pas plus de patience qu’un gamin, s’excusa Santa. Nous sommes tout ouïs.
_ Gna gnagna gnagna !
_ Si vos compétences sont à la hauteur, y’a pas de mal, assura Kiheh. Sachez qu’avant tout, c’est la force qui prime pour mes patrons. Avec le Kiritsu et tout ces shinobis dans la ville, il faut des gaillards d’une solide trempe pour pouvoir faire face. Par conséquent, le premier test sera de vous battre chacun contre l’un des nôtres.
_ Ouais, ça ça me plaît ! S’exclama Kentaro.
_ Ça m’aurait étonné, soupira Kiheh. Bon, les règles sont simples : pas le droit de tuer ou d’estropier nos gars. La réciproque n’est pas vraie. Si vous n’êtes pas capable de vous débarrassez d’eux en moins de trois minutes, vous dégagez. Des questions ?
_ Je passe en premier ! Décida Kentaro.
_ Ho ho ho ! Je crois que tu n’as pas bien compris, mon fidèle dis… découpeur, intervint Santa. Le monsieur a dit que…
_ J’ai très bien entendu, merci ! Prends-moi pour un demeuré, tête de nœud !
_ C’est dangereux, mon disciple ! Il est préférable que je passe d’abord pour que…
_ Meuhtropas ! ‘faudra qu’on y passe tous les deux, de toute façon !
_ Il serait préférable que je prenne la mesure de nos adversaires afin de te donner des conseils pour…
_ Et tu fais quoi si tu passes et que je me fais éliminer après, gros malin !? J’y vais en premier, comme ça on sera fixé sur la suite, voilà tout.
_ Alors, vous avez décidé ? Soupira Kiheh.
_ C’est-à-dire que…
_ Ouais !
_ Je suppose que c’est l’excité de service qui passe en premier, devina le mafieux.
_ Tu sais ce qu’il te dit, l’excité de service ! Maugréa Kentaro.
_ C’est de son âge, s’excusa Santa. Vous savez, les hormones en ébullition, tout ça…
_ Hé !
_ M’en parlez pas, approuva Kiheh. J’ai un gamin, pareil, pas moyen de le faire tenir en place plus de cinq minutes.
_ Nan mais dites donc !
_ Et toujours à chercher des crosses à la moindre occasion, compatit Santa.
_ Quoi !?
_ Je ne vous le fais pas dire… Acquiesça le mafieux. Ahlàlàlà… Y’a plus de jeunesse.
_ Connerie de solidarité entre vieux. Bon, on peut commencer, oui ou non ? Demanda Kentaro.
_ Très bien, va au centre. »

Kentaro ne se le fit pas dire deux fois et rejoignit le centre de l’entrepôt, subitement impatient à l’idée de pouvoir se défouler. Finalement, les gugusses du QG avaient raison : c’était éprouvant pour les nerfs, une mission d’infiltration.
Ou bien était-ce juste de faire équipe avec Santa ?

Kiheh frappa deux fois dans ses mains et un bruit de gonds mal graissé se fit entendre dans l’un des coins sombre de l’entrepôt. Finalement, un grand échalas s’approcha en bordure de la lumière.
Crâne chauve, maigrelet… Ce qui attira surtout l’attention de Kentaro, c’était les deux gros hachoirs de boucher qu’il serrait dans ses pognes. D’autres étaient même glissés à sa ceinture. Néanmoins, le gars n’avait pas l’air d’un déserteur. C’était bon signe, ça.

Restait plus qu’à le mettre KO en moins de trois minutes.

« Prêêêêêt ? Intervint Kiheh. Hajime ! »

Au signal, la main de Kentaro fondit vers la poignée de son sabre accroché dans le dos. Au même moment, le boucher balança l’un de ses hachoirs, qui tourbillonna jusqu’au médecin en un clin d’œil.
Le chunin n’évita de se faire raccourcir qu’en se baissant brusquement, la lame volante réduisant son chapeau en charpie. Kentaro tenta de dégainer son arme mais s’aperçut qu’il avait choisit un sabre un poil trop grand pour être accroché dans le dos : maintenant qu’il était baissé, le bout du fourreau était coincé contre le sol et la lame bloquait. Pestant intérieurement, le chunin reporta son attention sur son adversaire, pour s’apercevoir qu’il était déjà sur lui, ricanant comme un malade et fauchant l’air de ses deux armes devant lui.
Le chunin bondit en arrière, évitant l’attaque d’un cheveu, qui taillada son kimono et laissa un fin sillon écarlate sur son passage. Il se réceptionna sur un appui mais l’assaut du forcené le força une nouvelle fois à battre en retraite, sans lui laisser le temps de dégainer son arme.

Le médecin jura. C’était la merde intégrale, tout ça.

*
* *

La veille, QG de Mahou à Narasu…

« Un katana !? Mais c’est une blague ! Brailla Kentaro.
_ Allons, temporisa le responsable de la mission. C’est juste pour faire illusion.
_ Mais merde ! Ch’uis médecin ! Je milite contre l’usage du Katana et j’ai déjà lancé deux pétitions pour en interdire le port à Narasu ! Rappela le chunin. J’vais quand même porter une de ces merdes, quoi…
_ Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même, réfuta le responsable. Avec votre récente algarade spectacle, qui sait qui pourrait vous reconnaître ? Nous n’avons pas le choix, vous devrez utiliser de fausses identités.
_ Mais un katana !
_ C’est l’arme majoritairement utilisé par tous ceux qui sortent un peu du lot chez les coupe-jarrets. Ça vous rendra crédible.
_ Ah ben oui, c’est sûr, quand ils verront que je ne saurai même pas trancher un bout de pain avec, railla Kentaro avec une mauvaise foi évidente.
_ Allons, allons, pas d’inquiétude. Dégainez-le, agitez-le dans tous les sens et reposez vous sur vos réflexes et tout le monde n’y verra que du feu, balaya d’un geste le responsable.
_ Et pourquoi c’est pas Santa qui s’y colle, d’abord ! Voulut savoir le chunin.
_ Parce qu’il n’a pas le physique de l’emploi.
_ Ho ho ho !
_ J’peux savoir pourquoi tu rigoles, toi !?
_ En outre, n’oubliez pas : vous ne devrez pas passer pour des ninjas, insista le responsable.
_ Ah ben avec un sabre, c’est sûr qu’ils vont se douter de rien, hein…
_ Tout le monde utilise les sabres. C’est passe-partout. Bref, ce que je voulais dire, c’est qu’en aucun cas vous ne devrez vous trahir : pas de jutsu.
_ Bah, si on fait pas les signes, ils s’apercevront de rien, non ?
_ Non, vous devrez passer pour des brigands lambda. Pas de jutsu, à aucun prix. C’est pour ça que le QG a pensé à vous d’ailleurs.
_ Qu’il évite de penser, on voit ce que ça donne… »

*
* *

Jutsu ou pas, Kentaro restait Kentaro. Lorsque le bandit abattit l’un de ses hachoir, le chunin contre-attaque illico, frappa du pied dans le bras qui se jetait sur lui. Récupérant enfin un peu de temps, le médecin arracha son arme de son dos, fourreau toujours sur la lame, et s’en servit comme d’une massue, frappant un ample coup circulaire.
Le coupe-jarret esquiva l’attaque de peu, ricanant, et avança pour porter un coup décisif. Mais se prit un solide coup de pommeau dans les dents. Kentaro avait récupéré le bout de son arme dans son autre main et improvisé un coup d’estoc : pour lui, puisqu’il s’en servait comme massue, le sens du sabre n’avait aucune espèce d’importance.

Le bandit recula de quelques pas, sonné, mais un puissant revers de fourreau lui balança la tête sur le côté, lui arrachant quelques dents au passage. Avant qu’il ne puisse réagir, Kentaro poursuivit son mouvement et attrapa la tête du gaillard de sa main libre, avant de l’encastrer dans le sol en tourbillonnant sur lui-même.

Un sourire ravi sur les lèvres, Kentaro retourna auprès de Kiheh et Santa.

« Alors, qu’est-ce tu dis de ça, l’ancêtre ! Fanfaronna le médecin.
_ J’avoue, impressionnant, admit Kiheh. Je reconnais que je vous ai peut-être jugé un peu vite.
_ Hé ouais, bonhomme, on est pas du menu fretin, nous.
_ Mais pourquoi ne pas avoir utilisé votre sabre ? Voulut savoir le mafieux. Avec votre niveau, le combat aurait été plus simple si vous aviez pris la peine de dégainer, non ?
_ Hein ? Ben heu…
_ Mon disc… décapiteur ne dégaine son arme que pour tuer, improvisa Santa. Vous comprendrez que vos contraintes étant ce qu’elles sont, il ne pouvait se le permettre et à du improviser.
_ Ah ouais, décapiteur, carrément…
_ Hé bien, fit Kiheh. Si ça, c’était de l’improvisation, j’avoue que j’adorerais vous voir à l’œuvre au sommet de votre art. Moi aussi, j’étais Kenjutsuka plus jeune, vous savez… J’espère sincèrement que vous serez pris dans l’organisation, nous pourrons ainsi nous échanger quelques tuyaux, voire échanger quelques passes d’armes.
_ Heu… Ben oui, bien sûr, pourquoi pas, convint Kentaro. Saaaaaanta !
_ Ho ho ho ! Bien joué, disciple ! Maintenant il t’as à la bonne, lui aussi.
_ T’as oublié que j’y connais rien sur le sabre, crétin !?
_ Les enfants sages n’ont rien à craindre : l’esprit de Nowel veille sur eux. Quoiqu’avec toi…
_ Hum hum ! Intervint Kiheh. Bien, c’est à votre tour, même si je ne doute pas que ce ne soit qu’une formalité.
_ Ho ho ho ! C’est parti ! Qui sera mon adversaire ? »

Kiheh frappa de nouveau dans ses mains et un second larron fit son apparition. Robuste et large d’épaule, il portait une imposante armure de cuir et un impressionnant bâton dont les extrémités s’enflaient et étaient renforcés par des rivets d’aciers.

Les deux combattants se firent face et Kiheh donna de nouveau le signal de départ.

Santa se jeta énergiquement sur son adversaire et commença à le bourrer de coups. Ou plutôt, le bâton : l’homme s’en servait avec virtuosité et parait avec aisance les attaques du genin, sans contre-attaquer. Visiblement prudent après ce qui était arrivé à son compère, il n’entendait pas se jeter à l’aveugle et prenait clairement la mesure de son adversaire.

Dans son coin, Kentaro retint une bordée d’injures. Santa avait finalement raison, il aurait mieux fait d’y aller en premier : si le type aux hachoirs n’était pas mauvais, il n’aurait que donner du fil à retordre à un genin. Au vu des mouvements, le médecin était certain que le gars au bâton était d’une trempe supérieure : lui était bien capable de terrasser un genin. Et puisque Santa ne pouvait pas utiliser ses techniques…

Mais le représentant de l’Esprit de Nowel n’était pas en position pour pratiquer une analyse fine. S’il voyait bien que le déluge de coups ne fonctionnait guère, il escomptait l’emporter à la guerre d’usure : le bâton lesté était plus lourd que ses bras, son adversaire moins costaud que lui et incapable de puiser dans le chakra pour maintenir la cadence, c’était jouable.
Et ç’aurait même pu.
Si le gaillard n’avait pas décidé de passer à son tour à l’offensive.

D’un brusque mouvement tournoyant, l’homme balaya les bras de Santa, lui emmêlant les pinceaux. Avant que le genin ne puisse reprendre sa garde, un solide aller-retour vînt lui chatouiller la mâchoire, avant que plusieurs coups d’estoc dans le torse ne le repoussent, un pas après l’autre.

Comprenant qu’il n’aurait pas le dessus sur la vitesse et que le vilain garçon pouvait faire très mal avec son bâton, Santa bondit en arrière et dégaina sa botte secrète ! Puisant dans sa hotte, il…
… S’aperçut qu’elle n’était pas là.

La faute au QG : soi-disant que ça ne correspondait pas à son déguisement et son identité d’infiltration. Dans le feu de l’action, il ne s’en était pas rappelé.

Le temps qu’il reprenne ses esprits, son adversaire était déjà sur lui, lançant une nouvelle série d’estoc percutante. Santa leva ses bras et encaissa sans broncher l’attaque, mais d’un rapide tournoiement de son arme, l’homme lui frappa les genoux, le forçant à s’effondrer. Un brutal coup dans la pommette propulsa alors le colosse à terre.

« Sant… Abruti ! Beugla Kentaro. Qu’est-ce tu fiches, c’est pas le moment de te donner en spectacle !
_ "Cent Abrutis" ? S’étonna Kiheh.
_ Ouais, parce qu’il en tient une couche, donc ça compte pour plusieurs, assura le chunin. Allez, tu te relèves et tu le bousilles ! Fais-en de la chair à pâtée ! »

Santa, méchamment sonné, se releva péniblement. Il aperçut son fidèle disciple qui le regardait, les yeux brillant d’admiration et se rappela qu’il était son maître et héros. Hors de question de le décevoir ! Il se devait d’incarner l’exemplarité, afin de monter la voie.

Le colosse se redressa en rugissant et se jeta de plus belle sur l’homme au bâton. Celui-ci se campa solidement de biais, leva son arme et attendit le choc.
L’échange fut bref et à sens unique, Santa se faisant littéralement rosser. Alors qu’il reculait, groggy, l’homme au bâton fit jaillir une lame de l’extrémité de son arme et frappa, lacérant le colosse.
Santa s’effondra dans une gerbe de sang.

« Je crois qu’il a son compte, fit Kiheh. C’est regrettable mais il a échoué.
_ Rien du tout ! Affirma Kentaro. Les trois minutes ne sont pas passées, il respire toujours, le combat n’est pas fini.
_ Si je n’arrête pas le combat maintenant, il va se faire tuer, annonça doucement le mafieu.
_ Des clous !
_ Je…
_ Si t’arrêtes le combat, c’est toi qui va te faire tuer, prévint le médecin en dégageant son fourreau de derrière son dos.
_ Vous êtes sûr ?
_ Tu te tais et tu regardes. »

Kiheh soupira mais ne voyait pas l’intérêt de prendre de risques inutiles, malgré toute la sympathie qu’il avait pour le vieil homme. Il fit signe à son acolyte que le combat se poursuivait et celui-ci se mit en marche pour la mise à mort.

De son côté, Santa avait l’impression de flotter. Le sol était drôlement confortable et le plafond qui tournait avait un je-ne-sais-quoi d’hypnotisant et de relaxant. C’était drôle mais il n’arrivait même plus à se souvenir pourquoi il avait tant tenu à gagner ce combat. Bah, son esprit était cotonneux, ça lui reviendrait sûrement (vive le vent) après une bonne nuit.
Tout ce qu’il avait à faire, c’était (vive le vent) c’était fermer les yeux. Il était fatigué et tout son corps aspirait au repos (vive le vent d’hiver). Pourtant, il sentait confusément que quelque chose (qui s’en va) quelque chose n’allait pas. Sa tête bascula sur le côté et (sifflant soufflant) et il aperçut une forme qui s’approchait (dans les grands sapins verts) tenant un truc à l’extrémité brillante (oh).
Une brusque décharge (vive le vent !) sembla lui parcourir le corps. Sa vision s’éclaircit (vive le vent !) et il aperçut distinctement le tueur qui s’approchait de lui. Et à l’arrière-plan, son fidèle disciple (vive le vent d’hiver !) qui tapait son katana au sol selon un rythme…

Le tueur jeta un dernier regard au vieil homme hagard étendu à terre et leva son arme, pointe vers le bas. Et brusquement, les choses dérapèrent : le bras du colosse se détendit, attrapant son mollet, et avant qu’il ne puisse transpercer le vieil homme, ce dernier se releva, fauchant sa jambe au passage.

D’une pirouette, l’homme au bâton se réceptionna et se mit en garde, tandis que le quasi-mourant se jetait sur lui, les yeux injectés de sangs, visiblement en transe. Les rafales de coups s’alignaient en cadence, sur le rythme de l’antique chant sacré de Nowel et le tueur avait bien du mal à contenir ce soudain assaut explosif.

Et lorsque la mélodie s’accéléra, Santa parvint à prendre son adversaire de vitesse un court instant.
Qui fut bien suffisant.
Attrapant de part et d’autre le bâton du tueur, Santa le souleva de terre et le repoussa contre une caisse, avant de l’y enfoncer d’un puissant coup de boule.
La victoire était toujours du côté des défenseurs de la justice et des gentils enfants !

De son côté, Kiheh n’en croyait pas ses yeux.

« Je rêve…
_ Hé ouais, t’as vu ça !? S’exclama Kentaro triomphant. Je te l’avais dit ! Sous ces airs de vieux bonhomme bien élevé, ‘faut pas oublier que c’est une brute sauvage, hein…
_ J’admets, il m’a bluffé, là… Mais ça ne sert à rien s’il n’est pas en état de continuer, déclara le mafieux. Dommage.
_ Gné ?
_ Un double KO ne nous intéresse pas : on recherche des gaillards capables de tenir le choc et d’être encore opérationnel derrière, expliqua Kiheh. Il se vide de son sang, il est à bout de force, c’est vite vu.
_ Hé ho ! L’enterre pas aussi vite, mon grand ! S’échauffa Kentaro. T’as jamais entendu parler des Berserks ? Sous-estime pas sa vitalité, tu vas le vexer. Et t’as pas envie de le voir vexer, pas vrai ?
_ Certes, mais ce que je vois surtout, c’est qu’il reste pantelant, en train de se vider de son sang et visiblement même plus capable de faire un pas.
_ Badabadabada ! J’vais te montrer ! »

Le médecin entraîna Kiheh à sa suite et se planta devant Santa avant de lui tapoter énergiquement le torse.

« Hé ! T’es mort ? Demanda joyeusement Kentaro.
_ Ho ho ho ? Pourquoi tu me demandes ça ? Répondit Santa en s’ébrouant.
_ Parce que le vieux shnock pense que c’est le cas.
_ Je n’ai pas dit que… Se défendit Kiheh.
_ Vous voyez, indiqua Kentaro. Il est en pleine possession de ses moyens. Et ça saigne même plus, hein. J’vous avais dit qu’il avait de la vitalité à revendre, pas vrai ?
_ Vous êtes sûr que tout va bien, demanda Kiheh, suspicieux. J’ai déjà vu ce genre de blessures et ça m’étonne assez, voyez-vous.
_ Non, non, assura Santa. C’est gentil de vous inquiéter mais je me sens bien. Je n’ai même pas mal.
_ Je peux ?
_ Plait-il ? »

Kiheh frappa soudainement d’un lourd coup de poing en plein dans la blessure du colosse. Celui-ci se contenta de le regarder en gloussant. Le mafieu en était sur le cul : c’était la première fois qu’il voyait un truc de ce genre.

« Bon, très bien, je m’avoue vaincu, constata Kiheh. Pour moi, vous êtes bons, je valide. Bien sûr, on vous fera faire quelques jobs pour nous assurer de vos compétences, mais en termes de puissances, vous cadrez avec ce que mes patrons recherchent. Si vous êtes toujours partant pour continuer, bien entendu.
_ Ben on est là pour ça, pas vrai ? Fit Kentaro. Hein, papy ?
_ Oui, oui… Heu, un instant, signala l’intéressé en attrapant son disciple par le bras et en le trainant dans un coin. Kentaro, j’ai du mal à respirer !
_ Genre c’est ma faute s’il a fallu que je t’acuponcture à l’arrache !
_ Fais quelque chose !
_ J’ai pas laissé les aiguilles donc c’est que temporaire. Essaye juste de pas tomber dans les pommes d’ici là.
_ Dans combien de temps ?
_ Aucune idée : c’était à l’arrache, j’viens de te dire.
_ Alors ? C’est oui ou c’est non ? S’impatienta Kiheh, non loin.
_ Heu… C’est oui, mais mon ami me fait remarquer que si on doit bosser, ça ne sera pas gratis, hein, improvisa Kentaro. Le combat, Ok, mais le temps, c’est de l’argent.
_ On paye très bien, signala Kiheh. Si vous êtes recruté, ce dont je ne doute pas…
_ Ben si vous n’en doutez pas, vous consentirez bien à une avance, non ? Fit Kentaro.
_ Heu… »
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Message par Oboro 1/11/2012, 23:25

Journées spéciales Kunoichérie

Sponsorisées par K.O.Real: pour des guerrières belles et bourrines.


C'était une organisation comme une autre, pouvait-on penser. Il y a 105 ans, l'histoire raconte qu'un chimiste du Junkyo, fou amoureux d'une Hori -équivalent samourai d'un anbu sur l'échelle de l'apocalypse- servant de garde à un diplomate Toshin, lui composa sur mesure une teinture pour cheveux qui les protégeraient également du port intensif qu'elle devait faire de son casque. Méchamment rembarré, le pauvre jeune homme conserva la formule, parvint à faire jouer ses relations, et de fil en aiguille, peut être aussi en tuyautage, parvint à transformer sa petite boutique de démonstration en l'une des plus grosses et vilaines boîtes de cosmétiques du Yuukan et de l'archipel.

Pété de thunes, le bonhomme vécu heureux, pu mettre toutes les gonzesses qu'il voulait à ses pieds (et dans son lit), et termina sa vie dans le top 100 des fortunes non militaires du pays.

Mais heureusement, l'énorme four à pognon qu'il avait façonné lui survécu. Même s'il cognait traditionnellement sur une clientèle de samourai aux goûts divers (sobre et raffiné, pur ostentatoire, écarlate flamboyant, va-t-en guerre confondant bon goût et rose fluo), d'autres gras du bide aux comptes en banque bien gonflés trouvèrent malin d'ouvrir de nouvelles lignes de produits, ce qui amenait aujourd'hui notre kunoichi dans la plus grosse foire aux cosmétiques jamais improvisée à Narasu.

Tout ceci semblait, à première vue, terriblement futile, n'est-ce pas?


Faux. Totalement faux. C'était du sérieux, et c'était du lourd. Un énorme paquet de plus ou moins jeunes femmes provenant des trois villages se levèrent toutes à l'aube afin d'être sûres d'avoir une bonne place dans les files d'attente.
A Mahou, Oboro aurait tout bonnement campé sur place. Mais comme les rues étaient ici tout sauf sûres, elle avait préféré s'armer de patience et d'un thermos rempli de café, en plus d'avoir aligné son réveil sur le chant du coq.

Aussi pressées qu'elle, nombre de combattantes étaient prêtes à assommer leurs collègues s'il le fallait, afin d'obtenir les précieuses places qui leur permettraient de passer avant que leurs services ne commencent.

C'était la guerre, en pire, déclarait Oboro lorsqu'il lui fallait jouer des coudes pour s'introduire. Elle était arrivée avec d'autres kunoichies qui partageaient son dortoir, mais bien rapidement l'état d'urgence fut déclaré parmi le petit groupe. Chacune d'entre elles avait reçu son mot d'ordre: acheter le plus possible, puis partager équitablement le butin une fois le repli annoncé. Les listes avaient été façonnées et distribuée après mise en commun des champs d’expertise de chaque membre de groupe, de sorte que la journée se finirait par leur succès plein et entier.

Elles seraient belles, quoi qu’il arrive et coûte que coûte. Et tant pis pour toutes leurs rivales qui devraient se traîner dans cet énorme champ de bousculade. On ne plaisantait pas avec les promotions.

Muromachi ne pouvait bien sûr pas se servir de ses armes ou de ses techniques, mais elle avait d'autres talents moins emblématiques qu'elle n'hésita pas à employer dans cette expédition.

Et ce jour là, elle n'était absolument pas la seule à être portée sur ce genre de mauvaises idées. D'autres envisageaient déjà de ne pas se rendre à leur poste, et de nombreux sensei et chefs d'équipes particulièrement avisés erraient ça et là, guettant leurs potentielles tires au flanc. Certaines, dotées de jutsu suffisamment subtils et discrets, commençaient déjà à oeuvrer pour se simplifier la vie.

Genjutsu, clones et champs de phase se mariaient admirablement bien dans les files d’attente. Les téléportations permettaient de parer à toute urgence, et quelques marionnettes surdimensionnées étaient volontairement garées de manière à gêner la progression des autres.
Sans compter la présence de certaines, qui jouaient les chauves-souris en guettant du plafond toute bonne place à subtiliser…


Si les femmes pouvaient être effrayantes, les kunoichis montraient à quelles extrémités elles pouvaient recourir.


Après quelques heures de souffrance, le saint des saints de l'esthétique accueillit, à l'intérieur du gymnase d'entraînement qui abritait le salon pour l'occasion, celles qui avaient eu le fanatisme et le courage nécessaire pour se lever bien avant l'aurore. Muromachi était de celles-là. Elle avait ingurgité des quantités indigestes de caféine, mais elle était là, les yeux emplis de pépites dorées, dardant du regard les différents stands qu'il lui restait à approcher. Elle avait déjà fait une razzia sur les sacs en plastique gratuitement distribués, ce qui lui avait permit de butiner joyeusement les différents étals d'échantillons gratuits. Quant aux articles plus spécialisés, il ne lui fallut que deux heures pour se procurer l'essentiel de ce dont elle avait été chargée, quand ça n'avait pas été des raretés que seuls les tuyautés pouvaient espérer acquérir. Après deux-trois bonnes surprises qui rogneraient sérieusement sur sa solde du mois, et un set de rouges à lèvres arraché de justesse à une horde de concurrentes, la guerrière s’accorda finalement une pause pour se remplir l’estomac.

Au niveau des courses, c'était donc fait et archi-fait.

La genin avait pu aller quémander des spécialistes, et fut introduite à toute une gamme de produits adaptée aux brutes épaisses qui souhaitaient garder une peau de pêche malgré un énorme penchant pour la vadrouille en cambrousse hostile. Quand on était une kunoichi errant dans le Yuukan, la faune, la flore, et même la nourriture qu’il fallait se procurer essayaient de vous défigurer, en plus de régulièrement attenter à votre vie. Il y avait donc largement matière à être informée et équipée adéquatement pour chacune de ces épreuves du quotidien.

Sur quelques points toutefois, notre mahousarde restait largement insatisfaite de sa récolte. Dont un élément crucial de la vie d'une kunoichi, qui figurait dans la liste des choses à faire d'Oboro depuis le commencement.

-Alors, voilà mon problème: les cheveux.
-Taijutsu?
-Bingo. Z'auriez un truc?

Le secteur des conseillers était nettement moins surchargé que les autres, la plupart des intéressées étant principalement ici en acheteuses déjà informées. Pour autant, un certain nombre d’indécises, de désespérées ou de petites futées se relayaient ici et là face aux quelques agents détachés pour répondre aux questions, et pourquoi pas obtenir de nouvelles pistes pour pouvoir taper toujours plus sur les clientes adorées.

-D'habitude, je les attache quand faut poutrer du clampin, donc ils ne me retombent pas dessus. Ou alors j’les natte, selon l’humeur. Le ‘blème, c'est que dès que ça devient du sérieux, im-pos-sible de survivre à une empoignade sans échapper à la gueule en pétard. J’ai déjà essayé de laisser les autres prendre les coups à ma place, mais que dalle: dès que je crache du chakra, qu’on court quelques minutes à fond sur les toits ou qu’on tombe sur un gros dur qui fait morfler le chunin du coin, zou, condamnée au shampoing. En plus de ça, je fais pas n'importe quel taijutsu, je fais du ganseki. Et mes élastiques explosent systématiquement quand je balance le chakra. Y’a bien les Hair Force One qui tiennent, mais j’ai l’impression que ça ne se vend plus… bref, misère.

Sauver ses coéquipiers, écraser une trentaine de brigands en dix secondes et rivaliser d’adresse avec les anbu du village tout en sortant fraîche comme une fleur n’était pas réservé à l’élite d’un village. Quand on employait ce genre de messages pour faire sa publicité, on devait forcément s’attendre à ce que certaines y croient vraiment, aussi triste que cela pouvait être.

-‘Ccessoirement, j’ai testé votre échantillon de fond de teint en plein action, ça tient pas un rond. Pour le fard à paupières, j’dis pas : ça me donne une gueule de panda, mais c’est peut être pas indiqué pour, encore que y’aurait matière à jouer dessus. Franchement poisseux, en tout cas. Mais le fond de teint qui se la joue compote magmatique, c’est mort. L’idée est chouette, mais vous savez combien ça transpire, une ninja vraiment bourrine?

Les adeptes du taijutsu étaient vraiment la cible critique du marché, et les potentielles clientes véritablement demandeuses de produits. Il leur était impossible de maintenir forme optimale, bonne humeur, progression constante, efficacité tactique et présence féminine sans recourir à quelques raccourcis sous peine de frôler la dépression. La stéréotype de la combattante chikaratte du passé, poilue, trapue et malodorante, était une hérésie qui plus jamais ne devait fouler le sol du Yuukan.

-Au fait, je me demandais... comment font les bimbos pour gérer avec des talons hauts? C’est juste une blague, ou bien y’a un truc? Je crois avoir déjà vu une chikaratte galoper avec des escarpins, mais pas sûre de la hauteur… vous sauriez?

"Parce que l'on pouvait être belle et bourrines". Cela sonnait terriblement faux, mais telle était la dure loi du marketing. Pour réussir à harponner un homme en plein cœur et fonder une famille (ou juste passer le temps), les kunoichi devaient sentir la rose et rester toujours séduisantes, en toutes circonstances.

-Oui, oui, j'ai lu les conseils du hors série n° 194 de Kunoichérie et l'article sur les lignes lourdes, mais sérieux, ça marche peut être pour le Migite, mais que dalle pour le Gansek'. J'vous l'dis, je change de paire de gaudes à cha~a~a~que fois, c'est criminel.

On pouvait rire. Ou juste en profiter. C'était tout de même grâce à un entretien de ce genre que la société avait eu l'idée de mettre en place une gamme de vêtements "Kurohana" (fleur d'acier), et relancer assez furieusement leurs ventes au terme de la seconde guerre shinobi, dopant ainsi l'économie du secteur.

Toutefois, Muromachi s’était livrée à cet exercice uniquement pour tuer le temps. Et pour récupérer des adresses où acheter ses chignons. L’évènement qu’elle attendait ne devait commencer qu’un peu plus tard, non loin d’un terrain d’entraînement annexe qui n’était guère employé que pour les duels d’illusionnistes.

Il y avait une autre raison qui avait porté Oboro à se rendre à ce salon de l'esthétique. Un certain concours qui se tenait annuellement dans le Yuukan, exclusivement réservé à la gent féminine. Ou aux illusionnistes qui tenait à se démarquer de leurs pairs en réussissant ce genre de tours de force particulièrement idiots.

Au sein du bassin frétillant de kunoichi énergiques, la marque de cosmétique recrutait des agentes privilégiées, employant le couvert de ces concours pour épurer ses . Celles qui parvenaient à se démarquer du reste des participantes devenaient des égéries de la marque,

Car les participantes étaient aussi bien évaluées sur leur physique et leur savoir-être que sur leurs aptitudes shinobi, qui tenaient tant du martial que de l’opératif. Celles qui parvenaient à atteindre le graal de l’égérie démontrait sa capacité à être aussi bien un mannequin qu’une ninja d’exception, ce qui servait de tremplin déterminant à n’importe quelle carrière.
Et c’était sans compter les multiples avantages qui allaient de pair avec ce poste. Les missions spécifiques de la multirégionale payaient grassement, et leurs étaient réservées la plupart du temps. Tous les sensei se battaient pour vous avoir dans leurs équipes, et maintenir une trousse de maquillage bien fournie devenait un véritable jeu d’enfant.

Pour les villages, c’était aussi bien l’occasion de s’assurer des rentrées d’argent régulières par un partenariat sécurisé, qu’un évènement festif qui dopait ponctuellement l’économie locale, en plus de porter la ferveur de la part féminine de leurs effectifs à des niveaux dangereusement élevés. Jusque là, donc, tout le monde y gagnait.

Le fait que celui-ci soit cette année tenu à Narasu tenait presque de l’accident, bien que la mise en concurrence directe de ninjas des trois villages constituaient une aubaine pour le sponsor de l’évènement. De ce fait, l’égérie de cette année disposerait d’une aura nationale, ce qui donnerait autant de poids à toutes les âneries qu’elle pourrait prononcer durant son règne.

Car même ici, on n’échappait pas aux inepties d’adolescente attardées et mièvrement idéalistes. Un rapide décompte des dernières vainqueuses en date révélait clairement que les idioties liées au bien-être des animaux étaient largement pardonnées par des mensurations et des jutsu suffisamment agressifs, ce qui risquait bien d’insupporter Oboro si elle perdait face à l’une d’entre elles.

Mais au pire, les bons d'achats -non remboursables- offerts à toutes les participantes compenseraient largement le temps engagé. Sans compter qu’elle savait de source sûre qu’une tentative même avortée pouvait porter ses fruits, tant qu’elle se faisait remarquer par quelqu’un qui avait du poids. Les recruteurs venaient précisément ici pour les voir, et Muromachi était encore convaincue qu’elle avait assez de talent pour taper dans l’œil de l’un d’entre eux.

C’était pour cela, qu’elle était venue se confronter au jury.

Après tout, on ne sait jamais ce que l’on risque à tenter sa chance, n’est-ce pas?

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Message par Chihousou 14/11/2012, 00:31

_ File moi ton pognon enculé de ta mère!

L'adrénaline est une substance fantastique capable de faire des miracles sur un être humain. Sous son influence, un individu gagne en force physique, en acuité sensorielle, son instinct se voit décuplé et il peut même oublier la douleur. Mais, comme tout ce qui a des effets bénéfiques, cette hormone possède son lot de désagréments. Comme la nécessité d'une émotion forte pour être balancée dans l'organisme. Et actuellement, l'agresseur pré pubère de Chihousou ne possédait pas les qualités nécessaires à la création d'une émotion suffisamment forte par le cortex cérébrale endormi du jounin, ce qui eu pour conséquence un simple « hu? » au lieu du mawashigeri de circonstance pour de tels emmerdeurs.

_ T'es shouté ou quoi? File moi tout ce que t'as sur toi si tu veux pas que je te défonce!

Pas réellement contrariant lorsque son monde ressemblait à de doux nuages caoutchouteux, le shinobi commença donc à déposer par terre tout ce qu'il avait sur lui. Au fur et à mesure que le tas grossissait aux pieds du jeune homme, son racketteur semblait essayait de faire sortir ses yeux de leurs orbites.

_ C'est quoi ça? Demanda-t-il à la vue de divers objets tranchants.
_ Ma collection de kunaïs, tous récupérer sur le cadavre de mes ennemis les plus coriaces...durant la guerre. Mais là j'en ai pris que douze...jour de congé.
_ Et ce sachet?
_ Opium pilé, prêt à l'emploi...presque mille ryos quand même.
_ Et ça?
_ Corde de piano...hu très utile pour se suspendre...ou étrangler en toute subtilité.

Il existe toutes sortes de mécanismes de survie face au danger, allant du camouflage à l'enterrement de sa propre tête. Les humains, en général, ont trois types de réactions plus ou moins développées selon la personne: la fuite, la tétanisation ou l'assaut. Et, faux pas déconner, la plupart des gagnants au jeu ''transmet tes gènes à la génération suivante'' font partie de la première catégorie. Le fait est que le gamin tout crotté vêtu de haillons, encore pire que ceux de Chihousou, et sentant l'individu ayant entendu parlait de la douche mais n'en ayant jamais fait l'expérience, n'était pas au jus concernant la théorie de l'évolution. Ainsi, il se jeta sur le mec qui venait de lui déballer son arsenal. Et on s'étonne que ceux qui fuient survivent...
Heureusement pour lui, ne faisant pas partie des personnes capables d'exciter les hormones de sa victime, le jounin fut aussi prompt à réagir qu'un paresseux faisant la sieste au soleil. Et Okhya, l'agresseur, parvint à trancher légèrement le vêtement du mahousard, aussi surpris que lui même devant le quasi-succès de l'attaque.

_ Ben merde alors...tu m'as même éraflé, fit remarqué un Chihousou dépité.
_ Ah? Je veux dire, bien sûr que je t'ai touché. HAHAHAHA!!! Je suis Okhya, le roi d'Hoscua!
_ C'est quoi Hoscua?
_ C'est un territoire allant de la poubelle verte là bas, fit-il en montrant une boite verte de mousse à son interlocuteur, jusqu'au restaurant de spécialités nagaméenne par là.
_ Oh...donc...si je fais un pas comme ça, expliqua le shinobi en faisant un pas chassé sur la droite, je suis plus dans l'Hoscua...c'est bien ça?
_ Ouep, répondit fièrement Okhya.
_ C'est plus petit que mon studio...et bien plus exposé au vent...quoique plus lumineux...ça me fait penser qu'il faudrait que je découvre comment on ouvre les volets chez moi...ça me coûte une fortune en bougies ces conneries.
_ Dites...
_ Hu?
_ ...vous pourriez avoir l'air un peu plus impressionné quand même. Je contrôle tout ce coin là tout seul, pis j'ai que treize ans alors c'est déjà pas mal, bougonna Okhya.
_ Ah...hu...oui. OUI! Pas mal du tout...euh...commencer à la base comme on dit...tenta vainement Chihousou devant le visage dépité du gamin.
_ Non, z'avez raison putain. Je suis un foireux de merde. Une ruelle pourrave. C'est tout ce que j'ai bordel! Je suis nul...c'est tout. Papa avait raison. J'aurais du rester et reprendre le commerce familial. Même si je suis allergique aux oignons...

Une drôle d'émotion naquit derrière les yeux rouges de Chihousou. Un sentiment bizarre lui parcourait l'échine. Un frisson désagréable traversait ses membres. C'était comme si tout son corps se battait pour prendre une décision. Il avait deux solutions: la baffe dans la gueule, solution reconnu pour son efficacité immédiate et pour ses conséquences minimes lorsqu'elle vise un gamin inoffensif, ou la pitié, sentiment pour ainsi dire inconnu du jeune homme et aux conséquences inattendues.

Finalement, il se moqua.

_ Hu...huhu...huhuhu...faisait le mahousard en pointant l'enfant du doigt.
_ Te fous pas de ma gueule s'pèce d'enfoiré d'ta race!

La réaction avait été plus rapide que les estimations du grand blond. Le crasseux aurait du pleurer, geindre, crier, menacer puis, enfin, lui sauter violemment dessus dans une tentative désespérée de le faire taire en empêchant l'air de traverser sa gorge. C'est qu'il était fort en plus, le salaud. La prise était bien ancrée et, d'un œil expérimenté, plutôt bien exécutée. Chihousou tenta bien de siffler d'admiration mais c'était difficile avec cinq paires de doigts tentant de réduire votre trachée à l'état de souvenirs d'une époque où il était bien plus simple de vivre sans suffoquer. Voir de vivre tout court.
Bien obligé, le jounin employa du chakra pour défaire la prise autour de sou cou. A sa grande surprise, sa tentative échoua et les doigts continuèrent de remplir leur mortel office. Il frappa donc dans la cage thoracique. Quatre fois, pour que l'enfant s'écroule et daigne enfin libérer le Assinan. Après, il toussa, très fort, tenta de se relever, s'écroula, parvint finalement à respirer correctement et s'essuya les yeux. Il avait conscience de sa faiblesse physique. Même avec du chakra, ses coups n'était pas suffisamment puissants pour mettre KO un homme de bonne constitution. Mais un enfant bordel! Il n'était quand même pas diminué à ce point. Il devait y avoir un truc...

(…)

Il se résigna à réfléchir à tout cela plus tard devant la vision de son agresseur crachant du sang sur le sol. Si ses souvenirs étaient bons, l'homicide sur enfant, civil de surcroit, même criminel, était plutôt mal vu par la hiérarchie. Ça la foutait mal devant la population locale. Avec ça, il était bon pour retourner aux fers, une perspective peu attirante. Il emmena donc l'enfant à l'hôpital.

(…)

_ M. Assinan!
_ Hu...

Relevant les yeux, Chihousou reconnut l'infirmière qui s'occupait du gamin. Une vieille femme rabougri qui aurait sans doute besoin tirer de tirer un coup. De préférence un gros.

_ Je vous demandais si vous connaissiez son nom!
_ Hu...
_ Et arrêtez avec ces « hu... » je vous prie.
_ Non...j'le connais pas.
_ Vous pourriez au moins me dire ce qui s'est passé j'espère.
_ Il est devenu fou...il a essayé de m'étrangler...
_ Jolies marques.
_ ...euh...ouais, comme vous dites...comme j'arrivais pas à m'en dépêtrer...j'l'ai cogné dans le thorax.
_ VOUS AVEZ QUOI?
_ Euh...juste un peu...quatre fois.
_ Vous êtes un grand malade!!!

A une vitesse, que le jounin jugea folle, l'infirmière lui planta une aiguille dans le bras pour lui injecter un sédatif et partir prévenir les autorités. Seulement, le sédatif n'avait pas les effets escomptés. N'importe quel médecin vous expliquerait alors les mécanismes d'un truc qu'on appelle l'accoutumance. Je ne suis pas médecin.

_ S'pas mal votre truc...ils ont essayé avec ça au début mais c'était pas assez costaud...du coup j'carbure à l'opium.
_ Un jounin drogué!!! C'est une honte!!
_ Putain...pour une fois qu'on m'prend pour un jounin, soupira Chihousou.

Alors que la majorité des gens s'échinent à crier lorsqu'ils sont en colère, en oubliant pas de devenir ridiculement rouge avec, de préférence, une grosse veine battant sur la tempe, d’autres ont choisi une autre solution: faire passer la peur à travers un soupir, généralement un mot ou un ordre, et le truc c'est que le soupir est parfaitement audible. Les gens de la première catégorie vue plus haut se contentent alors d'arrêter ce qu'ils font pour jouer au roi du silence. Parfois, Chihousou y arrivait. Pas aujourd’hui. Du coup, il montra l'ordonnance prouvant qu'il consommait des antalgiques dans la cadre d'un traitement thérapeutique.

_ Elle est plus valable.
_ Hu...
_ Fallait la renouveler y a deux jours.
_ Merde...je suppose.

(…)

Comme il était encore sous surveillance médical en raison de son étranglement récent, la cellule du mahousard était plutôt pas mal. Une chambre pour lui tout seul à l'hôpital, avec vue sur la montagne (logique quand les montagnes entourent la ville mais tellement appréciable). Seules les chaines ornant ses poignets prouvaient sa condition. On frappa à la porte.

_ Attendez, je viens vous ouvrir! Lança Chihousou en souriant.
_ ...
_ ...
_ ...
_ Ouvrez! Je suis attaché au lit, connards!
_ Euh...bonjour. Je...Je viens de la part du QG. J'ai...J'ai un message pour vous.

Et il resta planté là. Devant une porte toujours ouverte, une main fermement accrochée à la poignée, l'autre tendu vers le jounin...trois mètres plus loin accroché au lit.

_ Va...falloir que tu t'approches...t'es au courant?
_ Ou...Oui, m'sieur.

Après l'agresseur foireux, voilà qu'il se tapait le coursier timide. Il en avait marre, il voulait fumer, rentrer chez lui et dormir jusqu'au lendemain, pas forcément dans cet ordre d’ailleurs. Malheureusement, c'est seulement après dix minutes d'âpres négociations que Chihousou put recevoir la missive qui lui était attribué. Après Hulk il rencontra donc Flash Gordon, le coursier s'était carapaté comme si La Mort en personne lui courait après.
La lettre était en fait pour un médecin et signifiait que « M. Assinan, Jounin de Mahou » avait agit en état de « légitime défense » et qu'un contrôle devait être fait pour « renouveler, si nécessaire, sur la base actuelle de l'état de santé du patient, son ordonnance pour l'usage thérapeutique de substances addictives de niveau 4 ».

(…)

Sifflotant en sortant de l'hôpital, Chihousou fut retenu par une main un peu trop griffue et vernis qui lui annonça qu'il devait repasser le lendemain pour récupérer Okhya Kacui.

_ Hu...qui ça?
_ Votre élève.
_ Hu...qui?
_ L'enfant que vous avez amené à l'hôpital. Félicitations.
_ Hu?
_ On a reçu une lettre du QG stipulant que votre élève avait été reçu à l'examen genin et qu'il aurait son bandeau officiel cette semaine.
_ Mon élève?
_ Oui.
_ Okya Kacui, c'est ça?
_ Oui.
_ L'enfant...que j'ai amené ici, n'est-ce pas?
_ Exactement, à demain.
_ A demain...

Le problème avec l’opium, et par extension avec toutes les substances altérant le cours de la pensée, c’est qu’on a tendance à perdre le fil des conversations et à ne plus voir les liens de cause à effets dans ces discussions. Du coup, on capte en retard.

_ C'est quoi...ce bordel?

(…)

Étrange. C'était étrange. Étrange, parce que lorsqu'il était venu se plaindre au QG et on ne l'avait pas rembarré. Étrange, parce qu'on ne l'avait pas amené au premier trouffion de l'administration venu mais à Shiraka Satsubatu. Étrange, finalement, parce qu'il n'était pas en train de profiter de la vue mais bel et bien de faire part de son opinion.

_ Ce gamin n'a aucune notion de taïjutsu, ninjutsu ou genjutsu. Il n'a suivit aucun cours, ni formation. C'est pas pour jouer au fan du système d'académie des villages mais, sans déconner, c'est un charclo, déclama un Chihousou étonnamment clair.
_ Je vous l'accorde.
_ Puis, je suis pas vraiment un exemple alors faire de moi un sensei...c'est, il faut l'avouer, une décision pour le moins étrange, non?
_ Plutôt surprenant, il faut l'avouer.
_ Alors pourquoi voulez-vous que je lui enseigne?
_ Savez-vous quel est le meilleur moyen de créer une enclave dans un territoire conquis?
_ Bien sûr. On fait venir des familles et de jeunes couples pour que les enfants aient, plus tard, une attache symbolique à la terre. Pourquoi?
_ Avec ce garçon, on peut faire l'inverse. S'il devient shinobi pour le compte de Mahou, il créera lui aussi une attache symbolique pour Mahou. Et puis, ne me faites pas croire que vous ne l'avez pas sentit. J'ai le rapport sous les yeux, il est écrit que vous avez frappé quatre fois, des coups emplis de chakra. Des coups précis visant les organes vitaux dans le but de créer une cyanose afin de stopper la charge de l'adversaire. Vous n'auriez pas eu besoin de ça pour vous débarrasser d'un gamin de treize ans s'il était normal.

Ça faisait chier d'avouer ça, mais la kunin avait raison. Il n'aurait pas pu porter des coups aussi précis s'il n'avait pas été ''réveillé'' par un danger immédiat.

_ C'est un berserk? Hasarda le jounin.
_ Possible. Le fait est qu'il a continué de vous étrangler jusqu'à ce qu'il tombe dans les pommes, une rage capable de faire oublier tout le reste. Y compris la douleur. S'il s'avère capable d'utiliser le chakra, il pourrait devenir une arme dangereuse, expliqua patiemment Shiraka.
_ C'est vrai. Mais ça n'explique toujours pas pourquoi vous voulez que je lui enseigne.
_ Parce que je ne pense pas qu'un pur mahousard pourrait l'amener à servir sous les couleurs de Mahou. Il pourrait se montrer réfractaire devant un shinobi un peu trop nationaliste.
_ Du coup, on prend le traître.
_ Exactement. Ravi que vous compreniez ça.

Chihousou s'apprêta à rétorquer mais le sourire de la, relativement, jeune femme lui indiqua qu'aucune discussion n'était tolérée et il préféra se taire. Une espèce d'instinct de survie longtemps oublié. Du coup, il réfléchissait en espérant pouvoir trouver un échappatoire.

_ Euh...
_ Ne vous inquiétez pas, vous vous occuperait de lui le temps qu'il acquiert quelques bases. Vous êtes bien doué dans le maniement du chakra? Ça ne devrait pas être trop dur pour un homme de votre qualité, non?
_ Combien de temps?
_ Disons que si vous le laissez à lui même avant qu'il puisse faire une mission sans être un boulet alors vous continuerait de vous le coltiner.

Encore ce sourire. Il abandonna et s’apprêta à sortir en grommelant un « Compris, au revoir » quand elle le rappela.

_ Concernant notre autre affaire…

L’intérêt de Chihousou se réveilla à l’instant où le cortex cérébral du jeune homme fit le rapprochement avec des évènements qui avaient eut lieu quelques temps plus tôt et en rapport avec des cartons.

_ Oui ?
_ Ca commence ce soir.
Chihousou
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Message par Oboro 20/11/2012, 20:06

Candidate n°86 : Oboro Ashikaga
Veuillez procéder jusqu'à la file d'attente...


-Appellez moi "Muromachi", s’il vous plait.
-C’est pas ce qu’il y a écrit.
-Nom de clan, nom d’usage, indiqua simplement la jeune demoiselle. C'est sur ma fiche.
-Truc de mahousards, hein? Tcheuh. D'accord, allez-y.
-Heu, donc c’est bon, je suis retenue?
-Procédez jusqu’à la file, pas besoin de poser de questions.
-‘Kay.
-Et… vous pouvez remballer votre ménagerie. Vous n’en aurez plus besoin.
-Oh, bien sûr, s’empressa d’ajouter la genin. Mais ils sont adorables, hein? J’peux en garder un avec moi, quand même?
-Si ça vous chante, déclara le bonhomme grisonnant, blasé de voir circuler des midinettes surexcitées depuis des heures.

Tout s’était très bien passé jusque là. Oboro n’avait pas employé ses oiseaux au hasard. Bien sûr, une guerrière armée de haches et d’étoiles aussi larges que le tronc d’un ours, ça faisait tâche dans un concours où les participantes se devaient d’être gracieuses et élégantes. Mais quand on l’entourait d’une troupe d’adorables animaux à plumes, la brute épaisse se transformait instantanément en une kunoichi modèle lors des démonstrations qu’on lui avait demandé d’effectuer.

Malgré tout, elle congédia ses cinq acolytes, les gratifiant chacun d’une bise tout en se frottant à leur agréable plumage dans la foulée.

-Donc mademoiselle, lui demanda une petite vieille à chignon qui conduisait la dernière épreuve des entretiens préliminaires, en tête à tête. Qu’est-ce qui vous a décidé à tenter votre chance ici? A part les bons d’achats, s’il vous plait...
-Ah oui, eh bien… perspectives de carrières, progression, visibilité et la chance de participer à des missions spéciales? J’aimerais beaucoup pouvoir…

Et ainsi commençait l’exposé préformaté de la guerrière.
Oboro espérait indiquer qu’elle s’était très bien informée sur le sujet, et qu’elle savait où elle se dirigeait, histoire de pouvoir grappiller tous les bons points qu’elle pouvait. C’était basé sur du solide, selon elle : en tant que ninja, elle avait la tête sur les épaules tout en constituant l’une des plus vastes forces de destructions que les arts shinobi pouvaient produire, de par son ganseki. Dans la foulée, elle pouvait également chercher à prouver, comme tant d’autres qui en avaient souffert au même titre qu’elle, qu’on pouvait très bien être gracieuse et mignonne comme tout même -et en particulier- lorsque l’on fracassait furieusement la tête d’un adversaire sur le premier pan de bitume qui se présentait.

Sans compter que les égéries étaient régulièrement des adeptes du ninjutsu, ou des illusionnistes particulièrement portées (ou portés, selon le niveau d’expertise) sur l’esthétisme de leurs chimères. Les brutes n’avaient guère que certains disciples du bukijutsu (« gamines avec des sabres ») exceptionnellement du juken pour porter leurs couleurs.

Muromachi n’était que la cinquième bourrine à vouloir protéger les intérêts de ses paires, pour l’examinatrice. Un ressort un peu trop cliché à son goût.

-Je vois… et dans votre présentation, vous dîtes continuer à suivre des cours à l’académie?
-Ah oui, eh bien…
-Veillez à faire attention. Vous commencez toutes vos phrases par « Ah oui, eh bien »…
-Ah oui, eh… eeerh… désolé. Arf. Désolée.
-Ne soyez pas si nerveuse. Continuez?
-Eh b… tant que je suis genin, puisque j’en ai l’opportunité, autant en profiter. Les cours de l’académie, je veux dire. Enfin, même après ma promotion, je continuerais, en fait, j’ai déjà ma dérogation. Même si pour le moment, c’est des cours par correspondance, puisque l’on a pas d’académie ou d’infrastructure adaptée à cela par ici…
-L’intitulé n’a pas l’air d’avoir grand-chose avec les arts ninjas… je veux dire, physique et mécanique?, s’interrogea l’examinatrice qui décida de mieux conduire l’entretien face à une candidate qui perdait ses repères.
-C’est pour mes jutsu, sourit la genin. Techniques de projectiles. Un peu comme les cours de médecine donnés à ceux qui veulent jouer aux assassins. Comme j’envoie du lourd, c’est assez utile, mentit-elle à moitié.

Muromachi peinait à ne pas avoir l’air trop contente, inconsciente de ses balbutiements partiels. La petite vieille était entrée dans son jeu. Même si Oboro était essentiellement une brute violente et susceptible, elle n’avait qu’à prendre sur elle pour montrer son coté plus éduqué, qu’elle avait montré à Akhen quelques jours plus tôt.

Et face à cette petite vieille, il suffisait de se mettre à son avantage, sans vraiment mentir, mais en ajustant légèrement la réalité. Pas besoin d’indiquer que ça n’était pas la première raison pour laquelle elle s’intéressait à cela, après tout. Elle n’avait qu’à jouer aux kunoichi modèles devant cette ancêtre… et ceux de son clan.

-Je vois, je vois… eh bien mademoiselle, je pense que vous allez pouvoir rester avec nous encore un peu.
-Bwhuhuh… euh… merci.
-Veuillez procéder jusqu’à cette petite salle, là-bas, indiqua-t-elle en lui tendant un coupon plastifié. Nous vous appellerons toutes ensemble pour procéder à l’explication de la prochaine épreuve.
-On va défiler sur l’estrade?
-Je ne crois pas, non.
-Deathmatch des maillots de bain?
-Nous ne sommes pas ce genre de conc…
allez-y, tout simplement.

Après avoir remercié pour la troisième fois son interlocutrice, la mahousarde se dirigea donc vers ce qui faisait vaguement office de coulisses, un genre de boîte improvisée à l’aide de rideaux et adossée à une estrade de fortune, dressée sur un petit terrain de combat réaménagé pour l’occasion. Peut-être allaient-elles devoir procéder à quelques démonstrations supplémentaires, songea Oboro.

Vaguement blasée, elle dévisagea brièvement chacune des… trente, quarante filles déjà récupérées pour passer à la suite de l’évènement. Au simple vestimentaire, la majorité lui donnait l’impression de puer le ninjutsu de soutien, les tenues pratiques étaient pratiquement inexistantes dans l’assemblée. D’un autre coté, elle-même portait une jupe on ne pouvait plus féminine, son taijutsu ne devant son salut qu’au short discrètement enfilé par en-dessous.

Une bourrine sérieuse, ça n’exhibait pas sa lingerie au premier coup de pied. Au contraire, ça se donnait les moyens d’écrabouiller confortablement qui de droit. Si jamais on lui demandait de participer à un combat, la genin se ferait un plaisir d’obtempérer.

Alors, calmement, elle se dirigea vers une chaise abandonnée dans un coin de la petite salle d’attente, qu’elle trouvait davantage étroite que petite compte tenu du nombre de participantes qui tenaient là dedans. La plupart s’étaient installées autour des tables dressées ça et là, mais la genin préféra aller se concentrer seule, passant en revue des éléments aussi importants que l’état de ses ongles avec une rigueur quasie-militaire.

Tout allait bien se passer. Le public commençait à s’assembler, les examinateurs les appelleraient, et elle n’aurait plus qu’à leur montrer ce qu’elle avait dans le ventre.

Du moins, c’était ce qui aurait du se passer. Mais Muromachi venait de retrouver une excellente raison de s’énerver au-delà de toute raison.
Une jeune femme que vous reconnaîtrez peut-être, pour l'avoir préalablement croisée au sein d'un récit d'Ujiwaru.

Une jeune femme qu'Oboro reconnaissait aisément, pour l'avoir côtoyée pendant une demi-douzaine d'année avant d'avoir été contrainte à la supporter, au long de quelques années de plus.

C’était une petite rouquine de mahou, au corps élancé et visiblement athlétique, qui s’était pour ce jour vêtue de manière à produire un certain effet sur la gent masculine. A ses cotés, un félin, d’une espèce évidemment exotique dont on ne pouvait guère deviner l’exacte origine.

Quelques semaines plus tôt, elle avait participé à la défense chaotique d’un entrepôt de médicaments attaqué par des barbares dépenaillés, dont elle n’avait pas retenu grand-chose si ça n’est qu’ils étaient bien plus tranquilles une fois taillés en pièces.

Aujourd’hui, elle cherchait bien sûr la même chose que ses rivales: des bons de réduction, une bonne dose de cajoleries pour son amour-propre, et peut être même un titre qui lui faciliterait l’année à venir en tant qu’égérie.

Les deux jeunes femmes se bousculèrent par accident, sans s’être remarquées, au détour d’une table placée au beau milieu de la salle d’attente. Alors qu’elles allaient s’excuser mutuellement, elles finirent par se reconnaître, et adoptèrent immédiatement une attitude d’hostilité envers l’autre.

On pouvait abhorrer silencieusement un ennemi, et rester calme en sa présence lorsque cela était nécessaire. Une boule de nerf pouvait bien sur se loger confortablement dans la nuque d’Oboro en pareilles occasions, et faire des petits jusqu’à la crisper entièrement, mais elle pouvait encore se retenir de toute inconvenance lorsque la situation l’exigeait.
Mais lorsqu’il s’agissait de croiser le chemin d’une diabolique traîtresse, la réaction était épidermique. Elle en avait déjà la chair de poule, et les deux participantes devinrent bien rapidement incontrôlables, en particulier lorsque les concernées étaient confinées dans une file d’attente aussi étroite.

-Tieeens, qu’est-ce que tu fous là, toi?, commença Oboro du tac-au-tac. -Ca pour une surprise… Obourrine dans un concours de beauté. Je peux rire?
-S’mort, le concours Kunoi-chierie, c’est pas ici. Dé-ga-ge, tu t’es plantée de coin.
-Genre, parce que toi t’as réussi à entrer avec tes trois mètres de haut? Je savais pas qu’ils recrutaient des girafes, sinon j’aurais perdu mon temps ailleurs. Tu crois que tu survis jusqu’à la fin? Honnêtement?
-Et toi alors?, s’énerva rapidement la jeune femme. Entre ta taille de crevette et ta gueule de gamine, tu crois que tu vas faire long feu?
-T’as tabassé qui pour qu’on te laisse passer? Après les mômes, tu t’en prends aux petites vieilles, maintenant?
-Quand tu parles de môme, tu parles de toi? Franco, c’est dans la catég’ treize-quinze ans que t’aurais du plancher, ma pauvre.

Azuchi avait beau mesurer une quarantaine de centimètres de moins qu'Oboro, elle ne se laissait aucunement impressionner par la brute qui lui faisait face. C'était hors de question. Sans compter qu’elle était au moins aussi dangereuse, après tout. Et aussi bruyante.

Déjà, elles commençaient à attirer l’attention.

Ce dont elles ne voulaient pas vraiment. Au sein des murmures naissant, le deux kunoichis se toisèrent encore un moment, avant de partir chacune de leur coté, mugissantes et très vaguement raisonnables. Pas la peine de tout ruiner pour si peu.

Dans la file exigue qui s’était formée, cela correspondait néanmoins à une poignée de mètres. Tout au plus pouvaient elles se permettre de ne pas croiser le regard de l’autre.

-Bah.
-Ouais, c’est ça.
-Va te faire voir.
-Hors de ma vue.
-Dégage.
-Bon débarras.
-…
-…


Toutefois, la mauvaise humeur d’Oboro fut telle qu’elle ne porta pas grande attention à son environnement. A force, elle finit par se cogner violemment le crane contre un rebord traître, ce qui l’enragea d’autant plus que plusieurs rires amusés surgirent un peu partout autour d’elle.

-T’as un problème, cocotte?, gronda-t-elle sur la première venue.
-Non, non, rien du tout.
-Alors tu mouftes pas, et idem pour les autres truies. C’est franchement pas l’moment.
-Toi t’en as un, en tout cas, rigola la rouquine en oubliant son vœu de silence.
-Ah ouais?
-Nan mais sérieux… c’est exactement ça, quoi, t’arriveras franchement jamais à finir avec ta tronche d’autruche. Vous êtes pas d’accord, les autres?

Cette fois, les rires redoublèrent avec d’autant plus de spontanéité que le sujet de la pique apparaissait comme peu désirable dans l’assemblée.

-Venant d’une gnome, j’prends ça pour un compliment, ou bien?
-Chuis même pas la plus petite du coin, j’te signale. Alors que toi…

Oboro ne fit pas spécialement attention à l’insulte fort peu originale qui lui fut adressée. Si ses oreilles avaient pris cette délicate teinte cramoisie qui lui tapissait progressivement les joues, c’était essentiellement à cause des moqueries généralisées qui se répandaient maintenant tout autour d’elle.

Etouffant des larmes qui ne naquirent jamais, elle consacra son énergie à se faire plus hargneuse que jamais.

-Ah ouais? Et si je dis au jury toutes les crasses que t’as dans ton linge, tu crois qu’ils te garderaient? Ca la foutrait mal, pour une miss, d’être dénoncée comme…
-Ha! Le jour où toi tu pourras me faire du chantage, nan mais t’es sérieuse?
-PUTAIN VOILA CA RECOMMENCE, J’ETAIS SUPER ET TU TE POINTES POUR TOUT FOUTRE EN L’AIR!
-C’est pas du tout de ma faute si t’es assez conne pour penser qu’un poireau hypertrophié peut foutre quoi que ce…
-ET TES TETONS DE GAMINE, TU CROIS QU’ILS VONT T’AMENER OU AU JUSTE !?
-…
-…
-Ooooh, donc tu veux qu'on se la fasse comme ça, autruche?
-Parce que tu me fais peur, peut être?

L'exhibition n'allait pas tarder à virer à la foire. Les deux jeunes femmes se toisèrent longuement, la respiration haletante, chacune d'elle tremblant d'aversion envers l'autre. Elles commençaient à hurler, ce qui avait eu son effet sur les autres concurrentes, qui s’étaient écartées avec prudence des mégères en action. Pourtant, c’étaient à elles que s’adressaient les deux mahousardes, qui comptaient bien démolir publiquement leur ennemie.

-Oboro faisait 1m75, à treize ans!
-Vous voyez ses tâches de rousseur? Avant, c'était que des boutons d'acné!
-Ouais, bin en a encore dans le dos!
-Fume comme une cheminée, c'te carne!
-Elle fume aussi!
-Seulement en soirée, ça compte pas!
-C'était la brute de l'école, à l'aca'!
-Elle est sortie avec une vingtaine de mecs en deux ans!
-T’en as jamais eu et tu causes?!
-C'est une fausse rousse, elle se teint les cheveux!
-Elle s’est fait percer le nombril pour y mettre de la quincaillerie de gamine!
-L'est bigleuse, et porte des lentilles parce qu'elle a honte d'avoir des lunettes!
-En parlant de ça, son oeil gauche est plus haut que l'autre!
-Et elle a des bourrelets aux hanches!
-Ses pets sont atomiques!
-L'a de gros orteils!

Comme attendu, la situation dégénéra rapidement, les deux guerrières s’échangeant déjà des bousculades et s’empoignant à quelques reprises avant de renoncer, excédées. A une vingtaine de mètres de là, cependant, le public de curieux qui faisait face à l’estrade où se déroulerait l’étape suivante était parcouru d’interrogations diverses.

Ils entendaient tout.
Et ne comprenaient rien.

Certains membres du jury, inquiets, se levèrent rapidement, craignant un énième scénario catastrophe initié par deux concurrentes jalouses qui parviendraient à mettre le feu au stand et menacer la pérennité de l’évènement, une fois encore. Ces concours, où les participantes étaient presque toutes dotées d’aptitudes dangereusement collatérales, présentaient annuellement leurs lots d’accident, bien sûr. On n’exacerbait pas la rivalité de kunoichi sans prendre de risques.

En l’occurrence, heureusement, ils furent presque déçus de se retrouver face à une querelle de ce genre.

-Eh vous savez quoi, Azuchi collectionne les comics!
-Elle lit des romans à l'eau de rose!
-T'as déjà des cheveux blancs!
-Elle chante sous la douche!
-Elle s'est déjà cosplay en Bunny-Girl!
-Mais genre! Tu l'as fais plus souvent que moi, j'te signale!
-C'te pimbèche a essayé des gélules aux plantes pour faire grossir ses nibards!
-Quoi !? C’est toi qui me les as refilé!
-Parce que visiblement, j’en ai pas eu besoin bien longtemps, hein, hein?
-Elle fait des heures et des heures de sauna pour pas ressembler à Hulk!
-Ouais mais moi ça marche, alors que toi...

Au bout de deux longues et impressionnantes minutes, pourtant, les deux mahousardes finirent par tomber à court de dossiers calomniateurs... mineurs. Mais sûrement pas à bout de souffle. Et aucune d'elles n'avait eu le mauvais goût d'aborder les gros sujets qui fâchaient vraiment... même si elle y pensaient sérieusement. Hanaerobi fut la première à se lancer dedans, murmurant entre ses dents.

-Et maintenant, tu la boucles et tu te couches, sinon je leur raconte comment t'as failli te faire virer de l'aca' avec un coup de pied au cul quand ils ont comprit pour la dizaine de baltringues.
-Aaaah? Okay, pépète. Fais ça, et moi j'leur parle de ta putain d'IVG dans les détails. Vas-y, vas-y, j'attends que ton autorisation...
-Bâtarde. T'es merdique à ce point?
-Tu veux voir?


Les deux miss se jaugèrent un instant du regard, les yeux emplis d'aversion pour l'autre. Chacune pouvait descendre l'autre au raz des pâquerettes, mais mourrait de honte si elle s'y hasardait tant la représaille pouvait être féroce. Cela restait extrêmement tentant, et pourtant...

Au final, elles en revinrent à de meilleures dispositions. Mais elles n'étaient encore pas à bout de souffle... ni à cours d'imagination.

-Girafe!
-P'tits nénés!
-Grande perche!
-Gourdasse!
-Gorille!
-Pôv' pouf!
-Hurensohn!
-Hija de saura!
-Nutte!
-Pendeja!
-J'ai plus de portes que toi!
-J't'enterre quand tu veux!

Et ainsi de suite. Cela aurait pu durer longtemps. De l’avis de tous, c'était d'ailleurs déjà le cas.
Mais cette journée devait être consacrée au mythe de la kunoichi idéale de K.O real, pas au piètre spectacle de deux ados attardées et en rogne qui se crachaient au visage. Aussi le président du jury décida d'intervenir. Il parcouru la distance le séparant de l'estrade en un instant, se rapprocha des rageuses d'un bond, et amplifia sa voix au chakra pour faire bonne mesure.

-MESDEMOISELLES! Un peu de calme s'il vous plait. Si vous avez un différent à régler, merci de le faire proprement, pas en vous hurlant dessus comme des sauvages.
-‘Tain. Toi, tu vas voir ce que tu…
-C’est TA faute, zut!
-Nan mais t’as…

-Puisque vous êtes maintenant toutes deux disqualifiées, avec mention, je vous invite à quitter les lieux. Sur le champ.

L'espace d'un instant, Muromachi se sentit d'aller lui broyer la face: quand elle hurlait sur quelqu'un, la moindre des choses était de la laisser s'étaler à son aise.
Pour autant, elle réfléchit un instant. Il venait de dire un truc très intelligent, en fait.
Après tout, elles avaient une multitude de terrains d'entraînement à leur disposition pour régler ça, et les stands de l’évènement n’avait pas encore réussi à tous les couvrir. Certains étaient même discrètement utilisés par des habitués du gymnase.

-Ouais l'a raison, ramène toi, je vais t'exploser!
-Avec plaisir, chieuse de mes deux!
-Ah non, je... enfin. Ce n'est pas ce que je voulais... mesdemoiselles, s’il vous plait…

L'homme s'en voulu un instant, puis entreprit de calmer les kunoichi. Elles avaient déjà sauté de l'estrade en fulminant, côte à côte afin de se surveiller mutuellement, et se dirigeaient rapidement vers l'un des terrains d'entraînement. Personne dans l'assemblée ne fit mine de les retenir, à part le président qui les suivait en avalant la longueur en ayant pourtant l'air de marcher lentement. Elles au contraire faisaient sentir leur hargne à chacun de leurs pas, martelant le sol comme elles l'auraient fait du visage de l'autre.

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Message par Oboro 24/11/2012, 16:28


Nazuchi. J'allais écrabouiller sa face, zigouiller son pif, exploser sa tronche, démolir son portrait, ruiner sa pomme, et...

-Voyons, s'il vous plaît. Calmez-vous...

Pauvre entraîneur. Il faisait com~plè~te~ment pitié. En fin de compte, il se contenta de regarder, la queue entre les jambes. Il s'était même retenu de nous faire promettre d'y aller doucement, se disant qu'il ne pourrait pas nous retenir de toute manière. Et que ses talents de shinobi médecin seraient à même de colmater les dégâts que deux furies ayant totalement pété les plombs allaient s'infliger.

On allait faire ça proprement, après tout. Pas en se battant comme des chiffonnières.

Bin voyons.
Va chier, bonhomme.

Jamais il n'aurait imaginé qu'il avait deux adeptes du ganseki en face de lui. Sa collègue, qui au contraire avait conduit chacun de nos entretiens, avait hâte de voir la technique à l’œuvre. Surtout l'une en face de l'autre.

Cela promettait d'être particulièrement intéressant, à son goût.

Vieille dingue malsaine.
Elle avait une tronche de sale carne, malgré ses airs de petite vieille couvante. Et maintenant que j’étais hors-concours, j’pouvais bien lui chier dessus tout ce que je voulais rager, non?

-Quelles sont les règles?
-Tous les coups sont permis, proposais-je.
-N'importe quelle arme, n'importe quel art, okay. Margay!

Le félin bailla un bon coup, et s'élança à la suite de sa propriétaire. Gaffe, quand même: ça n'était pas juste un matou. C'était un matou arboricole. Et un kan, accessoirement.
Et vraiment pas juste un matou: plutôt une saloperie de boule de poils qui se prenait pour un écureuil volant, avait plusieurs ceintures de tae kwen do, et surtout deux années de ganseki à son actif. Au moins deux, si c’est pas plus comme sa mini cheftaine.

Mais ça n'était pas un problème, depuis le temps. J'avais assez de matos pour préparer le coup. La boule de poil, j’allais lui lacérer le fion d’un bon coup de choupine.

Du moins, j’aurais du. L’abitre m’intercepta avant même que je ne puis les brandir.

-Kwaaa? J'peux pas prendre mes haches? Mes choupines, m’enfin!
-Exactement, je refuse qu’un outil aussi dangereux soit utilisé aujourd’hui… pourquoi ce combat, déjà?
-Une démonstration pour montrer ce que peuvent faire des filles qui ne réussiront même pas à passer les préliminaires
, lui souffla la vieille en confirmant qu’on venait de se court-circuiter la carrière de shinobi-mannequin. Imagine ce que les gens vont imaginer de celle qui gagnera le concours?
-J’aime moyen…
-Laisse faire, fais moi confiance.

-Putain vous vous foutez de moi!? Ce truc a des griffes et hésitera pas à me charcuter la barbaque avec, couill...
-J'ai dis non, asséna-t-il fermement.

Il n'était visiblement pas le seul de cet avis. Un guignol qui se tenait jusque là en retrait exécuta quelques mudras, et mes deux armes s'élevèrent paresseusement en l'air. Lentement, mais sûrement: j'avais beau les garder en main, je ne pouvais pas les freiner, et du les lâcher lorsque je commençais à être tractée, soulevée avec elles.

Emmerdée, je gigotais le reste de mon équipement amarré à ma ceinture, en prenant soin de ne pas leur montrer le plus gros du matos non plus. Pas folle.

-Bon, ça j'peux ou bien j'ai vraiment droit à rien et j'dois me foutre à poil pour pouvoir commencer?

Personne ne releva, bien sûr.




Alors je coupais court et balançais directement un poignard sur Nazuchi. Cette crevure bondit en arrière, surprise, mais parvint à l'éviter.

-ENFLURE!
-Boah, tu l'as évité. Même pas marrant.

Tant pis. Mais bien essayé, hein.

-On a même pas commencé et tu cheates déjà?
-Ta peluche, qu’est ce qu’elle fout derrière moi si on a pas commencé, exactement?
-Elle est pas derrière toi, idiote.
-Ben voyons. Elle est…
-MARGAY ATTAQUE!

Pas derrière, nan. Je venais tout juste de me retourner pour vérifier, et la bestiole fourrée entre mes pattes parvint à me faire trébucher malgré sa dizaine de kilos tout fripons.

Sûrement pas contente de s’en arrêter là, la boule de poil entreprit de me grimper dessus toutes griffes déployées, ruinant mon pull plus qu’autre chose dans la foulée avant de se faire choper par la queue et fracassée au loin.

-Putain commence pas, toi. Couché, le chat.

Nazuchi avait toujours été une brute, donc je n’avais pas grand-chose à craindre au delà des attaques en sandwich. Coup de bol, elle gérait trop mal son matou qui ne tenait jamais la moitié d’un combat, en général.

Et une fois hors jeu, tout pour elle se résumait grosso-modo à foncer dans le tas en bardant comme une malade.

Si ça la bottait, tant mieux, je fonctionnais très bien comme ça. Il ne me fallut qu’un instant pour invoquer un manchot à bout de bras et l’expédier au plafond: à l’instant où elle me tomba dessus, j’avais déjà empoigné mes éventails, rétractés dans un genre de coutellerie aiguisée.

Elle entama tout de même son approche, pas contrariée pour un sou, se tordit à trois reprises pour éviter mes coups, et tenta même de me grimper sur le dos, secondée par son Margay qui en fit de même au niveau des cuisses (ma jupe, putain. Heureusement que y’a le short dessous).

Prise en sandwich, ça flairait le jutsu… et le chakra, surtout.

-Et maintenant…
-C’est mort poulette, tu vires!

Il me suffit de hurler au manchot de rameuter ses plumes du plafond pour qu’elle bondisse en arrière, inconsciente de la feinte. L’oiseau qui jouait les chauves-souris savait que si je ne lui donnais pas cet ordre avec mes éventails déployés, alors c’était du vent. Ici rétractés, ça n’était qu’un piège à pigeon pour gratter des secondes, invoquer trois autres piafs d’un coup, et armer un de mes parchemins que j’envoyais en l’air.

Voulant m’interrompre, Nazuchi infusa subitement du chakra dans ses doigts. Classique chez elle, j’attendais le coup. Alors qu'elle était à mi chemin de griffer le vide, je m'écartais d'une ruée en arrière, effectuant une roue. L'air cingla du fait des cinq lacérations qui claquèrent dans le vide. La miss siffla son mécontentement: pour la énième fois, mon esquive l'avait devancée.

-Nan mais genre, commençais-je, j’me suis pas faite assez fouettée par ta merde pour continuer à laisser les coups venir?
-Oooh, t’as acheté un cerveau depuis la dernière fois?
-Comme si t’étais bien plac…

Survint alors une claque phénoménale qui me démolit la tronche, que je n’avais absolument pas carrée même après coup. Le jutsu qu’elle avait utilisé auparavant, c’était un genre d’onde de choc qui prolongeait ses doigts, à la manière d’un fouet à plusieurs lanières. Ici, elle avait grosso-modo fait la même chose avec ses cheveux, dans la foulée de l’attaque précédente. Il lui avait suffit de pivoter un peu plus que nécessaire dans son esquive pour caser ça. Etalée au sol, les larmes naissantes, je restai aveugle quinze bonnes secondes avant de me relever d’un coup.

-PUTAIN MAIS CA ARRACHE, T’ES DINGUE?
-T’aimes ça, hein?
-OOORRHHHGMMMBFRBLL…
- P’tite maso, j’le savais. Bin alors, tu t’éloignes?
-J’VEUX MES HACHES! ARBITRE A LA CON, MOI AUSSI J’AI LE DROIT DE LUI RAFLER LA GUEULE! MES HACHES!

Aucune réponse ne sortit du concerné, mais l’anonyme qui faisait léviter mes choupines préférées s’arrangea pour les faire aller paresser dans un coin de la salle, me signifiant clairement que non, c’était mort. Alors, je jurai un bon coup, et refit face à l’odieuse pouf’ qui allait ronfler sec très prochainement. Récupérant une posture convenable, je récupérais mes dernières choupines en date, le duo d’éventails crénelés avec lesquelles j’avais élaboré quelques tactiques spéciales. Tournant autour de mon adversaire, je commençais à les manipuler comme convenu auparavant.

Trois fois rétractés, trois fois dépliés. Le signe mis au point avec les manchots pour leur signifier discrètement que l’agent chauve-souris pouvait maintenant jouer les bombardiers. Une attaque double qui avait fait ses preuves sur du clampin de mafieux, et qui maintenant…

Trois fois rétractés, trois fois dépliés.

Encore.

Et encore. Ca faisait neuf.

Ne me restait plus qu’à attendre que le crétin d’en haut se rende compte de ce que je faisais. Bordel que je devais avoir l’air conne, à tripatouiller comme ça avec mes éventails.

‘Tain, ça dort, là haut?

-Tu t’es mis au nin, et t’utilises des mudras, ou bien?, questionna la rousse, méfiante.
-Ca te la foutrait mal, un katon dans la gueule, hein?
-…
-Ca ne va pas durer longtemps, t’inquiètes. Chierie de piaf, tu bouges oui? Putain, dîtes moi pas qu’il a oublié…
-T’as enfin tourné la page du ganseki et passé à autre chose? Quoi que ça soit, tu pourras pas y être aussi nulle, t’inquiètes.
-Toi tu t’es pas faite emplafonnée depuis un bail, hein? On va régler ça…
-T’es juste une vache de corrida, j’ai pas grand-chose à…
-Eh oh, les manchots, regardez-moi!?, criais-je à leur attention.
-Les manchots. En parlant d’eux, c’est une blague ou bien?, demanda-t-elle en jetant un œil au petit groupe.

Vu qu’elle n’allait pas approcher, et qu’elle n’était pas du genre à pouvoir débouler en mode sournoise, je risquais un regard sur les trois autres manchots. Invoqués plus tôt pour me servir à encadrer la gnome et me servir les projos, ils avaient étés pris en mire par la boule de fourrure de Nazuchi, et étaient maintenant en train de lutter pour ne pas se faire saborder par le kan. Etrangement, ils tenaient le coup, même si ça manquait de classe.

Aucun prob, calculais-je tranquillement. Le félin était probablement mille fois plus dangereux qu’eux. Si me passer des oiseaux m’épargnait le matou, je signais complètement.

Surtout vu comment ils étaient aussi cons, ces piafs. C’était carrément pas le moment de merder la coord’, zut.

-PUTAIN MAIS TU FOUS QUOI LA HAUT? PLAN B, GRENUCHE, GROUILLE TES FESSES!

Et alors là… tout partit encore en vrille.

Le manchot interpellé sursauta, ce qui n’était franchement pas la meilleure chose à faire vu sa position. Un peu plus tôt, j’avais expédié au plafond six kunai, rendus adhésif avec un peu de chakra, qu’il était allé récupérer discrètement. Là maintenant, il était censé les balancer les uns après les autres avant de se laisser tomber lui-même, pendant que je faisais de même tout en préparant une plus grosse surprise.

Et au lieu de ça, cette flambuche sursauta de surprise, tombant net d’un coup avec tous mes projectiles et foirant magistralement mon propre tempo. Sans la moindre pitié, Azuchi le renvoya au plafond d’un coup de pied retourné dans le bec, esquivant au passage la plupart des armes.

Tant pis pour ta gueule, t’avais qu’à activer ton cerveau, ‘bruti de piaf.

Etrangement, le coup ne fut pas tant foiré que ça. Elle ne parvint pas à parer tous les projectiles, et du se contorsionner bizarrement pour passer au travers. Même ainsi, une des armes la cingla au flanc, légèrement mais toujours à prendre. Elle chuta à moitié, atterrit sur le coté, puis rampa un peu avant de se relever.

Suffisamment tôt pour pouvoir me débouler dessus. Avant même que mon piaf foire sa manip’, j’avais commencé à sortir l’artillerie lourde: une étoile géante qui allait labourer la moitié du terrain. Ca aurait du marcher peinard. Mais là, si mauvais timing, elle allait m’interrompre et ça allait virer à l’empoignade.

Mais il y avait encore de l’espoir, et du soulagement. Par on ne savait quel miracle de la vie, les trois autres manchots avaient pigé que ça allait tourner au vinaigre pour ma bonne poire. Alors que l’un d’eux se jeta sur la kan, les deux autres tentèrent de renverser Nazuchi, une tentative aussi lamentablement échouée qu’adorablement touchante. Méchamment rembarrés sur quelques mètres, ils réitérèrent la charge une nouvelle fois, avant d’avoir trop mal aux palmes pour vouloir tâter de ses baffes dans l’immédiat.

Mais même ainsi, ils adoptèrent tous la posture du Héron Enragé, connue pour son haut potentiel explosif (et hyper intimidante: on avait potassé l’option théâtre ensemble).
Voyant qu’ils ne bougeaient pas et que pas mal de chakra commençait à briller de mon coté, elle siffla de trouille en comprenant qu’elle m’avait oublié un peu trop longtemps.

Trop tard pour elle, j'étais en place. J'avais un Onaga d'armé, et avais déjà fait faire deux tours au shuriken géant. Elle n'eut même pas le temps de jacter que l’arme tronçonnait déjà le sol, chargeant dans sa direction. De justesse, elle parvint à l’éviter en se lançant sur le coté, et même comme ça son bras valdingua sourdement tandis que l’étoile ne plia pas un rond dans sa trajectoire.

Et le même bras qui aurait du être brisé fut celui qui me cueillit au visage lorsque je rappliquai. Atteinte à la pommette, je vacillais brièvement avant de relancer.

-‘Tain, t’es faîte en quoi?
-Souplesse. Pas le genre de truc qu’une vache peut comprendre.
-Tu sais ce qu’elle te dit, la vache?
-Olé!

Elle jeta son tronc sur le coté pour éviter de se faire érafler par un éventail déplié à l’improviste. Complètement penchée, elle n’avait aucun moyen d’esquiver le prochain coup… normalement.

Son matou décida alors de refaire surface, lacérant mes mollets par surprise pour me faire sursauter, les nerfs électrifiée de douleur.

Quant à l’autre, elle posa les deux mains au sol et commença un début de roue, repliant les jambes pour les positionner correctement à hauteur de mon corps.

Instinctivement, je m’apprêtais à parer le coup qui allait venir au niveau du bas ventre. Elle était beaucoup trop petite pour pouvoir m’atteindre au niveau du visage.
Normalement, à nouveau.


Allez savoir comment, une seconde plus tard j’étais en suspendue l’air, la tronche en feu et en train de me débattre pour empêcher le kan de me traîner dessus. Manquant de se faire crever sous ma poigne, la bestiole préféra abandonner le navire, tandis que je poignardais furieusement l’air en dessous de moi pour chasser l’autre furie qui n’était déjà plus là.

Elle avait remarqué le shuriken géant qui faisait des boucles dans la salle, partagée entre le sol, les murs et le plafond, et s’était écartée en anticipant la casse qu’elle risquait à traîner sur sa trajectoire.

Bah. Une fois au sol, je lui adressais le poignard que je tenais, et profitais d’un manchot-écuyer pour la mitrailler de projectiles. Pour ‘sûr, elle les esquiva tous, mais ses réflexes améliorés lui bouffaient du chakra, mine de rien.

Entre deux lancés de poids, j’envoyais un kunai au plafond, en direction de l’Onaga qui en était maintenant à son quatrième looping.

Forcément, ça la travailla. Elle savait que je ne cadrais pas mes tirs aussi mal que ça. Curieuse, elle vérifia si j'étais assez occupée et se retourna brièvement.

Pour se retrouver face à face avec la scie circulaire qu'elle avait évité un instant plus tôt.

Et elle cria. De la pure trouille.

Oh, joie. Franchement, même si je ne la voyais que de profil, la gueule horrifiée qu'elle tira à l'instant valait de l'or.

Et la gueule amochée qu'elle aurait du tirer aurait été en platine. Mais c'était sans compter sur Margay, la boule de poil haute comme trois pommes, qui s'élança sur le projectile. La bouillie de chaton fut évitée de peu, le kan activant in extremis son ganseki pour renverser l’arme. Il ne pu ouvrir qu'une porte, mais ce fut suffisant pour envoyer l'étoile Onaga à l'autre bout de la salle... et ne s'y briser que quelques os dans l'affaire.

-OUT! PRENDS CA DANS TA GUEULE, HA!

Le matou était hors jeu. Aux dernières nouvelles, ses neufs vies ne le mettaient pas à l’abri d’un passage chez le veto’.

-Tu te fais défoncer, poulette!

Nazuchi fonça vers l'animal bosqueté... puis réfléchit un instant et se retourna avant que je ne finisse de dégainer un autre couteau de lancer. Dommage.

Et mon arme, même pas amochée, fut vite recueillie par les trois manchots, qui s'empressèrent de la ramener à une distance raisonnable de mon bras.

-Ah-ah-ah! Et ça, c’est pas du bourrin bien ficelé, hein?
-…
-Seconde prise, ça te tente? Cette fois, c’est moi qui te larde la face, t’inquiètes.

Elle ne répondit pas, et se contenta de stabiliser sa posture. Son bras droit n’avait peut être –malheureusement- rien de cassé, mais il était encore bien sonné, au minimum. Elle tremblait. Au point tel que c’est de son autre main, non directrice, qu’elle fouilla laborieusement dans une sacoche, dont elle ressortit le poing fermé.

Lorsqu’elle le porta à son visage, je pus apercevoir un trio de pilules qu’elle s’enfourna avant de me jeter un regard, l’air mauvais. Sans fermer les yeux, je pus voir qu’elle écarta toutefois une bonne partie de son attention, tant son regard devenait vague… et son chakra qui, au contraire, commençait à s’agiter méchamment.

Grosse chiotte en approche.

-PAUSE, PAUSE, PAUSE!
-Qu’y a-t-il?
-Comment ça? Eh, vous avez vu ça? Dopage! C’t’une camée!
-…
-Faîtes quelque chose. C’est vous l’arbitre.
-Dopage. Et?
-Renvoyez-là parce que c’est d’la triche? J’peux pas la plomber si elle se fout sous acides, voyons.
-Bien sûr que non?, répondit mollement l’arbitre, blasé. Entre ninjas, toutes les armes sont valables, et l’usage de pilules est largement répandu, jeune femme.
-Uh?
-Parfaitement.
-Vraiment?
-Tout à fait.
-…
-…
-Et mes haches, alors?
-…
-Mes haches?, beuglais-je une nouvelle fois, offusquée.
-J’ai dis non…
-Mais merde quoi, c’est pas juste! Elle fait ce qu’elle veut et pas moi?
-Votre arme, là, indiqua-t-il en désignant l’étoile géante. Elle a failli aller dans le public…
-Meuh nan, j’ai calculé, bien sûr.
-Bin voyons…
-Je vous jure!, insistais-je. C’est de la géométrie, de la mécanique, de la balistique, point barre. Je sais ce que je fais, c’est tout sauf du pif…
-Ca s’appelle un Onaga, c’est ça?, interrompit l’arbitre, curieux.
-Tout à fait. Y’a que deux-trois forgerons qui font ces modèles, mais c’est du pur-sang mahousard bien lourd et bien solide…
-Onagas confisqués. Tout usage durant la suite de ce combat entraînera votre disqualification.
-QUOI QUOI QUOI?
-Trop dangereux pour la sécurité du public. Déjà que je ne sais même pas pourquoi ce combat à lieu…
-M’enfin c’est…
-Sans appel.
-CHIOTTES DE SAGUOIN, J’VOUS DIS QUE JE SAIS CE QUE JE FAIS!! QUAND J’VOUS PARLE DE PHYSIQUE, VOUS PENSEZ QUE CA SORT DE MON CUL?! J’ETUDIE TOUT CA A L’ACA’ EN INGENIERIE, ROGNURE DE FIROLLE DE MES DEUX!!
-Vous pouvez reprendre la session, indiqua l’arbitre à Nazuchi.
-ET MOI ALORS, VOUS M’ECOUTEZ?!
-Non.
-NAZUCHI, T’ES PASSEE DANS SON LIT OU QUOI, CREVURE!?

Elle ne fit absolument pas attention à ce qu’on avait dit. Je n’en avais aucune idée, mais les pilules qu’elle avait gobé étaient des sécurités, mises au point par un médecin de son entourage pour préparer un corps aux gros efforts. Un sacré paquet de taijutsu amochait méchamment la carcasse de leurs pratiquants, après tout. Et l’usage de jutsu lourds pouvait très bien handicaper un ninja sur plusieurs jours. Chacun pouvait y aller de sa petite cuisine, mais il était nécessaire de pouvoir colmater ça, à la longue.

Et tout ceci était d’autant plus vrai en ce qui concernait notre goken. Les gansekistes menaient la vie dure, même s’ils avaient aujourd’hui les moyens d’échapper à toute séquelle venant avec l’âge.

-Oooooh! Alors tu veux jouer à ça?, souris-je en reconnaissant cette aura bien spécifique.
-A ce rythme, ça va finir avant. Et y’a que ça qui te clouera le bec. Non?
-C’est vrai que ça aurait été dommage de s’en passer… okay poulette, ça va chier.

La principale raison pour laquelle Nazuchi et moi ne parvenions jamais à pourrir définitivement l’autre, c’était parce qu’à notre niveau, un duel de gansekiste tenait franchement à très peu de choses. J’étais plus forte et (infiniment) plus futée qu’elle, mais elle gérait mieux son chakra et avait une porte de plus: ça lui laissait une chance de caser un jutsu, contrairement à moi. Si on y rajoutait la multitude de petits paramètres bien volatils, ça se jouait systématiquement à qui prendrait la mauvaise décision.

Mais c’était tellement jouissif de tomber sur sa gueule quand elle se plantait que jamais je n’aurais fini ça d’une autre manière. Ca bardait tellement sec que c’était un régal.

-Pleine puissance, cocotte, si c'est ce que tu veux!
-T’es qu’une gorille. Moi, j’ai mieux, maintenant.
-Tu cours autant que tu veux, je te torpille.
-C’est ça, aboule tes grosses miches, j’vais t’arranger ça.

Chacune d'entre nous adopta sa position de top départ, héritée d'un temps où c'était sur les pistes de course que nous nous foutions régulièrement sur la gueule. Si la mienne était on ne peut plus règlementaire, Azu' avait au contraire adapté sa posture à son taijutsu, un truc bizarre à quatre pattes digne d'une obsédée des félins qui avait des airs de crapaud sur le qui-vive.

Nous savions toutes les deux que nous avions à tout casser quinze secondes pour choisir ce que l'on allait faire. Si l'une de nous tardait à balourder son ganseki, l'autre lui déboulerait dessus le plus violemment du monde, mettant fin à l'affaire. Cracher le jutsu trop tôt signifiait généralement un plantage, et l’autre savait parfaitement profiter des faux départs. Si nous nous rentrions dedans en mettant chacune plein pot dans le paquet, c'était moi qui remporterais la mise: elle avait beau maîtriser une-deux portes de plus, la différence de force en base était trop importante pour qu'elle me renverse... à moins de vouloir finir estropiée à perpet' en se zinguant la carrosserie, ce qui n'était pas dans ses plans. Même avec les pilules.

-A vos marques...

Si elle jouait sur ses portes pour maxer la durée de l'ouverture, elle pouvait tripler le ratio: dans le pire des cas, ça donnait six secondes pour moi, vingt pour elle. Je pouvais la rattraper, je pouvais la dégommer... ou me manger une mauvaise surprise et finir à plat. Même sans la boule de poils, Nazuchi pouvait bien me verser des horreurs basiques: une permut' pouvait faire des ravages, pour grignoter des secondes. D'un autre coté, elle était toujours limite sur le chakra, et n'avait peut être pas de quoi péter trois verrous en un instant.
Probablement pas.
Mais à voir la gueule de requin carnassier qu'elle tirait, ce pari avait vraiment une tronche de poker quitte-ou-double. J'allais peut être lui balancer un poignard dans l'buffet, pour vérifier. Jusque là, je me sentais d’entrouvrir la première porte, et d’arranger la seconde à plein régime, pour peu que j’arrivais effectivement à la faire sauter. Pas gagné.

-Prêêêêêêêêtes...

Okay. Ca allait chier grave.

Totalement.

Ca allait chier grave pour notre matricule. A nous deux, nous avions dégagé tellement de chakra que ça avait rameuté la quasi totalité des gonzesses et rares types qui flânaient, achetaient ou s'entraînaient encore dans le coin. Et les moins hagards d'entre eux s'étaient dit que nous laisser faire était une très mauvaise idée.

-BLUB!, hurlais-je, peu après qu'une colonne d'eau se soit matérialisée à mon niveau.

Un véritable concert de jutsu avait été employé pour m'empêcher d'aller lui ruiner la poire, et réciproquement. En plus de ma piscine miniature, j'avais droit à une bourrasque qui me fit vaciller (malgré l'eau? Très bonne question, justement: allez vous faire jacter, c'est pad'jeu), et un truc de gélatine bizarre me percuta sur le coté.

Azuchi avait eu droit à plusieurs couches d'entraves successives, tant physiques que mentales. Sous la pression, elle ne parvenait même plus à tenir droit et roulait de l'oeil. Ce bordel était d'autant plus étouffant que sous la surprise, aucune de nous deux n'avait réellement libéré son ganseki.

Et pour couronner le tout, un énorme filet de milles-pattes absolument répugnants nous séparait. Un autre genjutsu, ça. Cochonnerie urticante qui vous rentrait dans la gueule et les narines, si c'était pas sous les fringues, une merde d'illu' sournois et complètement tordu, nourri aux perversions d’ado attardé.

Répugnant. Hors de question qu’on laisse couler ça.

-KESS' VOUS FOUTEZ BANDE DE CONNARDS?
-Je n'arrive pas à y croire!
-RÉSISTANCE, BLAIREAUX, RÉSISTANCE!
-Vous n'aviez pas à intervenir!
-LE GANSEKI AMÉLIORE AUSSI LA RÉSISTANCE, PAS JUSTE LA FORCE!
-J'allais l'écraser, en plus!
-ON ALLAIT PAS S'ENTRETUER, ELLE N'EN VAUT CARRÉMENT PAS LA PEINE!
-Elle a une grande gueule, vous ne trouvez pas?!

Dans l'assemblée, les réactions furent... variées. Certains étaient confus, et prêts à venir bredouiller des excuses si l'occasion de le faire paisiblement se présentait. Un bon paquet se dirent que l'on était des chieuses folles à liées, point barre, et qu'ils feraient mieux de se tirer.

D'autres parvinrent quand même à remarquer que malgré ma grande gueule, j'avais mine de rien manqué de me noyer dans ma prison, d'où ma merveilleuse humeur à leur égard. Deux médecins envisagèrent de s'approcher, sans pour autant oser le faire dans l'immédiat. Ils n'avaient pas envie de se faire des ennemis dans l'assemblée, et on venait de s'afficher un peu trop.

Et puis... ils y avaient ceux qui s'attendaient à ce que l'on s'énerve pour de bon et qu'on leur rentre dedans, excédées et hors de nous. Ces mecs là n'étaient pas très loin de la vérité en ce qui me concernait, mais eurent la très mauvaise idée de rebalancer leurs entraves histoire de prévenir tout accident. Dans mon pays, ça s'appelait jeter de l'huile sur le feu, une forme de provoc' toujours très bien accueillie.

C'était vraiment une journée de merde.


J'évitai un blob de gélatine qui se forma dans le vide, et empoignai une dague pour la lancer en beuglant comme une tarée sur le fautif. Ils avaient pété les plombs, j'allais leur péter la gueule: c'était de la pure justice. Il parvint à éviter l'arme, mais fut cueilli aussi sec par le projectile suivant, un manchot qui se sentit complètement paumé. Le bonhomme tomba à la renverse sans demander son reste.

Headshot. Pigeon à terre. Manchot, aussi.

Mais d'autres avaient déjà commencé à réagir, et s'armèrent même contre Nazuchi qui n'avait rien bronché jusque là. Elle fit mine de ne rien vouloir faire, mais préféra quand même s'activer lorsque les genjutsuka commencèrent à gigoter des mudras: un jutsu débilitant, c'était aussi agréable qu'un litre de morphine en intraveineuse, et la pouffiasse avait déjà eu sa dose pour le mois à venir il y a un instant.

Pour ma pomme, je leur meuglais des insultes toujours plus exotiques. Trois types entreprirent de me ceinturer, mais une permut' et un coup de talon bien placé me remit à distance. Une nénette qui s'était jointe à la fête dégaina un truc à pointes, de très mauvais augure. Genre désosseur de bison pour professionnel du métier. Une vraie tarée.


Alors là, forcément, je me suis quand même dis que j'étais dans la merde.

D'un coté, j'étais survoltée et avais légèrement débordé, okay. Mais de l'autre, la foule avait largement pété les plombs, à nous attaquer gratuitement en continu. De la psychologie de masse en carton pâte, ça. N'empêche qu'une telle concentration de ninjas était carrément dangereuse.

Bref, tout ça aurait pu très mal tourner si la petite vieille ne s'était pas rapprochée. Celle qui m’avait eu en face durant l’entretien, et qui avait également assisté au combat juste par amour de l’art, qui consistait ici en un duel de gansekiste. Elle se plaça devant la psycho gensouarde armée de l'évideur à baleine, comme une fleur innocente dans un tas de fumier. Elle savait très bien qu'elle ne risquait rien. Même en rogne, une jeune demoiselle de bonne famille ne cognait pas sur les vieux, après tout: même moi, je pouvais torpiller des mômes en rigolant quand ils jouaient aux chieurs avec la baby-siteuse, mais pas des vieux.

Avec douceur, elle se colla à moi et me ceintura, dans une étreinte qui devait probablement signifier une mise au calme, avec un arrière goût de « tout va bien se passer ». Alors forcément, je réagis aussi. Machinalement, je la tapotais doucement dans le dos à mon tour, sans trop y croire pour autant. Elle devait m'arriver un peu plus haut que le nombril. C'était zarb', mais valait carrément mieux répondre favorablement à la mémé. Plus personne n'allait faire le moindre geste, maintenant: ils n'avaient pas envie d'être "les enflures de crevards qui prenaient le risque de blesser mémé".

Voyant qu’ils se calmaient tous, je lâchais aussitôt mon arme au sol, avant de passer l’autre bras autour de la mamie. Après un énorme silence prolongé, et un gros sourire gêné en ce qui me concernait, la foule finit par s’éclaircir un peu, pour nous laisser le passage. L’arbitre rejoint mamie, qui me prit par la main, et je fus tractée par ces deux membres du jury jusqu’à l’infirmerie du coin. On était dans un gymnase d’entraînement, après tout.



Dix minutes plus tard, un infirmier s’occupa de moi, et je finis de me passer la pommade qu’il m’avait refilé sur le visage. Quand Nazuchi m’avait fouetté la tronche, j’avais eu la joue en feu: maintenant, j’avais plus l’impression qu’un pan entier de ma face était prêt à se décoller. Heureusement, ils avaient un truc pour ça, aussi.

-Si j’ai un cocard, je te fais bouffer tes dents…

Elle ne répondit pas. Visiblement, elle aussi avait été secouée par la foule.

-‘Tain. Ils ont complètement pété les plombs. Flippant. Troupeau de ploucs bovidés.

Elle se tira sans dire un mot, ni un regard. Pas une grosse perte, j’avais l’habitude. Son matou, qui roupillait dans un paquet de couvertures, la rejoint d’un bond, et ils disparurent derrière la porte qui claqua sans entrain.

Okay, va chier.

Juste avant que je ne rejoigne moi aussi la sortie de l’infirmerie, une brise d’air chaud retint mon attention. Avec le souvenir du paquet de jutsu qui m’avait enterrée vivante moins de vingt minutes plus tôt, je me retournais, flairant le mauvais chakra à plein nez.

Et effectivement, ça sentait mauvais. Ca puait la vieille carne, même. Celle-ci venait d’apparaître d’un coup, une simple bourrasque tiède accompagnant le tour de magie.
Mauvais, tout ça.
D’accord, elle nous avait tiré des emmerdes avec son cinéma d’adorable petite mémère, mais… j’la sentais pas.

Et bien sûr, elle vint vers moi, avec une expression qui n’avait plus rien de bienveillant. J’avais déjà l’impression que cet énième petit coup de sang allait lui aussi me faire passer un seul quart d’heure… bah, tant que les darons l’apprennent pas, ça ira.

-Mademoiselle Muromachi, c’est bien ça? J’aimerais vous poser quelques questions. Si vous avez le temps.
-Eh bien… Naz… Azuchi vient de partir, donc...
-J’ai vu, oui. Un collègue à moi va s’en charger ultérieurement, ne vous en faîtes pas. Elle n’est toutefois pas encore exactement en état de répondre, au cas où vous n’avez pas remarqué…
-Eh bien… je… euuh…

‘Tain ‘tain ‘tain. Laisse moi partir. C’est bon, j’recommencerais pas.

Pas ici, en tout cas.

Steplait?

-C’est un bien piètre spectacle que vous venez de nous montrer, mademoiselle.
-Je sais, je sais, j’suis encore bien méchamment partie en vrille… désolée…
-Et j’ai cru comprendre que vous n’en étiez pas à votre premier… coup de sang?
-Quelque chose comme ça… encore désolée.
-Vous m’avez pourtant dit que vous vouliez accomplir de belles choses, parmi nous.
-Humpf... j'ai du raconter un peu trop de conneries, tout à l'heure.
-Je pense que vous étiez sincère. Il faudra simplement que vous appreniez à trouver les personnes capables de vous cadrer, à l’avenir.

Fiorure de bonne femme. Qu’eeeest ce que c’est que c’est conneries, maintenant?

-…
-Ne soyez pas si tendue. Si vous préférez, nous pouvons remettre cet entretien à plus tard. Ca ne prendra pas bien longtemps, de toute manière.
-Un entretien?
-Quelque chose comme ça.
-Et… ça serait à propos de quoi, exactement?
-Rien de bien méchant. Un ami à moi dispose d’un poste qui pourrait vous rendre service… quoi que vous vouliez faire. Si vous nous rendez service, bien sûr.

Là j’aime franchement moyen. Fraaanchement pas du tout, même. Ca schlingue les emmerdes à plein nez.

-Je ne suis pas encore sûre que le poste soit à pourvoir, cela dit. Ni que vous correspondiez réellement à ce qu’il cherche. Soit.
-Et… qui est votre ami, exactement?
-Un recruteur des chasseurs de primes… mais ça n’a rien à voir avec ça, ne vous en faîtes pas. Lui-même agit pour le compte d’un de ses amis. Comme j’entraîne quelques bons éléments, je lui sers quelquefois d’intermédiaire.
-Et c’est pour quoi, au final?
-Je n’en ai pas la moindre idée. Il a beaucoup d’amis. Mais en ce qui vous concerne… accepteriez vous d’être contactée si ça l’intéresse? Cela ne vous engagera à rien, ne vous en faîtes pas.
-Eh bien… peut être. Chais pas. Pourquoi pas? Ouais, okay. D’accord.
-A merveille. Bonne journée, mademoiselle.
-Mmmh…
-Et rappelez vous de mon petit conseil. Trouvez quelque chose ou quelqu’un capable de vous tenir en laisse.
-Euh… ouais… vous aussi, merci.


Mal au crâne.
Fichue journée.

Va me falloir quelques verres pour arranger ça, puis au pieu.

‘Ttendez, nan, j’ai un nouveau shampooing à tester, d’abord.
Hwuhuhu…

Oboro
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Message par Ryosuke 4/1/2013, 14:19

-Bonsoir, monsieur Jun.

L’homme ne bougea pas, malgré la surprise, ce qui inquiéta le shinobi. Il aurait du sursauter, paniquer, faire volte face ou lui exploser un jutsu à la figure. Au lieu de cela, il continua paisiblement à fouiller son sac de courses, sans prêter attention à l’ombre qui se dressait derrière lui, émergeant du mur le plus théâtralement du monde. Là, Sasane était clairement blasé.

-Qu’est-ce que vous faîtes ici?, s’enquit le propriétaire des lieux, sans se retourner mais d’un ton soucieux.

Très lentement, il acheva de vider le caddie qui lui faisait suite, déposant un quatuor de poireaux à cheval sur l’évier. Il prenait grand soin de ne pas faire de geste brusque, comme s’il préférait attendre et surtout ne pas engager la confrontation avec le chasseur qui avait retrouvé sa trace. Et ce d’autant plus que le ninja semblait être animé du même sentiment.

-Le boulot de n’importe quel chasseur de déserteur, j’imagine. Aucune idée, je n'en suis pas un. Maintenant que plusieurs autres anciens du Tensei ont fait des vagues, Gensou a triplé votre prime. Plusieurs agents sont sur vos traces. J’ai juste pris soin d’être le premier à vous retrouver.
-Je n’ai rien à voir avec ça, aboya mollement Jun.
-Je le pense aussi. En fait, je pense que vous tentez de vivre le plus normalement possible, compte tenu de votre situation… et de la ville où nous sommes.
-Ca ne vous empêche visiblement pas de venir me voir pour autant, rétorqua le déserteur.

Jun avait déjà mal à la nuque. Mal à l’aise du fait de la présence d’un traqueur dans sa demeure, mais surtout du fait qu’il y en avait probablement d’autres dans les environs. A moins que son invité surprise ne soit du genre cupide, auquel cas il allait probablement vouloir la prime pour lui seul. Tout en diffusant sa seconde vague de chakra, dardant les lieux à la recherche d'ennemis, il leva un verre à hauteur de son visage, tentant à la fois de déceler une trace de poison sur sa vaisselle et de regarder plus en détail l’homme qui lui trainait dans le dos. Son chakra lui indiquait qu’il était solidement encombré par de l’équipement, mais il ne parvenait pas à obtenir plus de détails par ce seul biais.

Ca sentait mauvais pour lui. Il venait d’apprendre que sa prime avait sensiblement gonflé. Jun n’avait pas le temps de s’attarder sur les conséquences de ce fait, mais ça ne lui faisait pas bonne impression. Si en plus son dossier le distinguait encore comme un piètre combattant, à moins qu’il ne l’aient jeté, c’étaient les coureurs du village qui allaient se jeter sur lui.

-Et ça n’empêchera pas d’autres ninjas de venir vous rendre visite à leur tour, même après moi, continua le chunin.
-Vous pensez mourir ici?, s’inquiéta Jun.
-Je ne suis pas venu pour ça, non.
-Vu votre attirail, ça m’étonnerait que vous soyez venu pour juste discuter, grommela-t-il en posant le verre.
-Je sais… mais vous imaginez bien que je n’ai pas pu m’empêcher de prendre des précautions avant de venir visiter la demeure d’un déserteur.
-Oh. Je suis dangereux, maintenant?
-Vous l’avez été, parait-il. Dangereusement.
-Pas exactement…
-Il y a plusieurs manières de l’être.

Jun soupira. D'accord, ils ne l'avaient pas oublié. Il avait pourtant prit soin de se faire discret. L'appartement qu'il occupait se situait dans l'un des quartiers les plus délabrés de la ville, là où ni les gangs ni les villages n'avaient le moindre intérêt à protéger. Au même titre que l'ancienne administration, et probablement pire en fait, pas la moindre attention n'était consacrée à ce secteur en marge de Narasu, où seuls les plus miséreux osaient trouver refuge maintenant qu'ils n'avaient absolument plus rien à perdre. Et encore, ils pouvaient très facilement y trouver la mort.

C'était un miracle que cet immeuble dispose d'eau courante, en vérité. A ce qu'il parait, c'était un débrouillard du coin qui s'était débrouillé pour bricoler ça, quand un élan organisationnel avait gagné l'une des petites communautés locales. Ca n'avait pas duré: à l'heure qu'il était, cet ingénieur déchu passait le plus clair de son temps à satisfaire son ivresse dévorante.

A moins qu'il ne se soit fait tuer dans les rues. Ici mieux qu'ailleurs, c'était la jungle. Les raiders des collines alentours étaient connus pour pulluler dans le coin. On les appelait les Tox. Et dans toute cette folie, il avait décidé de s'installer afin de se faire tout petit.

Il n'avait pas envie d'être dérangé.

-Donc je vous tue, je passe ma soirée à tranquillement préparer mes bagages, et je me dégote un passeur demain matin pour pouvoir quitter la ville, c’est ça?
-C'est une option, se lamenta le déserteur. A moins que vous ne tiriez votre épingle du jeu.
-Bien sûr. C'est à dire?
-Je vous ai dis que je vous croyais, non?
-Que voulez-vous, dans ce cas?
-Ca ne tiendrait qu'à moi, je ne serais pas là. Mais je ne suis pas le seul à penser que vous voudriez vivre tranquille.
-...
-Gensou ne remarquera rien. Vous n’avez jamais été important. Surtout s’ils vous veulent juste mort. Mes supérieurs, par contre…
-Tout ce que j'ai pu faire relève du passé. Oubliez ça.
-En fait, je suis venu vous proposer quelque chose d’autre…

Une boîte de conserve traversa furieusement l’espace les séparant, touchant le chunin à deux doigts de sa clavicule. Le cuir protégea sa peau, mais le choc resta assez douloureux pour distraire le chasseur. Lorsqu’il commença à contourner la table pour rejoindre sa cible, celle-ci venait tout juste d’achever ses mudras et commençait déjà à attraper une banale bouteille d’eau.

Et lorsque le dénommé Jun décida de lancer et exploser le réceptacle de plastique en plein vol, les deux tiers de la salle furent quasi instantanément noyés sous les flots.

Tandis qu'il se débattait face à la marée, Sasane jeta un oeil à sa cible. Celle-ci s'était jetée vers la porte d'entrée, se mouvant au travers de l'eau sans en être entravé d'aucune manière. Toutefois, Jun ne parvint pas à ouvrir la porte, et s'en écarta d'un bond en criant, la paume brûlée à vif. Le gel corrosif posé par le chikarate, dont la structure chimique avait été maintenue artificiellement jusqu'ici à l'aide de son chakra, avait fait son effet malgré l'humidité, comme prévu.

Troublé par la douleur, le déserteur commença à paniquer. Il effectua quelques mudras supplémentaires, englobant totalement son adversaire dans une épaisse gangue d'eau que le pressait de toutes parts. S'il ne pouvait s'enfuir, il lui faudrait tuer, et vite.

Le chasseur et apothicaire confirmé se félicita d'avoir aussi bien anticipé les mouvements de sa cible. S'il n'avait pas eu l'idée de se préparer à l'avance un breuvage adéquat, il aurait eu beaucoup plus de problèmes. Mais en l’occurrence, il lui fallut tout juste activer les effets de sa substance et en décupler les effets à l'aide de son chakra. Il disposait ainsi d'une bonne quinzaine de minutes en autonomie, sans respirer, ce qui était largement suffisant pour mener sa tâche.

En tout cas, il ne se noierait pas, ce qui était déjà ça.

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à se débattre jusqu'à atteindre l'autre, et réussir à lui inoculer quelque chose. Vu son agitation, ses extraits de venins paralysants allaient avoir du mal à faire rapidement effet. Il planchait davantage sur ses somnifères.

Mais dans la marée condensée, Jun avait une parfaite maîtrise de ses environs. Le caddie, la table basse et une majeure partie du mobilier se déplacèrent prestement vers le chikarate, bientôt emmuré sous une impressionnante couche de bois. Convaincu qu'il était abandonné là à une mort certaine, et qu'il étoufferait bientôt, l'ancien gensouard s'efforça de débloquer la porte pour s'enfuir...

... et disparaître.

Son jutsu lui survécu pendant une longue minute, au cours de laquelle Sasane passa l'un des plus mauvais moments de sa carrière. Son soulagement n'en fut que plus appréciable lorsque le liquide artificiel s'en retourna à la gravité, abandonnant l'étreinte pour se déverser au sol.
Finalement, il parvint à s'extirper de l'amas de bois qui l'avait assaillit.

Et ce faisant, il se rendit compte que quelqu'un était déjà en train de l'aider à se débarrasser des meubles.

-Mmmh… ça ne s’est pas passé comme tu le voulais?, demanda Ryosuke.
-Sans commentaire. C'est pas du tout le moment.
-Il ne s'est pas encore enfuit.
-Tu veux dire que... tu l'as eu?
-Plutôt que tu vas l'avoir, toi.

Sans un mot de plus, le moine passa sa main devant le visage de son coéquipier, y rattachant une part de son chakra en guise d'échantillon de référence pour la traque qui allait venir. A partir du modèle, le chasseur affina sa vision comme le moine le lui avait rapidement expliqué la veille, en une dizaine de minutes.

D'un coup, la petite sphère écarlate lui apparut au niveau du genou de son compagnon.

-Il est encore loin?
-Dans la cage d'escalier. Il a du mal, résuma simplement le moine. Tu devrais pouvoir le rattraper. Le problème, ça va être ses jutsu... je ne peux pas faire grand chose.
-Et l'aide dont tu avais parlé?
-Ils sont prêts. Mais il n'y est pas encore.

Soma devait interagir le moins possible avec leur cible. Moins un illusionniste était confronté à ses victimes, plus son emprise sur elles s'accroissait. Le déserteur étant lui aussi un adepte des genjutsu matériels, il était préférable pour Ryosuke de lui rester inconnu. Le déserteur avait parfaitement le droit de penser que Sasane lui avait inoculé de quoi le faire délirer: les affaires du junin en seraient parfaitement arrangées.

-Tu lui as fait quoi, exactement?
-Il est confiné... disons que je l'ai enfermé dans une bulle. Il perçoit mal au delà d'une certaine distance. Et j'ai un peu modifié l'escalier pour qu'il se batte avec les marches.
-...
-J'imagine qu'il ne lui reste qu'un étage, indiqua Ryosuke en désignant la sphère écarlate qui se faisait voir d'eux à travers le sol. Tu ferais mieux de te dépêcher.

Sasane se retint à grand peine de faire un commentaire, et s'élança au travers de la porte. Se souvenant de ce que son partenaire lui avait indiqué à propos des escaliers aux marches décalées, il courut le long des murs, effectuant une spirale assez impressionnante tandis qu'il dévalait les étages à toute vitesse. En chemin, il put voir quelques blobs aqueux se dresser sur son chemin, mais les artifices du moines avaient visiblement bien remplis leur office: troublé comme il l'était, le déserteur les avait si mal placés que le chikarate n'eut pas le moindre mal à les contourner.

A une trentaine de mètres en dehors de ces murs, Jun tentait laborieusement de s’enfoncer dans les ruelles du quartier, qui était probablement le plus délabré de la ville. Depuis qu'une catastrophe non-naturelle avait réduit les immeubles du secteur à l'état de ruine, seuls ceux qui n'avaient nul part où aller dans Narasu s'installaient ici. Et pour un déserteur tel que Jun, c'était surtout un excellent terrain pour échapper à tout poursuivant qui n'était pas coutumier de ses ruelles non éclairées.

Toutefois, le moine connaissait bien ces rues. C’était en partie pour cela que son compagnon avait fait appel à lui: depuis maintenant trois semaines, Ryosuke était en charge de superviser toutes les opérations des trois villages ayant trait à ce quartier, connu comme étant le Subarashi.
Un quartier dont personne, sous Izanami comme sous les trois junin, n'avait jamais eu rien à faire, et qui ne servait qu'à abriter des rats, des miséreux et davantage de Tox que ce que l'on serait porté à croire.

Mais au moins, se dit Sasane en fonçant sur sa droite, l'illusionniste mahousard offrait un formidable appui pour se charger des déserteurs qui avaient trouvé cette planque.

A une dizaine de mètres du virage, il retrouva Jun, à terre et visiblement en mauvaise position. Pas particulièrement blessé, malgré de nombreuses contusions que le moine attribua à ses pièges... et probablement aux cinq truands du quartier qui venaient de mettre un terme à la cavale du déserteur.

Sasane n'avait pas vraiment prévu cette surprise. D'autres ninjas, éventuellement, même si c'était vraiment tôt. De simples brigands... non. D'un autre coté, ils ne le retiendraient pas longtemps, sourit-il en préparant ses poignards.

Toutefois, il s'interrompit lorsqu'une petite plaque de chakra s'interposa entre lui et les malfrats. Plaque qui s'évapora aussitôt que Soma décida d'achever son signal.

L'illusionniste avait une excellente raison de stopper son collègue: les renforts dont il avait parlé, c'étaient eux.

-Euh...
-Qui c'est, lui?, aboya l'un des cinq gaillards, tripotant nerveusement son bouc prononcé face au chikarate.
-Un coéquipier. Un partenaire. C'est lui que nous aidons aujourd'hui, expliqua tranquillement le moine en s'approchant.
-Meh... d'accord, dans ce cas. Mais j'ai quand même cru qu'il allait attaquer, ce type.
-Ca ne se produira pas, ne vous en faîtes pas.
-Eh, gamin. T'as des trucs à m'expliquer, là.

Un junin allié à un gang. Ledit junin étant chargé de superviser les opérations de tout un quartier de Narasu. Quelque chose disait à Sasane qu'un truc très louche était à portée de sa main.

-Tu m'expliques?
-Pour le gang?
-...
-Ils m'aident, je les aide.
-...
-Oui?
-Chuis pas vraiment rassuré, là.
-Ca n'a absolument rien de louche.

Si ça ne tenait qu'à lui, Ryosuke aurait largement raccourcit son explication. Mais le chikarate se fit suffisamment insistant pour qu'il déploie un peu plus de détails.

-Quand j'ai commencé ici, j'avais avec moi deux ninjas, dont une genin, pour faire le point sur la zone. Trois personnes pour tout un secteur. Au fil du temps, et quand les gangs des montagnes ont commencé à s'activer, ils ont changé mon équipe du tout au tout, et c'est maintenant quatre ninjas qui se chargent de chasser ceux qui pourraient s'installer, sans faire grand chose d'autre. Pas de patrouille, pas de surveillance, pas de sécurité ou... rien.
-D'un autre coté, normal, c'est tellement pourri... y'a rien que des gangs ici, nan?
-En fait, le quartier est tellement délabré que même les gangs n'en veulent pas. On ne trouve ici qu'un seul gang, Heian. Dont tu as là cinq membres.
-Et qu'est ce que tu fais avec eux?

C'était vraiment très long à expliquer, pour le moine. Dans ces ruines abandonnées après qu'un séisme artificiel soit survenu sous Izanami, il y avait quand même de nombreuses personnes qui vivaient, et les membres d'Heian étaient globalement le seul semblant d'ordre qui pouvait espérer tenir la zone. Ils étaient violents, mais ne cherchaient pas le conflit tant qu'on ne leur posait pas problème. Au contraire, la présence de ninjas sur leur territoire les avait mit mal à l'aise, ce qui s'était fait ressentir dans leur comportement vis à vis des locaux. Mais malgré cela, sans eux, les ruines du Subarashi auraient depuis longtemps viré au chaos, ne serait-ce qu'en devenant une couveuse de Tox qui aurait fini par nécessiter une purge à grande échelle de la part des trois villages.

Ou quelque chose dans le genre. Soma sentait qu'un écosystème particulier s'était créé ici, et y portait un certain intérêt pour le moins inhabituel. Ca ne le concernait pas le moins du monde, mais il avait eut envie d'essayer de faire quelque chose.

Toutefois, de là à se dire qu'il s'était ainsi présenté au leader des Heian en jouant cartes sur table, il y avait un déroulement assez bizarre que lui-même avait du mal à se représenter. Pire encore, car cela avait marché. Forcément, un junin qui venait vous proposer son aide quand les autorités n'avaient rien à faire de vous était soit un énorme piège, soit une incroyable aubaine.

En y repensant, il se dit que c'était probablement en voyant le petit campement improvisé par une mission religieuse, retranché en un genre de mini forteresse en plein coeur du quartier, qu'il avait été inspiré. Derrière les palissades improvisées se tenait surtout plusieurs tentes remplies de vivres, de médicaments et de bons samaritains qui faisaient ce qu'il pouvait pour aider les locaux.
Quand le moine avait du transmettre son existence à ses supérieurs, il s'était bien gardé de préciser qu'ils étaient affiliés aux Toshin, et que deux prêtres supervisaient la tenue du campement. Seuls deux guerriers samourai étaient présents pour assurer leur protection, tous les autres gardes ayant été recrutés parmi des mercenaires civils. Aux yeux du moine, ils faisaient jusque là suffisamment de bien dans le Subarashi pour qu'il leur épargne la curiosité de saboteur ninjas.

Pour autant, tout ça restait à surveiller. Et les Heian étaient bien du même avis.

-Et en ce qui le concerne... qu'est ce que tu comptes faire?
-Hein?
-Ton déserteur. Jun. Je ne suis pas sûr que... enfin. Ca ne me concerne pas?
-Ca ne me concerne plus vraiment non plus, ne t'en fais pas. Je livre le bonhomme, et comme j'ai pas réussi à le ramener gentiment... quelqu'un de plus convaincant va s'en charger, hein.
-...

Ryosuke n'était pas vraiment enchanté d'imaginer ce qui allait suivre. Avec quelque chose comme ça, le moine préférait encore arranger des alliances avec les Naraséens... et les prêtres samourai.

Car ces deux là constitueraient sa prochaine visite. Ca n'était même pas son idée: eux-même l'avaient invité sans qu'il ne les ait jamais rencontré.

Et avec le très mauvais souvenir qu'il avait de son unique rencontre avec un prêtre Toshin, Soma n'était pas spécialement pressé de s'y rendre.

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Message par Iarwain 26/1/2013, 23:08

« - Bon, va pour l’avance, alors, soupira Kiheh.
- A la bonne heure ! sourit Kentaro.
- C’est pas tout ça mais il va falloir que j’y aille. Des trucs à faire. On se retrouve ici demain matin, disons, vers dix heure, d’accord ?
- Très bien, on voudrait pas vous retenir, assura le chuunin avec un bref coup d’œil vers Santa.
- Oui, bon. Au fait, vous dormez où ?
- On est tous les deux à l’auberge du bamboo chantonnant.
- Ah-ha je vois. Enfin… Tenez, attrapez ces deux colliers, on vous fera le tatouage du clan quand vous serez confirmés. Bonne nuit !
- Ho ! Ho ! Ho ! Bonne nuit à vous ! »
Kiheh jeta deux colliers en argent à Kentaro et sortit, suivi par le rabatteur qui soutenait les deux testeurs. Une fine chaînette d’argent attachait les pendentifs qui semblaient être un genre de serpent enroulé autour d’un scorpion. Un symbole comme un autre, se dit Kentaro, alors que Santa se laissait tomber par terre.
« - Ho… Ho… Ho… Je me sens tout patraque, disciple.
- J’t’avais dit que l’acupuncture tiendrait pas longtemps, grogna le médecin. Allez, j’te recouds ça vite fait et on va à l’auberge.
- Nous avons réussi la première étape, dis…coupeur !
- Ouais bin c’est pas grâce à toi, tu t’es fait étalé !
- L’Esprit de Nowel veillait sur moi, je ne pouvais pas perdre. Car tu apprendras que…
- Tais-toi, j’recouds, j’ai besoin de concentration.
- Bien sûr, disciple.
- Et arrête de m’appeler disciple, bordel !
- Ho ! Ho ! Ho !
- Nan sérieux tu vas bousiller notre couverture…
- Ho ! Ho ! Ho !

- J’la sens pas, c’te mission… »

Après une bonne nuit reposante à l’auberge du bamboo chantonnant, les deux infiltrés retournèrent sur les lieux de leur test, où Kiheh les attendait déjà.
« - Prêts pour une dure journée de travail, les ptits nouveaux ?
- Tant qu’on est payés ! répéta Kentaro.
- Oui, oui, vous serez payés, si vous faites ce dont vous êtes chargés.
- Bon bah c’est parti, alors !
- Du calme, jeune chien fou ! Je ne connais toujours pas vos noms ! J’en ai besoin pour les consigner dans le livre du clan, et prévenir les autres membres que vous nous avez rejoint.
- Alors pour les noms…
- Je suis Ours, et voici mon dis…coupeur !
- Ours et Dicoupeur, donc ?
- Dicoupeur, sérieux ?
- Ho ! Ho ! Ho ! C’est ça !
- Ours, je vois pourquoi, dit Kiheh avec un regard éloquent vers la peau de bête, mais Dicoupeur ?
- Ho ! Ho ! Ho ! C’est parce qu’il coupe comme dix !
- Faites-le taire…
- Bon, ce ne sont évidemment pas vos vrais noms, mais cela n’a aucune importance.
- Pour moi ça en a…
- Voici donc ce que vous aurez à faire aujourd’hui… Je vous attendrai à la Taverne du Cerf qui Louche. »

Quand les deux hommes à la mine patibulaire rentrèrent dans son échoppe, le propriétaire soupira. C’était déjà le moment de payer l’escouade ‘’de protection’’ qu’il avait engagée de sa propre volonté et qui le protégeait.
« - C’est pas encore le temps de payer, ergota-t-il juste histoire de.
- Si, c’est carrément le moment. Allez, aboule le fric, qu’on assure ta protection…
- Ho ! Ho ! Ho ! Dis…coupeur, n’hésite pas à être plus poli. Bonjour, mon bon monsieur. Il fait beau, dehors, aujourd’hui, n’est-ce pas ? Nous venons pour collecter les sommes que vous nous payez pour que nous assurions votre protection. »
Entre le type qui cachait son visage et le géant roux au langage ampoulé, le boutiquier ne savait duquel se méfier le plus. En général, il y en avait toujours un qui était bien plus hargneux et à l’air méchant, donc on savait sur quel pied danser. Mais là, vraiment… Le géant roux avait l’air plus sympathique mais il avait une peau d’ours qui lui servait de vêtement, quand même, ce qui indiquait qu’il n’était pas tout à fait sain d’esprit.
Enfin, il disait le géant roux, mais il avait vraiment l’impression que lui n’était pas construit sur le même modèle que les deux racketteurs. Il n’avait jamais vraiment dépassé le mètre soixante-dix, mais les collecteurs étaient tous produits sur le modèle armoire à glaces…
« - En parlant de protection, j’ai jamais été attaqué, donc j’envisageais d’arrêter de payer les côtisations, enfin vous voyez…
- Mais justement, vous n’avez jamais été attaqué : vous voyez bien que ça marche du tonnerre !
- Vraiment, je… Les affaires sont dures en ce moment, je ne sais si j’ai réellement les moyens et…
- Aboule le fric papy, on va pas y passer la journée, on est des gens très occupés, nous !
- Sois poli, dis…coupeur, je te l’ai déjà dit ! Et donc, monsieur, il faudrait vraiment que vous payiez, sinon nous aurons des ennuis, n’est-ce pas, et vous ne voudriez pas que nous ayions des ennuis, n’est-ce pas ?
- Oui, bon… balbutia le propriétaire en posant une bourse sur la table. Partez maintenant, vous faites fuir la clientèle !
- Bonne journée, et à bientôt, monsieur ! »
Le coup du bon et du méchant racketteur, ça marchait toujours sur lui, il le savait, mais ne parvenait pas à s’y faire, décidément, et une vie entière de lâcheté ne l’avait pas formée à résister.

« - Et hop, c’est dans la poche !
- Tout de même, tu aurais pu être plus aimable avec ce pauvre monsieur…
- Nous sommes des truands maintenant, il faut que nous nous tenions à notre rôle !
- Je suis sûr qu’on peut extorquer les gens poliment…
- Ptet, mais c’est vachement plus long. De toute façon, avis médical : faut que t’arrêtes de parler, c’est pas bon pour ta blessure. »
Quand Kentaro vit Santa faire le geste de se recoudre les lèvres, il pensa qu’il avait enfin trouvé la parade aux bavardages, adages, dictons et leçons incessants qu’il recevait en permanence quand il était avec Santa. Et il avait l’impression qu’il était avec Santa depuis des lustres.
« - Maintenant, faut qu’on aille surveiller une des entrées du repaire jusqu’en fin d’après-midi, apparemment, donc on va pouvoir se la couler douce !
- Mmmh-hmmm !
- Oui, oui, c’est ça. Allons-y. »

Kentaro était accoudé au mur à côté de la porte, son collier bien en évidence sur sa poitrine dénudée, tandis que Santa était assis sur une caisse vide à une dizaine de mètres. Le chapeau de Dicoupeur lui tombait dans les yeux, mais ça lui faisait de l’ombre et l’empêchait de voir les pitreries de Santa. Celui-ci avait d’abord commencé par lui adresser de ‘’discrets’’ signes de connivence dès qu’il levait les yeux. Alors que les heures passaient, et après qu’ils aient échangé plusieurs fois de poste pour que chacun puisse s’asseoir, Santa se mit à faire des signes d’encouragement, à peu près aussi discrets et déconcentrants que l’ensemble de sa personne. Finalement, Kentaro baissa le chapeau sur ses yeux et se concentra sur son ouïe et son odorat.
De fait, les deux shinobis en infiltration n’avaient pas grand-chose à faire, pour le coup, et c’était même carrément monotone. Leur tâche se bornait à vérifier que les gens qui rentrent arborent bien le tatouage du gang et qu’il ne s’agissait pas d’un fake. Aussi, quand le vieil homme revint les voir au bout de plusieurs heures, ils avaient tous les deux hâte de se dégourdir les jambes.
« - Ca va, les ptits loups ?
- Ouais, ouais, ouais…
- Mmmhmm-mmh-hmm !
- Il ne parle plus ?
- Laissez tomber. Bon, on fait quelque chose où on glande toute la journée à surveiller une porte ?
- Quoi, vous venez à peine de nous rejoindre, vous êtes en période probatoire, et vous pensiez qu’on allait vous confier des tâches capitales ? gloussa Kiheh.
- On pensait que vous alliez pas recruter de puissants combattants pour faire les portiers, les collecteurs, et cirer vos pompes.
- J’ai justement un ptit quelque chose sympathique à faire pour vous, je pense que vous allez apprécier. Vos talents seront amplement mis à contribution.
- En parlant de contribution…
- Oui, oui, vous serez payés, ne vous en faites pas. Toutes ces considérations bassement matérielles, vraiment…
- On est pas le Secours Shintoïstes, nous.

- Passons. Une importante transaction doit avoir lieu avec quelques-uns de vos fournisseurs. Je me chargerai de superviser l’échange, mais j’aurai besoin de deux gardes du corps. Initiallement, les deux types que vous avez démoli étaient prévu, mais ils ne sont pas en état pour le moment. Vous les remplacerez.
- Okay, on y va maintenant ?
- On a encore quelques heures, reposez-vous un peu, on risque de rester debout une grande partie de la nuit.
- D’accord, à tout à l’heure.
- Soyez à l’heure.
- Mmh ! Mmh ! Mmh ! »

Quelques heures plus tard, la nuit était tombée, le couvre-feu aussi, et les patrouilles de shinobis arpentaient les rues de Narasu. Coiffé d’un élégant chapeau melon, Kiheh les salua d’un signe de la main, puis les enjoignit à le suivre, ce que Kentaro et Santa firent. Il les guida travers un bon tiers de la ville, évitant avec facilité les patrouilles. A un bref commentaire de Kentaro, il répondit que ça faisait longtemps que tous les gangs un peu sérieux connaissaient les itinéraires des shinobis.
Il s’arrêta finalement après d’un hangar aux trois-quarts en ruines, un bâtiment totalement insalubre envahi par la mauvaise herbe. Les fondations étaient à peine visibles à l’autre bout du hangar, il n’y avait plus de toit, et ce qui servait de mur s’arrêtait après une dizaine de mètre. Mais le peu de construction restant permettait de s’abriter du regard des passants, et c’était bien tout ce qu’il fallait.
En s’approchant de la ruine, Kiheh sifflota un petit air étrange au rythme syncopé. Sitôt qu’il eut fini, trois hommes sortirent de l’ombre et leur firent signe de les rejoindre. Ils portaient chacun une malette de taille respectable et dont le poids était évident, au vu de la manière dont les porteurs se tenaient.
« - Kiheh.
- Heiko.
- En provenance direct de Suiteki. Parfait état. Cinq mille la mallette.
- Deux mille.
- Quatre mille.
- Deux mille cinq cent.
- Quatre mille.
- La qualité était moyenne la dernière fois qu’on s’est vu. Deux mille cinq cent.
- C’était il y a des années. Quatre mille.
- Tu n’as pas changé. Deux mille cinq cent.
- J’ai changé de filon. Trois mille cinq.
- Impossible, Heiko, deux mille cinq.
- Kiheh, deux mille cinq, c’était mon prix.
- Comment ça ?
- Celui pour que je les guide jusqu’à toi.
- Les ?
- On dirait qu’ils sont arrivés. A la revoyure, l’ami. »

Les trois hommes se retournèrent et s’enfuirent en courant alors que Kiheh jurait bruyamment. Une dizaine d’hommes sortirent du renfoncement ombreux dans lequel ils attendaient la fin de la négociation. Divers objets coupants se mirent à luire à la lumière de la lune. Kiheh sortit un sifflet et souffla dedans de toutes ses forces, mais aucun son n’en sortit. Rapidement, un chien se mit à aboyer au loin.
« - Bon, les renforts arrivent, essayez de tenir jusque-là.
- On doit assurer votre protection ?
- Je me débrouillerai. Je suis un vieil homme pleins de ressources.
- Mmh ! Mmh ! Mmh ! »
Kentaro haussa les épaules. Au moins, le vieux avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Un souci en moins pour lui. Attrapant son sabre par le fourreau, il bondit au milieu des ennemis sans attaquer. Ceux-ci s’étaient d’abord mis en position défensive, surpris, mais voyant que leur adversaire n’attaquait pas, ils lancèrent l’assaut. Le chuunin esquiva et para, puis sourit d’un air carnassier. Le premier coup était porté, et il était temps de s’amuser un peu.
Derrière lui, Santa préparait sa toute nouvelle technique, ‘’Vive le Vent’’, qui était presque au point. Il enchaîna plusieurs coups puissants dans le vide, que ce soient coups de pied ou de poings, puis courut rejoindre son disciplo-camarade. Les frappes dans le vide avaient créé des couloirs infimes d’air dans lesquels, pour peu que l’on se déplace de la bonne manière, permettaient d’accélérer légèrement.

Un grand coup horizontal de Kentaro faucha quatre jambes et en fit bondir quatorze en arrière, les deux dernières étant de toute façon hors de portée. Les attaquants ayant chuté furent rapidement assommés par un coup du tranchant de la main de Santa dans le menton. Mais le chuunin ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin, et un coup de pied et un coup de fourreau bien placés en mirent K.O. deux autres.
Et voilà que le combat était déjà monotone, se dit-il. Ces types ne valent rien, et leur seul attrait devait être la force du nombre. Du coin de l’œil, il vit Santa en jeter un autre de l’autre côté de la rue. Pendant son relativement long vol, l’homme ne parvint même pas à amortir la chute et se mangea le sol lamentablement. Des zéros, décidément, marmonna Kentaro. Plus moyen de s’amuser un peu.
Les quatre mauvais restants furent expédiés dans la foulée, à deux chacun. Les deux shinobis regardèrent autout d’eux sans voir le dixième, qui s’écria alors dans leur dos :
« -J’tiens le vieux ! J’tiens le vieux !
- Mmh, il semblerait que je me sois fait avoir, annonça Kiheh.
- Sans déconner !
- Okay, les deux brutasses, vous vous barrez. Vous dégagez, vous allez voir ailleurs si j’y suis, et le vieux a ptet une chance de s’en sortir, okay ? Sinon j’l’égorge sur place comme un poulet, okay ?
- Mmh-mmhmmmm ?
- Tu peux parler, Ours.
- Que faisons-nous, Dicoupeur ?
- Bin j’sais pas, le vieux s’est fait chopper comme un bleu, c’est emmerdant… »

Avec un sourire taquin, Kiheh s’allonger sa canne pour en faire un genre de bâton à bout en bois qui cueillit le preneur d’otage droit dans le nez, le cassant aussi sec sous le choc. La douleur et la surprise permirent au vieil homme de s’éloigner prestement pour ne pas se faire éclabousser de sang mais son pardessus n’y coupa pas.
« - Enfin, sombre sur sombre, ça se verra pas trop…
- Bah ça alors !
- Je vous avais dit que j’avais deux-trois ptits tours dans mon sac !
- Ho ! Ho ! Ho !
- Bon, du coup ?
- Allons voir ce que les amis que nous avons appelés ont trouvé sur les trois qui se sont enfuis.
- Okay.
- Au fait, vous ne tuez pas les neuf bouffons ?
- Ils n’en valaient pas la peine, ronchonna Kentaro.
- Hahaha, d’autres viendront nettoyer alors. Allons-y. »
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Message par Kentaro 26/1/2013, 23:54

Quelque part dans Narasu, Hideaki Chûsei terminait de peaufiner les dernières touches de son plan. La phase de recrutement était en train de s'achever, la phase d'expansion allait donc pouvoir débuter. Plusieurs bandes commençaient à s'inquiéter du niveau et de l'influence que son groupe parvenait à rassembler. Il allait falloir les prendre de vitesse et les mettre au pas avant qu'elles n'aient la mauvaise idée de faire quelque chose de stupide. Et discrètement, surtout : s'agissait pas d'attirer l'attention de gros morceaux. Pas pour l'instant. Ni de tomber dans le collimateur du Kiritsu. Surtout pas.
La discrétion était le maître mot dans cette affaire.

On toqua doucement à la porte. Hideaki soupira, se massant les tempes avec insistance. Ces derniers temps, la pression se faisait de plus en plus forte, et avec elle, la crainte de commettre un faux-pas. Hideaki se demandait parfois s'il n'avait pas eu les yeux plus gros que le ventre en se lançant dans cette affaire. Il soupira et coupa bien vite court à sa séance d'auto-apitoiement : il avait besoin de toutes ses capacités, pour le moment.

« Entrez ! » Grommela-t-il.

La porte s'entrouvrit et Tôshizo, l'un de ses lieutenants, entra avec précaution dans la pièce, avant de s'approcher de son pas souple et si silencieux. Et il arborait sa mine pincée caractéristique des mauvaises nouvelles. Ce qui n'était pas une surprise pour Hideaki : on ne le dérangeait que pour ça, ces temps-ci.

« Nous avons reçu un rapport de Kiheh, expliqua le furtif assassin en tendant un feuillet. Concernant les deux dernières recrues qu'il a la charge de tester.
_ Vas-y, balance, demanda le chef balayant la feuille d'un geste.
_ En gros, ce sont des shinobis, résuma Tôshizo.
_ Sûr ?
_ Certain. L'un d'entre eux à utiliser un jutsu, juste sous son nez. Un truc plutôt discret, déplacement d'air ou j'sais pas quoi. Mais... Je crois que j'ai pas besoin de te rappeler qu'on ne la lui fait pas, à Kiheh.
_ Ouais, ouais... C'vieux fossile est en activité depuis la Grande Guerre. Des jutsus, il en a vu... Merde ! Bon, donc on a à faire des déserteurs... Catégorie ?
_ Faible niveau, assura Tôshizo. Pas de soucis, ils seront gérables. On peut les garder.
_ Ils viennent d'où ? Pas question de prendre de risque avec les Nagaméens, hein. Des fois que ce soient...
_ … une foutue escouade d'infiltration avec leurs propres complots, je sais, je connais la chanson, depuis le temps. Rassure-toi, d'après Kiheh, ce doit être des Mahousards, au vu de l'accent.
_ Ok. D'accord... Bon, vérif' d'usage, puis tu les intègres à la garde rapprochée. Pas que j'ai pas confiance, hein, mais des déserteurs... Merde, la moitié de ces connards sont des m'as-tu-vu qui se croient tout permis sous prétexte qu'ils maîtrisent trois pauv' jutsus pyrotechniques ! Ils vont nous cramer le quartier à la première occasion si on les laisse faire.
_ T'as pas l'impression d'exagérer un tout petit peu, là ?
_ Suffit que t'envisages pas une calamité pour qu'elle te revienne dans les dents, c'est l'une des grandes lois de l'univers.
_ J'ai compris, je repasserai quand tu auras pris une vraie nuit de sommeil... Capitula Tôshizo. En attendant, les deux déserteurs, garde rapprochée. Sûr ?
_ Certain. On garde un œil sur eux, c'est pas plus mal.
_ Ok. »

L'assassin repartit, aussi furtivement qu'il était venu. Hideaki soupira une nouvelle fois et reconsidéra un instant la question. Qu'est-ce qui était le plus dangereux : des déserteurs sous bonne garde ou bien capable de laisser librement s'exprimer les détestables penchants qui avaient fait d'eux ce qu'ils étaient, quoi que ce fut ?
La réponse ne faisait aucun doute.

*
* *

Rapport d'activité du groupe d'infiltration Alpha-4-3 a écrit:
Tout baigne, on a passé les phases de qualif' et on va nous intégrer à la crème de la crème tellement que Santa leur a fait forte impression. La couverture est impec', ils n'y ont vu que du feu, ces couillons.
Santa fait un boulot du feu de dieu, je me permets donc de le signaler une nouvelle fois, de rappeler à nouveau qu'il peut très bien gérer la situation tout seul comme un grand, et de souligner encore que deux shinobis, c'est une débauche de moyens complètement superflue et vaine qu'on pourrait utiliser de bien meilleur façon. Parce que quitte à perdre mon temps pour des prunes, je pourrai faire des trucs totalement inutiles, genre sauver des vies, retaper des shinobis blessés, ce genre de chose...
Bref, à bon entendeur...

K.S

Message prioritaire et exclusif au chef du groupe d'infiltration Alpha-4-3 a écrit:
Bon travail, continuez comme ça.

PS : Les procédures fixées par le QG le sont pour votre sécurité et ne sont PAS négociables. Cette mission est sous votre responsabilité, vous n'y couperez pas. Faites-vous une raison, à la fin...

*
* *

Ours, Discoupeur et Kiheh sortait d'un tripot lugubre et miteux où ils venaient de gentiment court-circuité le "service d'assurance domestique payant et obligatoire"attitré du coin. Pas un gramme de muscle à l'horizon, Kentaro était au comble du désespoir. Et ç'allait continuer jusqu'à ce que les deux autres butors qu'ils avaient défoncé pour ce fichu test aillent mieux, ce qui allait encore prendre un bon moment...
La prochaine fois, il y réfléchirait à deux fois avant d'emplafonner les gens.

En plus, le QG ne voulait pas le relever de cette foutue mission à la con.

Et pis Santa et Kiheh qui s'entendaient comme larrons en foire.

Le monde s'était ligué contre lui, c'était pas possible autrement.

Le malheureux chunin en était là de ses navrantes réflexions hautement existentielles lorsqu'il sentit quelque chose. On l'observait.
Avec minutie et attention.

On allait surtout pas tarder à se faire casser la gueule, namého ! L'occasion était trop belle de se passer les nerfs, On prendrait pour tout le monde et pis c'est tout, bwahaha !!

« Ours ! Interpella le médecin. On nous suit.
_ Oh non... Soupira Kiheh. Il arrête jamais, votre ami ? Vous sortez juste d'une baston !
_ Trois tafioles qui se la jouent, j'appelle pas ça une baston !
_ Ho ho ho ! C'est sûr qu'il aime se battre ! Approuva Santa. La moindre occasion est bonne !
_ Nan mais dites donc, les vieux...
_ Mais quand il s'excite comme ça, reprit le représentant de l'Esprit de Nowel, c'est souvent qu'il y a anguille sous roche ! Nous sommes sûrement espionnés.
_ Là, vous voyez, grommela Kentaro. Bon, pépé, tu restes là bien sagement et tu fais pas pas de conneries, hein. Allez, vieux, Ours, on va se défouler un bon coup, ça nous fera du bien !
_ Mais vous n'avez aucun plan, s'alarma Kiheh.
_ Ho ho ho ! Inutile d'essayer de le raisonner quand mon fidèle dis... coupeur est dans cet état. Mais pas d'inquiétude, je serai là pour le surveiller et l'empêcher de faire des bêtises.
_ Dis donc, papy, tu veux mon poing dans la gueule ?
_ Mais vous n'avez pas de plan ! »

Trop tard, ses deux gardes venaient de lui faire faux-bond. Kiheh soupira. Le boss avait peut-être finalement raison à propos des déserteurs...

Ses sens aiguisés à l'extrême par son Gokan Henshitsu et l'excitation à l'approche d'un combat, Kentaro n'avait aucun mal à percevoir la présence de l'inconnu qui se déplaçait lestement sur les toits. Il avait commencé à battre en retraite juste avant que les deux shinobis ne se mettent en marche, il était doué. Comme le soulignait la vitesse à laquelle il se déplaçait.

Kentaro pris appui sur un mur et grimpa en quelques bonds, s'aidant des appuis-fenêtres et des aspérités qu'il trouve – ou fora. En un tournemain, il se retrouva sur le toit, ses perceptions se déployant autour de lui à la recherche de sa proie.

« Mon Dis...coupeur, il vaut mieux ne...
_ Silence ! Le coupa Kentaro en recherchant désespérément une trace.
_ Tu le vois ? »

Non. Il ne le voyait pas. Le type avait disparu !
Impossible. Il était forcément là, tapie dans les ténèbres. Ce type était peut-être doué, mais il n'arrivait pas à la cheville de Spectre. Il...
Là !

La fenêtre entrouverte, là-bas, elle bougeait faiblement. Le vent ou bien...

« Je le tiens ! Exulta le chunin en s'élançant.
_ Attends, cria Santa en contrebas. C'est mieux de ne pas se séparer ! Imagine que... »

Kentaro n'écoutait déjà plus. Avalant en quelques pas l'espace qui le séparait du bord, le chunin bondit, plongeant droit sur la lucarne. Il fracassa la pauvre fenêtre en mille morceaux mais parvint à se faufiler dans l'étroite ouverture.
Kentaro se réceptionna d'une roulade et se redressa dans le même geste. Malgré la pénombre, il n'eût aucun mal à repérer l'homme essoufflé qui se dressait au fond du couloir, en train de déverrouiller la fenêtre du bout.

Le chunin exultant chargea en hurlant comme un possédé, sabre au clair – il avait pris soin de le dégainer avant cette fois-ci. Il ne lui fallut que quelques secondes pour remonter tout le couloir et abattre son arme sur sa pauvre et infortunée victime.
Le choc fut si rude que l'arme lui échappa littéralement des mains, plantée qu'elle était...
… au plafond.

Sous les rires hilares de son adversaire, le chunin resta un instant coi, dépité. Foutue saloperie de plafonds bas ! Il avait l'air malin, maintenant, tiens !

Le chunin attrapa la poignée pendante de son arme et tira dessus, sans succès. C'est qu'il l'avait joliment encastré dans le plafond, en plus !

Sans cesser d'essayer de la dégager, Kentaro se tourna vers son adversaire – qui continuait à pouffer sans pouvoir s'arrêter – agitant son doigt pour bien signifier que si y'en a un qui continuait comme ça, ç'allait chauffer pour son matricule.

C'est là qu'il se rendit compte que le type ne faisait pas que rire bêtement. Il était surtout en train de terminer une série de mudras.

« Ah non ! S'insurgea le médecin.
_ Et si, ricana l'homme. Ta stupidité a provoqué ta perte ! Hyôton : Aisuhakujin (Sabres de glaces) »

En une fraction de seconde, un flaque de givre s'étendit autour de l'homme, et une demi-douzaine de lames cristallines en jaillirent telle une mâchoire, avant de se jeter droit sur Kentaro.
Ce dernier réagît au quart de tour et laissa le naturel revenir au galop : délaissant son fichu katana, il se jeta droit sur la nasse glaciale, la percutant de plein fouet.

Le sourire suffisant de son adversaire disparut quand celui-ci s'aperçut que bien loin de s'empaler sur les lames de glaces, le chunin pulvérisa littéralement les pointes glaciales, ne récoltant guère plus qu'une poignée d'entailles. En provoquant prématurément l'impact par sa charge, Kentaro avait empêché les lames d'atteindre leur pleine vitesse et donc tout leur potentiel de pénétration. Son Epiderme de diamant avait fait le reste.
Et son poing rageur frappa lourdement le Ninjutsuka, le soulevant de terre, l'envoyant valser au travers de la fenêtre qu'il avait tenté de déverrouiller plus tôt.

Même si ça défoulait, cela restait tactiquement très discutable : le bonhomme risquait d'en profiter pour prendre ses jambes à son coup et Kentaro venait de lui offrir une opportunité en or en l'éjectant ainsi du corps-à-corps.

Le médecin se jeta jusqu'à la fenêtre et eut la joie de découvrir Santa en contrebas, qui avait justement fait le tour de la bâtisse pour couper toute retraite à l'ennemi.

« Santa, chope-le ! Hurla Kentaro en désignant le type groggy en train de se relever.
_ Compris, prépare-toi ! Répondit gaillardement le genin.
_ Hein ? Me préparer ? Mais à quoi ??
_ Santa Chop ! »

Obéissant de bonne grâce aux directives de son fidèle disciple - un mentor digne de ce nom ne doit jamais décourager les initiatives de son protégé, aussi absurde semble-t-elle, pas vrai ? - Santa se campa solidement sur ses jambes avant d'envoyer l'un de ses plus beaux Santa Chop contre la façade de l'immeuble, pulvérisant un large trou dans le mur miné par l'humidité.

Kentaro se recouvra les yeux en maudissant la stupidité de son collègue. C'est alors qu'une série de craquement de mauvais augure – de très mauvaise augure – retentit. Glissant un regard par la fenêtre, le chunin aperçut d'innombrables lézardes qui se propageaient à vu d’œil le long de la façade insalubre. Un mauvais pressentiment le saisit.
Et tout l'avant de la baraque décatie s'écroula, l'emportant dans sa chute.

Lorsque la poussière fut retombée, Kentaro repoussa les gravats et jeta un regard furibond à Santa. Celui-ci regarda autour de lui.

« Je crois que ton adversaire en a profité pour partir, remarqua benoîtement le représentant de l'Esprit de Nowel.
_ Sans blague, la faute à qui ? Grogna le chunin.
_ Il me faut tout de même te dire que ton plan était assez absurde, releva Santa d'un ton moralisateur. Je pense que l'ennemi avait son compte, la démonstration de force était inutile.
_ Sauf que je n'ai jamais demandé une démonstration de force, moi, tiqua Kentaro.
_ Ah si, tu m'as clairement dit : "Santa Chop" ! Rappela le vénérable barbu.
_ Chope-le ! Rectifia Kentaro. Je voulais que t'attrapes l'autre gugusse, abruti ! Pas que t'exhibes tes techniques pourries !
_ "Pourries" !? Dis donc ! Un peu de respect pour les ancestrales techniques de Nowel, gamin ! Prends garde à ne pas encourir le châtiment réservé aux vilains garçons !
_ Roooh, 'me tente pas, hein.
_ Pis tu pourras les trouver pourries quand tu feras enfin le poids contre elle, d'abord. Ho ho ho.
_ Ok ! T'as gagné, j'vais t'étrangler ! »

Un glapissement effrayé détourna l'attention du chunin juste au moment où il allait mettre ses plans à exécution. C'était Kiheh qui se frayait un chemin tant bien que mal dans les décombres et avait manqué de glisser sur un débris.

« Mais... Mais... Mais enfin, qu'est-ce que vous avez fait ? Murmura le mafieux, incrédule, en constatant les dégâts.
_ C'est d'la faute d'Ours, assura Kentaro.
_ Quoi!? Même pas vrai, je...
_ C'est pas toi qu'a frappé dans la façade, peut-être ?
_ Ben si, mais...
_ Hé ben c'est de ta faute, conclut le chunin. La prochaine fois, tu feras gaffes.
_ Roooh maieuh...
_ Tant pis, 'faut ce qu'il faut, philosopha Kiheh - tout de suite plus coulant envers son bon pote Ours. Tsss... On va avoir du mal à leur extorquer une assurance protection, aux propriétaires, là. Bon, et le gars qui nous filait ?
_ Il a filé, justement... avoua Kentaro.
_ Pardon ? Demanda Kiheh. Tout ce bordel et il s'en est tiré ?
_ Ben, c'était pas d'la gnognote, lui non plus, fit remarquer le médecin. Mais la prochaine fois, on le pourrit !
_ Je veux bien le croire. Venez, il faut qu'on avise, et vite ! déclara Kiheh en faisant demi-tour.
_ On vous suit, assura le médecin.
_ Pssst, Kentaro, oublies pas ton sabre !
_ P'tain, il est même pas cassé, en plus ? Quelle journée pourrie...»

*
* *

« Pardon !? »

Pendant quelques instants, le monde se figea pour Masque de Castor. Une sensation de vertige. Le hiatus temporel entre une belle matinée d'une journée paisible à expédier les affaires courantes sans intérêt tout en jouant les toutous serviles pour la Kunin en chef parce qu'on est l'ANBU d'astreinte... et le prélude à un chaos tourbillonnant où tout ce qui pourra aller de mal en pis le fera parce que c'est comme ça que ça doit se passer quand une journée est destinée à entrer dans le top 5 des journées les plus pourrie de toute votre existence.
Et au grand damne de Masque de Castor, ces journées donnaient l'impression de se multiplier, ces derniers temps.

« C'est ce masque ridicule qui bouchent vos oreilles, grogna la kunin sans même relever la tête – peu importe le nombre de cafés, tant que le soleil n'était pas levé, elle restait d'une humeur massacrante. Ce qui ne changeait pas de d'habitude, concernant l'ANBU.
_ Non, je...
_ Alors je reprends spécialement pour les bas-du-fronts, coupa la kunin. Votre équipe d'intervention nous a transmis un rapport d'urgence. Quelqu'un ou quelque chose a foutu un coup de pied dans la fourmilière.
_ Le gang des recruteurs avec la folie des grandeurs ? Demanda Masque de Castor.
_ Oooh, mais c'est qu'elle suit, en plus ! Tout à fait, je parle bien d'eux. Bref, nos infiltrés ont eu maille avec un guetteur qui avait un tant soit peu de répondant. "Capable de fumer Santa", je cite. Un code entre vous, je suppose, grommela la kunin.
_ Penser à étriper ce crétin !
_ Bref, on s'écarte. Toujours est-il que nos amis ont visiblement chatouillé les mauvaises personnes, mais qu'ils ne se sentent pas en encore prêt à faire face, résuma la kunin. Ils veulent probablement rester encore dans l'ombre, invisible du grand public pour le moment. Donc, ils vont disparaître.
_ Ça j'en doute. Ça ne sera que temporaire, assura l'ANBU, au fait des arcanes en vigueur dans le monde de la pègre.
_ Ooooh heureusement que vous êtes là pour éclairer ma lanterne. Qu'est-ce que je pourrai bien faire sans vous ? Railla la kunin. Évidemment qu'ils vont disparaître. Le problème, c'est qu'on perdra leur trace et qu'on ignorera où et quand ils réapparaîtront. Sans parler de l'évolution de leur force entre temps. Donc on les décapite ce soir.
_ Je vois. Les grandes pontes et les éminences grises vont se réunir pour planifier les modalités de leur disparition et de leur réapparition. Le moment idéal pour faire le ménage.
_ Voilà. Donc j'ai demandé à l'Eidolon de réunir une bande de genins et quelques chunins et d'aller faire diversion, grimés en ruffians.
_ Des chunins et des genins ? Vous ne voulez pas qu'ils gagnent ?
_ S'il n'y a pas de survivants chez l'ennemi, comment les rumeurs sur une destruction entre bandes rivales se propageront-elles ? Bref. Pendant ce temps, vous m'éliminez les têtes pensantes. Il faudra faire vite et ne pas se louper, dégotez-vous quelques acolytes. »

Masque de Castor opina du chef. Il fallait justement qu'elle s'occupe de mettre à niveau la dernière recrue de l'ANBU, et il y avait deux junins à jauger – même si l'ANBU était certaine qu'ils n'étaient pas encore suffisamment bon pour rejoindre leur confrérie, ils feraient l'affaire pour cette mission. À eux quatre, il ne leur faudrait pas plus de cinq minutes pour liquider tous les meneurs, garde du corps de choc en prime.
La diversion se passerait sans problème, la réputation de l'Eidolon n'était plus à faire. Il saurait ménager ses troupes tout en opposant une résistance suffisamment mordante pour faire réaliste aux yeux de ses opposants.

Alors pourquoi restait-elle encore persuadée que cette journée s'annonçait comme un cauchemar ?

« Bien, où devrons-nous nous rendre ?
_ Pas la moindre idée. Vous ne le saurez lorsqu'ils se réuniront, lâcha la kunin.
_ Pardon !? S'insurgea l'ANBU.
_ Vous croyez qu'ils servent à quoi, vos infiltrateurs de choc ? Puisqu'ils ont été promus à la garde rapprochée, ils seront avec les chefs, ce soir. On leur a transmis des sceaux de localisations, vous pourrez trianguler leur position et faire votre boulot.
_ Heu... Mais et eux ?
_ Croisons les doigts pour qu'ils survivent, éluda la kunin. Mais ça devrait aller, ce sont des chunins, non ? »

Sous son Masque, l'ANBU pinça les lèvres. Finalement, sa petite vengeance mesquine envers le duo d'incapables qui avait pourrit sa dernière opération allait peut-être s'avérer plus mortelle que prévu. Et si la kunin l'apprenait, elle allait en prendre pour son grade.
Quelle journée merdique, pesta Masque de Castor.

*
* *

L'éclaireur chikaratte, dont la mâchoire s'ornant d'un impressionnant hématome, grommela quelque chose.

« Chkwgeugneuchowchokgweu. »

Bien entendu, ce n'était pas ce qu'il voulait dire, mais avec sa mâchoire cassée sommairement rafistolée, c'était difficile de s'exprimer de façon intelligible. Heureusement, puisqu'il s'exprimait ainsi depuis le début du débriefing, son coordinateur n'avait aucune peine à comprendre, et se contenta d’acquiescer, l'air grave.

« T'inquiètes pas, bonhomme. Je m'occupe de tout. »

Le coordinateur referma son dossier, tapota l'épaule de son camarade convalescent – lui, il ne l'avait pas volé, son soin gratuit à 'hôpital – et quitta précipitamment la salle de débriefing pour se précipiter jusqu'au bureau de son administrateur. L'échange fut bref et surexcité, et quelques minutes plus tard, tous deux filaient droit en direction du bureau du Kunin en Chef de la force d'intervention Chikaratte du Kiritsu.

Après un bref accrochage, pour la forme, avec le secrétaire du chef de guerre Chikaratte, ce dernier accepta de les accompagner et de les introduire en urgence auprès du Kunin.

Visiblement interrompu en pleine discussion avec l'un de ses camarades, Jupnei haussa un sourcil, curieux. Son secrétaire était habituellement un véritable mur en béton armé, on ne franchissait pas ce barrage administratif aussi aisément.

« C'est terrible, chef ! Annonça le secrétaire. Les Yomis ! Ils se reforment !
_ Tiens donc ? S'étonna calmement Jupnei. Ce serait étonnant, ils se sont fait largement décimer pendant la prise de la ville et ceux qui restent n'ont pas spécialement la fibre fraternelle ou le charisme pour passer outre.
_ C'est pourtant vrai, assura le coordinateur. L'un de mes veilleurs enquête sur un groupe qui monte en puissance et recrute du beau monde. Et il vient de se faire agresser par un monstre : le type a encaissé ses crocs de glace sans broncher avant de l'enfoncer dans le sol d'un seul coup de poing !
_ Sûrement un déserteur, ça ne serait pas si étonnant à Narasu, relativisa le kunin.
_ Ah ! Mais il n'était pas seul ! Son compagnon était encore pire ! Un véritable géant, qui a pulvérisé une maison d'un revers ! Deux déserteurs de cet acabit, ça serait tout de même une sacrée coïncidence ! »

Jupnei soupira et tendit la main pour accepter le dossier. Si vraiment les Yomis étaient de retour, il y allait avoir du sport...

« Très bien, je vais jeter un coup, retournez travailler. »

Tandis que le trio d'importuns repartait, le kunin se plongea dans la lecture du dossier – et plus spécifiquement du tout dernier rapport. Au bout de plusieurs minutes, il releva enfin la tête et ses yeux se posèrent sur son jeune collègue.

« Je vais avoir besoin de tes services pour préparer une action coup de poing immédiate...
_ Ça tombe bien, je n'avais rien de prévu pour ce soir. Ça va être juste pour réunir du monde, par contre... De combien de réservistes dispose le Kiritsu ?
_ Oublie le Kiritsu, on a pas de temps à perdre. Je vais te confier mes éléments de confiance, ça sera plus rapide : ils obéiront sans se poser de questions, on fera les ordres de missions pendant ce temps. »

*
* *

Santa se pressa vers l’antichambre de la salle de réunion de l’état-major du gang. Il se sentait franchement nerveux : Kiheh et lui avait évoqué des souvenirs du bon vieux temps (celui qui était forcément mieux que maintenant), dont il est impossible de parler avec les habituels gamins qu’il croisait. Et de fil en aiguille, quelques verres de Saké et un passage en revue de la collection de théière du mafieux plus tard, Santa s’apercevait que le temps avait filé et qu’il était à la bourre.
Non qu’on lui reproche quoi que ce soit : il était encore large sur l’horaire.

Non, le problème, c’était son disciple.

Il l’avait laissé seul, dans une salle qui n’allait pas tarder à se remplir de la crème des crèmes des mercenaires de tout poils que le gang était parvenu à recruter. Des tas de molosses au moins aussi fort que Kentaro, si ce n’était aussi fort que lui-même, voire plus encore.
Il connaissait bien son disciple – comme tout maître digne de ce nom – et savait qu’un drogué de l’adrénaline comme lui serait résolument incapable de résister à l’envie d’un cogner un. Voire même deux.
Naaaaan… Même s’il n’en avait pas l’air, il avait la tête sur les épaules, le disciple. Et il savait garder la tête froide quand la situation l’exigeait. Il n’était pas assez fou furieux pour s’attaquer à toute la bande de mercenaires à lui tout seul : ç’aurait été du suicide !
Aucune chance que cela n’arrive.

Santa accéléra de plus belle.

Il déboula brusquement dans l’espèce de gros hangar qui abritait la porte dérobée du souterrain secret qui menait à la mystérieuse salle de réunion de l’énigmatique état-major du gang, se faisant un sang d’encre.

Un silence pesant régnait, en lieu et place de l’inimitable tumulte inhérent aux bastons qui tournent à la foire d’empoigne. Un instant, Santa craignit d’être arrivé trop tard et d’en être réduit à devoir venger son fidèle disciple.

Mais les murs étaient encore debout, pas de cratères au sol, personne d’emplafonner en haut… Tous les gens présents se snobaient admirablement, feignant de ne pas se voir malgré le rassemblement.
Santa sourit : il était arrivé à temps, son disciple n’avait pas encore déclenché d’algarades.
Bien, bien, bien…

Le représentant de l’Esprit de Nowel ne fut pas long à repérer son fidèle disciple – un truc de senseï – et se dirigea vers lui, adoptant son plus grand sourire.

« Alors, fidèle dis…coupeur, on ne s’ennuie pas trop ?
_ Mmmh ? Grogna vaguement Kentaro.
_ Je parie que tu as une forte envie de te défouler, pas vrai ?
_ Non.
_ J’ai justement… Heu, attends, t’as dis quoi ?
_ Ben j’ai dit non.
_ Ça va pas ? Tu te sens mal ? S’alarma Santa, vérifiant si son disciple avait de la fièvre.
_ Crétin, c’est qui le médecin, ici ! Y’a un truc qui cloche, là.
_ Ho ho ho ! Quoi donc, mon discoupeur ?
_ Les mercenaires qu’ils ont recrutés ne sont pas porté sur la fraternité, tu le vois bien. Et les cadres d’élites du gang les snobent, parce qu’ils se considèrent supérieurs du fait de leur statut. D’accord ? Demanda Kentaro.
_ Oui.
_ Alors pourquoi y’a plusieurs mercenaires en périphérie du groupe qui lancent des signes furtifs à l’intention des cadres en retrait, et que ceux-ci leurs répondent ? C’est discret mais c’est justement ce qui me titille. Ma main au feu qu’ils sont du même groupe.
_ Oh ? Et qu’est-ce que ça veut dire ? C’est un piège ? à notre intention ? Voulut savoir Santa.
_ J’en sais rien, avoua le médecin. Je ne crois pas qu’ils se méfient particulièrement des mercenaires présents. Ça ferait donc parti de leur système de sécurité habituel ? Sauf que si c’est le cas, je ne vois pas à quoi ça sert… S’ils n’utilisaient pas cet artifice, le rapport de force entre cadres de l’organisation et mercenaires pencheraient en leur faveur. Je ne comprends pas à quoi ça rime, mais c’est pas logique. Y’a quelque chose qui cloche.
_ Tu crois qu’on devrait prévenir… qui tu sais ?
_ Et comment tu veux qu’on fasse, gros malin ?
_ Bon. Alors on file dès qu’ils rappliquent ?
_ Filer ? »

Kentaro jeta un regard abasourdi à son compère. Mais pourquoi faire ? s’écrivait clairement sur son visage. Santa soupira : comme d’habitude, le concept de retrait était encore passer à la trappe chez son disciple et ne referait surface que quand les choses auraient irrémédiablement déraper.
Mais un Maître, un vrai, se devait avant tout de veiller sur son disciple.

« D’accord, on reste aider le commando, acquiesça Santa. Mais vu le niveau des combattants, surtout, tu fais bien attention et tu restes près de moi, hein !
_ Dis donc, Papy ! Une bonne fois pour toute, tu… »

Le chunin n’eût pas le temps de finir sa phrase.
Kentaro
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