Nouvelle tentative de reprise

La vie, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Loin de là.
- Hisoka ? Hisoka ? Tu écoutes quand je te parle ?
- Oui, oui, excusez-moi.

Et voilà. Encore une fois. Je me suis encore laissé distraire par mes pensées. Et j’ai pas suivi le discours de mon maître. Alors que c’est notre dernier jour ensemble. Demain, je serai officiellement Juunin.
- Hisoka ? Je te présente Mako Ise. Cette ninja sera ton maître et te formera pour devenir Juunin.

Je regardai mon grand-père, puis la femme en question, puis à nouveau mon grand-père.

- Non.
- Non ?
- Non. Je refuse. Je ne deviendrai pas Juunin. Hors de question.
- Peut-on savoir pour quelle raison ?
- Le karma.
- Le karma ? releva Mako d’une voix quelque peu étonnée.
- Oui. Si je deviens juunin, vous allez ensuite me demander de former des genins, de faire des missions avec eux et, avec la chance que j’ai, ce seront des boulets finis qui me mettront dans des guêpiers pas possibles.
- Donc, c’est non, répondis-je d’une voie calme et posée.

Mon grand-père secoua la tête d’un air désespéré. Avant d’abattre son poing sur la table !

- Hisoka, ce n’est pas négociable. Tu vas faire ce que je t’ordonne.
- Pour quelle raison ?
- Parce que je suis ton grand-père ! Et que je suis également ton supérieur, nom de nom !
- Même pas en rêve. Plutôt crevé !
- De toute manière, c’est ça, où je te signe une affectation à Narasu. Et définitive, celle-là !

Ouaip, alors là, j’étais mal. Cela revenait à choisir dans quel cercle des enfers vous voulez être damné.

- Ok. Présenté comme ça… je vais opter…
- Si tu dis Narasu, je te… commença mon grand-père.
- Pour la formation, grommelai-je.
- Bien. Mako, je te le laisse. Bon courage !
- Je sais que tu n’as pas écouté un traitre mot de ce que je viens de te dire.
- C’est pas faux.
- Tu me désespères. Déjà qu’il t’a fallu trois fois plus de temps que n’importe qui d’autre pour devenir enfin juunin.
- C’est pas faute d’avoir voulu échouer.
- Je sais bien. Je me demande même s’ils n’ont pas fini par te le donner juste pour avoir la paix et se débarrasser de toi.

Je ne prends pas la peine de répondre. Nous avons déjà eu cette conversation plusieurs fois. Et si j’ai appris une chose à côtoyer Mako Ise pendant ces cinq dernières années, c’est que cette femme manie aussi bien la langue que le sabre et le ninjutsu.
- Voyons de quoi tu es capable. Attaques-moi.

Je levais un sourcil dubitatif. Mako Ise devait bien avoir la cinquantaine. Cheveux grisonnant attaché en chignon, des rides au coin des yeux, bleu acier, pas plus d’un mètre soixante-cinq, un petit cinquante-cinq kilos. Et, en guise d’arme, un katana qui tenait plus du cure-dent. Bref, entre ma force et mon allonge, je voyais mal un combat contre la dame.
Raison de plus pour se montrer vigilant et prudent. A force d’affrontement, j’ai bien compris que l’apparence pouvait parfois être trompeuse.
Le combat fut bref. Et pas intense du tout. Je crois bien avoir pris la raclée la plus rapide de mon histoire.
Aujourd’hui encore je me demande comment elle s’y est prise. Même après autant d’années à la côtoyer, cette femme a conservé maints et maints secrets à son encontre. Et elle ne semblait absolument pas avoir vieilli. En mon for intérieur, je reste persuadé que cette femme n’est rien d’autres qu’une sorcière…

- Et pourrais-tu arrêter de me traiter de sorcière, s’il te plaît ?

Vous voyez ce que je veux dire, n’est-ce-pas. Je me contente de grommeler une vague excuse tout en en pensant pas moins.

- Donc, demain sera ton premier jour en tant que Juunin. Et, surtout, ce sera ton premier jour en tant que maître de trois jeunes genins prometteurs. As-tu pris le temps de regarder leur dossier respectif ?
- Non. De toute façon, ils vont être chiants, jouer les boulets et m’empêcher de vivre ma vie comme je l’entends. J’ai quand-même envoyé une note pour à leur transmettre : ils doivent me retrouver demain, dans le parc de la maison familiale. A côté de l’autel bouddhiste.
- Que va en penser ton grand-père ?
- Rien. Parce qu’il n’est plus en charge des affectations. Et qu’il n’est plus en charge du domaine familial et Chiaki me laissera faire.

Mako secoue la tête d’un air amusé.

- Un jour, il faudra bien que tu fasses la paix avec ton père, tu sais. Bon, j’espère que tu ne leur réserveras pas un… accueil trop rude.
- Je pense être en train de faire la sieste au moment où ils arriveront, répondis-je avec un sourire carnassier.

Mako et moi partons d’un rire franc et joyeux.