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Message par Tokri-en-plus-vieux 6/12/2021, 00:35

 Tokri Utak rentrait tranquillement chez lui en maudissant ses professeurs. Lui et son ami Mutika s’étaient à nouveau fait rappeler à l’ordre. Le corps professoral estimait que les deux jeunes garçons ne travaillaient pas assez pour leur examen de fin d’études, sans tenir compte de leur part de responsabilité avec leurs méthodologies soporifiques.

 Depuis quelques années, le jeune Utak était pris d'un sentiment de lassitude vis-à-vis de ses études. Il ne savait plus qui il était, ni à quoi était destinée sa vie. Pourquoi fallait-il à tout prix qu'il devienne un shinobi ? Diverses raisons lui vinrent à l'esprit, qu'il chassa aussitôt. L'aspirant était de moins en moins en phase avec les motivations qui l'avaient guidé durant toute son enfance.

 Sans tenir compte de son mal-être, Bril Utak prédestinait son petit-fils à une grande carrière de pratiquant de taijutsu, l’art martial du corps à corps.

 Soudainement, l'adolescent sentit une main se poser sur son épaule. Il la saisit et immobilisa d’une clef de bras ce qu’il crut être un agresseur.

 — Lâche-moi ! Tu me fais mal !

 Tokri reconnut trop tard la coupe rousse à pic de son meilleur ami. Sans l'être réellement, l'Utak déclara :

 — Excuse-moi. Réflexe.

 Tout comme son comparse, Mutika Oroshi affectionnait les vêtements mêlant des teintes grises, blanches et noires. Sa fidèle écharpe battait par-dessus son épaule au gré du vent. Bien qu'il en connût la forte valeur symbolique, Tokri avait toujours été surpris de le voir la porter aussi souvent malgré le climat aride chikarate.

 — Tu dis ça à chaque fois, gémit-il. C'est la quatrième torsion cette semaine !
 — Je t’ai déjà dit de ne pas me surprendre quand je suis dans mes pensées.
 — À croire que tu aimes me torturer.
 — Tu es venu me déranger juste pour te plaindre ? soupira Tokri.
 — Je voulais savoir ce que tu fais demain. Pour une fois, ma mère est d’accord pour que tu viennes dormir chez moi ce week-end.
 — Désolé. Boulot de prévu.

 Étonné, Mutika marqua un temps d’arrêt avant de demander :

 — Toi ? Bosser ?
 — Avec mon grand-père. Il va m’apprendre une technique de taijutsu.
 — T’en as de la chance ! s'enthousiasma Mutika.
 — Si on veut.

 Après avoir accompagné Mutika chez lui, Tokri rejoignit la demeure de son grand-père. Le jeune garçon n'était pas pressé et traînait à travers les ruelles de Chikara. L'aspirant aimait profiter des brises chaudes du Village qui faisait onduler ses cheveux bruns en bataille, tout en laissant glisser sa main le long des bâtisses de sable et de roches blanches. La sensation de pierre chaude avait toujours été réconfortante pour Tokri. Des bâtiments émanait une forte chaleur en plein soleil, plus douce à l'ombre.

 Il poussa la porte et fut accueilli par Bril, un vieil homme imposant auréolé de son expérience de vétéran. Son visage était creusé par une longue vie de soldat. Il portait la plupart du temps un kimono noir traditionnel, mais il lui arrivait encore bien souvent de se vêtir de son uniforme usé de shinobi par nostalgie. Bien qu'ayant largement dépassé la soixantaine d'années, Bril avait encore toute sa chevelure qu’il coupait court. Cette dernière était grisonnante et tirait de plus en plus vers le blanc. Sa barbe prenait le relais de ses cheveux, renforçant l’aura bourrue que véhiculaient son physique et son regard de vieux briscard.

 — Alors ? Comment s’est passée ta journée ? lui demanda-t-il.
 — Les profs m’ont encore emmerdé, répondit sèchement Tokri.
 — Ne t’en prends pas à eux ! Tu ne fais aucun effort pour t’améliorer. Normal qu’ils sévissent !
 — Je m'y ennuie, répliqua-t-il comme s'il constatait que le ciel était bleu.

 Bril se passa une main sur le visage.

 — Heureusement que ta mère n'est plus là pour entendre ça, soupira-t-il plus pour lui-même que pour l'étudiant.

 Tokri serra le poing. Il détourna le regard afin de ne pas foudroyer le vieil homme. L'étudiant savait pertinemment que cela ne ferait que jeter de l'huile sur un feu déjà bien nourri.

 Le début de soirée se déroula selon leur rituel habituel : Tokri cuisina, tandis que le retraité dressa la table. Pendant le repas, Bril lui révéla la technique qu’il comptait lui enseigner : le Chikara Sen’puu. Le vétéran exigea qu'ils allassent se coucher tôt pour être en pleine forme pour le lendemain. Par fierté, Tokri fit en sorte de masquer son impatience.

 L'adolescent n'appréciait pas qu'on lui force la main, mais l'exercice physique restait l'un des plus grands plaisirs de sa jeune vie.

 Tokri se leva au petit matin. Après s’être lavé et habillé, il déjeuna. Une fois repu, Bril emmena son petit-fils dans l’immense jardin situé derrière la maison. Ce terrain avait été aménagé spécialement pour l'entraînement au taijutsu. Au centre trônait un tapis pour les simulations de combats, et tout autour était disposé du matériel pour divers exercices, tels que des sacs de frappes et des mannequins. Le terrain comportait également quelques arbres et buissons.

 — On va en avoir besoin, l'informa sèchement Bril en s’approchant d'un des mannequins.

 Le vieil homme ordonna à Tokri de s'échauffer. L'adolescent s'y appliqua consciencieusement, désireux de ne pas énerver son aïeul qu'il sentait déjà à fleur de peau. Une fois les exercices effectués, Bril reprit la parole :

 — Le Chikara Sen'puu consiste à frapper l’adversaire dans le but de le faire tournoyer. Ton ennemi subira des dégâts et sera ainsi étourdi non seulement par le coup, mais également par la rotation. Tu ne maîtriseras cette technique que si tu te montres assidu. Je ne te cache pas que j’ai plutôt confiance en toi, malgré ton comportement de ces dernières années. Cet art est presque inné chez toi.

 Habitué à cette flatterie, Tokri se contenta d'opiner du chef. L'adolescent ne remettait pas en cause sa sincérité, mais il se doutait que son grand-père accentuait ses compliments pour le motiver.

 — Pour commencer, malaxe ton Chakra. Tu le concentres ensuite dans ta jambe, de préférence la plus forte. Effectue un petit saut et frappe le mannequin au niveau du visage. Si la technique est correctement exécutée, il tournoiera sur place.

 Le malaxage était le terme employé pour désigner le processus de fusion des deux énergies que possédait tout organisme vivant. L'énergie physique était générée par le corps, et l'énergie spirituelle l'était par l’esprit. Toute technique de combat ninja, également connu sous le nom de jutsu, requérait nécessairement le Chakra. Le malaxage était une pratique maudite par Tokri, car elle demandait bien trop de concentration pour son tempérament impulsif.

 Tokri s’appliqua à ressentir ses énergies. Il les malaxa maladroitement et tenta de canaliser le Chakra obtenu dans sa jambe. Tokri se précipita vers le mannequin, effectua un petit saut et frappa. Le mannequin ne bougea pas d’un millimètre.

 — Un simple coup de pied minable. Applique-toi ! l'intima le vieil homme.

 Le jeune homme répéta l’opération et obtint un résultat identique.

 — Ton problème est encore et toujours le malaxage ! Recommence !

 Tokri s’exerça toute la journée, mais ne progressa pas d’un pouce.

 — On va stopper pour aujourd’hui. Jusqu’à ce que tu maîtrises le mouvement, tu t’exerceras tous les jours après tes cours à l’Académie.

 Le week-end d'entraînement ne suffit pas. Durant quelques semaines, Tokri se rendit régulièrement à l'Académie en claudiquant. Il lui fallut un peu plus d'un mois afin d'assimiler la technique, à la grande fierté de Bril Utak.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 6/12/2021, 10:41

 Tokri Utak vivait sur un archipel, constitué d’une vingtaine d’îles, du nom de Shinnen. L'île des shinobis où il avait grandi se nommait Hokuto. D'une superficie immense, on y trouvait une grande variété de climats, allant du pluvieux aux paysages enneigés. Autrefois, la grande cité du nom de Shinobi était l’unique Village qui régissait Hokuto. Au fil du temps, des guerres civiles divisèrent Shinobi en plusieurs cités ninjas indépendantes. De nombreuses guerres entre les Villages ninjas secouèrent l'Histoire d'Hokuto. Ayant perdu ses forces, l’antique Shinobi finit par décliner jusqu'à disparaître. L’un des pays de l'île Hokuto se nommait Yuukan. Depuis plus de mille ans, Yuukan était dominé par les puissances de trois Villages ninjas qui se toléraient désormais dans une paix fragile : Mahou, Chikara et Gensou.

 Tokri Utak vivait à Chikara, surnommé par tradition « Village du taijutsu », bien que les ninjas de chaque Village se fussent diversifiés au fil des siècles dans divers arts, en plus de leur spécialité respective. Chikara était situé à l’ouest du Yuukan, au beau milieu d’un immense désert. Le Village était adossé à deux falaises, anciennes cheminées volcaniques solidifiées et partiellement enfouies sous les sables.

 Les ninjas de chaque Village étaient formés dans un cursus spécifique de leur Académie respective. Celle-ci s’adressait également aux civils. En effet, chaque Académie était divisée en deux branches distinctes. L’une d’entre elles proposait des enseignements communs, tels que les sciences ou la littérature. La seconde proposait, à ceux en possédant le potentiel, de suivre une formation militaire. L'une comme l'autre prenait le relais du cursus primaire d'enseignement. Les habitants pouvaient intégrer l'une des branches à tout moment de sa vie, mais il était préférable de le faire au plus tôt concernant la branche shinobique.

 Les élèves ayant réussi le cursus militaire devenaient des Genins : des shinobis en formation. Une fois suffisamment expérimentés, ils rejoignaient le corps de l'armée en obtenant le grade de Chuunin. Enfin, les Jounins constituaient l’élite du Village. Recevoir ce titre était un grand honneur et témoignait non seulement d’un grand niveau de combat, mais également d’une excellente capacité de commandement. Le grade le plus élevé était représenté par les Kounins. Ces derniers n’étaient qu’une poignée. Ils occupaient la place des généraux et participaient à l’organisation du Village. Le dernier poste de la hiérarchie militaire était celui du Kage, le dirigeant du Village. C'est à lui que revenait la tâche d'impulser les différents chantiers régissant la vie de la cité, de l'économie jusqu'au social.

 En somme, le présent et l'avenir du Village reposait sur ses épaules.

 Aujourd’hui était un jour particulier pour Tokri : celui de son examen de passage au rang de Genin. Ce jour devait marquer le début de sa vie de ninja. Le jeune homme avait été accueilli dans une salle aménagée, et attendait les instructions de la part de ses deux examinateurs. Le plus jeune lui adressa un sourire chaleureux. Visage imberbe, des cheveux blonds mi-longs, le profil du gendre parfait. Son collègue semblait être dans la quarantaine. Il portait une barbe hirsute et toisait froidement l'Utak.

 — L’épreuve consiste à réaliser un Henge, l’informa le premier examinateur en conservant son sourire. Tu dois prendre l’apparence de mon collègue.
 — Prouve-nous que tu es digne du grade de Genin, ajouta ledit collègue, qui ne se départit pas de son froid regard.

 Tokri retint un soupir d’exaspération. Sur les jutsus enseignés à l’Académie, il avait fallu qu’il tombe sur celui qu’il maîtrisait le moins. Il tenta de se remémorer les leçons de son professeur, ce qui se révéla assez difficile étant donné que le jeune homme passait son temps à dormir en cours. L'Utak se souvint vaguement qu’il devait visualiser dans son esprit la personne dont il devait prendre l’apparence. Ensuite, il devait malaxer son Chakra en unissant ses énergies physiques et spirituelles...

 Ses souvenirs s'arrêtaient là. Impossible de se rappeler la manière dont il devait disposer de son énergie afin de réaliser le tour. Il tenta plusieurs fois d'improviser, mais ne parvint qu'à consommer inutilement son Chakra.

 Les examinateurs s'impatientèrent avant de trancher :

 — Si tu n’es même pas capable d’exécuter un Henge, tu n'es clairement pas prêt, s'excusa presque le plus jeune.
 — Suivant, appela froidement le second qui semblait exaspéré de perdre son temps.

 Tokri se résigna docilement et emprunta la porte de sortie. Une fois dehors, il prit un grand bol d’air. Le jeune homme prit la direction de son domicile, se blindant mentalement. Il savait d'avance qu'il allait subir les foudres de sa famille.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 6/12/2021, 23:26

 Les mains dans les poches, Tokri prit son temps pour rentrer chez lui. Il n’était guère pressé de subir la colère de son grand-père. Une fois arrivé, le jeune homme constata que Bril l’attendait de pied ferme.

— Ton bandana ? demanda-t-il abruptement.

 Lorsqu’un étudiant réussissait son examen, un bandana portant le symbole de son Village lui était remis. Le ninja pouvait le porter ou non, à sa convenance. Cette tradition Hokutonienne remontait du temps de la première division de l'antique Shinobi. Il servait également de laissez-passer pour les ninjas souhaitant se rendre dans l’un des autres Villages alliés.

 — Ton bandana ? répéta le vieil homme face au silence de son petit-fils.

 — Je ne l’ai pas, répondit Tokri dans un chuchotement à demi gêné.

 Le vétéran garda le silence. Tokri aurait mille fois préféré une explosion de colère. L’adolescent avait l'habitude de gérer leurs disputes, mais se sentait bien vite démuni lorsqu'il ne lisait que la déception dans le regard de son aïeul.

 — L’épreuve consistait à produire un Henge, se sentit-il obligé de justifier.

 — Et alors ? C'est une technique de base. Nul besoin d'être un expert en genjutsu pour l'exécuter.

 Tokri fut blessé de sentir du désespoir percer dans la voix de son grand-père. Pourquoi devenir ninja était si important ? Bril avait eu une brillante carrière, mais ne pouvait-il pas comprendre qu’on puisse aspirer à suivre une autre voie ?

 — Je n’ai qu’à ne pas devenir ninja.

 — Tu peux largement combler tes lacunes si tu te mets au travail ! s’insurgea son grand-père, franchement agacé.

 — Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.

 — Comment ? s’étrangla Bril, qui commençait à comprendre la pensée de son petit-fils.

 — Je pourrais faire autre chose. J’aime lire et les bibliothécaires de l’Académie me connaissent mieux que mes professeurs. Je pourrais en devenir un. Ou je pourrais ouvrir une boutique et ...

 — Il n’y a toujours eu que des ninjas dans notre famille ! le coupa Bril, furieux.

 Le visage du retraité commençait à virer au rouge. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve et les limites de son sang-froid venaient d’être franchies. La colère prenait le dessus sur la déception. Encore.

 — C’est peut-être pour cela que nous ne sommes plus que quatre Utak. Être ninja signifie crever ou devenir cinglé, rétorqua froidement Tokri qui peinait à ne pas céder à son tour à la colère.

 Bril tenta de reprendre la parole, mais Tokri le coupa sèchement.

 — J’ai besoin d’air.

 Le jeune homme quitta le domicile familial, malgré les rappels à l’ordre de son grand-père. Après s'être éloigné de quelques mètres, Tokri s'adossa à un mur et essaya de reprendre son souffle. Il se sentait perdu et dépassé par les événements. L’incompréhension, la colère et la tristesse se mêlaient en une tempête dans son esprit.

 Que devait-il faire ? Pourquoi voulaient-ils tous le forcer dans cette vie de folie ? La voie du ninja n'avait-elle pas fait suffisamment de mal à sa famille ?

 — Je peux savoir ce qui te prend ? demanda une voix familière au-dessus de sa tête, aussi douce que ferme.

 Tokri n’eut pas besoin de se redresser pour reconnaître son frère aîné, qui devait être assis sur le mur auquel il était lui-même adossé. Okioto sauta et atterrit avec souplesse juste en face de son cadet. Le shinobi se posta les bras croisés face à Tokri, qui détourna le regard.

 Okioto était un Jounin de vingt-sept ans. Ses longs cheveux sombres étaient attachés en une queue de cheval qui laissait tomber de fines mèches de chaque côté de son visage juvénile. Le ninja paraissait bien plus jeune qu’il ne l’était réellement.

 Aux yeux de Bril et de beaucoup d’autres, son parcours était un exemple à suivre. Entraîné par ses parents, il intégra la formation shinobi de l’Académie à l’âge de treize ans. À seize ans, il obtient son grade de Genin avec un niveau bien supérieur à la moyenne de sa promotion. Sous le mentorat de leur grand-père, il n’eut besoin que de trois ans pour accéder au grade de Chuunin. Sa carrière ne fut que réussite sur réussite jusqu’à son élévation au rang de Jounin à l’âge de vingt-deux ans.

 Tokri savait que son échec était accentué aux yeux de leur grand-père par le parallèle que le vieil homme ne pouvait s’empêcher de faire avec Okioto. Malgré tout, Tokri n’en voulait pas à son frère. Il le connaissait bien mieux que n’importe qui, et il savait quelle était la véritable détermination qui poussait son aîné à cette brillante carrière. La même raison qui amenait le dernier des Utak à se questionner sur son choix de parcours.

 — Tu nous a espionné tout du long, répondit Tokri en osant finalement plonger son regard dans le sien. Pas envie de me répéter.

 — Je veux la vraie raison, le somma Okioto sans hausser le ton.

 — On sait très bien comment cela finit quand on obéit aveuglément à des ordres.

 — Et notre serment ? interrogea Okioto sur le même ton de douce fermeté.

 Tokri détourna les yeux une fois de plus. Bien sûr qu’il s’en rappelait, là n’était pas le problème.

 — Alors ? insista l’aîné avec patience.

 — Je m’en souviens, chuchota Tokri.

 — Prouve-le, lui pria poliment Okioto.

 Tokri respira profondément. Il n’avait nul besoin de réfléchir pour se le remémorer. Les mots venaient d’eux-mêmes en son esprit, malgré les onze années qui le séparaient du moment où il les avait prononcé pour la toute première fois. Se les remémorer fit ressurgir des événements qu’il aurait souhaité avoir oublié.

 Pour la première fois depuis le début de leur conversation, l'aspirant perçut de la satisfaction dans le regard de son aîné.

 — Et penses-tu que c’est en gardant les bras croisés que nous y parviendrons ?

 — Tout le monde se fout de ce que je souhaite, s’agaça Tokri. Grand-père veut que je sois ninja pour satisfaire sa petite fierté de vétéran et vivre une nouvelle jeunesse à travers moi ! Quant à toi, ton unique but est de te servir de moi. Je ne suis pas ton arme !

 À l’expression de son regard, Tokri comprit qu’il venait de toucher un point sensible : la fierté d’être le grand frère protecteur.

 — Je veux que tu deviennes shinobi pour ton propre bien, déclara Okioto en raffermissant son ton. Pour que nous atteignions notre objectif. Ensemble.

 — À quoi cela nous avancera-t-il ? lui demanda Tokri, presque dans une supplication qui lui brisa la voix de désespoir.

 — Tu sais tout comme moi que tu ne pourras jamais construire ta vie tant qu’il foulera cette terre, rétorqua froidement l’aîné.

 Il ajouta doucement, presque dans une brise :

 — Ne m’abandonne pas, petit frère.

 Il s’approcha d’un Tokri mutique et posa une fraction de seconde une main fraternelle sur son épaule. Ne lui laissant pas le temps de répondre, Okioto se projeta en l’air et disparut en bondissant de toit en toit.

 Laissant Tokri seul avec ses doutes.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 8/12/2021, 23:41

 Du haut de ses cinq ans, le petit Tokri était fier de son œuvre. Son château de sable était très réussi, aussi beau que ceux des grands ! Fier et heureux à cette pensée, il ne songeait qu’à une chose : montrer sa superbe sculpture à sa maman !

 — J’ai fini mon château !

 — Il est magnifique, mon chéri !

 Lila lui embrassa le front, faisant naitre en Tokri un amour plus puissant que tout, que seules les mères savaient faire ressentir. Elle le serra contre elle, puis lui sourit. Qu’il était ravi lorsqu’il parvenait à dessiner cette expression sur son visage ! Elle ne souriait pas beaucoup en ce moment. Malgré son jeune âge, Tokri savait que c’était à cause des disputes avec son papa. Pourquoi se disputaient-ils d'ailleurs ? Le petit garçon ne le savait pas. De toute façon, il ne pourrait certainement pas comprendre. Les grandes personnes sont parfois si étranges.

 Tokri admira sa maman quelques instants, occupée à cultiver des plantes dans leur jardin. Qu’elle était belle avec ses longs cheveux noirs dégringolant le long de ses épaules !

 — Tokri ?

 Le petit garçon reconnut la voix de son papa. Il n’avait pas remarqué sa présence ! L'enfant innocent se tourna vers lui et lui sourit. Son papa était grand, aux cheveux noirs coupés courts et dégageait une impression de puissance. Il était vêtu d’une grande cape avec laquelle Tokri adorait se cacher. Il s’agissait de l’un de ses jeux favoris.

 Son père avait une main dans le dos, cachant manifestement quelque chose à son fils. Était-ce un cadeau ? Son papa voulait certainement se faire pardonner. La veille, il s’était disputé encore plus fortement que d’habitude avec sa maman et avait dit des choses très méchantes.

 — Approche mon fils, lui ordonna-t-il avec douceur.

 — Oui Papa ?

 Deux sensations frappèrent le jeune garçon au même moment. La première fut le bras de sa mère qui lui saisit le ventre pour l'entraîner en arrière, lui coupant le souffle. Suivi d'une vive brûlure à son œil gauche, provoqué par le kunai avec lequel venait de le frapper Uril Utak. Tokri pleura à chaudes larmes, ce qui attisa encore plus la douleur. Quelque chose de chaud se mit à couler le long de son visage.

 Le petit garçon se blottit contre le corps familier. Le vent fouettait son visage juvénile. Sa maman courait et sautait de toit en toit !

 — Est-ce que ça va Tokri ?

 — J’ai très mal ! sanglota-t-il en se tenant l'oeil qui lui piquait affreusement.

 — Ne t’inquiète pas. Je vais t’amener à des messieurs très gentils qui vont te soigner. Tout ira bien.

 — Pourquoi il m’a fait ça ?

 — Je ne sais pas mon chéri, murmura Lila.

 Tokri voyait les toits de Chikara défiler devant ses yeux. Il passa une main sur son œil endolori et vit un liquide rougeâtre s’y déposer. Il comprit alors ce qu’était la chaleur qu’il avait ressentie.

 — Maman ! Je saigne !

 — Ça va aller trésor ! tenta-t-elle de le rassurer en le serrant plus fortement contre elle. Sois fort !

 Il aperçut alors une silhouette menaçante, tenant un kunai d’une main et un katana de l’autre. Bien trop familière, Tokri la reconnut aussitôt.

 — Papa nous suit !

 Le garçon entendit le chuchotement de sa mère se parlant à elle-même :

 — Que t’est-il donc arrivé ? Pourquoi nous fais-tu cela ?

 Tokri ne comprenait pas ce qui se passait. Une seule chose était claire : son père leur voulait du mal, à lui et à sa maman !

 Lila courut à travers une petite ruelle, mais stoppa rapidement sa course. La silhouette venait de se poster à l’entrée de la ruelle. La panique s’empara du jeune enfant. Ils ne devaient pas rester ici !

 — Il est là ! J’ai peur !

 Ses pleurs étranglaient sa petite voix. Lila garda le silence et reposa son fils au sol.

 — Cache-toi, lui murmura-t-elle. Dès que je t’en donne le signal, cours le plus vite possible !

 Tokri obéit et s’abrita derrière un tas de débris. Le petit garçon comprit alors pourquoi sa maman s’était arrêtée. Il y avait un deuxième papa qui bloquait le passage à l'autre extrémité de la rue. Lila sortit un parchemin et le déroula pour faire apparaitre un katana dont elle se saisit.

 — Uril, dit Lila en dégainant sa lame. Pourquoi ?

 Uril pencha lentement la tête sur le côté, examinant sa femme. Il semblait prendre plaisir de cette situation, affichant un sourire psychotique. Il ricana.

 — Tu le sais, ma chérie.

 — Cela n’a aucun sens ! Que t’est-il arrivé là-bas ?

 Pour seule réponse, il se contenta de sourire bien plus largement. Son visage n'était plus qu'un rictus de froideur et de sadisme. L’un des Uril tenta de se jeter sur Tokri, mais fut bloqué par Lila. La jeune femme s’était également clonée et les deux Lila étaient aux prises avec les Uril.

 — Cours ! hurlèrent-elles.

 Tokri obéit sans prendre la peine de réfléchir. Il contourna les combattants en courant le plus rapidement possible. Il s’apprêtait à tourner au coin de la ruelle lorsqu’il entendit un hurlement qui lui glaça le sang. Horrifié, le jeune enfant se retourna et vit la lame de son père transpercer le flanc de sa maman. Il extirpa sa lame et laissa choir sa femme.

 Oubliant toute crainte pour sa propre vie, Tokri rebroussa chemin et traversa la ruelle, pour s'effondrer contre le corps inanimé de sa maman.

 — MAMAN ! hurla-t-il à plein poumon.

 Elle perdait du sang. Beaucoup de sang. Il y en avait partout. Sur elle. Sur le sol.

 Sur lui.

 Tokri prit son visage entre ses mains. Ses yeux s’étaient éteints. Elle était si froide et si...

 — Morte.

 Un sentiment jusqu’alors inconnu s’empara de lui. Il s’étendit de tout son long contre sa maman, hurlant sa peine à plein poumon. À s'en rompre la mâchoire. À s'en brûler la gorge.

 Elle allait forcément revenir et lui faire un grand câlin pour effacer son chagrin ! Elle ne pouvait pas partir ainsi, ce n'était pas possible !

 — Faible, cracha Uril en un chuchotement qui sonna comme un coup de fouet.

 Tokri redressa la tête et plongea son regard dans celui de son père, bien que la vue de son œil gauche soit trouble. L'union de sa peine et de sa colère lui faisait ignorer la douleur de sa blessure.

 — Ce regard a du potentiel.

 — Pourquoi tu lui as fait ça ? demanda Tokri entre deux sanglots. Elle n’avait rien fait de mal !

 — Sa mort m’était nécessaire.

 — La mienne aussi ?

 Uril ne répondit pas, se contentant d’observer son fils. Un cruel sourire éclaira à nouveau son visage. Il ne s’agissait pas de celui du gentil papa que Tokri avait connu et chéri.

 — Qu’est-ce que tu attends ? Je veux la revoir, l’implora Tokri.

 — Pas aujourd'hui, déclara froidement Uril. Nous nous reverrons, fils.

 Il sauta de toit en toit dans un grand rire aigu, dément.

***

Tokri se réveilla en un sursaut. Ses poings serraient les draps de son lit. Une larme coula le long de sa joue. Comment avait-il pu se permettre de se laisser ainsi aller ?

Devenir fort. Toujours plus puissant. Jusqu'à l'éliminer.

Le Serment. Jamais plus il ne le délaisserait.

"Ensemble, nous la vengerons. Uril, nous le tuerons."


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Message par Tokri-en-plus-vieux 6/1/2022, 10:55

 Tokri attendait patiemment que son tour soit annoncé par les examinateurs. Déjà un an qu’il avait échoué à sa première tentative, et qu'il s’était juré de tout faire pour rattraper son retard.

 Le jeune homme excellait toujours autant en Taijutsu grâce à l’entraînement rigoureux de son grand-père. À force d'application, son contrôle du Chakra s’était amélioré. Il était à présent capable de réaliser les techniques de base de l’Académie, telle que celle permettant de créer les clones illusoires. S’il restait concentré, cet examen était d'ores et déjà plié.

 Bras croisés, Tokri regarda autour de lui. Les autres étudiants semblaient être dans un terrible état de stress. Une jeune fille, non loin de lui, était rouge écarlate. Elle faisait partie de son ancienne classe, mais l'Utak était incapable de se souvenir de son prénom. Concentré sur sa formation, il avait noué peu de liens avec ses camarades.

 La porte de la salle s’ouvrit, laissant apparaître l’un de ses anciens professeurs par l’entrebâillement.

 — Tokri Utak.

 Lorsqu’il passa devant son formateur, l’aspirant le vit cocher la case d’un formulaire. Son rôle semblait de faire l’appel des jeunes s’étant présentés, ce ne serait pas lui qui allait décider s’il avait le niveau ou non pour devenir un Genin.

 Tokri se posta devant les deux examinateurs, confortablement assis derrière leur bureau. Ils avaient posé les dossiers des aspirants en pile devant eux et les bandeaux, portant le symbole du Village, étaient alignés. Tokri reconnut l’un des membres du jury, qui fumait une cigarette. Le barbu qui l’avait vivement réprimandé lors de son précédent passage.

 — Ceci est ta seconde tentative n’est-ce pas ? demanda t-il.

 Tokri opina du chef, bien que le jeune homme eût compris que le ton interrogateur n’était que formel.

 — S’il est ici aujourd’hui, j’en déduis qu’il avait échoué ? interrogea le second examinateur, un trentenaire aux cernes témoignant d’un grand manque de sommeil.

 — D’une manière lamentable. Il n’avait pas su faire un Henge.

 — Vraiment ? Le taux de réussite avait pourtant été plus haut que la moyenne des années précédentes.

 L’homme semblait véritablement surpris et sans jugement envers Tokri. La remarque le piqua toutefois au vif.

 — Je peux passer mon examen ? les coupa le jeune homme.

 Le barbu resta impassible et adressa un signe de tête à son collègue. Ce dernier comprit que l’épreuve pouvait commencer.

 — C’est très simple, dit-il. Produis un Bunshin. À toi de voir ensuite.

 Le Bunshin No Jutsu était une technique de Genjutsu, aussi appelé clone inconsistant. Comme son nom l’indiquait, le clone n’était qu’un nuage de Chakra sans existence propre. Il ne pouvait pas interagir avec son environnement, au contraire d’un autre Jutsu de clonage bien connu.

 Tokri malaxa son Chakra et tenta de le doser correctement. Une fois qu'il lui parut satisfaisant, il composa les signes appropriés. Un clone apparut à sa droite. Le Bunshin avait été correctement réalisé, Tokri ne comptait toutefois pas s’en tenir qu’à cela. Autant mettre toutes ses chances de son côté en leur en mettant plein la vue !

 Tokri et son clone passèrent donc à une petite simulation de combat, enchaînant attaques et parades spectaculaires. L’apprenti ninja prit garde à ne pas toucher son clone. N’étant qu’une illusion, le moindre choc l’aurait dissipée. Les deux Tokri se séparèrent d’un bond et l’original malaxa son Chakra, le concentra dans sa jambe droite et bondit sur son clone afin d’effectuer la technique que lui avait enseignée son grand-père. Son pied heurta le visage du clone de plein fouet, faisant disparaître ce dernier. Les examinateurs applaudirent sa performance.

 — Excellent ! s’exclama le barbu, à la stupéfaction de l’Utak. Rien à voir avec l’année dernière ! Tu as fait de sacrés progrès, petit. Tu sembles posséder certaines capacités pour le Taijutsu. Quoi qu’il en soit, ton Bunshin était parfait ! Félicitations, te voilà Genin !

 — Si une équipe est disponible, tu seras convoqué très prochainement pour une affectation, ajouta son collègue avec un petit sourire.

 Satisfait, Tokri prit le bandeau que lui tendait l’examinateur et le rangea dans sa poche. Il sourit en songeant à l'ambiance bien différente qui l'attendait chez lui par rapport à son premier passage.

****

 Bras derrière le dos dans une posture militaire, son grand-père l'attendait sur le pas de la porte. Comptait-il le mettre à la rue en cas d'échec ?

 — As-tu réussi ?

 Un petit sourire au coin des lèvres, Tokri sortit le bandeau de sa poche.

 — Ouais.

 Bril leva les yeux au ciel et poussa un soupir de soulagement tout en décroisant les bras et en relâchant ses épaules. Durant les dernières semaines, et ce jusqu’au jour fatidique, le vieil homme n’avait fait aucun effort pour masquer son inquiétude. Cela faisait bien longtemps que le cadet des Utak n’avait pas vu le vieil homme aussi détendu.

 — Enfin.

 Le silence qui suivit ce simple mot en disait long. En réponse, Tokri se contenta de le fixer et d'attendre qu'il précise sa pensée. Pour toute réponse, Bril lui adressa un sourire empli de fierté.

 — Il faut fêter ça ! annonça le retraité. Ta tante et son mari viennent dîner chez nous ce soir.

 — Okioto va également venir ? demanda Tokri.

 — Évidemment, répondit Bril. D’ailleurs, il me semble qu’il a une nouvelle à t’annoncer.

 — Une nouvelle ? répéta Tokri, surpris.

 — Tu le sauras bien assez tôt.

 Plus que le soulagement, cela faisait longtemps que Tokri n’avait pas vu son grand-père d’aussi bonne humeur. Tout en préparant l'arrivée de leurs invités, l’adolescent ne pouvait s'empêcher de se questionner à propos de cette nouvelle qui l’attendait.

****

 Le soir venu, le repas préparé par Tokri fut apprécié par l’ensemble de la famille.

 — C’est délicieux ! Mon cher neveu, tu t’es surpassé ! le félicita Utika.

 Tokri la remercia d’un sourire. Bien que très caractérielle, le Genin avait toujours ressenti énormément d’affection pour sa tante. Il savait que la désertion de son père avait laissé des traces, et il lui était d’autant plus reconnaissant pour la présence qu'elle lui avait offerte durant son enfance. Utika avait été une figure maternelle de substitution pour le petit garçon traumatisé qu’il avait été.

 Utika était une belle brune au visage anguleux. Tokri l’avait toujours connu avec une coupe courte dont quelques mèches tombaient sur son front et encadraient ses joues. Bien que s’approchant des cinquante ans, Utika en paraissait dix de moins. Lors des soirées en famille comme celle-ci, Tokri s’étonnait à la redécouvrir aussi coquette. Elle en profitait pour troquer sa blouse d’infirmière contre d’élégantes robes.

 — C’est bien meilleur que ce qu’on mange chez nous ! déclara Ryul, mari de Utika.

 L’oncle de Tokri regretta vivement ses paroles lorsqu’il reçut un coup de poing derrière la tête qui plongea son visage dans son assiette. Okioto ricana à cette scène.

 — Tu te plains de te faire frapper, mais tu devrais peut-être essayer de moins la provoquer ? demanda-t-il à Ryul.

 — Comme si elle avait besoin d'être poussée pour être agressive, répondit Ryul en se massant le point de choc.

 — Ferme-la, rétorqua froidement Utika.

 — C'est sûrement de famille, ne put s'empêcher de surenchérir Ryul.

 Sa femme brandit son poing juste devant son nez. La scène fit sourire Tokri. Le jeune homme se rappela que les chamailleries du couple étaient l’une des rares choses qui parvenaient à le faire rire après le meurtre de Lila. Légèrement plus jeune que Utika, Ryul faisait également moins vieux que son âge. Cheveux courts et toujours propres sur lui. Ryul était physiquement l’archétype du bel homme charmeur. D’un esprit très enfantin flirtant avec le puéril, cela ne l’empêchait pas d’être un brillant médecin. Au point d’avoir été nommé depuis peu directeur de la branche chirurgie de l’Hôpital de Chikara.

 Tokri ignora les chamailleries de son oncle et sa tante pour s'adresser à son frère.

 — Grand-père m’a dit que tu devais m’annoncer quelque chose.

 Okioto jeta un regard mi-amusé mi-accusateur à son ancien sensei, qui détourna les yeux.

 — Tu n’as pas pu t’en empêcher ?

 — Je ne lui ai rien précisé.

 — Tu ne changeras donc jamais. Incapable de tenir ta langue, plaisanta Okioto.

 Tant bien que mal, Tokri faisait de son mieux pour masquer son impatience. Le Genin soupçonna son aîné de le taquiner lorsqu’il le vit prendre son temps à finir un verre d’eau avant de déclarer :

 — Puisque tu es passé Genin, je voulais te proposer de venir vivre avec moi, lui proposa-t-il.

 — Dans l’ancienne maison ? s’exclama Tokri.

 L’émotion lui noua la gorge. Il peina soudainement à reprendre son souffle. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’y avait pas mis les pieds. Il avait quitté cette maison dans les bras de sa mère en panique, pour ne plus jamais y revenir.

 Un silence gêné s'installa autour de la table, que Tokri ne parvint pas à briser.

 — Ce n’est pas une obligation, l’informa affectueusement Okioto. Juste une proposition. Je comprendrais que tu refuses.

 Tokri ne réfléchit pas plus longtemps. La décision s’imposait d’elle-même. Quel meilleur moyen que de conserver toute sa motivation pour sa mission que de vivre dans la maison du drame qui avait bouleversé sa vie ? Si sa volonté faiblissait à l’avenir, il n’aurait qu’à faire un tour des lieux pour raviver la flamme.

 — J’accepte.

 — Tu es sûr de toi ? lui demanda Ryul, inquiet.

 Tokri approuva d'un hochement de tête. Un nouveau silence pesant s’installa entre les convives durant les quelques secondes qui suivirent. Le jeune homme prit conscience que le visage de Utika et Ryul s’étaient mis à trahir leur anxiété. Bril décida de briser ce troublant silence avant qu’il ne s’installe durablement.

 — On passe au dessert ? suggéra-t-il.

 La bonne humeur reprit lentement place jusqu’au départ des invités. Utika, Ryul et Okioto félicitèrent une dernière fois Tokri pour sa réussite à l’examen avant de les quitter.

 — Je passerai demain avec un ami pour le déménagement, l’informa son aîné. Prépare tes affaires dans la matinée.

 Tokri acquiesça d’un hochement de tête. Okioto lui répondit d’un large sourire ravi.

 — Je suis heureux que tu viennes vivre chez moi, mon frère.

 — Chez nous, rectifia Tokri.

 Okioto serra son protégé dans ses bras, qui lui rendit son étreinte. Cela faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas sentis aussi proches l’un de l’autre.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 7/1/2022, 15:28

Ce matin-là, Tokri se leva tôt. Il déjeuna, se lava et passa rapidement à la préparation de ses affaires. Il rangea ses vêtements dans un sac et ses armes dans un second. Un troisième fut suffisant afin de réunir ses livres, de bandes dessinées aux ouvrages traitant des arts ninjas en passant par quelques romans. Une fois cela fait, Tokri jeta un œil à la pendule accrochée au-dessus de son lit. Il avait bien assez de temps devant lui pour se promener avant que le déménagement ne commence.

Le jeune homme aimait vagabonder sans réfléchir dans les rues du Village. Le sable chaud tournoyait autour de lui, porté par quelques brises d'une tiédeur délicate. En observant les alentours, Tokri admira les habitations taillées à même la roche. Bien que brut à première vue, les habitats Chikarates révélaient leur beauté à l’œil attentif. Les murs étaient arrondis, afin de permettre au sable de glisser le long de leur surface. Les toits l’étaient également, empêchant le sable de s’y accumuler. Cela constituait une forte économie pour le Village au niveau de l’entretien. Toutes les habitations portaient les teintes du désert qui l'entourait. Au cœur d’une tempête de sable, Chikara était facilement caché à l'œil étranger et il se murmurait que le Chikage en personne avait développé quelques Jutsus de haut niveau en ce sens en cas d'attaque.

Les rues étaient très calmes en ce moment. Pour cause, la majorité des Genins étaient partis à Gensou pour passer l’Examen Chuunin annuel. Tokri devait admettre que le Village était bien vide sans eux.

Le tout fraîchement Genin médita sur ses prochains entraînements. Le Taijutsu, l’art dans lequel Tokri excellait le plus, regroupait l’ensemble des techniques du corps à corps. Il s’agissait de l’art premier du shinobi et son apprentissage était une priorité lors de leur formation Académique, d'autant plus à Chikara qui en avait fait sa spécialité. Le Taijutsu était le secret de la formidable endurance des shinobis. Par sa formation de base, le ninja était capable de supporter un taux de souffrance physique bien supérieur à la moyenne des civils.

Le Taijutsu se divisait en deux grandes catégories : le Jûken et le Gôken. Tokri était un adepte de la seconde école , dit le poing dur, réputé pour sa polyvalence.

Le Ninjutsu, que Tokri souhaitait ardemment amélioré, requérait patience, discipline et persévérance. La pratique du Ninjutsu se divisait en deux catégories : l’utilisation pur du Chakra et celle des affinités. La première utilisation permettait au shinobi d'amener son corps à des possibilités hors du commun en fonction de son niveau. L'utilisation affinitaire consistait à employer des Jutsus lié à un élément naturel, tel que le vent ou le feu. La détention d’une affinité était décidée par la génétique, dont Tokri n'en avait pas encore connaissance. Le Village de Mahou était le spécialiste du Ninjutsu.

Tokri avait en horreur le dernier des trois principaux arts ninja : le Genjutsu. Ce dernier désignait les arts de l’illusion. Tokri en maitrisait la théorie pour l'avoir longuement étudié, mais était pratiquement incapable d'appliquer cet Art en pratique.

Pour user du Genjutsu, l’individu devait être capable de repousser en son esprit les limites du réalisme. Le Genjutsu se divisait en deux catégories : le Kuusou, les illusions non mentales, et le Kankaku, les illusions mentales. Cette dernière attaquait directement le fonctionnement interne d’autrui, tandis que la première ne faisait « que » simuler des sortes de mirages. La réputation de Gensou en matière de Genjutsu n’était plus à prouver.

Au cours de son vagabondage matinale, Tokri aperçut Mutika, qui esquiva son regard avant de disparaitre au coin d'une ruelle. Autrefois de grands amis, sa mère lui avait interdit de fréquenter l'Utak suite à leur échec à l’examen. Mutika s'était plié au dictat de sa mère et n’adressait donc plus la parole à Tokri, sans lui donner d’explication à ce brutal changement de comportement. Cela l'avait profondément touché. Depuis lors, le jeune homme s’était efforcé de ne rien laisser paraître.

Le soleil était à présent haut dans le ciel. Midi approchait, comme le lui indiqua le grognement de son estomac. Okioto et son ami, Gomaki Myô, étaient déjà arrivés lorsque Tokri rentra de sa promenade. Le jeune homme prépara donc un repas pour quatre. Une fois qu'ils furent rassasiés, Okioto, Tokri et Gomaki passèrent au déménagement. Bril s’était plaint de ne pas pouvoir participer. Jugé trop âgé, Okioto préférait qu'il ménage sa santé.

— Voilà qui est fait, dit Gomaki en rangeant les derniers meubles.

— Merci, répondit Tokri.

Gomaki avait été l’un des partenaires de Okioto lorsque tous deux étaient Genins. Les deux amis livraient encore de nombreuses missions ensemble. Tokri avait donc été amené à le fréquenter de nombreuses fois au fil des années, et le Myô était peu à peu devenu l’un des amis de leur famille. Âgé de vingt-neuf ans, Gomaki était trapu et plus petit d’environ une tête par rapport à Okioto. Il se rasait le crâne, portait un bouc entourant sa bouche et s’était fait un piercing à l’arcade. Tokri appréciait particulièrement l’aura de force tranquille qu'il dégageait.

— Je te remercie mon ami, dit Okioto.

Ils se serrèrent la main et Gomaki laissa les Utak entre frères.

— Je l’aime bien, dit Tokri.

— Comment ? Tu apprécies quelqu’un ! s’exclama Okioto, mimant la surprise.

Tokri se contenta de sourire à la boutade de son frère. Un Okioto blagueur était une scène rare.

— Dis-moi, quels sont tes projets ? demanda Okioto en reprenant son sérieux.

— Tuer notre père, répondit Tokri sur le ton de l’évidence.

— Je ne parlais pas du long terme, précisa Okioto.

— Ah, réalisa Tokri. Simplement m’entraîner.

Bien que peu détaillé, Okioto sembla approuver le programme de son cadet de par l’expression de son visage.

— Cela peut prendre un certain temps avant d’être assigné à une équipe, le prévint-il. Surtout en ce moment. Tu ferais mieux de t’entraîner par toi-même en attendant.

— Je compte me concentrer sur le Ninjutsu, déclara Tokri. Tu pourrais m’aider non ?

— J’ai beaucoup trop de boulot pour me permettre de te superviser. Le QG m’a confié des tâches, commença t-il avant de marquer un temps d’arrêt, cherchant ses mots. Compliquées. Je ne rentrerai que très tard le soir. Entraîne-toi comme tu le peux.

Tokri avait bien reçu le message. Okioto semblait être sur des affaires suffisamment importantes pour ne rien révéler, même à son proche frère. Il décida de changer de sujet et demanda une information qui trottait dans un coin de son esprit depuis la veille.

— Comment grand-père va-t-il se préparer à manger ? Cela fait des années qu’il me colle à sa cuisine.

La question arracha un sourire moqueur au Jounin.

— Il a déjà engagé une cuisinière. Quand j’y repense, il avait réfléchi à la question dès que je lui ai dit que je souhaitais que tu viennes vivre avec moi.

Tokri ricana en imaginant son grand-père paniqué à l’idée de perdre son cuisinier fétiche.

Okioto lui souhaita une bonne soirée. Il lui fallait à présent reprendre le travail. Suite à son départ, Tokri regarda par la fenêtre de la cuisine. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Pour tuer le temps, il se lança dans un vagabondage nocturne.

Après plusieurs heures de déambulation, Tokri estima que sa promenade était à présent terminée. La nuit était tombée depuis quelques heures. Il accéléra le pas, pressé de retrouver son doux matelas. La fatigue commençait à poindre.

— Eh le minable ! Sois pas si pressé !

Tokri se retourna et reconnu Hiko, le stupide frère de l’un de ses anciens camarades de classe. La famille entière de ce type était constituée d’arriérés mentaux. Il n’y avait qu’à comparer les prénoms des deux enfants, témoignage d'une incroyable originalité : Hiko et Hika.

Hiko n’était qu’un simple étudiant et ressemblait comme deux gouttes d'eau à son grand frère : un corps compact et un visage qui faisait penser à un gorille.

— Qu’est-ce que tu me veux ? demanda sèchement Tokri.

— Mon frère m’a dit que t’étais le plus faiblard de sa promotion ! Je suis sûr que je peux te battre !

Tokri soupira. Certes, il avait des progrès à faire et n’avait jamais été le plus brillant de sa promotion. De là à ce qu’un étudiant puisse le vaincre...

— Qu’est-ce que t’as à te la jouer connard ? Je vais te démolir et prouver que je n’ai pas besoin de passer de stupide examen pour devenir Genin !

— Sérieusement ? Quand on voit des crétins dans ton genre, il n’y a pas à être surpris que Chikara tienne la réputation de n’abriter que des bourrins sans cervelle, rétorqua Tokri.

— T’as signé ton arrêt de mort abruti ! rugit Hiko.

L’étudiant balança son poing vers le visage de Tokri. Le coup était bien trop lent et imprécis, le Genin le dévia sans problème. Hiko enchaîna avec un coup de pied retourné que Tokri para avant de le repousser en le toisant du regard.

— On ne joue pas dans la même cour, le provoqua-t-il.

— Je vais te faire taire !

Hiko enchaîna attaque sur attaque, toutes parées ou esquivées par Tokri. Bien qu’il souhaitait s’améliorer en Ninjutsu, Tokri devait admettre qu’il aimait combattre au corps à corps. Dominer son adversaire, le voir se battre de toutes ses forces tandis que lui ne se forçait qu’à peine. C’était si jouissif.

Le visage trapu de Hiko était à présent trempé de sueur, sa respiration devenait de plus en plus haletante.

— T’es plus balèze que ce qu’on m’avait dit, parvint-il à articuler entre deux grognements.

— Évite de prêter attention aux rumeurs, lui conseilla Tokri.

Une idée d'enchaînement lui traversa l’esprit. Il prépara ses énergies et laissa Hiko venir à lui pour esquiver en se baissant. Tokri concentra son Chakra dans sa jambe de la même manière que pour le Chikara Sen’puu. Prenant appui au sol de ses deux mains, l'Utak le frappa en plein menton. Son adversaire fut éjecté en ligne droite dans les airs. Tokri tendit les bras et attendit que Hiko redescende. Il cueillit ce dernier et le déposa contre un mur, inconscient.

Le Genin bailla bruyamment. Le programme des prochains jours était posé : perfectionner cet enchaînement. Dans l’immédiat, il était temps de prendre un repos mérité.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 8/1/2022, 15:00

Une semaine s’était écoulée depuis l’Examen Genin. L'Utak avait décider de l'organiser en une alternance de deux jours de repos et cinq d’entraînements.

Tokri déjeunait en solitaire. Okioto partait tôt le matin et rentrait tard le soir. Le Genin le voyait donc très peu. Il termina son petit-déjeuner et se rendit à terrain d’entraînement habituel. Alors qu’il commençait à fusionner ses énergies, une voix l’interpella.

— Eh ! Le nullard !

En reconnaissant cette voix, Tokri se tourna et vit sans surprise Hiko se diriger vers lui. En revanche, il fut étonné de constater que son frère Hika l’accompagnait. Avec quelques années de développement de plus que son cadet, il était trapu et taillé comme une armoire à glace.

— Tu vas payer pour l’autre fois ! rugit-il.

Mains dans les poches, Tokri se contenta de le toiser du regard.

— On nous l’a ramené à trois heures du matin, enfoiré ! continua d'enrager Hika.

— Accorder la permission de minuit à un petit de cet âge n’est pas une très bonne idée, rétorqua Tokri.

— Je déteste les grandes gueules dans ton genre, menaça Hika en se frottant les phalanges de la main droite.

— Ça vous dérangerait d’aller jouer ailleurs ? demanda Tokri en ignorant la tentative d’intimidation d’Hika.

L’Utak bloqua le poing de Hika. Il remercia ses réflexes d’avoir parlé pour lui, ne s'attendant pas à ce que son vis à vis soit aussi rapide. L’un de ses genoux fléchi sous le coup de la force de son adversaire. L’Utak dégagea le poing de Hika et tenta de l’atteindre à son tour. Ce dernier bloqua et esquiva chacune de ses attaques avec plus ou moins de difficulté.

— Latte le frérot ! cria Hiko.

Hika sortit un kunai et tenta de frapper Tokri au visage, qui esquiva in extremis. Le jeune homme sentit en frissonnant la pointe tranchante de l’arme frôlait son visage. Il saisit également un kunai et repassa à l’attaque en même temps qu’Hika.

Les deux kunais s’entrechoquèrent et frôlèrent les corps des combattants à plusieurs reprises. Hiko ne perdait pas une miette de l’affrontement. Ce jeu dura jusqu’à ce que Tokri se retrouve dans l’obligation de se propulser en arrière afin d’esquiver une frappe au niveau de l’abdomen. Il lança son arme vers son ennemi, qui fit de même pour stopper la course du projectile. Les kunais se heurtèrent dans un tintement métallique et tombèrent au sol. Tokri bondit vers son adversaire en chargeant un Chikara Sen'puu, prenant de court Hika qui reçut le coup de pied de plein fouet. Il tournoya un bref instant en l’air avant d'heurter le sol.

A la grande stupéfaction de Tokri, il se releva instantanément, secoué mais visiblement prêt à reprendre le combat. Un mince filet de sang coulait au coin de sa lèvre.

— Pas mal ta technique, déclara-t-il. Dommage qu'elle manque de puissance.

Tokri ne répliqua pas à ce commentaire. Il y était allé au plus fort qu’il le pouvait, se blessant au passage. L’issue du combat penchait en faveur du gorille. Hika sembla lire le désarroi qui envahissait Tokri à l’expression du visage de ce dernier. Il exprima sa satisfaction d’un large sourire.

— Je vais mettre fin à ce combat, déclara t-il victorieusement.

Tokri eût tout juste le temps d’éviter l’impressionnant poing du gorille. Malheureusement, le jeune homme fléchit sous la douleur de son membre meurtris. Hika saisit sa chance et effectua une balayette qui heurta avec violence la jambe blessée de Tokri. Le jeune Utak s’effondra en hurlant de douleur. Hika s’asseya de tout son poids sur son ventre, lui coupant la respiration. Le gorille massa ses poings, se délectant de sa supériorité.

— Tu vas souffrir, susurra-t-il.

Hika le frappa violemment au visage. Un goût de sang envahit sa bouche.

— T’aimes ça ? se moqua Hika

— Défonce-le frérot ! hurla son frère.

Bien qu'il éprouvait de grandes difficultés à articuler, Tokri esquissa un sourire narquois et lâcha :

— Tu peux pas faire mieux ?

Piqué au vif, le gorille frappa à nouveau de toutes ses forces. Tokri cracha du sang sur le sol sableux. L’Utak croisa à nouveau le regard de son bourreau, sans se départir de son sourire provocateur.

— T’es quand même un peu lourd, se moqua-t-il. T’as songé à un régime?

— Je vais te buter ! enragea Hika, hors de lui.

Il martela le visage de Tokri de ses énormes poings jusqu’à en être totalement épuisé. Tokri avait terriblement mal à l’œil droit, dont la visibilité avait décru. Le jeune homme était certain qu’il avait doublé de volume.

Il pesta contre son impuissance et prit conscience de la montagne qui lui restait à franchir avant d'oser espérer devenir une menace pour son père. Comment pourrait-il accomplir sa mission s'il n'était pas capable de vaincre un tel idiot ?

— T’en veux encore le minable ?

— T’as plus l’air très frais non plus, ne put s'empêcher de répliquer l'Utak.

Hika leva haut son poing, décidé à en finir avec ce misérable qui refusait de prendre peur.

— Tu vas le sentir passer celui-là ! rugit-il.

— Finis-le ! l’encouragea son petit frère.

Le jeune homme ferma les yeux, tout en continuant d’afficher son petit sourire, attendant le choc final. Au lieu de cela, il se sentit propulsé en arrière pour atterrir lourdement au sol. Le choc lui fit ouvrir les yeux. Une fille faisait à présent face à Hika.

Un grand paquet était attaché à son dos. Elle avait de longs cheveux bruns aux mèches violettes et était habillée avec une tenue noire et une grande écharpe blanche. Tokri la reconnu : c’était la timide de l’Académie qu’il avait croisé peu avant son examen.

Quelque chose attira son regard. De drôle de « fils » de Chakra qui partaient de ses mains et étaient reliés à son propre corps. Plus précisément sur sa tête et le haut de ses épaules. Tokri tenta de se relever, en vain. Sa jambe meurtrie lui intimait le repos.

Il espéra que la jeune femme était douée pour autre chose que des interventions surprises. Car pour lui, le combat était terminé.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/1/2022, 11:33

Tokri tenta de se relever, mais retomba lourdement sur son derrière. Sa tête tournait et il peinait à maintenir ses yeux ouverts. L'Utak avait conscience que ses paupières étaient boursouflées et espérait qu'elles n'enflent pas davantage.

Hika, qui avait les quatre fers en l’air, se releva et cria à l'intention de sa sauveuse :

— De quoi tu te mêles, toi ? Je réglais mes comptes avec ce minable !

— Comment ça ? s'étonna la jeune fille. Vous n’êtes pas tous deux Ninjas de Chikara ?

— Je m'en fiche ! s'enragea Hika. Dégage de là si tu veux rester en vie !

La fille aux mèches violettes jeta un œil à Tokri par-dessus son épaule. Malgré la situation, Tokri ne put s’empêcher de la trouver jolie. La peau claire malgré le puissant soleil qui éclairait le Village à longueur de journée, elle était fine de silhouette. L’Utak remarqua qu’elle ne portait qu’un maquillage léger. Aucun ornement, ni bijoux. Elle ne semblait pas vouloir se mettre en valeur.

De par sa façon de le regarder, Tokri comprit qu'elle l'avait reconnu. Cela le gêna. Il se doutait qu’ils faisaient partie de la même promotion mais impossible de se souvenir de son nom. L'Utak sentit les fils de chakra se détacher de son corps.

— Je suis désolée, je ne peux pas laisser Tokri comme ça. Je vais l'emmener à l’hôpital. S’il vous plaît, rentrez chez vous et restons en-là. Tout se passera bien mieux ainsi.

La gêne de Tokri en fut décuplée. Elle connaissait même son prénom. Hika esquissa un sourire mauvais en fixant la jeune fille, avant de se tourner vers son jeune frère.

— Qu’en penses-tu frérot ?

— Éclate la, se contenta-t-il de répondre, bras croisés, en affichant un rictus semblable.

Tout en continuant de sourire, Hika prit une posture de combat.

— Rien à foutre que tu sois une gonzesse, se sentit obligé de lâcher Hika. Je n’ai aucun scrupule à frapper sur des idiotes.

La jeune fille soupira et fit descendre le paquetage de son dos. Elle la mit sur le côté, debout et toujours emballée. Elle se pinça la lèvre, visiblement ennuyée par la tournure que prenaient les évènements. Sans prévenir, Hika chargea et engloutit à une vitesse surprenante les quelques mètres qui le séparait de la Kunoichi. Prise de court, elle n'eut pas le temps de réagir et fut éjectée en arrière sur une douzaine de mètres, frôlant au passage la tête de Tokri. La bâche tomba au sol.

Hika l'ignora en passant à côté, et ne daigna pas adresser un regard à l'Utak, concentré sur la jeune fille qui restait inerte.

— C'est tout ce dont tu es capable ? ricana le gorille.

Il la souleva par les cheveux et l’amena à hauteur de visage. Tokri enragea en voyant des larmes perler au coin des yeux de la kunoichi.

— Je vais rendre service au Village en supprimant deux ninjas aussi faibles.

Son petit frère jubilait à la vue de ce spectacle. Hika serra le poing et frappa de toutes ses forces en pleine figure de l'adolescente. Sa peau se craquela alors par endroit et tomba petits bouts par petits bouts.

— C’est quoi ça ? s’exclama Hika, abasourdi.

— Kawarimi, chuchota Tokri d’une voix à peine audible tout en esquissant un léger sourire.

Le Kawarimi était l’une des techniques enseignées à l’Académie. Il s’agissait d’une technique de Ninjutsu qui permettait au shinobi d’échanger sa place avec un objet. Ce dernier devait se situer à une dizaine de mètres de l’utilisateur et avoir une forme et une taille semblables à celle d’un humain.

La peau craquelée laissa place à du bois. Le camouflage s'émietta et tomba, révélant une grande marionnette ressemblant à un épouvantail à quatre bras. Les deux bras droits frappèrent soudainement Hika, l’un au visage et l’autre au niveau du poumon gauche. Il recula sous le choc, plus surpris que blessé.

En se retournant, il vit la marionnettiste sortir de la bâche. Des fils de Chakra partaient de ses mains jusqu’à la poupée. Furieux de s’être ainsi fait leurrer, il la chargea à nouveau. Ayant anticipé l'assaut, elle fit s’interposer sa marionnette. Hika frappa de toutes ses forces et parvint à la faire s'envoler jusqu'à percuter la Genin qui tomba à la renverse avec son arme. Hika se remit en position de lutteur et, presque aussitôt, la poupée s’anima et se releva en même temps que sa maîtresse. Le regard de cette dernière en disait long : l'initiateur de l'attaque allait changer de camp.

La marionnette bondit en avant, sans que Tokri n'ait perçu le moindre mouvement venant de sa manipulatrice. Les deux combattants partirent dans un court échange. Les deux bras du haut attaquèrent tandis que les deux du bas servirent à la défense. Hika finit par esquiver les deux poings tendus en faisant un bon en arrière. La marionnette continua à attaquer férocement.

Le bras droit plaça un uppercut que Hika bloqua avec son avant-bras gauche. Le second bras voulu frapper Hika latéralement au niveau de la tempe. Celui-ci se baissa et attaqua violemment le bas-ventre de la poupée avec son poing droit. Les deux bras du bas bloquèrent la main du ninja, alors que les deux du haut le saisirent par les épaules pour le jeter au loin.

Hika serra le poing et frappa le torse de la marionnette dans un assourdissant fracas. Sentant le choc de là où il se trouvait, Tokri comprit que le Genin avait chargé sa main d'une forte concentration de Chakra.

La poupée fut éjectée à grande vitesse en direction de Nika, qui esquiva le projectile d’un pas de côté. Ses fils toujours accrochés, elle tourna au trois-quarts et les utilisa comme élastique pour renvoyer la marionnette, tout poing dehors, de toute sa force vers son adversaire. Au moment où elle aurait dû atteindre sa cible, celle-ci se transforma en bâche. La poupée rentra dedans et s’emmêla complètement dans celle-ci.

— Attention ! hurla Tokri. Il s'est substitué à ta bâche !

Elle eut à peine le temps de tourner la tête pour voir Hika lui mettre un puissant coup d'épaule, renforcé par l'élan qu'il venait de prendre. La malheureuse fut expédiée sur plusieurs métres et passa devant un Tokri furieux envers son impuissance. L'Utak vit les fils de Chakra voler devant ses yeux après s'être détachés de l'arme à silhouette humanoïde. Le choc avait été si violent que la marionnettiste n'avait pu garder le lien avec sa poupée.

A moitié KO, elle releva avec difficulté la tête pour voir Hika marcher vers elle avec un sourire satisfait et méchant. Le pantin était trop loin, désarticulé dans sa bâche. Hika dépassa Tokri pour attraper la fille par les cheveux. Il souleva sa tête sans ménagement du sol tout en maintenant son corps au sol, lui arrachant un hurlement de douleur.

— Cette fois, tu ne m’échapperas pas ! jubila le gorille.

Il élança son bras. Un grand coup retentit. Un corps tomba violemment à terre. Inconscient.

Hiko n’en croyait pas ses yeux. Alors que son frère allait gagner et régler son compte à la fille, Tokri s’était relevé avec une rapidité inattendue et avait effectué son attaque fétiche. Hika l’avait subi en plein visage et avait volé en tournoyant sur une quinzaine de mètres avant de heurter lourdement le sol. Il était à présent inerte.

Les jambes tremblotantes, Tokri peinait à se maintenir debout. Le jeune homme sentit les fils de Chakra se détacher en une caresse de son corps. Il s'effondra à genoux en expirant.

Profitant de l'instant de jubilation de Hika, la marionnettiste avait envoyé ses fils sur l'Utak pour en faire sa nouvelle arme. Reconnaissant les mouvements que lui faisait exécuter la manipulatrice des fils, Tokri n'avait eu qu'à se laisser porter tout en préparant son Chikara Senpuu.

La fille extirpa ses doigts du sable tout en se relevant difficilement. Tokri comprit alors comment elle s'y était prise pour envoyer ses fils en toute discrétion. Elle était décoiffée à l’endroit où Hika l’avait tenu et un hématome était en train de gonfler sur sa joue gauche. Elle rejoignit le jeune homme et passa ses bras en dessous des siens afin de le maintenir debout, autant avec ses fils qu’avec ses bras.

— Vous nous le paierez ! jura Hiko. Mon frère vous tuera tous les deux !

Il soutint son frère tant bien que mal et partit aussi vite que possible. Nika fit s’asseoir son partenaire du moment et tendit les mains vers sa poupée pour le relier avec des fils. Elle le ramena vers elle, lui et sa bâche afin d’évaluer les dégâts avant de le ranger. Tout en s’exécutant, elle tourna la tête vers Tokri en lui adressant un grand sourire. L'Utak remarqua que ses pommettes avaient pris une adorable couleur rosée.

— Tout va bien, Tokri ?


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Message par Tokri-en-plus-vieux 23/2/2022, 19:27

Bluffé par cette démonstration de manipulation de Chakra autant que par les stratégies de la jeune femme, Tokri ne répondit pas tout de suite.

Un pic de douleur lui arracha une grimace. L'Utak massa sa jambe endolorie, pestant contre le surplus de Chakra qu'il lui avait fait subir. Pour sa seconde tentative, il ignorait totalement comment il était parvenu à exécuter un Chikara Sen'puu avec autant de précision. L’instinct ? L’adrénaline ? Quoi qu’il en soit, l’Utak pensait avoir retenu le bon dosage pour éviter de se blesser aussi stupidement à l’avenir.

Tokri tenta de se lever, mais sa jambe endolorie plia sous son poids. La jeune fille voulut le rattraper mais, prise dans l’élan et par le poids de Tokri, tomba sur lui. Se retrouvant sur le jeune homme, ses joues virèrent au rouge cramoisie.

Elle se releva instinctivement en s’excusant à demi-mot et tourna son attention vers sa marionnette. La marionnetiste le ramena vers elle pour l'évaluer avant de la ranger. Tout en s’exécutant, elle tourna la tête vers Tokri qui venait de s’asseoir contre un mur, et lui adressa un léger sourire :

— Merci pour ta précieuse aide, bredouilla-t-elle. Sans ta rapide compréhension, nous n’en serions pas là…

— Tu as tout fait, répondit un Tokri gêné en se grattant la joue.

— Pourtant c’est ton coup de pied qui l’a achevé, non ? lui fit t-elle remarquer malicieusement.

Tokri se sentit pris au dépourvu. De par sa grande timidité, il ne s’était pas attendu à une telle répartie. Gêné, il bafouilla :

— Ton plan était parfait.

— Merci, murmura-t-elle.

— Depuis quand as-tu cette marionnette ? le questionna Tokri, curieux d’en apprendre davantage.

La kunoichi se plaça à côté de Tokri, et commença à se recoiffer.

— Mon père et moi avons fini de la construire il y a cinq jours.

— Fais-tu partie du clan de marionnettistes ? Comment s’appelle-t-il déjà ? Hynamari ?

— Hynomori, rectifia-t-elle tout en terminant de se coiffer.

— Je n’ai jamais été très doué pour me souvenir des noms, s’excusa-t-il.

— Nika Hynomori, précisa-t-elle en passant les bras autour de ses jambes.

— Tokri Utak, pensa-t-il lui apprendre.

— Je sais. On était dans la même classe à l’Académie.

Tokri se fit l’effet d’un parfait idiot. Elle l’avait appelé par son prénom durant le combat, et s'en était même voulu de ne pas avoir retenu le sien. Il était décidemment fortement perturbé par les évènements.

— Désolé, je ne prêtais pas vraiment attention aux autres élèves.

— Moi non plus, répondit vaguement Nika.

Elle regarda Tokri droit dans les yeux, et sembla hésiter un court instant avant de lui demander :

— Je peux te poser une question ?

Surpris, il opina du chef en silence.

— Pourquoi vous battiez-vous ? Mon père m’a toujours dit que les ninjas de Chikara devaient s’entraider, et non se battre entre eux.

— Ils m’ont provoqué, répondit Tokri sur la défensive. Car j’ai assommé son frère il y a quelques jours...

— Etait-ce vraiment nécessaire ?

— Je n’ai fait que me défendre.

Un silence s’installa entre les deux Genins jusqu'à ce que Nika rattache Kokuro sur son dos. Elle toucha ensuite de sa main l’hématome qu’elle avait sur la joue et le regretta au vu du rictus qui entacha son visage. De son côté, Tokri testa sa jambe en une succession de courts exercices et se mordit la lèvre sous la douleur.

— Je vais rentrer chez moi, dit-il en prenant appui au mur pour se relever plus facilement.

— Dans cet état ? s’inquiéta Nika avec surprise. Il serait préférable de consulter l’Hôpital, non ?

— Pas si je peux l’éviter.

— Ce n’est pas sérieux ! s’emporta Nika.

Irrité, Tokri leva les yeux au ciel. Jamais il ne s’était senti tant de fois embarrassé en une demi-journée. Il tenta de faire un pas, mais la douleur de sa jambe lui arracha un grognement de douleur. Nika le rattrapa, sans tomber cette fois, et parvint tant bien que mal à le maintenir debout sans avoir à garder appui au mur.

— Désolé, mais tu dois te faire soigner, lui intima Nika.

— On dirait bien.

Il ne pourrait apparemment pas y échapper. En plus de sa jambe, son œil droit le faisait toujours autant souffrir. Hika n’y était vraiment pas allé de main morte.

La Hynomori passa le bras gauche sous le sien afin de le maintenir par le dos. Le jeune homme se sentit brusquement troublé. Une sensation de chaleur venait de le saisir des pieds pour remonter jusqu’au haut de son crâne. Étonné par cette sensation, il tâcha de ne rien en laisser paraitre.

Le duo prit la direction de l’Hôpital d’un pas traînant. Tokri tâcha de ne pas imaginer la réaction qu’aurait sa tante en le voyant dans un tel état.

— Ce Genin que nous avons affronté se croyait tellement supérieur. Comment s’appelait-il ?

— Hika ? Le plus grand crétin que Chikara ai jamais porté, soupira l'Utak.

Cette dernière pensée lui arracha un sourire moqueur. Il était convaincu que le gorille n'avait pas pensé à la portée de ses actes durant leur affrontement. Tokri avait bien senti qu'il était sérieux lorsqu'il parlait de les abattre. Aux yeux du Village, le meurtre d’un compatriote est passible d’un bannissement, voire d’une exécution.

— J’ai toujours cru que les combats entre Genins étaient proscrits en dehors de l’entraînement.

— C'est le cas, répondit-il en haussant les épaules. On ne peut pas empêcher les idiots d'agir stupidement.

Plus ils s’approchèrent de leur destination, plus Tokri s’enferma dans un silence pesant. Lorsqu'ils arrivèrent devant l'Hôpital, il inspira profondément pour se donner du courage. Il allait en avoir besoin pour affronter ce qui l’attendait.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 26/2/2022, 11:44

Le duo venait de traverser la grande rue de Chikara, le chemin le plus court pour se rendre à l’Hôpital. La journée était encore jeune, ils ne croisèrent que peu de Chikarates. Quelques-uns avaient observé avec grand étonnement les jeunes Genins. Nika tenait toujours fermement le bras gauche de son compagnon d’infortune. Les regards la gênaient malgré ses quelques progrès dans la maîtrise de sa timidité. Elle tâchait de les ignorer au mieux. Discrètement, elle détailla Tokri.

Il était plus grand qu’elle d’une dizaine de centimètres. Plutôt fin d’apparence et agréable à regarder, Tokri avait les cheveux en batailles noires foncés, les yeux noisettes et le corps musclé. Malgré ses blessures, il semblait détaché comme s’il avait déjà oublié les événements de ce matin. Cela étonnait Nika qui voulut en apprendre un peu plus sur lui.

— Tokri ? Ce qui s’est passé ne t’ennuie pas ?

— Je crains surtout la réaction de ma tante. Elle travaille à l’Hôpital et apprendra vite ce qui s’est passé, répondit-il en se mordillant une lèvre.

— C’est pour ça que tu ne voulais pas y aller ? comprit alors Nika.

Quelque peu gêné, Tokri confirma d’un hochement de tête.

— Et tes parents ? Que font-ils ? continua Nika.

— Rien, rétorqua laconiquement Tokri.

Comprenant qu’il n’était pas enclin à aborder ce sujet, elle tenta de dévier la discussion.

— Mon père est marionnettiste comme moi, dit-elle en espérant dissiper le malaise. Et comme il est Jounin, il part souvent en mission.

Tokri semblait ne plus écouter. Son regard fixait le chemin qui se présentait en avant sans paraître le voir, absorbé par ses pensées. Nika se tut. Alors qu’elle jeta un bref coup d'oeil à son visage, elle remarqua une fine cicatrice sous son œil gauche. L’Utak sentit le regard de Nika pesait sur son visage et tourna les yeux vers elle. L’espace d’un instant, leurs regards se croisèrent. Elle détourna le sien presque aussitôt, avec une jolie couleur rose sur le haut des joues.

– Tu as une petite cicatrice sous l’œil, bredouilla-t-elle.

Elle sentit le jeune homme se crisper. Il répondit abruptement :

— Ça remonte à loin.

L’Hynomori fut surprise par cette sèche réponse et songea qu'elle avait certainement été trop indiscrète. Ils arrivèrent en vue de l’Hôpital. Nika entendit le jeune homme prendre une grande inspiration, comme s'il essayait de se donner du courage.

Plusieurs personnes étaient en grande conversation devant le bâtiment. Lorsqu’ils se rapprochèrent, un homme et une femme les rejoignirent. La femme était d’assez grande taille, les cheveux noirs coupés courts et encadrant son visage. La peau bronzée, elle avait un air de famille avec Tokri. L’homme contrastait avec elle de part sa peau plus pâle et ses cheveux courts et bruns. Ils portaient tous deux l’uniforme officiel de Chikara, section médecine.

— Tokri ! s’exclama la femme en attrapant le menton du Genin afin d’analyser son œil violacé. Qui t’a fait ça ?

— Toujours un plaisir de te voir Utika, répondit un Tokri dépité.

A l’inverse de la femme, le médecin semblait amusé.

— Il faut être un peu dérangé pour venir voir ta très chère tante dans cet état, déclara-t-il en ricanant.

— Tu ne m’as pas répondu, demanda la femme en ignorant la boutade de son collègue. Qui t’a fait ça ?

Elle dévisagea étrangement Nika, qui fut prise d'effroi. Croyait-elle qu’elle avait été celle qui avait frappé son neveu ? Tokri esquissa un petit sourire narquois. Le souvenir du récent combat semblait lui procurer une intense satisfaction.

— Un imbécile nous a défié. Il a eu plus mal que nous.

— Félicitations ! s’exclama le médecin. Tu viens de gagner ton premier combat en tant que Genin ! Un vrai ninja, ton grand-père va en sauter de joie !

Nika crut percevoir de la dérision dans sa voix, mais la jeune fille avait toujours eu du mal à cerner ce genre de personnage. Utika lui jeta un regard meurtrier, mais l’homme ne sembla pas s’en émouvoir. Il semblait y être habitué.

— Ryul ! Occupe-toi de lui, lui ordonna t-elle.

— Viens avec moi, mon cher neveu. Je vais te rafistoler.

Il saisit le bras droit de Tokri, alors que Nika lâcha le gauche et le guida dans l’Hôpital. Cher neveu ? Cet homme était-il donc l’oncle de Tokri ? Il ne se ressemblait pourtant que peu. Le mari de Utika dans ce cas ? Nika prit conscience qu’il ne restait plus qu’elle et Utika devant la grande porte blanche qui servait d'entrée de l’Hôpital, ce qui l’extirpa de ses réflexions.

— Tu t’es battue toi aussi ? demanda la médecin en désignant l’hématome qui avait gonflé sur la joue de la Genin.

Elle poussa un profond soupir sans laisser le temps à la Hynomori de répondre quoi que ce soit.

— Bon dieu. Ce n’est pas parce qu’on vous donne un stupide bandeau qu’il faut vous croire invincible.

Nika inclina rapidement sa tête, les mains sur les genoux.

— Pardonnez-moi, dame Utika ! Je voulais juste bien faire en aidant votre neveu.

Les excuses de la jeune fille ne détendirent pas l’expression sévère de Utika.

— Suis-moi. Je vais soigner ta joue.

Nika s’empressa de la suivre, plus par crainte de la voir de nouveau en colère que pour l’intérêt de se faire soigner. Elles se rendirent au premier étage et rentrèrent dans une petite salle remplie de matériels médicaux. Ryul effectuait des soins primaires à Tokri. Nika balaya d’un œil curieux la pièce.

Tous les murs étaient recouverts d’étagères, elles-mêmes surchargées en pansements, bandages, cotons, potions et diverses liqueurs. Il y avait également un bureau et cinq chaises. Une vive lumière blanche sortait des petites ampoules incrustées dans le plafonnier. Tokri était installé sur l’une des chaises alors que son oncle, installé à son côté, le soignait en usant d’un Ninjutsu médical. Sa main était entourée d’une étrange lueur verte qu’il appliquait sur les blessures du garçon.

Utika lui pria de s’installer non loin. La Genin s'exécuta après avoir adossé sa marionnette au bureau. Nika regarda la médecin prendre un bout de coton et l’imbiber d’un produit sentant fortement l’alcool. L'infirmière prit une chaise et s’assit à quelques centimètres de la jeune Hynomori. Elle saisit le menton de Nika de sa main gauche, puis appliqua avec doigté le coton sur la joue de la jeune fille.

— Il ne faut pas user de Ninjutsu médical sans précaution préalable, expliqua-t-elle.

Elle jeta un œil à la marionnette.

— Tu es une Hynomori ? questionna Utika.

La jeune fille opina du chef.

— Je m’appelle Nika Hynomori, répondit-elle.

— Tu sors avec lui ? enchaîna Utika en désignant son neveu d’un mouvement de tête.

Nika entendit Ryul pouffer de rire comme un pré-adolescent. Tokri ne sembla pas réagir. L’Hynomori sentit ses joues s’empourprer une fois de plus.

— Non non, je ne suis pas…

— D’où le connais-tu, dans ce cas ? la coupa la médecin.

— A l’Académie.

— Tu étais donc sa copine à l’Académie ?

— Non ! s’exclama Nika. Nous ne sommes pas…

Utika la dévisagea de plus belle en plissant des yeux, comme si elle essayait de lire en elle.

— Pourquoi ? Il n’est pas beau mon neveu ? lâcha t-elle soudainement dans un léger sourire.

— Si si il est beau, bafouilla Nika, complètement perdue. Mais…

— Tu trouves ? Moi pas.

— Je suis là au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, signala Tokri.

Nika ne savait plus où se mettre. Elle aurait fortement souhaité posséder un pouvoir lui permettant de se rendre invisible ou de rapetisser afin de fuir le plus vite possible. Ryul rigola de plus belle, alors que Tokri marmonnait quelques paroles incompréhensibles. Il semblait contenir sa mauvaise humeur face à la scène qui se jouait. Utika jeta le coton dans une poubelle puis, toujours assise à quelques centimètres de Nika, fit apparaître du Chakra légèrement vert dans sa main droite. Nika eu un léger mouvement de recul.

— Ne bouge pas ! l’intima Utika avec autorité.

Elle saisit fermement le menton de Nika de sa main gauche, puis appliqua sa main droite sur la joue douloureuse de la jeune femme.

— Comment était-il à l’académie ? demanda-t-elle tout en appliquant les soins. Niveau travail j'entends.

— Il semblait faire de son mieux, répondit timidement Nika.

— Je dirai plutôt qu’il ne fichait rien oui, répliqua-t-elle en haussant le ton.

— Laisse la tranquille Utika, intervint sèchement Tokri

— Je questionne ta copine si j’en ai envie.

— Nous ne sommes pas ensemble, affirma à son tour l’Utak en soupirant.

Nika se sentait comme prise entre deux feux. L’arrivée de deux autres personnes la soulagea. Le premier était âgé, mais malgré tout musclé et athlétique. Il avait le même air de famille que Tokri et Utika. Le second la surprit. À peu de chose près le sosie de Tokri en un peu plus vieux et avec une queue de cheval, il avait un air assuré de puissant ninja.

— Je te présente le reste de ta belle-famille Nika ! clama Utika.

Celle-ci s’empourpra à un point qu’elle n’avait jusqu’alors jamais atteint. Les deux nouveaux arrivants ne semblèrent pas relever le commentaire.

— J’ai appris que tu avais encore joué à l’imbécile ! ronchonna le vieil homme à l’encontre de son petit-fils. Moi qui pensais que devenir Genin te ferait rentrer dans les clous.

— Il ne s’est pas battu seul, précisa une Utika tout sourire, en désignant Nika d'un mouvement de tête.

Le jeune homme, qui avait gardé le silence, se tourna alors vers elle.

— Comment s’est-il battu ? demanda-t-il avec sérieux.

— Euh... bien. C’est lui qui a donné le coup de grâce à Hika, l’informa Nika.

— Bien, se contenta de dire le jeune homme, un sourire en coin.

Utika retira sa main, faisant se dissiper la lueur. La joue de Nika était comme neuve, parfaitement guérie.

— Merci dame Utika. Je suis impressionnée par votre talent.

— Ne le sois pas. Un ninja-médecin débutant aurait pu le faire, répondit-elle avec simplicité.

En entendant le mot "débutant", Nika se rappela avec effroi un détail important : son entraînement avec Nozuké. En route lorsqu’elle était tombée sur le combat que menait Tokri, les événements s’étaient enchaînés à une telle vitesse que son mentor clanique lui était totalement sorti de l’esprit. Elle se leva précipitamment, s’inclina en posant les mains sur ses genoux et dit à toute vitesse sans prendre la peine de reprendre son souffle :

— Excusez-moi ! Je dois partir ! Je vous souhaite une bonne journée. Merci encore Dame Utika ! Au revoir Tokri !

Elle prit sa poupée et sortit en trombe de l’Hôpital. Nika se rendit à toute jambe à la sortie du Village, craignant les foudres de son maître en se répétant sans interruption : “ Il ne va pas être content ! Il ne va pas être content du tout ! ”

Elle arriva en vue de la sortie de Chikara et passa devant les gardes. Arrivée au pas de la porte, elle arrêta sa course devant son professeur et souffla afin de reprendre son souffle. Elle croisa alors son regard.

Il n’était pas content. Pas du tout…


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Message par Tokri-en-plus-vieux 27/2/2022, 12:40

— Elle est mignonne ta copine, le taquina Bril.

Tokri s’apprêta à répondre, mais fut interrompu par le ricanement de sa tante. Le jeune homme comprit qu’il était inutile de protester. Lorsque sa famille avait un angle de taquinerie à exploiter, rien ne pouvait leur en faire changer.

— Ton hématome n’est plus que de l’histoire ancienne, l’informa Ryul. La légère marque restante devrait disparaître d’ici deux jours.

Tokri le remercia à demi-mot. Il tenta de se lever, mais la douleur de sa jambe se raviva. Il tituba et fut rattrapé par Okioto avant qu’il ne s’affale au sol. Il se rassit, dépité.

— Tu ne m’as pas laissé terminer, reprit son oncle. La bonne nouvelle est que tu n’as rien de cassé. Toutefois, le Chakra s’est incrusté dans tes muscles. Pas profondément, fort heureusement. Dans le cas contraire, tu aurais déjà perdu l’usage de ta jambe. Tu devrais être rétabli dans trois jours. Nous allons te plâtrer pour éviter tout mouvement douloureux.

— Ok, répondit sobrement Tokri.

Ryul lui interdit formellement de sortir de l’hôpital jusqu’à sa complète guérison. Il ouvrit un placard et en sortit deux béquilles pendant que Utika plâtrait sa jambe.

— Il n’y aura vraiment aucune séquelle ? s’inquiéta Tokri en tentant quelques pas avec ses instruments de soutien.

— Tu n'as aucun souci à te faire si tu te reposes, le rassura Ryul. Je vais te conduire à ta chambre.

Chacun retourna à ses occupations. Fatigué, Bril rentra chez lui pour sa sieste de l’aprés-midi. Seul Okioto demanda à rester avec son jeune frère pour le reste de la journée. Le Jounin avait été tellement pris par son travail que cette attention fut une agréable surprise pour Tokri. Les deux frères suivirent donc Ryul jusqu’à la chambre qu’il occuperait pour les trois jours prochains.

C’était une petite pièce simple avec un lit en dessous d’une fenêtre que Ryul ouvrit à leur arrivée. Appelé pour une urgence, son oncle les quitta précipitamment en s’excusant.

Cela faisait plus d’une semaine que Tokri et Okioto ne s’étaient pas retrouvés seul à seul. Tout en s’asseyant sur son lit, Tokri demanda sur un ton faussement innocent comment se déroulaient ses missions actuelles. Ce dernier se contenta de rire et éluda la question en déclarant qu’il n’avait nulle envie de parler du travail. Le Genin savait que son frère allait botter en touche de part leur confidentialité, mais il ne pouvait jamais s’en empêcher.

— Pourquoi t’es-tu battu contre Hika ? demanda-t-il en esquissant un sourire malicieux.

— Son frère m’a provoqué en duel il y a quelques jours. Je l’ai battu et ça ne leur a pas plu.

— Il a donc subi le même sort, conclut Okioto.

— Pas vraiment, rétorqua Tokri. Sans l’aide de Nika, il m'aurait mis dans un état bien plus misérable.

— Ta copine a dit que c’était ton coup qui l’avait assommé, non ?

Tokri ne releva pas l’appellation ‘‘copine’’, se doutant que son frère ne l’employait pas de la même manière que sa tante et son grand-père. Ce n’était guère le type d’amusement auquel se livrait Okioto Utak.

— Oui. Elle m'a utilisé en guise de marionnette.

— Ingénieux. Elle appartient au clan des Hynomori tu disais ?

— C’est cela, confirma Tokri.

— Votre duo semble efficace, le rassura Okioto. Cette victoire vous appartient à tous deux. Tu devrais songer à travailler à nouveau avec elle à l’avenir.

— Peut-être, admit Tokri.

Il poussa un profond soupir de dépit. Au point où il en était, autant se confier totalement à son aîné.

— Parfois, je n’ai pas la sensation d’être de la même trempe que toi.

Okioto se rapprocha un peu plus et posa une main réconfortante sur son épaule.

— Nous le tuerons ensemble. J'ai confiance. Pour information, le QG est en train d’établir les dernières équipes. Avec un peu de chance, tu auras ta convocation à ta sortie. Lorsque tu auras un sensei, tu progresseras bien plus vite.

Pour le motiver tout en l’aidant à mieux vivre ses trois jours d’hospitalisation, Okioto entreprit de lui conter les grands moments de sa carrière depuis son temps comme Genin. Durant ses années de formation, Bril demanda expressément à être le sensei de son équipe. Cette dernière était composée de deux autres Genins : Gomaki Myô et un certain Yakone Kyomoto.

Yakone et Okioto avaient autrefois formé un duo de choc. Le premier combinait ses capacités de manipulation de l’eau avec la glace du second. Yakone avait déserté peu après la promotion au rang de Chuunin de chaque membre de l’équipe. Okioto refusa de s’étendre sur ce sujet, et Tokri respecta cela.

Le dernier jour de sa convalescence arriva enfin. Après avoir effectué les dernières vérifications protocolaires, Ryul confirma sa sortie.

— Tu vas me montrer ton début de technique, demanda Okioto à son cadet sitôt qu’ils furent de retour dans les rues de Chikara.

Tokri était réticent et regretta de lui en avoir parlé lors de leurs longues discussions des trois derniers jours. Il aurait préféré la parfaire avant de la présenter à son aîné.

Devant l’insistance d’Okioto, le jeune Utak avait été contraint d’accepter. Arrivé à un terrain d’entraînement, il fit face à un mannequin et concentra son Chakra dans sa jambe droite. De petits picotements se firent ressentir, comme un avertissement de son corps à ne pas forcer.

Tokri prit appui sur le sol de ses mains et frappa pour envoyer le mannequin le plus haut possible dans les airs. Il divisa ensuite son Chakra entre ses deux jambes et bondit. Malheureusement, il se hissa bien trop haut et passa avec maladresse au-dessus du pantin. Tokri ne parvint qu’à le frôler du bout des doigts. Il atterrit avec souplesse, satisfait de ne pas avoir provoqué un retour à la case hospitalisation.

— Prometteur, commenta simplement Okioto.

Il lui tendit alors un papier administratif du QG. Tokri la lu et fut ravi de son contenu : une convocation à la mise en place d’une équipe. L’invitation semblait être adressé à une grande partie de sa promotion.

— Les choses sérieuses commencent, mon frère.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 3/3/2022, 23:25

Nika n’avait pas revu son compagnon de bataille depuis leur passage à l’Hôpital. Elle espérait que ce dernier s’était remis de ses blessures. Le jour de la formation des équipes des Genins sans affectation était venu. Peut-être le reverrait-elle ?

Le rendez-vous avait lieu dans l’une des salles de l’Académie. Installée au fond de la pièce, elle tuait le temps en laissant glisser son regard d’un visage à l’autre, qu'elle n'avait pas revue depuis l’examen Genin.

Nika remarqua assise devant elle la major de sa promotion : Izul Leïl. Jolie jeune fille aux longs cheveux bleus ciel, elle avait toujours été très amicale et polie envers elle. Un fait rare durant ses années à l’Académie qui avaient laissé chez la marionnettiste plus de mauvais souvenirs que de bons. Nika était surprise de constater qu’elle n’avait pas encore d’affectation.

La Hynomori observa rêveusement le paysage par-delà la fenêtre et se fit un bilan des trois derniers jours.

L'entraînement avec Nozuké s’était révélé plus difficile que prévu. Estimant que la jeune fille avait acquis les bases de la manipulation des marionnettes, la dernière journée avait été dédiée à l’apprentissage de l’affinité élémentaire du clan : le Katon. Nika s’était donc exercée à générer une boule de feu par la bouche. À son premier essai, la jeune Genin crut que ses poumons allaient s’enflammer. Au terme de la journée, elle était parvenu à produire qu’une mince flammèche, au grand désarroi de Nozuké. Les deux jours suivants lui permirent de commencer à former une petite boule.

S’extirpant de ses pensées, son attention se porta à nouveau à l’ensemble de la salle. D’autres anciens élèves étaient arrivés, dont Mutika Oroshi, un élève qu’elle n’appréciait que peu de part son humour qui l’avait toujours mise mal à l’aise. De taille standard pour un adolescent, ses cheveux rouges étaient coiffés sur le côté. Bien qu’il fasse particulièrement chaud ce jour là, même pour le Village du Sable, Mutika portait tout de même son inséparable écharpe jaune. A son grand soulagement, le Genin passa devant Nika sans lui prêter attention. L'Hynomori préférait rester invisible plutôt que de subir ses taquineries.

Tokri n’était toujours pas arrivé. Avait-il finalement une équipe ? Nika se surprise à se sentir déçue de cette éventualité. Son attention se reporta sur la fenêtre tandis qu’elle repensait au soir du combat contre Hika. Quand elle était rentrée chez elle, sa mère l’attendait. Bril, le grand-père de Tokri, était déjà passé la voir pour lui expliquer les évènements. S’attendant à devoir affronter sa mère en colère, Nika fut stupéfaite de la fierté que cette dernière éprouva pour sa fille.

Quelqu’un s’assit à côté d’elle, interrompant le fil de ses pensées. Se tournant vers le nouvel arrivant, elle fut ravie de reconnaître Tokri Utak.

— Salut. Comment vas-tu ?

— Très bien, répondit-elle avec un large sourire qui se dessina malgré elle.

Elle n’eut pas le temps de converser plus avant avec son ami. Un Chuunin venait de prendre place au bureau principal et réclama l’attention de l’assistance. Tokri était arrivé juste à temps.

— Nous sommes navré pour le temps d’attente, les informa le ninja en charge des attributions d’une voix forte. Nous avons eu à faire face à quelques soucis administratifs de dernière minute.

Il commença à énumérer les équipes et à nommer les membres de chacune d’entre elles, jusqu’à ce que vint celle de Nika. Ce fut la seule à être composée de quatre Genins. Elle fut ravie d’apprendre qu’elle était dans la même équipe que Tokri. Le visage de ce dernier s’assombrit lorsqu’il entendit le nom de Mutika Oroshi greffé à leur affectation. Nika avait vaguement entendu parler des tensions entre les deux jeunes hommes. La jeune fille espérait qu’elle et Izul parviendraient à réguler le tempérament des garçons.

Les responsables d’équipe vinrent chercher leurs élèves. Nika se sentit intimidée par le physique de leur mentor. Pas bien grand, il en imposait par son impressionnante masse musculaire. Son crâne était rasé malgré le fait qu’il ne devait pas avoir plus de trente ans et il avait une petite barbichette finement taillé. Il adressa un sourire amical à Tokri, qui le lui rendit. Nika en déduisit que tous deux se connaissaient déjà.

Gomaki les guida jusqu’à une terrasse située sur le toit de l’Académie, qui offrait une vue magnifique sur le désert de Chikara. Depuis sa petite enfance, Nika l’avait perçu comme étant un monde à part, hostile et dangereux.

— Pour commencer, je souhaiterai que nous fassions tous connaissance, commença Gomaki. Vos noms et prénoms et vos objectifs dans l'immédiat, voire pour votre carrière sur le long terme ?

Il tira une cigarette de l’une de ses poches et l’alluma d'une flamme de son pouce avant de reprendre son propos :

— Je me nomme Gomaki Myô. Je suis Jounin depuis trois ans et c'est la première fois que le Village me confie des élèves. Mon objectif actuel est de faire de vous de véritables shinobis.

Il tira une bouffée de cigarette, qu’il expira rapidement.

— Je vous écoute, les pria t-il.

— Mutika Oroshi, commença le dit jeune homme. Mon objectif est de perfectionner ma manipulation de la Terre afin de servir au mieux le Village.

Tokri renifla bruyamment de dédain, irrité par le ton cérémonieux de son ancien ami. Ce dernier lui jeta un regard noir, mais ne répliqua pas.

— Un pratiquant du Doton, constata Gomaki avec intérêt. Parfait, j’ai quelques tours à t’enseigner.

Il se tourna vers Nika, qui ne put réprimer un sursaut de surprise.

— Jeune fille ?

— Je me nomme Nika Hynomori, répondit-elle en rougissant et en pestant intérieurement contre sa sensibilité. Mon objectif personnel est de devenir aussi forte que mon père et d’atteindre son niveau en tant que marionnettiste.

— Une joueuse de poupée ? Adorable, commenta Mutika en affichant un sourire narquois.

— Pas de moquerie, trancha froidement Gomaki. Je te remercie, Nika.

Izul prit alors la parole. Sa posture affirmée tranchait avec la timidité de la Hynomori.

— Je me nomme Izul Leïl. Mon ambition est de devenir une Kunoichi-médecin.

— Une ambition rare dans les temps qui courent, ce qui est navrant. Je ne peux que t’encourager à suivre cette voie, l’encouragea Gomaki. Tu as été la major de votre promotion, n’est-ce pas ? Tes professeurs m’ont vanté ta maîtrise du Chakra. Persévère dans tes efforts, et tu atteindras ton objectif.

Son monologue achevé, tous les regards se portèrent sur Tokri, le seul qui ne s’était pas encore présenté. Le jeune homme semblait apprécié que peu l’exercice.

— Tokri Utak, dit-il en évitant soigneusement tous les regards et en gardant les bras croisés. Je souhaite atteindre le plus rapidement possible le rang de Chuunin. La suite ne regarde que moi.

— C’est d’un banal, ricana Mutika.

Si le regard que lui lança l’Utak aurait pu le tuer, nul doute que son rival aurait été évaporé sur place. Un silence pesant suivit la réflexion de l'Oroshi. Gomaki la brisa de sa toux de fumeur.

— Rendez-vous demain matin à 8h précise, dit-il.

Gomaki leur expliqua l’itinéraire à suivre afin de se rendre à leur terrain d’entraînement. Nika ne manqua pas de remarquer les brefs regards glaciaux que ne cessèrent de se jeter les deux rivaux. L’avenir promettait d’être pour le moins agité.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 3/3/2022, 23:26

Cette première journée au sein de son équipe ne s’était pas déroulée comme l’avait imaginé Tokri. Le jeune homme avait espéré que leur formation débuterait dès le premier jour. Au lieu de cela, il se retrouvait à tuer le temps dans sa chambre après avoir déjeuné avec eux.

L'Utak était ravi d’avoir Gomaki comme sensei. Il s'entendait bien avec Nika et lui était reconnaissant de son aide face à Hika. L'occasion se présenterait certainement de lui rendre la pareille. Quant à Izul, le jeune homme se doutait qu'il aurait de nombreuses choses à apprendre d'elle. Concernant le traitre, Tokri n'avait aucune envie de faire le moindre pas vers lui. Se retrouver dans la même équipe que son ancien ami annonçait des relations tendues lors de leurs futures missions.

Une pensée ne pouvait quitter l'esprit de Tokri vis à vis de cette situation. Il était persuadé que Okioto était derrière tout cela. Le Jounin avait bonne réputation et il lui avait été certainement possible d'influencer l'affectation de son frère. Son frère avait toujours apprécié Mutika et avait insisté sur l’efficacité de leur duo un peu trop souvent au goût de Tokri durant son séjour à l’Hôpital. La composition du groupe ne faisait que confirmer ses soupçons. Gomaki était son meilleur ami, il s'était montré interessé par le combat contre Hika. Que la dernière membre soit la meilleure Genin de l'année devait être une idée de sa part pour l'aider à progresser.

Allongé sur son lit, Tokri plantait furieusement des kunais contre la cible accrochée à la porte de sa chambre. Cette dernière s’ouvrit et laissa apparaître le loup actuel de son esprit. Le Jounin saisit naturellement le kunai avant que ce dernier n’atteigne son visage.

— Essayerais-tu d’assassiner ton cher frère ? plaisanta-t-il.

— Peut-être, répondit froidement Tokri.

Nullement inquiet par le ton cinglant de son cadet, Okioto prit place au pied du lit en lui adressant un chaleureux sourire.

— Quelque chose te tracasse ? demanda-t-il.

— Mon affectation, répliqua Tokri sans changer de ton.

— Pas satisfait ? s’étonna Okioto. Tu semblais pourtant apprécier Gomaki et cette Hynomori.

— Mutika, soupira Tokri. Pourquoi est-il dans mon équipe ?

La question ne souffrait d'aucun doute. Okioto ne fit même pas semblant de ne pas être responsable.

— Ne fais pas ton borné, le pria Okioto avec douceur. Mutika était un très bon ami et ensemble, vous formerez un excellent binôme.

— Je n’ai pas pour habitude de pardonner une trahison, rétorqua Tokri.

— Ce n’est pas ce que j’appelle une trahison.

Le jeune Utak se mordit l’intérieur de la lèvre en repensant à la désertion de Yakone. Son aîné lui ayant raconté cette histoire en détail durant son séjour à l'Hôpital, Tokri se fit l’effet d’un idiot égoiste.

— A toi de voir si cela vaut la peine, avoua Okioto. Je trouve vraiment dommage de perdre un équipier de valeur pour une brouille d'adolescent.

Tokri remarqua alors qu’Okioto tenait un livre, sobrement intitulé « Techniques shinobi ». Remarquant la direction de son regard, il le lui tendit. Tokri en feuilleta quelques pages. Il était abîmé et rapiécé par endroit, témoignant de son vécu.

— C’est un manuel qui m’a été fort utile à mes débuts, lui expliqua Okioto. Je te conseille de te documenter pour ne pas perdre de temps. Tu n’auras sûrement pas d'après-midi libre avant un moment.

Okioto quitta la pièce, laissant son cadet découvrir l’ouvrage. Une page attira tout particulièrement son attention qui consistait à manipuler ses poignées de sorte à se défaire de ses liens : le Nawameke.

L’Utak alla rejoindre son frère dans son bureau, déjà plongé sur ses dossiers. Le Jounin comprit aussitôt à quelle manœuvre son frère s’exerçait. Il entrava donc avec fermeté les poignets du Genin à l’aide d’une courte corde. Tokri retourna dans sa chambre et s’efforça de mémoriser les instructions.

Il devait effectuer une série de brefs mouvements afin de desserrer progressivement ses entraves jusqu’à libération totale. Pensant y parvenir rapidement, Tokri fut surpris de constater de la difficulté de ce tour de passe-passe.

L’après-midi s’écoula lentement. Petit à petit, il parvint à desserrer ses liens. Mais lorsque la nuit finit par tomber sur le Village du Désert, le jeune Utak n'était pas parvenu à se libérer. De sa chambre, il entendit son frère lui annoncer qu’il serait privé de dîner tant qu’il n’aurait pas réussi à achever son entraînement.

Pestant contre le sadisme de son aîné, le Genin y passa une heure supplémentaire jusqu’à atteindre son objectif. Affamé, Tokri rejoignit son frère et s’installa face à lui. Ce dernier affichait une mine étonnamment soucieuse. Il ne réagit pas à l’approche de Tokri, perdu dans ses pensées. Le cadet des Utak reconnut le cachet de Chikara sur une enveloppe décachetée à côté de son assiette.

— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.

— Je pars demain pour Mahou, l’informa Okioto en désignant d'un signe de tête la missive. Dès l'aube.

Mahou était l’un des trois grands Villages ninja du Yuukan. Chikara était réputé pour sa culture du Taijutsu et Mahou pour son Ninjutsu. L’Histoire entre eux étaient ponctué de conflits et une forte animosité les liait malgré l'Armistice, tant au niveau politique qu’entre les habitants. Dans le même temps, les deux Villages ne perdaient jamais une occasion pour renforcer leurs liens afin de maintenir la paix signé au terme de la Seconde Grande Guerre.

Quelques secondes de silence s’écoulèrent, permettant à Tokri d’assimiler l’information.

— Pour une mission ? demanda Tokri.

— Officiellement, répondit simplement Okioto. Officieusement, je songeais à rencontrer un contact pour apprendre un Jutsu particulier.

— Tu n’as jamais eu besoin de partir pour parfaire tes Techniques, lui fit remarquer Tokri.

— Celle-ci est différente, détailla Okioto. Très complexe. Le climat de Mahou est parfait pour seulement espérer la maîtriser. J'ai obtenu une autorisation pour y prolonger mon séjour suite à la mission. En tant qu'agent de liaison.

Le Hyoton était l’élément de la glace, dont Okioto était un praticien. Il était vrai que le climat aride de Chikara n’était guère propice à l’apprentissage de cette affinité. Rares étaient les Chikarates capables de manipuler cet élément. En cela, Okioto était un Shinobi à part au sein du Village du Sable. Tout comme l’avait été leur mère. De plus, son aîné était toujours parvenu à maîtriser son art malgré la chaleur dont étaient accoutumés les habitants du désert. Si ce Jutsu avait amené le talent d’Okioto à ses limites, il devait être redoutable.

Tokri aurait aimé en savoir plus, mais le regard d’Okioto lui faisait comprendre que cela ne serait pas possible pour le moment.

— Combien de temps durera ce séjour ? demanda Tokri qui n'avait pas envisagé de se retrouver seul si peu de temps après son emménagement.

— Six ou sept mois, répondit Okioto.

Devant le visage attristé de son frère, il posa une main fraternelle sur son épaule. Un réflexe de compassion quand il constatait les baisses de moral de Tokri.

— Ne t’en fais pas, tu seras tellement pris dans ton entraînement que tu ne remarqueras même pas mon absence, le rassura-t-il.

Tokri ne répondit pas. C’était à son tour de se perdre dans ses pensées. Aussi loin qu’il s’en souvenait, il ne s’était jamais retrouvé seul aussi longtemps. Depuis le meurtre de sa mère, le jeune homme avait toujours vécu auprès d’un membre de sa famille. L’idée de se retrouver en totale autonomie l'effrayait, sans qu'il ne puisse se formuler la raison de cette terreur.

Minuit était passée. Okioto lui intima de se coucher, afin de ne pas être en retard pour son premier jour d’entraînement sous la houlette de Gomaki.

Le Genin eut peine à trouver le sommeil, l’esprit torturé par nombre de pensées. Alors qu'il pensait s'être enfin endormi, il se réveilla en un sursaut, tremblotant et en sueur.

Réveillé par le cauchemar de cette nuit maudite, qui le hantait depuis son plus jeune âge. Son cœur battait de rage contre sa poitrine. Tokri ne parvenait pas à chasser l'image de sa mère. Son corps et son sang sur ses mains. Un regard sans vie fixant les siens.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 23/3/2022, 09:43

Une nuit entrecoupée de cauchemars eut raison de sa ponctualité. Lorsqu’il arriva au point de rendez-vous, Tokri constata que ses équipiers l’attendaient. De mauvaise humeur, l’Utak s’excusa à demi-mot et remarqua que Mutika, Nika et Izul semblaient déjà épuisés.

— Je viens d'évaluer le niveau de tes partenaires, expliqua Gomaki face au regard interrogatif de Tokri.

— Quel genre de test ?

— On se bat, répondit simplement Gomaki Myô.

Tokri suivit Gomaki jusqu’au centre du terrain en ignorant le ricanement de Mutika. Le Jounin continuait à fumer en s'éloignant de son élève de quelques pas.

— Ne devriez-vous pas éteindre cela ? demanda Tokri en désignant la cigarette.

— Je l’ai gardé avec tes camarades, répliqua Gomaki en expirant un trait de fumée. As-tu la prétention de croire que ce sera différent avec toi ?

Décidé à ne pas se laisser décontenancer, Tokri saisit trois shurikens dans chaque main et les projeta vers Gomaki. Kunai au poing, le Jounin les para sans effort. L’Utak se précipita vers lui et effectua une glissade au dernier moment pour passer sous son mentor. A présent dans son dos, Tokri s'apprêta à frapper. Le Jounin para le coup de poing avec son genou après s'être retourné nonchalamment, mais non moins avec vivacité. Le Jounin lâcha son kunai pour lui caler un coup en plein visage. Sonné, le jeune homme se releva avec peine. Sa lèvre inférieure laissait paraître un mince filet de sang.

— Pas mal, commenta Gomaki en un sourire.

Gardant en tête qu’il ne s’agissait que d’une évaluation, Tokri prit le parti de ne pas user du Chikara Sen'pu. Son passage à l’Hôpital ne datait que de deux jours et il n’avait aucune envie de s’offrir un second séjour. L'Utak tenta de multiples feintes, mais ses assauts furent tous déjoués par Gomaki. A bout de souffle, Tokri eût à se relever pour la énième fois.

— Trop prévisible, énonça Gomaki. Tes frappes sont puissantes et rapides, mais tu les gaspilles en des gestes inutiles.

Comme pour clôturer la fin du test, Gomaki écrasa sa cigarette et l'envoya dans une poubelle d'une brise de vent provoqué par un mouvement de la main.

— Commençons votre première leçon. De ce que j'en ai vu, vous maitrisez le malaxage. Mais vos dosages laissent à désirer.

Le Myô se plaça au milieu du terrain, effectua des signes de mains avant de les apposer au sol. Un mur de plusieurs mètres s'érigea devant les Chikarates.

— Application de base du Chakra. Vous allez monter le long de ce mur, sans vous aider de vos mains. Quelqu'un peut-il m'expliquer la théorie ?

Sans surprise, Izul prit la parole :

— En plaçant notre Chakra vers la plante des pieds. Pour faciliter les choses, il vaut mieux se faire une image mentale lors de l'exécution. En imaginant une adhésion par exemple.

— Je n'aurai pas dit mieux, déclara Gomaki en gratifiant Izul d'un grand sourire. Cet exercice vous aidera à mieux contrôler votre Chakra, tout en vous offrant une compétence fondamentale pour vos missions.

Gomaki recula sur le côté pour leur offrir le champ libre. Les filles furent les premières à s'élancer le long du mur, tandis que Tokri et Mutika se jetèrent un regard de défi avant de les imiter. Izul et Nika étaient en pleine descente lorsqu'elles croisèrent les garçons.

L'Utak décrocha alors que l'Oroshi parvint à gravir quelques mètres de plus que lui. Tokri atterrit avec souplesse, pestant contre son manque de sérieux des dernières années. Mutika avait toujours été le plus doué de leur duo en Ninjutsu et n'avait pas attendu la fin de leurs études pour maîtriser son premier Doton. En matière de Taijutsu, Tokri avait toujours eu un cran d'avance sur son ami. L'écart entre leurs niveaux respectifs ne semblait pas avoir changé durant l'année qui venait de s'écouler.

Les Genins s'entrainérent à monter au mur toute cette première journée d'entraînement, exception faite de la pause déjeuner. Izul et Nika parvinrent en milieu d'après-midi à atteindre le sommet. Gomaki leur demande de se livrer à une session de méditation en attendant que les garçons réussissent à leur tour.

Mutika fut le suivant à y parvenir, suivi de peu par Tokri en fin de journée.

— Nous commencerons nos journées d'entrainement par cet exercice, suivi d'une séance de méditation, les informa Gomaki en guise de conclusion. Suivra un programme afin de renforcer les bases que vous avez acquis à l'Académie. Lorsque votre niveau me satisfera, nous passerons à l'étape suivante.

Gomaki prit congé de ses élèves, les laissant seul décisionnaire de leur soirée. Un léger flottement règna auprès du groupe suite au départ de leur sensei. Ce fut Izul qui prit l'initiative de briser le gênant silence, au moment où Tokri s'apprêtait à partir également :

— Ca vous dit d'aller boire une limonade en terrasse pour renforcer la cohésion de l'équipe. ? Je connais une brasserie sympa près d'ici.

— C'est une bonne idée, confirma timidement Nika.

L'Utak et l'Oroshi s'observèrent en chiens de faïence. Durant une fraction de seconde, Izul et Nika eurent la crainte qu'un combat démarre entre les deux Genins.

— Truc de prévu, maugréa Tokri.

— Pareil, siffla Mutika.

Sans ajouter le moindre commentaire, tous deux quittèrent le groupe en prenant un chemin opposé à l'autre.

— Autant pour la cohésion, soupira Izul.

Elle se tourna vers Nika et lui adressa un grand sourire malgré le malaise provoqué par les réactions de Tokri et Mutika.

— Soirée entre filles ?

Nika lui confirma le programme en un grand sourire.

— Tant pis pour eux, décida d'en rire Izul en prenant le chemin vers la brasserie en compagnie de sa nouvelle collègue.


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Message par Tokri-en-plus-vieux 23/3/2022, 09:46

Assis en tailleur en haut d'un immense rocher, Tokri sentait le Chakra parcourir l'ensemble de son corps depuis une bonne heure. Satisfait d'avoir maintenu sa concentration aussi longtemps, l'Utak dirigea son énergie vers la plante de ses pieds, adhéra à la surface et rejoignit le sol en contrebas.

Deux semaines venaient de s'écouler, durant lesquels les Genins avaient alterner entre des missions peu intéressantes et leur entrainement.

Lors de l’une de ses journées de repos, Tokri avait découvert un accès menant à l'une des deux plate-formes rocheuse qui surplombaient Chikara. Eloigné du reste du Village, l’endroit était parfait pour le solitaire Utak. Une routine s’était bien vite installée. Le matin, il s’entraînait à la plate-forme rocheuse qui était semblable à une micro chaîne de montagne. L’après-midi, l’équipe se livrait aux activités programmées par Gomaki Myô. Selon son état de forme, il revenait dans sa solitude pour parfaire son programme.

En guise de pause, Tokri admirait la beauté du désert qui s’étendait au-delà de l’horizon. Il ne se lassait pas d'observer d'un œil neuf l’architecture de son Village. L'artisanat Chikarate en avait taillé chaque détail à même la roche, un art qui n’avait pas été perdu comme en démontrait la qualité de préservation des habitats.

Le sable s’incrustait à la façade des demeures, source du titre de « Village du Sable ». Familiarisé depuis sa tendre enfance à vivre au sein de ce paysage, Tokri redécouvrait avec joie la magnificence de son Village.

Jugeant que son entrainement du jour avait assez duré, le jeune homme commença à faire route pour rentrer chez lui. Se pensant seul comme cela avait toujours été le cas depuis le début de ses entraînements à la plate-forme rocheuse, Tokri fut surpris d'entendre une voix l'interpeller :

— Qui es-tu ?

Une silhouette faisait face au soleil couchant, son ombre engloutissant l’Utak. Le Genin se sentit soudainement insignifiant face à cette apparition qui descendit de la même manière qu'il l'avait lui-même fait pour faire face à un Tokri aux aguets.

— Tokri Utak, répondit-il. A qui ai-je l’honneur ?

— Toshirô Okuggi, l'informa sèchement le garçon.

Descendu de son piédestal, Toshirô n’avait plus rien d’imposant. Il était d’apparence assez fine. Ses yeux étaient d’un gris très clair, ses cheveux de couleur argent. Son visage était étrangement pâle, lui donnant un aspect maladif.

— Tu es diplômé, dit-il en désignant le bandeau de Tokri, attaché à son bras droit.

— Exact, répondit Tokri.

Toshirô esquissa un demi-sourire. Lorsque Toshirô reprit la parole, l'Utak ne fut pas surpris par sa demande tant cela semblait devenir un effet de mode.

— Que dirais-tu d’un duel ? Je souhaiterai évaluer mes progrès.

— Je n’aime pas me battre sans raison, répondit sèchement Tokri, peu enclin à satisfaire la demande du jeune inconnu.

— Aurais-tu peur de te blesser ? plaisanta le garçon.

Tokri reprit sa marche et passa à côté de Toshirô en lui déclarant :

— J'en ai surtout marre de satisfaire les pulsions de violence de minables dans ton genre.

Le corps de Tokri agit la seconde suivante par pur réflexe pour parer un coup de pied. D’une impulsion de sa seconde jambe, Toshirô prit ses distances avant que son adversaire ne tente une contre-attaque. L’Okuggi noua son bandeau autour de son front et lui adressa un rictus provocateur.

Tokri soupira de dépit et prit une posture de combat. Le garçon à la chevelure d’argent était décidé à livrer bataille. Il sera donc servi...

Toshirô prit à nouveau l'initiative. Durant la demi- seconde où son adversaire ne le fixa pas, Tokri généra un clone inconsistant . Après s’être caché derrière un rocher, l’Utak observa avec satisfaction son ennemi frapper l’illusion.

— Ne me sous-estime pas, lui conseilla Tokri.

Le jeune Okuggi déduisit la position de son adversaire par le son de sa voix. Il sprinta et effectua une glissade, se retrouvant ainsi face à lui. Toshirô tenta de le projeter en l’air en le frappant d’un coup de pied vertical. Tokri para le coup sans difficulté. Soulevant le jeune homme aux cheveux d’argent par le col, il mit son visage au niveau du sien et lui cala un coup de tête en plein front. N'en restant pas là, l'Utak frappa Toshirô d’un coup de pied latéral dans les côtes pour l'envoyer violemment contre un rocher. Toshirô se releva prestement et se cacha derrière l'obstacle.

Il resta ainsi caché quelques minutes, jusqu'à finir par se questionner devant ce calme inattendu. Lorsqu’il sortit de sa cachette, Toshirô constata que l’Utak l’attendait patiemment, bras croisés. Vexé par ce manque de considération, Toshirô envoya un shuriken que Tokri para sans problème d’un kunai. Il comprit en une fraction de seconde que le shuriken en dissimulait plusieurs qu'il continua d'intercepter.

Tokri vit alors son adversaire fonçait droit sur lui. Alors qu’il s’apprêtait à le frapper de son arme, Toshirô disparut soudainement. L'astuce était claire de par son manque total d'originalité : un clone inconsistant.

L’Utak sentit un léger choc dans son dos, qui le fit à peine chanceler. Était-ce tout ce dont l’Okuggi était capable ? Tokri fit volteface et le toisa du regard avec exaspération. Il eut la surprise de constater que des larmes coulaient le long des joues de Toshirô, qu’il effaça de son avant-bras. Semblant avoir besoin de prouver quelque chose, Toshirô repassa à l’action malgré la lassitude apparente sur le visage de Tokri.

Ce petit jeu dura un bon quart d'heure. Toshirô attaquait, Tokri le repoussait. L'Utak n’avait reçu aucune blessure, tandis que le Okuggi était dans un piteux état. De nombreuses contusions lui meurtrissaient le visage et de plus en plus de sang tapissait le blanc de sa peau. Épuisé, il tenait à peine sur ses jambes qui tremblaient par à-coup. A présent au-delà de l’exaspération, Tokri ressentait à présent de la pitié. Ce combat n'avait aucun intérêt.

Expédié par un coup de pied de Tokri, Toshirô trôna en haut d’une façade rocheuse. Il essuya le filet de sang qui s'écoulait de sa lèvre inférieure.

— La différence de niveau est flagrante, lui asséna Tokri. Abandonne.

— Lorsque tu giseras dans ton sang, répliqua Toshirô.

Tokri se mordit la lèvre, agacé. Mais qu'avaient-ils tous à vouloir tuer des compatriotes ? La cour martiale avait un attrait qui lui échappait ? Quoi qu'il en soit, le combat allait bien trop loin.

— Arrêtons, ce duel n'a aucun sens, tenta-t-il de le convaincre.

Une pluie de shuriken s'abattit sur lui, ne lui laissant le temps que de tenter des esquives. L’Utak se saisit de deux kunais et dévia ceux qu'il ne parvenait pas à éviter. Plusieurs projectiles le frolèrent, faisant faiblement saigner ses bras et jambes. Sans ses réflexes, il en aurait certainement déjà reçu un dans un point vital. Ce garçon était-il complètement fou ?

L’assaut dura quelques minutes, jusqu’à ce que le stock de Toshirô soit réduit à néant. Tokri fit quelques pas, mais fut stoppé par un kunai qui se planta juste devant lui. L’assaut reprit de plus belle. Le garçon à la chevelure argentée semblait désespéré, mais refusait de s'avouer vaincu en lui envoyant tout son stock de projectile.

Tokri s’évertua à dévier ou esquiver les lames, mais ne pût échapper à plusieurs blessures supplémentaires. L’Utak fut stupéfait de finir par trancher plusieurs pommes.

— Sérieusement ? s’exclama t-il.

Tokri comprit que son jugement avait été trop hâtif lorsque l’une des pommes frappa son bras. Il grimaça en extirpant les pointes qui s'étaient fichées dans son épiderme et comprit que son adversaire avait caché en son coeur un makibishi, une petite boule en métal surmonté de fines piques. Malin, le Genin n'en avait pas mis dans chaque pomme afin de brouiller les pistes. Dans le doute, Tokri décida d'agir comme si chaque pomme représentait une menace.

Lorsque son stock de projectile fut totalement vide, Toshirô descendit de son piédestal et s’approcha de son adversaire. Tokri fit de même. Tous deux étaient épuisés. Ayant compris que seul un KO allait mettre un terme à l'affrontement, l'Utak n'avait pas l'intention d'y aller de main morte.

Afin de ne pas lui offrir l’occasion d'agir avant lui, Tokri accéléra d'un coup et passa dans son dos. Il lui saisit le bras droit et, d’une solide clef de bras, ne lui offrit d’autre alternative que de s’agenouiller. L'Utak lui frappa la nuque de son genou. Le visage de Toshirô heurta le sol en soulevant un nuage de poussière. Le jeune Utak saisit son adversaire par les chevilles, tourna sur lui-même et, une fois avoir pris suffisamment de vitesse, relâcha sa prise. L’Okuggi percuta l’une des surfaces de pierre avec violence.

Il se releva avec difficulté, le visage ensanglanté et boursouflé. Tous deux se fixèrent un long moment. Du point de vue de Tokri, le combat était clairement clos.

— Game over, déclara-t-il.

— Crois-tu que j’en ai fini avec toi ? lui demanda Toshirô d'une voix démente.

Tokri n’appréciait guère la flamme qui s’agitait dans le regard de l’Okuggi.

— Ne sois pas ridicule ! répliqua Tokri, exaspéré.

Toshirô hurla de colère et frappa à l’aveugle. Tokri le para facilement. Son adversaire tenta de le frapper de son autre main, aboutissant à un résultat identique. Bloquant fermement les deux bras, Tokri frappa à contrecœur son plexus solaire du genou. A nouveau à terre, le jeune homme se pencha vers lui et lui murmura en tentant de paraître sympathique :

— C’est terminé. Rentrons.

Toshirô le repoussa et s’éloigna en quelques pas chancelants.

— Dans quelques secondes, c’en sera fini de toi ! Je ne ferai pas honte à mon clan !

Tokri s’apprêta à lui expliquer une fois de plus la futilité de l’affrontement. Il n’en eût pas le temps, recevant un puissant coup de poing en plein visage. Ce fut à son tour de mordre la poussière. La force du coup n’était en aucun cas comparable à ce qui avait précédé. Il se releva pour endurer de nombreuses frappes. Abasourdi, Tokri fut incapable de réagir. Toshirô le saisit par le col et le projeta sur plusieurs mètres, heurtant le sol à plusieurs reprises. Il se releva avec peine une fois sa course achevée en crachant du sang. Que se passait-il donc ?

— La spécialité de mon clan est le Ganseki Goken, dit Toshirô, répondant à la question muette de Tokri.

Tout était clair à présent. Le Ganseki Goken était un style de Taijutsu faisant appel au potentiel latent du corps humain. Les énergies qui permettait la conception du Chakra circulaient au sein du corps humain par plusieurs points vitaux, semblable à des intersections : les Tenketsus. Ces points étaient les carrefours du Chakra et permettait au corps de ne pas user de l’ensemble de l'ensemble de l'énergie produite sous peine de subir de lourdes blessures pouvant mener au décès de l'utilisateur. Il existait huit Tenketsus, scellant ce que l’on appelait couramment les Portes. Le Ganseki Goken était un art martial permettant de lever un à un les verrous psychiques. Plus l'utilisateur levait de verrous, plus il devenait puissant. En contrepartie, son corps subissait des dégâts de plus en plus mortels.

De par son surplus de force physique et de vivacité, nul doute que Toshirô avait levé son premier Tenketsu. Tokri arma ses poings de deux kunais, ce qui provoqua l’hilarité de son adversaire. L’Utak garda le silence et se concentra sur le prochain assaut. Il n’avait aucun droit à l’erreur. Ce n'était pas le moment d'être effrayer par l’expression de folie qui déformait le visage de son adversaire.

Toshirô enclencha sa course. Tokri lui jeta ses projectiles dans l'espoir de ralentir l’adepte du Ganseki qui para les menaces de ses poings. Saisissant cette opportunité, Tokri fila face à son ennemi tout en concentrant du Chakra dans sa jambe droite. Il le frappa d’un coup de pied vertical qui le projeta dans les airs. Après avoir rapidement concentrer son Chakra dans ses deux jambes, Tokri bondit et saisit Toshirô par les chevilles.

Il se laissa basculer en arrière, tourna plusieurs fois sur lui-même dans le but d’atteindre une vitesse suffisante et projeta Toshirô au sol avec fracas. Tokri atterrit durement au sol, épuisé mais satisfait d’avoir réussi à exécuter son nouvel enchaînement en condition de combat. A sa grande surprise, il vit Toshirô se relever. L’attaque l’avait blessé, mais il semblait ne pas en tenir compte. Il cracha du sang avant d'adresser un rictus empli de haine à l’Utak. Le Ganseki lui avait-il fait définitivement perdre toute capacité de raisonnement ? Avait-t-il vraiment l’intention de le tuer ?

Toshirô le fixa durant quelques secondes de son regard dément. Toute stratégie semblait vouée à l’échec. La seule viable pour espérer rester en vie était de le pousser dans ses extrémités jusqu’à ce qu’il soit incapable de maintenir son pouvoir éveillé. Malheureusement, Toshirô redoubla de vitesse. Du point de vue de l’Utak, son ennemi venait de se téléporter et il fut incapable de réagir à la frappe qui lui coupa la respiration.

Ses mains se crispèrent contre son estomac, un goût de sang envahit sa bouche. Il sentit les paumes de Toshirô lui saisir le visage.

Choc contre son front.

Le sol lui meurtrit le dos. Sa vision se fit trouble, le monde tournoyait dans une course folle autour de ses yeux. Une poigne lui saisit l’une de ses chevilles. Il se sentit soulevé, puis son corps fut frappé d'une douloureuse vibration. Le goût du sable se mêla à sa bouche après s'être senti choir. Complètement sonné, Tokri prit maladroitement appui sur ce qu'il devina être un rocher. Il redressa douloureusement la tête.

Ses cheveux lui obscurcissaient son champ de vision, collé par la sueur et le sang. Il crut reconnaître la silhouette de Toshirô, forme fantasque à peine humaine. Alors qu'il s'attendait au coup de grâce, il la vit s'effondrer au sol.

Incapable de raisonner, Tokri se sentit glisser dans les ténébres.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 17:27

Le poing de Kiame fut paré de justesse. Dom Ferruet contre-attaqua d’un coup de pied au visage qui fut esquivé. Arborant un petit sourire narquois, Kiame se redressa vivement et envoya une fois de plus son poing, qui fit mouche. Dom se retrouva le nez dans le sable du terrain d’entraînement et se releva en jetant un regard noir à Kiame. Ce dernier était satisfait. De mauvaise humeur, le jeune homme avait décidé de se défouler sur son jeune "ami". Le duel avait été demandé par Dom, qui souhaitait évaluer les résultats de ses entraînements. Comme toujours, ce dernier était vêtu d’un simple tee-shirt et d’un jogging. Le crâne du garçon était rasé à quelques millimètres prés.

Kiame avait des yeux d'un vert clair et ses cheveux blonds étaient coiffés en crête. Musclé, il était vêtu d'une veste noir aux abords rouges.

— C’est ça un combat amical pour toi ? se plaignit Dom en se massant le menton. Tu frappes bien trop fort !

— J’y suis pour rien si t'es un fragile ! ricana Kiame.

Courroucé par cette insulte gratuite, Dom repassa à l’assaut. Ne s'attendant pas à cette réaction, Kiame éprouva des difficultés à parer et à esquiver, encaissant quelques coups au visage et aux flancs. Dom donnait le maximum de ses capacités.

Tous deux possédaient un niveau identique au Taijutsu. Si Kiame souhaitait mettre rapidement fin à l’affrontement, il lui faudrait ruser. Un coup de coude à l’estomac lui coupa la respiration. Genou à terre, Kiame tenta désespérément de reprendre son souffle. Décidé à ne pas lui laisser un instant de répit, Dom enchaîna coup sur coup jusqu’à l’envoyer mordre à son tour le sable de Chikara.

Kiame se releva en titubant et cracha un filet de sang. Il s’éloigna d’un bond en arrière et composa plusieurs signes à toute vitesse. Dom en fit de même. La flamme de Kiame et la sphère d’eau de Dom se percutèrent. Les deux techniques s’annulèrent en un épais nuage de vapeur.

Aveuglé, Dom plissa les yeux et tenta de discerner la position de Kiame. Il ne vit qu’au dernier moment la silhouette de son ami fondre sur lui. Un coup de poing lui fit percuter genoux à terre.

— On continue ? le provoqua Kiame en ricanant.

— Je pense que cela suffira pour aujourd’hui les garçons, déclara une voix féminine derrière eux.

Tous deux firent volteface. Falda, la mère de Kiame, les toisait du regard.

— Rentre chez toi, ordonna-t-elle poliment au Ferruet. Je dois discuter avec mon fils.

Craignant de subir les foudres de la dame, Dom quitta le terrain d’entraînement sans oser adresser le moindre regard à son partenaire d'entraînement.

— Je comptais t’enseigner une technique Katon aujourd'hui. Mais en vu de ton état, nous sommes contraint d’annuler, l’informa Falda avec calme et fermeté.

— Non ! s’exclama Kiame. Je suis encore capable de m’entraîner !

— Je ne te demande pas ton avis ! fulmina la kunoichi. A chaque duel avec lui, tu finis toujours mal ! Et tu es toujours le responsable ! Tu le provoques, vous vous battez à sang. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Kiame garda le silence, poings crispés. Était-ce de sa faute si Dom n’admettait pas son infériorité face à lui ? Sa mère exécuta quelques signes et un jet de flamme jaillit de sa paume.

— Funhi. Je te l’enseignerai si tu ne livres aucun duel contre Dom durant deux semaines.

— Tu veux que je stagne ?

— Ce que vous faites n'est pas de l'entraînement ! Si vous continuez ainsi, l'un de vous se blessera grièvement. Tu veux finir estropié à vie comme ton père ?

Kiame soupira. L'idée d'être privé d'action lui était insupportable. Rien que de se l'imaginer, le Genin sentait son sang bouillir.

— Durant les deux semaines à venir, je veux te voir t'entrainer sur ta maîtrise du Chakra. Ce sera exclusivement de la méditation et de l'exercice de contrôle.

Nouveau soupir d’exaspération. Non seulement il n’allait pas pouvoir se battre, mais il lui faudrait se livrer à des exercices d’un ennui mortel.

— Pour ton information, ton père s’est renseigné auprès du QG. Une place devrait se débloquer au sein d’une équipe. Beaucoup sont déjà en sureffectif cette année, mais ils ne peuvent pas te laisser sans affectation.

Kiame se mordit la lèvre inférieure. Le garçon n’était pas d’un naturel sociable. La simple idée de devoir collaborer avec d’autres jeunes de son âge le rendait nauséeux. Falda Myô poussa un soupir de dépit devant la moue boudeuse de son fils. Sachant qu’aucune parole ne l'apaiserait, elle se contenta de rentrer avec lui à leur domicile.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 18:36

Un poids invisible alourdissait son corps. Il tenta de remuer, en vain. Chaque fibre de son être le brûlait. Tokri Utak sentait son environnement tanguer autour de lui, au rythme des à-coups que subissait son crâne. Il n’avait pas souvenir d'avoir souffert d’une pareille migraine par le passé. Il entendit des murmures. Souffrant beaucoup trop pour essayer de déchiffrer ces chuchotements, il se laissa sombrer. Durant combien de temps ? Tokri n'aurait su le dire. Il n'avait plus les notions ni de l'espace, ni de la temporalité. Seule existait la douleur qui lui vrillait le crâne et l'ensemble de son corps. Tokri finit par percevoir de nouveau des murmures au-delà de la confusion que lui infligeaient ses migraines.

D’abord lointain, ils semblaient se rapprocher peu à peu. Cette fois, le jeune homme parvint à se concentrer et crut reconnaître des voix familières. Plus il parvenait à les distinguer, plus les douleurs de son corps s'apaisaient.

— Quand va t'il se réveiller ?

La voix était celle d’une jeune fille. D'une amie. Elle semblait inquiète.

— D’après son oncle, bientôt.

Le timbre de la seconde voix était grave. Posée, mais inquiète. Familière également. Cet homme semblait vouloir rassurer la première personne, sans parvenir à totalement cacher ses propres doutes.

Les souvenirs des derniers évènements lui revinrent progressivement à l'esprit. Son entraînement quotidien en solitaire, l’arrivée de ce Toshirô et le violent combat qui s’en était suivis. Rassemblant toute sa volonté, Tokri parvint à remuer un doigt. Il constata que les douleurs de son corps s’étaient apaisées et tenta d’ouvrir les yeux. Bien trop rapidement, il fut aveuglé et dût prendre le temps de les laisser s’accoutumer petit à petit à la lumière.

Personne ne semblait avoir remarqué sa tentative.

Tokri constata finalement qu’il était allongé dans un lit de l’une des chambres de l’Hôpital. Cela commençait à devenir une triste habitude.

Son équipe était à son chevet, leurs silhouettes baignant dans la douce chaleur du soleil de Chikara. De par sa teinte orangée, le Genin en déduisit que l'après-midi touchait à sa fin. Quand elle constata qu'il était revenu à lui, Nika lui bondit dessus à la surprise générale.

— Tu es réveillé ! s’exclama-t-elle avec soulagement.

— Ne crie pas aussi fort je t’en prie, l’implora Tokri dont le mal de tête s’était violemment ravivé.

— Que s’est-il passé ? lui demanda Mutika, d'une voix dans laquelle Tokri reconnut avec étonnement des teintes d’inquiétude.

— Je me suis battu contre un Genin, expliqua Tokri. Pas très fort, mais adepte de l’ouverture des Portes. A partir du moment où il s’en est servi, j’étais surclassé.

— Il a voulu employer un pouvoir pour lequel il n’était pas prêt, commenta laconiquement Gomaki.

La phrase semblait inachevée. L'Utak fixa son sensei, l'incitant silencieusement à terminer.

— Est-ce toi qui a provoqué ce duel ? lui demanda son mentor avec gravité.

— Non.

— Cohérent De ce que sa famille m'a expliqué, il a grillé les étapes en autodidacte dans son apprentissage des Portes. Il s'est laissé engloutir par l'ivresse de leurs puissances et se comportait de plus en plus étrangement.

— Il avait l'air de plus en plus fou durant le combat, confirma le Genin. Y'a-t-il un moyen de l'aider ?

— Le garçon est mort, Tokri. Navré.

Un silence s’installa durant quelques minutes, laissant le temps à Tokri d'intégrer l'information. Son poing se serra instinctivement autour du drap. Était-il responsable ? Le jeune homme savait qu'il lui faudrait un jour ôter des vies. Il s'y préparait depuis longtemps. Mais pas comme ça, par accident. Et jamais il n'avait imaginé qu'il s'agirait d'un camarade de Chikara.

— Tu n'es pas fautif, tu le sais ? tenta de le rassurer Nika en posant une main hésitante sur celle crispée de l’Utak.

Tokri se refit le fil des évènements. Elle avait raison. Tokri avait rejeté le combat, et avait ensuite tenté à plusieurs reprises d'y mettre fin. Toshirô s'était tué tout seul en utilisant une arme qu'il ne maîtrisait pas

Gomaki finit par briser ce silence mortifère afin d’informer Tokri qu'il ne sera pas tenu responsable du décès de Toshirô, compte tenu des antécédents du défunt. Il sera toutefois entendu par le QG dans le cadre d'une enquête administrative, mais le clan Okuggi avait d'ores et déjà informé le Jounin qu'ils ne poursuivraient pas son élève. Aux yeux des autorités de Chikara, il s'agissait d'un entraînement entre deux jeunes Genins qui avait mal tourné. Toshirô ayant volontairement usé d'une capacité qui lui avait coûté la vie, il était tenu pour seul responsable du dénouement tragique.

Le Jounin avait également des nouvelles de ce qui les attendait pour sa sortie d’Hôpital. Le QG leur avait confié leur première mission de rang C, qu’ils auront à livrer en collaboration avec des shinobis de Gensou au sein du petit village de Nikidami. Une fête importante pour la région y avait lieu et les villageois craignaient qu'une bande de bandits ne gâche les réjouissances. Leur mission consistait à les protéger.

Ils avaient pour instruction officieuse de discréditer les Gensouards, afin que Chikara obtienne la majorité des bénéfices. Gomaki ne serait présent qu’en tant qu’observateur, le chef officiel étant l'un des envoyés de Gensou. Tokri comprit que cette mission était un test. Selon leur réussite, le QG estimerait la capacité de la Team Gomaki face à ce type d'affaires.

Les missions étaient divisées et classées par ordre de difficulté, de D à S. Une mission de rang D était du niveau d’un Genin, tandis que les missions de rang S étaient exclusivement réservées aux Jounins les plus expérimentés.

— Nous partirons lorsque tu te seras rétablis, conclut Gomaki. A moins que tu ne souhaites prendre une carte de fidélité ici ?

— Je n'y tiens pas, rétorqua Tokri sans réussir à laisser échapper un rictus amusé.

—Tu t'es pris un coup trop fort sur la tête ? le taquina Mutika.

Tokri ne sut quoi répondre. Pour la simple raison que cela faisait une année entière que l’Oroshi n'avait pas été aussi agréable avec lui. S'était-il inquiété lui aussi ?

— Nous allons te laisser te reposer, déclara Gomaki. Avant cela, j'ai un détail à régler avec toi en prévision de ses futurs entraînements.

Les Genins les laissèrent donc seul à seul. Gomaki plaça un papier dans le creux de la paume de Tokri. Il lui expliqua qu’en malaxant son chakra tout en tenant fermement ce papier, ils découvriraient la nature de son Chakra élémental en fonction de la réaction de l'outil d'identification. Tokri s’exécuta, provoquant une coupure nette du papier.

— Parfait ! s'en réjouit le Jounin. Tu es du type Vent. Cet élément correspond parfaitement à ton style de combat et à ton caractère ! Je posséde cette affinité et j'ai déjà en tête quelques tours à te transmettre.

Le Jounin n'occupa pas plus longtemps le temps de l'Utak. La concentration que lui avait demandé cet exercice pourtant basique avait eu raison de son état d’épuisement.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 22:01

Ryul examinait minutieusement la jambe de Tokri, le dernier examen nécessaire afin de lui accorder un droit de sortie. L’Utak venait de passer trois semaines totalement alité. Bien qu'il en avait profité pour se livrer à de nombreux exercices de méditation et pour s'exercer au Gyo, son impatience transparaissait par ses grandes difficultés à se tenir immobile. C'est avec soulagement qu'il quitta enfin l'Hopital pour retrouver ses coéquipiers.

Tokri rejoignit son équipe au point de rendez-vous fixé par Gomaki, non loin du QG. Le Jounin l’accueillit d’un sourire à demi masqué par la fumée de sa cigarette. Mutika lui adressa un bref signe de tête. Nika lui adressa un sourire timide dans lequel Tokri crut lire du soulagement. Izul fut la première à venir à sa rencontre. Le jeune homme perçut qu’elle semblait s’être également inquiétée.

L’équipe prit la route vers Nikidami. Aucun élément notable ne survint durant leur voyage de quatre jours. A leur arrivée, ils constatèrent que le village était en pleine effervescence. La fête qui se préparait était un évènement majeur pour leur modeste économie. Gomaki déclara qu’il allait à la rencontre du maire afin de le prévenir de leur arrivée. Le Jounin leur donna quartier libre après avoir fixé avec eux d’une heure et d'un point de rendez-vous.

Nikidami n’était pas bien grand. Un peu plus de trois heures de marche leur fut suffisant pour en connaître le moindre recoin. De l’initiative de Mutika, les Genins finirent par s’installer au haut d’un bâtiment à proximité de l’entrée du village et d'y partager une glace.

Quelques heures s’écoulèrent jusqu’à l’arrivée de trois personnes bien différent des Nikidamiens. Arborant un bandeau au symbole du Village de la rivière, les Genins devinèrent sans mal leur identité : leurs collègues Gensouards. Les Chikarates allèrent à leur rencontre et se présentèrent successivement. Les Gensouards en firent de même. L’Utak tenta de retenir leurs noms et prénoms : Chihousou Masaka, Kazuo Sabishii et Sarouh Tsumyo. De leur groupe, seul Kazuo était Genin.

Chihousou se présenta comme étant le chef de l'escouade Gensouard, et dorénavant le leader de leur équipe hybride. Malgré sa grande taille, il était d'une silhouette extrêmement fine. Tokri ne pensait pas prendre trop de risque en estimant qu'il devait être un adepte du Ninjutsu ou du Genjutsu. Le Masaka portait un bandana sur ses yeux dont débordait quelques cheveux blonds mi-long. Aveugle ou non, cela ne semblait pas le gêner pour repérer ses interlocuteurs.

Il suffit d'un regard échangé avec Kazuo Sabishii pour donner à Tokri l'envie de le frapper. Tout dans son attitude et son apparence répugnait l'Utak. De taille moyenne, le Sabishii était apprété avec la minutie de celui qui faisait passer l'apparence au centre de ses préoccupations. Blondinet coiffé d'une petite méche relevée, il adressa plusieurs clins d'oeil qui se voulait charmeur à l'adresse de Nika et Izul.

Frêle d'apparence malgré son métre quatre-vingt, Sarouh Tsumyo avait des cheveux bleus ébourriffés. Il sembla jauger Tokri de son regard émeraude, le fixant un peu trop intensément à son goût.

Les deux équipes s’échangèrent des banalités de rigueur avant de se séparer. Fatigué, le groupe Chikarate s'engagea dans une large ruelle avec l'attention de se rendre à leur point de rendez-vous lorsque quelqu’un les apostropha :

—Tokri Utak ! J’aimerais te parler !

Les quatre Genins se retournèrent et virent avec surprise Sarouh s’approcher d’eux. Tokri prit conscience de la jeunesse du Chuunin, moins âgé que lui. Sans qu'il ne réussisse à mettre le doigt sur la raison, le visage du garçon aux cheveux bleus était vaguement familier au Genin. L’Utak intima du regard le Gensouard à s’expliquer.

— Je souhaiterai t’affronter dans un duel amical, dit-il calmement.

— Pas intéressé, répondit Tokri. La dernière fois que j’ai mené un combat de ce genre, trois semaines d’hospitalisation ont suivi et le gars en face est mort par accident.

— Il n’y aura aucun blessé, lui assura Sarouh. Tu as ma parole.

— Je peux le remplacer, déclara Mutika. Il vient tout juste de sortir de sa convalescence.

— Sans vouloir te paraître offensant, c'est Tokri qui m'intéresse, s’excusa poliment Sarouh.

Vexé, Mutika se mordit une lèvre. L’Utak jeta un regard autour d’eux et constata que leur échange avait attiré l’attention des passants aux alentours. Beaucoup de personnes s’étaient tourné avec inquiètude lorsque Sarouh avait prononcé le mot "duel". L'Utak se sentait piégé. Un combat risquait de provoquer des dommages civils. Mais dans le même temps, refuser risquait de faire passer les Chikarates pour des lâches.

— Très bien, accepta-t-il à contrecœur.

Tokri demanda à ses compagnons de ne pas intervenir, quoi qu’il advienne. Les deux adversaires se fixèrent un court instant, se jaugeant du regard. L’Utak passa finalement à l’action. Sarouh para son coup de poing, puis un autre. Malgré les assauts continus, Sarouh réussissait à contenir le jeune Genin. Tokri sentait malgré tout que le duel au corps à corps l’avantageait. Après avoir concentré du Chakra dans son genou, Tokri le frappa en plein estomac, lui coupant le souffle.

L'Utak le saisit aux épaules et le heurta du front. Le Chuunin recula en titubant de quelques pas. L’Utak étendit son Chakra à l’ensemble de sa jambe et bondit sur son adversaire. Le coup de pied le fit tournoyer sur lui-même avant de heurter violemment le sol.

Sarouh lutta une fraction de seconde pour se relever. Il essuya le sang de sa lèvre inférieure. Tokri fut surpris de voir un sourire satisfait se dessiner.

— Tu es doué pour le Taijutsu, le félicita-t-il.

Le Gensouard extirpa son katana de son fourreau, qu’il portait le long de son dos. Était-ce son expertise ? Tokri se doutait qu’il connaîtrait rapidement la réponse à cette question. L’Utak régula sa respiration, se doutant qu’un mauvais mouvement pouvait entraîner une défaite immédiate. Ce garçon était un Chuunin, il ne fallait pas le prendre à la légère. Sarouh se positionna, attendant que Tokri vienne à lui. Ce dernier feinta une attaque, à laquelle Sarouh répliqua de sa lame.

Une mince éraflure barra le ventre de Tokri. Décidé à ne pas le laisser se ressaisir, Sarouh porta à toute vitesse estoc et autre taille. Bien que débordé, le Chikarate parvenait à esquiver la lame aiguisée. Le Chuunin finit par s’éloigner. Il toisa son adversaire d’un sourire narquois et fit glisser un index le long de son arme, qui disparut progressivement.

Il ne manquait plus que cela. Du Genjutsu.

— Voyons si tu parviens à esquiver une lame invisible, le défia-t-il.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 22:02

Le chuunin aux cheveux bleus ne put retenir un sourire narquois de traverser son visage. Il avait passé un voyage de merde, il devait se détendre. Et commencer la mission, par la même occasion. Si celle-ci était officiellement de défendre un festival et de restituer un héritage, officieusement, il fallait également décrédibiliser les chikarates. Tout en s’assurant de ne pas les laisser faire de même. Le duel permettait un tout en un. Se défouler, humilier le chikarate sous couvert de juger son niveau, et permettre au Tsumyo de reprendre un peu confiance en lui.

— Voyons si tu parviens à esquiver une lame invisible.

Le genin qui lui faisait face se tendit. Pas doué pour les illusions ? Il était mal tombé. Le « nanika » commençait déjà à attaquer les réserves de chakra du chuunin qui ne perdit pas de temps. Il changea rapidement sa lame de main, et frappa d’estoc dans le même mouvement. Tokri esquiva d’une pirouette sur le côté, et ne put esquiver le coup de pied que le gensouard lui jeta au visage. Si au Taijutsu, leur niveau se valait, voire même avantageait l’Utak, le sabre invisible inversait violemment l’équilibre des forces. L’Utak ne pouvait pas esquiver la lame et se protéger tout en menant l’agression. Le Chikarate commençait à perdre pied, et fit une seconde erreur qui se paya d’une fine estafilade sur l’avant-bras gauche.

— J’imagine que tu es une merde en genjutsu ?

— Quelle perspicacité… répondit Tokri, acide. Tu es bon dans la spécialité de ton village, moi dans la mienne. Tu n’es meilleur que moi que de grade.

— J’ai pas eu le temps de m’entrainer depuis mon passage au grade supérieur. Seul le travail sur soi-même et ce qu’on en fait en combat fait la différence.

— Je trouve ça horriblement sentencieux, comme déclaration. Bouge-toi, au lieu de parler.

— Parce que tu connais le mot sentencieux ? J’arrive. Ninjutsu, maintenant.

Sur cette dernière provocation, Sarouh fondit sur son adversaire, força son adversaire à reculer près d’un point d’eau, en quelques puissants coups de taille qui n’avait aucun but de blesser l’Utak. Il devait juste le rabattre vers l’eau contenue dans les jarres non loin de là. Le chuunin les avait rapidement repérés avant le duel. Récupérer les informations utiles faisait parti de sa formation.

— J’espère que tu es aussi résistant que tu en as l’air.

— Pardon ?

L’objectif n’était pas de tuer l’Utak. Le jeune homme aux cheveux bleux testait l’éventail de ses compétences dans une optique d’entraînement. Pour ça qu’il gaspillait autant de chakra à toutes les tester. La lame redevint apparente. Le chikarate prit ça pour un signe de faiblesse et se rua sur le Gensouard, qui eut le temps de faire les signes indispensables à son ninjutsu.

Son adversaire fut donc stoppé en pleine course par une lance d’eau sous pression qui vint éclater derrière le genou du genin, le faisant chuter. Sarouh fit plusieurs bonds en arrière pour analyser le combat. En apparence, le chuunin maîtrisait complètement la situation, ne laissait pas son adversaire le toucher, l’épuisait et le blessait. Mais cela avait un coût. Son chakra descendait de manière de plus en plus dangereuse. Cela dit, même si l’Utak devait le savoir, sa domination évidente devait miner son moral. Et, même si le Tsumyo ne le savait pas, le Chikarate avait l’impression de revivre son combat qui l’avait amené dernièrement à l’hôpital.

Une impression de faiblesse, une impression de totale incapacité qui le faisait enrager.

Il fallait en finir. Il avait la réserve énergétique suffisante pour un dernier jutsu. Peut-être deux. Ce n’était pas un match à mort, alors il retira cette option de son esprit. Il se contenta d’un clone, et se dissimula derrière un arbre, alors que l’Utak se relevait. Tout ça n’avait duré qu’une demi-seconde, et à l’évidence, il n’avait pas remarqué le subterfuge. D’ailleurs la petite foule qui regardait non plus. Forcément, les badauds étaient toujours attirés par les combats de rue. Surtout ceux avec effets spéciaux intégrés.

L’Utak fonça sur le clone, bien décidé à retourner la situation. Il feinta, et réussit à placer au substitut un coup de pied sous la mâchoire, le faisant décoller violemment du sol. Il sauta pour porter le coup de grâce, et eut la surprise de sentir ses mains ne rencontrer que le vide, alors qu’il voulait saisir le chuunin aux chevilles pour le projeter à terre. Il retomba, et laissa la panique le submerger une fraction de seconde. Ce fut de trop. Sarouh apparut dans son dos, tandis que le genin le cherchait visuellement du regard, frappa dans le genou déjà endolori du chikarate, le tint par l’épaule, et posa son kunaï sur sa jugulaire.

Rapide, efficace, mortel.

— Tu es mort.

La seconde qui suivit fut blanche. Vide. L’Utak intégrait lentement l’information. Dans la douleur. Physique et mental. Le Tsumyo, lui, laissait le chikarate profiter de ce moment, qu’il avait également vécu avant son départ. Celui de ne pas être à la hauteur. D’avoir échoué, encore. Puis il lui tendit la main, pour l’aider à le relever. Tokri refusa l’offre, et s’appuya sur son genou moins fatigué. Eut un petit sourire jaune.

— J’en aurais fait autant face à un étudiant.

— Je n’en doute absolument pas. Mais je n’en suis pas un. C’était un beau combat.

— C’est cela…

Il enfonça ses mains dans ses poches, l’air sombre, et se traîna vers ses alliés, snobant les remarques inquiètes des deux genins féminines et l’air taquin du dernier. A cet instant ci, le chuunin sut qu’ils se reverraient. L’Utak l’intéressait.

Lorsqu’il rejoint les autres membres de son équipe, il ne leur donna pas vraiment d’informations. Il avait avancé dans la mission, point. Sarouh n’était pas gravement blessé, il devait juste se reposer.

Les nuits à venir allaient être longues.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 23:07

Tokri rejoignit ses amis en boitillant. Honteux et furieux contre lui-même, il évita leurs regards. Cela n'empêche pas Nika et Izul de le couvrir de félicitations. Sarouh étant un Chuunin, toutes deux considéraient que l’Utak s’en était très bien sorti. Si Mutika partageait ce point de vue, il décida de ne pas le manifester et le taquiner.

Dépité, Tokri fit un signe de main pour signifier à ses compagnons qu’il était temps de quitter les lieux. Enfouis au fond des poches de son pantalon, ses poings étaient crispés de frustration. Durant leurs entraînements, Mutika et lui faisaient bien souvent jeu égal. Au fil de leurs entraînements, l’avantage tournait de plus en plus fréquemment en faveur de l’Utak. Mais depuis sa rencontre avec Toshirô, son estime de lui-même en avait pris un coup. Et voilà à présent que le Chuunin de Gensou le mettait face à la terrible vérité.

Il eût une sensation de vertige en imaginant le nombre d'individus à travers le monde qui se trouvait bien au-delà de son frêle niveau. Bien plus grave que sa fierté brisée, un grand nombre de villageois avait assisté à la victoire écrasante de Sarouh Tsumyo, offrant un point pour les Gensouards. Devant la mine déconfite de l’Utak, Izul et Nika firent de leur mieux pour lui remonter le moral. Leur optimisme lui donna du baume au cœur, mais rien n’y faisait. Une unique pensée se répétait en son esprit. Il lui fallait s’améliorer, coûte que coûte. Et rapidement.

Les Genins rejoignirent Gomaki à l’auberge où ce dernier leur avait donné rendez-vous. Izul lui expliqua leur rencontre avec les Gensouards et l’affrontement entre Sarouh et Tokri.

Le Jounin fixa longuement l’Utak. Toujours aussi honteux, il évita son regard. Gomaki pria ses compagnons de s’installer dans les chambres qu’il leur avait réservées peu avant leur arrivée. Les trois jeunes gens obéirent, laissant Tokri seul avec leur mentor.

Ce dernier se leva et fit signe à l’Utak de le suivre à l’extérieur du village, non loin de l’entrée par laquelle les Gensouards étaient arrivés. Sur la route, il se munit d’un kunai. Malgré les regards interrogateurs que lui jeta Tokri, Gomaki garda le silence durant le trajet. Le Jounin stoppa sa route non loin d’un arbre imposant.

— Je pense savoir de quoi tu as besoin.

Il se concentra un court instant avant de projeter le kunai avec force. L’arme transperça le tronc en profondeur. Impossible que cela soit du fait de la seule force physique du shinobi.

— Il s'agit de l'une des techniques les plus courantes du Fuutonien, lui expliqua le Myô. Je ne suis pas certain que tu sois prêt pour la maîtriser totalement. J'ai toutefois confiance en ta capacité d'en saisir au moins la base.

Impatient d'ajouter cette capacité à son arsenal, l'Utak avait d'ors et déjà sorti un kunai. Son empressement fit sourire le Jounin.

— Il faut que tu saches que ton Chakra prend les fonctions de ton affinité en fonction de la visualisation mentale que tu en fais. En général, un ninja passe d'un Chakra dit pur à son élément sans même s'en rendre. Tout dépend de ce qu'il compte en faire.

Gomaki leva un projectile au niveau de son visage, duquel se dégagea un Chakra blanc.

— Je matérialise mon Fuuton pour que tu comprennes le processus.

Il se tourna à une vitesse qui coupa le souffle de l'Utak pour transpercer à nouveau l'arbre, avant d'accorder son regard à son élève.

— La base devrait vite te venir. Tu es habitué à placer ton énergie à un point précis avec ton Chikara Sen'puu. La grande différence réside dans le fait que tu dois extérioriser ton Chakra autour de ton arme. Vois ton kunai comme la prolongation de ton bras et imagine que tu sois en train de l'aiguiser. Tu ne dois pas placer ton énergie dans l'arme, mais bien tout autour. Essaye.

Le Genin ferma les yeux et procéda à la fusion de ses énergies, provoquant en lui les familières sensations de chaleur et de froideur qui se mêlérent en une douce tiédeur. Il caressa la lame du bout des doigts pour l'aider à y transférer son Chakra. Le contact avec l'acier provoqua en lui quelques frissons, qu'il réprima instinctivement. Lorsqu'il ouvrit les yeux, l'Utak constata que son Fuuton était invisible à l'œil nu. Rien d'étonnant compte tenu de son niveau. Sans ménagement, il envoyea son arme se planter contre l'arbre. Le projectile s'y enfonça normalement, provoquant un souffle d'exaspération chez le Genin. Ce dernier sursauta lorsqu'une main paternelle se posa sur son épaule.

— Tu as déjà acquis la procédure, le rassura Gomaki. L'assimilation n'est qu'une question de pratique et de maitrise. Tâche tout de même de te ménager pour la mission.

Le Jounin retira sa main et s'alluma une cigarette. Tokri prit conscience que Gomaki n'en avait pas = allumé une de toute son explication.

— Pour ce que ça vaut, je suis pleinement satisfait de vos progrès à tous, lui confia le Jounin. En particulier les tiens et ceux de Mutika. Vous aviez tous deux un cran de retard de par vos années de laisser-aller. Mais vous avez su les combler en très peu de temps.

— Ca ne m'empêche pas d'enchaîner les défaites, maugréa Tokri envers lui-même.

— Comme nous tous, soupira Gomaki en faisant filer un trait de fumée. C'est ce qui fera de toi un véritable shinobi. Ne te compare pas à ce Sarouh. Il a plusieurs années d'expérience, contrairement à toi.

Gomaki lui tapota l'épaule avant de le laisser seul à son entraînement. Lorsque l'après-midi toucha à sa fin, plusieurs arbres étaient criblés de projectiles. Après examen, l'Utak constata qu'il commençait à les planter au-delà de sa force physique.

Après une courte session de méditation pour restaurer un minimum ses réserves de Chakra, il rentra à l'auberge le cœur plus léger que lorsqu'il l'avait quitté.

Tokri croisa Gomaki, sirotant un verre au comptoir. Avant de monter à sa chambre, il lui adressa un sourire de remerciement auquel le Myô répondit de la même façon. Ayant retenu la leçon du jour, l'Utak s'endormit en se jurant de faire de chaque défaite une nouvelle force.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 9/4/2022, 23:09

Sarouh était allongé dans son lit, rêveur. La lumière filtrait à peine dans sa chambre à travers les épais rideaux ocres de sa modeste chambre d'hôtel. On pouvait tout de même y distinguer le visage fin du Gensouard, ses yeux émeraudes et ses cheveux bleus ébouriffés. Torse nu, quelques cicatrices clairsemaient son corps svelte et athlétique. Le rude entraînement auquel il était soumis depuis son retour du tournoi des trois Villages avait bien payé.

Sa rencontre avec Tokri Utak avait exacerbé tous ses souvenirs. Si celui-ci avait su à quel point, Genin, il avait subi ses déconvenues, peut-être n'aurait-il pas été aussi amer de sa défaite envers son aîné...

Le jeune homme du Village de la Cascade porta sa main droite à sa bouche pour commencer à mordiller la peau de son pouce, comme à chaque fois qu'il réfléchissait. Bien évidemment, il avait tout de suite compris la dynamique du groupe des Chikarates, rien qu'aux regards qu'ils se lançaient et aux brèves présentations auxquelles ils avaient eu droit. Cependant, il avait du mal lui-même à s'expliquer pourquoi il avait tant voulu s'en prendre à l'Utak en particulier. Reprendre un peu confiance en lui, après la série de déboires du voyage ? Se défouler ? Non, ce n'était rien de tout ça. Quelque chose dans le jeune homme l'intriguait, bien qu'il ne mettait pas encore le doigt dessus. Le combat s'était déroulé comme prévu. Les enchaînements étaient fluides, la plupart de ses nouvelles attaques étaient désormais utilisables en conditions réelles. Son style, défensif mais vicieux et vindicatif commençait à prendre forme, comme il avait conçu sa progression à la base. A de nombreux égards, le Gensouard avait fait preuve de beaucoup de lucidité et d'intelligence dans la façon dont il avait étoffé son répertoire technique. S'en rendre compte était désormais ce qui le séparait le plus du réel Shinobi.

Malgré sa victoire, le doute le rongeait. Sa réserve de chakra avait fondu si vite lors de l'affrontement. Son taijutsu était si faible qu'un Genin l'avait salement maltraité. Sa maîtrise du sabre ? Hasardeuse. Il était néanmoins satisfait de son sens du timing et de la planification, c'était déjà ça. Il lâcha un soupir à fendre l'âme, avant de relâcher la pression. Le voyage avait été un vrai désastre. Il ne pourrait jamais voir Chihousou en peinture et la réciproque était vraie. Et leur relation avait commencé par une branlée bien plus sévère que celle qu'il avait infligée à Tokri. Le dernier élément du groupe, Kazuo Sabishii, était aussi doué en ninjutsu qu'en bravades inutiles. Il était épuisant. Peut être Sarouh était-il trop jeune pour assumer ses responsabilités de Chunin, qu'il n'était toujours pas bien sûr de mériter. Il se mit une baffe mentale à cette pensée. Le shinobi avait une mission : protéger des civils et tisser des liens avec Chikara tout en récupérant des informations. Ce n'était pas une colonie de vacances. Dès ce soir, des gens allaient probablement mourir. On aurait besoin de lui frais et dispo. Il se passa la main dans ses cheveux bleus et se détendit en soufflant. Quelques heures de sommeil, et ça commencerait. Les tergiversations pouvaient attendre.

Le Gensouard ne rouvrit les yeux qu'à la nuit tombée. Il avait rendez-vous avec le Maire et le reste de la fine équipe pour le début de la réelle mission. Le point de chute était une grande salle de réunion de l'hôtel de ville, mise à disposition par la ville le temps de l'événement pour leurs servir de base d'opérations. Il les y rejoignit et eut la joie d'être accueilli dans une ambiance déjà mortifère. Quel. Plaisir. Y'avait pas à dire, Chihousou savait mettre tout le monde d'accord. Ils étaient tous là, même Gomaki. Sans faire transparaître son exaspération, le Gensouard prit place entre Kazuo et Izul, ignorant royalement Tokri qui, il n'en doutait pas, faisait de même. Nika lui adressa un sourire gêné. Son compatriote prit tout de même le temps de le fusiller du regard avant de commencer son laïus :

— Je vois que certains d'entre vous ont déjà fait connaissance. Alors que les choses soient claires: Mettez vous sur la gueule si ça vous amuse mais si ce que vous faites en dehors de la mission affecte celle-ci je ferai en sorte que vous ne puissiez pas la continuer.

Magnifique. Diplomatie, tout ça. Un silence pesant s'installa dans la salle, uniquement brisé par Izul demandant à Kazuo le degré de sérieux de son supérieur. Elle n'eut le droit qu'à une vague réponse et au sourire entendu de Sarouh. Au moins elle saurait à quoi s'attendre.

— Bien, je suppose que vous avez donc compris, passons alors au vif du sujet. J'ai accroché au mur la carte de l'endroit à surveiller. La place est de grande taille, nous nous séparerons alors en deux groupes. Le premier groupe sera composé de Tokri, Mutika et moi-même, nous surveillerons la zone nord. Les autres surveilleront la zone sud et Sarouh commandera cette section. Il y a bon nombre d'entrées, vous devez donc constamment passer de l'une à une autre et faire attention à chaque élément suspect. Aucune des équipes ne devra se séparer et nous resterons en contact grâce aux radios. Si vous rencontrez des bandits, n'hésitez pas à les tuer. Nous avons pour ordre de tenter de les attraper vivants mais la réussite de la mission passe avant cette directive et je vous autorise donc à passer outre si vous jugez préférable d'éliminer l'ennemi. Je crois avoir fait toutes les recommandations nécessaires, notre mission commence dans dix minutes et finit demain lors de l'arrivée des premiers forains. Allons-y !

Ainsi, le groupe hétéroclite se dirigea vers la place puis arrivé à celle-ci, se sépara en deux pour commencer leurs labeurs. La déclaration de leur chef improvisé avait refroidi tous les aspirants. Manifestement, aucun d'entre eux n'avait tué. Sarouh lui-même avait toujours pu éviter cette éventualité, mais avait eu plus de temps qu'eux pour se faire à l'idée, étant paradoxalement le plus jeune et le plus expérimenté du groupe. Encore un but éducatif de cette mission, il n'en doutait pas. Une fois Chihousou assez loin, il était temps qu'il organise son équipe. D'abord : les informations.

— Nous avons été briefé sur la situation géographique et les éventuels points d'entrée. Pour vous appuyer et vous diriger au mieux, j'aurais besoin de connaître vos points forts respectifs. Maîtrise du chakra, affinité élémentaire, spécialité. Faiblesse, éventuellement si vous êtes prêts à me le révéler. N'oubliez pas, ce soir, je ne suis pas votre ennemi et j'aimerais que tout le monde rentre sauf.

Il regarda Izul dans les yeux, l'intimant silencieusement à prendre la parole. Globalement, tout le monde semblait s'être un peu détendu, son oppressant camarade n'étant plus de la partie. Au moins, elle ne le détestait pas manifestement, malgré son entrevue avec Tokri. Elle était peut-être assez intelligente pour avoir partiellement deviné ses intentions. Sa réponse confirma cette impression :

— Affinité Suiton, j'excelle principalement au combat à moyenne portée et au contrôle de mon chakra.

Elle semblait s'attendre à une pique caustique, n'ignorant bien évidemment pas les préjugés sur les Chikarates. Elle ne vint pas.

— Bien, tu iras donc au carrefour central. Pour que tout le monde soit raccord, Kazuo, raconte lui tes forces.

— Spécialiste en Ninjutsu, Raiton. Et pas le moins doué de ma génération !

Encore des vantardises. Il avait même ponctué sa déclaration d'un petit clin d'œil à la Chikarate aux cheveux bleus. Le Genin ne perdait pas le Nord. Luttant de toutes ses forces pour ne pas le rabrouer violemment, le chef de cette unité temporaire l'assigna aux remparts, tout en reprenant le plan de la ville qu'il redessina rapidement au sol à l'aide d'une illusion :

— Voilà le topo : nous surveillons le secteur sud, or le secteur sud a cinq grandes entrées et trois entrées détournées. Si on ne compte pas le petit mur à escalader, trop difficile d'accès sans les arts ninjas, quatre. Sept manières de pénétrer dans la ville au total. Il est judicieux de penser qu'ils ne passeront pas par la grande porte. Donc il en faudra un sur le mur pour faire la liaison entre les grands points d'accès, qu'il faut tout de même surveiller, et les chemins alternatifs. Ceux-ci comptent la rivière, qu'ils peuvent remonter à contre-courant. C'est cette façon-ci de faire que je privilégierais à leur place et c'est notre experte Suiton qui les attendra là, pour des raisons évidentes. Ce n'est pas loin du carrefour principal et ça formera un deuxième relais, avec l'avenue principale. Un autre sur l'avenue en serpentin qui part de l'avenue principale et qui se sépare en deux, il sera au croisement, suivant la même logique que l'affectation d'Izul. Cette affectation là est pour toi, Nika. Ça nous permettra de bien tirer profit de tes compétences de marionnettiste. Ne fais pas cette tête, je ne suis pas stupide. Le dernier poste sur le centre de toutes les avenues principales ouest, symétrique à la position d'Izul. A la différence que cette position couvre également les égouts. Je suis le plus éloigné mais également au poste qui a le moins de chance de se faire attaquer car je suis aussi le plus rapide et le plus soldat le plus expérimenté. Si vous êtes en difficultés, je peux vite rejoindre n'importe lequel d'entre vous, à l'inverse, je peux tenir plus longtemps en cas d'assauts massifs imprévus sur ma position. Y’a-t-il des questions ? Des objections ? Bien, réglez votre fréquence radio. 142. Go !

En un éclair, ils se dispersèrent. Le Gensouard souffla. Il avait normalement pris en compte tous les paramètres, profité des forces de tous, et, surtout, son discours s'était bien passé. A ses yeux, le passage le plus compliqué de la mission était derrière lui. Il allait vraiment devoir apprendre à prendre la parole en public... Une fois tout le monde en position, l'attente, pleine de tension, commença. La nuit était douce, la Lune, quasi pleine, donnait une bonne source de lumière, facilitant la surveillance. Il aurait mieux valu une nuit noire. Nul doute qu'en tant que ninjas, l'obscurité totale aurait facilité la neutralisation de toute menace externe. Enfin, on a pas toujours ce qu'on veut, souffla le Chunin. Les heures s'égrainèrent, lentement, sans que rien ne vienne réellement perturber le calme nocturne. Kazuo fut rappelé à l'ordre par radio que l'objectif de cette mission n'était pas de finir dans le lit d'Izul et que s'il continuait comme ça sur cette fréquence, il allait finir dans les pertes à déplorer, mais rien d'autre. Ce fut qu'une heure ou deux avant l'aube que du mouvement se fit sentir. Le vent, doux et léger, se fit glacial; les ombres, rondes et accueillantes se firent tranchantes comme des lames.

— Ils sont là. J'en suis sûr. Soyez sur vos gardes.

Apparemment, les aspirants à ses ordres n'avaient visiblement pas besoin de cette mise en garde. Il fallait être vigilant, le premier contact pouvait être décisif. Ne pas sous-estimer l'adversaire, sous aucun prétexte. Soudain, et tous en même temps, ils signalèrent un individu suspect qui arrivait.

— Engagez l'ennemi avec prudence. Attendez-vous à des renforts, au moindre problème signalez-le. N'oubliez pas il...

Avant d'avoir pu finir son instruction, Sarouh fut contraint à une esquive par une flèche qui vint se ficher juste devant lui. Il ne l'avait senti venir qu'au dernier moment, c'était troublant. Une attaque furtive aussi efficace venant d'un simple bandit.

— Sarouh? Tu vas bien?

— Oui Izul, pas de soucis. Ne tuez que si nécessaire. Si besoin je vous envoie des clones. J'ai aussi de la compagnie. fin de transmission.

— BIRIBIRI PUNCH!

— Coupe la radio, débile.

La subtilité incarnée, ce Kazuo, vraiment. L'attention du Gensouard se reporta sur la source de la menace. Deux lascars sortaient d'une fente sous une dalle mal scellée, avant la plaque d'égouts qu'il surveillait. Astucieux. Ils remontaient donc bien par là.

— Ha des ninjas, c'est bien notre veine Gath !

— C'est un Genin, tout au plus, à deux on peut y arriver, Sath !

Bien, même en le sous-estimant largement, ils ne pensaient pas le vaincre facilement, ça devrait être vite expédié. Sarouh lança trois kunaïs sur le premier. Se concentrant pour la suite du combat, il eut la mauvaise surprise d'entre Izul hurler dans ses oreilles de peur.

— Aidez-moi ! J'en ai un bien trop fort pour moi, c'est quoi ce type?

Evidemment. Il s'était attendu à de la résistance. Certains mercenaires et autres bandits pouvaient aisément représenter une grande menace. L'enseignement ninja fuitait parfois et engendrait ce genre de soucis. En dehors de ça, il n'y a pas que le ninjutsu qui peut tuer dans ce monde.

— Garde ton calme, cours vers ma position aussi vite que tu peux, j'arrive. Nika ! Tu me relaies à l'ouest!

Sans perdre une seconde, Sarouh créa deux clones aqueux. Ceux-ci devraient pouvoir gérer la menace sur ce point d'entrée là, vue la faiblesse vraisemblable des assaillants. Les autres Genins semblaient déjà en combat. Ce n'était pas normal, un assaut de cette envergure. Se chargeant de chakra pour recourir au Gyo, le Gensouard bondit à toute vitesse vers la position d'Izul. Il avait la terrible sensation que quelque part, quelqu'un se foutait d'eux. Ses tripes s'étaient gelées. Pourvu qu'il arrive à temps.

Il la trouva, en train de lutter un kunaï à la main contre un brigand, tandis qu'un autre regardait d'un air appréciateur son compère prendre le dessus. Il banda son arc et chercha un angle pour toucher la kunoichi, avant de lâcher la flèche qui fusa à toute vitesse, avant de se ficher dans l'épaule du Gensouard, qui n'avait eu comme seule option que de faucher Izul avec un plaquage bien senti.

— Sarouh !

— Je vais bien, reste là et repose toi...

De toute façon, il était évident qu'elle ne bougerait pas de si tôt. Elle était déjà blessée de manière superficielle à de nombreux endroits, mais semblait surtout totalement vidée de son énergie. Elle peinait à garder connaissance. Les deux bandits beuglèrent et attaquèrent de concert, lames à la main, un chuunin considérablement affaibli et au sol. Le premier était une masse de muscles gigantesque, qui imposait le respect. Facile deux mètres, le teint bruni par le soleil, des cicatrices anciennes partout sur le corps, une garde correcte. C'était un mercenaire. Expérimenté, et manifestement très fort. Le second représentait une menace moindre. A peine adulte, plus fin, des mouvements plus gauches.

Sarouh décida de commencer par celui-ci. Il cassa la flèche et jeta un kunaï dans le même mouvement, surprenant le maillon faible du duo. N'ayant pas eu le temps de faire preuve d'humanité, l'acier vint se ficher dans la gorge du jeune homme qui s'effondra dans un gargouillement infâme. L'autre eut le temps d'arriver au contact et frappa. Sa lame s'enfonçait juste en dessous de l'estomac du Chunin quand une lance d'eau le frappa à la tête. L'eau sous pression brisa les cervicales du guerrier à la peau tannée qui s'effondra à son tour, laissant son arme dans le corps du jeune ninja qui tomba en arrière, sur Izul.

Les clones aqueux disparurent, lui apprenant qu'ils avaient rempli leurs offices en neutralisant toute menace autour de leur position. Le monde perdait de sa consistance, il entendait à peine ce que disait Izul désormais. Il ne voyait qu'à peine son visage ravagé par l'inquiétude et les larmes de douleurs. Elle était penchée sur lui. Ça avait l'air important. Qu'importe, il l'avait protégée. Il pouvait dormir maintenant? Sûrement. Et ses yeux se fermèrent.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 10/4/2022, 10:24

Emplis de doutes suite aux événements de leur première nuit, Tokri suivait sans réfléchir son coéquipier Mutika. Durant son duel contre Sarouh, l'Utak avait eu la sensation que rien ne pouvait l’atteindre. Il s’était défait de lui avec une apparente facilité qui avait troublé le Genin, jusque-là naïvement convaincu d'avoir fortement progressé.

Que ce même Chuunin soit le premier blessé de l’équipe le troublait. Si un shinobi de son niveau pouvait être défait si facilement, comment pouvait-il espérer survivre à la seconde nuit ? Le Chikarate avait conscience de sa faiblesse et était envahi par le sentiment de ne pas être à la hauteur.

Il jeta un bref regard à son partenaire. Mutika ne semblait guère méditer sur ce qui était arrivé à Sarouh, absorbé par sa conversation avec la fille du maire : Ayane. Le Genin avait élaboré une stratégie dont il était particulièrement fier afin de ruiner la réputation de Chihousou Masaka, et il comptait mettre la belle blonde à contribution quitte à le faire à son insu. Reconnaissant envers son partenaire de rester concentré sur la mission, Tokri se laissa aller à ses démons intérieurs et rumina ses doutes.

Izul avait rapidement prodigué les soins nécessaires au Tsumyo, avec l’aide de Gomaki. D’après eux, le Gensouard serait sur pied pour la seconde nuit. Il ne devrait toutefois pas forcer sur sa blessure et rester en seconde ligne. Son équipe ne pouvant se passer d’un chef, Chihousou décida de nommer Izul à ce poste. La jeune femme en était terrifié, mais n'avait pas eu le droit de contrarier un Masaka inflexible.

Ils finirent par déboucher sur la grande place du village. Le brouhaha de la fête du fer assourdissait les tympans de Tokri. Les marchands vantaient leurs produits, tandis que d’autres tenaient divers stands de jeux. Mutika aperçut Chihousou qui quittait précipitamment la grande place. Ils pressèrent le pas, suivant Ayane qui les guida à travers diverses ruelles jusqu’à faire face au Gensouard.

Bien qu'il ne le supportait absolument pas, Tokri devait finalement admettre que Chihousou Masaka en imposait de par sa prestance de ninja aguerri. Le Chuunin était toutefois loin d’être un colosse de par sa faible musculature.

— Salut, lui lança sobrement Tokri, impatient que se termine la comédie qui était sur le point de débuter.

— Déjà réveillé ? s’étonna Chihousou. Je vous avais pourtant donné la permission de vous reposer toute la matinée.

— Eh bien, nous avons été pris d’une grande envie de flâner au soleil, expliqua malicieusement Mutika. N’est-ce pas, Tokri ?

Ce dernier se mordit discrètement la langue. Malgré ses réticences, il se répéta qu'ils ne faisaient qu’obéir aux instructions du Village du Sable.

— Exact, répondit à contrecœur Tokri tout en tâchant d’être le plus crédible possible. En cours de route, nous avons rencontré Ayane.

Chihousou tourna la tête vers la jeune femme, semblant la voir malgré sa cécité. Ayane en rougit alors jusqu’à la pointe des oreilles.

— Ravi de constater que vous n’oubliez pas le rôle social des ninjas, déclara posément Chihousou. N’oubliez toutefois en aucun cas notre point de rendez-vous. Je ne tolérerai aucun retard.

Les deux Genins opinèrent du chef. Chihousou décida d'oublier momentanément leurs existences et reprit sa marche. Une fois hors de leur vue, Ayane commença à s’esbaudir de ce superbe shinobi mystérieux ! Tokri soupira d’exaspération.

— Succès total ! lui chuchota Mutika à l’oreille.

Jugeant en avoir eu pour son compte, Tokri prit congé de son collègue et dédia le reste de son après-midi à son entraînement. Au terme de cette session, l’arbre sur lequel il s’était défoulé termina criblé de kunai. Toutefois, aucun ne l’avait entièrement traversé. La nuit commençait à tomber. Tokri rejoignit ses coéquipiers, tout en pestant contre ses progrès bien trop maigre à son goût.

Le visage de son père se présenta à son esprit, jubilant face à son impuissance. Un souffle de haine l’envahit, qu’il réprima avec difficulté. Il n’était pas encore prêt et n’avait pas le droit de mourir. Pas avant de l’avoir atteint.

Lorsque les dernières lueurs du crépuscule laissèrent place à l’obscurité, trois ombres filèrent de toit en toit au gré de la brise nocturne.

— Formation serrée, ordonna Chihousou. Séparation uniquement si je vous en donne l’ordre.

Mutika ne manqua pas de remettre cet ordre en question, jugeant que cette formation ne leur permettait pas de couvrir suffisamment de terrain. Tokri s’abstint de tout commentaire. Peu importait les protestations, Chihousou ne changerait en aucune façon sa stratégie. La blessure de Sarouh l’avait suffisamment marqué pour le pousser à éviter à tout prix d’autres incidents de ce type.

Gardant constamment contact avec l’équipe d’Izul, les trois shinobis patrouillèrent un long moment à travers leur zone. Le Chuunin se tenait prêt à leur prêter main forte en cas de besoin.

L’Utak n’aurait su estimer combien de temps s’écoula dans un silence absolu et pesant, uniquement brisé par la vie des animaux nocturnes. Seule la faible lueur de l’astre argenté et les quelques lumières du village éclairaient les ruelles, qui semblaient s’être rétrécies en comparaison à l’effervescence qui avait envahi les lieux quelques heures auparavant.

Chihousou intima soudainement aux Genins de stopper tout mouvement. Leur supérieur sembla entrer en transe, profondément concentré. Tokri tendit l’oreille, mais ne perçut aucun son. L’imagination de Chihousou lui jouait-il quelques tours ?

Le Gensouard reprit sa marche sans mot dire. Tokri et Mutika lui emboitèrent le pas, s’échangeant un regard d’incompréhension. Le Chuunin, bien qu’aveugle, semblait être doté d’une ouïe bien plus développée que le commun des mortels. Chihousou stoppa soudainement sa marche, non loin d’une intersection.

— Les voilà, déclara-t-il. Allez à leur rencontre. Je vais me faufiler par l’arrière et les éliminer rapidement.

Sans leur laisser le loisir de donner leur avis, Chihousou se mit en mouvement. Tokri et Mutika tournèrent au coin de la ruelle et, comme l’avait prédit Chihousou, firent face à sept brigands. Les poings de l’Utak se crispèrent. Masaka avait grand intérêt à intervenir prestement, s'il souhaitait avoir au moins un ennemi à abattre.

— On va vous laminer, bande de minable ! cracha Mutika.

Les brigands éclatèrent de rire, nullement inquiétés par le jeune Chikarate. Tokri fut tenté de les mettre à profit. Il chassa bien vite cette idée de son esprit. Chihousou leur avait demandé de détourner leur attention, pas d'engager le combat. L'Utak aurait tout de même cru que le Masaka serait plus rapide que cela. Frustré, il attendit patiemment que leurs ennemis passent à l'action.

Les brigands bondirent vers les Genins, au moment où Chihousou égorgea l'un des leurs. Deux autres furent mis au sol par des kunais plantés à la cuisse. Leurs hurlements firent faire volteface aux quatre restants. Le plus molosse d’entre eux, dont la taille rivalisait presque avec le Chuunin, courut à la rencontre de leur agresseur. Les trois valides restants se jetèrent sur les adolescents.

L’Utak peina à contenir les assauts de ses deux opposants, chacun munis d'un canif. Alors qu'il s'était attendu à mener l'affrontement, Tokri fut surpris par leur vivacité et se vit infliger quelques estafilades. Lors d'une tentative de contre-attaque, Tokri remarqua que les tempes de ses ennemis étaient étrangement gonflées et noircis.

Du coin de l’œil, il constata que Mutika semblait s’amuser avec son opposant en virevoltant autour de lui. Echappant de peu à des lames visant ses poings vitaux, l'Utak pesta contre la légèreté d’esprit de son partenaire. Il finit par reculer de quelques pas et vit au dernier moment l’un des poignards fondre vers son estomac. Tokri serra les dents, s’attendant à sentir le froid tranchant le pénétrer. Il n’entendit qu’un tintement de métal.

Chihousou s’était interposé, bloquant la lame d’une griffe de métal qu’il avait gardée cachée jusqu’alors. Sur un ordre du géant qui avait affronté Chihousou, les trois brigands se replièrent à ses côtés.

— Il est temps d’en finir, murmura Chihousou à un timbre si bas que seul Tokri pouvait l’entendre.

Le Chuunin effectua plusieurs mudras. Cinq clones apparurent à leurs côtés, qui générérent chacun une boule de feu au creux de leur paume. Les yeux de leurs opposants s’écarquillèrent de stupeur et de terreur.

— Cinq secondes, déclarèrent les Chihousou.

Les Masaka commencèrent à compter, provoquant la fuite en urgence des brigands. Cette débandade provoqua l’hilarité de Mutika, tandis que Tokri tâcha de reprendre son souffle. Sans l’intervention de Chihousou, sa quête de vengeance aurait été stoppée net par la lame d’un vulgaire malfrat. Fulminant intérieurement d’avoir été à nouveau impuissant, son poing droit se crispa de frustration.

Le Chuunin jeta soudainement un kunai vers Mutika, frôlant de peu sa joue gauche. Le teint du garçon blêmit. Abasourdi, il n’esquissa pas le moindre geste lorsque Chihousou le plaqua violemment contre un mur.

— Ton partenaire est à quelques pas de toi. A deux doigts de se faire déchiqueter et tu n’esquisses pas le moindre geste pour lui prêter main forte, analysa haineusement le Chuunin.

Honteux, Mutika baissa les yeux et n’osa répondre. Tokri ne put retenir un léger ricanement.

— Ferme-la, lui cracha froidement Chihousou en se tournant vers lui. Quand on est incapable de faire face à deux minables, on fait profil bas.

Chihousou relâcha sa prise, mais ne se calma pas pour autant.

— Le succès d’une mission dépend de la cohésion de l’équipe, récita mécaniquement le Gensouard. Que vous apprend-on à Chikara, mis à part l’art de vous entretuer ?

Tokri ne dit rien et attendit que Chihousou s’éloigne quelque peu. Sans un mot, il s’élança vers la direction qu’avaient pris les malfrats. Le Genin entendit au loin Chihousou lui ordonner de rebrousser chemin. Tokri l’ignora, décidé à se prouver qu’il était capable.

L'heure était venue de s’engager à jamais dans la voie que l'on avait choisie pour lui.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 10/4/2022, 14:47

Tokri parvint à rattraper les bandits au moment où ces derniers arrivèrent à la sortie de Nikidami. Alerté par son approche, ils lui firent face. Tokri remarqua que plus aucun d'entre eux n'avait de veine apparente. Le plus proche des bandits dégaina un sabre et se dirigea vers l’Utak. Il frappa, n’effleurant que de l’air. Le Genin constata que son mouvement était bien plus lent que lors de leur précédent combat.

Tokri avait bondit sur son flanc gauche tout en canalisant son Fuuton dans l’un de ses kunai. Il se pencha et projeta son arme en un rugissement de rage, lui faisant traverser l’une des jambes pour finir profondément enfoncer dans la seconde. Le bandit s’effondra en un pitoyable gémissement.

Le colosse sortit une seringue remplie d'un liquide noir et opaque qu'il planta dans son cou. Ses veines se noircirent et se crispèrent. Il chargea Tokri, qui s’était instinctivement préparé à l’assaut. A sa grande surprise, il vit Mutika sortir de l'obscurité pour bondir sur le dos du géant. Interloqué, Tokri les regarda se débattre durant une fraction de seconde. Il reprit conscience lorsque Mutika fut saisi par la main libre de son adversaire et heurta le sol face à Tokri.

L’Utak l’aida à se relever, tandis que l’ours s’approchait d’eux en les menaçant de mille et une souffrances. Un mince bruissement d’air releva un court instant les mèches sur le front de l’Utak. Un nouveau venu venait de les rejoindre : Chihousou Masaka.

Tandis qu’un nouvel affrontement éclatait entre les deux, Tokri aperçut du coin de l’œil les deux brigands restants s'éclipser. Ne laissant pas le temps à Mutika de l'en empêcher, le Genin se lança à leur poursuite.

Filant discrètement de toit en toit, Tokri traquait ses proies sans se faire remarquer. Il se récitait les leçons de pistage de l'Académie : guetter le moment où leur attention serait moindre. Ne pas se précipiter. Les laisser penser que tout danger était écarté. Les exécuter.

L’occasion finit par se présenter. A bout de souffle, les deux stoppèrent leur course et se mirent à discuter de la marche à suivre. Leur panique était palpable. Visiblement, cette nuit s'était déroulée bien différemment de ce qui avait été prévu par leur bande.

Espérant que leur discussion lui donnerait le temps nécessaire, Tokri se faufila dans la pénombre d’une demeure. Prenant soin de n’émettre aucun bruit, l’Utak s’approcha progressivement. L'une de ses proies lui présentait son dos.

D’un coup sec à la nuque, Tokri l'assomma tandis que le second fit quelques pas en arrière. De la surprise ou de la peur, le jeune homme n’aurait su dire ce qui l’emportait en son regard.

Lorsque le ninja fit quelques pas vers lui, il dégaina une fine dague et visa le visage du jeune homme. Son souffle se coupa lorsqu’il sentit effleurer la froideur de la lame effleurée son front. L’Utak esquiva sans mal moult assauts, guettant l’instant qui lui permettrait de prendre le dessus. Il finit par bloquer l’avant-bras de l’inconnu entre son poignet et ses côtes et, d’un brusque mouvement, le lui brisa en un craquement sinistre. L’homme hurla de douleur. Tokri relâcha sa prise, laissant sa cible geindre face contre terre. Le garçon laissa une grande inspiration d’air emplir ses poumons.

Une sueur froide perla le long de son front, coulant en de fines gouttes jusqu’à son menton. Une sensation de lourdeur lui étreignit la gorge, faisant remonter un goût de bile jusque dans sa bouche. Il expira en marchant vers le geignard qui tenait avec désespoir son bras meurtris. Des convulsions nerveuses, provoquées par la douleur, tordaient son corps. L’Utak le saisit fermement par une épaule et le fit mit sur le dos. Il plaqua ensuite ses genoux contre le plexus solaire de l’inconnu, et eut à lutter pour le maintenir en place.

Tokri attrapa fermement ses avants bras, arrachant au malheureux un nouveau cri de douleur. Agissant au plus vite, il lui transperça chaque paume d’un kunai. Nouvel hurlement de douleur terrifié.

Ainsi fixé en croix, Tokri n’avait nulle crainte que sa proie ne lui échappe.

Tokri ferma les yeux quelques instants, tâchant d’ignorer au mieux les hurlements qui lui transperçaient les tympans et lui provoquaient quelques tremblements d’effroi. Sa main fébrile glissa le long de sa jambe pour décacheter sa pochette de projectiles. Lentement, il saisit l’un de ses kunai et le fit remonter à hauteur de son visage. Le Genin ouvrit les yeux et lorgna le fil de la lame. Forgée avec minutie, elle n’avait d’autre but que de faire couler le sang.

Il était temps.

Un souvenir. Le corps de sa mère. Son sang s’écoulant d'une plaie dans son ventre.

Ses mains d’enfant tachées bien trop tôt de sang. Une lame qui goûtait du liquide écarlate, face à ses yeux à l’innocence brisée.

Ses paupières d’adolescent s’ouvrirent lentement. Sa poigne maintenait fermement la lame. Depuis ce jour maudit, il les avait toujours détestés. L'enfant qu'il avait été avait longtemps refusé la vue de tout acier tranchant. Ce qui avait été un souci pour son alimentation, le jeune garçon refusant de se munir du moindre couteau. A l’Académie, il avait longtemps refusé de se présenter aux séances de tir.

Son aîné lui avait alors rappelé sa promesse. L’Utak avait pris sur lui. Surmontant son dégoût, il s’était révélé talentueux à la manipulation de ce type d’arme. Sa phobie ne l’avait toutefois jamais quittée.

Sang et souffrance. Tel était la vie qui lui avait été attribuée.

Tokri fixa l’inconnu droit dans les yeux. Ceux de sa victime étaient écarquillés. Il ne bougeait plus. Avait-il accepté sa fin ? Un lien impalpable s’était tissé entre eux.

Le condamné et son bourreau.

Tokri brandit sa lame au-dessus de sa tête. L’inconnu continua de fixer Tokri alors que s’abattait sur lui la pointe mortelle. De sa gorge jaillit un torrent écarlate. La chaleur du sang se répandit sur ses mains, tandis que le regard de Tokri se perdait dans ceux du mis à mort. Peu à peu, sa lueur s’éteignit.

L’âme du shinobi était vide. Ni peine, ni tristesse, ni joie. Le baptême devait et avait été accompli.

— Je me rapproche de toi, susurra Tokri, une larme glissant le long de sa joue.

Un temps infini s’écoula. Il ne fit même pas attention au premier brigand qui s’éveilla et prit la fuite, horrifié par ce sanglant spectacle.

Une poigne finit par lui saisir avec fermeté l’épaule. L'esprit groggy, il se laissa se faire relever. Chihousou s’adressait à lui, mais il ne l’entendait pas. Mutika les regardait alternativement, lui et le cadavre. Son regard trahissait sa volonté de ne pas croire à ce spectacle. Une fois que Chihousou eut fini son monologue, dont l’Utak ne saisit pas le moindre mot, tous trois reprirent leur garde.

L’âme de Tokri venait de s’affranchir à jamais du petit garçon qui sommeillait encore en lui.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 10/4/2022, 14:48

Lumière. Explosion de souffrance derrière les yeux, puis dans l'épaule et l'abdomen, alors que Sarouh tentait de se relever par réflexe, comme réveillé d'un cauchemar. Son mouvement fut avorté par une jolie kunoichi aux cheveux bleus azur, qui le bloqua fermement mais sans violence contre son matelas.

— Doucement ! Tu es encore mal en point.
— ...Izul?

Il voyait enfin nettement ce qui l'entourait. Les souvenirs de la veille lui revinrent. Son sauvetage in extremis et ses deux premiers meurtres, auxquels il n'avait même pas eu le temps de penser, alors que la lame du mercenaire l'avait traversé de part en part. Il posa doucement ses doigts au niveau de son abdomen pour y trouver d'épais bandages. Il avait été obligé d'encaisser frontalement l'assaut pour sauver la genin face à lui.

— Tu as eu beaucoup de chance, Sarouh. L'acier n'a trouvé ni artère ni organes.
— Ce n'était pas que de la chance. Même si je ne pouvais pas totalement esquiver l'attaque, j'ai pu me déplacer légèrement au dernier moment...
— Pourquoi? l'interrompit-t-elle, d'une voix blanche
— Pardon...?
— Pourquoi tu as fait ça pour moi ? Je ne suis même pas de ton village ! Tu aurais pu y passer !

Le jeune garçon la regarda, décontenancé. Sa voix s'était mise à partir dans les aigus d'un coup. Il ne trouva pas tout de suite quoi lui répondre. Le silence retomba dans la pièce. Ils étaient dans sa chambre d'hôtel, seul à seul. Il chercha son regard, avant d'essayer de formuler une réponse satisfaisante. La kunoichi, assise sur une chaise à côté de son lit de convalescence regardait obstinément vers le bas, les poings fermés. Elle était manifestement hors d'elle.

— Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu t'inquiètes... Mais je n'avais pas le choix. Malheureusement en tant que shinobi de Gensou, la protection des alliés c'est pas trop mon domaine de prédilection... Tout ce que j'ai pu faire, c'est encaisser l'assaut à ta place en neutralisant les menaces immédiates.
— Ce n'est pas ce que je t'ai demandé.
— Tu sais, je n'ai pris aucun plaisir à la prendre, cette attaque. Mais j'étais le chef de cette unité improvisée. Il était hors de question que l'un de mes hommes soit blessé le premier soir. Et puis imagine, si Chikara apprenait qu'un ninja de la Cascade avait laissé une aspirante se faire toucher...
— Ce n'était donc que de l'égo et du calcul?

Mais elle va me lâcher à la fin ? commença à s'impatienter Sarouh en son for intérieur.

Il s'attendait à de la gratitude, pas à se faire engueuler. La douleur le rendait aigri, sa propre impuissance l'énervait et altérait son jugement. Vraiment, il n'avait pas besoin de ça. Et qu'est-ce qu'elle avait au juste ? Ne pouvait-elle pas simplement le remercier et passer à autre chose? Le réveil sous les cris était pénible pour le chuunin qui s'en voulait bien assez. Et il comprenait mal ce qu'elle lui reprochait exactement. Il lui répondit après un petit silence, calquant son ton sur celui de son interlocutrice, à savoir : glacial.

— Je t'ai protégée parce que je ne voulais pas de blessé. Je t'ai protégée parce que c'était mon devoir et parce que je trouvais ça juste. Je t'ai protégée parce que tu n'as pas été foutue de te protéger toi-même. Le jour où tu sauras te gérer, tu pourras peut être donner des leçons aux autres.

Elle se recroquevilla plus fort que s'il l'avait frappée. Seulement à ce moment exact, le shinobi comprit. Elle s'en voulait terriblement. Elle voulait entendre de sa bouche qu'elle n'avait pas été à la hauteur. Elle se détestait pour sa faiblesse comme lui se haïssait pour la sienne, lui qui avait été mis à mal par deux pauvres mercenaires mal dégrossis. Elle se leva, sans jamais croiser son regard pour sortir.

— Hey, Izul... Merci pour le sauvetage. Sans toi je serais mort, ne l'oublie pas. Mais il te reste deux trois trucs à apprendre. Genre : on ne gueule pas sur son supérieur au réveil.

Il s'était radouci et se montrait plus familier volontairement. Izul se tourna vers lui, rougissant un peu, surprise. Elle lui adressa un salut respectueux avant de sortir précipitamment. Dehors, elle croiserait Chihousou qui lui apprendrait qu'elle prendrait la place de Sarouh dans l'unité, temporairement. Ensuite, le géant blond vint l'informer qu'il était dispensé pour cette journée et que son rôle pour cette nuit serait moindre.

Concrètement, il ne devait intervenir qu'en cas d'urgence et assurerait un rôle de relai. Son collègue Gensouard le rabroua pour sa faiblesse, mais rien de ce qu'il pu dire n'était pire que ce que le jeune homme aux cheveux bleus avait déjà eu le temps de penser lui-même. Livide, il resta silencieux jusqu'à ce que son supérieur parte. Irrité par son mutisme têtu, il ne se fit pas prier et sortit en claquant la porte. Ils ne pourraient jamais se saquer, décidément.

Soupirant, le blessé inspecta précautionneusement sa chambre du regard, en s'asseyant lentement. il avait été déshabillé, probablement par la kunoichi qui l'avait veillé. Un coup en plus pour son égo. Ses affaires avaient été pliées et rangées sur son bureau, avec la bourse contenant ses armes. Son katana, quant à lui, était accroché au mur. Rien n'avait été oublié. Par contre... La récompense de l'héritage avait disparu. Son esprit partit immédiatement à la recherche de coupables potentiels. Chihousou était un connard, mais n'oserait pas voler un des siens alités. Il était plutôt du genre à lui mettre une beigne au réveil pour se passer les nerfs. Les habitants n'oseraient pas s'en prendre aux ninjas qui assuraient leur protection.

Restaient Kazuo et les Chikarates. Le premier était insupportable, n'arrêtait pas de faire preuve d'insubordination et était particulièrement prétentieux. Et il lui avait mené la vie dure tout le voyage. C'était un bon suspect. D'un autre côté, les chikarates n'avaient probablement pas aimé qu'il défie ainsi Tokri. Le sauvetage d'Izul n'avait peut être pas compensé. Les deux jeunes hommes du Village du Sable n'y avait même pas assisté, il était possible qu'ils ne ressentent aucune reconnaissance, et ainsi blessé Sarouh devait paraître beaucoup moins impressionnant. Il voyait mal l'Utak le voler et clairement, Izul était à exclure.

Il interrogerait donc Kazuo en premier. Puis, il se porterait vers Gomaki pour savoir lequel des élèves était le coupable. Sans l'aider, il ne pourrait pas l'interdire de discuter avec eux. Nouveau soupir. Le Gensouard avait vraiment besoin de cet argent. Et clairement pas de devoir mener un interrogatoire pour récupérer ce qui lui revenait de droit. Il pesta, avant de réfléchir à ce qu'il pouvait faire pour occuper sa journée. Il n'était pas en état d'enquêter plus aujourd'hui, de toute façon.

Ce fut l'entraînement au En qui l'emporta. Ainsi, le Tsumyo médita une bonne partie de l'après midi, poussant son apprentissage de l'art de la détection par le chakra. Seules la rigueur et une maîtrise parfaite de l'énergie spirituelle permettaient une utilisation de cette technique. Progresser dans ce domaine, c'était progresser dans tous les arts ninjas. Notamment le genjutsu, qui demandait la plus grande subtilité. Epuisant pour la concentration, il avait au moins l'avantage de ne demander aucun déplacement, ni de générer de fatigue en soi. Tant que la bulle de perception n'était pas étendue, cela va de soi. Puis, il se laissa de nouveau aller au sommeil. Il serait encore éveillé toute la nuit, et ses blessures le fatiguaient plus qu'il ne voulait l'admettre.

Au crépuscule, il s'équipa délicatement. Ses blessures lui faisaient toujours mal, mais il était capable de se déplacer. Gomaki et Izul avaient fait du bon boulot. Il jeta un dernier regard à l'emplacement où sa bourse aurait dû se trouver en équipant son arme et sortit en grommelant. Dernier arrivé, il n'y avait que les membres de sa section sur place, l'équipe dirigée par Chihousou déjà parti à la porte Nord. Izul et Nika lui adressèrent un regard inquiet, mais ne dirent rien. Kazuo était trop occupé à bien se faire voir par les kunoichis pour se sentir concerné par le bien être de son supérieur. Il ne perdait rien pour attendre. Il resta silencieux, attendant assidûment que leur nouveau chef donne les directives. Il l'encouragea d'un sourire et d'un petit signe de tête.

Elle opta pour la même stratégie que son homologue Gensouard : Formation serrée, patrouille d'un point à un autre. Il était assez peu probable qu'un assaut d'envergure ait de nouveau lieu. Sarouh devait être en retrait, n'ayant qu'un rôle d'observation et éventuellement de liaison avec la porte Nord.

La nuit fut globalement calme de leur côté. Il ne devait pas rester assez de brigands pour attaquer les deux côtés de la ville. Cependant, alors que les deux filles commençaient à se demander si elles ne feraient pas mieux de remonter pour aider leurs camarades, Sarouh se sentit obligé de leur rappeler qu'ils ne devaient pas déserter leur poste. De plus, Chihousou maîtrisait la situation. A peu près. La cheffe du petit escadron ordonna donc de continuer ainsi, non sans inquiétude. Le calme de la nuit permit au chuunin blessé d'arriver derrière un Kazuo beaucoup trop serein à son goût. Tout dans le personnage l'exaspérait. Avec un sourire qui n'augurait rien de bon, il posa sa main sur l'épaule du blondinet , après avoir composé les mudras dont il avait besoin.

— Kazuo, mon ami, tu n'aurais pas, par hasard, eu la mauvaise idée de te servir dans ma chambre?

Alors qu'il se raidissait en entendant les funestes paroles de son supérieur, sa vue se brouilla. Il était désormais dans le noir absolu. L'espace n'avait plus de sens, il n'y avait ni haut ni bas, il flottait, peinant à maîtriser son propre corps dans une dimension qu'il ne connaissait pas. Autour de lui, des formes immondes rappelant des yeux rouge s'ouvrirent en déchirant le voile des ténèbres qui l'entouraient que des sourires plein de dents apparaissaient. Les formes allaient le dévorer. Il hurla. Pourtant, aucun son ne sortit de sa bouche.

— Non. Tu n'es autorisé qu'à répondre à mes questions, Kazuo.

La voix, difforme et pleine de distorsions, venait de partout et se réverbérait à l'intérieur du crâne du genin qui souffrait de chaque mot, soudain misophone. Chaque fois que son nom était prononcé, la pression qu'il ressentait augmentait d'un cran.

— C'est pas moi ! J'y suis pour rien !
— Comment mon argent a pu disparaître, alors ? Les Chikarates ne sont pas au courant pour l'héritage, Chi' ne ferait pas ça. Explique moi, Kazuo.

Le sourire le plus proche s'ouvrit, découvrant un tunnel sans fond de dents et de pics hérissés qui allait engloutir le genin, promesse de douleurs terribles si sa réponse ne s'avérait pas à la hauteur. Il payait pour toutes les fois où il avait agacé le Tsumyo, qui s'était lâché sur son genjutsu. Sa victime n'était clairement pas capable de le briser. Paniquant, il vida son sac :

— Je t'en supplie ! Arrête ! Je me suis juste vanté auprès d'Izul de tout le blé qu'on avait récupéré grâce au transport de la statuette ! J'ai un peu exagéré l'histoire, mais c'est tout !

Evidemment. Sarouh aurait aimé être surpris, mais il n'en était rien. L'illusion se brisa aussi rapidement qu'elle s'était mise en place, laissant un Kazuo pantelant, transpirant et livide sur les quatre fers, les yeux écarquillés. Sans lui adresser la parole ni un regard, le jeune homme aux cheveux bleus reprit son poste. Il lui faudrait donc discuter avec Gomaki. Il n'était pas sûr de savoir comment se positionner avec lui. Le ninja supérieur, malgré son air tranquille et sa détente apparente avait un regard qui semblait le transpercer. Si celui-ci défendait ses poulains, la reprise de l'argent serait problématique. Et sans preuves, il ne pouvait pas se plaindre officiellement. Il n'avait plus qu'à espérer que le juunin aurait un sens de l'honneur. Ca lui semblait bien naïf.

La fin de la nuit fut une longue attente et douloureuse attente. Les plaies du chuunin ne le laissaient pas vraiment tranquille et le manque d'action pesait sur le moral des troupes. Heureusement, Chihousou rasséréna la petite équipe en leur indiquant avec la diplomatie qui le caractérisait qu'à part le manque de travail d'équipe des deux genins, il n'y avait rien de remarquable de leur côté et que tout était sous contrôle. Tokri était un peu sonné après avoir tué mais c'était tout. L'aube pointant le bout de son nez, il annonça que la deuxième nuit de surveillance était finie.

Alors qu'ils étaient sur le retour de l'auberge, Sarouh l'informa poliment en privé des découvertes qu'il avait faite dans la nuit. Le géant blond, manifestement déjà de mauvaise humeur à cause des événements de la nuit convoqua immédiatement le fanfaron. Il allait en remettre une couche. Voilà qui devrait lui apprendre à la boucler.

Le chuunin profiterait de son entrevue avec Gomaki pour le remercier. Appréhendant la dernière journée de cette mission décidément trop longue, il s'endormit d'un sommeil agité.

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Message par Tokri-en-plus-vieux 10/4/2022, 19:50

Suite à sa nuit mouvementée, Chihousou avait accordé à Tokri une partie de sa matinée pour se remettre tout en lui en donnant rendez-vous à son bureau, gracieusement prêté par le Maire du village le temps de la mission.

Tokri prit une grande inspiration avant de toquer à la porte. Chihousou ne l'effrayait pas malgré leur différence de niveau. Et si le ton s'envenimait entre eux, le Genin de Chikara savait que Gomaki interviendrait. L'Utak craignait plutôt ses propres réactions. Il avait un problème avec l'autorité et n'acceptait que d'obéir aux ordres qui faisaient sens pour lui. Or, Chihousou représentait tout ce que Tokri haïssait chez un gradé : un soldat exécutant des ordres sans se poser de questions.

— Entre.

Le Chuunin était assis à son bureau, une feuille devant lui sur laquelle était posée une plume encrée. Gomaki était assis sur le rebord d'une fenêtre ouverte et fumait une cigarette.

— Assis, lui intima Chihousou.

Tokri s'exécuta et croisa instinctivement les bras avant de demander sèchement :

— Tu veux me parler du gars que j'ai tué ?

— Ton rituel malsain ? Tu verras ça avec ton sensei et Chikara. Je ne sais pas ce qui t'es passé par la tête et ça ne me concerne pas.

— Pour une fois qu'on tombe d'accord.

— Surveille tout de même la façon dont tu me parles, Utak. Je suis ton supérieur sur cette mission, et tu as tout intérêt à ne pas mettre en péril sa réussite. Gomaki a mon rapport sur l’incident de cette nuit. Si tu agis de façon responsable, l'affaire restera close pour moi. Concernant ton avenir comme ninja, je n'en ai rien à foutre.

Il marqua un temps de silence et se frotta le visage. Tokri comprit qu'il rassemblait ses pensées et en profita pour faire de même.

Bien qu'il n'en montrait rien, l'Utak était tout de même quelque peu inquiet par cette menace en suspens sur sa carrière. Chikara risquait-il de le bannir des rangs de son armée ? Tokri se fichait de sa carrière, mais il avait besoin d'évoluer comme shinobi pour gagner en capacités. Se retrouver simple civil freinerait grandement sa quête de puissance.

— Je voulais tes impressions sur nos adversaires, lui demanda Chihousou. J'ai convoqué un à un chaque membre de l'équipe pour recueillir leurs observations. Il ne me manque plus que les tiennes.

— Ces gars étaient anormalement forts physiquement. Que ce soit en terme de résistance qu'en force de frappe. Je me suis même demandé s'ils n'étaient pas des ninjas. Mais leur façon de se battre était dénuée de formation martiale.

— C'est ce qu'ont  également remarqué Sarouh et les autres, commenta Chihousou tout en prenant des notes. Autre chose ?

— Les gars présentant ces aptitudes avaient les tempes gonflées et noires. Le plus costaud de la bande s'est injecté quelque chose à l'aide d'une seringue. On a affaire à une drogue apparemment.

Une moue inquiète apparut sur le visage du Chuunin. L'affaire prenait une tournure de plus en plus inquiétante. Une drogue pouvant donner des aptitudes permettant à un civil de rivaliser avec un ninja, c'était du jamais vu.

— Personne ne m'avait encore parlé de ces marques. Certainement à cause de la pénombre. Tu es celui de l'équipe qui les a affronté au plus près, je me doutais que tu avais certainement remarqué quelques détails. Et concernant l'homme que tu as tué ?

— Il était drastiquement plus faible et n'arborait aucune veine. J'ai voulu le faire parler pour obtenir des informations. Mais il ne m'a pas donné le choix.

C'était un mensonge. A son avantage, il n'y avait aucun témoin. S'il se montrait suffisamment convainquant et restait cohérent dans ses déclarations, Tokri espérait faire passer son meurtre froid pour de la légitime défense.

— Il n'avait aucune seringue sur lui. Nous verrons qui de Chikara ou Gensou s'occuperont des autopsies que je vais préconiser. Certainement les deux. Dans tous les cas, j'ai noté tes observations. Tu peux disposer.

Tokri se dirigea vers la sortie. En passant devant Gomaki, ce dernier lui fit comprendre d'un regard qu'ils auraient à discuter ultérieurement. Cela ne surprit pas le Genin. Bien que présent en tant qu'observateur, le Jounin restait leur tuteur et chacun de leurs actes lui retombait dessus.

Lorsqu'il quitta le bâtiment, l'Utak fut surpris de voir Mutika sur la rue d'en face lui faire signe de le rejoindre. Tokri alla à sa rencontre, quelque peu circonspect face au sourire malicieux arboré par son ancien ami. Le Genin se doutait que son collègue avait prévu quelque chose concernant les Gensouards.

— Oui ? demanda Tokri.

— Suis moi. J'ai quelque chose à te montrer.

Tout en prononçant ces mots, Mutika fixait la fenêtre du bureau de Chihousou. Tokri comprit que le jeune homme craignait que le Chuunin ne les entende avec ses capacités sensorielles hors du commun.

Les deux garçons finirent par rejoindre la place centrale de Nidikami, qui formait un cercle donnant sur diverses rues. Les étals fourmillaient d’animation de ce centre jusqu'aux ruelles adjacentes.

Nikidami était en pleine effervescence de leur fête du métal, l'agitation battait son plein. De nombreux marchands vantaient la qualité exceptionnelle des produits de leur stand. Les villageois vivant en temps normal d'agriculture, l'essentiel des produits proposés y étaient liés : fourche, bêche, binette... Tokri constata que certains étals proposaient diverses denrées alimentaires, mais également des armes, des décorations typiques de la région, des étoffes et bien d'autres produits. L'Utak avait cru comprendre que l'événement attirait des touristes de tout horizon. En y réfléchissant bien, il se souvenait en avoir vaguement entendu parler par le passé, certainement par son grand-père.

Il était logique que Nikidami fasse appel aux Villages pour assurer leur protection face à des malfaiteurs vénaux. De nombreux rapports de situation avaient fait état d'une bande importante. Cela justifiait l'envoi de Genins et de deux Chuunins. Tokri se doutait que le fait que les malfrats soient dopés par une étrange drogue risquait de changer la donne et de hausser le niveau de la mission.

Mutika le tira en avant, extirpant son coéquipier de ses réflexions. Tokri avait brièvement pensé que le garçon aux cheveux rouge souhaitait acheter de la nourriture ou des souvenirs, mais il n'en était rien. Le Genin semblait enthousiasmé par tout autre chose, ce qui confirmait la première supposition de l'Utak.

Ils s'arrêtèrent au coin d'une ruelle. Mutika s'assura qu'ils avaient une bonne vue sur la grande place, et hocha la tête de satisfaction.

— Tu peux m'expliquer maintenant ? le pria Tokri.

— Sois patient mon vieux. Ca ne devrait pas être bien loin, lui assura Mutika. En attendant...

Mutika s'asseya dos à un mur et posa son sac en bandoulière devant lui. Il en sortit diverses viennoiseries. Le Genin en tendit un à Tokri, qui était quelque peu pris de court par cette délicate attention.

— Fais pas cette tête va, dit Mutika. On est partenaire, non ?

Tout en réserve comme à son habitude, Tokri opina du chef et s'asseya à côté de son ancien ami. Ils mangèrent en silence, Mutika jetant de réguliers coups d'œil à la grande place. Tokri insista à trois reprises, mais son coéquipier refusa de lui expliquer la raison de sa bonne humeur. L'Utak décida donc d'attendre et finit par somnoler. Une heure plus tard, il fut réveillé par un coup de coude :

— Ça commence !

Le jeune homme désignait la grande place. Tokri y vit Chihousou Masaka, un papier à la main. Le Chuunin tournait sur lui-même et dirigeait son attention d'étal en étal, de personne en personne. Il semblait chercher quelqu'un. Mutika se mit à ricaner :

— Quelle ponctualité.

Tokri vit alors une belle blonde qu'il reconnut aussitôt : Ayane, la fille du Maire de Nikidami. Elle se dirigeait vers leur supérieur d'un pas timide, un papier en main . Ce détail en commun permit à Tokri de constituer le puzzle qui se mettait en place sous ses yeux. Lorsqu'il perçut la jeune femme, Chihousou eut un mouvement de recul. Tokri en conclut que le Chuunin ne s'attendait pas à son arrivée.

Ayane prit sûrement cela pour de la réserve. Cela ne l'empêcha toutefois pas de se jeter dans ses bras et de commencer à embrasser le géant. Chihousou ne l'esquiva pas, ne s'attendant certainement pas à cette réaction. La panique se lisait sur son visage, bien que le baiser ne semblait pas lui déplaire.

— Qu'est ce que c'est que ce bordel ? murmura avec dubitation l'Utak.

— Le clou du spectacle arrive, ricana Mutika.

Furieux, le maire de Nikidami avançait d'un pas lourd vers sa fille et son amant. Lorsqu'il fut à portée de voix des deux, il se mit à hurler. Tokri ne perçut que des bribes de mots tels que "honteux", "déshonorable", ou encore "Quand vos employeurs apprendront cela !". Chihousou sembla vouloir se justifier auprès de son "beau-père", mais ce dernier n'en avait cure et continuait à lui hurler dessus. Mais les deux Genins n'avaient pas besoin d'en entendre plus. Le spectacle qui s'offrait à leurs yeux était amplement suffisant pour saisir le fond des propos. De toute façon, la colère du Maire suffisait amplement au bonheur de Mutika.

Le Masaka se tourna brièvement vers eux. Cela suffit à déclencher l'alarme interne de Tokri. Comprenant que les sens du Masaka les avait certainement repéré, l'Utak saisit son coéquipier par le poignet et lui souffla, à demi paniqué :

— On doit se barrer. Maintenant.

Sans demander son reste, Mutika le suivit. Mieux valait déguerpir qu'être trop gourmand. Si Chihousou leur mettait la main dessus, il pourrait réussir à les piéger en les amenant à se trahir. Une fois suffisamment éloigné, Tokri posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis le début du petit numéro de romance mélodramatique qui s'était joué sous leurs yeux :

— Comment t'es-tu arrangé pour provoquer ce bordel ?

Le rouquin afficha un large sourire malicieux, fier de son œuvre.

— Tu te souviens de nos années à l'Académie ? Lorsque je signais certains mots des profs à destination de mes parents en imitant leurs plumes ?

— Oui, répondit Tokri qui commençait à comprendre comment son ami s'y était pris. Il t'arrivait d'imiter l'écriture de mon grand-père pour m'éviter de me faire engueuler.

— Ce que je ne t'ai jamais dit, c'est que l'imitation d'écriture est devenue l'un de mes passe-temps favoris ! Ça m'amuse de reproduire les écritures de quelqu'un d'autre. Je me suis même mis à en inventer.

Tokri était stupéfait. Il ignorait totalement cette facette du garçon aux cheveux de feu. Mutika n'avait pas l'air d'en avoir conscience, mais son hobby pourrait s'avérer utile pour sa carrière. Savoir imiter des écritures était un atout non négligeable pour les services d'espionnage des Villages.

— Et donc ?

— Durant mon compte-rendu de la nuit dernière, j'ai observé la façon d'écrire de Chihousou. Je me suis ensuite entraîné jusqu'à ce que le résultat se rapproche de ce que j'avais réussi à mémoriser. J'ai laissé un mot avec ce style sous la porte de Ayane. Mon Chihousou a eu beaucoup d'inspiration pour lui déclarer sa flamme.

Connaissant l'imagination de Mutika, le Genin ne doutait pas que son ami avait dû être inspiré pour stimuler l'enthousiasme de la timide jeune femme pour leur supérieur. Mutika reprit son explication :

— J'ai ensuite préparé un mot avec l'une de mes écritures pour Chihousou. Dans ce dernier, j'ai juste dit que j'étais en possession d'informations importantes concernant la mission. Pendant ton entretien de ce matin, je me suis glissé vers sa chambre et j'ai glissé le mot sous sa porte.

— Et pour le Maire, je présume que tu as utilisé une écriture différente ?

— Oui ! En l'informant de l'aventure volage entre sa fille et son mystérieux amant. A chacun, j'ai donné la même heure de rendez-vous au même endroit. Et voilà ! Opération mettre la honte à Gensou : objectif accompli !

Tokri éclata de rire. Rapidement accompagné par Mutika. Cela faisait longtemps que les deux garçons n'avaient pas partagé un tel fou rire.

Il était véritablement impressionné par l'ingéniosité de son coéquipier. Tous deux avaient fait les quatre-cent coups à l'Académie et plus d'un professeur avait ressenti une furieuse envie de cogner l'un des garçons contre l'autre. Ce qui venait de se produire ravivait de précieux souvenirs chez Tokri. Dans leur duo, Mutika avait toujours été celui qui concoctaient les plans tandis que l'Utak improvisait des échappatoires lorsque les choses dérapaient.

L'Utak se demandait comment ils avaient pu s'éloigner à ce point. Tokri savait que les parents de Mutika le considéraient comme responsable de l'échec au premier examen de leur fils, mais de l'eau avait coulé sous les ponts depuis ce temps. Tous deux étaient devenus Genins et avaient intégré la même équipe. Le temps était certainement venu de renouer les liens, comme le lui avait suggéré son aîné.

Leur fou rire se calma. Semblant lire dans ses pensées, Mutika le devança :

— Tokri... Pour la nuit dernière, je suis vraiment désolé. Je me suis laissé griser par le combat, et je n'ai pas agi en coéquipier.

— Je n'ai pas été un bon partenaire depuis la formation de l'équipe.

— Mais tu n'as pas failli provoquer ma mort.

C'était donc cela. Tokri était surpris par la culpabilité soudaine qu'il lisait sur le visage de Mutika. Le jeune homme avait dû se torturer l'esprit en se remémorant le film des événements de la nuit.

— Écoute, dit Tokri sans lui laisser le temps de reprendre la main. On a tous les deux merdé. Nous appartenons à la même équipe. Même si je me doute que mon frère y est pour quelque chose, voyons cela comme une occasion de relancer notre amitié. Je n'ai jamais voulu d'une rivalité, avec toi moins qu'avec quiconque. Que dirais-tu de devenir frère d'arme, mon ami ?

Tokri vit les yeux de Mutika briller. Rares étaient les personnes ayant pu entendre de tels mots sortir de la bouche de l'Utak. Depuis la mort de sa mère, le jeune homme n'aimait pas s'étendre sur ses sentiments. Il considérait les démonstrations d'affection comme des invitations à la souffrance. Mutika savait que chaque mot était une prise de risque difficile pour Tokri, et il en était d'autant plus touché.

— Ça me va, lui répondit le rouquin.

Tokri lui tourna le dos. L'échange l'avait quelque peu mis mal à l'aise.

— Si ça ne te dérange pas, j'aimerai m'exercer au Fuuton avant le prochain briefing.

Alors qu'il s'apprêtait à partir vers le coin boisé où il avait pris l'habitude de se ressourcer, Tokri eut l'impression que Mutika allait ajouter quelque chose. Le jeune homme s'arrêta donc et l'interrogea du regard. Le rouquin garda le silence et, après lui avoir adressé un sourire gêné, partit de son côté.

Si son partenaire avait une information importante à lui transmettre, il n'aurait pas hésité à présent. Du moins, l'Utak l'espérait-il.

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