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[Mission] Escorte de Vampire Hongrois

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Message par Kentaro 19/3/2012, 13:56

Ulrich était confortablement installé dans un confortable fauteuil de cuir, un livre de Théologie dans la main, lorsque le majordome du club pénétra dans le chaleureux salon et s’approcha de lui, lui tendant un papier plié en deux.

« Un message du centre d’Opération, monsieur. »

Le Paladin remercia le majordome d’un signe et jeta un coup d’œil au fax. Refusant de porter un téléphone portable et sans boîte mail pour le contacter, Ulrich obligeait les instances de la RIP à le contacter par d’autres moyens. Ce qui, du reste, ne semblait pas les gêner : tant qu’il restait sur le site, ils leur étaient assez faciles de le retrouver et de lui acheminer la moindre note de service.

Cette fois-ci, il avait le droit à un ordre de mobilisation et une convocation dans l’un des bureaux de la RIP. Le jargon administratif pour signaler qu’on l’envoyait en mission, tout simplement.
Le Paladin referma son livre et alla le ranger dans l’un des nombreux rayons des bibliothèques qui bordaient les murs de la pièce, s’assura par réflexe de la présence de Sinister à sa ceinture, puis se mit en route.

Ulrich sortit du bâtiment, bâti dans le plus pur style Victorien de la grande époque, et s’inséra en claudiquant dans le flux des passants qui animait la ruelle. Suivant le mouvement, le Paladin arriva enfin jusqu’à une importante artère, et s’arrêta à un arrêt de bus.

Quelques minutes plus tard, l’austère prêtre de la Garde d’Acier Teutonique était assis dans le véhicule, direction le cœur opérationnelle de la RIP. Le véhicule quitta progressivement les quartiers commerçants et usuels du site, se rapprochant de bâtiments plus austères et fonctionnels, au service de sécurité plus visible.

Il fallut dix bonnes minutes pour acheminer le Paladin jusqu’au poste 5, aux pieds de l’un des centres de briefing de la RIP. Accompagné de son inséparable cliquetis métallique, Ulrich gravit prestement la courte volée de marche qui menait jusqu’aux doubles-portes – ignorant royalement la rampe pour handicaper – et pénétra dans le hall du bâtiment, au sol tapissé d’un dallage reprenant le sigle de l’agence.
Le prêtre jeta vaguement un coup d’œil aux panneaux informatifs pour repérer la salle de réunion, avant d’enfiler une série de couloirs et d’arriver devant la porte de la salle 025.
Le Paladin ouvrit la porte et pénétra dans la salle de briefing, tout en longueur, avec des panneaux d’affichages électroniques sur les deux murs principaux, et des tas de sièges entourant une table elle-même surmontées de plusieurs moniteurs et d’un vidéoprojecteur. Le nec plus ultra high-tech. La RIP ne se refusait rien.

Trois personnes s’y trouvaient déjà.

La première était plutôt grande, métis, le crâne comme un caillou, portant des lunettes de soleil et arborant un bouc d’un noir de jais. Bras croisés, il dévisageait tranquillement le nouveau venu.

Le second était un gringalet blondinet, aux cheveux en bataille et à la barbe naissante, complètement affalé sur son siège, l’œil morne. Il se contentait d’acquiescer mollement et de répondre par quelques grognements à sa voisine. Maquillé et vêtue avec goût, elle rayonnait littéralement en contraste à l’épave qu’elle abreuvait de propos dans un langage inconnu du Paladin. Probablement Nordique, mais il n’en aurait pas juré.
De toute façon, elle s’arrêta aussitôt de discuter en apercevant e prête, pour le saluer avec un grand sourire. Mollement imité par son voisin, malgré un discret coup de coude et un regard appuyé.

Ulrich salua sobrement d’un signe de tête et alla s’asseoir dans l’un des nombreux sièges vacants, sa prothèse métallique résonnant dans la petite salle à chacun de ses pas. Il croisa les bras dans son giron et attendit.
Un toussotement discret attira son attention. Le Paladin releva les yeux et aperçu la demoiselle qui lui faisait signe.

« Bonjour ! Permettez-moi de me présenter, déclara la demoiselle dans un anglais impeccable. Je m’appelle Soon-Hak Ujiwaru, spécialiste linguistique et sociologique pour la RIP.
_ Enchanté, répondit froidement le Paladin. Frère Antares, Paladin.
_ Je me demande quel genre de mission on nous réserve, poursuivit la jeune femme. Ce doit être pour de bonnes raisons que les instances supérieures ont décidé de réunir en plus un expert-brocanteur – signe de la main vers son voisin – ainsi qu’un spécialiste de l’armement conventionnel – autre signe en direction du métis. Vous avez une idée de ce qui nous attend ?
_ Non.
_ …
_ …
_ Et heu… reprit Soon-Hak, quelle est la spécialité d’un Paladin ?
_ La suppression.
_ …
_ …
_ Ah. »

Soon-Hak se renfrogna – sans rien en montrer aux autres, elle maîtrisait parfaitement son paraître, après tout – tandis qu’à ses côtés, le troublions blond ricanait sournoisement dans sa barbe. Entre le grand timide de MakWanga et l’austère et renfermé Antarès, les tentatives de briser la glace de la demoiselle tombait un peu à l’eau. Il tenta de glisser une remarque spirituelle en suédois à sa compagne mais ne réussit qu’à s’attirer un regard assassin de la part de l’intéressée. Il décida donc de la boucler et de retourner à son état comateux. De toute façon, les autres ne comprenaient pas le suédois et il ne savait pas comment la traduire en anglais.

La porte s’ouvrit alors pour laisser entrer un duo particulièrement dépareillé et très mal assorti. Venait en premier un individu de bonne carrure, vêtu d’un costume trois pièce blanc cassé, et transportait un petit étui de violoncelliste. Soit il tordait méchamment le cou aux idées reçues sur les brutes et la mélomanie, soit il y avait un truc.
Venait sur ses talons un type de plus petite taille, vêtu de façon un peu moins recherché –jeans et pull-over – coiffés d’une cascade de dread’s et percés de nombreux piercings.

A peine eurent-ils fermé la porte que l’un des appareils au centre de la table se mit à bourdonner, avant de laisser échapper une voix synthétique.

« Bienvenue, Edwin… commença la voix inconnue.
_ Heu… ‘jour, répondit l’homme en costume cravate, légèrement surpris.
_ … ainsi qu’à vous, Jake. Nous n’attendions plus que vous.
_ Ah ouais, et c’est qui, ‘nous’ ? Voulut savoir Jake.
_ De gauche à droit, vous avez Sigurd, Soon-Hak, Makwanga et Antares, répliqua la voix – visiblement doté de la vision. Plus Agnès, qui assiste à cette réunion par le système de vidéoconférence.
« Vous aurez tout le temps de faire plus ample connaissance en chemin, concentrons-nous sur votre mission, si vous le voulez bien.
_ Et… Vous êtes ? Intervint Sigurd.
_ Votre supérieur, l’un des Superviseurs de l’Agence, évidemment.
_ Et vous n’avez pas de nom ? Grogna Ulrich.
_ Ce n’a pas la moindre importance pour votre travail, rétorqua la voix.
_ Et comment on doit vous appeler, alors ? Demanda Edwin.
_ Hé bien, ‘monsieur’ ou alors ‘monsieur le Superviseur’… Si nous avons assez perdu de temps sur des trivialités, nous pourrions peut-être passer à la suite ?
_ Oui, où est Agnès ? Demanda Soon-Hak.
_ Derrière son écran, évidemment, répondit Makwanga. Elle n’a pas besoin d’être présente physiquement pour assurer sa part du boulot.
_ Qui consiste en quoi ? Demanda Jake.
_ Hacking.
_ On va avoir une Hackeuse avec nous, s’étonna Sigurd avec son anglais approximatif. Cool, ça va nous être utile, ça !
_ Parce que les autres, non ?
_ Naaan, mais c’est pas ce que je voulais dire…
_ Messieurs, intervint le Superviseur. Nous n’avons pas de temps à perdre, soyez gentils de vous concentrez un minimum.
_ On doit éliminer quoi ? Demanda Antarès.
_ Justement, on élimine personne, rectifia la voix.
_ C’est nouveau, ça… »

L’un des écrans latéral s’alluma et la tête d’un vieil homme au visage parcheminé et aux longs cheveux blancs impeccablement coiffé apparu.

« Bien conservé, l’ancêtre, fit Jake.
_ Je vous présente le prince Zdzisław Mikolajczyk, déclara le Superviseur.
_ à tes souhaits !
_ Celui-ci tient d’une poigne de fer un fort parti de la communauté vampirique de Varsovie depuis trois siècles et demi.
_ Pardon ? Intervint Makwanga. C’est un vampire ?
_ Je croyais qu’on n’allait abattre personne, cilla Antares.
_ Et c’est le cas. Monseigneur Mikolajczyk est le chef de file des modérés, et est parvenu à se maintenir à la tête de la Ligue Vampirique malgré de très nombreux adversaires politiques ou physiques. Ces dernières cent cinquante années, il est devenu l’interlocuteur privilégié des vampires avec les organisations humaines de la ville. C’est en grande partie grâce à lui que le programme 90% a put être mis en place et respecté.
_ Le quoi ?
_ Le programme 90% : la communauté vampirique s’est astreinte à assurer la provenance de la majorité de ses besoins particuliers à partir de sang médical, explique le Superviseur. Une avancée décisive dans la cohabitation pacifique entre les deux groupes ethniques.
_ Heu… Et les 10% restant ?
_ C’est lui que vous allez devoir aider, poursuivit le Superviseur.
_ Il commence à devenir gâteux ? Railla Jake.
_ Il y a deux jours, des extrémistes de son propre camp lui ont tendu un guet-apens pour mettre fin à son règne. Il s’en est sorti, mais gravement diminué mystiquement : il a perdu la majorité des ses pouvoirs et aptitudes. Il est donc actuellement très vulnérable et fait une cible des plus faciles.
_ Et comme c’est un interlocuteur privilégié, leader respecté et qu’il est acquis à la cohabitation, conclut Soon-Hak, on a tout intérêt à ce qu’il ne passe pas l’arme à gauche.
_ Tout à fait, acquiesça le Superviseur. Afin de revenir au faîte de sa puissance, Monseigneur Mikolajczyk a besoin de se ressourcer sur la terre de son domaine natal, à l’aide de rituels ésotériques qu’il n’a pas jugé bon de nous transmettre. Etant donné sa grande vulnérabilité, une escorte lui sera nécessaire : c’est là que vous intervenez.
_ Admettons… fit Ulrich. Et on l’achemine où, le moribond ?
_ Voyez-vous-même. »

L’écran changea, l’image du vampire laissant la place à une mappe représentant Varsovie. La carte zooma en arrière, encore, encore et encore, jusqu’à englober toute la Pologne. Et un petit point se mit à clignoter, proche de la frontière avec la Tchéquie.

« Sacré trotte, commenta Jake.
_ Qu’est-ce qu’on a à craindre ? S’enquit Makwanga.
_ Tout.
_ Hé ben comme ça, c’est rapide…
_ Plus précisément… Il est possible que des vampires de son parti envoient un assassin à ses trousses. Auquel cas, vous aurez à faire à un véritable vampire centenaire, bardé de pouvoirs divers. Au menu, invocation, sortilège, régénération monstrueuse… Fère Antarès, vous serez heureux d’apprendre que la plupart d’entre eux sont sensibles à l’atmosphère divine : vos barrières devraient faire effet.
_ ’La plupart’ ? C’est dingue comme ça me rassure…
_ Ce genre d’assassin est rare, précieux et mortellement efficace : si tel devait être le cas, un seul d’entre eux ferait le déplacement.
« A contrario, nous avons les jeunes vampires du courant Radical : anti-cohabitation forcenés, s’ils apprennent l’état de faiblesse de Monseigneur Mikolajczyk, nul doute qu’ils chercheront à l’éliminer. Au contraire des doyens vampires de Varsovie, ces jeunes n’ont que peu de pouvoirs, de faibles envergures et se reposent principalement sur les capacités supérieures à la normale, un minimum de régénération et l’armement conventionnel. Ainsi que le poids du nombre… Attendez-vous à un petit groupe, si vous devez les affronter.
_ Génial… Maugréa Makwanga.
_ En outre, contrairement à leurs ainés, en véritable mécréant, la majorité de ces jeunots sont tout à fait insensible aux auras divines, précisa la voix.
_ Ben voyons...
_ Mais ce n’est pas tout… Poursuivit le Superviseur. La Sororité de la Couronne d’Aubépine est en croisade ininterrompue contre la gente vampirique depuis quasiment deux siècles. Si les accords organisationnels les empêchent de s’en prendre aux vampires dans Varsovie-même, il n’en est pas de même à l’extérieur de la ville. Une tentative d’assassinat est de l’ordre du possible, surtout en cas de ‘malencontreuses’ fuites de l’information. Même si leur armement ésotérique est plus adapté contre les vampires, ne sous-estimez par leur organisation et leur coordination.
« Et pour terminer… Nous savons de sources sûres qu’il existe une branche occulte de la mafia polonaise qui est avide de cendres vampiriques. En effet, celles-ci constituent un composant incontournable d’une puissante drogue très, très lucrative. Là aussi, de malheureuses fuites pourraient les amener à faire le sale boulot. Leur armement sera plus conventionnel, mais ils mettront sûrement le paquet s’ils doivent intervenir.
_ Donc… Résuma Sigurd, on peut tomber sur tout et n’importe quoi.
_ Exact.
« Un avion vous attends sur la piste d’atterrissage 18, et vous mènera directement à Varsovie, conclut le Superviseur. De là, vous aurez carte blanche pour acheminer Monseigneur Mikolajczyk à bon port.
« Afin de mener à bien cette mission, le commandement de votre unité est confié à Edwin Louvet. Le ressort de cette opération est donc sous sa responsabilité.
« Des questions ?
_ Heu, oui ! Une, déclara Edwin.
_ Je vous écoute.
_ Mais… Ce Miklo… Mikolary… ce type, là... On est vraiment sûr que c’est un vampire ? » Demanda le jeune homme avec un scepticisme évident.
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Message par Chihousou 24/3/2012, 18:27

Des vampires !

L’étincelle de l’intérêt s’alluma dans l’esprit de Jake Edwards au moment où ces mots se mirent à flotter dans l’air.

Des vrais vampires à l’ancienne !

Il ne pouvait que rêver à l’étendu des connaissances que pouvait engranger quelqu’un vivant (enfin, vivant…) plusieurs siècles. A l’instant où il se mit à réfléchir aux milliers de choses qu’il pourrait apprendre auprès d’un être pareil, il se rappela certaines des choses qu’il avait lut et entendu sur le sujet. Peuvent-ils réellement se transformer en chauve-souris ? Certains prétendent que les vampires peuvent transmettre des informations et des souvenirs par le sang, mémoire génétique ? Transmission de pensée ? Craignent-ils réellement les crucifix et l’eau bénite ? Trouvent-ils le sang humain plus savoureux que celui d’autres êtres vivants ? Dorment-ils réellement dans des cercueils ? Sont-ils allergiques à la soupe de pistou ?
Toutes ces questions et bien d’autres jouaient aux flippers dans la tête du jeune homme qui trépignait déjà d’excitation à l’idée de trouver des réponses à ses questions. Décidemment, il avait bien fait de demander son transfert, la Louisiane c’est sympa mais un peu répétitif niveau paranormal. D’ailleurs si ça ne tenait qu’à lui, il serait déjà dans l’avion pour Varsovie, la ceinture bouclée et prêt à décoller. Mais comme la mission allait probablement durer plusieurs jours, les membres de « l’équipe » n’ayant pas amené tout leur nécessaire de voyage devait faire un détour avant de rejoindre la piste de décollage, et il faisait parti de ceux-là.

Une fois son sac fait et vérifié (ouf ! il n’a pas oublié sa poupée vaudoo 100% soie cousue à la main par un chaman kenyan, une véritable pièce de collection à montrer à tous ses amis) il se décida pour un autre petit détour, une idée derrière la tête. Une fois passé les différents niveaux de sécurité et les nombreuses vérifications d’identité, il put entrer dans le labo n°6, antre d’Edwin Van Der Qwirm. Génie inconnu actuellement accroché aux plafonds par un endroit de son anatomie que la décence nous empêche de nommer ici.

_ Edwin ? Hasarda Jake à cours de répliques moins évidentes.
_ Hohoho ! Bonjour, un thé ?

Comme la plupart des personnes douées d’une intelligence inversement proportionnel à leurs connaissances des règles élémentaires de la discussion en société, Edwin ne connait qu’une seule façon d’accueillir les gens, peu importe la situation. Ainsi, si jamais vous entrez dans son labo armé jusqu’aux dents et en compagnie d’une douzaine de démons, l’hollandais ne se démontra pas et vous proposera le plus naturellement du monde une tasse de thé.

_ J’adorerais mais j’ais pas le temps là. Qu’est-ce que tu fais ?
_ Je teste ma toute nouvelle formule de crème antiride à la fraise.
_ Je te parle pas de la crème que t’as sur le visage mais du fait que tu sois suspendu à trois mètres du sol par le coude.
_ Oh, ça ? Et bien, il se trouve qu’hier on m’a rapporté quelques mètres de peau morte de Basilics et il s’avère que si on la mélange à quelques autres ingrédients, regarde sur la table y a la formule exacte, on peut en faire un baume capable d’augmenter l’élasticité.
_ Ca n’explique toujours pas pourquoi t’es accroché au plafond.
_ En fait j’ai fait ce baume pour pouvoir changer l’ampoule du labo, je trouvais plus l’escabeau et tu sais que je déteste travailler dans le noir, mais il s’avère que ce baume a aussi des propriétés collantes imprévues. Je me suis collé le coude au plafond en essayant de libérer ma main de l’ampoule.
_ Et ça va sinon ?
_ Oui, oui, j’ai d’ailleurs marqué sur mon coude les modifications envisageables pour contrer ce désagrément. Y a pas à dire ça offre quand même de l’espace pour écrire.
_ Je pars bientôt pour la Pologne, rencontrer quelques vampires. Je peux jeter un coup d’œil dans tes croquis avant d’y aller ?
_ Pas de problèmes…par contre tu pourrais me passer un nouveau stylo s’il te plaît, le mien est vide. Et un bloc-notes, y a plus de place sur mon coude.

Les croquis du quinquagénaire se trouvaient sur le bureau de celui-ci, ou plutôt le bureau se trouvait sous une montagne de bouts de papier, de feuilles, de coins de serviettes et autres supports eux même recouverts de dessins, de formules et de plans détaillés de machines inconnues au bataillon. Et c’est lorsque l’on regarde tout cela qu’on se rend vraiment compte de ce qui se passe dans le cerveau survolté d’Edwin Van Der Qwirm : des plans pour des bâtiments aux courbes harmonieuses se battaient pour se faire remarquer au milieu des formules mathématiques sur la résorbance et l’échange de particules inter-dimensionnelles ou encore les plans pour une sorte de lance-roquette à énergie mystique. C’est aussi là que la différence entre le doux-dingue et le reste du monde se faisait, si Jake voyait un lance-roquette aux pouvoir terrifiant sur le croquis, Edwin, lui, était persuadé d’avoir imaginé l’engin parfait pour l’envoi de sondes spatiales à tailles réduites.
Pressé par le temps, l’américain décida de fourrer quelques dizaines de feuilles dans son sac avant de s’éclipser, sans oublier de donner à son ami le crayon et le bloc-notes qu’il avait demandé.

Le chemin qui le séparait de la piste de décollage de la RIP s’avérant être plutôt loin du labo d’Edwin, le métis eu la chance de profiter de nombreuses minutes de réflexions quand à ce qu’il pourrait bien faire une fois arrivé en Pologne. Après tout, le boulot n’avait pas la priorité sur l’enrichissement personnel, il devait seulement s’arranger pour que tout aille dans son sens. Même s’il n’avait pas la moindre idée de quel serait son « sens ». Il décida donc de se laisser aller au fantasme d’une bibliothèque qu’il aurait le jour où il serait âgé de plusieurs siècles.
Son cœur et son cerveau firent un nouveau bond dans son corps lorsqu’il rejoignit le reste de la troupe aux pieds du jet privé qui les attendaient tous et il ne put empêcher ses lèvres de bouger…

_ Whoaaaaaaa !!! Un PHG-742 !!!
_C’est le modèle du jet ? demanda, curieux, le nouvellement nommé chef d’équipe.
_ Mais non triple andouille. C’est le système qui contrôle l’ouverture de la porte ! Une vraie merveille, ça fait moins de bruit qu’un muet en train de claquer ce machin là. Bon, c’est sûr que c’est un peu cher et que ça met en danger l’étanchéité de la coque mais sinon c’est quand même du bel ouvrage.

Il y eu alors comme un silence…

Que Jake ne remarqua pas, trop occupé à regarder le système d’ouverture des portes de l’avion en action. Une merveille on vous dit.

_ Au fait, Mwakenga, c’est ça ?
_ Makwanga, répondit, non sans une légère amertume, le sud-africain.
_ Votre copine, la hackeuse, je suppose qu’elle est capable de nous mettre en relation avec qui on veut ?
_ Ouais et c’est Agnès, lança Agnès depuis une petite boîte dans l’une des poches de son compagnon.
_ Si je vous dis Edwin Van Der Qwirm, vous pourriez me le trouver s’il vous plaît ?
_ Pourquoi ça ?
_ Disons que c’est un défi…
_ Vous êtes en ligne.

Le son de la tonalité résonna alors aux oreilles de tous.

« Tuuut…Tuuut…Tuuut…Bonjour, vous êtes sur la messagerie d’Edwin Van Der Qwirm et Oh un papillon aux ailes roses ! Mais oui c’est ça, si j’arrondis l’angle ici et que je…ah parfait. Tiens je…





Avec un système à combustion spiritique et des ailes sur les trois faces ça…oh pourquoi il brille le bouton ? Si j’appuie dess.

...

Une fois votre message terminé appuyez sur dièse pour le modifier. »

Nouveau silence, plus interrogateur que le précèdent.

_ Haha…j’avais oublié qu’il répond jamais au téléphone, je lui ai pourtant dit de toujours être disponible. Bon ben merci.

Alors qu’il s’en retournait vers l’avion, Jake ressentit comme un afflux de pression au niveau de son épaule dont il semblait impossible de se libérer.

_C’était quoi ça !? demanda alors Makwanga sans relâcher sa prise.
_ C’était qui plutôt. Parce que « quoi », même pour lui c’est un peu vexant quand même.
_...
_ Il s'avère que c’est Edwin…
_ Oui ?
_ Van Der Qwirm, agent scientifique rattaché à la RIP. Un vieux copain. Mais peut être étiez vous en train de faire allusion à mon attitude envers votre compagne et vous-même ? Et bien je suis désolé.

Au final, l’américain dut présenter des excuses un peu plus formelles au couple avant d’être autorisé à repartir sans une épaule broyée. Ensuite le jet décolla et tout ce beau monde se retrouva en route pour Varsovie. Sans vouloir éviter tout contact avec ses coéquipiers, Jake passa tout le voyage dans les bras de Morphée à rêver d’un monde où il n’aurait rien d’autre à faire qu’arpenter une bibliothèque aux dimensions incommensurables.
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Message par Arakasi Hirondawa 28/4/2012, 16:53

Dans l'avion qui les amenaient à Varsovie, penchés au-dessus d'une carte, les membres de la RIP avaient décidé de leur plan d'actions.
Pour être plus précis, Soon-Hak, Makwangwa, Antarès, Sigurd et Edwin essayait de réfléchir à ce qu'ils feraient une fois à destination. Jake Edwards étant lui occupé à dormir, pendant tout le reste du trajet si possible.

-Bon, je propose qu'une fois arrivé, nous prenions le train jusqu'à Rybnik, fit Edwin. De là, on louera un véhicule jusqu'à notre destination. A moins que quelqu'un est une meilleure solution à proposer?
-Peut-être pas, fit Sigurd, mais dans un train, les risques de dégâts collatéraux ne sont-il pas plus élevé?

Enfin, ça, c'était la phrase dans l'idéal. Dans son anglais approximatif, cela donnait quelques chose comme «Risques collatéraux civils élevés», ce qui fit froncer les sourcils de ceux pour qui l'anglais n'était pas un point fort.
Ils ne comprirent donc ceux que voulait dire le suédois que quand Soon-Hak, sa ravissante traductrice, leur explicita le message.

-Dans ce cas, il serait peut-être préférable de se procurer un véhicule. Cela limiterait nos interactions avec les civils...

-Ma coéquipière pourrait nous arranger cela, dit le sud-africain. Cela ne devrait poser aucun problème...

-Pour qu'il y ait des dégâts collatéraux, grommela Antarès. Il faudrait déjà qu'il y ait quelques choses à attaquer. Et là, notre vampire, je ne l'ai toujours pas vu … et d'ailleurs, ce n'est pas plus mal...

-Où est-on censé le récupérer, fit Makwangwa?

-Nulle part messieurs dames, fit une voix en provenance de la cabine ordinairement réservé au personnel, je suis ici!

Le vampire, plutôt grand, fin, les cheveux noir, raide et mi-long, était impeccablement vêtu d'une légère cape noire -évidemment-. Plutôt bel homme, dans le genre non-humain, et avec une fine moustache. Il aurait pu passer sans problème pour un noble polonais (chose qu'il était sans doute) d'une soixantaine d'année en parfaite santé et encore d'une grande robustesse, n'était le teint blafard -voir cadavérique- et ses pupilles qui hésitaient entre le pourpre et le marron sombre.

Dans un cliquetis de ferraille, le paladin se leva brusquement, en alerte. Edwin et le colosse sud-africain fut presque aussi alerte que lui, Sigurd préférant resté avachi tandis que sa camarade suivit le mouvement général avec beaucoup plus de grâce. Réveillé par l'agitation, Jake ouvrit un œil.

-Non, je vous en prie. Ne vous levez pas pour moi. Je m'aperçois que je ne me suis toujours pas présenté. Je suis le prince Zdzisław Mikolajczyk. Ravie de vous voir.
-Ce n'est pas réciproque...

Négligeant la remarque, le prince Mikolajczyk s'avança d'un pas aristocratique et, après un distingué baisemain à l'attention de Soon-Hak, repris la parole dans un anglais impeccable.

-Alors messieurs-dames, qu'avez vous prévu?

-C'est à dire que nous devions vous récupérer à Varsovie... Aussi, votre présence ici est … une surprise pour nous. Peut-on savoir pourquoi y-a-t-il eu un changement de programme?

Le prince hocha la tête d'un air pensif et fit:

-Il y a eu un contretemps... Ma cache à Varsovie n'était plus sure. Pas plus sure d'ailleurs que mes autres refuges polonais. J'ai donc avertit votre organisation de ce qu'il m'est arrivé et rallié le siège de la RIP le plus rapidement possible. Visiblement, des informations ont été perdu dans la précipitation...

Après un léger instant de réflexion, Edwin fit signe au vampire de s'approcher et fit:

-Eh bien prince Milokajczyk....
-Mikolajczyk.
-Veuillez m'excusez.
-Il n'y a pas d'offenses...
-Hrumhum, grogna Antarès, quand vous aurez fini les échanges d'amabilités...
-Nous pensions donc louer un véhicule et, à partir de Varsovie, rejoindre votre château.
-Vous vivez dans un château! fit Jake. Comme Dracula?
-Le prince Vlad Tepes nous a quitté en 1876, lâchement assassiné par la plus grande bande de voleurs du XIXème siècle. En outre, je tiens à préciser que le terme de château est inexact. Il s'agit plus … disons d'un sanctuaire.
-Et qu'est-il arrivé à ces … crapules?
-Nous les avons éliminés, répondit froidement le vampire.

S'ensuivit un silence presque gênant.

-Hum, bon... C'est à dire qu'il reste un petit problème a régler pour le transport, remarqua Edwin d'un air gêné. Si vous êtes vraiment un... ce que vous prétendez être, fit le jeune homme qui ne pouvait se résoudre à prononcer le terme de «vampire», est-ce que vous avez vraiment des … désagréments... avec le soleil?
-Pas à mon age. Et la plupart des choses que l'on raconte sur nous autres sont exagérés.
-Justement, l'interrogea Jake, curieux. Quelles histoires sont vrais et lesquelles sont fausses?
-Si vous avez un instant, les interrompit Makwangwa, je vais dire à Agnès qu'elle nous trouve un véhicule.

Le sud-africain s'éloigna de quelques mètres, pour être plus a l'aise avec sa partenaire
-Et donc, repris Jake, impatient, vous faites quoi?

Le prince Mikolajczyk s'assit (à la place qu'occupait auparavant Antarès, ce qui fit froncer les sourcils à ce dernier, qui alla donc se placer -debout- derrière le vampire) et répondit aux questions que lui posait -essentiellement- Jake.

-Pour commencer, il y a beaucoup de légende qui courent sur nous. Nous en avons d'ailleurs forgés et utilisés quelques unes quand cela nous arrangeait. Par exemple, la répulsion envers les objets ayant traits au sacré, entres autres le crucifix, ne marche qu'avec les vampires qui ont certaines valeurs. Et avec les nouvelles vagues de jeunes vampires...
-Et l'ail?
-Et bien, c'est vrai que cela peut gêner notre odorat. C'est l'inconvénient de cet avantage. Mais le poivre où n'importe quel produit -y compris certains désodorisants- produisent le même effet.
-Vous pouvez vraiment vous régénérez?
-Actuellement non, mais les vampires les plus âgés peuvent se reconstituer intégralement en quelques secondes. Du moment que le cœur et le cerveau sont intacts....
-Et le soleil? Le feu?
-Le soleil, contrairement aux ont-dits, n'est pas mortel. Les plus anciens d'entre-nous le supportent d'ailleurs assez bien même si ce faire brûler les rétines n'est pas vraiment agréable... Pour les plus jeunes en revanche, c'est une véritable torture. Dans mon cas et avec mon expérience, cela équivaudrait pour vous à fixer le soleil pendant plusieurs minutes. Mais je ne suis pas un vampire ordinaire.
Le feu, est un réel problème en revanche. Il nous consume plus vite que vous. Quelques secondes suffisent à nous enflammer complètement...Là aussi il y a une différence entre nouveaux et anciens. Tout comme le bois, les jeunes mettent plus de temps à brûler tandis que nous...

Sigurd baragouina quelque chose, que tous interprétèrent comme «Vous pouvez vraiment voler?»

-Non, «voler» n'est pas le terme exact. Les plus physiques de notre espèce peuvent faire des bonds phénoménaux et se déplacer à très grande vitesse. Mais nous ne volons pas, bien que pour certains humains, cela y ressemble.
-Et les armes en argent, fit Makwangwa?

Le prince vampire frissonna de dégoût.
-Si le contact avec le fer est douloureux, l'argent pur nous est un véritable poison. Si il n'est pas retiré d'urgence, un morceau d'argent dans notre organisme peut nous gangrener rapidement. Ce n'est pas très … agréable dirons-nous.
-C'est valable pour tous les vampires?
-Non, enfin... seulement pour ceux qui sont plus ou moins apparentés à la lignée des Von Carstein. Nous sommes la catégorie de vampire largement dominante en Europe, ou du moins en Europe de l'Est. Les Balkans sont notre fief historique.
-Et votre rituel, fit Edwin. En quoi consiste-t-il exactement?

Le vampire Polonais regarda le jeune officier et lui répondit poliment, mais avec une voix à charrier les glaçons.

-Sachez, jeune homme, que le déroulement de se rituel ne vous concerne en rien. Je vous fournit des informations sur ceux de ma race afin que vous puissiez vous acquitter de votre taches le mieux possible. Néanmoins, certains secrets ne vous concerne en rien. Concernant ce rite, vous ne devez savoir qu'une chose: Il ne doit pas être interrompus et cela à aucun prix.

Comprenant qu'il avait peut-être commis une erreur en interrogeant le vampire, Edwin accepta la rebuffade et inclina légèrement la tête en un geste d'excuse.
C'est le moment que choisis Makwangwa pour revenir vers ses camarades.

«Agnès nous a trouvé un véhicule. Il nous attendra à l'aéroport.»

Frère Antarès hocha la tête et grommela un «Parfait!».
Jake souhaité encore presser le vampire de questions, mais Sigurd, Makwangwa, Soon-Hak et Edwin ne l'entendaient pas de la même façon. Les membres de la RIP souhaitaient se reposer tant qu'il était possible. Pour certains, la journée avait été longue et la fatigue commençait à se faire sentir. Seul le Paladin, Frère Antarès, paraissait inoxydable. Peu-a-peu, les conversations se firent plus rare et le silence s'installa dans la carlingue de l'avion.


*
* *


Ce ne fut que lorsque la voix robotisé du pilote automatique leur annonça leur arrivée à Varsovie que les Régulateurs du Paranormaux s'agitèrent.

Le cliquetis métallique que faisait la prothèse métallique d'Antarès pendant qu'il descendait de la passerelle résonna dans la nuit de la capitale polonaise. Derrière lui suivait, en plus ou moins bon ordre, le reste de la troupe et le prince vampire.

«Agnès, fit Makwangwa. Où est notre véhicule?»

L'appareil à la ceinture du sud-africain grésilla et répondit:

«Vous ne devriez pas tarder à l'avoir en visuel.»

La demi-douzaine de personnes fut un instant éblouis par les feux du véhicule et assourdis par le grondement du moteur. Tandis qu'un sous-officier polonais leur tendait les clés du véhicule, les Régulateurs restèrent sans voix devant la … monstruosité … qu'ils avaient devant eux.

Makwangwa laissa échapper un sifflement admiratif devant les 20 tonnes d'acier et les 12mètres de long du camion tandis que Jake et Soon-Hak paraissaient nettement plus dubitatif, cette dernière contemplant avec une petite moue l'avant massif du monstre, semblable au museau massif d'un gigantesque animal métallique.

-Un MAZ-7310 «Ouragan»? Où nous as tu dégoté ça?
-J'ai mes contacts, fit la voix en lâchant un petit rire. C'est de la production soviétique des années 1960. Toujours robuste, fiable et il devrait y avoir diverses fournitures à l'arrière, sous la bâche. Ça te plaît?
-C'est très bien. Même si on aurait aimé plus... discret...
-C'est parfait, les coupa Edwin. Avec cet engin, on pourra parer à toute éventualité.

Pendant ce temps, Sigurd, qui venait de bondir sur le marchepied du véhicule et de jeter un œil à l'intérieur fit remarquer qu'il n'y avait que 4 places.

-On s'arrangera, décréta le suisse. Makwangwa, vous pouvez conduire ce genre de véhicule?

Le métis hocha la tête

-Bien, repris Edwin. Je devrais pouvoir me débrouiller également. Nous disons donc à l'intérieur; le conducteur, son Altesse le Prince Mikolajczyk, Soon-Hak et un de ceux qu'il reste. Les autres seront en extérieur. Ne vous inquiétez pas, il y aura des rotations.
-Pourquoi le vampire? Marmonna Antarès.
-Pourquoi Soon-Hak? Protesta Sigurd.
-Le vampire parce que c'est de lui dont on doit assurer la sécurité et Soon-Hak parce que c'est la seule femme de l'équipe.
-Maisheu...
-Pour montrer l'exemple, je suis prêt à aller le premier sous la bâche, Deux autres personnes devront m'accompagner, fit le membre de la «Garde Pourpre» en se dirigeant vers l'arrière du MAZ. Dépêchons nous. Ne restons pas au milieu de la piste.
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Message par Sonaka 28/4/2012, 17:14

Il n’arrivait toujours pas à détourner son attention de l’imposant appareil militaire qui se présentait à lui. Les épaisses parois du véhicule et ses robustes angles droits dégageaient une impression de solidité qu’il n’appréciait pas du tout.

C’était comme si l’Ouragan pouvait traverser des rideaux de balles sans le moindre heurt. Peut être même des projectiles de calibres supérieurs, vu le blindage.
Comme s’ils allaient avoir à le faire, se dit-il.

Dogaku s’imagina brièvement criblé de balles, gisant pitoyablement dans une mare de sang, tandis qu’un menaçant personnage en costume recueillait les cendres du vampire multicentenaire. C’était principalement cette histoire de mafia, qui le tourmentait.

La menace du vampire à la puissance démesurée ne lui parlait pas encore suffisamment pour qu’il s’en inquiète, grand bien lui fasse. Et il ne parvenait pas à imaginer les membres de la Sororité comme étant déterminées à l’abattre.

Il ne comptait de toute manière pas servir de rempart humain pour protéger le prince polonais. Elles n’auraient pas à en arriver à ces extrémités avec lui.

En somme, l’appareil à la conception brutalement pragmatique n’emballait en rien le jeune homme. Lentement, il s’en recula pour en avoir une meilleure vue d’ensemble. Un examen à vue d’œil, aussi inexpérimenté soit-il, lui suggéra que le véhicule lui paraissait en bon état. Et le comportement de Makwangwa Person, l’agent sud-africain à l’allure imposante, tendait également à le rassurer.

Il hocha la tête, se disant que c’était toujours ça de pris.

Ce dernier était peut être un peu trop enthousiaste à son goût, cela dit.

A bonne distance, il dévisagea alors le paladin allemand, qui était tout entier porté sur l’homme -l’être- qu’ils étaient censés escorter. Son allure menaçante ne donnait pas la moindre envie à Dogaku de partager un espace réduit avec lui, quelle qu’en soit la raison, et peu importait qu’ils soient supposément dans le même camp.

En vérité, cela s’appliquait aussi bien au frère Antarès qu’au vénérable prince Mikolajczyk. Dogaku frissonna légèrement en s’imaginant devoir voyager jusqu’en Tchéquie, coincé entre ces deux personnages tout du long du trajet.

Et pour parfaire le tableau, il y avait le dénommé Jake, dont les oreilles écartelées dégageaient une impression d’étrangeté qui dérangeait fortement le suédois. Il refusait de les soutenir du regard, et sentait ses propres oreilles se tordre de protestation à l’idée de pouvoir connaître pareil traitement lorsqu’il y était contraint.

Il recula encore quelque peu, et jeta un regard aux alentours, envisageant vaguement cette fois-ci de surprendre un tueur à gages embusqué dans un coin de l’aérogare. Il était surtout rendu curieux par le gigantisme de la scène qui s’offrait à lui. Les bâtiments, les avions et l’activité qui trépignaient partout où il posait son regard, à la manière d’une fourmilière titanesque, avait effectivement de quoi en intéresser plus d’un.

Et dans cet imposant paysage, quelque chose essayait ardemment de capter son attention, sans succès. Il ne pouvait pas dire quoi, mais il n’était pas à l’aise.
Peut être était-il en présence d’un vampire centenaire aux terrifiants pouvoirs, se dit-il. Ou qu’il s’inquiétait inutilement, à force de fréquenter une équipe à la composition extravagante.




Pad’Bol,tant qu’on y est…?

Je t’écoute quand tu veux.

Nan, vraiment rien à dire?



A cet instant, son regard errait sans but précis entre les différents véhicules de manutention qui s’affairaient ça et là, aux abords des pistes. Il entendit le murmure crapoteux de son fantasme attitré, mais rien d’audible, ou du moins de compréhensible n’en ressortit.

Ce n’est qu’ensuite que Dogaku réalisa ce qui clochait.
Il oublia alors complètement l’aéroport, son équipe, ainsi que l’inquiétant multicentenaire qu’il devait contribuer à protéger.
Tout cela n’avait plus la moindre importance à ses yeux engourdis.

A peine eut-il le temps de s’asseoir qu’il se sentit sombrer lourdement, empâté dans les ténèbres d’un profond sommeil qu’il ne connaissait que trop bien.




*
* *
-Euh… je rêve ou bien ils sont en train de se tirer?
-Ah?

En haut d’une bâtisse, un jeune homme au teint hâlé espionnait l’étrange véhicule militaire qui s’était invité dans l’aérogare. Dans sa main gauche se trouvait une paire de jumelles, visiblement peu éloignées du dernier cri en matière de prix, qu’il appuyait frénétiquement contre son visage.
De son autre main, il tenait un téléphone portable vieux de quelques années qui le reliait à son compagnon, un second vampire qui l’attendait à quelques kilomètres de là, occupé à lire un recueil de nouvelles tout en gardant paisiblement leur véhicule.

-Ca n’est pas du tout conforme à ce qu’on avait dit, tout ça, se plaignit-il au téléphone. Il devait rester avec nous. Qu’est ce qu’il fout avec eux?
-Ouais, lui répondit le conducteur. Bof, c’est pas plus mal. Les types de la RIP vont bien faire le boulot, nan?
-Démarre, je te rejoins. On va les suivre.
-Pourquoi ça?
-Il est hors de question de laisser le prince seul.
-Il est sous bonne protection… non?
-Sous bonne compagnie, oui. Tous jeunes et bien portants, pratiquement, pour sûr qu’il y aurait là de quoi faire une belle soirée. Mais pour le protéger… sérieux, y’en a que deux qui ont l’air ok. Et j’aime pas du tout la gueule de l’un d’entre eux.
-Pourquoi ça?
-J’t’apporte une photo, tu vas vite comprendre. Démarre la bagnole, mec.
-Le moteur est déjà en train de chauffer, tu sais?
-Préviens les autres.
-J’ai qu’un seul téléphone, je te signale. Peux pas tout faire en même temps.

Le vampire se dégagea prestement de sa cachette, puis se mit en route. Usant astucieusement des rebords, câbles et gouttières de la bâtisse, il n’eut pas le moindre mal à se laisser glisser tout du long jusqu’au sol, à l’abri des regards indiscrets.
Quelques personnes le virent ensuite passer par-dessus un grillage haut de quelques mètres, mais pas un seul n’osa intervenir lorsqu’il leur révéla l’arme de poing qu’il gardait sous son veston.

A partir de là, il lui fallut un peu plus de temps pour rejoindre le parking de l’aéroport, à l’entrée duquel son acolyte l’attendait. Il avala la distance en courant diligemment, ce qu’ignorèrent largement les passants, jusqu’à arriver à sa destination, quelque peu essoufflé.

Au moins, ils n’auraient pas le moindre mal à suivre un véhicule aussi peu discret, se dit-il.




*
* *
Une légère secousse fut ce qui parvint tout d’abord à happer son attention. Il songea vaguement à émerger, mais la tiédeur de son palais l’encouragea à profiter un peu plus longtemps de son repos.
Ce qui le frappa le plus durement fut toutefois l’odeur de vieux cuir mêlé de ferraille qui assaillait son odorat.
La réaction fut purement psychologique, mais il ne put s’empêcher de se frotter méticuleusement le nez, ce que ne manquèrent pas de remarquer les autres membres de l’opération.

-Bien joué. J’étais sûre que tu allais trouver un moyen de finir à l’intérieur. Gros malin, va.
-Il est réveillé?
-Oui, oui, et il va bien, répondit la voix féminine en anglais cette fois.
-Vous nous avez fait peur, glissa le vampire à sa gauche.

Ses oreilles empâtées étaient distraites par un ronronnement irrégulier, qui le berçait presque aussi sûrement que le confort du siège où il était assis. Ses bras reposaient le long de son corps, en contact avec quelque chose de dur qui les calaient contre son tronc, et ses doigts s’étaient naturellement entrecroisés durant son somme. La gravité le tirait en arrière, du fait d’une inclinaison qu’il ne réalisa pas tout de suite.

Il était dans la cabine de l’Ouragan.

Dogaku n’avait aucunement envie de se réveiller, et referma vainement ses yeux entrouverts, malgré l’émergence de son esprit qui commençait déjà à analyser ce qu’il se passait autour de lui.

Ils étaient en mouvement, comprit-il. Et il se trouvait assis à coté d’un vampire.

Un vampire.

Il considéra longuement cette mauvaise nouvelle. Avant de se dire qu’il valait mieux pour lui de garder les yeux ouverts, en fin de compte.

Le narcoleptique resta immobile quelques longs instants, absorbant passivement ces informations. Dehors, il pouvait apercevoir des arbres à perte de vue, une interminable ligne de fer, ainsi que d’innombrables véhicules. Non pas à l’arrêt, mais progressant lentement, en file indienne.

Ca ne fut en rien rapide, mais il reconnut finalement une autoroute, ou plus vraisemblablement une nationale.
Et un bouchon.

Dogaku ne comprit tout d’abord rien à ce qu’il faisait là, puis dévisagea tour à tour Ujiwaru, Mikolajczyk, et l’épaule droite de Person avant de progressivement réaliser ce qu’il s’était passé.
Ses entrailles se tordirent de déception à cette seule pensée.

-Oh meeerde, grinça le jeune homme en suédois, émergeant enfin de son sommeil pour de bon. J’ai fait une chute de combien de temps, là?
-Je suppose que cela veut dire bonjour dans sa langue, fit une voix grésillante sur le tableau de bord que Dogaku n’identifia pas tout de suite comme étant celle de mademoiselle Bishop.
-Vous vous sentez bien?

La réponse ne lui vint pas immédiatement à l’esprit, aussi resta-t-il un moment silencieux. Une réplique honnête et spontanée n’était probablement pas la meilleure des choses à faire. Il trouva également étrange que tous ses compagnons de route partagent cet air anxieux sur leurs visages.
Cela n’était probablement pas du à sa perte de conscience, dont ils avaient été longuement prévenus à sa propre demande, et auxquelles sa collègue était bien trop habituée pour s’en inquiéter.

Il repensa alors aux voitures à l’extérieur, et devina la raison de cette atmosphère tendue.
L’embouteillage, bien sûr. Leur plan s’était retourné contre eux.
Dans un tel environnement, ils se retrouvaient terriblement vulnérables, face à n’importe quel agresseur.

Finalement, il se tourna vers le vampire aux traits émaciés.
C’était lui qui lui avait adressé ces derniers mots, et il les avait parfaitement compris.

-Vous parlez russe aussi?
-Je vous en prie, beaucoup de monde parle russe ici. N’oubliez pas que j’ai été cadre dirigeant au sein de l’ancienne URSS.
-Ah? Jamais entendu parler. On m’a pas dit ça.
-Tiens donc?
-Le briefing a été aussi concis que possible, développa sa compagne pour éviter un impair. J’imagine que le superviseur ne souhaitait ne nous communiquer…
-… que le strict nécessaire à l’accomplissement de votre mission, acheva le vampire avec regret. Bien sûr.
-C’est à peu près ça.

Ujiwaru ne sut que répondre au ton déçu du vieillard. Celui-ci aimait probablement parler de sa longue existence, tout particulièrement lorsqu’il s’agissait de tuer le temps et l’angoisse, mais ils n’avaient pas le cœur, le temps et la matière à alimenter une telle discussion avec lui.

Le conducteur resta tout aussi discret, pestant intérieurement contre l’état du trafic. Egal à lui-même, il n’allait sûrement pas troubler le silence qui encombrait la cabine. Et sa compagne avait beau parcourir le net à la vitesse de l’éclair, elle ne parvint à trouver aucune référence au prince pouvant le lier à l’union soviétique. Elle ne put en déduire qu’une seule chose, c’était que tout ceci s’était fait sous un nom d’emprunt.

Miss Bishop songea sérieusement à tenter de le retrouver pour surprendre agréablement l’ancêtre, avant de jeter un énième coup d’œil à l’état de ses liaisons satellites, par précaution. Aucune interférence de ce point de vue là. Il était pourtant regrettable qu’elle n’ait en aucun cas les moyens de surveiller efficacement une telle zone avec la seule force de ses yeux.

-Et bah chouette, reprit Dogaku de meilleure humeur sans prêter attention à la morosité collective. J’vais ptêtre pouvoir faire un peu plus que de suivre tranquillement l’équipe pendant qu’ils dissertent en anglais, alors. Dommage, c’t’assez confortable, comme position.
-Vous ne parlez donc vraiment pas anglais?, s’enquit le vampire avide de conversation.
-Je ne parle pas vraiment anglais, plutôt. M’enfin c’est presque la même chose, en fait… mais s’pas un prob’, puisque vous parlez russe!
-Je n’en doute pas le moins du monde. Votre amie m’a bien dit que vous apprécieriez, après tout.
-Donc c’est qui que tu vas inviter au resto’, ce soir?
-C’est ton tour de raquer pour la bouffe, cherche pas.
Mais ça tombe bien, j’avais quelques questions pour vous. Donc, je voulais vous demander quelques trucs à propos de votre situation. On ne nous a remit aucune docu’ après le briefing, et je trouve ça vachement bizarre compte tenu de toute cette histoire. Là, on a une mafia, un couvent et vos propres confrères qui veulent votre peau. Vous avez des détails en particulier, sur eux?

Le seigneur de la nuit se renfrogna légèrement, visiblement peiné de devoir s’étendre sur un sujet aussi peu engageant. Il remarqua pourtant que son interlocuteur s’offrait tout à lui, à sa posture comme à son ton, ce qui l’encouragea à continuer. Il répondit donc par l’affirmative, tout en nourrissant secrètement l’espoir de pouvoir digresser à la première occasion.

-Concernant la mafia, ils ont généralement des territoires bien à eux, sur lesquels ils sont les rois, et évitent d’aller se faire remarquer dans les domaines des autres. Vous savez où c’est qu’on a le plus de chance de les rencontrer?

Avant même qu’il n’ait le temps de prendre la parole, Dogaku interrompit le vénérable vampire d’un doigt, et désigna ses coéquipiers de la même manière.

-Euuh… Soon-Hak, tu pourras leur traduire tout ça quand on aura fini?
-Ce dont je me souviendrais. Au fur et à mesure, c’est mieux.
-Fur et à mesure, alors.
-Je m’en chargerais également, demanda le prince.
-Ca roule, merci à vous.

Et c’est ainsi que le récupérateur débuta son entretien avec Mikolajczyk, peut être davantage afin de se rassurer lui-même que de récupérer des informations, mais qui fut tant bénéfique qu’instructif dans tous les cas. Le prince répondait aux questions en prenant son temps, détaillant son discours aussi exhaustivement que possible, et illustrait systématiquement ses propos par des anecdotes soigneusement choisies. Il prenait un plaisir évident à converser ainsi, et affichait un sourire contenté lors de ses pauses régulières, quand la sud-coréenne prenait soin de traduire les éléments pertinents aux anglophones lorsqu’il ne le faisait pas lui-même.

Ses coéquipiers furent surpris de voir Dogaku aussi loquace et expressif, lui qui s’était jusque là majoritairement contenté de suivre le mouvement en opinant sporadiquement du chef lorsqu’on s’adressait à lui, et restant à portée de sa coéquipière qui lui retraduisait en résumé ce qu’il ne parvenait pas à entendre.

Pour autant… le couple de sud-africains n’avait pas la moindre idée de ce qui se disait en dessous de table.

-Aaah ouais! Ca me rappelle une excellente blague que l’on m’avait faîte, ricana le suédois. Quelle est la pire maladie que peut contracter un vampire, selon vous?

Le vénérable seigneur de la nuit connaissait effectivement une réponse, et la donna sous son unique nom d’usage, en des termes latins qui n’étaient généralement employés que sous un ton empli de compassion ou de condoléance.

Mais plutôt que de s’en arrêter là, le prince de Varsovie décida de se prêter au jeu de l’humain, légèrement amusé.

-En ce qui concerne votre réponse… j’imagine que cela aura un lien avec le soleil. Une insolation, un coup de soleil?
-Mieux que ça, les caries!
-…
-Bah quoi? Pour sucer le sang, les dents, nan?
-…
-Ouais ok, l’hémophilie c’est pas mal aussi. Mais techniquement, vous êtes tous hémo-philes, puisque vous aimez le sang. Haha.
-…

Le prince le regarda étrangement pendant quelques instants, sans prononcer un mot ni faire le moindre geste. Dogaku n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait penser. L’espace d’un instant, il crut l’avoir énervé, et apparenta mentalement les blagues sur les vampires à celles sur les femmes blondes. Peut-être que le multi-centenaire s’était senti grandement offensé par ses traits d’humour, craignit-il. Et le courroux d’un être aussi puissant que le prince de Varsovie était le genre de chose que le récupérateur préférait soigneusement éviter.

La façon dont il le dévisagea mit l’agent de la RIP particulièrement mal à l’aise. Il regrettait sincèrement de parler le russe, maintenant.

Mais il n’y avait pas de réelle animosité dans les traits de leur protégé. C’était davantage comme si le vampire venait de réaliser quelque chose à son sujet, et ne savait pas encore quoi penser du suédois. Il le jaugea ainsi quelques temps, tandis que l’autre n’osait pas protester, de crainte de déclencher quelque chose, une réaction, qu’il regretterait définitivement.

Finalement, Mikolajczyk s’apprêta à dire quelque chose, l’air calme bien qu’aggravé. La bouche entrouverte, il fut pourtant pris de court par Ujiwaru, dont le visage trahissait un agacement désapprobateur plus ou moins forcé par la circonstance. Elle fit machinalement glisser ses ongles sur ses pouces avant de parler.

-Makwangwa, je pense qu’il est temps de changer de passager. Je suis sûre que Mr Louvet serait ravi d’être avec nous, maintenant. Sigurd ira tenir compagnie à Jake et au paladin.
-Qu’est-ce qu’elle dit?, tenta Dogaku en anglais.
-Oui, oui, c’est très gentil à toi de nous l’avoir rappelé. Il t’en sera reconnaissant.
-De quoi vous parlez?
-Hey, je crois qu’il est sympa en fin de compte, le suédois, adressa Bishop à son conjoint.
-Possible, grommela le sud-africain en scrutant les environs, pensif.


Il savait que quelque chose n’allait pas. Cela faisait maintenant trois sorties d’autoroute qu’il avait été contraint de rater parce qu’un véhicule vert émeraude embourbé dans la masse de ses pairs ne l’avait pas laissé changer de file. Son imagination n’avait besoin de rien d’autre pour embrayer sur les pires scénarios, et le trentenaire balayait son environnement du regard, labellant de sa méfiance la moindre des carrosseries alentours.



Sigurd.


Le temps est venu.

Vous allez pouvoir commencer.



Coincés tels qu’ils étaient, ils ne pouvaient pas se permettre de perdre davantage de temps ici. D’un autre coté, Person se voyait très mal piloter pareil véhicule dans les rues de n’importe quelle agglomération un tant soit peu conséquente.





Pad’Bol?




Le sud-africain ne savait pas encore quoi, mais ils devaient faire quelque chose. Machinalement, son pied droit tapota l’accélérateur vieillissant, pressé de l’écraser pour de bon. Ce qu’il aurait du faire depuis bien longtemps, si tout s’était passé correctement. Malheureusement, la vision satellite n’était d’aucune utilité dans les tunnels, et c’est en bonne partie ce qui avait causé cette malencontreuse situation.

-Agnès, je crois qu’on va avoir besoin de rentrer en contact avec le QG. On est trop mal partis avec ce transport, niveau manœuvre et discrétion.





Pad’Bol, quelque chose à propos du vampire?


C’était quoi, à l’instant?





Néanmoins, il soupçonnait trois autres véhicules de la même manière que la voiture couleur émeraude, par simple habitude. L’envoyé du SPECTRE était un fervent partisan de l’adage favorisant la prévention au colmatage. Et l’une de ces voitures en particulier avait déjà réussi à attirer son attention par trois fois dans la vingtaine de minutes qui précédait, malgré le rythme de progression tortueux du parc automobile ici présent.







Oublie le vampire.



Ca n’aura jamais qu’une moindre importance.


Pense plutôt au garde suisse qui t’accompagne.
Lui,

est important.






Et l’essentiel de ses doutes fut confirmé lorsqu’il aperçu à sa gauche en amont de la file, debout à l’arrière d’une camionnette blanche arborant le logo d’une compagnie téléphonique locale, un homme en tenue de sport, épais et particulièrement barbu, s’efforçant de soulever quelque chose d’énorme tandis que le véhicule tentait de se frayer un chemin dans la masse.







Dis moi plutôt, Sigurd, tout à l’heure.


Tu te demandais à quoi pouvait bien résister tout ce blindage, n’est-ce pas?







Quelque chose d’énorme que le commando identifia enfin, dans un sifflement effrayé, comme étant un lance-roquettes de facture britannique, datant selon lui du siècle dernier. Malgré la distance qui les séparait, il remarqua que son utilisateur peinait encore à manœuvrer l’arme, cherchait ses repères, et devrait ensuite l’armer avant de pouvoir chercher la moindre occasion de tirer.








Accroche-toi bien à ta ceinture,



fragile humain.






La Pologne va très bientôt te souhaiter la bienvenue.


















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Message par Sonaka 30/8/2012, 15:43

-Ooooh, j’ai Zurich! Donc avec la place Saint-François…
-Tant que t’as pas de maisons, t’as pas encore gagné. Zut, juste un trois?
-Bwoah, c’est plié. Pad’Bol m’a dit que j’allais gagner avec, donc maintenant que je l’ai…
-Pas si je triche, lui indiqua joyeusement la sud-coréenne en relançant ses dés.
-… euh, ouais mais nan. Là, ça va pas l’faire.

Hyûma Sekihara écouta ses deux coéquipiers se chamailler, au dessus de ce qui était indubitablement une version suisse du monopoly. En dépit de l’heure qui commençait à se faire tardive, le duo ne semblait pas décidé à écourter sa session de jeu. Et la présence malheureusement invisible de leur collègue n’allait sûrement pas suffire à les faire arrêter. Aussi, le japonais avait-il jeté son dévolu sur le livre qu’il gardait généralement à son chevet, et s’était confortablement installé dans le fauteuil de leur chambre d’hôtel, un bâtiment sous surveillance des partisans de Micolajcik, le Prince vampire qu’ils allaient devoir escorter jusqu’à sa terre natale.

Au moins, se disait-il en jetant un regard en direction des deux nordiques, ils avaient la décence de converser en anglais, ce qui montrait qu’ils faisaient encore attention à lui. Il aurait probablement été gêné qu’il en soit autrement.
Par contre, il aurait pu se passer des questions que lui adressaient régulièrement le duo, en guise d’invitation à la conversation. Quand bien même elles n’étaient que somme toute banales, parler de lui-même ne le mettait jamais complètement à l’aise. Ujiwaru tentait systématiquement de s’exprimer à son tour, ayant remarqué que le discret japonais ne lui retournerait jamais ses questions. Dogaku au contraire semblait avoir compris qu’il préférait rester tranquille, et participait principalement lorsque sa collègue se faisait trop présente, ou quand le sujet du moment l’intéressait particulièrement.

Mais l’agent Sekihara avait le don d’écourter la plupart des discussions de passage, lorsqu’elles ne le passionnaient pas.

-Si tu triches, c’est pas d’jeu. Autant laisser tomber.
-Rhoo, allez. Laisse-moi une chance!
-Naaan. Tu viens de tuer la partie, c’est fini.
-Tu dis ça juste parce que t’es mauvais perdant, non?
-J’allais gagner…
-Ils disent tous ça.
-C’est Pad’Bol qui l’a dit…
-Je croyais qu’il n’était jamais catégorique, le fantôme?
-Les règles du jeu, elles elles le sont, par contre…
-Oui, oui, mais si tu es obligé de gagner, ça n’est plus amusant, donc pour le piment…
-Et puis non, l’est tard, vaut mieux aller se coucher.
-Une dernière partie alors?
-Dodo, point barre. Faut se lever demain.
-T’es pas super convaincant, t’as dormi tout l’après-midi.
-Mais Hyûma est probablement fatigué du voyage, lui. Je me trompe?
-Ne vous gênez pas pour moi, indiqua trop gentiment le concerné. J’ai dormi dans l’avion,
-Tu vois, ça ne lui pose pas de problème.
-N’abuse pas de sa gentillesse…


C’était exactement comme Dogaku l’avait décrit. L’agent asiatique, passablement timoré, avait décliné l’invitation du duo à se joindre à leur partie. De même, il n’avait pas eu l’élan nécessaire pour les rediriger dans une autre salle, quand bien même il aurait voulu s’offrir un peu de temps calme avant la tempête qui s’annonçait. L’hôtel qui hébergeait les agents de la RIP n’avait rien de luxueux, mais disposait tout de même de plusieurs salles communes plus indiquées pour ce genre d’activités collectives.

En vérité, c’était tout juste s’il avait osé bouter Ujiwaru hors de sa chambre lorsqu’il avait souhaité se doucher. C’était Dogaku qui avait alors insisté pour écarter la jeune femme, qui n’avait jusque là rien remarqué. De toute manière, Sekihara n’aurait jamais pris le risque de sortir de son bain sans s’habiller, de peur de toucher son compagnon de chambre par accident.
C’était inévitable. Son talent spécifique nécessitait la prise de précautions draconiennes, afin d’éviter tout incident. Et il ne se laissait jamais aller à la moindre négligence, tant leurs conséquences lui étaient désagréables.

Mais tout de même. Il tenait à ce que certaines bienséances soient respectées. C’était tout simplement du savoir-vivre.

-Bon, je veux bien aller me coucher, mais… eh bien…
-Qu’est ce qu’il y a? Tu veux dire que y’a une raison pour laquelle tu campes ici de force depuis des heures?
-A vrai dire… j’espérais tomber nez à nez avec ton voisin de couloir.
-Heu… tu veux dire que tu traînes ici juste parce que tu veux croiser l’espèce de beau gosse séduisant en mode mal rasé qui loge en face? Vois vraiment pas ce qu’on peut lui trouver…
-Eh bien, tu l’as dis toi-même, Sig’. « Beau gosse séduisant ».
-C’était dédaigneux. Chuis sûr qu’il minaude en se frottant la barbe toutes les trois phrases.
-Donc tu n’as rien compris à comment tourne le monde, lui asséna la coréenne.
-Au contraire. J’ai infiniment plus de sagesse que toi, sur ce coup, miss je-sais-tout.
-Héhé. Jaloux, monsieur Dogaku?
-Plutôt triste… ou affligé d’imaginer que l’ensemble de la population féminine mondiale pense comme toi, nourrie à grands coups de magazines de mannequins photoshopés. Là où je vis, y’a que des mecs normaux, tu sais?




-Pom-


-Pom-


-Pom-


-Pom Pom Pom-



Le duo s’interrompit, tandis que Sekihara attrapa machinalement un marque page qu’il cala dans son livre. La porte s’ouvrit en sursautant, à un rythme inégal, poussée par un homme qui semblait craindre de la dégonder par accident. Ils furent ainsi rejoins par Edwin Louvet, l’agent suisse de la Garde Pourpre, toujours vêtu d’un impeccable costume même en cette heure tardive.

Prenant bien soin de refermer silencieusement la porte derrière lui, il les salua d’un bonsoir calme et mesuré, et se cala confortablement dans le dernier fauteuil libre de la salle. Aussi fatigué que les autres, il passa un instant à se masser délicatement le visage avant de contempler d’un air perdu la table basse qui lui faisait face. Monsieur Louvet, désigné chef de mission par le Superviseur quelques jours plus tôt, ressortait tout juste d’un entretien avec ce dernier, et ce fut avec une certaine lassitude qu’il rassembla ses esprits. Cherchant à résumer le plus concisément possible les ordres qu’ils venaient de recevoir, il luttait également pour rester maître de lui-même; et parvint à faire en sorte que personne ne remarque les longs bâillements qu’il étouffait les dents serrées.

-Bien, nous allons pouvoir commencer. Vu l’heure, je vous propose de faire vite.
-Et les deux autres?, demanda aussitôt Dogaku, tout en prêtant l’oreille à sa collègue qui voulait donner conclusion à leur dialogue.
-Nan, mais s’il me donne son numéro…
-On est en Hongrie… pour juste quelques jours…

-Jake Edwards et Mademoiselle Frank… Franz… Sœur Moros ne sont pas encore rentrés, et viennent de me faire savoir qu’ils ne le feraient pas avant quelques heures.
-Ah?
-En plus, il porte un costume.
-Justement, c’est élégant. Tu devrais essayer d’en mettre pus souvent.
-Beuh, ça fait pingouin. Ca vous donne l’impression qu’ils ont du fric et ça vous rassure, point barre.

-Il semblerait que quelques militants du parti de Micolajcik les aient invités à boire quelques verres en ville, les informa Louvet d’un ton égal qui ne trahissait pas son opinion sur le sujet. Jake vient de m’envoyer un message disant qu’ils ne rentreraient pas avant quelques heures suite à un imprévu, aussi nous commenceront sans eux.
-Un imprévu?, souleva Sekihara, inquiet.
-Transports, vraisemblablement. Rien qui ne soit susceptible de nuire à leur sécurité, ils sont en bonne compagnie.
-Hey~y~y. J’ai bien le droit de juste regarder un beau garçon, non?
-T’as toujours le droit de rêver, en tout cas…

-Sigurd, vous disiez?, le reprit Louvet, presque agacé.
-Hein? Euh, bah… rien de… ‘fin… Soon, c’est ta faute !
-Il me demandait de répéter, mentit Ujiwaru. Continuez, je lui expliquerais à la fin.
S’il ne protesta pas pour leur épargner une perte de temps triviale, Dogaku n’en pensa pas moins pour autant. Insensibles à sa susceptibilité, ses collègues reprirent la discussion sans s’arrêter sur l’incident.

-Si cela peut vous rassurer, j’ai également reçu des nouvelles de Steiner et Makwangwa. Ils vont bien, et sont maintenant eux aussi en compagnie de partisans du Prince. Même s’il est peu vraisemblable qu’ils parviennent désormais à nous rejoindre, il semblerait que leur petite diversion ait eu l’effet escompté. Heureusement, l’agence est parvenue à nous envoyer des renforts très rapidement, indiqua-t-il en désignant Sekihara d’un mouvement de tête entendu, aussi pourrons-nous continuer cette mission normalement.

Hyûma Sekihara, présent depuis peu, avait rejoint l’équipe par simple hasard: le QG de l’agence avait immédiatement été mise au courant, après l’incident sur la voie rapide, des troubles dont venaient tout juste de se tirer leurs opérationnels. Deux des membres de l’équipe avaient fini, par un malheureux concours de circonstances, à se séparer des autres afin d’attirer toute l’attention sur eux.

Et il s’avérait que l’agent japonais, déjà présent en tant que membre spécial d’une équipe chargée de seconder des fouilles archéologiques. Passer de la paisible étude d’un temple macédonien contenant quelques reliques possiblement dangereuses à l’escorte d’un vampire menacé par diverses factions ne l’avaient tout d’abord pas enchanté, mais il n’avait pas pu refuser.

En ce qui concernait Franziska Haag, connue au sein de la Garde d’Acier Teutonique sous le titre de Sœur Moros, l’appel avait été autrement plus direct. Informée du danger que courait son mentor, Ulrich Steiner, elle avait milité avec acharnement auprès des instances dirigeantes pour voler à son secours. Visiblement, celles-ci n’avaient été que trop heureuses de pouvoir envoyer quelqu’un aussi facilement sur place, et moins d’une demi-journée avait séparé cet instant de son arrivée en Hongrie.

Tout d’abord terriblement déçue de ne pas se retrouver en compagnie du Frère Antarès, elle avait pourtant pris sur elle de poursuivre sa mission, calquant jusqu’ici la majorité de ses actions sur le modèle qu’il était.

En sensiblement plus bruyante, avaient remarqué les autres. Et à l’apparence peut être encore plus dérangeante, bien que cela tienne principalement des goûts personnels de chacun. Dogaku n’avait pas tardé à résumer l’avis de tous : l’impressionnant ouvrage d’encre qui lui faisait office de tatouage facial concurrençait parfaitement le visage à moitié ravagé par les flammes de son collègue.

-Contrairement à ce que nous pensions, les instigateurs de l’embuscade dont nous avons été victime ce matin semblent être les opposants politiques du Prince. Ils savent désormais qu’ils ont fait fausse route, mais nous ignorons si cela signifie pour autant que nous sommes débarrassés d’eux… ou non, déclara Louvet.
-Ils ne savent tout de même pas que nous sommes là, non?, interrogea Dogaku.
-C’est peu probable. Même s’ils connaissent cet endroit, il y en a suffisamment d’autres où nous pourrions être pour qu’ils ne sachent pas où chercher. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils n’essaient pas.
-En gros, on n’en sait rien, quoi. Sympa…
-Peut être en savez-vous plus que nous?, le reprit à nouveau Louvet, cassant.
-Pad’Bol m’a rien dit de plus. A part que la Sororité des chais-plus-quoi a failli s’accrocher avec les types de ce matin, mais ça j’vous l’ai déjà dit.

Edwin Louvet le considéra un instant, pensif. Il n’était pas sûr d’apprécier le suédois. Celui-ci l’interrompait et se comportait avec un peu trop de nonchalance, et quand bien même il ne pensait pas à mal, cela l’agaçait. Certes, les talents de Dogaku étaient très utiles. C’était lui qui lui avait suggéré, au travers d’un talkie-walkie -et par l’intermédiaire de sa traductrice, bien plus volubile en temps de crise- de faire usage d’un des fusils de précisions qui se trouvaient dans l’une des caisses sur sa droite. Combinée aux réactions salvatrices du sud-africain au volant, qui avait fait rugir ses avertisseurs sonores tout en poussant à fond son énorme véhicule pour libérer la voie, et à l’initiative du paladin allemand, dont le pistolet à clous était venu à bout des pneus de leurs agresseurs, la scène s’était dénoué sans heurt.

Tout cela aurait pu être bien pire, du moins. Mais ils avaient eu le temps de composer leur subterfuge avant que le reste des vampires renégats les rattrapent. Et Dogaku avait eut le bon goût de les orienter en direction du gros des forces des partisans du Prince, qui surveillaient l’équipe de la RIP depuis son arrivée à l’aéroport.

Il était utile, décida finalement Louvet en détournant le regard de son collègue. Et le fait qu’il soit actuellement avachi à même le sol, adossé grossièrement à son lit n’avait rien à voir avec cela.

-Demain matin, nous retrouverons le Prince, à la gare du bourg d’à coté. Vous m’excuserez, mais je n’ai pas réussi à comprendre le nom de la localité.
-Pas un problème, vous en faîtes pas, intervint inutilement Dogaku.
-C’est ça, merci. En conséquence, la suite du voyage s’effectuera en train. Plus rapide, plus discret, et infiniment plus sûr. Cela d’autant plus que les connexions du parti « progressiste » des vampires, ou peu importe son nom, a réussi à faire jouer ses relations. Nos places dans le train de 10h57 sont déjà garanties, et personne ne sera là pour nous déranger.
-Nous aurons le train pour nous tous seuls?, s’étonna Ujiwaru.
-Quelques wagons, plus vraisemblablement. Ils n’ont pas été très clairs là-dessus. Je sais par contre qu’un certain nombre de militants du parti progressiste seront avec nous. Compte tenu de l’aide qu’ils nous ont été ce matin, ça ne sera pas un mal.
-Mais… je veux dire, hésita Sekihara. Aucune chance qu’un… traître… soit glissé parmi eux?
-Ca, j’aimerais bien le savoir, concéda sombrement Louvet. C’est pourquoi je vous demanderais de rester en alerte quoi qu’il arrive. A part ça… et bien, je pense que cela sera tout. Si vous n’avez pas de question urgente, nous reprendrons cette discussion demain matin, accéléra-t-il. Sur ce, je vous invite tous à aller vous coucher. Même si tout devrait se calmement se dérouler, nous aurons besoin de toutes nos forces en cas de nouvel incident, demain.
-Et Jake et Franziska, alors, quartier libre et ils peuvent dormir durant le voyage?

Le garde suisse ne releva pas la remarque à demie étouffée de Dogaku, et se contenta de quitter les lieux en direction de sa propre chambre, partagée avec Jake Edwards. Ordonné comme il était, le suédois s’imagina que son collègue était du genre à s’endormir instantanément, mais surtout à se lever à une heure aussi précise que celle indiquée par les horloges de son pays. Il ne savait pas encore quelle était la position de Louvet à son égard, mais lui le trouvait désespérément sérieux, ce qui le rendait jusque là amusant à ses yeux.

-Je crois qu’il n’a pas aimé « dormir durant le voyage », plaisanta Ujiwaru en faisant référence aux assoupissements intempestifs de son ami.
-Pas de ma faute si c’est comme ça, désolé.
-On sait, on sait…
-Bon alors attends, y’a des passages où j’ai pas tout capté. Tu peux me reprendre à partir de…
-Excuse-nous, Hyûma. Nous allons parler suédois un moment, il faut que je réexplique à Sigurd certaines des choses qu’a dîtes Edwin… il ne maîtrise pas vraiment l’anglais…
-Il ne se débrouille pas trop mal, de ce que j’ai pu voir.
-Pas trop? Humm… trop pas, lui sourit la jeune femme, taquine.

Sekihara regarda discrètement Dogaku, pensif. Il ne voulait pas le déranger en le questionnant sur une quelconque maladie ou handicap, quand bien même sa collègue venait de lui montrer habilement que cela ne posait aucun problème au concerné. Quelques minutes plus tard, alors que tous se firent silencieux une fois l’exposé achevé, le suédois claqua subitement des mains, et se leva en direction de sa collègue.

-Bon, sur ce… tu comptes rester incrustée ici encore longtemps, toi?
-Hein?
-Arrête de trainer.
-Je ne vois ab~so~lu~ment pas de quoi tu pa…
-Ouste, allez hop, file dans ta chambre, on veut dormir!

Fermement escortée jusqu’à, elle se laissa faire docilement, amusée

-Tu vas laisser une faible femme sans défense errer dans des couloirs infestés de vampires?
-Si t’as un problème, tu cries, lui rétorqua le butor. Mon portable est éteint.

Lorsqu’elle entreprit de regagner sa chambre, la jeune femme s’arrêta un instant, et prit un détour exagéré avant de rejoindre sa chambre. Déçue d’avoir raté le retour de son bel inconnu en raison du conciliabule tardif tenu par leur chef d’équipe, elle se laissa lourdement tomber dans son lit.

Les grincements déchirés de douleur des lattes la laissèrent complètement indifférente, et elle resta longuement pensive, les yeux fermés, tandis que quelques insectes saisonniers tournoyaient mollement autour de sa lampe de chevet. A deux mètres d’elle se trouvait de lit de Franziska Haag, l’allemande, qui ne devrait rentrer qu’une heure plus tard.

Savoir cela n’empêcha aucunement Ujiwaru de se montrer excessivement prudente. Elle jeta tout d’abord un regard à la fenêtre avant de s’occuper des volets, et vérifia minutieusement qu’elle était belle et bien seule avant de s’enfermer à double tour, à la manière d’une baronne souhaitant contempler son trésor à l’abri des regards indiscrets.


Ca n’était pas véritablement un trésor, et même plutôt quelque chose dont elle se serait très bien passée, mais cela restait tout de même précieux aux yeux de la métis coréenne. Elle ne voulait pas qu’on lui pose de questions.

Machinalement, elle s’approcha de la commode qui côtoyait son lit, et tira de sa poche une petite clé, en métal. A la manière d’une voleuse, craintive d’être prise la main dans le sac, elle jeta un dernier regard autour d’elle et tendit l’oreille, avant d’ouvrir le tiroir. Elle en tira une petite boîte, enveloppée dans un long tissu protecteur, qu’elle déposa sur une chaise, tandis qu’elle-même s’agenouilla à même le sol. Avec une précaution qui tenait pratiquement du rituel, Ujiwaru dénoua le mouchoir de soie rouge, qui enveloppait un petit écrin de teinte plus brune, long comme une main.

Elle l’ouvrit rapidement, vérifiant pour la cinquième fois de la soirée que les trois fioles contenues dans le réceptacle étaient toujours présentes. Soulagée, elle perdit pourtant son regard dans la substance contenue dans les éprouvettes de cristal, l’esprit noyé dans le liquide pourpre que la sœur Moros lui avait remis en main propre, sans savoir ce que c’était.

Jamais elle n’aurait pensé voir de ce sérum ici. Troublée, elle s’était longuement interrogée. Même au sein de l’agence, cela lui paraissait encore irréel. Et pourtant, l’allemande avait été chargée par l’homme qui supervisait cette mission de le lui remettre à la première occasion, sans avoir la même idée des effets ou de l’origine de ce qu’elle transportait.

La jeune femme réalisa tout de même que beaucoup de choses relevaient de ce régime, au sein de l’agence. Ne pas poser de question était bien souvent la meilleure des choses à faire. Mais ce liquide, qui ne pouvait guère provenir d’ailleurs que de Séoul, l’expatriée aurait largement préféré ne plus jamais le revoir. Il lui avait déjà causé trop d’ennuis par le passé.


Depuis qu’elle avait retrouvé ces échantillons de sérum, il lui avait fallu fournir de gros efforts pour ne pas montrer son inquiétude. L’agence n’aurait jamais du savoir d’où elle venait, ni ce qu’il s’y tramait. Et pourtant, ils venaient de la surprendre en se montrant incroyablement bien informés. Cela ne lui plaisait pas du tout. Ca lui faisait d’ailleurs froid dans le dos.


Et pourtant, ils avaient parfaitement eu raison.

Elle savait, elle aussi, qu’elle en aurait probablement bien besoin, si les évènements viraient au pire.

Mais pour le moment, elle se préoccupait davantage du fait qu’en dépit de tous ses efforts, son passif au service de contrôle des populations xénomorphes de Séoul n’avait pas fini de la suivre.




*
* *





-Monsieur Dogaku, s’étonna une voix en russe, qu’il reconnu rapidement pour l’avoir déjà entendu à mainte reprises aujourd’hui. Ou plutôt… Sigurd. Est-ce que vous avez un instant à m’accorder, s’il vous plait?
-Euh… ouais. C’est à propos de?
-Eh bien, en vérité… pas grand-chose. Je suis surtout surprise de vous voir encore debout à cette heure. Avec le récit que vous m’avez fait de vos pérégrinations, je m’attendais à ce que vous tombiez de sommeil…
-Mmmh… euh ouais. Comme quoi, quand j’arrive pas à dormir…
-Uh uh, je connais. Puisque vous êtes éveillé, cela vous dérangerait-il de me tenir compagnie?

Ca n’était guère surprenant: il avait déjà dormi plus tôt, voilà tout. Peu après que Steiner et Personn ne se soient séparés d’eux, Dogaku s’était laissé porté par la lourde monotonie du trajet, et s’assoupit quelques heures en compagnie des partisans de Micolajcik, peu après que la situation ait été clarifiée en ce qui concernait leur identité. Le prince s’était chargé de faire les présentations, et de garantir à chacune de parties qu’ils pouvaient porter toute leur confiance à l’autre.

Préférant épargner à Sekihara d’avoir à supporter sa présence éveillée et les incessants mouvements nerveux qui allaient avec, l’enquêteur avait discrètement quitté leur chambre pour se rendre dans l’une des salles communes, au rez-de-chaussée. Puisque le petit bar de l’hôtel y était encore ouvert, il avait décidé de s’y installer pour réfléchir à comment tuer le temps, en envisageant vaguement d’attendre le retour des deux autres gents, Edwards et Haag, pour les mettre sommairement au courant des évènements prévus pour le lendemain.

Dogaku était depuis longtemps habitué à avoir un sommeil chaotique et fragmenté. Ce genre de promenades nocturnes n’avait rien de nouveau pour lui.

-Attendez, je me souviens de votre prénom. Renata, c’est ça?
-Presque, répondit-elle en le reprenant sur l’accentuation. Alors comme ça, on boit seul par une aussi belle soirée?
-Uh? Je ne bois pas, je sirote. ’Ai jamais trop bu, non mais oh, se défendit-il mollement.
-Oui, on le sent…
-Ah bon?
-Je veux dire, se reprit la vampire… ça n’a pas l’air d’être votre genre. Vous avez l’air d’être… quelqu’un de bien.

Dogaku s’était également retrouvé assoupi lors de leur séparation avec le Prince. Une fenêtre de liberté dont ce dernier avait profité pour expliquer à ses autres coéquipiers qu’ils devaient éviter de le laisser seul sans surveillance, au cours des jours à venir. Valable tant qu’ils seraient en présence d’une trop forte concentration de vampires.

Ca n’était pas qu’il courrait un quelconque danger en leur compagnie. Tous ses suivants adhéraient totalement au Programme 90%, tant dans son exécution que dans son acceptation. Le Programme, qui était un engagement de la part de la communauté vampirique de satisfaire à ses besoins en hémoglobine humaine en consommant à hauteur de 90% du sang de provenance médicale.

Toutefois, il restait dix pourcents à satisfaire. Et ils ne se privaient pas de les faire compter pour prendre du plaisir, bien que tous fassent preuve de modération dans leur consommation.

Ou s’efforcent du moins de le faire.

-Et vous, qu’est-ce que vous faîtes là à cette heure?, demanda-t-il à la barmaid. Y’a pas l’air d’y avoir beaucoup de clients pour vous occuper.
-Un samedi soir?, plaisanta-t-elle en recommençant à s’affairer sur son rangement. Voyons, Sigurd. Réfléchissez.
-Euh… la tournée des bars, correct. C’est aussi fatal que ça, ici?
-Ici, c’est spécial, vous savez? Oui, ils ont d’autres pubs où s’amuser, mais c’est loin d’être... je veux dire…
-Hum?
-Il y a plusieurs boîtes de nuit et de clubs de rencontre, dans la région.
-Et les vampires se sentent seuls? C’es sur que sans reflet dans les miroirs pour leur tenir compagnie, ils doivent avoir un vide.
-Disons plutôt que… ceux qui veulent leur sang « nature » savent où se rendre.
-Heu… je vois. Maintenant que vous en parlez, mes deux coéquipiers, ils devraient pas être rentrés, déjà?
-Bien sûr que non, ils sont en parfaite sécurité avec leur escorte, rit-elle avant de se faire plus sérieuse. Ne craignez rien à se propos. Je n’ose même pas imaginer quelle serait la réaction du Prince s’il apprenait que les siens avaient… siroté, comme vous dîtes… un agent de la RIP.
-Fiou, bon à savoir.
-D’un autre coté, commença-t-elle en s’approchant de lui, l’air mutine, je ne suis pas sûre que nous soyons tous capables de résister à certaines… tentations.
-Euh… et le prince?
-Le prince a l’âge qu’il a, vous savez.
-Nan, je veux dire, la colère du prince?
-En fonction de son expérience et de son âge, continua la brune s’asseyant à ses cotés maintenant son ménage achevé, un vampire peut devenir parfaitement maître de lui-même. Certains parviennent ainsi pratiquement à se passer de l’envie de sang… ou pourraient le faire, du moins.
-Euh… et z’avez quel âge, vous?, demanda Dogaku en hésitant, mal à l’aise.
-Voyons, Sigurd. On ne demande pas ce genre de choses à une femme, s’il vous plait. Pas avant de… eh bien… mieux la connaître?

Oui. C’était de cela, qu’avait voulu parler le Prince de la nuit dans son discret avertissement à l’équipe. Tant qu’il resterait dans le pays, Dogaku allait vraisemblablement devoir faire attention à son entourage, plus que de coutume.

L’hotel où logeaient les agents de la RIP appartenait à cette affiliée de la suite du Prince Mikolajcik, la dénommée Renata. La nièce d’un cadre largement habitué à travailler sur le terrain, pour être précis. S’il n’était guère renommé dans la communauté, le bâtiment avait toutefois la particularité de pouvoir satisfaire à tous les besoins de la gent vampirique. En conséquence, c’était à la fois un point de chute régulier tant pour ceux qui étaient de passage, que pour les vampires de la localité qui souhaitaient ajouter un peu d’hémoglobine raffinée dans leurs beuveries festives.

Un véritable nid de prédateurs, pour l’être exceptionnel qu’ignorait être Dogaku. C’était le prince qui les avait mis au courant, peu avant qu’ils se séparent.

-C’est quand même dommage, qu’il faille se cacher comme ça. Ca peut vous paraître étrange, se plaignit la vampire en s’inclinant légèrement vers lui, mais… ça serait quand même bien, un monde où les humains et les vampires pourront vivre en paix.
-Euh… ptêtre… m’enfin je pense que… le jour où les humains et les humains pourront vivre en paix, ça serait déjà chouette, répondit Dogaku sans y penser, plutôt mal à l’aise face au caractère nouvellement entreprenant de son interlocutrice.

Quelque chose clochait, il le savait pertinemment. Pour ce qu’il en savait, il n’y avait que dans les fictions qu’une personne à qui l’on n’avait conversé qu’à quelques occasions commençait à vous faire des avances. C’est du moins ce qu’il s’était dit peu avant son diner, lorsqu’il avait été accosté par une aguichante inconnue qui résidait elle aussi dans cet établissement.

En tout, Renata était la troisième personne à tenter de l’approcher de la sorte, en à peu près sept heures maintenant que la nuit était bien entamée. Dès son arrivée dans l’hôtel, certains résidents avaient remarqué sa qualité de premier choix. Et au fil de ses errances, il avait tapé dans l’œil de vampires plus entreprenants que d’autres.

Forcément, il n’en fallut pas plus à Dogaku pour comprendre que quelque chose clochait. Si la compagnie de sa partenaire lui était familière, il remarqua également que les autres membres de son équipe étaient restés près de lui sensiblement plus que ce qu’ils semblaient l’apprécier.

-Mais pour en revenir à ce que nous disions plus tôt, sussura la hongroise, je me disais que si vous n’aviez…

Un jeune homme lui avait également fait ce qu’il préférait considérer comment étant une mauvaise blague. Quelques expressions insistantes, des propos traitant de gousses d’ail à mâchonner et de pieux à planter, susurrées avec des clins d’oeils malicieux qui avaient proprement fait décamper le suédois, deux étages plus haut.

-Excusez-moi, je viens de… eah ouais ben… recevoir un… bah un appel tiens, mentit Dogaku en se levant.
-Vous êtes sû~û~û~rs de vous, Sigurd?, papillona-t-elle des paupières.
-Bonnenuitdésoléaurevoirmercibonnechance!

Elle le regarda partir, à moitié déçue, à moitié amusée. Certains se seraient jetés sur l’occasion, d’autre auraient sombré dans la gène ou la timidité. Celui-ci semblait tout simplement refuser, pensait-t-elle. Elle pouvait faire de son mieux pour le tenter, mais dépasser la simple invitation aurait été mal venu.

Les vampires avaient besoin de sang. Ils se nourrissaient. Pour autant, tous les sangs ne se valaient pas. De la même manière que les humains avaient élevé l’œnologie au rang d’art de la table, les vampires pouvaient se perdre en considérations relatives à l’origine ethnique de l’individu, le groupe sanguin duquel il relevait, ou son régime alimentaire. A la façon d’un éleveur gavant ses oies pour rendre leur foie malade, certains pouvaient par exemple s’impliquer spécifiquement dans le domaine sportif, où l’excellente condition physique des athlètes, mêlée à certains produits visant à améliorer leurs performances, donnaient naissance à un breuvage fort apprécié.

Mais si certains pouvaient développer ce genre de préférences excentriques, d’autres n’étaient nullement aussi regardants. Pour Renata, par exemple, cela avait autant d’importance que le choix d’une variété particulière de raisin noir à la conclusion de ses repas.

Et pourtant, elle regardait encore son interlocuteur fugitif, Dogaku, avec des yeux qui voulaient furieusement le posséder. Comme les autres, elle le voulait pour une raison bien simple. C’était épidermique, un désir difficilement confinable. La pluparts des jeunes vampires de son ethnie la ressentait, mais nombreux y étaient sensibles de par le monde.

Car quelle que soit l’origine de l’hémoglobine qu’ils consommaient habituellement, tous s’accordaient de manière unanime lorsqu’il s’agissait de vanter les mérites du sang de vierge pur.











- Dossiers d’enquêtes -

Fiche de Soon-Hak Ujiwaru mise à jour (aptitudes surnaturelles)

Fiche de Sigurd Dogaku mise à jour (aptitudes surnaturelles)





Sonaka
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